HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE

 

TOME PREMIER — LES ORIGINES CHRÉTIENNES

INTRODUCTION.

 

 

L'histoire de l'Eglise, a dit Pascal, doit être proprement appelée l'histoire de la vérité[1]. Dans son Sermon sur la divinité de Jésus-Christ, Bossuet a magnifiquement développé cette pensée. La vérité est une reine qui habite en elle-même et dans sa propre lumière... Toutefois, pour le bien des hommes, elle a voulu régner, et Jésus-Christ est venu au monde pour établir cet empire... Parmi les fureurs du monde entier conjuré contre elle, elle n'a point mendié de secours humain. Elle s'est fait elle-même des défenseurs intrépides et dignes de sa grandeur... J'appelle ainsi l'histoire de l'Eglise : c'est l'histoire du règne de la vérité. Le monde a menacé, la vérité est demeurée ferme ; il a usé de tours subtils et de flatteries, la vérité est demeurée droite. Les hérétiques ont brouillé, la vérité est demeurée pure. Les schismes ont déchiré le corps de l'Eglise, la vérité est demeurée entière[2].

La vérité dont parlent ici Pascal et Bossuet est seulement la vérité religieuse ; mais c'est elle qui nous éclaire sur nos origines, sur nos destinées et sur nos devoirs ; c'est elle qui est le tout de l'homme.

En un sens, l'histoire de cette vérité remonte aux premiers temps du monde, car Dieu, seul révélateur de nos origines et de nos destinées, nous a parlé par ses prophètes, avant de nous parler par son Fils Jésus-Christ[3], et l'on peut donner le nom d'Eglise à l'ensemble de tous ceux qui ont vécu de ces révélations, de tous ceux mêmes qui, souffrant d'une ignorance invincible touchant les dogmes révélés, mais suivant les préceptes de la loi naturelle et prêts à obéir à Dieu en toutes choses, ont pu, selon les expressions du pape Pie IX, par la vertu de la lumière divine et de la grâce, acquérir la vie éternelle[4]. Si l'on entend par Eglise, dit Hurter, l'ensemble des appelés qui ont cru au vrai Dieu, l'Eglise a toujours existé[5]. A ce point de vue, on a pu considérer l'Eglise comme se présentant successivement sous trois formes. La première, universelle en principe, mais faite pour durer seulement jusqu'à Jésus-Christ, c'est l'Eglise patriarcale, c'est-à-dire l'ensemble des hommes qui, sans autre organisation que celle de la famille, sans autre secours que des débris de révélations plus ou moins altérées et des grâces plus ou moins conscientes, ont conservé la tradition de la vérité religieuse. La deuxième, essentiellement locale, c'est l'Eglise mosaïque, société spirituelle et temporelle tout à la fois, imposée au seul peuple juif, et dotée d'une organisation spéciale pour conserver efficacement la vérité jusqu'à Jésus-Christ. La troisième enfin, universelle et perpétuelle, c'est l'Eglise chrétienne proprement dite, ou catholique, société spirituelle, organisée pour embrasser tous les peuples et tous les siècles, et continuellement assistée pour l'accomplissement infaillible de sa mission[6].

Il sera toujours difficile, même en profitant des grands progrès accomplis pendant ces derniers temps dans l'histoire des religions, de réaliser le vaste plan d'histoire religieuse rêvé par Frédéric Ozanam et consistant à dégager des traditions de chaque peuple l'élément immuable, universel, primitif[7] qui est la vérité. Le chrétien sait que des restes des vérités primitives subsistent encore, mêlés à de multiples erreurs, chez les peuples étrangers au christianisme. Il sait que ces peuples ont une âme comme les peuples chrétiens eux-mêmes, des désirs, des aspirations religieuses bâties sur le même plan, faites pour la même fin. Il ne s'étonne pas, en conséquence, de voir ces désirs, ces aspirations se traduire par des institutions, par des rites analogues. Ce que lui-même cherche et trouve en vérité dans les dogmes, les rites, les sacrements chrétiens, les autres peuples le cherchent aussi sans le trouver, et ils tâchent de suppléer par des essais, par des efforts, à la grande Miséricorde qu'ils n'ont pas reçue dans sa plénitude[8]. Mais par là-même que la vérité religieuse se trouve fragmentée, dispersée et mêlée à toutes sortes de corruptions, son histoire offre des difficultés pratiquement insurmontables.

