HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

DEUXIÈME PARTIE. — Le catholicisme, religion d'État

 

 

Jamais les circonstances n'avaient paru présager à l'Eglise un avenir plus prospère. Quand le génie de Constantin, avec un sens des réalités politiques et une hauteur de vues que peu d'hommes d'Etat ont égalés, libérait l'Eglise de ses entraves et préparait son hégémonie, le mouvement intellectuel qui devait donner à la pensée chrétienne des maîtres incomparables était à peine ébauché. Plus tard, lorsque les Hilaire, les Basile, les Ambroise, les Jérôme et les Chrysostome parurent, les pâles successeurs du grand empereur n'apportaient à la poursuite de son œuvre ni sa vaste intelligence ni sa constante fidélité.

Les dernières années du Ve siècle vont offrir un plus merveilleux spectacle. La grandeur est partout, dans la chaire chrétienne comme sur le trône impérial. Si Théodose n'apporte pas dans son gouvernement le ferme équilibre de Constantin, il possède un esprit chrétien plus dégagé des influences païennes ; et saint Ambroise, saint Jérôme, saint Chrysostome, saint Augustin, arrivés à la pleine maturité de leur talent, vont donner au monde ces trésors de science, d'éloquence et de sainteté, que l'Eglise n'a plus revus avec une telle abondance au cours des siècles.

De 379 à 395, une série de lois, de plus en plus restrictives, portées contre le paganisme, aboutissent à une interdiction absolue des pratiques idolâtriques ; l'eunoméisme, l'arianisme, l'apollinarisme, le priscillianisme, le macédonianisme, le manichéisme, toutes les hérésies, sont impitoyablement poursuivies ; la religion chrétienne triomphe dans toute la splendeur de son culte et dans toute la pureté de son orthodoxie. De la mort de saint Basile, en 379, à la prise de possession du siège d'Hippone par saint Augustin, en 395, saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme, saint Ambroise, saint Epiphane, saint Paulin de Nole, Didyme l'Aveugle, Cassien, Rufin, saint Augustin lui-même, remplissent l'Orient et l'Occident de leurs chefs-d'œuvre. En 381, le concile œcuménique de Constantinople confirme et complète l'œuvre du concile de Nicée.

La mort de Théodose, en 395, arrête malheureusement la marche de son œuvre de propagande catholique et de civilisation. Mais les principaux résultats de son action politique et religieuse ne périront pas, et, quoique tous les actes de Théodose le Grand ne méritent pas l'approbation d'une conscience chrétienne, il n'est pas d'empereur romain à qui l'Eglise doive une plus profonde reconnaissance, après Constantin le Grand.