Mouvement religieux. —
Développement de Molème avec saint Robert. — Fondation de Cîteaux par le
même, et par l'intervention de Rainard, vicomte de Beaune et de Eudes, Duc de
Bourgogne. — Lutte entre Narjod de Touci, évêque d'Autun et le chroniqueur
Hugues de Flavigny. — Grande croisade de 1100. — Motifs qui déterminent le
Duc Eudes à s'y rendre. — Son départ au printemps de l'an 1104 avec Étienne,
comte de Blois, Étienne, comte de Bourgogne, les comtes de Chalon, de Nevers,
le fils du roi et de nombreux barons. — Henri de Portugal et les filles du
Duc Eudes y vont également. — Désastres de l'armée. — Mort d'Eudes Ier.
Avant
d'entrer dans le détail des faits relatifs à l'abbaye de Cîteaux, dont la
fondation domine les événements de la fin du XIe siècle, et dont l'influence
prend ensuite une si grande extension, nous sommes forcés de revenir en
arrière, et de suivre l'entraînement des idées monastiques, qui était parti
de Molème et non de Cîteaux, et dont saint Robert avait été le plus ardent
propagateur. C'est
dans le Tonnerrois qu'avait pris naissance au Ve siècle le mouvement
religieux, lorsque saint Hilaire et Quiete, son épouse, firent construire
l'abbaye de Réome (Moustier-Saint-Jean), en faveur de leur fils Jean qui en fut le
premier abbé. Des colonies parties de Réome s'étaient installées près du
tombeau de l'apôtre de la Bourgogne, avaient fondé le monastère de
Saint-Bénigne, pendant que le fils du comte de Mémont, avec quelques compagnons,
venait se réfugier près des sources de la Seine, au milieu des ruines des
villes et des temples romains, dans des grottes qui furent le berceau de
l'abbaye de Saint-Seine. C'est
encore du Tonnerrois, c'est des déserts de Collan et de Molème que part le
nouveau mouvement. Depuis vingt-trois ans que saint Robert était venu
défricher un coin de ce ao/naine et y construire des huttes avec des branches
de feuillage, les choses avaient bien changé d'aspect. La solitude était
devenue une résidence animée, et la pauvreté des moines avait fait place à
l'abondance et à la richesse. Bien
avant Cîteaux, Molème nous montre comment un ordre monastique, placé dans des
conditions favorables et dirigé par un homme éminent, pouvait en peu de temps
conquérir une énorme puissance et une influence à laquelle les autres
monastères portaient envie. Depuis
l'origine de Molème, en 1075, on avait vu des anachorètes y accourir de
toutes parts, et le nombre des religieux prendre de telles proportions, que
chaque année la maison-mère, dont l'enceinte était trop étroite, envoyait
dans les régions voisines une ou plusieurs colonies, animées des sentiments
de leur abbé fondateur. Outre
les prieurés de Collan, de Saint-Didier de Langres, de Louesme, de
Saint-Gengoul de Varennes, de Chacenay, de Nitry, de Noyers, de Choiseul, de
Plancy, d'Essoyes, de Radonvilliers, de Sèche-Fontaine, de Merrey près
Bar-sur-Seine, dont nous avons dit quelques mots, il s'en était établi
beaucoup d'autres, à l'époque des expéditions d'Espagne dirigées par les Ducs
Hugues et Eudes. Sans nous occuper des provinces plus éloignées, et dont les
annales n'ont aucun point commun avec celles qui forment l'objet de cette
étude, citons, en Champagne, les prieurés de la chapelle d'Oze[1], de Fouchères[2], de Méry-sur-Seine[3], de l'Isle d'Aumont[4], de Nogent-en-Othe[5], des Riceys, de Rumilly-lès-Vaudes[6], de Saint-Hilaire[7], de Saint-Parres-lès-Vaudes[8], de Saint-Quantin de Troyes[9], de Vernonvilliers[10], de Virloups[11] ; en Bourgogne (Côte-d’Or), les prieurés de Baigneux[12], Larrey[13], Balot[14], Grancey[15], Cerilly[16], Sainte-Colombe[17], Frolois[18], Touillon[19], Saint-Broin-les-Moines[20] ; dans les pays formant
aujourd'hui le département de l'Yonne : Gigny[21], Crisenon[22], Stigny[23], Artonnay[24], Saint-Moré[25], Senan[26], Vermanton[27], Cusy près Ancy-le-Franc[28], Tonnerre[29]. Un
certain nombre de ces prieurés qui n'ont eu qu'une existence éphémère,
disparaissent à diverses époques, et dès le XIIe siècle, soit que les
donations primitives n'ayant pu suffire à leur entretien, le revenu en ait
été annexé à l'abbaye-mère, soit que la population des religieux de Molème
ait diminué dans la suite, entraînée par l'attractive influence des
institutions cisterciennes. Ces
institutions, plusieurs fois publiées, ont trouvé des historiens
consciencieux qui en ont fait une étude approfondie. Les cartulaires n'ont
pas eu la même bonne fortune, et, sauf quelques pièces reproduites dans
divers recueils, les fondations seigneuriales et les titres primitifs ne sont
connus que d'un petit nombre d'érudits. Après avoir parcouru les titres
originaux et les cartulaires des abbayes de Molème et de Cîteaux, on est
étonné des documents de toute nature et des renseignements qu'ils donnent sur
la société civile. Pour les vingt-cinq dernières années du XIe siècle, si
pauvre en documents, les titres de Molème surtout sont d'une précieuse
ressource. En
dehors de l'influence indéniable qui attirait la société dans les monastères,
et de la tendance religieuse surexcitée par une foi et des croyances
profondes, il y avait une considération matérielle dont il est juste de tenir
compte. Les familles seigneuriales avaient pris un accroissement considérable
les seigneurs et les dames nobles qui avaient des droits à garder, et
l'honneur de leur château à défendre contre l'envahissante ambition des
voisins, restaient peu en viduité et contractaient de nouveaux mariages. Des
nombreuses lignées sorties de ces alliances, l'aîné seul était destiné à
recueillir l'héritage paternel les puînés, obligés de chercher une carrière,
ne pouvaient trouver asile que dans les armes ou dans l'Église. Trop pauvres
pour aller à leurs frais dans ces expéditions lointaines où tant d'autres
avaient trouvé la gloire et parfois des domaines à conquérir, ils
s'enrôlaient sous la bannière d'un grand seigneur allié à leur famille les
autres n'avaient que le cloître pour refuge. En échange des biens donnés aux
monastères, chaque famille assurait un asile aux siens, pouvait en recevoir
des secours dans les circonstances difficiles, et plaçait avantageusement les
cadets sans fortune et les filles en disponibilité. Tous
les bienfaiteurs de Molème se relient dans l'origine par des droits étroits
de parenté Les comtes de Bar-sur-Seine et de Tonnerre, les comtes de Brienne,
les sires de Maligny, de Montréal, de Châtillon-sur-Seine, de Montbard, de
Rougemont, de Noyers, de Chacenay, de Châtel-Censoir, de Montigny-sur-Aube,
de Ricey, de Laignes, de Maisy, de Grancey, de Larrey, de Mailly, de Toucy,
de la Ferté-sur-Aube, etc., ont des points communs et des alliances que
l'absence des noms de famille et les désignations suffisantes ne permettent
pas toujours d'établir d'une manière exacte. Les
membres de ces familles et de celles qui leur sont alliées, fournissent le
principal contingent des moines de Molème[30] à l'époque qui nous occupe, et souvent
leur prise d'habit est indiquée en même temps que la donation qui leur ouvre
les portes du monastère, en leur assurant un asile pour le reste de leurs
jours. Les
dotations de filles qui prennent le voile s'y rencontrent également c'était
un usage commun dans tous les monastères[31]. Les abbayes de filles qui
furent fondées au commencement du XIIe siècle, n'eurent pour but que de
remédier aux inconvénients qui auraient pu naître de la vie commune, et des
rapports obligés qui, dans certaines cérémonies, mettaient les religieux des
deux sexes en communication trop intime. La
pauvreté qui avait fait dans l'origine la force de Molème et avait attiré les
bienfaits des seigneurs du voisinage, avait fait place à l'abondance d'abord,
puis à la richesse à mesure que les biens temporels y entraient, les biens
spirituels en sortirent[32]. La nécessité du travail se
faisait moins sentir, et l'abbé Robert, malgré la déférence des moines,
n'avait plus l'autorité que méritaient son caractère et ses vertus. Le
monastère comptait trop de chevaliers et de grands seigneurs prébendés qui
n'étaient pas pliés à l'obéissance. La plupart, habitués à ordonner en
maîtres, n'étaient pas organisés pour vivre sous une discipline monastique.
