HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

INTRODUCTION.

 

 

Deux grands faits dominent la période deux fois séculaire dont nous allons raconter l'histoire : tandis que l'empire romain, sous les chocs répétés des Barbares et sous le poids de sa propre corruption, tombe en ruines, entraînant dans sa chute l'idolâtrie païenne, l'Eglise catholique, épurée par la persécution, enrichie de tout ce qu'elle a recueilli de bon, de vrai et de beau dans l'héritage du monde gréco-romain, s'organise pour civiliser le monde barbare.

Le récit du premier de ces faits ne nous fournira guère que le cadre général de notre histoire. Nous y verrons les derniers empereurs romains, dans leur commun dessein de sauver l'empire, faire appel à des forces diverses : Constantin invoque le secours du christianisme ; Constance s'appuie sur l'hérésie ; Julien l'Apostat a recours au paganisme ; Théodose reprend enfin le dessein de Constantin.

Le second fait constitue une œuvre plus intérieure et plus profonde. Des hommes de science et de vertu, que la postérité appellera les Pères de l'Eglise[1], s'appliquent à développer le dogme, la morale et la vie ascétique du christianisme ; et leur action est si féconde, qu'ils ont donné leur nom aux deux siècles qui se sont glorifiés de leurs travaux. Par opposition à l'âge des martyrs, qui les a précédés, les IVe et Ve siècles de l'ère chrétienne sont, en effet, généralement désignés sous le nom d'âge des Pères de l'Eglise.

Tous les grands hommes à qui les chrétiens ont décerné ce titre glorieux n'ont pas vécu dans cette période. Leur longue série remonte à saint Clément de Rome, qui vécut au temps des apôtres, et se poursuit jusqu'à saint Bernard, qui illustra le XIIe siècle. Mais le groupe des écrivains ecclésiastiques qui vécurent depuis l'édit de Milan jusqu'à la chute de l'empire se distingue par plusieurs caractères qui lui font une place à part dans l'histoire du christianisme.

Tout d'abord, la littérature patristique des IVe et Ve siècles est particulièrement féconde. Dans tous les domaines, elle se déploie avec une infatigable activité. L'apologétique, la polémique, l'exégèse scripturaire, la théologie dogmatique, la science des mœurs, l'ascétique, l'histoire et la poésie sacrée, sont cultivées avec une égale ardeur et un égal succès. Au lendemain de la paix constantinienne, alors que la vie matérielle de la société chrétienne semble désormais assurée, quand la crainte des persécutions est définitivement écartée, les esprits cultivés se portent avec une curiosité avide vers les grandes spéculations religieuses élaborées par l'école d'Alexandrie. Utiliser la langue et les concepts philosophiques de la science grecque pour formuler les sublimes mystères de la foi : telle est leur grande ambition. Avec plus d'élan dans Alexandrie, avec une méthode plus positive dans Antioche, avec une tendance plus traditionaliste en Cappadoce, les Pères orientaux se distinguent d'abord dans ce mouvement de science religieuse. L'activité latine ne donne son plein développement que plus tard, et dans un ordre d'idées plus spécialement pratiques.

Tandis qu'en Orient, les Athanase, les Basile, les Grégoire et les Cyrille scrutent la substance divine, élaborent une science de Dieu et du Christ ; en Occident, les Ambroise, les Jérôme, les Hilaire et les Augustin, épris d'une ardeur passionnée pour les questions de morale et de discipline, travaillent à édifier une science de l'homme et de l'Eglise. Un large courant d'idées circule d'ailleurs entre le monde grec et le monde latin ; saint Athanase, saint Jérôme et saint Hilaire en sont les traits d'union providentiels ; saint Augustin en construira la puissante synthèse ; et par lui tout le travail intellectuel de l'âge antique se transmettra au moyen âge et à l'âge moderne[2].

C'est encore un trait spécial de la patrologie des IVe et Ve siècles, d'avoir eu un caractère plus universel qu'aucun autre mouvement de la science chrétienne. Avant saint Athanase, la littérature religieuse, d'abord juive, puis alexandrine, avait été presque exclusivement orientale ; après saint Augustin, elle aura son principal développement en Occident ; pendant l'âge classique des Pères, elle rayonne partout.

