HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME PREMIER

 

CHAPITRE VI. — HUGUES IER - 1076-1079.

 

 

Hugues Ier, Duc de Bourgogne, après la mort de son grand-père Robert Ier, malgré la compétition de ses oncles comble les monastères de bienfaits — Il assiste au concile d'Autun. — Jarenton nommé abbé de Saint-Bénigne. — Fondation de Larrey, Rougemont, abbayes de femmes. — Influence de l'abbé de Cluny sur son neveu et filleul le Duc Hugues. — Expéditions en Espagne. — Rapports entre nos provinces et l'Espagne. — Départ du Duc Hugues. — A son retour, il se fait moine à Cluny, où il meurt.

 

Robert de Bourgogne, troisième fils du Duc Robert et de la Duchesse Hélie de Semur, avait été déclaré et reconnu héritier présomptif du Duché après la mort de ses deux frères aînés mais ces dispositions restèrent sans effet après le décès du Duc Robert, soit que l'on ait voulu tenir compte du droit de représentation qui revenait aux enfants d'Henri, soit que les officiers et les seigneurs de la province, désireux de rester au pouvoir, aient préféré un jeune homme sous le nom duquel ils pouvaient administrer les affaires et qu'ils auraient mission de diriger.

Hugues, fils aîné de Henri de Bourgogne et petit-fils de Robert Ier, avait à peine atteint sa vingtième année quand son grand-père mourut. Il avait été fort jeune fiancé à Sybille, fille de Guillaume, comte de Nevers, et nous ne savons si le mariage était consommé à la date du 21 mars 1076. Les seigneurs revendiquèrent ses droits, prirent en son nom possession des villes et des châteaux de la province[1], et forcèrent Robert, son oncle et son compétiteur, à sortir du pays. Ce dernier alla combattre les Sarrazins en Espagne, puis passa en Sicile, vers 1103, obtint les bonnes grâces d'Adélaïde, veuve de Roger, comte de Sicile, et la main de sa fille. Robert gouverna cette principauté pendant la minorité de Roger II, son beau-frère ; mais, au bout de dix ans, il fut empoisonné par sa belle-mère. Orderic Vital[2] est le seul qui nous fournisse ces renseignements que les mœurs du XIe siècle rendent vraisemblables.

Ce chroniqueur ajoute que Hugues, encore jeune lorsqu'il perdit son père, prit possession du Duché sans effusion de sang, les barons l'ayant reconnu Duc lorsqu'il comparut dans une séance solennelle, après l'exil de ses oncles Robert et Simon. La charte donnée par ce prince à Saint-Bénigne de Dijon, confirme à peu près ces allégations. Accompagné de son frère Eude, de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, des fils de ce dernier, Renaud et Guillaume, et des principaux personnages du Duché, Hugues y fut pompeusement reçu par Adalberon, abbé de Saint Bénigne, car c'était dans l'église de cette abbaye que les Ducs, comme les rois à Reims, venaient d'abord faire reconnaître l'autorité dont ils étaient investis. Les religieux ne manquaient pas de saisir cette occasion pour faire confirmer leurs privilèges et en obtenir de nouveaux. Ils représentèrent au Duc la triste situation de leur monastère, les violences dont ils avaient été victimes pendant le règne de son grand’père et prédécesseur. On lui lut les diplômes des anciens rois, celui de Charles le Chauve, auquel on donne le titre de restaurateur de l'abbaye ceux de Raoul, fils du Duc Richard, et du roi Robert, son bisaïeul. Il en approuva la teneur, affranchit les domaines des religieux du droit de gîte et des coutumes injustement exigées depuis quelques années. Par réciprocité, les religieux lui promirent la participation aux bonnes œuvres qui se feraient dans la maison. Puis Hugues et ses barons mirent leur sceau à cette charte[3]. Une concession plus importante fut faite peu de temps après par le Duc à Saint-Bénigne c'est celle de la moitié des droits et revenus provenant de la monnaie qui se fabriquait à Dijon[4].

De même que les seigneurs devaient rendre foi et hommage à chaque mutation qui se faisait dans les fiefs, les Ducs devaient, à leur avènement, confirmer les privilèges de tous les monastères qui se trouvaient dans le ressort des domaines soumis à leur domination. Le cartulaire de Saint-Etienne de Dijon[5] nous a conservé l'acte par lequel le Duc Hugues approuve les donations faites aux chanoines par ses prédécesseurs ; le droit d'usage dans les bois de Saint-Julien et dans ceux de Rouvre et d'Argilly. Les témoins de cette charte sont le sénéchal Regnier de Châtillon Hugues, prévôt de Saint-Julien Ulric, prévôt de Dijon ; Ogier, Etienne, Gui, chevaliers, et plusieurs religieux de Saint-Etienne.

