HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME PREMIER

 

CHAPITRE VIII. — EUDES IER (Borel) (suite et fin) - 1098-1102.

 

 

Mouvement religieux. — Développement de Molème avec saint Robert. — Fondation de Cîteaux par le même, et par l'intervention de Rainard, vicomte de Beaune et de Eudes, Duc de Bourgogne. — Lutte entre Narjod de Touci, évêque d'Autun et le chroniqueur Hugues de Flavigny. — Grande croisade de 1100. — Motifs qui déterminent le Duc Eudes à s'y rendre. — Son départ au printemps de l'an 1104 avec Étienne, comte de Blois, Étienne, comte de Bourgogne, les comtes de Chalon, de Nevers, le fils du roi et de nombreux barons. — Henri de Portugal et les filles du Duc Eudes y vont également. — Désastres de l'armée. — Mort d'Eudes Ier.

 

Avant d'entrer dans le détail des faits relatifs à l'abbaye de Cîteaux, dont la fondation domine les événements de la fin du XIe siècle, et dont l'influence prend ensuite une si grande extension, nous sommes forcés de revenir en arrière, et de suivre l'entraînement des idées monastiques, qui était parti de Molème et non de Cîteaux, et dont saint Robert avait été le plus ardent propagateur.

C'est dans le Tonnerrois qu'avait pris naissance au Ve siècle le mouvement religieux, lorsque saint Hilaire et Quiete, son épouse, firent construire l'abbaye de Réome (Moustier-Saint-Jean), en faveur de leur fils Jean qui en fut le premier abbé. Des colonies parties de Réome s'étaient installées près du tombeau de l'apôtre de la Bourgogne, avaient fondé le monastère de Saint-Bénigne, pendant que le fils du comte de Mémont, avec quelques compagnons, venait se réfugier près des sources de la Seine, au milieu des ruines des villes et des temples romains, dans des grottes qui furent le berceau de l'abbaye de Saint-Seine.

C'est encore du Tonnerrois, c'est des déserts de Collan et de Molème que part le nouveau mouvement. Depuis vingt-trois ans que saint Robert était venu défricher un coin de ce ao/naine et y construire des huttes avec des branches de feuillage, les choses avaient bien changé d'aspect. La solitude était devenue une résidence animée, et la pauvreté des moines avait fait place à l'abondance et à la richesse.

Bien avant Cîteaux, Molème nous montre comment un ordre monastique, placé dans des conditions favorables et dirigé par un homme éminent, pouvait en peu de temps conquérir une énorme puissance et une influence à laquelle les autres monastères portaient envie.

Depuis l'origine de Molème, en 1075, on avait vu des anachorètes y accourir de toutes parts, et le nombre des religieux prendre de telles proportions, que chaque année la maison-mère, dont l'enceinte était trop étroite, envoyait dans les régions voisines une ou plusieurs colonies, animées des sentiments de leur abbé fondateur.

Outre les prieurés de Collan, de Saint-Didier de Langres, de Louesme, de Saint-Gengoul de Varennes, de Chacenay, de Nitry, de Noyers, de Choiseul, de Plancy, d'Essoyes, de Radonvilliers, de Sèche-Fontaine, de Merrey près Bar-sur-Seine, dont nous avons dit quelques mots, il s'en était établi beaucoup d'autres, à l'époque des expéditions d'Espagne dirigées par les Ducs Hugues et Eudes. Sans nous occuper des provinces plus éloignées, et dont les annales n'ont aucun point commun avec celles qui forment l'objet de cette étude, citons, en Champagne, les prieurés de la chapelle d'Oze[1], de Fouchères[2], de Méry-sur-Seine[3], de l'Isle d'Aumont[4], de Nogent-en-Othe[5], des Riceys, de Rumilly-lès-Vaudes[6], de Saint-Hilaire[7], de Saint-Parres-lès-Vaudes[8], de Saint-Quantin de Troyes[9], de Vernonvilliers[10], de Virloups[11] ; en Bourgogne (Côte-d’Or), les prieurés de Baigneux[12], Larrey[13], Balot[14], Grancey[15], Cerilly[16], Sainte-Colombe[17], Frolois[18], Touillon[19], Saint-Broin-les-Moines[20] ; dans les pays formant aujourd'hui le département de l'Yonne : Gigny[21], Crisenon[22], Stigny[23], Artonnay[24], Saint-Moré[25], Senan[26], Vermanton[27], Cusy près Ancy-le-Franc[28], Tonnerre[29].

Un certain nombre de ces prieurés qui n'ont eu qu'une existence éphémère, disparaissent à diverses époques, et dès le XIIe siècle, soit que les donations primitives n'ayant pu suffire à leur entretien, le revenu en ait été annexé à l'abbaye-mère, soit que la population des religieux de Molème ait diminué dans la suite, entraînée par l'attractive influence des institutions cisterciennes.

Ces institutions, plusieurs fois publiées, ont trouvé des historiens consciencieux qui en ont fait une étude approfondie. Les cartulaires n'ont pas eu la même bonne fortune, et, sauf quelques pièces reproduites dans divers recueils, les fondations seigneuriales et les titres primitifs ne sont connus que d'un petit nombre d'érudits. Après avoir parcouru les titres originaux et les cartulaires des abbayes de Molème et de Cîteaux, on est étonné des documents de toute nature et des renseignements qu'ils donnent sur la société civile. Pour les vingt-cinq dernières années du XIe siècle, si pauvre en documents, les titres de Molème surtout sont d'une précieuse ressource.

En dehors de l'influence indéniable qui attirait la société dans les monastères, et de la tendance religieuse surexcitée par une foi et des croyances profondes, il y avait une considération matérielle dont il est juste de tenir compte. Les familles seigneuriales avaient pris un accroissement considérable les seigneurs et les dames nobles qui avaient des droits à garder, et l'honneur de leur château à défendre contre l'envahissante ambition des voisins, restaient peu en viduité et contractaient de nouveaux mariages. Des nombreuses lignées sorties de ces alliances, l'aîné seul était destiné à recueillir l'héritage paternel les puînés, obligés de chercher une carrière, ne pouvaient trouver asile que dans les armes ou dans l'Église. Trop pauvres pour aller à leurs frais dans ces expéditions lointaines où tant d'autres avaient trouvé la gloire et parfois des domaines à conquérir, ils s'enrôlaient sous la bannière d'un grand seigneur allié à leur famille les autres n'avaient que le cloître pour refuge. En échange des biens donnés aux monastères, chaque famille assurait un asile aux siens, pouvait en recevoir des secours dans les circonstances difficiles, et plaçait avantageusement les cadets sans fortune et les filles en disponibilité.

Tous les bienfaiteurs de Molème se relient dans l'origine par des droits étroits de parenté Les comtes de Bar-sur-Seine et de Tonnerre, les comtes de Brienne, les sires de Maligny, de Montréal, de Châtillon-sur-Seine, de Montbard, de Rougemont, de Noyers, de Chacenay, de Châtel-Censoir, de Montigny-sur-Aube, de Ricey, de Laignes, de Maisy, de Grancey, de Larrey, de Mailly, de Toucy, de la Ferté-sur-Aube, etc., ont des points communs et des alliances que l'absence des noms de famille et les désignations suffisantes ne permettent pas toujours d'établir d'une manière exacte.

