HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

INTRODUCTION.

 

 

La période historique qui s'étend de la chute de l'Empire romain d'Occident, en 476, à la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, a reçu le nom de Moyen Âge. On a ainsi voulu désigner la transition entre l'âge antique et l'âge moderne.

Cette importante période de l'histoire a été successivement l'objet d'un dédain, d'un dénigrement et d'un engouement excessifs.

Les purs lettrés de la Renaissance ne virent d'abord, dans cette phase de dix siècles où l'on parlait si mal le latin, qu'une époque d'ignorance et de grossièreté. C'était pour eux une longue nuit de mille ans entre deux époques de lumière : l'époque de l'antiquité païenne, dont ils ne considéraient que la littérature à son âge d'or, et celle de la Renaissance de l'antiquité, qu'ils saluaient de leurs espérances enthousiastes[1].

Le XVIIe siècle passa du dédain à la haine. Pour les philosophes de l'Encyclopédie, le Moyen Age commence à l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, qui détruit le patrimoine intellectuel de l'humanité et se clôt aux bûchers de l'inquisition, qui brûlent ceux qui travaillent à reconstituer ce patrimoine. A leurs yeux, le Moyen Age, c'est la période maudite de la tyrannie ecclésiastique, de l'ignorance et de la pure barbarie.

Les études d'histoire nationale que le patriotisme allemand suscita vers la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, firent naître le Romantisme et, avec lui, le culte du Moyen Age.

Né de l'autre côté du Rhin, de l'œuvre de Wackenroder, le Romantisme se propagea en Angleterre avec Walter Scott et en France avec Châteaubriand. Dès lors, on ne rêva plus que de cathédrales gothiques, de guerriers à cottes de mailles, et de dames à grand hennin. Les plus libres enfants du siècle furent hantés par les visions des Moines et des Chevaliers.

Que j'aime à voir, près de l'austère

Monastère,

Au seuil du baron feudataire,

La croix blanche et le bénitier !

chantait Alfred de Musset en 1828.

Les sévères méthodes historiques, que les travaux de notre Ecole des Chartes et des universités allemandes firent prévaloir dans le cours du XIXe siècle, amenèrent peu à peu les historiens à une vue plus juste de l'époque médiévale. Aujourd'hui, aux yeux des savants les plus réputés, le Moyen Age apparaît, suivant les expressions de l'un d'entre eux, comme l'une des périodes les plus fécondes de l'histoire, la période où se forment les nations de l'Europe nouvelle, où se crée une civilisation très différente de la civilisation gréco-romaine, mais qui, à certains égards, ne lui est pas inférieure[2]. Plus explicitement, on peut dire qu'une science mieux informée que celle des Humanistes, plus juste que celles des encyclopédistes et plus profonde que celle des Romantiques, conçoit, de nos jours, la période qui s'est écoulée depuis le Ve siècle jusqu'au XIVe, comme une époque d'activité intellectuelle et politique des plus intenses, qui, sous la direction de l'Eglise romaine, a eu pour résultats la formation de l'Europe moderne et sa pénétration profonde par l'esprit catholique.

Le déchiffrement d'un grand nombre de chartes anciennes, la publication d'une multitude de monographies, nous ont permis d'abord de reconstituer ce prodigieux développement d'activité intellectuelle qui remplit le Moyen Age. On connaît mieux qu'autrefois ces écoles monastiques, épiscopales et palatine, que créa l'activité de Charlemagne. On est plus documenté sur ces controverses du Ixe siècle, où s'illustrèrent un Scot Erigène et un Hincmar de Reims, sur l'œuvre immense d'un Pierre Lombard, sur ce foyer de science, de mysticisme et de poésie que fut le monastère de Saint-Victor. On a fait revivre cette grande Université de Paris qui, au XIIIe siècle, groupa tant de jeunes étudiants, réunis en corps de nations. On ne nie plus l'existence d'un mouvement intellectuel qui va de Charlemagne à Pétrarque, et l'on n'hésite plus à le rattacher à la brillante Renaissance du XVIe.

