CHARLES DE VALOIS (1270-1325)

LIVRE PREMIER. — LA VIE POLITIQUE DE CHARLES DE VALOIS

 

CHAPITRE VI. — CHARLES DE VALOIS ET LOUIS X

 

 

I

Le règne de Louis X[1] fut l'époque où Charles de Valois jouit de l'influence la plus incontestée : par son âge et grâce à l'amitié du jeune roi, il se trouva le personnage le plus écouté de la cour. Cette influence lui a valu de la plupart des historiens l'accusation d'avoir été un conseiller néfaste, et, en même temps, un opposant. Cette opinion est. en grande partie fausse ; mais pour distinguer, ce qu'il en faut rejeter, il est nécessaire,. dans le mouvement de détente que provoqua la fin d'un règne très dur, de distinguer deux courants : le premier fut une réaction contre les favoris du feu roi, et ne fut que la conséquence d'intrigues de cour et de vengeances personnelles, le second fut une réaction des sujets contre le gouvernement qui leur avait été imposé.

L'attitude de Charles de Valois fut tout à fait différente devant chacun de ces deux mouvements : il dirigea le premier, et combattit le second. Charles et Louis X lui-même avaient dû être irrités plus d'une fois de la faveur que rencontraient ces parvenus qui amassaient de scandaleuses fortunes, combattaient avec arrogance et humiliaient même la famille royale, quelques précautions que Philippe le Bel prît d'ailleurs en accordant des compensations à ses frères et à ses fils. Ainsi donc, rancunes d'amour-propre et souvenirs des luttes passées, aggravaient l'hostilité contre les ministres déchus. Enfin, au milieu des embarras du Trésor et des finances seigneuriales, ces richesses, d'origine si peu respectable, étaient tentantes. Leur confiscation était-elle plus immorale que celle des biens des Templiers, des Lombards ou des Juifs ? Les ministres avaient conseillé ces mesures, et en avaient profité ; était-il si injuste de leur appliquer des procédés conseillés par eux, et de faire rentrer au Trésor le produit de rapines faites à ses dépens ?

C'était d'ailleurs une tradition de faire expier durement toute faveur trop éclatante. Pierre de la Broce[2], avant Marigny, comme Giraut Guete[3], Pierre Remy[4], et tant d'autres après, en ont fait l'expérience. L'opinion publique voyait d'assez bon œil ces exécutions de gens très impopulaires à cause des profits éhontés qu'ils faisaient aux dépens des contribuables. Poètes et chroniqueurs se contentaient de moraliser sur leur sort, sans les plaindre bien vivement de ces inconvénients de leur carrière :

Tel fut a joy et a honneur

Qui est a doeul et a tristeur

Et ainsi mesire

Enguerans Eust esté en vie demourans,

Aulz fourches n'eust point esté mis,

Aussi ne fust Pierre Remis,

S'au roy eust en humilité

Et autres ne fust pas lié.

Tant se fioit en son argent

Que il ne prisoit nulle gent[5].

Leur supplice satisfaisait donc l'opinion publique en même temps que les rancunes de leurs compétiteurs.

Quelques-uns des conseillers les plus écoutés du feu roi étaient morts avant lui, mais ceux qui survivaient se trouvèrent sans défense. Quant à leurs richesses, loin d'être une ressource pour eux, elles devenaient un appât pour leurs adversaires. Au nombre des conseillers persécutés, il faut citer Pierre de Latilly, évêque de Châlons[6], emprisonné pendant un certain temps, puis gracié ; Raoul de Presle, qui eut le même sort, mais qui ne put retrouver ses biens pillés[7]. D'autres aussi, comme Michel de Bourdenay[8], Guillaume du Bois, Nicolas le Loquetier, Pierre d'Orgemont, auxquels Louis X, dans son testament, accorda des réparations pour les torts qui leur avaient été faits[9].

La plus illustre victime et en même temps celle que Charles de Valois contribua le plus à perdre fut Enguerrand de Marigny. Les progrès de la fortune du favori sont connus : dans les dernières années du règne de Philippe le Bel, il avait accaparé la faveur du roi, et s'était imposé à celle du pape[10]. Mais une telle puissance était pleine de périls : pour la maintenir, il fallait lutter, se faire des créatures, évincer les adversaires, opprimer les subalternes ; et la moindre hésitation pouvait amener une chute attendue avec impatience.

Quels étaient les sentiments du jeune roi à l'égard d'Enguerrand ? Une anecdote peu sûre prétend nous renseigner à cet égard : Louis avait fait faire à Vincennes un théâtre de poupées, et représenté l'entrée de la chambre du roi. Charles de Valois et les autres princes n'y pouvaient entrer ; Enguerrand arrivait avec dix massiers ; aussitôt la porte s'ouvrait, et le roi le faisait asseoir près de lui. Enguerrand, témoin de cette plaisanterie, déclara au roi qu'il souhaitait mourir avant lui, sans quoi il le suivrait de près[11]. L'attitude de Louis en 1314, lors de la guerre de Flandre, nous donne une preuve plus sérieuse de son hostilité contre le favori de son père[12]. Louis d'Évreux, lui-même, dit-on, aurait été froissé par l'arrogance du favori[13] ; l'archevêque de Narbonne, Gui de Chatillon, beau-père de Charles, le vidame de Picquigny et les comtes de Foix et d'Armagnac sont aussi comptés au nombre de ses ennemis[14].