 

Il n'en est pas de même de l'histoire de l'Eglise entendue dans son sens le plus strict et le plus ordinaire, c'est-à-dire de l'histoire de la propagation et du développement de la société visible fondée par Jésus-Christ.

Cette histoire se divise naturellement en trois âges, déterminés par les trois sociétés que l'Eglise a eu successivement à pénétrer de son esprit : l'âge gréco-romain, le moyen âge et l'âge des temps modernes.

Pendant l'âge gréco-romain, de Jésus-Christ à la chute de l'empire, l'Eglise grandit à travers les luttes qu'elle a à livrer contre la violence et contre l'hérésie. L'empire s'affaisse, comme un moule déjà trop étroit, et les Barbares se précipitent pour s'en arracher les débris.

Pendant le moyen âge, de la chute de l'empire romain à la Réforme protestante, l'Eglise travaille à former, puis à unir les peuples nouveaux ; mais son œuvre est contrariée par la résistance des passions humaines, et elle-même s'affaiblit à leur contact. L'œuvre de l'unité européenne restera inachevée et aura besoin d'être suppléée par le système de l'équilibre européen.

Pendant l'âge moderne, de la Réforme protestante à nos jours, la résistance éclate, repousse l'action de l'Eglise de l'ordre temporel, l'attaque même, en plus d'un pays, dans l'ordre spirituel, et va remontant de l'Eglise à l'Evangile, puis de l'Evangile à Dieu. D'utiles progrès extérieurs s'accomplissent, mais les âmes se vident et s'agitent. L'Eglise se retrempe, se resserre et attend[9].

 

C'est en considérant ces diverses phases de la vie de l'Eglise que les Pères du Concile du Vatican ont pu voir en elle et nous engager à y admirer un témoignage irréfragable de notre foi[10].

Ce témoignage de l'Eglise est multiple : il est dans ses triomphes ; il est dans ses bienfaits ; il est dans son admirable adaptation à la vie des sociétés qu'elle a traversées ; il est dans son immortelle survivance. Que l'Eglise ait, dans le cours des siècles, triomphé de tous les obstacles de la force, de la ruse et de l'intelligence, par des moyens qui eussent perdu toute autre société ; qu'elle ait discipliné et ennobli tout à la fois l'individu, la famille et la société ; c'est ce que ne conteste plus un homme de bonne foi, tant les faits qui le montrent sont éclatants. Ce qui est admirable, dit Pascal, incomparable et tout à fait divin, c'est que cette Eglise, qui a toujours duré, a toujours été combattue. Mille fois elle a paru à la veille d'une destruction universelle ; et toutes les fois qu'elle a été dans cet état, Dieu l'a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance[11].

On connaît, d'autre part, la page célèbre de Taine, montrant dans le christianisme, à la lumière de l'histoire impartialement étudiée, la grande paire d'ailes indispensables pour soulever l'homme au-dessus de lui-même, au-dessus de sa vie rampante et de ses horizons bornés, et, chaque fois que ces ailes défaillent ou qu'on les casse, les mœurs publiques et privées se dégradant, la cruauté et la sensualité s'étalant, la société devenant un coupe-gorge et un mauvais lieu[12].

Un troisième caractère de la vie de l'Eglise, moins apparent au premier abord, a été plus récemment indique par le célèbre professeur protestant Adolphe Harnack. L'Eglise catholique, dit-il, possède dans son organisation une faculté unique de s'adapter au cours historique des choses, en restant toujours l'ancienne Eglise[13].

Un rapide coup d'œil d'ensemble sur l'histoire de l'Eglise montre la parfaite justesse de cette observation.

Dans les trois âges qu'elle a parcourus jusqu'à nos jours, on a vu, en effet, l'organisation extérieure de l'Eglise s'assouplir et passer, suivant les lois des organismes vivants, par les trois phases successives de la formation, de l'apogée et du déclin ; mais son dogme, sa morale et sa hiérarchie, en sont toujours sortis avec leurs caractères identiques et une vitalité rajeunie.

