HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRINCIPAUX DOCUMENTS ET OUVRAGES CONSULTÉS.

 

 

I. — Documents

Aux trois grandes époques de l'histoire correspondent trois classes différentes de matériaux : l'histoire de l'antiquité s'appuie surtout sur des Monuments, l'histoire du Moyen Age sur des Annales, l'histoire moderne sur des Documents d'Archives[1].

I. — Le Pape Léon XIII, en ouvrant, en 1833, les Archives secrètes du Vatican à tous les savants, sans distinction de nationalité et de confession religieuse, a mis à la disposition des historiens les sources les plus précieuses de l'histoire de l'Église. On y trouve deux fonds d'une importance capitale :

1° Les REGISTRES des Papes, transcription officielle des bulles, brefs, etc., formant 2018 volumes depuis Innocent III jusqu'à Sixte-Quint[2] ; 2° la collection des Nonciatures, comprenant environ 8000 volumes. Jusqu'à ces derniers temps, la communication de ces pièces avait été réservée à quelques privilégiés. Cette communication a fait la valeur des Annales ecclésiastiques de RAYNALDI, qui a continué le travail de Baronius, sur le même plan que son devancier, de 1198 à 1565 (10 vol. in-f°, tomes XIII à XXII des Annales ecclesiastici, Rome 1646-1679. Mansi a publié une édition annotée des Annales de Baronius-Raynaldi, 38 vol. in-f°, Lucæ, 1738-1759). Parmi les autres ouvrages composés d'après les Archives du Vatican, on peut citer : le Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis de THEINER (3 vol. in-f°, Rome, 1861-1862), les Monumenta britannica de MARINI (déposés au British Museum, à la disposition du public, 48 vol. in-f°) et les Monamenta reformationis lutheranœ de BALAN (Ratisbonne, 1884). Depuis la décision de Léon XIII, de pareilles œuvres se sont multipliées. Plusieurs stations historiques se sont établies à Rome, sur l'initiative des gouvernements ou des sociétés savantes, telles que l'Ecole française de Rome, l'Institut autrichien, l'Institut prussien, la Mission polonaise, l'Institut de la Gœrresgesellschaft. Ces sociétés et de nombreux érudits isolés ont exécuté dans les Archives vaticanes des travaux d'inventaires considérables, publié des pièces d'importance capitale. Tels sont les Registres des Papes, publiés par l'Ecole française de Rome[3]. Les Archives de l'histoire religieuse de France, ont commencé la publication des Nonciatures[4].

II. — Les archives des divers Etats fournissent aussi des documents d'une grande utilité pour l'histoire moderne de l'Église. Dès l'année 1829, le livre de l'érudit allemand D. G. F. Hœssel : Catalogi librorum manuscriptorum qui in bibliothecis Galliæ, Belgiæ, Britanniæ Magnæ, Hispaniæ, Lusitaniæ asservantur (Lipsiœ, 1829, in-8°, réimprimé, avec quelques additions, en 1833, dans les tomes XL et XLI de la Nouvelle Encyclopédie théologique de MIGNE) facilitait aux savants la connaissance des divers papiers d'État, ordonnances, édits, pragmatiques, lettres patentes, traités de paix ou de commerce, correspondance des princes et des ministres avec leurs agents ou leurs familles, discours prononcés aux assemblées délibérantes, cahiers de doléances, etc., conservés dans les principales bibliothèques de l'Europe.

En France, le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques, commencé en 1884, sur les plans de M. Léopold Delisle, a déjà donné, en plus de 50 volumes, l'état des manuscrits conservés dans les Archives nationales, dans plus de 500 bibliothèques de province et dans un grand nombre d'Archives départementales, communales et hospitalières. Les Archives du Ministère des Affaires étrangères, longtemps impénétrables aux historiens, ont enfin été ouvertes au public en 1874, sous le ministère du duc Decazes, ainsi que les Archives de la Guerre et des Colonies, mais seulement pour la période antérieure à 1791 ; un Inventaire analytique de ces Archives a été publié. Enfin, le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque nationale a eu ses Inventaires sommaires et ses Catalogues, si nombreux qu'ils forment à eux seuls toute une bibliothèque.

Les archives diplomatiques de Venise, si importantes pour l'histoire moderne se trouvent analysées dans plusieurs ouvrages tels que Les Archives de Venise, par BASCHET, Paris, 1870, Saggio d'Inventario degli archivi di Venezia, Venise, 1881.