L'incomparable activité politique et sociale de cette époque a été pareillement mise en évidence par les travaux du dernier siècle.

Tant de lois barbares, où l'Eglise s'efforça de faire entrer l'esprit chrétien, tant d'assemblées nationales et de conciles où la vie parlementaire s'ébaucha, tant de négociations politiques entreprises par les Papes pour assurer la bonne harmonie des peuples chrétiens et pour les prémunir contre les infidèles, tant d'énergie dépensée à garantir les libertés communales et les franchises corporatives, tant d'efforts persévérants employés à maintenir cette distinction du spirituel et du temporel que l'antiquité païenne n'avait pas connue, ne nous autorisent-ils pas à considérer le Moyen Age comme la féconde période d'incubation des temps modernes ?

Le Moyen Age, dit M. E. Lavisse[3], a ébauché les nations qui se sont achevées au cours de notre siècle. Le Moyen Age et notre siècle sont les deux époques les plus importantes dans l'histoire de l'Europe, j'entends l'histoire politique proprement dite.

L'histoire de l'Europe, dit le même historien[4], aurait été toute différente, nos ancêtres auraient trouvé d'autres conceptions politiques, comme d'autres sentiments et d'autres passions, si l'Eglise et la Papauté ne leur avaient proposé un idéal qui les a dominés... Supprimez la Papauté : du même coup disparaissent la communauté de la civilisation ecclésiastique et chrétienne où les peuples sont demeurés longtemps confondus... L'histoire du monde ancien est oubliée : Charlemagne n'est point le successeur des Césars, Otton ne fonde pas le Saint-Empire. La querelle du spirituel et du temporel, qui fut la grande guerre civile du Moyen Age, n'a pas de raison d'être. pas plus que l'accord du monde chrétien contre l'Infidèle : l'épée du chevalier n'est pas bénite par le prêtre et l'histoire ne racontera pas le poème des croisades.

Pendant cette période de dix siècles, l'Eglise chercha surtout à pénétrer le monde barbare de son esprit. Figurez-vous, dit à ce sujet un de nos critiques les plus délicats[5], figurez-vous ce que serait notre littérature moderne, notre pensée moderne, si l'on en retranchait l'histoire de ces conciles, de ces ordres religieux et de ces Papes qui, pendant mille ans, ont gouverné par des bulles ce monde, que les vieux Romains ne retenaient qu'à peine sous le joug avec leurs empereurs et leurs légions.

Sans doute, il y eut, dans ce mouvement, des heurts pénibles, des mouvements de recul et de lamentables défaillances. Les hommes de ce temps péchèrent gravement, tantôt par une exubérance de fougue passionnée, tantôt par un idéalisme naïf et par un imprudent oubli des droits de la critique. Autour de saint François d'Assise et de saint Louis, il semble bien qu'on cherche encore trop à trancher les questions intellectuelles par l'autorité d'Aristote et les questions politiques et religieuses par la peur du bûcher. Mais se plaindre que la transformation n'ait pas été plus rapide, serait méconnaître les lois du développement des idées et des institutions humaines.