Les membres de ces familles et de celles qui leur sont alliées, fournissent le principal contingent des moines de Molème[30] à l'époque qui nous occupe, et souvent leur prise d'habit est indiquée en même temps que la donation qui leur ouvre les portes du monastère, en leur assurant un asile pour le reste de leurs jours.

Les dotations de filles qui prennent le voile s'y rencontrent également c'était un usage commun dans tous les monastères[31]. Les abbayes de filles qui furent fondées au commencement du XIIe siècle, n'eurent pour but que de remédier aux inconvénients qui auraient pu naître de la vie commune, et des rapports obligés qui, dans certaines cérémonies, mettaient les religieux des deux sexes en communication trop intime.

La pauvreté qui avait fait dans l'origine la force de Molème et avait attiré les bienfaits des seigneurs du voisinage, avait fait place à l'abondance d'abord, puis à la richesse à mesure que les biens temporels y entraient, les biens spirituels en sortirent[32]. La nécessité du travail se faisait moins sentir, et l'abbé Robert, malgré la déférence des moines, n'avait plus l'autorité que méritaient son caractère et ses vertus.

Le monastère comptait trop de chevaliers et de grands seigneurs prébendés qui n'étaient pas pliés à l'obéissance. La plupart, habitués à ordonner en maîtres, n'étaient pas organisés pour vivre sous une discipline monastique. La règle abbatiale qui recommandait surtout de se faire aimer, restait sans empire sur des esprits dominateurs, pleins de fougue et d'intempérance. Saint Robert comprit qu'il n'y avait qu'un moyen de remédier à cette décadence de la règle, séparer le bon grain de l'ivraie, donner à ces hommes pour lesquels les exercices de la prière et de la méditation n'étaient pas une suffisante occupation, un travail énergique et soutenu, un labeur rude et incessant, afin de dompter ces natures et de les ramener à la première vie des Pères du désert.

Plusieurs religieux, à la tête desquels se trouvait Étienne Harding, anglais d'origine, formé à la vie du cloître dans le couvent de Sherburn, se concertèrent avec l'abbé, se plaignirent des usages nouveaux qui n'étaient plus en rapport avec la règle de saint Benoît qu'ils avaient juré de suivre, et se proposèrent d'y apporter remède.

Leur premier soin fut de s'adresser au Duc de Bourgogne Eudes, qui leur avait toujours témoigné une sollicitude et une protection dont les autres monastères n'avaient pas eu autant à se louer. Étienne Harding fut chargé de porter au Duc une lettre de l'abbé[33], pour réclamer son appui, en annonçant le projet qu'ils avaient formé de se retirer dans une autre solitude, pour y mener une vie plus austère. Eudes répondit[34] qu'il approuvait ce projet, qu'il ne manquerait pas de leur venir en aide, qu'ils pouvaient choisir une retraite, et qu'il s'offrait de les servir auprès des évêques diocésains et au besoin auprès du Saint-Siège.

D'autre part, Hugues, archevêque de Lyon et légat du pape, auprès duquel on avait fait des démarches, autorisait l'abbé Robert et les religieux qui désireraient s'y associer, à quitter Molème, et à aller vivre dans une autre retraite qui leur serait départie par la Providence[35].

Le Duc de Bourgogne, de concert avec Rainard, vicomte de Beaune, céda aux anachorètes un emplacement dans la forêt de Cîteaux, au diocèse de Chalon, provenant du patrimoine d'Hodierne, femme de Rainard. Ils y joignirent l'autorisation de défricher, de bâtir un monastère, et les concessions indispensables pour une installation nouvelle[36].

Ce fut sur cette terre ingrate, dans un désert hérissé de broussailles, auprès d'un ruisseau fangeux, que Robert et ses compagnons dressèrent leurs tentes, se mirent à arracher les roseaux et les épines. En peu de temps ils bâtirent des cabanes solides, et bientôt s'éleva un oratoire qui fut consacré à la Vierge par une inauguration solennelle, le 21 mars 1099[37], jour de la fête des Rameaux[38]. Cette cérémonie eut lieu en présence d'une foule de peuple[39]. Le Duc de Bourgogne y assistait, ainsi que ses fils Hugues et Henri le vicomte de Beaune et sa femme ; Gauthier, évêque de Chalon ; Hugues de Mont-Saint-Jean, Calo de Salives, Seguin de Beaune et son fils Hugues ; Mile de Frolois ; Hugues de Grancey ; Robert, prévôt d'Argilly ; Jean de Pomart et son fils Landri[40], etc. Tous souscrivirent la charte qui confirmait les donations primitives.

Aux fêtes de Noël de la même année, le Duc Eudes s'étant rendu au nouveau monastère avec une suite nombreuse, donna à l'abbé Robert une vigne qu'il possédait au château de Meursault, en présence de Gui, comte de Saulx, de Savaric de Donzy, d'Hugues de Pouilly, et de divers autres[41].

Au XIe siècle, les fêtes de l'Église, outre le but religieux, avaient aussi un caractère politique. Le Duc conduisait sa cour à ces assemblées, où l'on venait prier et traiter ensuite les affaires du monde. On trouvait dans les abbayes bénédictines une hospitalité que le droit de gîte réservait, mais qui amenait des abus contre lesquels protestèrent les réformateurs Cisterciens, et nous verrons bientôt l'interdiction faite aux monastères de cet ordre de tenir aucune cour féodale dans l'enceinte de leurs murailles.

L'ordre et le calme étaient loin de revenir dans le cloître de Molème, et l'abbé Geoffroi qui avait succédé à saint Robert, ne se sentait pas l'autorité suffisante pour les rétablir.

Il consentit même à envoyer plusieurs moines à Rome, auprès du pape Urbain, afin d'en obtenir le retour de leur ancien abbé. Ils se plaignirent que, depuis le départ de Robert, la religion tendait à disparaître, et que le monastère n'était plus respecté par les seigneurs voisins. Ces plaintes n'étaient que trop fondées, car l'un de leurs principaux bienfaiteurs, Guillaume, comte de Tonnerre, par un attentat qui rappelait celui de son grand-oncle Hugues Rainard, évêque de Langres, envers l'abbaye de Pothières, était venu à main armée attaquer Molème et y mettre le feu[42].

Le pape ne put que transmettre les réclamations des religieux à son légat Hugues, archevêque de Lyon, qui représenta à Robert dans quel état de désolation et de ruine[43] menaçait de tomber cette abbaye s'il ne venait y remédier par sa présence. Il ajoutait que l'abbé Geoffroi était venu le trouver, désireux d'obéir et de vivre sous la loi de son ancien abbé. Il le priait d'aller vers l'évêque de Chalon pour rendre suivant l'habitude le bâton pastoral, et relever les religieux du nouveau monastère de Cîteaux du serment d'obéissance qu'ils avaient fait à Robert[44]. L'évêque de Chalon écrivit ensuite à l'évêque de Langres, et, les dernières formalités accomplies, les moines de Molème purent revoir leur abbé après moins de deux ans d'absence[45].