Au mois de mai 1076[6], c'est-à-dire moins de deux mois après la mort du Duc Robert — ce qui prouve que la question de la succession au Duché avait été vite tranchée —, Hugues se rendit avec sa cour à une grande assemblée qui eut lieu dans l'abbaye de Bèze, et déchargea ce monastère des droits de garde que Foulques de Mailly, seigneur de Beaumont, et son fils Geoffroi exigeaient sur la terre de Noiron-sous-Bèze. Il était accompagné de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne ; de Gui, comte de Mâcon ; de Girard de Fouvent ; de Gui de Vignory ; de Ponce de Glane ; d'Aldon de Til-Châtel ; de Sevin de Voudenay, de Gislebert.

Peu de temps après, le Duc Hugues et son frère Eudes assistaient, le jour de la Pentecôte, au jugement rendu par Aganon de Mont-Saint-Jean, évêque d'Autun, contre Rainard, frère d'Aganon lui-même, qui avait commis des dégâts considérables dans le domaine de Bligny, sur lequel il prétendait avoir des droits du côté de sa femme. Rainard, après s'être emparé de cette terre sur les chanoines de Saint-Nazaire d'Autun, y avait mis de lourds impôts et des droits de servitude de toute nature. Les témoins de ce jugement sont Roclène, évêque de Chalon-sur-Saône, Ponce de Glane, le sire de Couches, Anséric de L'Isle, Hugues de Mont-Saint-Jean, Bernard de Montfort et plusieurs autres seigneurs[7].

Il faut rapprocher de cette date une réunion qui eut lieu au château de Palluau, à laquelle assistèrent le Duc Hugues, les sires de Fouvent, de Mâlain, de Sombernon, Hugues Rainard, évêque de Langres, et autres. Le Duc restitua aux religieux de Saint-Marcel de Chalon la terre de Fleurey-sur-Ouche, où son grand-père le Duc Robert était décédé, et qui avait été injustement confisquée par ses prédécesseurs[8].

L'évêque de Langres Hugues Rainard était à cette époque en assez bons termes avec le Saint-Siège, et avait fait oublier par sa soumission et ses services les attentats commis contre les moines de Pothières. Il était également en bonne intelligence avec les légats, avec lesquels on le trouve dans mainte circonstance, et notamment en 1078, lorsque le comte de Flandre fut excommunié. Le pape Grégoire VII le comptait au nombre des plus zélés coopérateurs des membres du clergé de France, lorsqu'il entreprit de soumettre les prêtres et les évêques au célibat.

Dans l'état de la société féodale où la naissance était tout, où l'hérédité se glissait partout, un clergé marié pouvait se transmettre les bénéfices et en faire des fiefs dont il n'était pas plus facile de le faire sortir que le baron de sa forteresse. On sentait la nécessité de réformer ces deux abus qui jetaient la perturbation dans l'Église la simonie et le concubinage des prêtres. Les conciles qui se tinrent en 1074 et en 1075 n'eurent lieu que pour remédier à cet état de choses. On interdit aux prêtres simoniaques ou mariés l'exercice des fonctions ecclésiastiques on défendit aux laïques de communiquer avec eux. Mais les clercs, qui n'étaient pas accoutumés à une telle sévérité, trouvèrent ces prétentions excessives, et traitèrent même le pape d'hérétique et d'insensé de là des scandales et des désordres qu'on ne peut lire sans étonnement dans le tableau que nous en a laissé Sigebert[9].

L'évêque de Langres, Hugues Rainard, qui était partisan de ces réformes, laissait cependant prise à ses adversaires par une conduite dissolue et par des mœurs trop notoirement connues, Hugonem videlicet Lingonensem cujus vita et mores satis omnibus innotuerunt[10]. Malgré tout, le pape écrivait à l'évêque de Die, son légat[11] : « Agissez avec l'avis et les prudentes dispositions de l'évêque de Langres, car nous savons qu'il a, dans ces derniers temps, promis d'être en tout un fidèle auxiliaire non seulement pour nous, mais pour tous nos légats, et nous avons en lui beaucoup d'espoir et de confiance. » Et plus loin : « Entendez-vous avec l'évêque de Langres pour réunir un concile. »

Malgré l'appui que Grégoire VII comptait tirer de la collaboration de Hugues Rainard, il lui donnait un auxiliaire dont la sagesse et la prudence devaient tempérer le caractère ardent de l'évêque « Invitez de notre part notre vénérable frère Hugues, abbé de Cluny déterminez-le par vos prières à assister au synode. La sainteté de sa vie nous donne l'assurance qu'aucune faveur et qu'aucune supplique ne le fera dévier du droit chemin[12]. »

D'après les chroniques de Flavigny et de Saint-Bénigne[13], il y eut deux conciles la même année en 1077, l'un à Dijon, l'autre à Autun. Sur le premier on a peu de détails, et l'on sait seulement que plusieurs prêtres et clercs simoniaques furent privés de leurs fonctions[14].