On trouvera des indications sur les archives italiennes en général dans VAZIO, Relatione sugli archivi di Stato italiani, Rome, 1883 ; sur les archives espagnoles de Simancas (les plus intéressantes pour l'histoire moderne), dans GACHARD, Notice historique et descriptive les Archives royales de Simancas, (en tête de la Correspondance de Philippe II, Bruxelles, 1848) ; sur les archives de Portugal dans la publication de l'Académie royale de Lisbonne : Quadro elemtar das relaçœs polit. e. dipl. de Portugal, Lisbonne et Paris, 18 vol. in-8°, 1842-1876 ; sur les archives de Bruxelles, dans GACHARD, Notice sur le dépôt des Archives de Belgique, Bruxelles, 1831[5] ; sur les archives impériales de Vienne, dans BÖHM, Die Handschriften des K. K. Staats-Archivs, Vienne, 1873-1874 ; sur les archives d'Allemagne, dans Burkhardt, Handbuch der deutschen Archive, Leipsig, 1887, (2e édition). Quant aux archives d'Angleterre, les divers Calendars of State Papers, publiés par l'administration des Archives, sont plus que de simples inventaires. Les actes y sont analysés avec assez de détails pour servir de textes originaux[6].

On ne peut demander à une histoire générale de l'Eglise de s'appuyer directement sur des documents d'archives ; du moins doit-elle ne s'établir que sur des monographies faites d'après les pièces originales ; c'est la tâche qu'on s'est proposée dans le présent travail.

 

II. — Ouvrages

I. — Par les importantes notes historiques qu'il contient, le Liber pontificalis de Mgr DUCHESNE est plus qu'un recueil de documents Les notices pontificales s'arrêtent en 1459, au début du pontificat de Pie II. Les vies des Papes qui se sont succédés d'Urbain V à Martin V ont été écrites par un seul auteur, sous Eugène IV, peu après la mort de Martin V et constituent beaucoup moins une notice de biographies proprement dites qu'une histoire du grand schisme distribuée en notices pontificales (DUCHESNE, Lib. Pontif., t. II, p. XLVIII). Un second auteur, qui est un lettré, ayant de la grammaire et des prétentions au style, mais ne s'intéressant que faiblement au schisme, qui est déjà loin de lui, au demeurant esprit modéré et indépendant, a continué la série des notices jusqu'au départ de Pie II pour le concile de Mantoue, en 1459. (Ibid. p. LI).

II. — Les tomes IX, X et XI de l'Histoire des Conciles par HÉFÉLÉ, restent l'ouvrage fondamental sur la crise religieuse du XIVe siècle et de la première moitié du XVe siècle. Les publications plus récentes de MM. Boutaric, Rocquain, Digard, Kervyn de Lettenhove, Valois, etc. qu'on trouvera mentionnées dans le cours de ce volume, le complètent pour ce qui concerne l'action extérieure de l'Église à cette époque. Le Chartulariurn Universitatis parisiensis de DENIFLE et CHATELAIN, Die Universitäten des Mittelalters bis 1400, de DENIFLE, La désolation des Églises et monastères pendant la guerre de Cent ans et l'Anthologie des mystiques allemands du même auteur, l'Histoire de la philosophie médiévale, de M. DE WULF, les notices contenues dans les volumes XXV à XXX de l'Histoire littéraire de la France, et les Acta Sanctorum des Bollandistes, achèvent l'exposé de la vie intellectuelle et religieuse à partir du XIVe siècle.

III. — La base de toute étude sur les Papes d'Avignon est l'œuvre de BALUZE, Vitæ Paparum avenionensium (2 vol. in-4°, Paris 1693), ce chef-d'œuvre de Baluze, trésor de textes très précieux et très bien commentés          (LANGLOIS, Manuel de bibliographie historique, p. 309)[7].

IV. — La France et le Grand schisme d'Occident, de Noël VALOIS (4 vol. Paris, 1896-1902), La crise religieuse du XVe siècle, du même auteur (2 vol. Paris, 1909), l'Histoire des Papes depuis la fin du Moyen-Age, de PASTOR (trad. française, 8 vol. Paris, 1882-1909), La civilisation en Italie au temps de la Renaissance, de J. BURCKARDT (trad. Schmitt, 2 vol. Paris. 1906), L'Eglise romaine et les origines de la Renaissance, de Jean GUIRAUD (1 vol. Paris, 1904), ouvrages composés sur pièces originales et dont les nombreuses références sont faciles à vérifier, sont désormais les guides indispensables de tout travail entrepris sur les préliminaires de la Réforme.