On conçoit que, dans de pareilles conditions, l'action des Pères de cette époque ait été immense et sans aucune proportion avec l'action des groupes d'écrivains qui les ont précédés ou qui les ont suivis. De leurs travaux, les dogmes de la Trinité, de l'Incarnation, de la Rédemption et de la Grâce sortent presque entièrement élucidés ; les grands conciles de cette époque n'auront plus qu'à en promulguer les définitions infaillibles en vertu de leur suprême autorité. Par eux, les sophismes les plus subtils de l'hérésie sont percés à jour. Ils donnent, par rapport aux principales erreurs qui peuvent s'attaquer à l'idée de Dieu, à la divinité du Christ et aux conditions de salut de l'humanité, des réponses qu'on peut regarder, dans leur ensemble, comme définitives.

Car l'âge des Pères a pu être aussi appelé l'âge des grandes hérésies. Il faut qu'il y ait des hérésies, oportet hæreses esse, avait dit l'apôtre. Il le fallait, ne fût-ce que pour éveiller l'activité intellectuelle de l'Eglise. Saint Hilaire commence son immortel traité De la Trinité par déclarer que l'hérésie a aiguillonné son esprit. C'est en entendant les blasphèmes des hérétiques, s'écrie-t-il, que j'ai eu le courage et la force de gravir des cimes inaccessibles et de parler de sujets ineffables[3]. Il le fallait aussi, parce que Dieu, qui désire le développement de son Eglise jusqu'à la fin des siècles, semble vouloir en même temps qu'elle l'accomplisse toujours par la lutte. Pendant l'ère des persécutions sanglantes, les premiers pontifes avaient cimenté par le martyre le mouvement d'expansion et d'organisation de la primitive Eglise ; ce fut une autre sorte de martyre pour les docteurs qui leur succédèrent, que d'avoir à défendre pied à pied, contre les sophismes et les blasphèmes, à travers les persécutions, les injures et les calomnies, l'Eglise attaquée dans ses dogmes les plus essentiels, calomniée dans sa morale la plus pure ; mais de cette crise, ils virent le dogme catholique sortir triomphant, précisé et rajeuni.

La lutte contre les hérésies présentes ne fut pas la seule cause des douleurs de ces vénérables Pères. Dans les tendances de quelques docteurs orientaux, dans les actes politiques de certains empereurs, dans l'attitude jalouse des populations qui se groupaient autour de Constantinople, ils purent pressentir les causes lointaines d'un grand schisme. Mais si leur âme en gémit, leur foi n'en fut point ébranlée.

Tandis que toutes les sectes dissidentes, dans le schisme comme dans l'hérésie, s'accordaient sur un seul point, la haine de l'Eglise romaine, celle-ci, fidèle à ses plus anciennes traditions, méritait toujours par ses bienfaits, comme au temps de Clément de Rome, le titre de présidente de la charité. Tandis que chacune de ces sectes se donnait le nom de son chef ou de la localité qui l'avait vue naître, la voix commune des peuples réservait au seul groupement qui se rattachait à Rome le nom d'Eglise catholique. Tandis qu'ariens, donatistes, nestoriens, eutychiens, se divisaient et se subdivisaient en branches indépendantes, l'Eglise, fidèle aux pontifes romains, resserrait les liens de sa hiérarchie. L'Eglise romaine était donc bien, dans sa discipline comme dans son dogme, celle à qui Jésus avait prédit que les puissances de l'enfer ne prévaudraient point contre elle.

La marche des événements que nous nous proposons de raconter dans le présent volume comprend trois phases. Ces phases feront l'objet de trois parties.

De 313 à 379, sous des empereurs qui tantôt la protègent et tantôt la persécutent, l'Eglise affirme à Nicée les points contestés de sa foi, et les Pères défendent énergiquement cette foi, soit contre les derniers assauts de l'erreur païenne, soit contre les attaques de cette erreur demi-païenne qu'est la doctrine d'Arius. C'est la fin du paganisme.

De 379 à 395, pendant que Théodose reprend et complète la politique protectrice de Constantin, les Pères profitent de la bienveillance impériale pour combattre et démasquer les formes les plus diverses et les plus subtiles de l'hérésie. C'est le triomphe du christianisme comme religion d'Etat.