La règle abbatiale qui recommandait surtout de se faire aimer, restait sans
empire sur des esprits dominateurs, pleins de fougue et d'intempérance. Saint
Robert comprit qu'il n'y avait qu'un moyen de remédier à cette décadence de
la règle, séparer le bon grain de l'ivraie, donner à ces hommes pour lesquels
les exercices de la prière et de la méditation n'étaient pas une suffisante
occupation, un travail énergique et soutenu, un labeur rude et incessant,
afin de dompter ces natures et de les ramener à la première vie des Pères du
désert. Plusieurs
religieux, à la tête desquels se trouvait Étienne Harding, anglais d'origine,
formé à la vie du cloître dans le couvent de Sherburn, se concertèrent avec
l'abbé, se plaignirent des usages nouveaux qui n'étaient plus en rapport avec
la règle de saint Benoît qu'ils avaient juré de suivre, et se proposèrent d'y
apporter remède. Leur
premier soin fut de s'adresser au Duc de Bourgogne Eudes, qui leur avait
toujours témoigné une sollicitude et une protection dont les autres
monastères n'avaient pas eu autant à se louer. Étienne Harding fut chargé de
porter au Duc une lettre de l'abbé[33], pour réclamer son appui, en
annonçant le projet qu'ils avaient formé de se retirer dans une autre
solitude, pour y mener une vie plus austère. Eudes répondit[34] qu'il approuvait ce projet,
qu'il ne manquerait pas de leur venir en aide, qu'ils pouvaient choisir une
retraite, et qu'il s'offrait de les servir auprès des évêques diocésains et
au besoin auprès du Saint-Siège. D'autre
part, Hugues, archevêque de Lyon et légat du pape, auprès duquel on avait
fait des démarches, autorisait l'abbé Robert et les religieux qui
désireraient s'y associer, à quitter Molème, et à aller vivre dans une autre
retraite qui leur serait départie par la Providence[35]. Le Duc
de Bourgogne, de concert avec Rainard, vicomte de Beaune, céda aux
anachorètes un emplacement dans la forêt de Cîteaux, au diocèse de Chalon,
provenant du patrimoine d'Hodierne, femme de Rainard. Ils y joignirent
l'autorisation de défricher, de bâtir un monastère, et les concessions
indispensables pour une installation nouvelle[36]. Ce fut
sur cette terre ingrate, dans un désert hérissé de broussailles, auprès d'un
ruisseau fangeux, que Robert et ses compagnons dressèrent leurs tentes, se
mirent à arracher les roseaux et les épines. En peu de temps ils bâtirent des
cabanes solides, et bientôt s'éleva un oratoire qui fut consacré à la Vierge
par une inauguration solennelle, le 21 mars 1099[37], jour de la fête des Rameaux[38]. Cette cérémonie eut lieu en
présence d'une foule de peuple[39]. Le Duc de Bourgogne y
assistait, ainsi que ses fils Hugues et Henri le vicomte de Beaune et sa
femme ; Gauthier, évêque de Chalon ; Hugues de Mont-Saint-Jean, Calo de
Salives, Seguin de Beaune et son fils Hugues ; Mile de Frolois ;
Hugues de Grancey ; Robert, prévôt d'Argilly ; Jean de Pomart et
son fils Landri[40], etc. Tous souscrivirent la
charte qui confirmait les donations primitives. Aux
fêtes de Noël de la même année, le Duc Eudes s'étant rendu au nouveau
monastère avec une suite nombreuse, donna à l'abbé Robert une vigne qu'il
possédait au château de Meursault, en présence de Gui, comte de Saulx, de
Savaric de Donzy, d'Hugues de Pouilly, et de divers autres[41]. Au XIe
siècle, les fêtes de l'Église, outre le but religieux, avaient aussi un
caractère politique. Le Duc conduisait sa cour à ces assemblées, où l'on
venait prier et traiter ensuite les affaires du monde. On trouvait dans les
abbayes bénédictines une hospitalité que le droit de gîte réservait, mais qui
amenait des abus contre lesquels protestèrent les réformateurs Cisterciens,
et nous verrons bientôt l'interdiction faite aux monastères de cet ordre de
tenir aucune cour féodale dans l'enceinte de leurs murailles. L'ordre
et le calme étaient loin de revenir dans le cloître de Molème, et l'abbé
Geoffroi qui avait succédé à saint Robert, ne se sentait pas l'autorité
suffisante pour les rétablir. Il
consentit même à envoyer plusieurs moines à Rome, auprès du pape Urbain, afin
d'en obtenir le retour de leur ancien abbé. Ils se plaignirent que, depuis le
départ de Robert, la religion tendait à disparaître, et que le monastère
n'était plus respecté par les seigneurs voisins. Ces plaintes n'étaient que
trop fondées, car l'un de leurs principaux bienfaiteurs, Guillaume, comte de
Tonnerre, par un attentat qui rappelait celui de son grand-oncle Hugues
Rainard, évêque de Langres, envers l'abbaye de Pothières, était venu à main
armée attaquer Molème et y mettre le feu[42]. Le pape
ne put que transmettre les réclamations des religieux à son légat Hugues,
archevêque de Lyon, qui représenta à Robert dans quel état de désolation et
de ruine[43] menaçait de tomber cette abbaye
s'il ne venait y remédier par sa présence. Il ajoutait que l'abbé Geoffroi
était venu le trouver, désireux d'obéir et de vivre sous la loi de son ancien
abbé. Il le priait d'aller vers l'évêque de Chalon pour rendre suivant
l'habitude le bâton pastoral, et relever les religieux du nouveau monastère
de Cîteaux du serment d'obéissance qu'ils avaient fait à Robert[44]. L'évêque de Chalon écrivit
ensuite à l'évêque de Langres, et, les dernières formalités accomplies, les
moines de Molème purent revoir leur abbé après moins de deux ans d'absence[45]. Saint
Robert eut beaucoup à faire, l'année qui suivit son retour, pour faire
rentrer les choses dans l'ordre, et négocier la restitution des domaines dont
on s'était emparé. Nous le trouvons parcourant les provinces accompagné de
trois religieux. Le 30 janvier 1101, il est à Nevers, dans le cloître de
Saint-Étienne, en pourparlers avec Guillaume, comte de Nevers, sur le point
de partir à Jérusalem[46]. Le dimanche après la
Pentecôte, 30 juin, il est à Toucy avec l'évêque d'Auxerre, lorsqu'il obtient
des sires de Toucy une charte pour les moines de Crisenon[47]. Le 9 juillet suivant, on le
rencontre a Bourges, revendiquant les terres de Marcennay et de Bissey, dont
on avait disposé en faveur des chanoines de cette ville[48]. Cette même année saint Robert
étant à Grancey, obtient de Mile de Chacenay la confirmation des donations
faites par Anséric, père de Mile[49]. Il assiste à Epernay à la