Ce que l'histoire de nos jours a pleinement révélé, c'est que l'Eglise ne cessa jamais de veiller sur ces abus et de les réprimer avec une patience invincible. En des pages brillantes, M. Taine a décrit ce rôle de l'Église éducatrice du monde barbare. Pendant plus de cinq cents ans, l'Eglise sauve ce qu'on peut encore sauver de la culture humaine. Elle va au-devant des barbares ou les gagne aussitôt après leur entrée... Devant l'évêque en chape dorée, devant le moine vêtu de peaux, le Germain converti a peur : la divination vague d'un au-delà mystérieux et grandiose, le sentiment obscur d'une justice inconnue, le rudiment de conscience qu'il avait déjà dans ses forêts d'Outre-Rhin, se réveille en lui par des alarmes subites, en demi-visions menaçantes. Au moment de violer un sanctuaire, il se demande s'il ne va pas tomber sur le seuil, frappé de vertige ; il s'arrête, épargne la terre, le village, la cité qui vit sous la sauvegarde du prêtre. D'autre part, parmi les chefs de guerre aux longs cheveux, à côté des rois vêtus de fourrures, l'évêque mitré et l'abbé au front tondu siègent aux assemblées ; ils sont les seuls qui tiennent la plume, qui sachent discourir. Secrétaires, conseillers, théologiens, ils participent aux édits, ils ont la main dans le gouvernement, ils travaillent par son entremise à mettre un peu d'ordre dans le désordre immense, à rendre la loi plus raisonnable et plus humaine, à rétablir ou à maintenir la piété, l'instruction, la justice, la propriété et surtout le mariage... Dans ses églises et dans ses couvents, l'Église conserve les anciennes acquisitions du genre humain, la langue latine, la littérature et la théologie chrétiennes, une portion de la littérature et des sciences païennes, l'architecture, la sculpture, la peinture, les arts et les industries qui servent au culte, les industries plus précieuses qui donnent à l'homme le pain, le vêtement et l'habitation, surtout la meilleure de toutes les acquisitions humaines et la plus contraire à l'humeur vagabonde du barbare pillard et paresseux, je veux dire l'habitude et le goût du travail. Au pain du corps ajoutez celui de l'âme, non moins nécessaire ; car, avec les aliments, il fallait encore donner à l'homme la volonté de vivre, ou tout au moins la résignation qui lui fit tolérer la vie. Jusqu'au milieu du XIIIe siècle, le clergé s'est trouvé presque seul à la fournir. Par ses innombrables légendes de saints, par ses cathédrales et leur structure, par ses statues et leur expression, par ses offices et leur sens encore transparent, il a rendu sensible le royaume de Dieu, et dressé le monde idéal au bout du monde réel, comme un magnifique pavillon d'or au bout d'un enclos fangeux... Pendant plus de douze siècles, le clergé a nourri les hommes de cet idéal, et, par la grandeur de sa récompense, on peut estimer la profondeur de leur gratitude. Ses Papes ont été pendant deux cents ans les dictateurs de l'Europe. Ne croyons pas que l'homme soit reconnaissant à faux et donne sans motif valable ; il est trop égoïste et trop envieux pour cela. Quel que soit l'établissement, ecclésiastique ou séculier, quel que soit le clergé, les contemporains qui l'observent pendant quarante générations ne sont pas de mauvais juges ils ne lui livrent leurs volontés et leurs biens qu'à proportion de ses services, et l'excès de leur dévouement peut mesurer l'immensité de son bienfait'[6].

 

Le présent volume n'aura pas à raconter le plein triomphe de l'esprit chrétien sur le monde barbare. Les cinq siècles qui feront l'objet de notre étude ne nous montreront que l'élaboration patiente, douloureuse, et parfois tragique, de cet idéal de la Chrétienté, que l'Église poursuivit à travers tant de vicissitudes.

Trois sortes d'ouvriers travaillèrent à cette œuvre : des Papes, des Évêques et des Princes chrétiens.

Il s'agissait avant tout de fortifier l'Eglise dans son centre : ce fut la première tâche. Elle s'imposa aux préoccupations des Papes, en particulier de saint Grégoire le Grand[7].

La puissance du Saint-Siège une fois solidement établie, l'Eglise put sans péril rayonner, par ses missionnaires, dans le monde barbare. Ce fut la mission de ces grands Evêques qui, non seulement firent la France, comme on l'a dit, mais aussi l'Angleterre, l'Allemagne et les autres nations ainsi que des abeilles font leur ruche[8]. Le type de ces évêques missionnaires est l'apôtre de la Germanie, saint Boniface.

Quand les peuples barbares furent convertis, l'Eglise s'appliqua à grouper les nations chrétiennes en une vaste et puissante Fédération, qui s'appela la République chrétienne ou la Chrétienté. Dans cette œuvre, les Papes et les évêques furent secondés par les princes chrétiens, dont le plus grand fut Charlemagne.