Enfin, de 395 à 476, tandis que la rivalité de Constantinople contre Rome prépare le futur schisme d'Orient, et que les attaques successives des Barbares affaiblissent l'Empire d'Occident, l'Eglise, de plus en plus affranchie de la tutelle impériale, et ne comptant plus que sur ses propres forces pour défendre son dogme et convertir les peuples nouveaux, regarde avec confiance l'avenir.

 

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRINCIPAUX DOCUMENTS ET OUVRAGES CONSULTÉS.

DOCUMENTS.

I. — Parmi les écrivains anciens qui nous renseignent sur l'histoire générale de l'Eglise durant le IVe et le Ve siècle, on doit compter, avant tous les autres, Eusèbe, Socrate, Sozomène, Théodoret et Évagre en Orient ; Rufin et Sulpice-Sévère en Occident.

Dans les cinq livres de la Vie de Constantin, EUSÈBE DE CÉSARÉE a raconté, avec beaucoup de détails et d'amplifications, ce que l'empereur fit pour l'Eglise depuis l'année 312 jusqu'à sa mort. Le récit a le ton d'un panégyrique, mais l'authenticité des seize documents contenus dans la Vie de Constantin est aujourd'hui universellement reconnue[4]. SOCRATE, dit le Scolastique ou l'Avocat, se donne comme le continuateur de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe. Son œuvre historique, qui porte le même titre, raconte les événements qui se sont écoulés de l'an 305 à l'an 439. Moins élégant qu'Eusèbe, il est plus clairvoyant dans la critique des sources, plus philosophe dans l'application des causes. SOZOMÈNE, dans les neuf livres de son Histoire ecclésiastique, qui vont de 324 à 425, emprunte beaucoup à Socrate, mais le complète par des renseignements précieux. On lui a reproché une excessive prédilection pour les récits merveilleux.

L'Histoire ecclésiastique de THÉODORET comprend, comme celle de Sozomène, une période d'environ un siècle. Elle s'étend de 323 à 428, en ayant surtout en vue ce qui concerne le patriarcat d'Antioche. La valeur de ces deux derniers ouvrages leur vient surtout des documents qu'ils contiennent et qui sont généralement reproduits en entier.

EVAGRE d'Antioche commence son récit à peu près à la date où l'a laissé Théodoret, et le poursuit jusqu'à la fin du VIe siècle. Son histoire est précieuse à cause des détails qu'il donne sur les controverses nestorienne et monophysite. Le premier essai d'histoire ecclésiastique en Occident est dû à RUFIN d'Aquilée, qui traduisit l'Histoire d'Eusèbe et la continua jusqu'en 395.

La Chronique ou Histoire sacrée de SULPICE-SÉVÈRE est une œuvre maîtresse par l'élégance et la pureté du style. Elle commence à la création du monde, mais n'a de valeur particulière que pour les dix dernières années, dont Sulpice-Sévère fut le témoin, spécialement pour l'histoire du priscillianisme.

Nous n'avons que quelques fragments de l'Histoire chrétienne écrite par PHILIPPE de Side et de l'Histoire ecclésiastique due à l'apollinariste TIMOTHÉE de Béryte. Nous possédons un extrait considérable de l'œuvre publiée, sous le même titre, par l'eunomien PHILOSTORGE, œuvre soignée, mais très partiale en faveur des ariens.

Ces diverses histoires ont été reproduites dans la Patrologie de Migne.

II. — On trouvera la plupart des documents relatifs à l'histoire des papes des IVe et Ve siècles, dans le Liber pontificalis, édition DUCHESNE, Paris, 1886-1892, t. I, et dans les Regesta pontificum romanorum de LIFTÉ, Leipzig, 1885, t. I. Les actes des conciles se rencontrent en plusieurs collections, dont la plus commode est celle de MANSI, rééditée, avec additions et suppléments, à Paris en 1900. Les actes relatifs à la période qui fait l'objet du présent volume se trouvent presque tous aux tomes III et IV. Les Acta sanctorum des BOLLANDISTES, dont 63 volumes in-folio ont déjà paru, donnent tous les documents qui se rapportent aux saints que l'Eglise honore. Les Inscriptiones christianæ urbis Romæ de J.-B. DE ROSSI (2 vol. in-4°, 1857 et s.) reproduisent les inscriptions chrétiennes de Rome antérieures au VIIe siècle. Le Corpus inscriptionum latinarum et le Corpus incriptionum græcarum, de l'Académie de Berlin (1829-1877), ajoutent aux inscriptions chrétiennes les inscriptions profanes.