dotation du prieuré de Rumilly-lès-Vaudes par le comte et la comtesse de
Champagne[50]. Ces détails peu connus auront
quelque valeur pour ceux qui s'intéressent à la biographie de l'éminent
fondateur de Cîteaux. Les
anciens monastères bénédictins n'attiraient plus si vivement la piété des
fidèles, qui accordaient toutes leurs faveurs aux abbayes nouvelles. Depuis
sept ans, Flavigny était sans abbé, les intérêts du couvent étaient par suite
assez négligés. Aganon de Mont-Saint-Jean, évêque d'Autun, y avait pourvu, en
nommant abbé un religieux de Saint-Bénigne nommé Hugues. Aganon étant mort le
25 juin 1098, son successeur Norgaud de Toucy[51], homme d'un caractère violent,
inquiet et ambitieux, eut pendant trois ans avec Hugues de Flavigny une lutte
des plus vives. Tantôt sacrés et tantôt déposés l'un et l'autre, l'évêque
finit par rester sur le siège épiscopal d'Autun, et l'abbé reprit comme
simple moine le chemin de Saint-Bénigne. Les curieuses péripéties de cette
lutte, racontées par le vaincu, par ce moine devenu chroniqueur, forment un
récit des plus intéressants pour l'histoire des mœurs et d'une époque qui
nous a laissé si peu de documents. L'abbé de Flavigny, qui, comme tel, avait
le droit d'exprimer le premier son suffrage à l'élection de l'évêque, n'ayant
pu se rendre à la cérémonie, avait envoyé un de ses religieux à sa place.
Norgaud lui en conserva toujours rancune. Quoique cet abbé fût seul à
accompagner l'évêque à Lyon lors de sa consécration épiscopale, et malgré la
très honorable réception qu'il lui fit à son passage à Couchas, il ne put
gagner les bonnes grâces du prélat, qui l'interdit de toute fonction, sous
prétexte d'une injure qui lui avait été faite à Flavigny. Ni les
supplications de Hugues, qui protestait de son bon vouloir, ni la médiation
de l'évêque de Chalon ne purent fléchir Norgaud. C'est
dans ces mauvaises dispositions que l'évêque d'Autun partit pour Rome. A son
retour, l'abbé de Flavigny, qui ne demandait que la paix, alla au-devant de
lui jusqu'à Saulieu, pour réclamer son amitié. Le prélat lui fit bon accueil
et l'embrassa cordialement. Le pape Pascal, qui avait confirmé à ce dernier
la qualité d'évêque élu canoniquement avec les prérogatives attachées à cette
charge, ne tarda pas à être saisi des plaintes du clergé autunois, qui
accusaient Norgaud de plusieurs crimes et notamment de simonie. Deux des
cardinaux, légats du pape, invités à rétablir la paix dans le diocèse, se
rendirent à Autun le jour de la fête de Saint-Nazaire, et entendirent les
diverses réclamations. Ils favorisèrent l'évêque au préjudice des chanoines
qui prétendaient avoir la justice de leur côté. La paix qui s'ensuivit dura
peu, et les légats durent renvoyer les parties par devant l'archevêque de
Lyon, leur métropolitain. Mais Norgaud n'accepta point ce renvoi, et demanda
à être entendu au concile de Valence qui devait se tenir, et se tint, en
effet, en septembre 1100. A ce concile furent jugées différentes affaires
relatives à la Bourgogne le Duc Eudes y fut excommunié, comme nous le verrons
plus loin. Les évêques de Chalon et de Langres n'y parurent point par
convenance, mais treize des plus notables chanoines y déposèrent, en présence
de vingt-quatre abbés, contre leur évêque. Un des reproches qu'ils lui firent
était fondé sur un propos qu'il avait tenu dans le dortoir de l'église il
avait promis à l'archidiacre Gauthier de lui accorder ce qu'il désirerait,
s'il voulait contribuer à son élection et mettre dans ses intérêts ses
parents qui avaient un grand crédit et une grande influence. Cette
accusation de simonie fut appuyée par Hugues de Flavigny, qui avait été
rétabli dans ses fonctions abbatiales par les abbés de Cluny et de Dijon. On
reprochait de plus à l'évêque d'être resté pendant un an et un jour frappé
d'excommunication pour avoir pris le titre d'archidiacre de Langres et de
chantre d'Autun et en avoir exercé la charge sans droit. A ces
accusations, et à d'autres non moins fondées, Norgaud répliquait qu'il ne
convenait pas à des brebis d'attaquer le pasteur, car les chanoines avaient
consenti à son élection, avaient entendu lecture de l'anathème prononcé
contre ceux qui ne se soumettraient pas à cet arrêt, et qui s'y seraient
alors opposés s'il y avait eu empêchement et vice de forme. Après
plusieurs jours de discussions stériles entre les légats, les évêques et les
chanoines, l'affaire fut déclarée indécise et renvoyée au concile de
Poitiers. Narjod resta toutefois interdit de toute fonction épiscopale et
sacerdotale. Les
députés du chapitre se rendirent à Rome et tirent au pape une relation de ce
qui s'était passé. L'évêque de Mâcon s'y rendit aussi pour défendre la cause
de Narjod, mais il ne fut pas écouté. Le pape engagea ses légats à se
prononcer en toute justice, promettant de ratifier le jugement qui serait par
eux prononcé dans cette affaire. Les
quatre-vingts évêques et abbés qui assistèrent au concile de Poitiers ne
trouvèrent pas la question plus avancée. Accusateurs et accusés y
reproduisirent leurs raisons et leurs répliques, avec une vivacité qui
pouvait passer pour de la violence. Cette fois trente-cinq chanoines
déposèrent contre Narjod. Les évêques alléguèrent l'usage de l'Église
gallicane. Les légats n'y eurent aucun égard, non plus qu'à l'appel de Narjod
au Saint-Siège ils lui accordèrent toutefois la faculté de se purger
canoniquement ses défenseurs ne voulurent y consentir. Finalement Narjod
reçut ordre de quitter l'étole et l'anneau. Il refusa, fut interdit de toute
fonction et déclaré excommunié en cas de résistance. Il résista de nouveau et
ne voulut reconnaître cet arrêt, soutenu par l'archevêque de Lyon, qui
trouvait mauvais qu'on eût accusé et déposé un évêque sacré par lui, et qu'on
réglât une affaire qui regardait seulement le métropolitain. La sentence, qui
pouvait de ce chef être frappée de nullité, resta donc sans effet, et Narjod
continua ses fonctions. C'est
alors que l'archevêque de Lyon et l'évêque d'Autun partirent pour Jérusalem,
et qu'au retour Narjod fut officiellement rétabli dans ses fonctions par
Jean, cardinal de Tusculum. La
lutte du prélat contre l'abbé de Flavigny marchait parallèlement à ces
événements. La ville et le monastère de Flavigny avaient été mis en interdit.
