HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

TROISIÈME PARTIE. — L'ORGANISATION DE LA CHRÉTIENTÉ

 

 

Ni le concile œcuménique de Latran, ni l'extinction de la maison impériale de Franconie en la personne d'Henri V, n'ont mis fin à tout conflit. Sous la domination des Hohenstaufen, l'Eglise aura encore de rudes combats à soutenir. Mais les conditions de la lutte sont changées. De la longue querelle des investitures, l'Empire s'est retiré affaibli ; l'Eglise en sort dégagée de ses entraves féodales. De là, une double conséquence : l'Empire, épuisé par les complots incessants d'une féodalité remuante et par ses ambitions de conquêtes en Italie, n'aura plus la force de se donner la constitution puissante dont il aurait besoin ; tandis que la papauté se trouvera capable, tout en résistant aux ennemis extérieurs et intérieurs de l'Eglise, d'organiser la chrétienté. D'ailleurs le Saint-Empire-Germanique ne sera plus la seule grande puissance en Europe. Une nation que de sages institutions monarchiques ont grandie, et sur laquelle les croisades ont jeté un grand éclat de valeur chevaleresque, la France, gouvernée par le plus juste et le plus saint des rois, Louis IX, prêtera à l'Eglise son appui. Grâce au concours providentiel de ces circonstances, les papes du une siècle, et parmi eux le pape Innocent III, doteront le monde de ces grandes institutions religieuses, politiques, sociales, littéraires et artistiques, qui font la gloire du Moyen Age.