Le plus terrible adversaire d'Enguerrand fut Charles de Valois : quels avaient été leurs rapports antérieurs ? Ils avaient, dit-on, débuté par un conflit : les familles d'Harcourt et de Tancarville étaient en lutte pour la possession d'un moulin. Enguerrand imposa la paix, mais l'un des d'Harcourt creva un œil à Guillaume de Tancarville. Charles de Valois se porta caution de Jean d'Harcourt, car plusieurs membres de cette famille étaient à son service. Enguerrand, irrité contre les d'Harcourt, se jeta dans le parti opposé[15]. Un duel judiciaire eut lieu, où Jean d'Harcourt porta sur son écu les armes de Valois[16]. Les adversaires luttèrent si vaillamment, que Louis le Hutin, juge du combat, fit cesser la lutte[17], et que Charles de Valois, dans son testament, mit à part de ses armes l'espée de quoi li sires de Harcourt se combati[18]. La paix fut faite[19], mais suivie de près de la disgrâce, peut-être causée par Marigny, de Jean d'Harcourt, il l'occasion de son échec de 1295 en Angleterre. En 1308, nous voyons toutefois Charles recevoir du clerc d'Enguerrand 500 l. t. ; mais Enguerrand resserra son alliance avec les Tancarville[20]. En 1310, Charles de Valois donna à Enguerrand le domaine de Gaillefontaine[21], reçu du roi pour l'assignation de 2.000 l. t. de rente[22] et reçut en échange Champrond pour lequel il se prétendit ensuite trompé. Charles avait ajouté 22.000 l. t. à Gaillefontaine[23], alors qu'Enguerrand avait acheté Champrond pour le prix de 28.000 l. t. à Gaucher de Chatillon[24]. Dans ce cas, il avait bien certainement été volé de 14.000 l. t. au moins, car Gaillefontaine valait, au minimum, 20.000 l. t.[25]. Rappelons aussi le don de la rose d'or, les négociations de Tournai en 1311, la paix de 1314, et nous aurons cité toutes les raisons connues de la haine de Charles contre Enguerrand.

Au début, Enguerrand fut laissé tranquille ; mais il était si peu sûr de son sort qu'il avait pris des précautions dès le règne de Philippe le Bel. Il avait supplié, dit-on[26], le roi mourant d'intercéder pour lui auprès de son fils Louis ; Philippe se contenta de dire à Louis de ne pas le dépouiller de ses biens s'il trouvait qu'il avait bien servi, mais d'en faire ce que bon lui semblerait. Le roi était à peine mort, que Louis X interdît à Enguerrand de s'occuper à l'avenir du Trésor royal et de quitter la cour sans avoir rendu ses comptes[27]. Comme l'a démontré M. Borrelli de Serres, Enguerrand avait profité de la faveur royale pour ne pas rendre de comptes, et administrer à sa guise[28]. Dans la crainte de donner des armes à ses adversaires il venait de faire instituer une enquête devant Louis d'Évreux, Gui de Saint-Pol et d'autres personnages[29]. Ces commissaires avaient examiné les comptes de trois années à peine quand le roi mourut. Jusqu'en janvier 1315, la commission, d'ailleurs remaniée, et où étaient entrés Charles de Valois et beaucoup d'ennemis du favori, fonctionna régulièrement : le 24 janvier, elle ratifia les comptes de Marigny, et les approuva[30]. M. Lacabane s indigne de ce que ce quitus n'ait pas clos le procès de Marigny dont la condamnation est venue annuler cet acquittement. Mais si l'acte du 24 janvier reconnaissait la régularité de la gestion de Marigny, qu'il avait été facile au favori de faire régulière, il ne se prononçait pas sur l'ensemble de sa conduite. Un nouveau procès put renaître sur d'autres accusations, et celles qui avaient été examinées jusque-là furent laissées de côté.

Ce fut au mois de mars que le procès fut rouvert[31], à la suite d'une querelle entre Enguerrand et Charles. Le roi et sa cour étaient à Vincennes, délibérant sur les finances : comme on s'étonnait de trouver le Trésor vide, Enguerrand dit que le feu roi avait tout dépensé. Charles s'écria qu'Enguerrand avait volé, et qu'on devrait l'obliger à restituer ce qu'il avait pris. Enguerrand[32] :

Encore pensait il grant estre

Qui ne prisa ne roy ne mestre

lui répondit qu'il le ferait très volontiers, mais que lui, Charles, avait reçu sa bonne part[33], ce qui était vrai. Charles alors entra dans une violente colère, et déclara qu'il ne reparaitrait pas à la cour tant qu'il n'aurait pas été vengé. On dut même faire disparaître Enguerrand, qu'il aurait tué de ses mains[34]. Ne pouvant l'atteindre, il demanda son procès, promettant de prouver les plus terribles accusations contre lui. Louis X accepta, et Enguerrand fut enfermé au Louvre, le 11 mars 1315 : mais c était son propre logement comme gardien du Trésor, et Charles obtint son transfert au Temple, où il fut conduit, le mars, au milieu des injures et des huées du peuple[35].

Le 15 mars, Enguerrand comparut à Vincennes devant le roi et sa cour, et maître Jean d'Asnières développa longuement les quarante et un chefs de l'accusation. Ce personnage, dans lequel il est facile de reconnaître un des hommes de loi au service de Charles de Valois, plaida longuement, mais nous n'avons que le résumé de sa plaidoirie[36].

On a généralement admis, sans discussion, que Marigny était une victime, mais Jean d'Asnières l'a accusé de crimes et de malversations tellement vraisemblables, et si faiblement niés, qu'il est permis de se demander si Marigny n'avait pas mérité son sort. Les principaux griefs invoqués furent : d'abord l'argent reçu du comte de Flandre pour faire la paix en 1314[37]. Si cette paix. que Marigny souhaitait d'avance avec tant d'obstination, n'était qu'une faute politique, il est facile de prouver que Marigny avait reçu de l'argent de Louis, comte de Nevers[38], et du roi d'Angleterre[39]. L'accusation d'avoir usé de son influence pour envahir les biens de ses voisins, ou leur faire conclure des échanges désastreux, visait des procédés habituels, et formait un grief qui devait être très facile à prouver[40]. Quant au fait d'avoir extorqué divers biens de Mahaut d'Artois, pour l'aider contre son neveu Robert, il est prouvé que la comtesse lui a donné la haute justice de Beauvais et de Croisilles et un marché hebdomadaire[41], sans doute de paour de plus perdre. Nous n'avons pas les preuves de la culpabilité ou de l'innocence d'Enguerrand, mais seulement un résumé de réquisitoire sans preuves, et tous les griefs peuvent se résumer en celui-ci : le favori avait vendu son influence, ou en avait abusé aux dépens de ses voisins et du Trésor royal. Il est bien certain que de semblables faits auraient pu être objectés à presque tous les ministres, agents et parents de Philippe le Bel, et Jean d'Asnières avait beau jeu à en citer des exemples.