Sous le titre général de Subsidia hagiographica, les Bollandistes ont réuni, en une série de volumes commodes à manier, le meilleur bénéfice de leurs recherches et de leurs méthodes. Ont déjà paru la Bibliotheca hagiographica græca, un vol. in-8°, e édit. refondue, Bruxelles, 1909, la Bibliotheca hagiographica orientalis, Bruxelles, 1909, et la Bibliotheca hagiographica latina, 2° édit. avec supplément, Bruxelles, 1911.

III. — Les documents les plus importants qu'on puisse consulter sur l'histoire des Pères de l'Eglise, sont les écrits mêmes des Pères. Ils forment toute une bibliothèque. On les trouve dans la Patrologie grecque (en 161 volumes) et dans la Patrologie latine (en 221 volumes) de MIGNE, Paris, 1844 et s.[5] ; dans le Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum de l'Académie de Vienne, Vienne, 1866 et s. ; dans les Monumenta Germaniæ historica : Auctores antiquissimi, Berlin, 1877-1878 ; dans la Patrologia orientalis de GRAPPIN et NAU, Paris, 1894 et s. ; dans le Corpus scriptorum christianorum orientalium de CHABOT, GUIDI, HYVERNAT et CARRA DE VAUX.

IV. — Les anciens textes liturgiques ont été réunis par ASSEMANI, dans son Codex liturgicus Ecclesiæ universalis, 12 vol., Rome, 1749-1766 ; MURATORI, dans sa Liturgia romana vetus, 2 vol. in-folio, Venise, 1748 ; MARTÈNE, dans son traité De antiquis Ecclesiæ ritibus, 4 vol., Anvers, 1736 ; Dom CABROL et Dom LECLERCQ dans leurs Monumenta Ecclesiæ liturgica, Paris, 1902 et s.

V. — On trouvera les documents relatifs à la législation impériale pendant les IVe et Ve siècles dans le Codex theodosianus, éd. RITTER, 6 vol., Leipzig, 1767 et S.

II. — OUVRAGES.

I. — Sur l'histoire générale de l'Eglise à l'époque des Pères, on consultera avec profit HERGENRÖTHER, Handbuch der Kirchengeschichte, refondu par Mgr KIRSCH, t. I ; A. de BROGLIE, l'Eglise et l'Etat au IVe siècle, 6 vol. ; et, avec les réserves de droit, Mgr DUCHESNE, Histoire ancienne de l'Eglise, t. II. On peut aussi considérer comme une histoire générale de l'Eglise l'Histoire des conciles de HEFELE, trad. Dom LECLERQ, dont le tome II (Paris, 1908) fournira les renseignements les plus utiles. L'Histoire des empereurs de TILLEMONT renseignera sur les rapports de l'Eglise avec l'empire. Le savant ouvrage du R. P. GRISAR, Rome au déclin du monde antique, qui forme le tome Ier de sa grande Histoire de Rome et des Papes au moyen âge, trad. LEDOS (Paris, 1906) est de première importance au point de vue archéologique.

II. — Pour ce qui concerne plus particulièrement le mouvement théologique, les principaux ouvrages à consulter sont : l'Histoire des dogmes de TIXERONT, t. II et III (Paris, 1909-1912) ; l'Histoire des dogmes de SCHWANE, trad. DEGERT, t. II et III (Paris, 1903) ; les Pères de l'Eglise de BARDENHEWER, trad. GODET et VERSCHAFFEL, t. II et III (Paris, 1899) ; la Littérature chrétienne grecque de Mgr BATIFFOL (Paris, 1897) ; la Littérature chrétienne syriaque de Rubens DUVAL (Paris, 1899) ; l'Histoire générale des auteurs sacrés de Dom CEILLIER ; la Geschichte der altchristlichen Literatur de BARDENHEWER (Fribourg, 1903-1912) ; le Nomenclator literarius du P. HURTER, t. I (Inspruck, 1903) ; et, du point de vue protestant, le Précis de l'histoire des dogmes d'A. HARNACK, trad. Choisy (Paris, 1893).