La tenue du synode d'Autun qui eut lieu au mois de septembre[15] présenta une plus grande solennité. Les évêques, les abbés, les chevaliers et les clercs y assistèrent en grand nombre, et parmi eux, Hugues, duc de Bourgogne Hugues Rainard, évêque de Langres l'abbé de Cluny, etc. On y traita diverses questions utiles aux intérêts de l'Église. Manassès, archevêque de Reims, accusé de s'être emparé de son siège épiscopal à force d'argent, d'avoir vendu les dignités ecclésiastiques, et nommé aux fonctions abbatiales des titulaires auxquels on ne pouvait conférer ces dignités, avait été sommé d'y comparaître, mais il n'osa pas s'y présenter et fut déposé[16]. La mort récente d'Adalbéron, abbé de Saint-Bénigne, rendait nécessaire la nomination d'un successeur. L'abbaye, jadis riche en sujets distingués et qui avait fourni tant de pasteurs à diverses églises, ne pouvait en trouver un. On avait proposé Gibuin de Beaumont, archidiacre de Langres, dont l'autorité et le prestige auraient pu rendre à ce monastère une direction qui lui manquait depuis que l'abbé Halinard en était sorti. Mais Gibuin de Beaumont venait d'être élu à l'archevêché de Lyon, après la déposition d'Humbert qui avait été prononcée dans un précédent concile.

Le sixième jour de la session du synode d'Autun, on procéda à l'élection de l'abbé de Saint-Bénigne. Sur la proposition de l'évêque de Langres, on y nomma le prieur de la Chaise-Dieu qui s'était rendu à Autun pour les affaires de sors prieuré. Jarenton, né à Vienne en Dauphiné, élève de l'abbé de Cluny, habitué aux institutions du cloître, et formé aux belles-lettres par les hommes les plus distingués de cette célèbre abbaye, était l'homme qui convenait pour rendre à Saint-Bénigne sa prospérité première.

C'est à l'une de ces assemblées d'Autun que Rainard de Mont-Saint-Jean renonça solennellement, entre les mains de tous les évêques présents, à ses prétentions sur la terre de Bligny. Il en fit la restitution aux chanoines de Saint-Nazaire, et pour prouver la sincérité de cet abandon, déposa l'acte sur l'autel après l'avoir fait approuver par le Duc et les seigneurs de la cour[17].

Ces conciles fréquents qui se tenaient sur divers points de nos provinces, tout en ne modifiant pas entièrement les abus considérables qui désolaient l'Église, amenaient cependant quelques-unes des réformes que réclamaient les grands pontifes du siècle. Outre les inconvénients qui résultaient du mariage des prêtres, de graves désordres s'élevaient dans les monastères, par suite de la fréquentation des pénitents des deux sexes, portant le même habit et soumis aux mêmes vœux.

Hugues, abbé de Cluny, avait déjà mis un terme à cet abus, en créant pour les femmes, en 1054, l'abbaye de Marcigny-les-Nonnains. A Saint-Bénigne, où le nombre des religieuses associées était grand, si l'on en juge par le précieux obituaire conservé à la bibliothèque de Dijon, le besoin d'une maison spéciale et séparée se faisait également sentir. Une communauté de ce genre fut fondée à Larrey, domaine dépendant du monastère, et jadis donné par le roi Gontran. On n'est pas d'accord sur la date de cette installation. Chifflet[18] et Mabillon[19] croient que c'est à Jarenton que doit être rapporté l'honneur de cette fondation. Nous sommes de cet avis, et il y a lieu de penser que cette détermination fut prise au concile d'Autun sur les conseils de Hugues, abbé de Cluny. Avant l'abbé Jarenton, le nom du prieuré de Larrey ne figure nulle part. Il n'est cité qu'en 1078, le 19 juin, pour la première fois dans une bulle de Grégoire VII, adressée à cet abbé, confirmant la possession des églises et des biens de Saint-Bénigne, et en particulier l'église de Saint-Germain de Larrey, où se trouvent des religieuses qui doivent se soumettre à la direction de l'abbé, avec menace d'anathème si elles tentaient jamais de se soustraire à sa juridiction[20]. Suivant Chifflet[21], une religieuse, fille de Hildebert, comte de la Marche, et femme de Simon, comte de Crépy-en-Valois, avec laquelle Jarenton avait été en rapport à la Chaise-Dieu, aurait été appelée par lui pour diriger la communauté naissante. Cette vertueuse dame aurait pris le voile en même temps que son mari entrait au monastère de Saint-Claude[22]. C'est dans ce même esprit et pour les mêmes considérations que fut fondée l'abbaye bénédictine des religieuses de Rougemont, près Montbard, qui resta soumise à Moustier-Saint-Jean, et dont la première mention apparaît dans une bulle de Pascal II, en 1105[23].

Les historiens ne nous ont pas parlé de la mésintelligence qui exista toujours entre le Duc Robert et l'abbé de Cluny, son beau-frère, et n'ont pas remarqué que c'est par l'autorité et sous l'influence de sa direction que les deux successeurs de Robert ont agi. Hugues de Semur était le grand-oncle du Duc Hugues ; il l'avait tenu sur les fonts de baptême, et fut, après la mort de ses parents, l'instigateur et le conseiller des principaux événements de son règne si court. Cet éminent personnage qui contribua le plus à élever la puissance de l'ordre de Cluny dont il était le chef, qui sut ramener tant de monastères bénédictins sous la dépendance de son envahissante abbaye, qui, suivant Orderic Vital, put compter plus de dix mille moines sous sa juridiction, ne négligea ni ses alliances, ni ses influences de famille pour arriver à son but et donner à son ordre un degré de grandeur qu'aucune abbaye n'avait encore atteint.