Saint Robert eut beaucoup à faire, l'année qui suivit son retour, pour faire rentrer les choses dans l'ordre, et négocier la restitution des domaines dont on s'était emparé. Nous le trouvons parcourant les provinces accompagné de trois religieux. Le 30 janvier 1101, il est à Nevers, dans le cloître de Saint-Étienne, en pourparlers avec Guillaume, comte de Nevers, sur le point de partir à Jérusalem[46]. Le dimanche après la Pentecôte, 30 juin, il est à Toucy avec l'évêque d'Auxerre, lorsqu'il obtient des sires de Toucy une charte pour les moines de Crisenon[47]. Le 9 juillet suivant, on le rencontre a Bourges, revendiquant les terres de Marcennay et de Bissey, dont on avait disposé en faveur des chanoines de cette ville[48]. Cette même année saint Robert étant à Grancey, obtient de Mile de Chacenay la confirmation des donations faites par Anséric, père de Mile[49]. Il assiste à Epernay à la dotation du prieuré de Rumilly-lès-Vaudes par le comte et la comtesse de Champagne[50]. Ces détails peu connus auront quelque valeur pour ceux qui s'intéressent à la biographie de l'éminent fondateur de Cîteaux.

Les anciens monastères bénédictins n'attiraient plus si vivement la piété des fidèles, qui accordaient toutes leurs faveurs aux abbayes nouvelles.

Depuis sept ans, Flavigny était sans abbé, les intérêts du couvent étaient par suite assez négligés. Aganon de Mont-Saint-Jean, évêque d'Autun, y avait pourvu, en nommant abbé un religieux de Saint-Bénigne nommé Hugues. Aganon étant mort le 25 juin 1098, son successeur Norgaud de Toucy[51], homme d'un caractère violent, inquiet et ambitieux, eut pendant trois ans avec Hugues de Flavigny une lutte des plus vives. Tantôt sacrés et tantôt déposés l'un et l'autre, l'évêque finit par rester sur le siège épiscopal d'Autun, et l'abbé reprit comme simple moine le chemin de Saint-Bénigne. Les curieuses péripéties de cette lutte, racontées par le vaincu, par ce moine devenu chroniqueur, forment un récit des plus intéressants pour l'histoire des mœurs et d'une époque qui nous a laissé si peu de documents. L'abbé de Flavigny, qui, comme tel, avait le droit d'exprimer le premier son suffrage à l'élection de l'évêque, n'ayant pu se rendre à la cérémonie, avait envoyé un de ses religieux à sa place. Norgaud lui en conserva toujours rancune. Quoique cet abbé fût seul à accompagner l'évêque à Lyon lors de sa consécration épiscopale, et malgré la très honorable réception qu'il lui fit à son passage à Couchas, il ne put gagner les bonnes grâces du prélat, qui l'interdit de toute fonction, sous prétexte d'une injure qui lui avait été faite à Flavigny. Ni les supplications de Hugues, qui protestait de son bon vouloir, ni la médiation de l'évêque de Chalon ne purent fléchir Norgaud.

C'est dans ces mauvaises dispositions que l'évêque d'Autun partit pour Rome. A son retour, l'abbé de Flavigny, qui ne demandait que la paix, alla au-devant de lui jusqu'à Saulieu, pour réclamer son amitié. Le prélat lui fit bon accueil et l'embrassa cordialement. Le pape Pascal, qui avait confirmé à ce dernier la qualité d'évêque élu canoniquement avec les prérogatives attachées à cette charge, ne tarda pas à être saisi des plaintes du clergé autunois, qui accusaient Norgaud de plusieurs crimes et notamment de simonie. Deux des cardinaux, légats du pape, invités à rétablir la paix dans le diocèse, se rendirent à Autun le jour de la fête de Saint-Nazaire, et entendirent les diverses réclamations. Ils favorisèrent l'évêque au préjudice des chanoines qui prétendaient avoir la justice de leur côté. La paix qui s'ensuivit dura peu, et les légats durent renvoyer les parties par devant l'archevêque de Lyon, leur métropolitain. Mais Norgaud n'accepta point ce renvoi, et demanda à être entendu au concile de Valence qui devait se tenir, et se tint, en effet, en septembre 1100. A ce concile furent jugées différentes affaires relatives à la Bourgogne le Duc Eudes y fut excommunié, comme nous le verrons plus loin. Les évêques de Chalon et de Langres n'y parurent point par convenance, mais treize des plus notables chanoines y déposèrent, en présence de vingt-quatre abbés, contre leur évêque. Un des reproches qu'ils lui firent était fondé sur un propos qu'il avait tenu dans le dortoir de l'église il avait promis à l'archidiacre Gauthier de lui accorder ce qu'il désirerait, s'il voulait contribuer à son élection et mettre dans ses intérêts ses parents qui avaient un grand crédit et une grande influence.

Cette accusation de simonie fut appuyée par Hugues de Flavigny, qui avait été rétabli dans ses fonctions abbatiales par les abbés de Cluny et de Dijon.

On reprochait de plus à l'évêque d'être resté pendant un an et un jour frappé d'excommunication pour avoir pris le titre d'archidiacre de Langres et de chantre d'Autun et en avoir exercé la charge sans droit.

A ces accusations, et à d'autres non moins fondées, Norgaud répliquait qu'il ne convenait pas à des brebis d'attaquer le pasteur, car les chanoines avaient consenti à son élection, avaient entendu lecture de l'anathème prononcé contre ceux qui ne se soumettraient pas à cet arrêt, et qui s'y seraient alors opposés s'il y avait eu empêchement et vice de forme.

Après plusieurs jours de discussions stériles entre les légats, les évêques et les chanoines, l'affaire fut déclarée indécise et renvoyée au concile de Poitiers. Narjod resta toutefois interdit de toute fonction épiscopale et sacerdotale.

Les députés du chapitre se rendirent à Rome et tirent au pape une relation de ce qui s'était passé. L'évêque de Mâcon s'y rendit aussi pour défendre la cause de Narjod, mais il ne fut pas écouté. Le pape engagea ses légats à se prononcer en toute justice, promettant de ratifier le jugement qui serait par eux prononcé dans cette affaire.

Les quatre-vingts évêques et abbés qui assistèrent au concile de Poitiers ne trouvèrent pas la question plus avancée. Accusateurs et accusés y reproduisirent leurs raisons et leurs répliques, avec une vivacité qui pouvait passer pour de la violence. Cette fois trente-cinq chanoines déposèrent contre Narjod. Les évêques alléguèrent l'usage de l'Église gallicane. Les légats n'y eurent aucun égard, non plus qu'à l'appel de Narjod au Saint-Siège ils lui accordèrent toutefois la faculté de se purger canoniquement ses défenseurs ne voulurent y consentir. Finalement Narjod reçut ordre de quitter l'étole et l'anneau. Il refusa, fut interdit de toute fonction et déclaré excommunié en cas de résistance. Il résista de nouveau et ne voulut reconnaître cet arrêt, soutenu par l'archevêque de Lyon, qui trouvait mauvais qu'on eût accusé et déposé un évêque sacré par lui, et qu'on réglât une affaire qui regardait seulement le métropolitain. La sentence, qui pouvait de ce chef être frappée de nullité, resta donc sans effet, et Narjod continua ses fonctions.