V. — Les documents les plus précieux sur la Réforme elle-même su trouvent utilisés et analysés dans JANSSEN, l'Allemagne et la Réforme, trad. Paris, 7 vol. Paris 1888-1908 (La seconde édition allemande, revue par Pastor, est enrichie d'importants documents nouveaux) ; DENIFLE, Luther und Luthertum, 1 vol. dont une traduction française a été publiée par M. Paquier, Paris, Picard ; DÖLLINGER, La Réforme et son développement intérieur, trad. Perrot, 3 volumes, Paris 1848 ; IMBART DE LA TOUR, Les origines de la Réforme, 2 vol. parus, Paris 1905-1909 ; TRÉSAL, Les origines du schisme anglican, 1 vol. Paris 1908 ; les monographies de Dom GASQUET, de ZIEMMERMANN et de G. CONSTANT sur le schisme anglican ; l'ouvrage de M. Jules MARTIN sur Gustave Vasa et la Réforme en Suède, 1 vol. Paris, 1906. Mais rien ne dispensera de consulter les Œuvres de Luther, de Calvin et des principaux réformateurs. L'édition la plus complète des œuvres allemandes de Luther est celle dite d'Erlangen, publiée par les soins de PLOCHMANN et IRMISCHER : Sämmtliche Werke, 67 vol. Erlangen, 1826-1868, avec un supplément par ENDERS, Francfort, 1862-1870. Les œuvres latines de Luther forment, en plus, 28 vol. et les Lettres de Luther ont été publiées en 6 vol. par de WETTE, avec un supplément par SEIDEMANN. Une édition plus critique, dans laquelle les œuvres allemandes et les œuvres latines se trouvent mêlées et rangées suivant l'ordre chronologique, a été commencée en 1883 par KNAAKE. Cette édition, dite de Weimar : Luther's Werke, Kritische Gesammt-Ausgabe, est parvenue au tome XXXVI (1909). Denifle y a relevé un certain nombre d'inexactitudes (DENIFLE, op. cit.). Les œuvres de Calvin forment 59 vol. de l'édition de Brunswick, Corpus reformatorum, commencée en 1860 par BAUM, CUNITZ et Ed. REUSS, et achevée en 1900 par ERICHSON, édition critique et complète qu'on ne recommencera pas de sitôt (H. HAUSER, Les sources de l'hist. de France, XVIe siècle, Paris, 1909, p. 63). Les œuvres de Melanchton forment les volumes I à VII du Corpus Reformatorum[8].

VI. — Sur le Concile de Trente, les deux principaux historiens sont Paolo SARPI, Hist. du Conc. de Trente, trad. LE COURRAYER, 1 vol. Amsterdam, 1736, et Sforza PALLAVICINI, Hist. du Conc. de Trente, trad. fr., édit. Migne, 3 vol. Sarpi est informé, mais il est malveillant (M. de SICKEL, Préface à l'ouvr. de SUSTA, Die römische Curie und der Concil von Trient, Vienne, 1904) et il écrit avec un parti pris de dénigrement (RANKE, Hist. de la Papauté, I, 415). Pallavicini est d'une scrupuleuse exactitude (RANKE, I, 417) mais il a trop l'air de plaider une cause (SICKEL, ibid). Les historiens plus récents, PRAT, Hist. du Conc. de Trente, 3 vol. Bruxelles, 1854, et BAGUENAULT DE PUCHESSE, Hist. du Conc. de Trente, 1 vol. in-8°, Paris, 1870, n'ont pu s'appuyer que sur des documents incomplets tels que les Monumenta Conc. Trid. de LE PLAT 7 vol. Louvain 1781-1787. On a reproché à THEINER, Acta genuina conc. trid., Agram et Leipsig, 1874, d'avoir été influencé par des préjugés hostiles à la Papauté. Les publications de la Gœrresgesellschaft donneront enfin la collection complète et critique des documents relatifs au concile. Un volume de Journaux du Concile (Diariorum pars prima) a déjà été publié par M. MERKLE, Fribourg-en-Brisgau, 1901, et un volume d'Actes a été édité par Mgr EHSES en 1904.

L'action réformatrice des Papes du XVIe siècle a été étudiée d'une manière impartiale et d'après des documents d'archives par RANKE ; Hist. de la Papauté pendant les XVIe et X Vile siècle, trad. 'imam, 3 vol. Paris, 1848.

VII. — Sur le mouvement réformateur de la vie monastique et religieuse, qui se produisit au XVIe siècle, l'ouvrage le plus étendu et le plus complet est l'Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations séculières de l'un et l'autre sexe, par Pierre HELYOT, religieux du tiers-ordre de saint François, 8 vol. in-4°, Paris, 1714-1721. Les Pères de la Compagnie de Jésus ont commencé en 1894 la publication des Monumenta historica Societatis Jesu, d'après les archives de leur Ordre. Sur le progrès des sciences ecclésiastiques à partir du Concile de Trente, voir le Nomenclator litterarius du P. HURTER, 3 vol. in-8°, Fribourg en Brisgau, 18914895, qui, en dépit de son titre, n'est pas une simple nomenclature, mais un recueil de notices biographiques et bibliographiques très précieuses sur les théologiens et autres écrivains ecclésiastiques de cette époque, et constitue le meilleur répertoire bio-bibliographique mis au courant (H. STEIN, Manuel de bibliographie générale, Paris, 1807 p. 59).