C'est à la sollicitation de l'abbé de Cluny, que le jeune Duc Hugues donne à ce monastère l'église de Sainte-Marie, sise au château d'Avallon, qui appartenait par héritage à ses prédécesseurs. Il concède également tous les biens qui en dépendaient, et y ajoute divers droits dont bénéficiaient ses officiers. Le chapitre qui se composait de neuf prébendes, dont une était vacante par le décès du titulaire et deux par démission volontaire, devait être à la collation de Cluny. Ce chapitre était alors fort riche, comme on en peut juger par l'inventaire curieux relaté dans la charte de 1077[24]. Sans parler des nombreux ornements d'or et d'argent, ni des nombreux vêtements destinés aux chanoines, citons une table d'argent, deux croix d'or, deux autres d'argent, un encensoir d'argent, trois calices dont deux en argent et un en or, trois patènes d'argent et une d'or, cinq châsses d'argent et une d'or, une aiguière d'argent, une couronne d'argent, deux écrins, une table et onze coffres en ivoire, vingt-deux reliquaires d'or et quatorze d'argent, nombre de statues diverses en or, argent ou ivoire, un encrier en argent, trois missels, et une librairie composée de cent quinze volumes, dont le détail ne serait pas sans intérêt pour nous.

L'abbé de Cluny est cité dans cet acte qui fut passé à Avallon, et s'il n'assistait pas lui-même à la donation, il s'y fit représenter par Eudes, son prieur. Le Duc y paraît avec deux de ses frères, Eudes, et Robert, déjà clerc et plus tard évêque de Langres Gui, comte de Mâcon ; Bernard de Montfort et son fils Eustache Artaud d'Avallon ; Gérard de Fouvent Rainier de Châtillon, échanson du Duc Etienne, Mile et Jarenton de Noyers, frères Hugues, prévôt d'Avallon et ses neveux Yvon et Robert ; Aymon de Dijon ; Aubert de la Roche et autres. Tous les témoins devaient être associés au mérite des bonnes œuvres accomplies dans le monastère.

Par une charte non datée[25], le Duc Hugues céda aussi à l'abbaye de Cluny un domaine qu'il possédait dans l'Autunois, nommé Mondie, avec la seigneurie et les dépendances, pour être admis à la participation des bienfaits spirituels de l'ordre et des cent prieurés qui relevaient de sa juridiction. Sybille de Nevers, à laquelle Hugues avait assigné cette terre en douaire lors de son mariage avec elle, approuve la donation ainsi que son père, Guillaume, comte de Nevers. Les autres témoins sont : Henri, frère du Duc[26] ; Renier de Châtillon, sénéchal Humbert de Fouvent ; Hugues, vicomte de Beaune et son frère Raymond ; Seguin de Beaune et divers membres de la famille ducale. Les choses étaient bien changées depuis le Duc Robert les religieux persécutés et dépouillés sous le règne précédent, devaient se féliciter d'avoir un prince qui se plaisait à les enrichir et à les combler de bienfaits.

D'autres monastères durent au Duc Hugues, vers la même époque, beaucoup d'autres libéralités. L'abbaye de Molème fut de ce nombre. Les villages de Marcenay et de Bissey, qui possédaient des reliques de saint Vorles, avaient été jadis donnés par Gontran aux chanoines de Bourges le Duc Robert s'en était emparé[27]. Hugues ne voulut point garder des domaines qui n'avaient fait retour au Duché que par l'usurpation de son prédécesseur. Nous avons copie de la charte[28] par laquelle il donna Marcenay aux moines de Molème et à saint Robert, leur abbé il ajouta à cette donation le presbytérat de l'église de ce village, le labourage d'une charrue, des prés et une famille de serfs. Eudes de Bourgogne, son frère, y prend le titre de chevalier, en approuvant l'acte avec ses autres frères, dont on n'indique pas les noms. Les autres témoins qui assistèrent à Châtillon à la rédaction de cet acte sont Girard de Grancey, Bernard de Montbard, Etienne de Noyers, Hugues Godefroy et Achard de Châtillon.

Un autre document écrit sous le règne d'Eudes Ier[29] nous apprend que Hugues avait donné à l'abbaye de Saint-Seine, à la prière de Grégoire qui en était abbé, quatre moulins avec les terres qui en dépendaient. C'est à ce prince que Mabillon[30] attribue la réforme de Saint-Symphorien d'Autun. Il faut plutôt admettre que ce Duc ne fit que donner son approbation à l'acte par lequel ce monastère fut assujetti à celui de Saint-Benoît-sur-Loire, où la règle était observée avec plus d'ordre et de sévérité.