III. — La littérature relative à l'arianisme serait considérable s'il fallait indiquer tous les ouvrages et articles parus sur le sujet. On en trouvera la liste à peu près complète dans Ulysse CHEVALIER, Répertoire..., Bio-bibliographie, au mot Arius, et Topo-bibliographie au mot arianisme. En dehors des ouvrages généraux déjà cités, on doit mentionner : J.-A. MŒHLER, Athanase le Grand et l'Eglise de son temps, trad. COHEN, 3 vol. in-8°, Paris, 1840 ; NEWMAN, The arians of the fourth century, 4e édition, Londres, 1876 ; Gustave BARAT, Saint Athanase, Paris, 1913 ; LÜDTKE, au mot arianismus dans le Kirchenlexikon, 2e édition, de 1882 ; LOOFS, ou mot arianismus dans Realencyklopädie ; X. LE BACHELET, aux mots Arius et arianisme dans le Dict. de théologie de VACANT ; Th. de RÉGNON, Etudes de théologie positive sur la sainte Trinité, 4 vol. in-8°, Paris, 1892 et s. ; F. CAVALLERA, Saint Athanase, textes et études (collection de la Pensée chrétienne), Paris, 1908 ; TILLEMONT, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, t. IV.

IV. — Ce qui a trait à Julien l'Apostat et à la réaction païenne, qu'il personnifia, est raconté par Paul ALLARD dans les trois volumes de son ouvrage : Julien l'Apostat, Paris, 1903 et s. Sur les rapports du christianisme avec le paganisme en général et avec les anciennes religions, voir BEUGNOT, Histoire du paganisme en Occident, 2 vol., Paris, 1835 ; DŒLLINGER, Paganisme et judaïsme, trad. française en 4 vol. in-8°, Bruxelles, 1858 ; Gaston BOISSIER, la Fin du paganisme, 2 vol., Paris, 1891 ; Christus, Manuel d'histoire des religions, Paris, 1912.

V. — La période dite des Pères de l'Eglise étant caractérisée par l'influence qu'y ont exercée de grands et saints docteurs, les biographies de ces personnages constituent les sources les plus importantes de son histoire. On doit surtout mentionner : les vies, déjà citées, de saint Athanase par MŒHLER et par G. BARDY ; celles de saint Ambroise par le duc de BROGLIE (Paris, 1908), et par Mgr BAUNARD (2e édit., Paris, 1872), de saint Jérôme par le P. LARGENT (6e édit., Paris, 1907), de saint Hilaire par le P. LARGENT (Paris, 1902), de saint Basile par Paul ALLARD (Paris, 1899), de saint Augustin par Adolphe HATZFELD (Paris, 1897) et par Louis BERTRAND (Paris, 1913), de saint Jean Chrysostome par Aimé PUECH (Paris, 1900), de saint Paulin de Nole par André BAUDRILLART (Paris, 1905) et par Mgr LAGRANGE (Paris, 1877), de saint Martin de Tours par Adolphe REGNIER (Paris, 1907), de saint Patrice par l'abbé RIGUET (Paris, 1911), de saint Victrice de Rouen par E. VACANDARD (Paris, 1903), de saint Sidoine Apollinaire par Paul ALLARD (Paris, 1910), de saint Léon le Grand par Adolphe REGNIER (Paris, 1910). L'histoire de saint Augustin et des docteurs africains se trouve dans l'Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne par P. MONCEAUX, dont le IVe volume a paru en 1912.

On doit ajouter à ces biographies celles de sainte Hélène par le P. ROUILLON (Paris, 1908) et par l'abbé COUZARD (Paris, 1911), de sainte Mélanie la Jeune par le cardinal RAMPOLLA (Rome, 1905) et par Georges GOTAU (Paris, 1903), de sainte Paule par Mgr LAGRANGE (Paris, 1867), de sainte Monique par Mgr BAUNARD (Paris, 1860).