Du Ier au VIe siècle, en présence du monde gréco-romain, l'Eglise catholique porte d'abord son effort de propagande sur les grandes capitales : Athènes, Alexandrie, Rome, et sur les provinces romaines : Gaule, Afrique, Grande-Bretagne. C'est l'œuvre de ses missionnaires. En même temps, ses apologistes et ses docteurs traduisent son dogme dans le langage philosophique des Grecs, exposent sa morale et organisent sa discipline en s'aidant des formules juridiques de Rome. Le IVe siècle marque l'apogée de cette œuvre. La liberté de l'Eglise est proclamée en 313 par l'Edit de Milan ; le symbole catholique est fixé, en 325, au concile de Nicée ; la pensée chrétienne est exprimée dans les œuvres des Pères de l'Eglise : saint Athanase, saint Basile, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Jérôme. Mais au Ve et au VIe siècle, le monde romain se désagrège sous les coups des Barbares et sous l'influence de sa propre corruption. C'est le déclin. Saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire le Grand sont les témoins inquiets de cette décadence, et néanmoins travaillent à préparer l'avenir.

L'avenir est aux Barbares. Du Ve au XVIe siècle, une société nouvelle se forme, grandit et tombe à son tour. L'organisation extérieure de l'Eglise suit ces phases diverses. Après s'être fortifié à Rome, dans son centre, avec Léon le Grand et Grégoire le Grand, le christianisme rayonne vers les diverses nations par ses évêques et par ses moines. Saint Remi convertit les Francs, saint Augustin de Cantorbéry évangélise la Grande-Bretagne et saint Boniface la Germanie. L'Eglise couronne son œuvre en groupant dans une vaste unité les peuples convertis ; c'est le Saint-Empire, inauguré par Charlemagne et Léon III, continué sous les auspices de Grégoire VI et d'Innocent III, par les souverains de Germanie. L'organisation religieuse, sociale et politique du mue siècle marque l'apogée de cet âge. C'est l'époque des croisades, de la chevalerie, des arts roman et gothique, des grandes universités, des grands ordres religieux, de saint Dominique, de saint François d'Assise, de saint Thomas d'Aquin et de saint Louis. Ces noms disent tout. Mais voici que, sous l'influence de causes multiples, du schisme grec, du schisme d'Occident, de la Renaissance, et, il faut le reconnaître, d'abus intérieurs trop nombreux, la société du moyen âge, la Chrétienté, comme on l'appelle, se démembre à son tour. Par ses papes et par ses docteurs, l'Eglise cherche alors, comme elle l'a fait à la chute de l'empire romain, à sauvegarder le bien du monde qui s'écroule, et à pénétrer en même temps de son esprit l'âge nouveau qui va lui succéder.

C'est l'âge des temps modernes. La formation des diverses nations européennes par les débris du Saint-Empire, l'élargissement des relations commerciales par la découverte de l'Amérique, la diffusion plus rapide de la pensée par l'invention de l'imprimerie, la pénétration de l'esprit antique dans les lettres et dans les arts de l'Europe par la venue des savants Grecs, chassés de Constantinople : tels sont les éléments qui ont formé le monde moderne. Il débute par une formidable hérésie, le protestantisme, qui arrache à l'Eglise catholique une grande partie de l'Allemagne, en détache l'Angleterre, agite violemment la France. Le premier soin de l'Eglise est de lutter contre l'erreur. Par la fondation de nouveaux ordres religieux, dont la Compagnie de Jésus est le plus illustre, par le concile de Trente, par une expansion nouvelle des missions étrangères, par la réforme de son clergé sous l'action de saint Charles Borromée, par les congrégations nouvelles de l'Oratoire, de Saint-Lazare et de Saint-Sulpice, par la diffusion des doctrines de la vie spirituelle sous l'influence de saint François de Sales, l'Eglise s'applique, tout à la fois, à combattre l'hérésie et à christianiser le monde moderne. Un moment, en France, sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, avec saint François de Sales et saint Vincent de Paul, Bossuet et Fénelon, Petau et Thomassin, on peut croire que l'apogée des temps modernes est venu. Mais des erreurs issues, plus ou moins consciemment, du protestantisme : le jansénisme, le gallicanisme, le quiétisme, le rationalisme, paralysent bientôt le mouvement chrétien et préparent le désastre de la Révolution. Au milieu de catastrophes sans exemple, l'Eglise de France est successivement dépouillée de ses antiques privilèges, de ses droits et de ses biens, persécutée dans ses ministres et dans sou culte, officiellement supplantée par une prétendue religion nationale, et le monde entier est ébranlé par cette terrible secousse.