Il y avait alors un courant assez considérable qui entraînait les principaux seigneurs de nos provinces dans les régions du midi, vers l'Espagne et le Portugal. Le pèlerinage de Saint-Jacques de Galice, qui attirait alors une grande affluence de visiteurs, n'était assurément pas le seul motif de ces excursions. Les exploits de Ferdinand Ier, l'un des plus grands souverains qui aient gouverné en Espagne, et ses luttes contre les Mahométans et les infidèles, avaient eu partout un immense retentissement.

Au milieu des troubles et de l'anarchie qui désolaient l'Europe, il s'était formé des associations de nobles chevaliers, qui parcouraient le monde en cherchant des aventures. La religion, qui avait consacré leur institution et béni leur épée, les appela à sa défense l'ordre de la chevalerie dut une grande partie de son éclat et de ses succès à ces expéditions, et vit accourir des guerriers, des champions de Dieu, ayant pour mission de protéger l'innocence et de combattre les infidèles. L'ambition stimulait aussi l'ardeur de ces dévouements, car si la religion promettait des récompenses spirituelles, la fortune leur faisait espérer les richesses et les trônes de la terre. Les domaines occupés par les infidèles devaient être l'apanage de ces preux chevaliers, de ces cadets de famille, qui n'avaient pour toute richesse que leur naissance, leur bravoure et leur épée. Robert le Frison, second fils du comte de Flandre, ne pouvant avoir de part dans les biens de sa maison, disait à son père « Donnez-moi des hommes et des vaisseaux, et j'irai conquérir un État chez les Sarrazins d'Espagne. »

Le clergé, en favorisant ce mouvement, en donnant un aliment et un essor à cette sève guerrière et bouillonnante des seigneurs féodaux, qui en faisaient chez eux un assez mauvais usage, rendait un véritable service à la société. Les religieux de Cluny contribuèrent surtout à établir des relations constantes entre nos pays et l'Espagne. Une foule de donations relatées dans les titres de cette abbaye, pendant la seconde moitié du XIe siècle, attestent les rapports entre les souverains de ces contrées et les religieux de Cluny[31]. Vingt-cinq monastères ou prieurés[32] furent fondés dans diverses provinces, et mis sous la protection de l'abbé Hugues. L'affection du roi Ferdinand pour cet ordre était si grand, qu'il s'engagea à lui verser chaque année un cens de deux cents onces d'or[33]. Son fils Alonzo, animé des mêmes sentiments envers le saint abbé, doubla le chiffre de cette redevance[34]. Pour favoriser l'émigration des moines Clunisiens dans ces nouvelles maisons, on leur faisait de grands avantages, et à quelques-uns, comme au monastère de Najera, Garcia IV de Navarre promettait, en 1052, des domaines, des églises et le dixième des conquêtes qui seraient faites sur les Sarrazins[35].

Les relations entre les religieux avaient amené des relations entre les seigneurs. Sanche-Ramirez, roi d'Aragon et de Navarre, avait épousé Félicie, fille d'Hilduin, comte de Rouci. Ce prince, animé d'une ardeur dévote et belliqueuse, vivait dans une croisade incessante contre les Maures.

Déjà Thibaud de Semur, comte de Chalon-sur-Saône, avait pris part à l'une de ces expéditions. Il était mort, en 1065, à Tolosa en Biscaye, et quatre chevaliers, ses compagnons, avaient, suivant ses dernières volontés, rapporté, dans un tombeau préparé pour sa famille à Paray, la dépouille mortelle de leur seigneur[36].

Eble, comte de Rouci et de Reims, dont l'activité guerrière avait besoin d'être entretenue, après avoir longtemps ravagé les biens de l'église de Reims et porté la désolation dans son pays, devait trouver dans ces guerres aventureuses un but plus avouable et plus digne de son ambition. Il en trouvait l'exemple dans sa propre famille. Il était gendre de Robert Guiscard, qui avait conquis la Pouille et la Calabre, et le beau-frère de Sanche, roi d'Aragon et de Navarre, dont nous venons de parler. Eble s'était décidé à tenter la fortune comme ses illustres parents, et les conventions destinées à régler les conditions de ses conquêtes sur les Maures avaient été préparées par les soins de l'abbé de Cluny[37]. Son expédition entreprise sur un vaste plan n'obtint pas le succès qu'il était en droit d'attendre. « Il passa en Espagne, dit Suger, avec une armée telle qu'il appartenait à un roi de la lever et de la soudoyer. »

Peut-être n'était-il pas le seul beau-frère du roi d'Aragon qui partit à son secours, car Hilduin, comte de Reims et de Rouci, avait laissé dix enfants, trois fils et sept filles, et le roi Sanche pouvait encore compter parmi ses beaux-frères André, comte de Ramerupt et d'Arcis Geoffroi, comte du Perche Hugues de Clermont-en-Beauvoisis Thibaut, comte de Reynel ; Godefroy de Guise, le comte de Chiny et Faucon, fils de Renaud, comte de Bourgogne[38]. Au moment où commencent ces croisades contre les Sarrazins d'Espagne, croisades qui ont précédé le mouvement qui portait les peuples vers Jérusalem, et dont l'histoire nous est jusqu'ici restée à peu près inconnue, il n'est pas sans importance, pour l'explication des événements ultérieurs, de voir dans quel sentiment l'Église agissait et dans quel sens Grégoire Vil écrivait aux grands seigneurs de la chrétienté[39] :