C'est alors que l'archevêque de Lyon et l'évêque d'Autun partirent pour Jérusalem, et qu'au retour Narjod fut officiellement rétabli dans ses fonctions par Jean, cardinal de Tusculum.

La lutte du prélat contre l'abbé de Flavigny marchait parallèlement à ces événements. La ville et le monastère de Flavigny avaient été mis en interdit. Hugues n'avait pu le faire lever, malgré ses nombreuses démarches. Les religieux, secrètement excités contre leur abbé, conspirèrent contre lui, l'accusèrent de crimes dont il était innocent et dont il fut absous par les légats du pape aux conciles de Valence et de Poitiers. La rancune de l'évêque d'Autun se donna libre carrière après son installation, et l'abbé Hugues, chassé de son abbaye, y fut remplacé par un nommé Gérard[52].

Nous voici à l'époque des croisades, dont le mouvement ne s'était encore produit en Bourgogne et n'avait été dirigé que contre les Sarrazins d'Espagne.

Les croisades sont la plus haute expression de cette désastreuse surabondance de l'esprit belliqueux qui domine la société féodale. N'est-ce point un étonnant objet de surprise, que cette action spontanée se manifestant pendant près de deux siècles dans tous les rangs de la société Nobles, roturiers, clercs, vassaux, femmes et enfants, volontaires désintéressés, enrôlés de plein gré, sans distinction de rang ou de profession, formant un flot continu, qui venait s'abattre sans cesse sous les murailles souvent inhospitalières de Jérusalem Mais si la plupart se décidaient par suite de l'inspiration d'une piété sincère, combien d'autres obéissaient à l'amour du mouvement et des aventures, et se laissaient aller à cet entraînement parfois irréfléchi dont les masses sont souvent atteintes. Il n'est pas contestable que le clergé, en favorisant les croisades, en imposant même les pèlerinages à titre de pénitence, n'ait rendu un réel service à la société. C'était donner un libre essor à cette sève guerrière et bouillonnante des seigneurs féodaux, qui en faisaient chez eux un assez mauvais usage.

Mais si la société civile en bénéficiait, l'Église en retirait des profits utiles, et les monastères s'enrichirent de legs et de donations considérables, dont la source s'arrêta quand s'arrêtèrent les croisades. Le Duc Eudes ne pouvait rester insensible au mouvement général et à la fièvre qui entraînait les chevaliers en Orient. Ce projet de départ ne paraît pas avoir été longtemps prémédité, et ne date guère que du mois d'octobre 1100. Voici à quelle occasion Saint Hugues, abbé de Cluny, s'était complètement brouillé avec le Duc, son neveu, qui continuait à commettre des dégâts sur les domaines de l'abbaye, et notamment à Gevrey, dont il s'était emparé en y exigeant des droits insolites. Les avertissements et les reproches plusieurs fois répétés, les menaces mêmes du Saint-Siège n'avaient produit aucun effet, ni mis un terme aux violences dont les religieux étaient l'objet. Poussé à bout, le pape Pascal envoya deux légats au concile de Valence, les cardinaux Jean et Benoît, et là, le Duc de Bourgogne fut solennellement condamné et, de l'avis des prélats, frappé d'excommunication, le 29 septembre 1100[53].

Un arrêt aussi grave et qui avait alors une si haute portée, ne pouvait, sans de grands inconvénients, rester longtemps suspendu sur la tête du Duc Eudes, dont les États étaient mis en interdit. C'est alors qu'il résolut d'aller en Terre-Sainte, pour se faire absoudre. Mais auparavant, il y eut un plaid à Gevrey, auquel se rendirent le prieur, le chambrier, le doyen et l'obédiencier de Cluny. Le Duc y vint de son côté avec ses fils, avec Jobert de Châtillon, vicomte de Dijon, Tecelin le Roux, Rainard de Glane, Landry le Gros, etc., et renonça solennellement à toutes ses prétentions sur Gevrey. Son fils aîné Hugues, auquel il abandonnait le Duché, fit le même serment sur l'autel. Hugues et son jeune frère Henri s'engagèrent de plus, dans le cas où les conventions seraient violées par eux ou par leurs hommes, à déférer aux ordres de l'abbé dans les quarante jours qui suivraient, et à ne pas sortir du château de Dijon, jusqu'à ce que l'affaire en litige ait été jugée par les seigneurs. L'acte fut fait par Rainard de Glane, qui remplit apparemment les fonctions de chancelier dans cette circonstance[54]. Si nous voulons assister aux préparatifs de départ du Duc pour la croisade, nous n'avons qu'à ouvrir les cartulaires des monastères.

Eudes vient avec sa cour à Molème, et là, en présence de son frère Robert, évêque de Langres, de Gui de Vignory, son beau-frère, de ses deux fils de Renier et Achard de Châtillon, ses sénéchaux de Tecelin le Roux de Landry de Lautricourt de Bernard de Montfort, etc., il déclare que partant pour Jérusalem avec Hugues, frère du roi, Étienne comte de Bourgogne et les autres croisés[55], il renouvelle la donation faite précédemment de la terre et du domaine de Marcenay, en y joignant la possession d'une famille d'hommes à Laignes[56].

En passant à Chatillon-sur-Seine, locum celebrem, avec son fils Hugues, Renier et Achard de Châtillon, Bernard de Montbard et autres, le Duc, pour mériter la faveur divine et favoriser le succès de son voyage, ajouta la donation d'un de ses serfs à ceux déjà concédés à Molème[57].

Le Duc Eudes séjourna quelque temps à Châtillon avec les officiers que nous venons de citer, en y ajoutant son connétable Gauthier de la Roche[58] ; mais nous le retrouvons au château de Grancey avec saint Robert, les sires de Chacenay, de Montréal, de Montbard et de Rougemont à l'occasion d'une donation faite à ce même monastère de Molème[59].

Au moment définitif du départ, le Duc de Bourgogne se rendit à l'abbaye de Saint-Bénigne avec sa cour, fit assembler les religieux au chapitre, et, quand tout le monde fut assis, il avoua que frappé de l'énormité de ses crimes, il voulait réparer le mal qu'il avait fait, et abolir les coutumes abusives et les taxes injustes qui avaient été perçues par ses officiers. Il déclara qu'il voulait qu'on eût pour les personnes et les biens de Saint-Bénigne tous les égards qui avaient toujours été témoignés par ses prédécesseurs à ce monastère. Il interdit à ses officiers de prendre de force les laboureurs de l'abbaye pour leur faire cultiver les terres ducales ; il leur défend de faire des incursions dans le domaine de Longvy il confirme la possession du village de Veuvey, la moitié du revenu de la monnaie de Dijon, et des exemptions de péage. Les religieux reconnaissants s'engagèrent à l'associer à leurs prières et aux bienfaits spirituels de la communauté. Les personnages qui mettent leur sceau à cet acte et signent avec Eudes, sont ses fils Hugues et Henri ; le chanoine Valon, abbé de Notre-Dame de Losne ; Renier de Châtillon et Hugues de Grancey, sénéchaux ; Renaud ou Rainard de Glane, chancelier ; Jobert le Roux ; Gauthier de la Roche, connétable ; Valon ou Calo de Salmaise ; Renaud de Grancey[60].