Mais les adversaires d'Enguerrand ont mis tant d'acharnement à le perdre, et ils étaient si peu à l'abri des mêmes accusations, que leurs raisons ont perdu beaucoup de leur valeur. La défense avait été, de plus, paralysée, bien que le frère d'Enguerrand eût eu communication des articles objectés à son frère[42]. Ces griefs n'étaient d'ailleurs pas bien graves, puisque l'exil seul punit Marigny[43], et cela prouve combien les procédés qui lui étaient reprochés paraissaient n'être que des peccadilles.

Mais les adversaires de Marigny étaient mécontents, il leur fallait sa mort ; pour l'obtenir, ils eurent recours aux procédés de Nogaret et des autres légistes, qui, par un juste retour des choses, servaient maintenant contre eux[44]. Si Charles de Valois avait trempé dans certaines iniquités du règne de son frère, il n'en avait pas été l'initiateur : ce rôle avait appartenu aux légistes. Aussi vérifièrent-ils que ce n'est jamais impunément que l'on joue avec la justice, et que l'on fait de la magistrature un instrument de vengeance et de fiscalité[45]. Marigny n'était peut-être pas le plus coupable, mais, moins habile ou moins heureux, il s'était fait des ennemis qui purent lui faire expier des torts qui étaient aussi les leurs. Le procès rentra alors dans les formes usitées sous le règne précédent : une lettre mystérieuse, vraie ou fausse, de Marguerite de Bourgogne, vint aggraver l'hostilité du roi contre Enguerrand[46], puis on reparla de diable, de sorcellerie, et d'envoûtement. La femme d'Enguerrand, Jeanne de Lagny, et la dame de Chanteloup, sa sœur, furent accusées d'avoir envoûté le roi et Charles de Valois[47]. Il avait été convenu que l'accusé serait seulement exilé en Chypre[48], quand les voults, faits par Béatrice la Boiteuse et un nommé Paviot, furent découverts. Dès lors, la condamnation était certaine ; Paviot fut condamné à être pendu sous Marigny, et la Boiteuse à être brûlée comme sorcière. Quant à la femme et à la sœur de l'accusé, elles prétendirent n'avoir agi que pour adoucir l'âme du roi et de son oncle[49]. Enguerrand, transféré au Châtelet le 29 avril, fut pendu le 30, au milieu d'une affluence considérable[50]. Les deux femmes, enfermées au Temple, furent relâchées peu après ; le reste de la famille ne fut pas inquiété[51].

Les biens de Marigny furent appliqués au Trésor royal[52] ; mais une grande partie en fut distraite, et partagée entre les amis du roi. Charles de Valois se fit restituer Champrond, sur lequel il prétendait avoir été trompé dans l'échange de 1310[53]. Cette terre lui avait été donnée par le roi son frère pour 2.000 l. de rente ; on la lui restitua à condition d'abandonner 1.000 l. de rente qu'il avait sur le Trésor[54]. De plus il recevait Rosay, Saint-Saëns et le Quesnay, donnés jadis à Marigny par le roi pour compléter ce domaine[55], et toutes les autres acquisitions de Marigny dans le pays de Bray[56]. Plus tard Charles IV lui abandonna tout ce que le fisc lui contestait au sujet de ces dernières acquisitions[57]. Clémence de Hongrie[58], Louis d'Évreux[59], Amédée de Savoie[60], le comte de Forez[61], Henriet de Modon[62], et bien d'autres, eurent aussi leur part des dépouilles ; Philippe de Valois reçut la belle maison, située près de Saint-Germain l'Auxerrois, qui avait attiré tant d'envieux à Enguerrand[63].

Ces violences avaient rappelé le règne de Philippe le Bel ; mais Charles de Valois, au lit de mort, se repentit, et Louis X, en 1316, déclara que, ne voulant ni donner ni retenir le bien d'autrui, il restituait tous les biens confisqués ; il légua à Louis de Marigny, d'ailleurs son filleul, 600 l. de rente, et 5.000 l. une fois payées[64]. Philippe V innocenta le condamné en reconnaissant l'innocence de Jeanne de Lagny et de la dame de Chanteloup, par un jugement du 30 avril 1319, auquel Charles de Valois s'associa[65]. Enguerrand lui-même fut réhabilité son corps fut détaché du gibet[66], sa fille Isabelle reçut les terres de Mons[67], données jadis à Henri Taperel, prévôt de Paris, pendu à son tour[68]. Charles IV continua la réparation en indemnisant la veuve d'Enguerrand[69] ; mais tous les biens ne furent pas restitués, puisque le roi disposa encore d'une partie de ces biens en faveur de Charles de Valois[70]. Enfin la réhabilitation fut achevée sous Philippe VI[71] et Louis XI[72].

 

II

A côté de ces représailles contre les personnes, conséquences d'intrigues de cour, il y eut un autre mouvement, plus sérieux et plus profond, contre lequel Charles de Valois agit d'une manière opposée à celle qu'on lui prête généralement. Louis X avait reçu le royaume dans une situation critique : le peuple entier était exaspéré et la noblesse de beaucoup de régions avait formé des ligues pour revendiquer ses droits[73]. Les communes de certaines provinces s'étaient liguées avec les nobles pour réclamer le retour aux bons usages du roi saint Louis, dont le souvenir restait cher à tous. Son vieux compagnon, Joinville, exprimait l'horreur causée par les actes du petit-fils du saint roi, en disant : si s'amende de ses mesfais en tel maniere que Diex ne fiere en li ne en ses choses cruellement[74].

