LOUIS XV ET MARIE LECZINSKA

VERSAILLES ET LA COUR DE FRANCE

 

APPENDICES.

 

 

I. — LES PETITS CABINETS DU ROI.

 

Lorsque le Régent ramena de Paris à Versailles, le 15 juin 1722, le jeune roi Louis XV, qui en était parti aussitôt après la mort de Louis XIV, on dut faire au Château des travaux assez nombreux pour l'installation de la nouvelle cour. Chez le Roi, on s'occupa surtout de l'aménagement des pièces qui devaient porter, au cours du siècle, le nom de petits-cabinets :

L'on avait dit que les petits-cabinets du Roi à Versailles coûtaient quinze ou seize cent mille livres. M. Gabriel m'a dit que, depuis 1722 que Sa Majesté a commencé à y faire travailler jusqu'aujourd'hui, la dépense, suivant les états arrêtés, ne monte qu'à cinq cent quatre-vingt mille livres. M. Gabriel en fit il y a peu de temps le dépouillement pour en rendre compte au roi[1].

Ces cabinets, qui doivent désormais occuper si souvent l'esprit du Roi, seront remaniés jusqu'à la fin du règne. Le marquis d'Argenson y songe en 1749, lorsqu'il parle des nids à rats qui encombrent les maisons royales :

M. de Cotte, qui n'est plus dans les Bâtiments, me disait avant-hier que les nids à rats qu'on faisait coûtaient plus cher que les grands bâtiments de Louis quatorze ; que le roi était d'une facilité singulière à tout ce qu'on lui proposait de ce genre-là ; que M. de Tournehem n'y entendait rien et que les dépenses étaient énormes.

L'amer critique de la Cour revient à diverses reprises sur ces plaintes :

Chaque mois voit éclore quelque nouveau projet, et malheureusement il n'existe plus d'autres amusements pour Louis XV !

Le duc de Croy pense aussi à ces cabinets de Versailles, quand il constate que ce malheureux goût des petits bâtiments et de ces petits détails coûtait immensément sans rien faire de beau à rester[2]. Mais le roi y prenait tant de plaisir qu'il faisait consigner ces menus travaux dans un élégant manuscrit, calligraphié avec soin et dont quelques feuillets conservés attestent l'extrême intérêt qu'il y portait.

On pardonnera à Louis XV de s'être occupé d'abord, et avec quelque passion, de sa bibliothèque. Elle se développa avec les acquisitions nouvelles et finit par remplir une grande partie du second étage sur la cour des Cerfs. Un plan de 1747 la montre composée de deux cabinets réunis par une étroite galerie, resserrée entre la cour et le gros mur des grands appartements. Cette galerie, qui a conservé d'étroits placards à livres, est celle dont parle La Martinière en 1741 :

La principale des pièces qui servent à la bibliothèque est distribuée par armoires au pourtour ; les cadres des vantaux qui s'ouvrent renferment des glaces blanches, à travers lesquelles on voit les livres qui sont très bien choisis et très bien reliés. Il y a une pièce en petite galerie qui communique à celle que nous quittons ; elle est construite avec des compartiments d'armoires sans portes, au fond desquelles sont de très belles cartes qui se développent avec des rouleaux montés sur des ressorts[3].

Une anecdote de la fin de la Régence montre le genre de travaux auxquels se livrait le jeune souverain dans cette première bibliothèque et en quel rigoureux particulier il y gardait sa liberté. Le duc de Gesvres s'y rend un jour, après une conversation avec la duchesse d'Orléans pour transmettre une requête urgente de cette princesse en faveur de ses neveux, MM. de Dombes et d'Eu, qui veulent avoir les entrées particulières :

M. de Gesvres monta sur le champ chez le Roi qui, dans ce temps-là, était dans le goût de dessiner et y travaillait dans ses petits-cabinets en haut. Plusieurs de ceux qui avaient coutume de lui faire leur cour familièrement étaient admis dans ce particulier et dessinaient en même temps. M. de Gesvres s'approcha du Roi, lui parla tout bas... ajoutant que, sans rien interrompre de son amusement, il pouvait laisser tout le monde travailler, et sans rien dire qu'il sortirait tout seul, dans la petite galerie qui est auprès du cabinet où il dessinait[4].