Le sceau qui était appendu à cette curieuse pièce, et qui a été reproduit par Pérard, n'existe plus. Ce sceau équestre représentait Hugues Ier tenant un écu de la main gauche, et de la droite une lance avec bannière. Exergue : SIGILLVM ORDINI DVCIS BVRGVNDIE.

C'est au printemps de 1101 que le Duc de Bourgogne se mit en route pour la Terre-Sainte[61]. Il est assez étrange que dom Plancher et après lui Courtépée[62] assurent qu'il partit, selon le goût du temps, plutôt en pénitent qu'en guerrier. La charte de Molème, dans laquelle il annonce son départ avec le frère du roi, le comte de Bourgogne et les autres croisés, charte qu'ils ne paraissent pas avoir connue, eût suffi à dissiper leur erreur. Dans un autre acte en faveur de Saint-Étienne de Dijon, le Duc Hugues parle plus tard de son père Eudes, décédé dans l'armée de Jérusalem : Hugo Dux Burgundie, filius Odonis Ducis in Hierosolymitano exercitu mortui[63].

Il est certain qu'à une époque où toutes les provinces de France étaient en armes pour marcher contre les infidèles alors que le comte de Blois avait soulevé les reproches et les railleries des chevaliers du royaume, et même de sa femme, pour être parti trop tôt et sans succès de la première croisade, le Duc de Bourgogne partant comme simple pèlerin dans de si graves circonstances, aurait été en butte à une réprobation universelle, et eût été couvert de confusion. La bravoure qu'il avait déployée en Espagnoles liens de famille qui le rattachaient aux grands feudataires qui préparaient la croisade, la turbulence et l'intrépidité de son caractère ne lui permettaient guère un rôle inactif. En l'absence de documents positifs, on peut croire que les forces n'étaient pas considérables, car la noblesse de Bourgogne venait d'être décimée quelques années auparavant en Espagne.

Étienne comte de Blois, étant à Saint-Germain d'Auxerre, avait, avant de partir, et de concert avec Adèle de Normandie, sa femme, soumis le monastère de la Charité à la juridiction de l'abbaye de Cluny et à saint Hugues. Comme ce bénéfice relevait du Duc de Bourgogne, Eudes y mit son approbation ainsi que divers seigneurs du pays, Guillaume, comte de Nevers, le vicomte Gauthier[64].

« Le Duc Étienne, et Étienne, comte de la Saône, et un autre Étienne, fils de Richilde, à la tête d'un grand nombre de combattants, se joignirent pleins d'élan à la milice du Christ[65]. »

Outre ces personnages, Eudes avait encore pour compagnons de voyage et pour alliés le duc d'Aquitaine, son cousin-germain[66]. Guillaume d'Aquitaine qui était parti de Limoges, avait à lui seul une armée prodigieuse[67], en y comprenant celle du frère du roi qui était revenu de la première croisade après l'épuisement complet de ses ressources.

Guillaume, comte de Nevers, avait pu réunir quinze mille hommes dans ses comtés d'Auxerre, de Tonnerre et de Nevers[68], et s'était rejoint avec Herpin, vicomte de Bourges[69].

Geoffroi de Donzy, comte de Chalon en partie avec Gui de Thiern, avait été obligé, pour se procurer de l'argent et subvenir aux exigences de cette coûteuse expédition, de vendre sa part de ce comté à Savaric de Donzy, son oncle, moyennant deux cents onces d'or.

Citons encore Geoffroi, comte de Vendôme Raymond, fils de Boson, vicomte de Turenne nombre d'abbés et de prélats Narjod de Toucy, évêque d'Autun[70] ; Hugues, archevêque de Lyon[71] ; l'archevêque de Besançon et son neveu[72].

Et parmi les barons de moins haute volée, dont les rares documents de l'époque nous ont laissé les noms Hugues de Toucy et son frère Narjod[73] ; Hugues de Rougemont[74] ; Ascelin de Châtel-Censoir[75], de la maison de Donzy, frère de Gui, prieur, puis abbé de Molème ; Hugues et Anseau de Merry-sur-Yonne, ainsi que leur cousin Simon[76], qui ne devaient plus, pour la plupart, revoir le sol natal ; Roger de Choiseul, fils de Renier, seigneur de Choiseul, donna en partant à l'abbaye de Molème un fief à Epineuil, près Tonnerre.

Les deux filles du Duc de Bourgogne[77], ainsi que son frère Henri de Portugal[78], devaient se rencontrer en Orient, où Mile de Vignory, leur parent, les avait déjà précédés en juin 1099[79].

Toutes les troupes arrivant de provinces différentes, n'ayant ni les mêmes habitudes, ni le même langage, formant une multitude sans ordre ni discipline, prirent route par l'Allemagne, et y furent rejointes par le Duc de Bavière et la marquise d'Autriche, qui, comme beaucoup de grandes dames de l'époque, s'était aussi mis en tête d'aller cueillir des lauriers en Palestine[80]. Les exemples étaient fréquents, puisque Fleurine, fille du Duc Eudes de Bourgogne, faisait partie de l'expédition[81], et que Hele ou Alix, autre fille du même Duc, et femme de. Bertrand de Saint-Gilles, comte de Tripoli, avait également voulu accompagner son mari[82].

Au sortir de l'Allemagne, les croisés traversèrent la Hongrie, et étant parvenus en Bulgarie, ils prirent querelle avec le Duc du pays qu'ils insultèrent, et qui leur ferma le passage d'Andrinople. Dans un combat qui eut lieu, plusieurs seigneurs perdirent la vie, d'autres furent faits prisonniers, mais le Duc des. Bulgares ayant été pris lui-même, il s'ensuivit un accommodement qui ouvrit aux croisés le passage de Constantinople[83]. On avait perdu sur la route, soit par la fatigue, soit dans les différents combats qui s'étaient livrés, le tiers environ de l'effectif des troupes[84]. Après avoir hiverné à Constantinople et dans les environs, le reste de cette armée passa le Bosphore dans le temps de la moisson, mais de nouveaux embarras surgirent. Les Turcs avaient pris le soin de mettre le feu dans les champs, de boucher les puits et les fontaines, pour couper les vivres la disette s'ensuivit. Une subite attaque des infidèles vint compléter le désarroi. L'arrière-garde fut taillée en pièces. « Le Duc Étienne, avec cinq cents cavaliers cuirassés, protégea tellement l'armée que, tant qu'il veilla sur elle, les chrétiens ne perdirent pas un seul homme[85]. » Florine, fille du Duc de Bourgogne, montée sur une mule, donna l'exemple d'une vigoureuse résistance et fut enveloppée avec eux dans le massacre[86].