Que fit Louis X, conseillé par Charles de Valois, en présence du soulèvement de presque toute la France ? Ici un auteur récent résume l'opinion courante[75] : Charles de Valois était un esprit médiocre, présomptueux et violent, plein d'un profond mépris pour tous ces légistes qui l'avaient tenu à l écart pendant le règne de son frère... c'était le type le plus accompli de ces chevaliers inquiets, turbulents et dépensiers, que Philippe le Bel avait écartés de sa cour[76]. Conclusion : Charles a été l'instigateur d'une réaction féodale contre l'œuvre de son frère[77].

On peut objecter d'abord que Charles de Valois n'avait pas été tenu à l'écart par son frère, et cela ressort de tous les chapitres précédents, mais de plus, dès 1843, M. Guessard, sans connaître les documents décisifs que nous pouvons citer, et en faisant simplement appel au bon sens, s'inscrivait en faux contre cette opinion : Charles de Valois, disait-il[78], avait toujours eu la confiance du roi son frère ; après sa mort, il devient roi pour ainsi dire. Le moment eût été bien mal choisi pour arracher des concessions à la royauté, c'eût été en quelque sorte un suicide politique.

Pourrait-on dire qu'après avoir poussé les ligues à se conclure sous Philippe le Bel, il les combattit sous Louis X quand elles ne pouvaient plus le servir ? Non ; et ici nous croyons pouvoir démontrer que jamais Charles de Valois n'a cessé d'être le défenseur de la centralisation contre les ligues, et cela parce qu'elles ont été en partie dirigées contre lui.

Les Anciennes Chroniques de Flandre, seules, l'accusent, non de complicité avec les alliés, mais de bienveillance, et elles ne parlent que de ceux d'Artois seulement, où une autre question s'agitait[79]. Au contraire on peut objecter : d'abord, que si Charles de Valois a persécuté certains favoris de son frère, il ne combattait que les personnes et non les principes ; en effet, le gouvernement de Louis X a eu la même politique, tempérée seulement par la nécessité d'apaiser le soulèvement provoqué par les abus du règne précédent. D'autre part, dans son propre domaine, Charles de Valois s'entourait de légistes plutôt que de chevaliers, et tous ses conseillers les plus écoutés : Guillaume du Perche, Étienne de Mornay, Jean de Cherchemont, Billouart, étaient des gens de robe. Aussi verrons-nous que, dans l'administration de son domaine, il a exactement imité les procédés de gouvernement de Philippe le Bel[80].

D'autre part, il est certain que les ligues ont été dirigées autant contre Charles de Valois, les grands seigneurs et les apanagés, que contre le roi. Les ligues en Artois étaient bien contre la comtesse, cela est prouvé ; mais contre qui étaient dirigées celles :

D'Anjou, de Poito, de Bretaigne,

De Chartrain, du Perche et du Maine[81].

Remarquons d'abord que, dans les actes des ligues que nous possédons, figurent seulement des seigneurs secondaires, et des vassaux indirects de la couronne ; on n'y trouve ni le duc de Bourgogne, ni la comtesse d'Artois. Ce fut une des causes, insuffisamment mise en lumière, de la faiblesse des ligues que cette coalition contre elles de la haute noblesse avec le roi. De plus, il faut remarquer que c'est surtout dans les apanages : Artois, Anjou. Maine, Bourgogne et Champagne, que le mouvement des ligues a été violent, ce qui a aussi son importance pour la physionomie des événements et une juste appréciation de ce qu'était l'apanage. Les ligues d'Anjou et du Maine étaient si bien constituées contre Charles et Philippe de Valois, que, le 8 octobre 1317, Amauri de Craon, Henri d'Avaujour, et Jean de Vendôme, s'excuseront de ce reproche : que nous avions faites alliances et confraries jurées en prejudice d'eus, de leur henneur et noblece et juridition, et pour ce eussent mis main en nos terres...[82] Amauri et Jean déclareront qu'ils n'ont pas fait partie des ligues, et Henri que : jassoi ce que nous eussiens esté serementé d'aucunes nouveles confraries et alliances faites par aucuns nobles des dites terres et d'ailleurs, nous, a celles alliances, n'avions eu propos ne entention de faire ne acorder chose qui feist contre le droit et la noblece de nos diz seigneurs[83]. Tous s'engagèrent à aider leurs comtes à amener la dissolution des ligues qui duraient encore. Cet acte éclaire singulièrement le rôle de Charles de Valois : ce n'est pas ici le lieu de discuter les autres parties du travail en question[84], il suffit de constater que le rôle de Charles a été le contraire de ce qu'il dit. En réalité, comme Mahaut d'Artois, Charles combattit les ligues ; mais elles furent moins fortes dans son domaine, parce qu'elles n'avaient pas un chef et un prétendant à mettre à leur tête.

En présence de l'agitation générale, Louis X et Charles de Valois négocièrent, et par des faveurs habilement distribuées, dons ou chartes, ramenèrent la paix dans la plus grande partie du royaume. Il n'y eut aucun abandon sérieux des conquêtes faites sur la féodalité[85] ; le roi se contenta de renouveler les ordonnances de son père[86], ou d'en développer les termes, mais non le fond, dans de nouvelles chartes. Des enquêtes furent instituées dans toutes les provinces, des promesses accordées, et la douceur dans la forme remplaça les procédés brutaux du règne précédent. On avait même attribué, par suite d'erreurs de chronologie, à Louis X, des actes de répression énergique qui datent du règne suivant : les choses ont été remises au point, et il ne reste à Louis X, comme œuvre personnelle, que deux ou trois actes importants et surtout les chartes accordées aux provinces[87]. Pour ces dernières, on s'est montré fort sévère, en y voyant des concessions indignes de la royauté[88] ; mais pourrait-on nier que les ordonnances ont obtenu sans violence la pacification du pays, qu'elles accordaient peu de chose et ne faisaient que restituer l'apparence des libertés et des droits supprimés par Philippe le Bel ?