La faveur fut accordée séance tenante aux neveux du Régent, qui devait mourir le lendemain.

Les sculpteurs qui ont décoré ces pièces intimes sont encore des artistes de l'époque Louis XIV. On y trouve en 1728 Roumier, en 1728 et 1729 l'association Du Goulon, Le Goupil et Taupin[5] ; en 1732, apparaît Verberckt, qui reçoit 12.441 livres pour ses ouvrages de sculpture en bois aux cabinets et à la bibliothèque du Roi ; Caffieri et Le Blanc sont employés aux sculptures en bronze et ouvrages de bronze doré et moulus faits pour les petits-cabinets du Roi'[6]. Le recueil calligraphié pour Louis XV raconte ainsi les aménagements auxquels ces artistes ont collaboré :

BIBLIOTHÈQUE DU ROI À VERSAILLES

La première pièce de la bibliothèque du Roi et la moitié de la petite galerie a été fait (sic) en 1727, et il a été placé des livres que l'on a fait venir de la Bibliothèque du Roi à Paris. Cet endroit est fort petit, et on a mis, du côté de la porte en entrant et jusqu'à la cheminée, des dos de livres pour figurer. C'est le sieur Collombat, imprimeur des Cabinet du Roi et des Bâtiments, qui a été chargé de ce soin, et il a intitulé les dos de dix grands volumes in-folio de Description de pays inconnus. Il n'a pas eu le premier cette imagination, car M. Bobé, missionnaire de la Chapelle, a fait, il y a plus de dix ans, une carte d'un pays qu'il a nommé la Bourbonnie et qu'il prétend devoir être limitrophe à la Louisiane et proche de la Californie. M. de l'Isle, géographe du roi, a donné aussi l'idée de la situation de Zuivira, qu'il prétend être un port de mer dans la mer de l'Ouest, au sujet duquel il a fait la carte et le mémoire ci-après....

AUGMENTATION DE LA BIBLIOTHÈQUE DU ROI À VERSAILLES

La suite de la petite galerie, la grande pièce ensuite, le petit cabinet du Roi, joignant les cabinets aux fourneaux au-dessus et les bains au-dessous, ont été construits en 1728, pendant le voyage de Fontainebleau.

GARDE-ROBE DU ROI RÉLARGIE ET SES PETITS APPARTEMENTS AU-DESSUS DE SA BIBLIOTHÈQUE AUGMENTÉS EN 1732

Le Roi, pendant le voyage qu'il a fait à Compiègne depuis le 25 avril jusqu'au premier juillet, a fait élargir sa garde-robe et augmenter ses appartements au-dessus de sa bibliothèque. Sa Majesté est revenue pendant le voyage, passer les fêtes de la Pentecôte à Versailles pour y voir la reine, qui y était restée n'étant pas encore relevée de la couche de Madame Quatrième[7].

Une nouvelle bibliothèque fut établie pour Louis XV en 1764, au-dessus du cabinet du Conseil. Cette pièce, qui a gardé ses rayons et ses tablettes de marbre, s'éclaire par trois lucarnes percées dans le comble ; un passage secret à l'usage du Roi la faisait communiquer avec la plus intéressante partie de l'étage, la petite galerie[8].