Les XIXe et XXe siècles ont-ils inauguré un âge nouveau, ou ne font-ils que continuer la décadence de l'âge passé ? Nous sommes placés trop près pour en juger. L'œil, aimait à dire Joseph de Maistre, ne voit pas ce qui le touche. Mais nous pouvons, avec confiance, attendre pour l'Eglise de nouveaux triomphes. En dehors des promesses que donne la foi du chrétien, il semble que la seule étude consciencieuse du passé peut inspirer au simple historien les plus fermes espérances.

Depuis la naissance de l'Eglise, toutes les formes sociales qu'elle a rencontrées sur son chemin, toutes les puissances qui l'ont combattue, ont eu, comme tout organisme terrestre, leur formation, leur apogée et leur déclin. L'Eglise seule, pour reprendre les expressions du protestant Harnack, a pu s'adapter au cours historique des choses en restant toujours la vieille Eglise.

D'autre part, ce même cours historique des choses nous montre l'Eglise catholique tendant à représenter à elle seule tout le christianisme et même toute la religion. Des deux confessions chrétiennes qui ont pu prétendre à lui disputer la prédominance, le protestantisme et le schisme grec, la première est en voie de se désagréger dans l'anarchie dogmatique, la seconde paraît immobilisée dans une inertie, prélude de la mort. Quant aux religions dont on a pu opposer l'influence ou l'importance numérique à l'influence et à l'importance numérique du christianisme, le bouddhisme et l'islamisme, leur premier contact avec la critique historique et philosophique semble en faire évanouir les fondements apologétiques et les dogmes essentiels. La religion naturelle, prônée par la philosophie du XVIIIe siècle, a fait son temps ; l'étude positive de l'histoire des religions en a ruiné les bases. Le catholicisme semble donc, même à qui se maintient sur le seul terrain de l'histoire, rester seul en présence d'un agnosticisme absolu, source d'un anarchisme radical. Qui des deux l'emportera ? L'avenir apprendra à ceux qui viendront après nous si la lutte qui se prépare est réellement plus grave que celles qui l'ont précédée, si elle doit être pour le christianisme l'occasion d'un triomphe plus éclatant ou le commencement de la vérification des prophéties relatives à la fin dei, choses. Mais cette incertitude ne saurait ébranler la confiance du chrétien fidèle. Quelles que doivent être les vicissitudes de son avenir, l'Eglise trouve dans son passé des preuves suffisantes de sa divine origine. En faisant même abstraction de la force initiale, de la personne du fondateur, en ne considérant de l'histoire ecclésiastique que ce qui commence aux apôtres, on est conduit à se dire qu'ils on : fondé une institution plus qu'humaine, que Dieu était vraiment en eux, et qu'il est encore avec leur œuvre[14], la soutenant de sa puissante main et la conduisant à ses glorieuses destinées.

 

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

SUR LES PRINCIPAUX DOCUMENTS ET OUVRAGES À CONSULTER.

 

I. — DOCUMENTS.

I. — Le premier document à consulter est le livre des Actes des apôtres, rédigé, ou du moins terminé à Rome, suivant l'opinion générale, l'an 64, par saint Luc. Les Actes racontent l'histoire des origines et de la diffusion de l'Eglise, d'abord parmi les Juifs, ensuite parmi les païens, pendant les trente années qui suivirent la mort de Jésus-Christ. Le rôle de saint Pierre est prépondérant pendant la première partie (ch. I à IX), et celui de saint Paul pendant la seconde (ch. X à XXVIII)[15].

Les actes apocryphes de saint Jean, de saint André, de saint Thomas, de saint Philippe, de Pierre et de Paul, de Paul et de Thécla, ne doivent être utilisés en histoire qu'avec beaucoup de précautions. Les traditions qu'ils rapportent sont mélangées de fictions, romanesques et puériles pour la plupart, par où se sont exprimées certaines tendances soit morales, soit dogmatiques du christianisme populaire. Quelques-uns fournissent de très intéressants renseignements sur les premières hérésies, surtout sur le docétisme et l'encratisme. La liturgie a beaucoup à retenir de ces textes apocryphes, qui nous ont conservé plusieurs modèles de prières archaïques, et la description de plusieurs rites, la plupart entachés de gnosticisme. Ils ont été publiés par LIPSIUS et BONNET, sous le titre d'Acta apostolorum apocrypha, Leipzig, 1891-1898.