Charles de Valois, loin d'affaiblir le roi en soutenant les ligues, contribua puissamment à les combattre ; Louis X dut être très heureux d'avoir pour l'aider contre une révolte, non seulement des légistes, mais aussi un prince riche et puissant, qui pouvait imposer le respect par la force. Dès le 17 mai 1315, le roi, ayant envoyé des enquêteurs[89], chargea Charles de Valois de se faire remettre les actes constitutifs des ligues de Vermandois, Artois, Amiénois, Beauvaisis, Corbie, Ponthieu, Champagne, Bourgogne, Forez, Auxerre, Tonnerre et autres pays[90]. Le roi promettait de répondre aux doléances des alliés pour le jour de la Pentecôte ; si la réponse n'était pas faite, les actes seraient restitués, avec un sauf-conduit de quinze jours ; si elle était faite, les actes seraient détruits en présence des délégués des ligues. Charles s'acquitta de cette commission, et c'est par lui que quelques actes des ligues nous sont parvenus : gardés dans ses archives, ils furent versés au trésor des chartes[91], en 1328, avec le reste des archives de Philippe de Valois devenu roi. C'est là que Dupuy a pu les copier[92] ; mais, depuis, presque tous ont disparu.

Nulle part, sauf en Artois, les ligues n'obtinrent de succès, et les négociations apaisèrent l'agitation. Mais, en Artois, les ligues, liées avec celles de Picardie et de Vermandois, et profitant peut-être de la défaveur que l'adultère de Blanche de Bourgogne jetait sur sa mère, Mahaut, avaient de plus l'avantage d'avoir un chef : Robert d'Artois, petit-fils de Robert d'Artois mort à Courtrai. Robert avait été privé, par la mort de son père Philippe, de l'Artois, où le droit de représentation n'existait pas. Mahaut, sa tante, avait obtenu le comté, mais Robert ne se tint pas pour battu, et profita des difficultés de Mahaut avec ses vassaux, pour soulever contre elle les nobles et quelques communes.

Le roi ayant apaisé le reste de la France par des privilèges, qu'il octroya d'ailleurs à tous ceux qui se soumirent[93], le calme fut rétabli partout, sauf en Artois et en Picardie. Robert d'Artois voulut alors s'emparer de Thierry d'Hirson, favori et ministre de Mahaut[94]. Thierry put s'enfuir à Avignon, mais son frère Denis fut pendu, et leurs biens furent saccagés en même temps que ceux de la comtesse. Les révoltés prirent Hesdin[95], enterrèrent vif un garde, pillèrent les domaines de Mahaut, et délivrèrent les prisonniers[96]. Louis X envoya le comte de Forez[97], puis prescrivit une enquête sur les coutumes dont les révoltés réclamaient la restauration[98], tandis que Mahaut réunissait des témoignages favorables émanés de villes, d'abbayes et de chapitres[99]. L'Artois fut reconquis et mis en la main royale jusqu'à ce qu'il eût été décidé de nouveau sur la possession contestée à Mahaut par Robert.

Louis X, en marchant contre les Flamands, vint lui-même à Arras, où Charles de Valois l'accompagna[100]. Le 21 septembre, les nobles furent convoqués pour la quinzaine de la Toussaint à Compiègne, devant le roi, pour amender leurs torts envers Mahaut[101]. Charles et ses fils, Louis d'Évreux, Louis de Clermont, Robert d'Artois, le dauphin de Viennois, le comte de Forez, les seigneurs de Noyers et de Mercœur, s'engagèrent à les y contraindre par la force. Mahaut tenta une réconciliation, et promit de rétablir les coutumes du temps de saint Louis, sur lesquelles elle ferait enquérir. Les nobles avaient demandé qu'elle les ratifiât sur un rôle qu'ils lui présentaient, mais elle refusa de s'engager avant la fin de l'enquête qu'elle devait faire, bien que les nobles ne fussent pas venus au jour fixé ; enfin elle promit de supprimer les nouvelles garennes, et de réprimer les excès de ses gens[102]. Le 30 novembre 1315, elle adressa aux échevins d'Hesdin la promesse d'une enquête sur leurs griefs[103], et en décembre le roi rendit un arrêt rétablissant la paix dans la région du Nord[104].

 

III

Tel fut le rôle de Charles de Valois dans les principaux événements du règne de son neveu ; son influence fut aussi incontestable dans les faits de moindre importance[105]. Pour fortifier sa situation, Charles fit donner les sceaux à son propre chancelier, Étienne de Mornay[106]. Il intervint dans une foule de petites affaires, comme le règlement des legs de Philippe le Bel[107], les lettres de rémission qu'il obtint pour Philippot dit le Breton d'Orléans[108], le don de la juridiction de Beaumarchais qu'il obtint pour Menaud de Barbazan[109], et l'émancipation de la serve Ermengarde[110].

Charles de Valois fut sans doute le promoteur d'une mesure célèbre : l'affranchissement des serfs du domaine royal. Ce qui nous fait supposer que Charles a conseillé cette mesure lorsqu'il a été au pouvoir, c'est qu'il en a donné l'exemple. Le préambule fameux, qui fait appel au droit naturel de toute créature humaine[111], est déjà mot pour mot dans la charte de Charles de Valois affranchissant les serfs du Valois[112], en date du 9 avril 1311. Nous retrouvons les mêmes termes en tête de la ratification par Charles de Valois de l'affranchissement par Philippe de Pacy, seigneur de Nanteuil-le-Haudouin, son vassal, de tous les serfs de son domaine[113]. D'où l'on peut conclure que Charles a inspiré cette mesure, dont on a d'ailleurs exagéré la portée : c'était un expédient fiscal. Philippe V tentera de nouveau de l'appliquer[114], ce qui en prouve le médiocre succès, mais on devait néanmoins en retirer quelque argent, car Charles avait des comptes spéciaux pour cette recette[115].

Charles de Valois fut récompensé de ses services par le droit d'acquérir 800 l. de rente sans payer aucun droit[116], et par le don de 10.000 l. t. sur le dixième de Bourges[117].

Une nouvelle affaire de sorcellerie vint attrister la fin de la vie de Louis X : le cardinal Francesco Caetani fut accusé de maléfice contre le roi et les cardinaux Pierre et Jacques Colonna[118]. L'accusateur était Évrard de Bar-sur-Aube, de la triste lignée de ces agents louches qui ont empoisonné de leurs délations la vie des derniers Capétiens.