Cette petite galerie d'en haut, ou galerie des petits-cabinets, ne doit pas être confondue avec l'ancienne Petite Galerie du premier étage, qui a disparu en 1752. Elle date sans doute du temps de la chambre à coucher de Louis XV et du cabinet ovale, pièces au-dessus desquelles elle est exactement placée. Elle est mentionnée fort peu après dans les récits de la Cour. Les rapports à M. de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, montrent qu'on en répare les vernis en 1756, qu'on en rétablit la forme en 1763 et qu'on y ajoute de la sculpture en 1767[9]. Ces détails ont d'autant plus d'intérêt que la petite galerie de Louis XV n'a pas été sensiblement défigurée. La partie des mansardes qui la contient, éclairée par les cinq premières fenêtres du comble, fut, à la fin du règne, l'appartement de Mme du Barry, et c'est alors seulement que la galerie s'est transformée et a été divisée en deux pièces, car, au moment où l'on aménageait cet étage des petits-cabinets pour Marie-Josèphe de Saxe, elle demeurait encore intacte avec l'indication nouvelle de grand cabinet de compagnie. La sculpture des boiseries ainsi que celle du salon voisin datent visiblement de la création de l'étage. Dans les pièces correspondant à la galerie, on trouve deux torches avec une couronne ; dans le salon d'angle, des coquilles, des têtes de dauphin, des singes, des oiseaux ; partout les deux L enlacés formant le chiffre du Roi. L'ébrasement des fenêtres en mansarde est intéressant par l'heureux parti que l'architecte a su tirer d'une incommode disposition, et je ne vois pas d'exemple, au dix-huitième siècle, d'une telle richesse de décoration ainsi placée.

La forme ovale de la chambre de Mme du Barry est exactement celle de l'extrémité de l'ancienne galerie ; c'est là que s'ouvre le passage secret communiquant jadis avec la bibliothèque et qui offrait à Louis XV, comme on peut le deviner, des commodités particulières.

C'est au moment où la dernière favorite vint occuper cette partie du Château, que la petite galerie et son salon furent mis en dorure. Les boiseries jusqu'alors étaient en ce vernis de Martin, dont les couleurs eurent à s'accorder avec une décoration de peinture assez importante[10]. La petite galerie contenait six tableaux représentant différentes chasses d'animaux féroces étrangers, celles du lion, du tigre, de la panthère, de l'éléphant, du taureau sauvage et de l'ours. Ces tableaux sont sortis du pinceau de De Troy, de Boucher, de Carle Vanloo, qui en fait deux, de Parrocel et de Lancret. Ils sont tous d'une très belle composition et très bien traités. On y remarque encore d'autres petits, qui servent d'ornements dans différents endroits de ces petits appartements, dans lesquels il est facile de reconnaître le caractère de gaîté de Lancret. Pour la galerie, la commande aux peintres fut faite en 1736 et livrée presque entièrement l'année suivante. Les sujets étaient appropriés aux réunions de chasseurs qu'y tenait le Roi. Il v avait, de Jean-François de Troy, une chasse au lion, de Parrocel, une chasse à l'éléphant, de Carle Vanloo, une chasse à l'ours, de Lancret, une chasse au léopard, de Pater, une chasse chinoise, de Boucher enfin une chasse au tigre. Chacune fut payée 2.400 livres, sauf celle de Pater, évaluée à 2.000 livres. Boucher, Parrocel et Vanloo obtinrent en 1738 une commande supplémentaire comprenant une chasse au crocodile, une chasse au taureau sauvage et une chasse à l'autruche, qui vinrent compléter le brillant décor[11].

On parait avoir retiré le tout en 1768. lors de la transformation de la petite galerie en deux salons. Ces toiles d'excellents maîtres, longtemps dispersées. viennent d'être tout récemment réunies au musée d'Amiens.

Sur la petite galerie s'ouvrait un cabinet vert, dont il est question dans Luynes et qui servait de salon de jeu :

Jeudi dernier tout le monde se rendit chez le roi. dans sa petite galerie en haut. Il n'y avait que les quatre dames et dix hommes, en comptant le Roi. Une demi-heure ou environ après, le roi entra dans le cabinet qui joint à la petite galerie, qui es : peint en vert et où il y avait autrefois des lanternes, et donna à tirer pour le cavagnol ; il n'y eut point d'autre jeu devant et après souper, hors un tric-trac où le Roi ne joua point. A sept heures et demie, le Roi descendit en bas pour donner l'ordre ; il revint aussitôt après[12].

