HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

TROISIÈME PARTIE. — VERS UNE RESTAURATION RELIGIEUSE

 

 

A ne regarder que la superficie des événements, la mort en exil du pape, survenant après tant de ruines, marquait la chute définitive de la papauté devant la Révolution triomphante. Trois ans plus tard, cependant, celui-là même qui avait reçu la mission d'éteindre à Rome le flambeau du fanatisme était amené à traiter avec le Souverain Pontife au sujet du rétablissement du culte catholique. Le peuple qui s'était le plus passionnément épris des doctrines subversives du Contrat social et de la Profession de foi du vicaire savoyard goûtait maintenant la poésie catholique du Génie du christianisme. Les fils des rois qui avaient expulsé les jésuites, protégé les philosophes et appuyé les jansénistes, se faisaient les champions du catholicisme le plus dévoué au pontife romain. Peu de temps après, des philosophes, Joseph de Maistre et Bonald, Ballanche et La Mennais, esquissaient, avec des tendances diverses, le plan d'une société dont le christianisme serait la base. Des littérateurs et des artistes cherchaient leurs inspirations dans les siècles de foi. Cet immense effort vers une restauration religieuse n'était pas, d'ailleurs, propre à la France ; l'Allemagne et l'Angleterre y avaient leur part. Il ne devait pas se produire cependant sans mélange d'erreurs, ni sans pénibles secousses. Le premier quart du XIXe siècle allait voir le gallicanisme renaître avec Napoléon, le libéralisme se faire jour avec La Mennais, et Pie VII allait commencer, contre ces obstacles et contre ces erreurs, la longue lutte que Grégoire XVI et Pie IX continueront avec tant de zèle.