Plus importante était l'hostilité, à peu près permanente, du comte de Flandre. Louis de Nevers venait de rentrer en grâce et de recouvrer ses domaines[119], mais son père, Robert, continuait à créer des difficultés. Le traité de mai 1314, dont Charles de Valois avait été, malgré lui, l'un des garants[120], était resté lettre morte[121], comme tous les précédents, et le comte de Flandre avait profité, pour ne pas l'exécuter, des embarras causés par les ligues et par le manque d'argent. Le 23 juin 1315, la cour des pairs, où siégeait Charles de Valois, le condamna[122], et la guerre fut décidée.

Mais la partie remise en 1314, à cause de l'intervention de Marigny, n'était plus aussi belle : la France était agitée, et l'inclémence de la saison fit échouer le jeune roi. Louis X prit l'oriflamme le 24 juillet[123], et marcha sur Saint-Quentin[124]. Charles, qui l'accompagna, arriva le 16 août à Villers-Cotterêts[125] ; il fut le 25 à Arras[126], et le 8 septembre, dans les environs de cette ville, il prit 84 setiers de blé dans les granges de Thierry d'Hirson, pour le prix de 64 livres, 4 sous[127]. L'armée française s'avança jusqu'à Bondues, près de Lille[128] ; mais la Lys, gonflée par des pluies torrentielles, barrait la route de ses eaux infranchissables et inondait les campagnes. La terre était tellement détrempée par l'abondance des pluies[129], que soldats et chevaux avançaient avec peine, et mouraient de faim et de misère. Les chevaux enfonçaient dans la boue jusqu'au-dessus des genoux, et il en fallait trente pour traîner un tonneau de vin[130]. Louis X fut obligé de reculer avec son armée, sans avoir rencontré les Flamands ; ceux-ci n'apparurent que pour piller les tentes que les Français avaient dû abandonner, faute de pouvoir les transporter[131]. De Lille[132], le roi se replia sur Tournai où les Français se réfugièrent si nombreux que l'on ferma les portes de la ville, aussi beaucoup durent-ils rester dehors[133]. Louis X arriva affamé dans la ville, accablé par une de ces pluies flamandes dont le chroniqueur tournaisien dit qu'elles étaient telles, que personne ne pouvait rester hors de sa maison[134]. Au bout de quatre jours, le roi retourna à Paris, laissant la garde de la frontière à Gaucher de Chatillon, qui remporta quelques succès de peu d'importance[135].

Louis X mourut brusquement, le 5 juin 1316[136], dans la force de l'âge : on a vu quel rôle Charles de Valois a joué sous ce règne, et combien il s'écarte de celui que les historiens lui prêtaient. Loin d'être le féodal brutal et stupide de la tradition, Charles a été le conseiller dévoué de Louis X au milieu de difficultés causées par les trop rapides conquêtes de Philippe le Bel. Il s'est vengé d'ennemis qui n'auraient pas plus que lui reculé devant un assassinat juridique, et s'il a sacrifié quelques hommes à l'opinion publique, il n'a rien abandonné des principes d'ordre et de progrès : il les a appliqués avec plus de ménagements et d'équité.

 

 

 



[1] Sur ce règne, citons les thèses présentées à l'École des Charles par MM. du Pontavice (1868) et Renvoisé (1889). Sur le procès de Marigny, P. Clément, Trois drames historiques, et sur la réaction féodale, le travail de M. Dufayard.

[2] Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III, p. 30.

[3] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 678.

[4] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 689 ; Anonyme, XXI, p. 157.

[5] Renart le Contrefait, Paulin Paris, Not. et Extr., III, p. 173. Voir aussi H. F., XXI, p. 158, ce que dit sur Pierre Remi le chroniqueur anonyme de l'entourage des Valois :

Dont celle parole commune fu bien vérifiée :

Qui plus hault monte qu'il ne doit

De plus hault chiet qu'il ne vouldroit.

Assez luy vaulsist mieulx avoir gardé et vescu en son petit estat que tant amasser et si hault monter

Et puis si povrement finir

Et si honteusement morir.

[6] Son procès fut porté devant l'archevêque de Reims, D'Achery, Spicilegium, III, p. 707. Latilly avait été caution de Ch. de V. en 1305, A. N., J 410, n° 15 et J 519, n° 11 ; il avait été arbitre entre les gens de Charles et l'abbaye de Longpont en 1313, J 163°, n° 51. Il obtint d'ailleurs restitution de ses biens, Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 615.

[7] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 693 ; Continuateur de Frachet, XXI, p. 43.

[8] Ch. de V. possédait une maison qui avait appartenu à ce dernier, et qui avait été acquise, sans doute, par confiscation, A. N., P 13693, n° 1848.

[9] P. Clément, Trois drames historiques, p. 117.

[10] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 143 :

Ce fu cil qui fist cardonnaus,

Et si le pape tint en ses las

Que de petiz clercs fist prélas.

V. aussi Registres de Clément V, surtout en 1309 (n° 4537 et ss.), et en 1312 et 1313. — Dominus Ingerrannus, qui scit omnia secreta regia..., dit Pierre Barrière, Neues Archiv, 1900, p. 564. — Avec ce il avoit si grant grace devers le pape, qu'il faisoit ce qu'il vouloit et du pape et du roy, dit le chroniqueur anonyme de Ch. de V., H. F., XXI, p. 149.

[11] Jean d'Outremeuse, VI, p. 196.

[12] Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 660.

[13] Jean d'Outremeuse, VI, p. 194.

[14] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 158. D'autres barons de Normandie ou il avoit des terres, ajoute la Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 693.

[15] De la Roque, Hist. de la maison d'Harcourt, I, p. 332-349.

[16] De la Roque, o. c., I, p. 344. Il était maître de son hôtel, et mourut à son service en 1302, Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 639.

[17] De la Roque, o. c., I, p. 344.

[18] 17 septembre 1325, A. N., J 164B, n° 54.