Le désordre était tel, que les chefs, isolés et entourés seulement d'un petit nombre de leurs chevaliers, gagnèrent Antioche comme ils purent. Guillaume d'Aquitaine y arriva à pied, mendiant son pain par les chemins, avec six hommes seulement[87]. Étienne s'y rendit, avec ses hommes sur des vaisseaux[88]. Guillaume, comte d'Auxerre et de Nevers, et son frère Robert qui avaient, perdu la moitié de leurs soldats, eurent toutes les peines du monde à se sauver presque nus[89].

Les divers corps de troupes échappés au carnage se joignirent aux forces de Raymond de Toulouse, dans le comté de Tripoli, et formèrent une armée encore assez imposante. Raymond de Toulouse était beau-frère d'Henri de Bourgogne, frère du Duc Eudes, et gendres tous deux d'Alphonse VI, roi de Castille et de Léon. Bertrand, fils de Raymond de Toulouse, était lui-même gendre du Duc de Bourgogne, ayant épousé Hélène ou Alix, fille de Eudes. Leurs troupes s'emparèrent de Tortose et passèrent les fêtes de Pâques à Jérusalem. Mais après différents engagements, les seigneurs français réduits à un petit nombre de chevaliers, dénués de ressources, s'embarquèrent à Joppé pour revenir dans leur patrie. A peine embarqués, la tempête les obligea de rentrer dans le port où se trouvait Baudouin, premier roi de Jérusalem, et frère de Godefroy de Bouillon. Ayant appris une nouvelle irruption des infidèles, sans consulter le nombre et la force des soldats, ils coururent à leur rencontre et livrèrent une bataille terrible, le 27 mai 1102, à Rama, où les Sarrazins taillèrent en pièces une partie des leurs, et firent prisonniers ceux qui échappèrent à la mort.

Guillaume de Tyr dit positivement que les comtes de Bourgogne et de Blois, ainsi que leurs compagnons d'armes, Geoffroi, comte de Vendôme, le Duc de Bourgogne, périrent à la bataille de Rama ; mais le récit d'Albert d'Aix[90], auteur contemporain, mérite plus de confiance quand il assure que les comtes de Bourgogne et de Blois ayant été faits prisonniers, les musulmans victorieux leur firent trancher la tête. D'autre part, la Chronique des seigneurs d'Amboise[91] raconte que ces mêmes personnages ainsi que Geoffroi, comte de Vendôme, ayant été conduits sans qu'on les connût dans les prisons d'Ascalon[92], ils y furent tués à coups de flèches par la trahison d'un autre prisonnier qui, les ayant fait connaître aux musulmans, obtint par là sa liberté.

Hugues de France, comte de Vermandois, avait été blessé seulement, et avait pu se sauver à grand'peine à Tarse en Cilicie, où il mourut le 18 octobre suivant[93].

Quant à Eudes, Duc de Bourgogne, les uns le font mourir à Rama, les autres à Tarse, et c'est la version la plus accréditée. Ce qui est certain, c'est que son corps fut ramené la même année et reçut la sépulture à Cîteaux.

Le duc d'Aquitaine, le comte d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre et son frère Robert, qui avaient pris d'autres directions et n'étaient pas à ces dernières batailles, purent revoir leur patrie.

Les comtes de Chalon-sur-Saône eurent la même bonne fortune, mais ils ramenaient bien peu de monde, et au dire de l'abbé Lebeuf, Geoffroi de Donzy en revint aussi pillard qu'auparavant[94].

L'évêque de Nevers, dont le comte Guillaume avait emmené les hommes de force, apprenant la mort de ces malheureux, assigna ce dernier dans un plaid, et le comte consentit à l'indemniser de cette perte[95]. Le Duc Eudes laissait quatre enfants de sa femme Mahaut, fille de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, deux fils et deux filles. Nous avouons que pas une seule fois ces filles ne sont citées dans les chartes et que l'on est obligé de s'en rapporter aux auteurs[96].

Ces enfants sont :

1° Hugues II, Duc de Bourgogne, qui suit ;

2° Henri, qui devint religieux de Cîteaux ;

3° Florine, qui épousa un seigneur de Macédoine et périt en Terre-Sainte ;

4° Hélie, ou Hélène, ou Alix, mariée en 1095, à Bertrand, comte de Tripoli, puis à Guillaume, dit Talvas, comte d'Alençon.

 

 

 



[1] Fondé en 1115, après une donation de Mile, comte de Bar-sur-Seine et de sa femme Mathilde de Noyers. — Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul de Molème, fol. 102.

[2] Fondé en 1097, par Hugues de Vendeuvres. — Orig. Arch. de la Côte-d'Or, cart. 299.

[3] Fondé par Philippe, évêque de Troyes. — Orig. Arch. de la Côte-d’Or, cart 238 du Fonds Molème.

[4] Fondé vers 1097 par Geoffroi Fournier, fils d'Otran. — Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul de Molème, fol. 46 r°.

[5] Fondé au commencement du XIIe siècle. — Arch. Côte-d'Or, 2e Cartul. de Molème, fol. 55 r°.

[6] Fondé en 1101. — Orig. Fonds Molème, carton 299.

[7] Fondé en 1103, par Philippe, évêque de Troyes. — Orig. Fonds Molème, carton 244 et 1er Cartul de Molème, fol. 89 r°.

[8] Fondé en 1103 par Geoffroi Fournier, fils d'Otran. — 1er Cartulaire de Molème, fol. 56 v°.

[9] Fondé au commencement du XIIe siècle par Hugues, comte de Troyes. — Orig. Fonds Molème, carton 246, 1er Cartul, de Molème, fol. 82 v°.

[10] Fondé en 1097 par Rainaud de La Ferté et sa femme Letuidis. – 1er Cartul. de Molème, fol. 43 v°.

[11] Fondé au commencement du XIIe siècle, par Philippe, évêque de Troyes. — Orig. Fonds Molème, carton 308.

[12] Arch. de la Côte-d'Or, Orig. Fonds Molème, carton 257.

[13] Orig. Fonds Molème, carton 281.

[14] Orig. Fonds Molème, carton 257.

[15] Orig. Fonds Molème, carton 270.

[16] Fonds Molème, carton 303.

[17] Orig. Fonds Molème, carton 270.

[18] Arch. de la Côte-d'Or, Inventaire des titres de Molème.

[19] Fondé vers 1084 par Gaudri de Touillon. 1er Cartul.de Molème, fol. 56.

[20] Fondé en 1097, par Obert, Nocher, Calo, seigneurs de la maison de Grancey. — 1er Cartul. de Molème, pp. 91, 92.

[21] Fondé fin du XIe siècle par les sires de Noyers. — 1er Cartul., 46 v., 29 r°.

[22] Fondé fin XIe siècle par les sires de Toucy. — V. Cartul. de l'Yonne, t. I, p. 201.