Au moment où ces trois œuvres paraissaient définitivement accomplies, le démembrement de l'empire carolingien et les bouleversements politiques et sociaux qui s'ensuivirent au cours des IXe et Xe siècles, amenèrent une crise religieuse dont la Papauté eut beaucoup à souffrir. Mais Dieu n'abandonna pas son Eglise. Aux heures les plus sombres de cette crise, on vit se dresser la haute et majestueuse figure du Pape saint Nicolas Ier, qui affirma les droits du Saint-Siège avec une autorité souveraine ; et c'est sous le plus humilié des pontificats que fut restaurée la grande œuvre de Charlemagne : l'indigne Jean XII devint lui-même l'instrument de la Providence en rétablissant le Saint-Empire en la personne d'Otton Ier. Cette puissante institution, en ressoudant l'alliance du Pape, des évêques et des princes chrétiens, devait, malgré bien des luttes pénibles, sauvegarder, en somme, pendant plusieurs siècles, l'unité politique de l'Occident, et, dans une certaine mesure, l'idéal de la Chrétienté.

 

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

SUR LES PRINCIPAUX DOCUMENTS ET OUVRAGES CONSULTÉS

I. — Le LIBER PONTIFICALIS est un recueil de biographies des Papes, depuis saint Pierre jusqu'à Etienne V (†891). Au point de vue de l'autorité historique, on peut le diviser en deux parties. La plus ancienne, qui va jusqu'en 530, est l'œuvre d'un clerc de Rome contemporain de Boniface II (530-532) : elle est peu sûre et con tient beaucoup d'anachronismes et de détails de pure invention. Ce travail a été complété à partir du VIe siècle par des auteurs inconnus, qui ont écrit généralement à des dates très rapprochées de la mort du pontife dont ils donnent la biographie. Quelques rédacteurs, en complotant la collection, se permettaient de remanier les biographies antérieures. Malgré tout, cette seconde partie constitue un document historique de premier ordre. Deux éditions savantes du Liber Pontificalis ont été données. Celle de Théodore Mommsen, qui fait partie des Monumenta Germaniæ historica, ne va que jusqu'au Pape Constantin (†715) ; elle est faite à un point de vue purement et exclusivement critique. Celle de Mgr Duchesne (2 vol. in-4°, Paris, Thorin, 1886-1892) est complète et enrichie d'une Introduction et de nombreux éclaircissements historiques.

II. — Les REGESTA PONTIFICUM ROMANORUM (4 vol. in-4°, Berlin, 1874-1883), entrepris par Ph. Jaffé et A. Potthast, lorsque ces deux savant› se séparèrent de la société des Monumenta Germaniæ à la suite de difficultés avec Pertz, donnent, année par année et jour par jour, les extraits les plus importants des actes de la chancellerie pontificale, critiqués et annotés, avec références aux collections qui contiennent les documents en entier.

III. — L'ouvrage de Mansi, SACRORUM CONCILIORUM NOVA ET AMPLISSIMA COLLECTIO (31 vol. in-f°, Florence et Venise, 1759-1798) est, malgré ses défauts, ses répétitions et quelque désordre dans la disposition des pièces, la collection la plus riche que nous possédions sur les Conciles. Mais elle ne va que jusqu'en 1439 et n'a pas de table des matières. Une réédition, entreprise par l'éditeur Welter, au moyen du procédé anastatique, comprendra 10 à 12 volumes de Continuation et Tables. Les autres collections de Conciles sont celles de Labbe et d'Hardouin.

IV. — Les MONUMENTA GERMANIÆ HISTORICA, entrepris en 1824, sous la direction de C.-H. Pertz, hanovrien, et dont la publication se poursuit, comprennent six sections : 1 Scriptores, 2 Leges, 3 Diplomata, 4 Epistolæ, 5 Antiquitates, 6 Auctores antiquissimi. L'information et l'habileté technique des éditeurs des Monumenta Germaniæ laissent peu à désirer.