« Vous n'ignorez pas, sans doute, que le royaume d'Espagne a anciennement appartenu de droit à saint Pierre, et qu'aujourd'hui encore, bien qu'il soit occupé par des païens, ce droit étant imprescriptible, il ne peut dépendre d'aucun pouvoir, si ce n'est du Siège apostolique. Le comte Eble de Rouci, dont la renommée a dû parvenir jusqu'à vous, désirant entrer dans ce pays pour l'honneur de saint Pierre, et dans le dessein de l'arracher aux mains des païens, a obtenu du Saint-Siège apostolique qu'il posséderait du chef de saint Pierre, sous des conditions arrêtées entre nous, les terres d'où il réussirait, par son courage et celai de ses alliés, à expulser les infidèles. Que quiconque parmi vous voudra l'aider dans cette entreprise, soit animé, pour l'honneur de saint Pierre, de sentiments tels, qu'il attende de lui protection dans le péril, et qu'il reçoive de lui la récompense due à sa fidélité. Si quelqu'un de vous désirait entrer seul de son côté avec ses troupes dans quelque partie de ce pays, qu'il se propose avant tout des intentions droites, qu'il prenne la ferme résolution de ne pas souiller cette terre après sa conquête, par les mêmes injures qu'y causent aujourd'hui à saint Pierre les infidèles qui l'habitent et qui ignorent Dieu. Nous voulons aussi que tout le monde sache, que si vous n'avez point l'intention de payer dans ce royaume les droits de saint Pierre, nous vous en interdisons l'entrée, en vertu de l'autorité apostolique, plutôt que de voir l'Église, notre sainte mère à tous, recevoir de ses enfants les mêmes injures que de ses ennemis, et cela, non seulement au détriment de sa propriété, mais de ses fils eux-mêmes. C'est pourquoi nous avons envoyé dans ces contrées notre cher fils Hugues, cardinal de l'Église romaine, qui réglera toute chose en notre place. »

Cette lettre, écrite en mai 1073, contient des réserves et des revendications qui seront rappelées lorsqu'un cadet des comtes de Bourgogne prendra possession des royaumes de Castille et de Léon, et lorsque le fils d'un de nos Ducs, Henri de Bourgogne, inaugurera en Portugal la dynastie dont il est le chef.

Il faut supposer que c'est sur les instances de l'abbé de Cluny, que le Duc Hugues et les barons de Bourgogne se disposèrent à passer en Espagne, pour secourir le gendre d'Hilduin de Rouci, Sanche Ier, roi d'Aragon, dont le père avait été écorché vif par les Sarrazins. Nous n'avons l'affirmation de ce fait que dans une chronique rapportée par Duchesne[40], mais dont les termes sont formels. Nous ne croyons pas, avec l'Art de vérifier les dates[41], que l'on puisse élever des doutes au sujet de cette expédition, après les détails assez circonstanciés de la généalogie de ce Duc donnés par le même chroniqueur à la suite de son récit[42].

Le règne si court de ce prince n'eût pas mérité une telle mention.

Le jeune Hugues Ier, jaloux d'imiter les exploits du Cid, dont la renommée de bravoure avait alors un si retentissant éclat, participa à la prise d'une ville importante qu'on ne nomme point[43], et aida Sanche Ier à s'emparer du royaume de Navarre, dont la conquête en 1078 coïncide avec la date de l'expédition des seigneurs Bourguignons.

Les historiens disent qu'ayant perdu, au retour de ce voyage, Sybille de Nevers, sa femme, dont il n'avait point d'enfants, le Duc Hugues se retira à l'abbaye de Cluny, sous la discipline de saint Hugues, son grand’oncle, après avoir remis son Duché à Eudes, son frère. Il dut prendre cette détermination vers le mois d'octobre ou de novembre 1079, si la lettre du pape, dont nous allons parler, qui est du 10 janvier (IV nonas januarii), peut être attribuée à la même année ou mieux à 1080 (nouveau style).

Dans cette lettre[44] qui reflète les plaintes et les récriminations des moines mécontents, Grégoire VII disait à l'abbé de Cluny :