Le cabinet vert, où il y avait des lanternes dans le toit que l'on a bouchées, faisait en 1742 un salon d'assemblée pour le petit appartement, tout voisin, de Mme de Mailly. Il servit, à d'autres moments, aux soupers des jours de chasse, dont la dépense était faite par un cuisinier spécial. J.-F. de Troy et Lancret avaient peint, en 1735, pour la salle à manger des petits appartements, deux toiles célèbres, aujourd'hui au château de Chantilly, le Déjeuner d'huîtres et le Déjeuner de jambon[13].

Il est assez curieux de trouver chez le Roi ces joyeuses compositions, où se marque si librement la sensualité gastronomique de l'époque. Ces sujets, dont l'un représente des seigneurs dans une salle magnifiquement décorée, et l'autre, une partie de jeunes gens à table, faisant la débauche... sur un fond de paysage, ne donnent assurément point une idée des élégants soupers de Versailles, où Sa Majesté conviait ses compagnons de plaisir et quelques courtisans favorisés.

Parmi les témoignages qui les évoquent, choisissons le récit que faisait M. de Croÿ de son premier souper chez le Roi, faveur qu'il obtenait par Mme de Pompadour, ayant appris que l'on n'y avait guère d'accès que par la marquise. Ces intéressants souvenirs sont de 1747 :

Le 30 janvier, ayant chassé à l'ordinaire, le Roi me marqua sur sa liste que l'huissier lisait à la porte. On entrait à mesure par le petit escalier et on montait dans les petits-cabinets. J'y soupai donc pour la première fois à Versailles, car il y avait sept ou huit ans que j'y avais soupé deux fois de suite à la fin d'un voyage à Fontainebleau.... Étant monté, l'on attendait le souper dans le petit salon ; le Roi ne venait que pour se mettre à table avec les dames. La salle à manger était charmante et le souper fort agréable, sans gêne. On n'était servi que par deux ou trois valets de la garde-robe, qui se retiraient après vous avoir donné ce qu'il fallait qu'on eût devant soi. La liberté et la décence m'y parurent bien observées. Le Roi était gai, libre, mais toujours avec une grandeur qui ne le laissait pas oublier.

Il ne paraissait plus du tout timide, mais fort d'habitude, parlant très bien, se divertissant beaucoup et sachant alors se divertir. Il paraissait fort amoureux de Mme de Pompadour, sans se contraindre à cet égard, ayant toute honte secouée et paraissant avoir pris son parti, soit qu'il s'étourdît ou autrement....

Il me parut que ce particulier des cabinets ne l'était pas, ne consistait que dans le souper et une heure ou deux de jeu après le souper, et que le véritable particulier était dans les autres petits-cabinets, où très peu des anciens et des intimes courtisans entraient....

Nous fûmes dix-huit serrés à table.... Le maréchal de Saxe y était, mais il ne se mit pas à table, ne faisant que dîner.... On fut deux heures à table avec une grande liberté et sans aucun excès. Ensuite le Roi passa dans le petit salon ; il y chauffa et versa son café, car personne ne paraissait là. Il fit une partie de comète avec Mme de Pompadour, M. de Coigny, Mme de Brancas et le comte de Noailles.... Le reste de la compagnie fit deux parties. Petit jeu. Le Roi ordonnait à tout le monde de s'asseoir, même ceux qui ne jouaient pas. Je restai appuyé sur l'écran à le voir jouer, et Mme de Pompadour le pressant de se retirer et s'endormant, il se leva à une heure et lui dit à demi-haut, ce me semble, et gaiement : Allons, allons nous coucher ! Les dames firent les révérences et s'en allèrent, et lui fit aussi la révérence et s'enferma dans ses petits-cabinets ; et nous tous nous descendîmes par le petit escalier de Mme de Pompadour où donne une porte, et nous revînmes par les appartements à son coucher public à l'ordinaire, qui se fit tout de suite.

Ainsi se passa la première fois que je soupai dans les cabinets à Versailles ; et tout cela m'ayant paru simple et bien suivant le grand monde, et que je pouvais en être sans me mêler ni rien faire de mal, je résolus de m'y attacher assez et de faire ce qu'il faudrait pour y être admis de temps en temps... et de ne pas trop m'y abandonner non plus, pour ne m'y pas laisser emporter au torrent[14].