V. — La PATROLOGIE LATINE et la PATROLOGIE GRECQUE de l'abbé Migne, un des polygraphes et des compilateurs les plus extraordinaires que mentionne l'histoire de l'érudition (Ch.-V. Langlois, Manuel de bibliographie historique, p. 399), ne comprennent pas seulement des textes de Pères, mais la réimpression de très nombreux documents de toutes sortes, lettres, diplômes, annales, histoires, etc., ordinairement empruntés aux éditions des Bénédictins. La Patrologie latine comprend 221 vol. in-4°, dont quatre volumes de tables. La Patrologie grecque a 161 tomes en 166 volumes. Une table en a été donnée par D. Scholarios (Athènes, 1883, in-4°).

VI. — Les ACTA SANCTORUM, entrepris par le P. Rossweyde et poursuivis par le P. Jean Bolland au XVIIe siècle, comprennent actuellement 64 volumes in-f°. Le monde savant est unanime à reconnaître les mérites de ce recueil de critique aussi hardie et honnête que possible (Langlois, Manuel, p. 292). Les éditeurs ont recueilli, à titre de matériaux, toutes les légendes qu'ils ont rencontrées, de telle sorte que le Président actuel des Bollandistes, le P. de Smedt, a pu dire : Si les Bollandistes croyaient positivement à tous les miracles et à toutes les révélations qu'ils publient, il n'y aurait pas d'hommes d'une crédulité plus robuste[9]. La publication des Acta sanctorum est complétée par la revue Analecta bollandiana.

VII. — Le RECUEIL DES HISTORIENS DES GAULES ET DE LA FRANCE, entrepris au XVIIIe siècle par Dom Martin Bouquet, religieux bénédictin de Saint-Maur, qui en publia les huit premiers volumes (1737-1752), fut continué jusqu'au tome XIII par des religieux de son Ordre. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en poursuit la publication, 23 vol. in-f°.

VIII. — L'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE, commencée par Dom Rivet au XVIIIe siècle, a également passé du patrimoine des Bénédictins à celui de l'Institut. Il existe une table générale des treize premiers volumes par C. Rivain, Paris, Palmé, 1875, in-4°.

IX. — Les CAPITULARIA REGUM FRANCORUM (additæ sunt Marculfi monachi et aliorum formulæ), 2 vol. in-f° d'Eugène Baluzo (Paris, 1677), doivent être complétés et contrôlés par les Capitularia regum francorum de Boretius, Hanovre, 1881, et par les Formulæ de Zeumer, Hanovre, 1832.

X. — Les SCRIPTORES RERUM ITALICARUM de Muratori, le père de la critique historique italienne, en 27 vol. in-f° (Milan, 1723-1751) constituent, suivant M. Langlois, le plus beau et le plus homogène des recueils nationaux du même genre (Manuel de bibli. hist., p. 328).

XI. — Le CORPUS SCRIPTORUM HISTORIÆ BYZANTINÆ, édité à Bonn, de 1828 à 1897, en 50 vol. in-8°, est connu sous le nom (le Byzantine de Bonn ou de Byzantine de Niebuhr. Mais le grand historien n'a fait que surveiller pendant les dernières années de sa vie les premiers volumes de cette collection, qui n'a pas remplacé la Byzantine du Louvre (Byzantinæ historiæ scriptores varii, 47 vol. in-f° avec Introduction de Labbe, Paris, 1648-1711).

XII. — Le GLOSSARIUM AD SCRIPTORES MEDLÆ ET INFIMÆ LATINITATIS, de du Cange (Paris, 1678, 3 vol. in-f°. Edition Favre, Paris, 1883-1887, 10 vol. in-4°). Il n'est pas, en dépit de son titre, un travail lexicographique sur le latin du Moyen Age ; c'est une encyclopédie des choses du Moyen Age, suivant l'ordre alphabétique des mots latins qui servent à les désigner (Langlois, op. cit., 306).

XIII. — L'ORIENS CHRISTIANUM de Le Quien (3 vol. in-f°, Paris, 1740), et la BIBLIOTHECA ORIENTALIS, de Simon Assemani (1 vol. in-f°, Rome, 1719-1728) sont pleins de renseignements précieux sur l'histoire et les institutions religieuses de l'Orient.