II. — On a coutume de désigner sous le nom de Pères apostoliques les écrivains ecclésiastiques qui vécurent dans l'entourage des apôtres ou qui furent leurs disciples. Les œuvres que nous possédons de ces écrivains ont une valeur inappréciable pour l'histoire de l'Eglise primitive. L'édition la plus commode et la meilleure est celle de FUNK, Patres apostolici, 2 vol. Tubingue, 1901. Les principaux Pères apostoliques sont : l'auteur de la Didachè, l'auteur de l'Epître de Barnabé, saint Clément de Rome, saint Ignace d'Antioche, saint Polycarpe, Hermas, Papias, et l'auteur de l'Epître à Diognète.

La Didachè, ou Doctrine des douze apôtres, découverte en 1873 et publiée pour la première fois en 1883, fournit les renseignements les plus précieux sur l'organisation et sur la liturgie du christianisme primitif. On en place généralement la composition vers la fin du Ier siècle. — L'Epître de Barnabé, composée vers la même époque suivant Funk et Bardenhewer, une trentaine d'années plus tard suivant Harnack, contient deux parties : l'une dogmatique, où l'auteur étudie les rapports de la loi nouvelle avec l'ancienne loi ; l'autre morale, où il s'attache à caractériser les deux voies que les hommes suivent ici-bas, la voie de la lumière et la voie des ténèbres : la première est celle des préceptes et des conseils évangéliques ; la seconde est celle de l'idolâtrie. — La seule lettre authentique que nous possédions de saint CLÉMENT DE ROME est son Epître à la communauté de Corinthe. Elle est antérieure à la mort de Domitien, donc à l'année 96. Son importance est capitale au point de vue de l'histoire de la hiérarchie ecclésiastique. Les autres écrits attribués à saint Clément, notamment le livre des Reconnaissances et les Epîtres clémentines, œuvres d'hérétiques judaïsants, nous renseignent sur les idées et les tendances de ces hérétiques. — Les sept lettres de saint IGNACE D'ANTIOCHE, martyrisé à Rome en l'an 107, expriment les sentiments les plus nobles qui puissent animer un martyr au moment de subir le dernier supplice ; elles contiennent sur la réalité de l'Incarnation, sur l'Eucharistie, sur l'unité de l'Eglise, sur le caractère monarchique de l'épiscopat et sur la primauté de l'Eglise romaine, des affirmations dignes de remarque. — De saint POLYCARPE nous ne possédons qu'une courte Lettre aux Philippiens ; mais nous avons aussi la relation de son martyre. — Le volumineux écrit, publié au milieu du le siècle sous le titre de Pasteur, a probablement pour auteur un frère du pape Pie Ier nommé HERMAS. L'objet direct de cet écrit est d'exposer la doctrine chrétienne sur la Pénitence ; mais il donne en même temps mir les autres parties de la morale et sur le dogme christologique, des explications du plus haut intérêt. — De PAPIAS, nous n'avons que quelques fragments, dont l'un est très célèbre par les renseignements qu'il fournit sur la composition des Evangiles. L'Epître à Diognète se distingue des autres écrits apostoliques par la pureté classique de son style. On y trouve une admirable description de la vie toute céleste des chrétiens.

MM. Hippolyte HEMMER et Paul LEJAY ont publié, dans leur collection de Textes et documents pour l'étude historique du christianisme, le texte et la traduction de la Doctrine des apôtres, de l'Epître de Barnabé et de l'Epître de saint Clément, du Pasteur d'Hermas.

III. — La plupart des documents que nous venons d'énumérer sont rédigés en forme de lettres. Mais la littérature chrétienne du Ile siècle s'est enrichie d'ouvrages didactiques ayant un caractère à la fois plus scientifique, plus littéraire et plus nettement apologétique.

Les Apologies chrétiennes du IIe siècle ont été, comme les écrits des Pères apostoliques, composées en grec, à l'exception de l'Octavius de Minutius Felix. On les trouve dans le Corpus apologetarum, 9 volumes in-8°, Iéna, 1847. Les principaux apologistes de cette époque sont saint Justin, Tatien, Athénagore, Théophile d'Antioche, Minutius Felix, Hermias, Méliton, Apollinaire et Miltiade. Les ouvrages des deux derniers sont perdus, et il ne reste que quelques fragments de ceux de Méliton. La traduction des Apologies de saint Justin par M. PAUTIGNY et de son Dialogue à Tryphon par M. ARCHAMBAULT, a paru dans la collection HEMMER-LEJAY.