[23] Fondé par les sires de Montigny-sur-Aube, Rougemont et Chacenay.

[24] Fondé fin XIe siècle, par les sires de Noyers et de Maligny.

[25] Fondé en 1084 par Ivon d'Avallon. — 1er Cartul. de Molème, fol 18 v°.

[26] Voir le Cartul. de l'Yonne, t. 1 et 2.

[27] Fondé à la fin du XIe siècle. — Arch. Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, fol. 20 r°.

[28] Fondé à la fin du XIe siècle par les seigneurs de Rougemont, près Montbard, et les sires d'Argenteuil, près Ancy-le-Franc. — 1er Cartul. de Molème, fol. 15 v°.

[29] Fondé à la fin du XIe siècle par les comtes de Tonnerre. – Orig. Fonds Molème, carton 306.

[30] Dès 1083, Engelbert, l'un des fils de Gauthier Ier, comte de Brienne, auquel l'abbaye de Molème était redevable de tant de donations, prend l'habit religieux et est suivi par une foule de barons (Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, fol. 24 v°). Tescelin de Maisy donne tous ses droits héréditaires à Maisy, Villiers, Lucy, pour se faire moine. Il fut nommé chambrier. Sa sœur Odeline le suit dans la retraite (an 1084, 1er Cartul. de Molème, fol. 77). Gauthier de Montréal paraît plusieurs fois comme religieux et fut envoyé à Montréal et à Saint-More pour les affaires de la communauté (an 1084, 1er Cartul. de Molème, t. I, p. 40). Gui, surnommé Ridallus, abandonne son domaine de Saint-Loup, dans le cas où lui ou son fils entreraient au monastère (an 1085, ter Cartul de Molème, t. I, fol. 95). Gauthier de Montigny-sur-Aube, chevalier, donne le presbytère et l'église de Stigny ainsi que la moitié des dimes, lorsqu'il entre en religion à Molème (an 1097, 1er Cartul. de Molème, fol. 25 v°). Son beau-frère, Eudes de Rougemont, fils de Rocelin, vient l'y rejoindre (an 1097, 1er Cartul de Molème, fol. 111, 112). Haimon le Roux, de Châtillon, concède plusieurs familles d'hommes, des terres, des prés, et le presbytérat de Baigneux, du consentement de son fils, lors de sa prise d'habit (an 1097, 1er Cartul. de Molème, fol. 44 r°). Son fils Girard l'avait déjà précédé dans le cloître, et avait donné sa part d'héritage à l'Isle-sous-Bar (Cartul. de Molème, t. I, p. 58). Rainard de Noyers cède son alleu de Senevoy et ce qu'il possédait à Gigny lorsqu'il se fit moine à Molème avec son fils Olivier. Sa femme prit aussi le voile et reçut une prébende (fin du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 44 v°). Gaudri de Touillon donne l'église de Crais, le presbytère et la chapelle du château, moitié des dîmes, etc., à condition d'être reçu au monastère avec ses deux fils et ses deux filles, et nous le retrouvons plus tard suivant saint Bernard à Cîteaux (an 1080 et 1100, deux pièces du Cartul. de Molème, t. 1, p. 55. p. 56 et p. 106). Gui d'Aspre obtint de passer le reste de ses jours au couvent, et donna, du consentement de ses frères et de ses enfants, l'alleu qu'il avait dans le Tonnerrois, à Grisy, à Bernon (an 1099, 1er Cartul de Molème, t. I, fol. XX r°). Gui de Montigny offrant son fils aîné Philippe pour être religieux, concède une part de la dîme de Chesley (fin du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 54 v°). — Héloïse, mère d'Aganon de Chassy, chevalier, en quittant le monde, se donne avec ses biens à l'abbaye de Molème et se soumet à l'autorité de l'abbé Robert, qui lui assigne Stigny comme demeure, avec le revenu de l'église de ce lieu et des terres à Senevoy (an 1097, 1er Cartul. de Molème, fol. 46 r°).

Sans prétendre épuiser une énumération qui serait beaucoup trop longue, citons encor Gui de Châtel-Censoir, qui de prieur devint abbé après la mort de saint Robert. Hugues, le plus jeune des fils de Guibert de Châtel-Censoir, étant gravement blessé à Clamecy, prit l'habit religieux (1er Cartul. de Molème, fol. 56 v°). Gaudri de Rouvre donne son alleu d'Ancy, d'Argenteuil et de Lézinnes en quittant le monde (1er Cartul. de Molème, fol. 19 v°). — Le vicomte Olric donne sa terre de Nogent en consacrant son plus jeune fils à l'état monastique (1er Cartul. de Molème, fol. 75). — Hugues de Nicey donne sa seigneurie de Nicey pour la dotation de ses deux fils religieux (orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Molème, carton Nicey). Letheric de Villon donne la dime de Trichey et une terre à Artonnay pour être reçu prébendier dans le monastère (fin du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 542). — Renaud, fils de Valon de Rougemont, auquel on avait crevé les yeux par suite de ses crimes, abandonna un domaine à Stigny, et fut reçu à titre de prébende pour être nourri le reste de ses jours (Cartul de Molème, t. I, p. XVI v°). Hugues de Mereuil étant au château de Rougemont, offre son fils Guillaume à Dieu pour être moine de Molème (1er Cartul. de Molème, fol. 44 r°). — Nivelon de Maligny concède ce qu'il avait à Artonnay, et abandonne sa femme et ses enfants pour se faire moine (1er Cartul. de Molème, fol. LI v°). Nivelon de Maligny accompagna plus tard saint Robert à Cîteaux. — Gui de Corabeuf donne un de ses fils à Molème pour y être religieux (an 1099, 1er Cartul. de Molème, fol. 75). — Thibaud le Roux, seigneur de Maligny, et sa femme Adélaïde donnent leur part d'Artonnay, en se réservant d'être admis comme religieux (an 1099, 1er Cartul. de Molème, fol. 53). — Jobert de Maligny étant malade, fait également une donation sur la terre d'Artonnay, en réservant la prise d'habit d'un de ses fils (Cartul. de Molème, t. I, p. 65). — Les enfants d'Aymon de Brémur, après la mort de leur père et d'un de leurs frères, placent leur mère en prébende à Molème (1er Cartul., fol. 65). C'est dans un prieuré de Molème, à Sèche-Fontaine, que saint Bruno commença à vivre en ermite avec deux moines, Pierre et Lambert d'Avirey, avant de fonder la Grande-Chartreuse de Grenoble. Pierre et Lambert d'Avirey construisirent d'abord à Sèche-Fontaine une petite église qui lut bénie par Robert de Bourgogne, évêque de Langres (Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, fol. 38 v°).

[31] Le nécrologe de Saint-Bénigne de Dijon, précieux par sa date (XIIe siècle), marque un nombre de religieuses assez considérable. Il est regrettable que ce nécrologe ne porte que des prénoms sans noms de famille et sans autre indication que monachus ou monacha. Le manuscrit (Bibl. de la ville de Dijon) ne peut ainsi fournir les documents que l'on devrait y rencontrer.