Hugues n'avait pu le faire lever, malgré ses nombreuses démarches. Les
religieux, secrètement excités contre leur abbé, conspirèrent contre lui,
l'accusèrent de crimes dont il était innocent et dont il fut absous par les
légats du pape aux conciles de Valence et de Poitiers. La rancune de l'évêque
d'Autun se donna libre carrière après son installation, et l'abbé Hugues,
chassé de son abbaye, y fut remplacé par un nommé Gérard[52]. Nous
voici à l'époque des croisades, dont le mouvement ne s'était encore produit
en Bourgogne et n'avait été dirigé que contre les Sarrazins d'Espagne. Les
croisades sont la plus haute expression de cette désastreuse surabondance de
l'esprit belliqueux qui domine la société féodale. N'est-ce point un étonnant
objet de surprise, que cette action spontanée se manifestant pendant près de
deux siècles dans tous les rangs de la société Nobles, roturiers, clercs,
vassaux, femmes et enfants, volontaires désintéressés, enrôlés de plein gré,
sans distinction de rang ou de profession, formant un flot continu, qui
venait s'abattre sans cesse sous les murailles souvent inhospitalières de
Jérusalem Mais si la plupart se décidaient par suite de l'inspiration d'une
piété sincère, combien d'autres obéissaient à l'amour du mouvement et des
aventures, et se laissaient aller à cet entraînement parfois irréfléchi dont
les masses sont souvent atteintes. Il n'est pas contestable que le clergé, en
favorisant les croisades, en imposant même les pèlerinages à titre de
pénitence, n'ait rendu un réel service à la société. C'était donner un libre
essor à cette sève guerrière et bouillonnante des seigneurs féodaux, qui en
faisaient chez eux un assez mauvais usage. Mais si
la société civile en bénéficiait, l'Église en retirait des profits utiles, et
les monastères s'enrichirent de legs et de donations considérables, dont la
source s'arrêta quand s'arrêtèrent les croisades. Le Duc Eudes ne pouvait
rester insensible au mouvement général et à la fièvre qui entraînait les
chevaliers en Orient. Ce projet de départ ne paraît pas avoir été longtemps
prémédité, et ne date guère que du mois d'octobre 1100. Voici à quelle
occasion Saint Hugues, abbé de Cluny, s'était complètement brouillé avec le
Duc, son neveu, qui continuait à commettre des dégâts sur les domaines de l'abbaye,
et notamment à Gevrey, dont il s'était emparé en y exigeant des droits
insolites. Les avertissements et les reproches plusieurs fois répétés, les
menaces mêmes du Saint-Siège n'avaient produit aucun effet, ni mis un terme
aux violences dont les religieux étaient l'objet. Poussé à bout, le pape
Pascal envoya deux légats au concile de Valence, les cardinaux Jean et
Benoît, et là, le Duc de Bourgogne fut solennellement condamné et, de l'avis
des prélats, frappé d'excommunication, le 29 septembre 1100[53]. Un
arrêt aussi grave et qui avait alors une si haute portée, ne pouvait, sans de
grands inconvénients, rester longtemps suspendu sur la tête du Duc Eudes,
dont les États étaient mis en interdit. C'est alors qu'il résolut d'aller en
Terre-Sainte, pour se faire absoudre. Mais auparavant, il y eut un plaid à
Gevrey, auquel se rendirent le prieur, le chambrier, le doyen et l'obédiencier
de Cluny. Le Duc y vint de son côté avec ses fils, avec Jobert de Châtillon,
vicomte de Dijon, Tecelin le Roux, Rainard de Glane, Landry le Gros, etc., et
renonça solennellement à toutes ses prétentions sur Gevrey. Son fils aîné
Hugues, auquel il abandonnait le Duché, fit le même serment sur l'autel.
Hugues et son jeune frère Henri s'engagèrent de plus, dans le cas où les
conventions seraient violées par eux ou par leurs hommes, à déférer aux
ordres de l'abbé dans les quarante jours qui suivraient, et à ne pas sortir
du château de Dijon, jusqu'à ce que l'affaire en litige ait été jugée par les
seigneurs. L'acte fut fait par Rainard de Glane, qui remplit apparemment les
fonctions de chancelier dans cette circonstance[54]. Si nous voulons assister aux
préparatifs de départ du Duc pour la croisade, nous n'avons qu'à ouvrir les
cartulaires des monastères. Eudes
vient avec sa cour à Molème, et là, en présence de son frère Robert, évêque
de Langres, de Gui de Vignory, son beau-frère, de ses deux fils de Renier et
Achard de Châtillon, ses sénéchaux de Tecelin le Roux de Landry de
Lautricourt de Bernard de Montfort, etc., il déclare que partant pour
Jérusalem avec Hugues, frère du roi, Étienne comte de Bourgogne et les autres
croisés[55], il renouvelle la donation
faite précédemment de la terre et du domaine de Marcenay, en y joignant la
possession d'une famille d'hommes à Laignes[56]. En
passant à Chatillon-sur-Seine, locum celebrem, avec son fils Hugues,
Renier et Achard de Châtillon, Bernard de Montbard et autres, le Duc, pour mériter
la faveur divine et favoriser le succès de son voyage, ajouta la donation
d'un de ses serfs à ceux déjà concédés à Molème[57]. Le Duc
Eudes séjourna quelque temps à Châtillon avec les officiers que nous venons
de citer, en y ajoutant son connétable Gauthier de la Roche[58] ; mais nous le retrouvons au
château de Grancey avec saint Robert, les sires de Chacenay, de Montréal, de
Montbard et de Rougemont à l'occasion d'une donation faite à ce même
monastère de Molème[59]. Au
moment définitif du départ, le Duc de Bourgogne se rendit à l'abbaye de
Saint-Bénigne avec sa cour, fit assembler les religieux au chapitre, et,
quand tout le monde fut assis, il avoua que frappé de l'énormité de ses
crimes, il voulait réparer le mal qu'il avait fait, et abolir les coutumes
abusives et les taxes injustes qui avaient été perçues par ses officiers. Il
déclara qu'il voulait qu'on eût pour les personnes et les biens de
Saint-Bénigne tous les égards qui avaient toujours été témoignés par ses prédécesseurs
à ce monastère. Il interdit à ses officiers de prendre de force les
laboureurs de l'abbaye pour leur faire cultiver les terres ducales ; il leur
défend de faire des incursions dans le domaine de Longvy il confirme la
possession du village de Veuvey, la moitié du revenu de la monnaie de Dijon,