IV. — Les documents littéraires dont nous venons de parler doivent être contrôlés et complétés par les documents archéologiques. On les trouvera dans les recueils suivants : J.-B. DE ROSSI, Inscriptiones christianæ urbis Romæ, 2 vol., Rome, 1857-1887 ; MARUCCHI, Epigraphie chrétienne, traité élémentaire, un vol. in-8°, Milan, 1911 ; LE BLANT, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, 3 vol., Paris, 18561892 ; HÜBNER, Inscriptiones Hispaniæ christianæ, Berlin, 1871- 1900 ; Inscriptiones Britanniæ christianæ, Berlin et Londres, 1876 ; Corpus inscriptionum latinarum, publié par l'Académie de Berlin ; BÖCKH, Corpus inscriptionum græcarum, 4 vol., Berlin, 1829-1877 ; J.-B. DE ROSSI, Roma sotterranea, Rome, 3 vol., 1864-1877 ; Bolletino di archeologia cristiana, Rome, 1864 et années suivantes ; M. BESNIER, les Catacombes de Rome, un vol. in-12°, Paris, 1909 ; MARUCCHI, Eléments d'archéologie chrétienne, 3 vol., Paris, 1900-1903 ; Dom LECLERCQ, Manuel d'archéologie chrétienne, 2 vol., Paris, 1902 ; Dom CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1902 et années suivantes.

V. — Les principaux éléments de l'histoire des persécutions pendant les trois premiers siècles se trouvent dans les Actes des martyrs. A la fin du XVIIe siècle, le bénédictin Dom RUINART a réuni sous le titre de Acta primorum martyrum sincera, Paris, 1689, ceux de ces Actes qui lui ont paru revêtir les caractères de l'authenticité. Depuis, la critique a éliminé de ce recueil un certain nombre de récits qui lui ont paru légendaires. Le P. VAN DEN GHEYN a donné, au mot Acta martyrum, dans le Dict. de théol. de VACANT, la liste des actes des martyrs des premiers siècles qui paraissent le plus authentiques. Ces actes appartiennent à deux catégories : les uns sont des relations de martyrs dressées par les notaires publics ; les Acta proconsularia de saint Cyprien en sont le type le plus parfait ; les autres sont des Passions dues à la plume de rédacteurs chrétiens, et écrites soit d'après des pièces authentiques émanées des greffes païens, soit d'après des témoignages oculaires. A cette seconde catégorie appartiennent les Actes de saint Ignace, de saint Polycarpe et des martyrs de Lyon. La traduction des Actes authentiques des martyrs des trois premiers siècles et d'un certain nombre de pièces interpolées ou de rédaction postérieure, a été donnée par Dom LECLERCQ, les Martyrs, t. I, les Temps néroniens et le IIe siècle, 3e édition, Paris, 1906 ; t. II, le IIIe siècle, Dioclétien, Paris, 1903. Le livre d'EUSÈBE, De martyribus Palaestinæ, celui de LACTANCE, De mortibus persecutorum, et le recueil des inscriptions du pape saint DAMASE, sont des sources complémentaires indispensables.

Les documents relatifs aux saints en général, se trouvent dans les Acta Sanctorum des Bollandistes. Les Analecta Bollandiana renseignent, au fur et à mesure de leur apparition, sur tous les travaux qui paraissent dans le domaine de l'hagiologie. Pour les détails bibliographiques, voir les deux récents répertoires des Bollandistes : Bibliotheca hagiographica græca, Bruxelles, 1895, et Bibliotheca hagiographica latina, Bruxelles, 1898.

VI. — L'histoire des hérésies et du développement du dogme a ses sources dans les écrits des hérétiques eux-mêmes et des Pères qui les ont combattus. On en trouvera l'indication dans le cours de cette histoire. Une étude générale sera facilitée par les trois Enchiridia publiés par la maison Herder de Fribourg-en-Brisgau : DENZINGER-BANNWART, Enchiridion symbolorum ; ROUËT DE JOURNEL, Enchiridion patristicum ; C. KIRSCH, Enchiridion fontium historiæ ecclesiasticæ antiquæ.