VI. — Des études plus ou moins importantes ont été publiées sur quelques-uns des Pères de cette époque. Nous devons signaler en première ligne : Saint Jean Chrysostome et les mœurs de son temps, par Aimé PUECH, un vol. in-8°, Paris, 1891 ; Saint Ambroise et la morale chrétienne au IVe siècle, par Raymond THAMIN, un vol. in-8°, Paris, 1895 ; Saint Augustin, par l'abbé Jules MARTIN, un vol. in-8°, Paris, 1901, publié dans la collection des Grands Philosophes. Voir aussi : BARRAL, Etude sur saint Athanase le Grand, Paris, 1863 ; E. FIALON, Étude littéraire sur saint Athanase, Paris, 1877 ; E. FIALON, Etude historique et littéraire sur saint Basile, Paris, 1869 ; BAYLE, Saint Basile, Avignon, 1878 ; BENOIT, Saint Grégoire de Nazianze, Paris, 1876 ; CAVALIER, Saint Grégoire de Nazianze, Montpellier, 1896 ; C. FERRY, Saint Ephrem poète, Nîmes, 1877 ; LAMY, Saint Ephrem dans l'Université catholique de 1890, t. III et IV ; DELACROIX, Saint Cyrille de Jérusalem, Paris, 1865 ; E. MARTIN, Saint Jean Chrysostome, ses œuvres et son siècle, Montpellier, 1860 ; LARGENT, Saint Jean Chrysostome et la critique contemporaine, dans ses Études d'hist. ecclés., Paris, 1892 ; LARGENT, Saint Cyrille d'Alexandrie, dans ses Etudes d'hist. ecclés. ; SANDERS, Études sur saint Jérôme, Bruxelles, 1903 ; A. de SAINT-CHÉRON, Histoire du pontificat de saint Léon le Grand, 2 vol., Paris, 1864 ; VOISIN, l'Apollinarisme, Louvain, 1901 ; Gustave BARDY, Didyme l'Aveugle, Paris, 1910 ; J. SALTET, les Sources de l'Eranistès de Théodoret, Louvain, 1905 ; A. PUECH, Prudence ; BUSE, Paulin de Nole et son temps, Ratisbonne, 1856, trad. française par l'abbé DANCOISNE, Tournai, 1858 ; VALENTIN, Saint Prosper d'Aquitaine, Paris, 1900 ; F. BRUNETIÉRE et P. de LABRIOLLE, Saint Vincent de Lérins (dans la Pensée chrétienne) ; Mgr BATIFFOL, la Paix constantinienne, Paris, 1914.

Des articles importants sur les Pères de l'Eglise ont été publiée dans le Kirchenlexikon en Allemagne et dans le Dict. de théol. catholique de VACANT en France. Parmi les plus remarquables, on doit signaler l'article publié sur saint Augustin par le R. P. PORTALIÉ.