Dans les petits-cabinets, Louis XV était en son privé autant que peut l'être un simple particulier. C'était le coin de Versailles qu'il s'était réservé de préférence, qu'il disposait à son goût et où il aimait à vivre, sûr de n'y être jamais importuné. Il n'y conviait que fort rarement ses enfants eux-mêmes. On le voit en 1745 faisant les honneurs des curiosités rassemblées dans cette partie fermée de Versailles à la première Dauphine, qu'il cherchait à mettre à l'aise avec lui : Il lui a proposé deux ou trois fois, dit Luynes, de venir voir ses petits appartements ; on prétend qu'elle a manqué deux fois de se rendre aux heures qu'il lui avaient données. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a que peu de jours que le Roi lui a montré ses petits appartements.

Certains inconvénients résultaient de la multiplicité des escaliers, des issues toujours plus nombreuses, des passages difficiles à garder et du petit nombre des gens de service. On y montait aisément des cours intérieures, qui étaient à peu près publiques à cause des appartements du rez-de-chaussée qu'elles desservaient.

On pouvait s'introduire aussi par l'escalier de l'attique des grands appartements. Le fait se produisit plusieurs fois. M. de Marigny, averti par le contrôleur de Versailles, dut prendre des décisions à cet égard, le 21 octobre 1758 :

J'ai appris, monsieur, par votre lettre du 13 de ce mois, qu'une des portes de dégagement des petits-cabinets se trouvant presque toujours ouverte, quand le roi y mange, des personnes inconnues ont eu la facilité plusieurs fois de se procurer l'entrée de cet intérieur ; qu'elles s'étaient même avancées jusque dans la pièce où était le roi[15]...

C'est la confirmation d'une anecdote des mémoires attribués à Mme du Hausset, où l'on voit Louis XV violemment effrayé par la présence, dans sa chambre à coucher, d'un homme en manches de chemise. Ce n'était qu'un inoffensif cuisinier, qui s'était trompé d'escalier et avait trouvé toutes les portes ouvertes. Le Roi, disait Marigny à ce propos, pouvait être assassiné d ans sa chambre sans que personne en eût connaissance et sans qu'on eût pu savoir par qui.

 

 

 



[1] Les premiers travaux des petits-cabinets de Versailles sont indiqués aux Comptes des Bâtiments du roi pour l'année 1722 (Archives nationales, O1 2222, fol. 299).

[2] Duc de Luynes, Mémoires, I, 274 ; Marquis d'Argenson, Mémoires, éd. Rathery, V, 464 ; VI, 90, 92 ; Duc de Croÿ, Journal, éd. Cottin et Grouchy, I, 148.

[3] Cette pièce de bibliothèque en galerie, qui a fait partie de l'appartement de Mme du Barry, aurait subi en 1780 quelques remaniements du goût de Louis XVI ; on y aurait alors ouvert trois nouvelles fenêtres et remplacé une partie des armoires par des glaces à bordures sculptées et dorées dont l'emplacement est encore visible.

[4] Luynes, IX, 196.

[5] En 1728, il y a un ordonnancement de 50.000 livres pour employer au payement des ouvrages ordonnés par le roi être faits pour la continuation de sa bibliothèque à Versailles et pièces dépendantes pendant la présente année. En 1729, il y a un ordonnancement de 16.520 livres, et les comptes mentionnent à plusieurs reprises la création d'un nouveau cabinet du roi où était la volière d'oiseaux ; la sculpture de plâtre et bois est confiée à Du Goulon et ses associés, qui sont payés 2.253 livres, tandis que Desportes exécute, pour 2.000 livres, quatre tableaux de chasse destinés à orner cette pièce. (Archives nationales, O1 2226, 2228.)

[6] En 1732, il y a un ordonnancement de quatre-vingt mille livres, pour changement à faire au Cabinet du roi et pièces en dépendantes, et dans les combles et pour la prolongation de la bibliothèque. La même année, le treillageur Langelin est payé pour ouvrages de treillage qu'il a faits sur les terrases au-dessus de la bibliothèque et des Cabinets du roi. (Archives nationales, O1 2232.)