« Si les Romains se rendaient aussi souvent dans vos contrées que les habitants des vôtres se rendent à Rome, je vous aurais fait connaître par lettres ou par paroles ce qui se passe autour de nous, dans les affaires de la terre et dans celles du ciel. Mais depuis que vous êtes occupé à faire l'éducation des gens de cour, vous prenez peu de souci de ceux de la campagne et cependant rappelez-vous que notre pauvre et bon Rédempteur, tout en s'occupant des anges dans le ciel, ne méprisait point les pécheurs sur la terre et les faisait asseoir à sa table. Pourquoi donc, mon très cher frère, ne considérez-vous pas dans quels périls, dans quelle désolation est plongée la sainte Église de Dieu ? Où sont ceux qui s'exposent volontairement aux dangers pour l'amour de Dieu, qui osent résister aux impies, et affronter sans crainte la mort pour la justice et la vérité ? Voici que ceux qui paraissent aimer et craindre Dieu, désertent la guerre du ciel, et, n'aimant qu'eux-mêmes, préfèrent au salut de leurs frères leur propre repos. Tandis que les pasteurs et les chiens du troupeau prennent la fuite, les loups et les voleurs se jettent sur les brebis restées sans défense. Vous avez enlevé, ou vous avez reçu dans votre paisible retraite de Cluny, le Duc de Bourgogne, et, par là, vous avez laissé cent mille chrétiens sans gardien. Si vous avez méprisé les ordres du Siège apostolique, comment du moins n'avez-vous pas reculé devant les gémissements des pauvres, les larmes des veuves, la désolation des églises, les cris des orphelins, la douleur et les murmures des prêtres et des moines ? Que diront de vous les bienheureux Benoît et Grégoire le premier, qui ordonne d'éprouver un novice pendant un an, le second, qui défend de recevoir moine avant trois ans un homme de guerre ? Ce qui nous fait parler ainsi, c'est la douleur de voir qu'on ne trouve plus nulle part de bons princes. On trouve assez et presque partout des moines, des prêtres, des soldats, et surtout des pauvres qui craignent Dieu mais, dans tout l'Occident, à peine trouve-t-on quelques princes craignant et aimant le Seigneur. Je ne vous en écris pas davantage, parce que j'ai confiance que la charité du Christ qui habite en vous me vengera, en vous transperçant le cœur, et en vous faisant sentir quelle doit être ma douleur à la vue d'un bon prince enlevé à sa mère. Que si cependant un prince qui le vaille succède à son pouvoir, nous pourrons être consolés. Enfin, nous avertissons votre paternité d'être plus circonspect en pareil cas, et de préférer à toutes les vertus l'amour de Dieu et du prochain. »

Les exhortations du pape furent impuissantes à rompre les vœux qui rattachaient Hugues Ier à la vie monastique et à la tranquillité du cloître. Il y passa les quatorze dernières années de sa vie[45], jusqu'en 1093[46], dans la retraite et la pratique de toutes les vertus, privé de la vue, pénitence qui lui fut imposée, suivant le biographe de saint Hugues, pour le rendre plus digne de la lumière éternelle[47].

Le Duc Hugues aurait donc cessé de régner vers la fin de 1079 à l'âge de vingt-trois ans, et aurait cessé de vivre à l'âge de trente-sept environ. Mais cette privation de la vue n'aurait-elle pas été la cause de sa prise d'habit ? Et dans l'absence de tout document, comment expliquer cet accident par une cause ordinaire et dans un âge si peu avancé ?

C'était au XIe siècle un usage assez fréquent de priver de la vue les prisonniers faits dans les combats, ou dans les tournois, qui s'étaient rendus coupables de quelque faute grave. Il ne serait pas invraisemblable que l'expédition d'Espagne, sur laquelle nous n'avons aucun détail, ne se soit terminée pour notre Duc par un épisode tragique nous n'émettons toutefois cette hypothèse qu'avec la plus extrême réserve. Le cartulaire de Molème[48] nous offre un exemple curieux de cette étrange et barbare coutume, lorsque Renaud, fils de Valon de Rougemont, fut condamné à perdre la vue à cause de ses crimes et de ses fautes, qui lumine oculorum suorum peccatis suis exigentibus privatus erat. Ce seigneur donna à l'abbaye de Molème un domaine à Stigny, pour être reçu à titre de prébendé dans le monastère, et y être nourri le reste de ses jours.

Hugues, abbé de Flavigny, auteur de la Chronique bien connue, marque qu'on proposa à Arnoul de Reims de s'avouer parjure de bon gré, sans quoi on lui ferait perdre la vue[49].

Guillaume Talavas, après avoir étranglé sa première femme comme elle sortait de l'église, en avait cependant trouvé une seconde, mais il ensanglanta ces nouvelles fiançailles en faisant crever les yeux à un seigneur normand qu'il avait invité sous prétexte de réconciliation[50].

Saint Bernard, dans une de ses lettres au comte de Champagne, écrite en 1128, pendant le concile de Troyes, nous apprend qu'à la suite d'un duel fait en présence du prévôt de Bar-sur-Aube, le vaincu avait eu immédiatement les yeux crevés, sur l'ordre du comte de Champagne lui-même.

Cette barbare coutume offre moins d'exemples à la fin du XIIe siècle, mais était encore en usage dans ̃ certains pays étrangers. Nous trouvons que le sire de Châteauvillain fut un des quinze chevaliers auxquels les infidèles crevèrent les yeux lors du premier voyage de saint Louis en Terre-Sainte[51].

 

 

 



[1] Duchesne, Ducs, pr., pp. 15, 16 ; D. Plancher, t. I, pr. n° XXX.

[2] Duchesne, Ducs de Bourg., pi- pp. 65, 66.