VII. — La vie chrétienne, la vie ecclésiastique et la vie monastique aux IVe et Ve siècles sont étudiées par THOMASSIN, Ancienne et nouvelle discipline de l'Eglise, nouvelle édition de 1864, Bar-le-Duc, 7 vol. in-8° ; MARTIGNY, Dictionnaire des antiquités chrétiennes ; Dom CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie ; Dom LECLERCQ, Manuel d'archéologie chrétienne, 2 vol. in-8°, Paris, 1907 ; PROBST, Die Liturgie des 4 Jahrhunderts, Munster, 1893 ; Die ältesten römischen Sacramentarien, Munster, 1892 ; Mgr MANY, De Missa, Paris, 1903 ; De locis sacris, Paris, 1904 ; De sacra ordinatione, Paris, 1905 ; LE QUIEN, Oriens christianus ; Dom BESSE, les Moines d'Orient antérieurs au concile de Chalsédoine, Paris, 1900 ; MARIN, les Moines de Constantinople, Paris, 1898 ; LADEUZE, Etude sur le cénobitisme pakhomien, Louvain, 1898 ; AMÉLINEAU, les Moines égyptiens, Paris, 1889 ; Dom Ursmer BERLIÈRE, L'ordre monastique, des origines au XIIe siècle, Maredsous, 1912 ; Mgr DUCHESNE, les Origines du culte chrétien, 2e édit., Paris, 1898 ; IMBART DE LA TOUR, les Paroisses rurales en France du IVe au XIe siècle, Paris, 1900 ; Dom CABROL, le Livre de la prière antique, Paris, 1901 ; CORBLET, Histoire du sacrement du baptême, 2 vol., Paris, 1882 ; Histoire du sacrement de l'Eucharistie, Paris, 1901 ; Dom CABROL, les Eglises de Jérusalem, la discipline et la liturgie au IVe siècle, Paris, 1895 ; Dom MORIN, Hiérarchie et liturgie de l'Église gallicane au Ve siècle (Revue bénédictine de 1892) ; THOMASSIN, Traité des fêtes de l'Eglise, Paris, 1703 ; Mgr BATIFFOL, Etudes d'histoire et de théologie positive, Paris, 1902-1906 ; l'Eucharistie, Paris, 1914 ; Histoire du bréviaire romain, 3e édition, Paris, 1911 ; Dom BAUMER, Histoire du bréviaire, trad. BIRON, 2 vol. in-8°, Paris, 1905 ; MARUCCHI, Eléments d'archéologie chrétienne, t. III, Eglises de Rome, Rome, 1902 ; Franz de CHAMPAGNY, la Charité chrétienne dans les premiers siècles de l'Eglise, Paris, 1854 ; Paul ALLARD, les Esclaves chrétiens depuis les premiers temps de l'Eglise jusqu'à la fin de la domination romaine en Orient, 5e éd., Paris, 1914 ; Emile LESNE, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, Paris, 1910 ; LALLEMAND, Histoire de la charité, Paris, 1902, t. II ; DOISY, Histoire de la charité pendant les premiers siècles, Paris, 1848 ; CHASTEL, Etudes historiques sur l'influence de la charité pendant les premiers siècles chrétiens, Paris, 1853 ; OZANAM, la Civilisation au Ve siècle, 2 vol. in-12°, 4e édit., Paris, 1873 ; KURTH, les Origines de la civilisation moderne, 2 vol. in-8°, Paris, 1898 ; PHILLIPS, Kirchenrecht, Rastibonne, 1845-1889, 10 vol. in-8°, traduction partielle en français par l'abbé CROUZET, Du droit ecclésiastique, Paris, Lecoffre, 1850-1852, 4 vol. in-8° ; A. MICHEL, Histoire de l'art depuis les premiers temps chrétiens, t. I, Paris, 1905 ; PÉRATÉ, l'Archéologie chrétienne, Paris, 1892 ; A. GASTOUÉ, les Origines du chant romain, un vol. in-4°, Paris, 1907 ; A. GASTOUÉ, le Graduel et l'antiphonaire romains, Lyon, 1913.

VIII. — Sur la géographie ecclésiastique, voir Atlas sacer sive ecclesiasticus de T. WIETSCH, paru à Gotha en 1843, ou mieux Atlas zur Kirchengeschichte de K. HEUSI et H. MULERT, publié à Tubingue en 1905.

IX. — Pour résoudre les problèmes, parfois compliqués, de la chronologie dans l'histoire de l'Orient, on consultera utilement : J. GOTTWALD, Les faits principaux de l'histoire byzantine par ordre chronologique, un vol. in-12°, Constantinople, 1911.

Les ouvrages d'un intérêt moins général sont mentionnés au bas des pages.

 

 

 



[1] Ce titre de Pères de l'Eglise a été employé dès le Ve siècle.

[2] Quiconque veut devenir un habile théologien et un solide interprète, qu'il lise et relise les Pères... Il trouvera très souvent dans un seul livre des Pères plus de principes, plus de cette première sève du christianisme que dans beaucoup de volumes des interprètes nouveaux... parce que, après tout, ces grands hommes se sont nourris de ce froment des élus, de cette pure substance de la religion, et que, pleins de cet esprit primitif qu'ils ont reçu de plus près et avec plus d'abondance de la source même, souvent ce qui leur échappe et qui sort naturellement de leur plénitude, est plus nourrissant que ce qui a été médité depuis. (BOSSUET, Défense de la tradition et des saints Pères, Ire partie, l. IV, ch. XVIII.)

[3] S. HILAIRE, De Trinitate, I, II, § 1 et 2.

[4] Voir HARNACK, Chronologie (1904), t. II, p. 146 ; P. CASAMASSA, I documenti della Vita Constantini di Eusebio, Roma, 1913.

[5] Sur l'abbé Migne et ses deux Patrologies, voir P. DE LABRIOLLE, Quelques documents sur J.-P. Migne, dans le Bulletin d'ancienne littérature et d'archéologie chrétiennes, 1913, p. 203-209, et P. LETERRIER, l'Abbé Migne, dans la collection les Contemporains, Paris, 1913.