[7] Bibliothèque nationale, Cabinet des estampes, V a 363.

[8] Cette bibliothèque de Louis XV n'a été que peu modifiée sous Louis XVI et sous Louis-Philippe, et jusqu'à la fin du second Empire on y a vu la bibliothèque du Château. Les plans existent aux Archives nationales, O1 1773. Un degré montant de la petite galerie aboutissait à la bibliothèque de Louis XV ; il fut conservé, quand la partie ouest de cette galerie devint la chambre à coucher de Mme du Barry, et l'on voit le départ du couloir, devenu un passage secret pour le roi, à droite de la cheminée de cette chambre.

[9] Archives nationales, O1 1799, O1 1774, O1 1801. La dernière opération a quelque importance : La menuiserie de la petite galerie du roi, écrit Lécuyer le 13 octobre, est très avancée, et j'espère qu'elle sera entièrement posée et peinte pour son retour. C'est Rousseau qui y travaille, en même temps qu'aux appartements de Mesdames cadettes ; il y fait pour deux mille livres de travaux de sculpture (O1 2267).

[10] Rien n'est doré que les moulures des glaces, les ornements de dessus les cheminées, ceux des trémeaux et les bordures de plusieurs tableaux. Tout le reste des lambris est peint de différentes couleurs tendres, appliquées avec un vernis particulier fait exprès, qui se polit et se rend brillant par le mélange de huit ou dix couches les unes sur autres. (La Martinière.) En 1763 encore, la pièce d'angle au-dessus du cabinet intérieur, était réparée sans qu'on songeât à la dorer : Lorsque le parquet sera reposé, ordonnait le roi, peindre ladite pièce en gris-blanc avec les moulures et les sculptures en vert tendre, le tout à l'encaustique. Nettoyer les bordures et les redorer, s'il est nécessaire, et mettre ladite pièce en état.

[11] La mention des tableaux n'existe plus dans l'édition de La Martinière de 1768. Les registres des comptes et plusieurs des mémoires des artistes portent l'indication de destination pour la petite galerie des petits appartements du Château de Versailles  (O1 2288). La distribution de ces œuvres entre plusieurs musées était indiquée dans le Bulletin de la Société de l'histoire de l'Art français, année 1914, p. 167.

[12] Luynes, IV, 192, 293 (1742). On rencontre dans les registres des magasins (1739) des mentions telles que celles-ci : cabinet peint en vert de l'ancienne salle à manger du roi, lanterne de la petite pièce verte aux appartements du roi. La description de Piganiol fournit quelques détails sur la salle à manger : Cette salle est éclairée par des fenêtres garnies de glaces et par quatre petits dômes, qui ont chacun quatre faces aussi garnies de glaces. Les peintures sont encadrées dans une magnifique boiserie sculptée, vernie, en couleur de vert clair et accompagnée de tous les attributs de la chasse. C'était bien, d'après les plans manuscrits, la pièce d'angle qui fait suite à la galerie. Il n'y a pas à l'identifier avec celle qui a servi plus tard de salle à manger des Cabinets (registres des magasins, décembre 1767 : ancienne salle à manger du roi adossée à la petite galerie) et qui jouera le même rôle dans l'installation de Mme du Barry. Cette dernière pièce peut du moins donner une idée de ces décorations anciennes en vernis.

[13] Le Déjeuner d'huitres et le Déjeuner de jambon furent payés à De Troy et à Lancret 2.400 livres (Engerand, Inventaire des tableaux commandés par les Bâtiments du roi, 461 et 263.)

[14] Croÿ, I, 71-74.

[15] Archives nationales, O1 1798. Cf. Mémoires de Mme du Hausset, p. 121. D'après une anecdote de 1746, rapportée par Luynes (VII, 207), deux visiteurs du château de Marly arrivent, sans s'en douter, devant la porte du cabinet du roi, qui travaille avec le contrôleur général et vient lui-même leur ouvrir la porte.