et des exemptions de péage. Les religieux reconnaissants s'engagèrent à
l'associer à leurs prières et aux bienfaits spirituels de la communauté. Les
personnages qui mettent leur sceau à cet acte et signent avec Eudes, sont ses
fils Hugues et Henri ; le chanoine Valon, abbé de Notre-Dame de Losne ;
Renier de Châtillon et Hugues de Grancey, sénéchaux ; Renaud ou Rainard
de Glane, chancelier ; Jobert le Roux ; Gauthier de la Roche,
connétable ; Valon ou Calo de Salmaise ; Renaud de Grancey[60]. Le
sceau qui était appendu à cette curieuse pièce, et qui a été reproduit par
Pérard, n'existe plus. Ce sceau équestre représentait Hugues Ier tenant un
écu de la main gauche, et de la droite une lance avec bannière. Exergue :
SIGILLVM
ORDINI DVCIS BVRGVNDIE. C'est
au printemps de 1101 que le Duc de Bourgogne se mit en route pour la
Terre-Sainte[61]. Il est assez étrange que dom
Plancher et après lui Courtépée[62] assurent qu'il partit, selon le
goût du temps, plutôt en pénitent qu'en guerrier. La charte de Molème, dans
laquelle il annonce son départ avec le frère du roi, le comte de Bourgogne et
les autres croisés, charte qu'ils ne paraissent pas avoir connue, eût suffi à
dissiper leur erreur. Dans un autre acte en faveur de Saint-Étienne de Dijon,
le Duc Hugues parle plus tard de son père Eudes, décédé dans l'armée de Jérusalem :
Hugo Dux Burgundie, filius Odonis Ducis in Hierosolymitano exercitu mortui[63]. Il est
certain qu'à une époque où toutes les provinces de France étaient en armes
pour marcher contre les infidèles alors que le comte de Blois avait soulevé
les reproches et les railleries des chevaliers du royaume, et même de sa
femme, pour être parti trop tôt et sans succès de la première croisade, le
Duc de Bourgogne partant comme simple pèlerin dans de si graves
circonstances, aurait été en butte à une réprobation universelle, et eût été
couvert de confusion. La bravoure qu'il avait déployée en Espagnoles liens de
famille qui le rattachaient aux grands feudataires qui préparaient la
croisade, la turbulence et l'intrépidité de son caractère ne lui permettaient
guère un rôle inactif. En l'absence de documents positifs, on peut croire que
les forces n'étaient pas considérables, car la noblesse de Bourgogne venait
d'être décimée quelques années auparavant en Espagne. Étienne
comte de Blois, étant à Saint-Germain d'Auxerre, avait, avant de partir, et
de concert avec Adèle de Normandie, sa femme, soumis le monastère de la
Charité à la juridiction de l'abbaye de Cluny et à saint Hugues. Comme ce
bénéfice relevait du Duc de Bourgogne, Eudes y mit son approbation ainsi que
divers seigneurs du pays, Guillaume, comte de Nevers, le vicomte Gauthier[64]. « Le
Duc Étienne, et Étienne, comte de la Saône, et un autre Étienne, fils de
Richilde, à la tête d'un grand nombre de combattants, se joignirent pleins
d'élan à la milice du Christ[65]. » Outre
ces personnages, Eudes avait encore pour compagnons de voyage et pour alliés
le duc d'Aquitaine, son cousin-germain[66]. Guillaume d'Aquitaine qui
était parti de Limoges, avait à lui seul une armée prodigieuse[67], en y comprenant celle du frère
du roi qui était revenu de la première croisade après l'épuisement complet de
ses ressources. Guillaume,
comte de Nevers, avait pu réunir quinze mille hommes dans ses comtés
d'Auxerre, de Tonnerre et de Nevers[68], et s'était rejoint avec
Herpin, vicomte de Bourges[69]. Geoffroi
de Donzy, comte de Chalon en partie avec Gui de Thiern, avait été obligé,
pour se procurer de l'argent et subvenir aux exigences de cette coûteuse
expédition, de vendre sa part de ce comté à Savaric de Donzy, son oncle,
moyennant deux cents onces d'or. Citons
encore Geoffroi, comte de Vendôme Raymond, fils de Boson, vicomte de Turenne
nombre d'abbés et de prélats Narjod de Toucy, évêque d'Autun[70] ; Hugues, archevêque de
Lyon[71] ; l'archevêque de Besançon et
son neveu[72]. Et
parmi les barons de moins haute volée, dont les rares documents de l'époque
nous ont laissé les noms Hugues de Toucy et son frère Narjod[73] ; Hugues de Rougemont[74] ; Ascelin de
Châtel-Censoir[75], de la maison de Donzy, frère
de Gui, prieur, puis abbé de Molème ; Hugues et Anseau de Merry-sur-Yonne,
ainsi que leur cousin Simon[76], qui ne devaient plus, pour la
plupart, revoir le sol natal ; Roger de Choiseul, fils de Renier,
seigneur de Choiseul, donna en partant à l'abbaye de Molème un fief à
Epineuil, près Tonnerre. Les
deux filles du Duc de Bourgogne[77], ainsi que son frère Henri de
Portugal[78], devaient se rencontrer en
Orient, où Mile de Vignory, leur parent, les avait déjà précédés en juin 1099[79]. Toutes
les troupes arrivant de provinces différentes, n'ayant ni les mêmes
habitudes, ni le même langage, formant une multitude sans ordre ni
discipline, prirent route par l'Allemagne, et y furent rejointes par le Duc
de Bavière et la marquise d'Autriche, qui, comme beaucoup de grandes dames de
l'époque, s'était aussi mis en tête d'aller cueillir des lauriers en
Palestine[80]. Les exemples étaient
fréquents, puisque Fleurine, fille du Duc Eudes de Bourgogne, faisait partie
de l'expédition[81], et que Hele ou Alix, autre
fille du même Duc, et femme de. Bertrand de Saint-Gilles, comte de Tripoli,
avait également voulu accompagner son mari[82]. Au
sortir de l'Allemagne, les croisés traversèrent la Hongrie, et étant parvenus
en Bulgarie, ils prirent querelle avec le Duc du pays qu'ils insultèrent, et
qui leur ferma le passage d'Andrinople. Dans un combat qui eut lieu,
plusieurs seigneurs perdirent la vie, d'autres furent faits prisonniers, mais
le Duc des. Bulgares ayant été pris lui-même, il s'ensuivit un accommodement
qui ouvrit aux croisés le passage de Constantinople[83]. On avait perdu sur la route,
soit par la fatigue, soit dans les différents combats qui s'étaient livrés,
le tiers environ de l'effectif des troupes[84]. Après avoir hiverné à
Constantinople et dans les environs, le reste de cette armée passa le
Bosphore dans le temps de la moisson, mais de nouveaux embarras surgirent.