XIV. — L'ANCIENNE ET NOUVELLE DISCIPLINE DE L'ÉGLISE, du P. Thomassin, de l'Oratoire (Paris, 1678), reste, malgré beaucoup de travaux récents sur le même sujet, le plus précieux travail d'ensemble sur la question.

XV. — La BIBLIOTHECA MEDII ÆVI DE POTTHAST (2 vol. in-8°, Berlin, 1895-1896) donne la liste méthodique et alphabétique de toutes les collections de Chroniques du Moyen Age, avec indication dei manuscrits, des éditions, des traductions et des commentaires.

Pour les ouvrages et articles de Revue sur des personnages ou sur des questions spéciales, on ne peut que s'en référer à l'important travail de M. l'abbé Ulysse Chevalier, RÉPERTOIRE DES SOURCES HISTORIQUES DU MOYEN ÂGE. La première partie, ou Biobibliographie (Paris, 1903, 2e édition) renseigne sur les hommes; la seconde partie, ou Topo-bibliographie, renseigne sur les lieux, les événements et les institutions (Paris, 1894-1906). Une troisième partie aura pour titre : Dictionnaire des auteurs du Moyen Age.

 

On trouvera au bas des pages l'indication des ouvrages plus spéciaux qui ont été utilisés dans le présent volume.

 

 

 



[1] Le nom de Moyen Age parait avoir été emprunté par l'histoire à la philologie des humanistes. La période qui s'étend du Ve au XVIe siècle est en effet, celle dont du Cauze établie la langue dans son Glossarium MEDII et infimæ latinitatis. La première histoire du Moyen Age est celle de l'allemand Christophe Keller (Collarius), Historia medii ævi, Iéna, 1688. Employée en passant par Voltaire, l'expression n'est devenue courante qu'au début du XIXe siècle. Les romantiques la mirent à la mode. Les programmes officiels de la Restauration la consacrèrent et l'Académie l'admit dans la sixième édition de son Dictionnaire, en 1835. (Cf. G. KURTH, Qu'est-ce que le Moyen Age, Paris, Bloud).

[2] LAVISSE et RAMBAUD, Histoire générale, tome I, p. 1. Pour Auguste Comte, le Moyen Age est l'époque où le monde a été le mieux organisé, c'est l'empire romain revivant spirituellement, groupant les âmes européennes en un seul faisceau et suscitant les seules grandes choses qui se soient faites alors. Cf. E. FAGUET, Politiques et moralistes du XIXe siècle ; 2e série, Auguste Comte. BRUNETIÈRE, Les chemins de la croyance ; l'utilisation du positivisme.

[3] E. LAVISSE, Vue générale sur l'histoire politique de l'Europe, avant-propos, p. VII.

[4] Revue des Deux-Mondes, 15 décembre 1886. L'entrée en scène de la papauté par E. LAVISSE, p. 843.

[5] SILVESTRE DE SACY, Préface aux Lettres de saint François de Sales, p. VI-IX, Paris, 1865.

[6] H. TAINE, Les origines de la France contemporaine, l'ancien régime, p. 4-9.

[7] Cet affermissement de l'Église en son centre, cet accroissement de puissance temporelle de la Papauté fut plutôt le résultat d'événements providentiels que d'un dessein prémédité des Papes. Saint Grégoire le Grand, en abordant le souverain pontificat, est effrayé de la responsabilité qui lui incombe et son premier mouvement est d'en écarter le fardeau.

[8] Cette parole ce sont les évêques qui ont fait la France comme les abeilles font leur ruche est souvent attribuée à l'historien protestant Gibbon. Il n'en a écrit que la première partie : ce sont les évêques qui ont fait la France. C'est Joseph de Maistre qui a ajouté comme les abeilles font leur ruche. Cf. GIBBON, Hist. de la décadence et de la chute de l'empire romain, VII, 19. DE MAISTRE, Principes généraux des constitutions politiques, LXV.

[9] CH. DE SMEDT, Des devoirs des écrivains catholiques, p. 16.