[19] B. N., fr. 3910, f° 56 ; N. acq. fr., 5271, f° 2 ; De la Roque, o. c., p. 345.

[20] Enguerrand reçut la garde des enfants de Robert de Tancarville, et maria la fille aînée, Isabelle de Tancarville, à son fils, A. N., JJ 41, n° 190 et JJ 45, f° 12.

[21] A. N., J 225, n° 4 ; J 227, n° 7.

[22] A. N., J 225, n° 5, 7 et 20.

[23] 1315, A. N., J 225, n° 11.

[24] A. N., J 225, n° 2.

[25] En capitalisant à 10 %, ce qui est le maximum ; mais nous pouvons cependant citer des exemples de ce fait : Compte de l'Orient, B. E. C., 1890, p. 79 ; en 1312, rachat de 300 livres de rente pour 3.000 l., A. N., J 164B, n° 78 ; etc.

[26] Rapport de Guillaume Baldrich, B. E. C., 1897, p. 12-13.

[27] Rapport de Guillaume Baldrich, B. E. C., 1897, p. 13.

[28] Recherches..., p. 330-331.

[29] A. N., JJ 50, n° 115 ; B. E. C., 1841-1842, p. 15.

[30] A. N., JJ 50, n° 115 ; B. E. C., 1841-1842, p. 15.

[31] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 612 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 693 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 155 ; D'Herbomez, o. c., p. 495.

[32] Extrait d'un poème dont Marigny est l'un des héros, et qui est intitulé : L'aventurier rendu à danger, p. 345 (B. N., imprimés, Y 6160, in-8°). L'auteur de ce poème est Jean de Marigny, né vers 1440, et qui écrivit vers 1510.

[33] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 612 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 693 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 155.

[34] Ch.de Saint-Denis, H. F., XX, p. 693 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 155.

[35] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 612 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p., J. de Saint-Victor, XXI, p. 659 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 155.

[36] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 611-2 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 694-649 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659.

[37] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 611-2 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 694-649 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659, § 3.

[38] P. Clément, o. c., p. 357-364.

[39] Le 30 avril 1313, don de 1.000 l. t. de rente, Rymer, II1, p. 49 ; Edouard II intervint en sa faveur auprès de Louis X, ibidem, II1, p. 75.

[40] Cette accusation explique pourquoi il eut parmi ses ennemis : D'autres barons de Normandie ou il avoit des terres, Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 693.

[41] B. N., lat. 9785, f° 219-220.

[42] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 695 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659.

[43] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 695 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659.

[44] Sur les procès de sorcellerie de cette époque, cf. l'article d'Eubel dans l'Historisches Jahrbuch, 1897, p. 608.

[45] Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 371.

[46] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 695 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659.

[47] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 695 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659.

[48] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 696.

[49] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 659.

[50] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 659 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 159.

[51] Le 21 avril 1315, Louis X accorda un sauf-conduit à Pierre de Marigny, frère d'Enguerrand, Catalogue de la Collection Joursanvault, n° 16.

[52] Mémoriaux, n° 563. — Même les meubles furent confisqués ; c'est ainsi qu'en 1319 nous voyons dans le Trésor royal des tapisseries aux armes de Marigny, Comte de Soultrait, Inventaire..., c. 623.

[53] A. N., J 225, n° 11 ; Huillard-Bréholles, Titres de la Maison de Bourbon, n° 1409.

[54] A. N., J 164B, n° 56.

[55] A. N., J 225, n° 13 ; JJ 45, f° 98 r°.

[56] A. N., J 225, n° 11 ; Huillard-Bréholles, o. c., n° 1409.

[57] A. N., J 225, n° 16 ; JJ 61, f° 120 v°.

[58] A. N., J 423, n° 34 ; P. Clément, o. c., p. 367-369.

[59] Brussel, Usage des fiefs, I, p. 215. — Dès le 1er juillet 1315, Louis X rachetait, au prix de 8.000 l. de rente sur le Trésor, les biens donnés à Louis d'Évreux, qu'il voulait restituer, Le Brasseur, Hist. d'Evreux, I, p. 31, et pr., p. 42.

[60] A. N., JJ 54B, f° 8 v° ; Olim, II, f° 159.

[61] B. N., fr. 20683, f° 6.

[62] B. N., Clairambault, 306, p. 321.

[63] B. N., fr. 20684, f° 201 r°.

[64] A. N., J 404, n° 22 ; P. Clément, o. c., p. 369. Ch. de V. était chargé d'exécuter ce testament ; les autres enfants d'Enguerrand devaient recevoir 5.000 l. t., A. N., J 404, n° 22.

[65] A. N., JJ 59, f° 8 v°.

[66] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 612 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 700 ; Anonyme, XXI, p. 128.

[67] A. N., JJ 56, f° 17 v°.

[68] Continuateur de Frachet, H. F., XXI, p. 54.

[69] A. N., KK 1, p. 60.

[70] 1323, A. N., J 225, n° 16 ; JJ 61, f° 120 v°.

[71] Mars 1329, A. N., JJ 66, n° 4 et 12.

[72] P. Clément, o. c., p. 341.

[73] Les actes des ligues : A. N., J 434 ; B. N., Dupuy, 758 ; fr. 3910 ; Clairambault, 306.

[74] Joinville, § 42 ; Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 370.

[75] Dufayard, Revue historique, 1894, I, p. 241-272 ; II, p. 241-290.

[76] Dufayard, I, p. 256.

[77] C'est aussi l'opinion de Michelet, de M. Lehugeur, o. c., p. 4.

[78] B. E. C., 1843, p. 375.

[79] H. F., XXII, p. 402.

[80] V. livre II, ch. 3.

[81] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 151.

[82] A. N., J 179A, n° 90 ; Martène, Thesaurus Anecdotorum, I, c. 1350.

[83] A. N., J 179A, n° 90 ; Martène, Thesaurus Anecdotorum, I, c. 1350.

[84] M. Lehugeur l'a fait dans son Hist. de Philippe V le Long, p. 2, note 2 ; M. Dufayard n'a pas connu, par exemple, le compte très important de Thomas de Marfontaine, B. N., fr. 23256, f° 43 à 50.