Les Turcs avaient pris le soin de mettre le feu dans les champs, de boucher
les puits et les fontaines, pour couper les vivres la disette s'ensuivit. Une
subite attaque des infidèles vint compléter le désarroi. L'arrière-garde fut
taillée en pièces. « Le Duc Étienne, avec cinq cents cavaliers cuirassés,
protégea tellement l'armée que, tant qu'il veilla sur elle, les chrétiens ne
perdirent pas un seul homme[85]. » Florine, fille du Duc de
Bourgogne, montée sur une mule, donna l'exemple d'une vigoureuse résistance
et fut enveloppée avec eux dans le massacre[86]. Le
désordre était tel, que les chefs, isolés et entourés seulement d'un petit
nombre de leurs chevaliers, gagnèrent Antioche comme ils purent. Guillaume
d'Aquitaine y arriva à pied, mendiant son pain par les chemins, avec six
hommes seulement[87]. Étienne s'y rendit, avec ses
hommes sur des vaisseaux[88]. Guillaume, comte d'Auxerre et
de Nevers, et son frère Robert qui avaient, perdu la moitié de leurs soldats,
eurent toutes les peines du monde à se sauver presque nus[89]. Les
divers corps de troupes échappés au carnage se joignirent aux forces de
Raymond de Toulouse, dans le comté de Tripoli, et formèrent une armée encore
assez imposante. Raymond de Toulouse était beau-frère d'Henri de Bourgogne,
frère du Duc Eudes, et gendres tous deux d'Alphonse VI, roi de Castille et de
Léon. Bertrand, fils de Raymond de Toulouse, était lui-même gendre du Duc de
Bourgogne, ayant épousé Hélène ou Alix, fille de Eudes. Leurs troupes s'emparèrent
de Tortose et passèrent les fêtes de Pâques à Jérusalem. Mais après
différents engagements, les seigneurs français réduits à un petit nombre de
chevaliers, dénués de ressources, s'embarquèrent à Joppé pour revenir dans
leur patrie. A peine embarqués, la tempête les obligea de rentrer dans le
port où se trouvait Baudouin, premier roi de Jérusalem, et frère de Godefroy
de Bouillon. Ayant appris une nouvelle irruption des infidèles, sans
consulter le nombre et la force des soldats, ils coururent à leur rencontre
et livrèrent une bataille terrible, le 27 mai 1102, à Rama, où les Sarrazins
taillèrent en pièces une partie des leurs, et firent prisonniers ceux qui
échappèrent à la mort. Guillaume
de Tyr dit positivement que les comtes de Bourgogne et de Blois, ainsi que
leurs compagnons d'armes, Geoffroi, comte de Vendôme, le Duc de Bourgogne,
périrent à la bataille de Rama ; mais le récit d'Albert d'Aix[90], auteur contemporain, mérite
plus de confiance quand il assure que les comtes de Bourgogne et de Blois
ayant été faits prisonniers, les musulmans victorieux leur firent trancher la
tête. D'autre part, la Chronique des seigneurs d'Amboise[91] raconte que ces mêmes
personnages ainsi que Geoffroi, comte de Vendôme, ayant été conduits sans
qu'on les connût dans les prisons d'Ascalon[92], ils y furent tués à coups de
flèches par la trahison d'un autre prisonnier qui, les ayant fait connaître
aux musulmans, obtint par là sa liberté. Hugues
de France, comte de Vermandois, avait été blessé seulement, et avait pu se
sauver à grand'peine à Tarse en Cilicie, où il mourut le 18 octobre suivant[93]. Quant à
Eudes, Duc de Bourgogne, les uns le font mourir à Rama, les autres à Tarse,
et c'est la version la plus accréditée. Ce qui est certain, c'est que son
corps fut ramené la même année et reçut la sépulture à Cîteaux. Le duc
d'Aquitaine, le comte d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre et son frère
Robert, qui avaient pris d'autres directions et n'étaient pas à ces dernières
batailles, purent revoir leur patrie. Les
comtes de Chalon-sur-Saône eurent la même bonne fortune, mais ils ramenaient
bien peu de monde, et au dire de l'abbé Lebeuf, Geoffroi de Donzy en revint
aussi pillard qu'auparavant[94]. L'évêque
de Nevers, dont le comte Guillaume avait emmené les hommes de force,
apprenant la mort de ces malheureux, assigna ce dernier dans un plaid, et le
comte consentit à l'indemniser de cette perte[95]. Le Duc Eudes laissait quatre
enfants de sa femme Mahaut, fille de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne,
deux fils et deux filles. Nous avouons que pas une seule fois ces filles ne
sont citées dans les chartes et que l'on est obligé de s'en rapporter aux
auteurs[96]. Ces
enfants sont : 1°
Hugues II, Duc de Bourgogne, qui suit ; 2°
Henri, qui devint religieux de Cîteaux ; 3°
Florine, qui épousa un seigneur de Macédoine et périt en Terre-Sainte ; 4° Hélie, ou Hélène, ou Alix, mariée en 1095, à Bertrand, comte de Tripoli, puis à Guillaume, dit Talvas, comte d'Alençon. |
[1]
Fondé en 1115, après une donation de Mile, comte de Bar-sur-Seine et de sa
femme Mathilde de Noyers. — Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul de Molème, fol.
102.
[2]
Fondé en 1097, par Hugues de Vendeuvres. — Orig. Arch. de la Côte-d'Or, cart.
299.
[3]
Fondé par Philippe, évêque de Troyes. — Orig. Arch. de la Côte-d’Or, cart 238
du Fonds Molème.
[4]
Fondé vers 1097 par Geoffroi Fournier, fils d'Otran. — Arch. de la Côte-d'Or,
1er Cartul de Molème, fol. 46 r°.
[5]
Fondé au commencement du XIIe siècle. — Arch. Côte-d'Or, 2e Cartul. de Molème,
fol. 55 r°.
[6]
Fondé en 1101. — Orig. Fonds Molème, carton 299.
[7]
Fondé en 1103, par Philippe, évêque de Troyes. — Orig. Fonds Molème, carton 244
et 1er Cartul de Molème, fol. 89 r°.
[8]
Fondé en 1103 par Geoffroi Fournier, fils d'Otran. — 1er Cartulaire de Molème,
fol. 56 v°.
[9]
Fondé au commencement du XIIe siècle par Hugues, comte de Troyes. — Orig. Fonds
Molème, carton 246, 1er Cartul, de Molème, fol. 82 v°.
[10]
Fondé en 1097 par Rainaud de La Ferté et sa femme Letuidis. – 1er Cartul. de
Molème, fol. 43 v°.
[11]
Fondé au commencement du XIIe siècle, par Philippe, évêque de Troyes. — Orig.
Fonds Molème, carton 308.
[12]
Arch. de la Côte-d'Or, Orig. Fonds Molème, carton 257.
[13]
Orig. Fonds Molème, carton 281.
[14]
Orig. Fonds Molème, carton 257.
[15]
Orig. Fonds Molème, carton 270.
[16]
Fonds Molème, carton 303.
[17]
Orig. Fonds Molème, carton 270.
[18]
Arch. de la Côte-d'Or, Inventaire des titres de Molème.
[19]
Fondé vers 1084 par Gaudri de Touillon. 1er Cartul.de Molème, fol. 56.
[20]
Fondé en 1097, par Obert, Nocher, Calo, seigneurs de la maison de Grancey. —
1er Cartul. de Molème, pp. 91, 92.
[21]
Fondé fin du XIe siècle par les sires de Noyers. — 1er Cartul., 46 v., 29 r°.
[22]
Fondé fin XIe siècle par les sires de Toucy. — V. Cartul. de l'Yonne, t. I, p.
201.
[23]
Fondé par les sires de Montigny-sur-Aube, Rougemont et Chacenay.