[32] Annales cisterc., par R. P. Angeli Maurique, t. I, p. 1, 10.

[33] R. P. Angeli Maurique, Annales cisterc., t. I, p. 7.

[34] R. P. Angeli Maurique, Annales cisterc., t. I, pp. 7, 8. N'est-t-il pas étrange que le texte de ces lettres nous ait été conservé !

[35] Loco citato, Exordium Cistercii.

[36] Arch. de la Côte-d'Or, ancien Cartul. de Cîteaux, n° 166, fol. 1 et 2, éd. Duchesne, Ducs de Bourg., pr. p. 23 ; Gallia christ., t. IV.

[37] Nouveau style ; Pâques de 1098 tombait le 28 mars.

[38] Angeli Maurique, Ann. cisterc., t. I, p. 41.

Anno milleno centeno bis minus uno,

Sub patre Roberto cœpit Cistercius ordo.

[39] Multœ plebis, charte déjà citée.

[40] Charte citée.

[41] Orig. Fonds Cîteaux, cart. 471, Arch. de la Côte-d'Or.

[42] Cartul. de l'Yonne, t. 1, pp. 203, 204 d'après les titres de Molème. On voit dans cette pièce que le comte de Tonnerre demanda pardon de ses fautes et obtint l'absolution, lorsqu'il était en présence de Robert à l'abbaye de Saint-Étienne de Nevers, et sur le point de partir en Terre-Sainte.

[43] Exordium Cistercii, p. 64.

[44] Exordium Cistercii, p. 65.

[45] Robert dut rentrer à Molème au commencement de 1100, puisqu'il était encore à Cîteaux à la nativité de l'an 1099.

[46] Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 203, 204.

[47] Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 201, 202.

[48] Cartul. de Molème, t. I, p. 9. Arch. Côte-d'Or.

[49] Cartul. de Molème, t. I, p. 58.

[50] Cartul. de Molème, t. I, pp. 15, 16.

[51] La lecture des pièces du Cartul. de l’Yonne, t. I et t. II (V. les tables) ne permet pas de douter que Norgaud n'ait appartenu à la maison des sires de Toucy, dont plusieurs portent le prénom de Norgaud ou Narjod. V. Annuaire de l'Yonne, 1830, p. 336 ; Id., 1844, p. 27 ; Bulletin de la société de l'Yonne, 1848, p. 312 ; Pignot, Hist. de l'ordre de Cluny, t. II, p. 239.

[52] Pour la chronique de Flavigny, voir Labbe, Bibl. manusc, t. I ; Pertz, Monumenta Germaniœ historica, t. VIII, pp. 280-502 ; documents très précieux : Thesaurus incomparabilis historiœ ecclesiasticæ, dit le P. Labbe.

[53] Concile de Valence, II Kal. Octobris (Gallia christ., t. VI, p. 407). Tous ces faits sont tirés de la charte originale de Cluny, dont nous allons parler.

[54] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Cluny, carton 184.

[55] Arch. de la Côte-d'Or, 1er cartul. de Molème, pp. 6, 7.

[56] Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, 2 pièces, pp. 6 et 7, et pp. 10 et 11.

[57] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 81.

[58] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, 2 pièces, t. I, p. 42 et 6, 103.

[59] 1er Cartul. de Molème, fol. 28 bis, r°.

[60] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, éd. Pérard, p. 202 ; D. Plancher, t. I, pr. XLVI.

[61] C'est, en effet, à cette époque que partit Étienne, comte de Blois (Art de vérifier les dates, éd. 1818, t. II, p. 361) et non en septembre, comme le marque Guillaume de Malmesbury.

[62] Courtépée consacre vingt lignes à ce Duc et à sa famille, en dehors de diverses considérations qui ne nous éclairent en rien sur les actes de ce prince.

[63] Duchesne, Ducs de Bourgogne, pr., p. 36.

[64] Bibl. nat., Fonds Moreau, t. XL, fol. 2, charte de Cluny, copie de Lambert de Barive.

[65] Orderic Vital, Hist. ecclés., t. I, X.

[66] Guillaume était fils de Gui Geoffroi, surnommé Guillaume, duc d'Aquitaine, et de Hildegarde ou Aldéarde, fille de Robert Ier, Duc de Bourgogne.

[67] Les uns disent 260.000 hommes ; Orderic Vital dit 300 mille. Ces chiffres peuvent être exagérés.

[68] Lebeuf, Hist. d'Auxerre, t. II, p. 67.

[69] M. Quantin, Les Croisés dans la Basse-Bourgogne, Annuaire de l'Yonne, 1854, p. 223.

[70] Gagnare, Hist. de l'Eglise d'Autun, art. Norgaud.

[71] Gallia christiana, t. IV.

[72] E. Clerc, Histoire de la Franche-Comté, t. I, p. 313.

[73] Cartul. de l'Yonne, t. I (V. aux tables). — Gallia christ., t. XII, pr. Auxerre, n° XII. — Narjod de Toucy mourut de ses blessures et confessa ses fautes au Patriarche de Jérusalem.

[74] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I ; Cartul. de l'Yonne, t. II, p. 22.

[75] Cartul. de l'Yonne, t. II, pp. 24, 23. Il revint de Terre-Sainte et acte plusieurs fois depuis.

[76] Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, fol. 58 r°. Hugues de Merry donne à l'abbaye de Molème son alleu de Rosnay, moyennant une redevance qu'il devait rendre si lui ou son frère Anseau revenait de Jérusalem.

[77] Voir plus loin.

[78] Cela est prouvé par l'article que lui consacre l'Art de vérifier les dates. Henri rapporta des reliques dont il enrichit la cathédrale de Brague.

[79] Arch. de la Haute-Marne, Cartul. de Vignory, fol. 56, 57,

[80] Art de vérifier les dates, t. 10, p. 106.

[81] Alb. Aquan l. V, c. 54. — Duchesne, Ducs de Bourg., p. 27.

[82] Art de vérifier les dates, t. 9, p. 379.

[83] Art de vérifier les dates, t. 10, p. 107.

[84] Art de vérifier les dates, t. 12, pp. 193, 194.

[85] Alb. Aquan., l. VIII.

[86] Alb. Aquan., l. V, c. 54 ; Art de vérifier les dates, t. II, p. 44.

[87] Art de vérifier les dates, t. 10, p. 107.

[88] Ed. Clerc, Hist. de Franche-Comté, t. I, p. 313.

[89] Orderic Vital.

[90] Dans Dom Bouquet, t. XIV.

[91] Dans Dom Bouquet, t. XIV.

[92] Orderic Vital dit Joppé.

[93] Art de vérifier les dates, t. XII, pp. 193, 194.

[94] Lebeuf, Hist. d'Auxerre, t. II, pp. 71, 72 ; M. Quantin, Les Croisés de la Basse-Bourgogne, Annuaire de l'Yonne, 1854, p. 221.

[95] V. une charte de Cluny, de 1106, Bibl., nat., coll. Moreau, t. 41, fol. 83.

[96] Duchesne, Ducs de Bourg. ; Art de vérifier les dates, etc.