[85] Tous les vieux conseillers de Philippe IV, en somme, sauf quelques-uns trop compromis, restèrent autour du roi et approuvèrent ses actes, v. charte de Forez, Huillard-Bréholles, o. c., n° 1412.

[86] En Anjou notamment, v. Guillaume le Maire, p. 505-511. En Picardie, renouvellement pur et simple des ordonnances de Philippe le Bel en 1303, Arch. Somme, G 200, n° 2 et 5.

[87] Lehugeur, Hist. de Philippe V le Long, p. 2, note 2.

[88] Lehugeur, Hist. de Philippe V le Long,, p. 3-7.

[89] A. N., J 387, n° 9 ; JJ 52, f° 39 ; B. N., Dupuy, 758, f° 18 ; Huillard-Bréholles, o. c., n° 1400.

[90] A. N., J 387, n° 9 ; JJ 52, f° 39 ; B. N., Dupuy, 758, f° 18 ; Huillard-Bréholles, o. c., n° 1400.

[91] A. N., JJ 268, f° 39 r°.

[92] B. N., Dupuy, 758.

[93] C'est ainsi que l'évêque d'Amiens reçut les privilèges accordés aux habitants du Languedoc, de la Bourgogne et du Forez, Arch. Somme, G 200, n° 3 et 4.

[94] Richard, Mahaut d'Artois, p. 29.

[95] Anc. Ch. de Flandre, H. F., XXII, p. 402. Le 10 novembre 1321, Mahaut leur remettra une amende encourue pour avoir ouvert leurs portes, Arch. Pas-de-Calais, A 67.

[96] Continuateur de Frachet, H. F., XXI, p. 45 ; Anc. Ch. de Flandre, XXII, p. 402.

[97] B. E. C., 1895, p. 689.

[98] Arch. Pas-de-Calais, A 60.

[99] Arch. Pas-de-Calais, presque toute la liasse A 60.

[100] 16 août, Villers-Cotterêts, A. V, J 377B, n° 221 ; 25 aout, Arras, J 1036, n° 5 ; 8 septembre, près d'Arras, R. D., XVI, 16.

[101] 21 septembre 1315, Arch. Pas-de-Calais, A 60, n° 31.

[102] 21 septembre 1315, Arch. Pas-de-Calais, A 60, n° 31.

[103] Arch. Pas-de-Calais, A 60, n° 43.

[104] Arch. Pas-de-Calais, A 61 ; B. N., fr. 23825, f° 21.

[105] Son influence était si connue, qu'Edouard II, le 15 mai 1316, lui recommandait ses procureurs en cour de France, Rymer, II1, p. 96.

[106] 1er janvier 1315, A. N., JJ 50, f° 66 v° ; Continuateur de Nangis, H. F., XX, P. 613.

[107] 25 avril 1315, mandement de Ch. de V. et des autres exécuteurs testamentaires, pour la délivrance d'un legs à Jean de Bretteville, B. N., Clairambault, 49, n° 163.

[108] Boutaric, Actes du Parlement de Paris, n° 4464.

[109] A. N., JJ 53, f° 112 v° ; Hist. Lang., X, c. 558.

[110] A. N., JJ 52, f° 54.

[111] Ordonnances, I, p. 583.

[112] Ordonnances, XII, p. 387.

[113] A. N., J 163B, n° 54 : Comme creature humaine, qui est fourmée a ymage nostre Seingneur, doie generalment estre franche persone par droit naturel, en aucuns lieuz ceste naturel liberté ou franchise par le jou de servitude, qui tant est hayneux, soit si effaciée et obscurciée que...

[114] Lehugeur, o. c., p. 398-401.

[115] B. N., fr. 5284, f° 55 v°.

[116] Juin 1315, A. N., J 164B, n° 32 ; JJ 52, f° 64 v°.

[117] B. N., fr. 5284, f° 56 v°.

[118] B. N., Clairambault, 487, f° 427 ; Bertrandy, Mémoire sur... Jean XXII, p. 58-70 ; Ch.-V. Langlois, Revue historique, 1897, LXIII, p. 56-71.

[119] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 613.

[120] A. N., J 561A, n° 24 ; JJ 52, f° 96.

[121] Dès le 27 mai 1315, Louis X avertissait les échevins de Reims d'envoyer leur contingent à Arras pour la mi-juin, malgré les faux bruits de paix semés dans le pays. Varin, Arch. adm. de Reims, II, p. 169-170.

[122] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 614 ; De Limburg-Stirum, o. c., II, p. 273, Leibnitz, o. c., I, p. 273 ; Lancelot, Recueil de pièces sur les pairs de France, p. 1197 ; Funck-Brentano, Mélanges Monod, p. 360.

[123] Continuateur de Frachet, H. F., XXI, n. 44

[124] V. le compte de Jean de Forez, B. E. C., 1895, p. 688-689.

[125] A. N., J 377B, n° 221.

[126] A. N., J 1036, n° 5.

[127] R. D., XVI, 16. — Sur ses compagnons, R. D., I, 4-9, 11, 27-39

[128] Li Muisis, De Smet, II, p. 209.

[129] Ces pluies sont signalées par tous les chroniqueurs : Li Muisis, De Smet, II, p. 207 ; J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 662 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 161. Cette campagne est citée dans les comptes royaux, sous le nom de l'ost boueux, Mémoriaux, p. 179.

[130] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 697.

[131] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 697 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 662 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 161 ; Li Muisis, De Smet, II, p. 208.

[132] 2 septembre, Li Muisis, De Smet, II, p. 206 ; compte de Jean de Forez, B. E. C., 1895, p. 668.

[133] Li Muisis, De Smet, II, p. 206.

[134] Louis X, multum famine pressus, indigebat de cibo et potu, Li Muisis, De Smet, II, p. 206.

[135] Li Muisis, De Smet, II, p. 206.

[136] Sur cette date, v. J. Viard, B. E. C., 1899, p. 414.