[24]
Fondé fin XIe siècle, par les sires de Noyers et de Maligny.
[25]
Fondé en 1084 par Ivon d'Avallon. — 1er Cartul. de Molème, fol 18 v°.
[26]
Voir le Cartul. de l'Yonne, t. 1 et 2.
[27]
Fondé à la fin du XIe siècle. — Arch. Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, fol.
20 r°.
[28]
Fondé à la fin du XIe siècle par les seigneurs de Rougemont, près Montbard, et
les sires d'Argenteuil, près Ancy-le-Franc. — 1er Cartul. de Molème, fol. 15
v°.
[29]
Fondé à la fin du XIe siècle par les comtes de Tonnerre. – Orig. Fonds Molème,
carton 306.
[30]
Dès 1083, Engelbert, l'un des fils de Gauthier Ier, comte de Brienne, auquel
l'abbaye de Molème était redevable de tant de donations, prend l'habit
religieux et est suivi par une foule de barons (Arch. de la Côte-d'Or, 1er
Cartul. de Molème, fol. 24 v°). Tescelin de Maisy donne tous ses droits
héréditaires à Maisy, Villiers, Lucy, pour se faire moine. Il fut nommé
chambrier. Sa sœur Odeline le suit dans la retraite (an 1084, 1er Cartul. de
Molème, fol. 77). Gauthier de Montréal paraît plusieurs fois comme religieux et
fut envoyé à Montréal et à Saint-More pour les affaires de la communauté (an
1084, 1er Cartul. de Molème, t. I, p. 40). Gui, surnommé Ridallus, abandonne
son domaine de Saint-Loup, dans le cas où lui ou son fils entreraient au
monastère (an 1085, ter Cartul de Molème, t. I, fol. 95). Gauthier de
Montigny-sur-Aube, chevalier, donne le presbytère et l'église de Stigny ainsi
que la moitié des dimes, lorsqu'il entre en religion à Molème (an 1097, 1er
Cartul. de Molème, fol. 25 v°). Son beau-frère, Eudes de Rougemont, fils de
Rocelin, vient l'y rejoindre (an 1097, 1er Cartul de Molème, fol. 111, 112).
Haimon le Roux, de Châtillon, concède plusieurs familles d'hommes, des terres,
des prés, et le presbytérat de Baigneux, du consentement de son fils, lors de
sa prise d'habit (an 1097, 1er Cartul. de Molème, fol. 44 r°). Son fils Girard
l'avait déjà précédé dans le cloître, et avait donné sa part d'héritage à
l'Isle-sous-Bar (Cartul. de Molème, t. I, p. 58). Rainard de Noyers cède son
alleu de Senevoy et ce qu'il possédait à Gigny lorsqu'il se fit moine à Molème
avec son fils Olivier. Sa femme prit aussi le voile et reçut une prébende (fin
du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 44 v°). Gaudri de Touillon donne
l'église de Crais, le presbytère et la chapelle du château, moitié des dîmes,
etc., à condition d'être reçu au monastère avec ses deux fils et ses deux
filles, et nous le retrouvons plus tard suivant saint Bernard à Cîteaux (an
1080 et 1100, deux pièces du Cartul. de Molème, t. 1, p. 55. p. 56 et p. 106).
Gui d'Aspre obtint de passer le reste de ses jours au couvent, et donna, du
consentement de ses frères et de ses enfants, l'alleu qu'il avait dans le
Tonnerrois, à Grisy, à Bernon (an 1099, 1er Cartul de Molème, t. I, fol. XX r°). Gui de
Montigny offrant son fils aîné Philippe pour être religieux, concède une part
de la dîme de Chesley (fin du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 54 v°). —
Héloïse, mère d'Aganon de Chassy, chevalier, en quittant le monde, se donne
avec ses biens à l'abbaye de Molème et se soumet à l'autorité de l'abbé Robert,
qui lui assigne Stigny comme demeure, avec le revenu de l'église de ce lieu et
des terres à Senevoy (an 1097, 1er Cartul. de Molème, fol. 46 r°).
Sans prétendre épuiser une énumération qui serait
beaucoup trop longue, citons encor Gui de Châtel-Censoir, qui de prieur devint
abbé après la mort de saint Robert. Hugues, le plus jeune des fils de Guibert
de Châtel-Censoir, étant gravement blessé à Clamecy, prit l'habit religieux
(1er Cartul. de Molème, fol. 56 v°). Gaudri de Rouvre donne son alleu d'Ancy,
d'Argenteuil et de Lézinnes en quittant le monde (1er Cartul. de Molème, fol.
19 v°). — Le vicomte Olric donne sa terre de Nogent en consacrant son plus
jeune fils à l'état monastique (1er Cartul. de Molème, fol. 75). — Hugues de
Nicey donne sa seigneurie de Nicey pour la dotation de ses deux fils religieux
(orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Molème, carton Nicey). Letheric de Villon
donne la dime de Trichey et une terre à Artonnay pour être reçu prébendier dans
le monastère (fin du XIe siècle, 1er Cartul. de Molème, fol. 542). — Renaud,
fils de Valon de Rougemont, auquel on avait crevé les yeux par suite de ses
crimes, abandonna un domaine à Stigny, et fut reçu à titre de prébende pour
être nourri le reste de ses jours (Cartul de Molème, t. I, p. XVI v°). Hugues de
Mereuil étant au château de Rougemont, offre son fils Guillaume à Dieu pour
être moine de Molème (1er Cartul. de Molème, fol. 44 r°). — Nivelon de Maligny
concède ce qu'il avait à Artonnay, et abandonne sa femme et ses enfants pour se
faire moine (1er Cartul. de Molème, fol. LI v°). Nivelon de Maligny accompagna plus
tard saint Robert à Cîteaux. — Gui de Corabeuf donne un de ses fils à Molème pour
y être religieux (an 1099, 1er Cartul. de Molème, fol. 75). — Thibaud le Roux,
seigneur de Maligny, et sa femme Adélaïde donnent leur part d'Artonnay, en se
réservant d'être admis comme religieux (an 1099, 1er Cartul. de Molème, fol.
53). — Jobert de Maligny étant malade, fait également une donation sur la terre
d'Artonnay, en réservant la prise d'habit d'un de ses fils (Cartul. de Molème,
t. I, p. 65). — Les enfants d'Aymon de Brémur, après la mort de leur père et
d'un de leurs frères, placent leur mère en prébende à Molème (1er Cartul., fol.
65). C'est dans un prieuré de Molème, à Sèche-Fontaine, que saint Bruno
commença à vivre en ermite avec deux moines, Pierre et Lambert d'Avirey, avant
de fonder la Grande-Chartreuse de Grenoble. Pierre et Lambert d'Avirey
construisirent d'abord à Sèche-Fontaine une petite église qui lut bénie par
Robert de Bourgogne, évêque de Langres (Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de
Molème, fol. 38 v°).
[31]
Le nécrologe de Saint-Bénigne de Dijon, précieux par sa date (XIIe siècle),
marque un nombre de religieuses assez considérable. Il est regrettable que ce
nécrologe ne porte que des prénoms sans noms de famille et sans autre
indication que monachus ou monacha. Le manuscrit (Bibl. de la
ville de Dijon) ne peut ainsi fournir les documents que l'on devrait y
rencontrer.