[3] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds Saint-Bénigne, carton 2 ; les sceaux ont été enlevés ; Ed. D. Plancher, t. I, pr. XLI ; Duchesne, Ducs, pr., pp. 20, 21.

[4] Cette donation est rappelée dans une charte du Duc Eudes Ier qui sera relatée plus tard.

[5] Arch. de la Côte-d'Or, Ed. Pérard, p. 83.

[6] Spicilegium, t. I, p. 603. Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 377.

[7] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, édit. Gall. christ., t. IV, intr., col. 79, 82 ; Cartul. de l'église d'Autun, pp. 63, 66.

[8] Saint-Julien-de-Baleure, De l'orig. des Bourguig., p. 483 Duchesne, Hist. de la maison de Vergy, pr., p. 79.

[9] D. Bouquet, t. XIV, Prœfatio, p. 4.

[10] Plaintes des clercs de Cambrai, dans D. Bouquet, t. XIV, p. 779 B.

[11] D. Bouquet, t. XIV, p. 605 D, N.

[12] Ann. Benedict., t. V, p. 215 ; Gregorii VII Epistolœ, lib. II, ep. 43.

[13] Ex Hugon. Flavin. Chron. Virdunensi, D. Bouquet, t. XIII, p. 618 ; Analecta Divion., Chron. S. Ben.

[14] Art de vérifier les dates, t. III, p. 109.

[15] D. Bouquet, t. XIV, p. 613.

[16] D. Bouquet, t. XIV, p. 611.

[17] A. de Charmasse, Cartul. de l'église d'Autun, pp. 44, 46.

[18] Opuscula, p. 181.

[19] Annal. Bened., t. V, p. 430.

[20] Pérard, p. 193 ; D. Plancher, t. I, p. 291.

[21] Opuscula, p. 181.

[22] D. Plancher, t. I, pp. 291 292.

[23] Gallia christ., t. IV, pr., col. 153.

[24] Ed. Spicilège, t. VI, p. 454 ; Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 192, 195.

[25] Guichenon, Bibl. Sebusiana, p. 1 07.

[26] Henri, plus tard roi de Portugal. C'est la première fois que son nom est cité. Cette charte peut être de l'année 1079.

[27] Arch. de la Côte-d'Or, Chronique de Molème, par dom Nicolas de la Salle, prieur, n° 153, p. 42.

[28] 1er Cartul. de Molème, t. I, p. 11, Arch. de la Côte-d'Or.

[29] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Saint-Seine, f° 26.

[30] Ann. benedict., t. V, p. 122.

[31] Bibl. nat., coll. Moreau, supp. t. 283. — Ce volume ne contient que des chartes relatives aux monastères de la Péninsule.

[32] Bibl. Cluniacensis, p. 1746. — Voyez, Chronica general de San Benito, in-4°, t. IV, p. 198, 319, ne compte pas tous les monastères soumis à Cluny dans ceux qu'il cite d'après les archives d'Espagne.

[33] Hildebert du Mans, Vita S. Hugonis, ch. 2, par. 9.

[34] Migne, Patrologie lat., t. CXLIX, p. 935.

[35] Bibl. nat., coll. Moreau, t. CCLXXXIII, fol. 56.

[36] Canat de Chizy, Origines du prieuré de Paray-le-Monial, p. 29.

[37] Pignot, Hist. de l'ordre de Cluny, t. II, p. 117. Excellent ouvrage que nous consultons souvent, mais qui ne cite pas suffisamment ses sources.

[38] Il parait probable que Faucon, qu'Hériman de Laon (l. I, de Mirac. B. M. Laudun., p. 529), qualifie prince de Serre, fit partie de cette expédition. Faucon est l'oncle de Raimond, comte d'Amaous, qui est la tige des rois de Castille et de Léon.

[39] D. Bouquet, t. XIV, pp. 566, 567, Gregorii VII Epist.

[40] Duchesne, Script. Fr., t. IV, p. 88.

[41] Ed. 1818, t. II, p. 42.

[42] Duchesne, Script. Fr., t. IV, p. 88.

[43] Duchesne, Script. Fr., t. IV, p. 88.

[44] Mabillon, Annal, benedict., t. V, p. 429 ; Labbe, Concil., t. X, coll. 210 ; Duchesne, Ducs, pr., pp. 170, 471 ; Concil. Hard., t. VI, part. 1, coll. 1409.

[45] Courtépée dit à tort vingt-cinq ans, dans son Histoire de Bourgogne.

[46] Comparer une charte de Eudes Ier pour l'abbaye de Saint-Seine, dans laquelle il fonde l'anniversaire de son frère Hugues ; Chifflet, Lettre touchant Beatrix, pp. 170, 171 ; D. Plancher, t. I, pr. XLIII.

[47] D. Bouquet, t. XIV, p. 73 B.

[48] T. I, fol. 16 v°. — Il s'agit ici de Rougemont, près Montbard.

[49] D. Bouquet, Chr. Verdunensis, t. X, p. 205.

[50] D. Bouquet, t. XI, Praefatio, p. 236.

[51] Baugier, Mém. hist. de la prov. de Champagne, t. I, p. 332.