VIII. — Les collections de la Revue d'histoire ecclésiastique de Louvain, de la Revue des questions historiques, (directeurs : Paul ALLARD et Jean GUIRAUD), de la Revue historique (directeur : Gabriel MONOD), de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes et de la Revue de Synthèse historique, la Biographie universelle de FELLER, rééditée par WEISS, (45 vol. in-8°) et la Nouvelle biographie générale, de HŒFER, (46 vol. in-8°), seront d'un grand secours pour l'étude de l'histoire de l'Église dans les temps modernes. Ce dernier ouvrage est le meilleur dictionnaire bio-bibliographique que nous possédions, au moins jusqu'à la lettre L, car, à partir de cette lettre, il est, suivant l'expression de M. Langlois scandaleusement écourté (Manuel de bibliograph. historique, p. 95)[9].

Il n'existe pas, sur l'époque de la Renaissance et de la Réforme, de répertoire bibliographique analogue à ceux que M. le Chanoine Chevalier a publiés sur le Moyen-Âge. Le Dictionnaire de bibliographie catholique de PÉRENNÈS, suivi d'un Dictionnaire de bibliologie par G. BRUNET, publié par l'abbé Migne, Paris, 1858-1860, 5 vol. in-4°, rendra des services. On trouvera des bibliographies spéciales sur l'époque de la Renaissance dans HERGENRÖTHER-KIRSCH, Handbuch der allgemeinen Kirchengeschichte, t. III, Fribourg en Brisg., 1907-1909 ; PASTOR, Geschichte der Papste, t. I-V ; JANSSEN-PASTOR, Geschichte des deutschen Volkes seil dem Ausgange des Mittelalters ; TRÉSAL, Les origines du schisme anglican ; L'Histoire de France de LAVISSE, t. V et VI. — La bibliographie publiée depuis 1890 par la Revue d'histoire ecclésiastique de Louvain constitue un instrument de travail d'une grande valeur. On y trouve, à côté des ouvrages concernant l'histoire ecclésiastique, la mention des principales recensions qui en ont été faites dans les Revues du monde entier.

 

Les documents et ouvrages d'un intérêt plus spécial sont cités au bas des pages du présent volume.

 

 

 



[1] Les documents d'Archives se rencontrent à partir du XIIe siècle ; dès lors leur Importance va croissant ; elle devient capitale au XIVe siècle

[2] A compter du XIVe siècle, les registres des bulles sont généralement séparée des registres des brefs. Ceux-ci constituent la source la plus importante pour l'histoire générale de l'Eglise aux XIVe et XVe siècles.

[3] Voir dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, de novembre-décembre 1909, l'état actuel de la publication des Registres des Papes par l'Ecole française, d'après un rapport de M. Haussoullier.

[4] Cf. PALMIERI, Ad vaticani archivi romanorum pontificum regesta manuductio, Rome, 1884 ; Louis GUÉRARD, Petite introduction aux inventaires des archives du Vatican, Rome-Paris, 1901 ; Dr Gisbert BROM, Guides aux Archives du Vatican, Rome, 1910.

[5] Le Catalogue des Manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, par le P. Van den Gheyn est parvenu au tome VIII, paru en 1908.

[6] Pour plus de détails, voir Charles MŒLLER, Introduction critique à l'histoire moderne, Matériaux et littérature, 1 vol. in-8°, Louvain, 1891, et LANGLOIS, Manuel de bibliographie historique, Paris, 1904.

[7] La librairie Letousey et Ané annonce la prochaine réimpression de cet ouvrage, accompagné de notes critiques, par l'abbé VOGT.

[8] Une édition critique de l'Histoire des variations de Bossuet, cet ouvrage vraiment scientifique et presque aussi digne de l'estime des historiens que de celle des lettrés (RÉBELLIAU, Bossuet historien du protestantisme, p. 10) va bientôt paraître à la librairie Bloud.

[9] On consultera avec fruit les notices historiques, signées HEMMER, DE LA DENVIÈRE, etc., dans le Dictionnaire de théologie de VACANT-MANGENOT. Un dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique, publié sous la direction de Mgr BAUDRILLART et de MM. VOGT et ROUZIÈS, est en cours de publication à la librairie Letousey et Ané.