[32]
Annales cisterc., par R. P. Angeli Maurique, t. I, p. 1, 10.
[33]
R. P. Angeli Maurique, Annales cisterc., t. I, p. 7.
[34]
R. P. Angeli Maurique, Annales cisterc., t. I, pp. 7, 8. N'est-t-il pas
étrange que le texte de ces lettres nous ait été conservé !
[35]
Loco citato, Exordium Cistercii.
[36]
Arch. de la Côte-d'Or, ancien Cartul. de Cîteaux, n° 166, fol. 1 et 2, éd.
Duchesne, Ducs de Bourg., pr. p. 23 ; Gallia christ., t. IV.
[37]
Nouveau style ; Pâques de 1098 tombait le 28 mars.
[38]
Angeli Maurique, Ann. cisterc., t. I, p. 41.
Anno milleno
centeno bis minus uno,
Sub patre
Roberto cœpit Cistercius ordo.
[39]
Multœ plebis, charte déjà citée.
[40]
Charte citée.
[41]
Orig. Fonds Cîteaux, cart. 471, Arch. de la Côte-d'Or.
[42]
Cartul. de l'Yonne, t. 1, pp. 203, 204 d'après les titres de Molème. On voit
dans cette pièce que le comte de Tonnerre demanda pardon de ses fautes et
obtint l'absolution, lorsqu'il était en présence de Robert à l'abbaye de
Saint-Étienne de Nevers, et sur le point de partir en Terre-Sainte.
[43]
Exordium Cistercii, p. 64.
[44]
Exordium Cistercii, p. 65.
[45]
Robert dut rentrer à Molème au commencement de 1100, puisqu'il était encore à
Cîteaux à la nativité de l'an 1099.
[46]
Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 203, 204.
[47]
Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 201, 202.
[48]
Cartul. de Molème, t. I, p. 9. Arch. Côte-d'Or.
[49]
Cartul. de Molème, t. I, p. 58.
[50]
Cartul. de Molème, t. I, pp. 15, 16.
[51]
La lecture des pièces du Cartul. de l’Yonne, t. I et t. II (V. les tables) ne
permet pas de douter que Norgaud n'ait appartenu à la maison des sires de
Toucy, dont plusieurs portent le prénom de Norgaud ou Narjod. V. Annuaire de
l'Yonne, 1830, p. 336 ; Id., 1844, p. 27 ; Bulletin de la société
de l'Yonne, 1848, p. 312 ; Pignot, Hist. de l'ordre de Cluny, t. II,
p. 239.
[52]
Pour la chronique de Flavigny, voir Labbe, Bibl. manusc, t. I ; Pertz, Monumenta
Germaniœ historica, t. VIII, pp. 280-502 ; documents très précieux : Thesaurus
incomparabilis historiœ ecclesiasticæ, dit le P. Labbe.
[53]
Concile de Valence, II Kal. Octobris (Gallia christ., t. VI, p. 407).
Tous ces faits sont tirés de la charte originale de Cluny, dont nous allons
parler.
[54]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Cluny, carton 184.
[55]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er cartul. de Molème, pp. 6, 7.
[56]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, 2 pièces, pp. 6 et 7, et pp. 10
et 11.
[57]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 81.
[58]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, 2 pièces, t. I, p. 42 et 6, 103.
[59]
1er Cartul. de Molème, fol. 28 bis, r°.
[60]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, éd. Pérard, p. 202 ; D. Plancher, t. I, pr. XLVI.
[61]
C'est, en effet, à cette époque que partit Étienne, comte de Blois (Art de
vérifier les dates, éd. 1818, t. II, p. 361) et non en septembre, comme le
marque Guillaume de Malmesbury.
[62]
Courtépée consacre vingt lignes à ce Duc et à sa famille, en dehors de diverses
considérations qui ne nous éclairent en rien sur les actes de ce prince.
[63]
Duchesne, Ducs de Bourgogne, pr., p. 36.
[64]
Bibl. nat., Fonds Moreau, t. XL, fol. 2, charte de Cluny, copie de Lambert de
Barive.
[65]
Orderic Vital, Hist. ecclés., t. I, X.
[66]
Guillaume était fils de Gui Geoffroi, surnommé Guillaume, duc d'Aquitaine, et
de Hildegarde ou Aldéarde, fille de Robert Ier, Duc de Bourgogne.
[67]
Les uns disent 260.000 hommes ; Orderic Vital dit 300 mille. Ces chiffres
peuvent être exagérés.
[68]
Lebeuf, Hist. d'Auxerre, t. II, p. 67.
[69]
M. Quantin, Les Croisés dans la Basse-Bourgogne, Annuaire de l'Yonne,
1854, p. 223.
[70]
Gagnare, Hist. de l'Eglise d'Autun, art. Norgaud.
[71]
Gallia christiana, t. IV.
[72]
E. Clerc, Histoire de la Franche-Comté, t. I, p. 313.
[73]
Cartul. de l'Yonne, t. I (V. aux tables). — Gallia christ., t. XII, pr.
Auxerre, n° XII. — Narjod de Toucy mourut de ses blessures et confessa ses
fautes au Patriarche de Jérusalem.
[74]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I ; Cartul. de l'Yonne, t. II, p.
22.
[75]
Cartul. de l'Yonne, t. II, pp. 24, 23. Il revint de Terre-Sainte et acte
plusieurs fois depuis.
[76]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, fol. 58 r°. Hugues de Merry donne
à l'abbaye de Molème son alleu de Rosnay, moyennant une redevance qu'il devait
rendre si lui ou son frère Anseau revenait de Jérusalem.
[77]
Voir plus loin.
[78]
Cela est prouvé par l'article que lui consacre l'Art de vérifier les dates.
Henri rapporta des reliques dont il enrichit la cathédrale de Brague.
[79]
Arch. de la Haute-Marne, Cartul. de Vignory, fol. 56, 57,
[80]
Art de vérifier les dates, t. 10, p. 106.
[81]
Alb. Aquan l. V, c. 54. — Duchesne, Ducs de Bourg., p. 27.
[82]
Art de vérifier les dates, t. 9, p. 379.
[83]
Art de vérifier les dates, t. 10, p. 107.
[84]
Art de vérifier les dates, t. 12, pp. 193, 194.
[85]
Alb. Aquan., l. VIII.
[86]
Alb. Aquan., l. V, c. 54 ; Art de vérifier les dates, t. II, p. 44.
[87]
Art de vérifier les dates, t. 10, p. 107.
[88]
Ed. Clerc, Hist. de Franche-Comté, t. I, p. 313.
[89]
Orderic Vital.
[90]
Dans Dom Bouquet, t. XIV.
[91]
Dans Dom Bouquet, t. XIV.
[92]
Orderic Vital dit Joppé.
[93]
Art de vérifier les dates, t. XII, pp. 193, 194.
[94]
Lebeuf, Hist. d'Auxerre, t. II, pp. 71, 72 ; M. Quantin, Les Croisés
de la Basse-Bourgogne, Annuaire de l'Yonne, 1854, p. 221.
[95]
V. une charte de Cluny, de 1106, Bibl., nat., coll. Moreau, t. 41, fol. 83.
[96]
Duchesne, Ducs de Bourg. ; Art de vérifier les dates, etc.