Les Tabulæ fontium traditionis christianæ du P. CREUSEN, S. J., Fribourg, 1911, Herder, et les Synchronismes de la théologie catholique de l'abbé René AIGRAIN, Paris, Bloud, 1912, seront aussi d'excellents instruments de travail. Les Synchronismes de l'abbé Aigrain ne contiennent pas seulement la série des Pères, des théologiens et de leurs principales œuvres, mais aussi la série des saints, des papes, des principaux événements de l'histoire de l'Eglise et de l'histoire profane.

VII. — Le Liber pontcalis donne peu de renseignements précis sur les trois premiers siècles. La destruction des livres et des archives de l'Eglise de Rome sous Dioclétien nous a privés de la presque totalité des documents concernant l'histoire des papes antérieurs. Les Regesta pontificum romanorum souffrent de la même lacune. Les Patrologies latine et grecque de MIGNE, d'une importance capitale pour l'histoire des âges qui suivront, ont un moindre intérêt pour celle qui fait l'objet du présent volume[16]. Nous en dirons autant de la grande collection entreprise, en 1903, par MM. CHABOT, GUIDI et HYVERNAT, le Corpus scriptorum christianorum orientalium, dont 72 volumes ou fascicules ont déjà paru, et de la Patrologia orientalis dont Mgr GRAFFIN et M. NAU nous ont déjà donné 9 volumes.

VIII. — Pour l'étude et la mise en œuvre des sources de l'histoire ecclésiastique, on consultera TILLEMONT, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, 16 vol. in-4° ; le P. DE SMEDT, S. J., Introductio generalis ad historiam ecclesiasticam critice tractandam, Gand, 1876, et Principes de la critique historique, Paris, 1883.

II. — OUVRAGES.

I. — L'Histoire ecclésiastique d'EUSÈBE est moins une histoire proprement dite, c'est-à-dire un récit complet, coordonné et justement proportionné, qu'un recueil de matériaux ; mais ces matériaux, extraits d'ouvrages perdus, pièces officielles littéralement empruntées aux archives de l'Etat, sont d'un prix inestimable. Si Eusèbe n'est pas un historien, il mérite le nom de Père de l'histoire ecclésiastique, qui lui a été donné. L'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, texte grec et traduction française par E. GRAPIN, a été publiée en trois volumes, Paris, Picard, 1905, 1911, 1914.

II. — On reprochait à la très savante Histoire de l'Eglise écrite par le cardinal HERGENRÖTHER, une division trop classique qui en brisait l'intérêt. Elle décrivait, pour chaque époque, en chapitres distincts, l'histoire externe, les hérésies, les progrès du dogme, le culte, etc. Mgr KIRSCH, en publiant une édition nouvelle de l'œuvre de l'éminent cardinal, ne s'est pas contenté d'éliminer les questions vieillies, et d'enrichir les autres de toutes les découvertes de l'érudition contemporaine ; il a, autant que possible, remanié le plan de l'auteur et rendu la lecture de cet ouvrage plus agréable en même temps que plus instructive. Le premier volume de cette histoire, embrassant les trois premiers siècles et le premier quart du IVe siècle, a paru sous le titre suivant : HERGENRÖTHER'S Handbuch der allgemeinen Kirchengeschichte. Vierte Auflage, neu bearbeitet von Dr J. P. KIRSCH. Erster Band : Die Kirche in der antiken Kulturwelt, Fribourg-en-Brisgau, 1902. Une traduction italienne a été donnée, cinq ans plus tard, sous ce titre CARD. HERGENRÖTHER, Storia universale della Chiesa, rifusa da Monsignor KIRSCH, traduzione italiana del P. Enrico ROSA, S. J., volume 1, Firenze, 1907.

Parmi les autres ouvrages traitant de l'histoire de l'Eglise des premiers siècles avec la même ampleur, on doit citer le premier volume de l'Histoire des conciles, par HÉFÉLÉ, traduit, corrigé et augmenté de notes abondantes par Dom LECLERCQ, Paris, 1907, le premier volume de l'Histoire ancienne de l'Eglise par Mgr DUCHESNE (à consulter avec les réserves de droit), et les quatre premiers volumes de l'Avenir du Christianisme, première partie, le Passé chrétien, par Albert DUFOURCQ, Paris, Bloud, 1910.

Parmi les manuels d'histoire ecclésiastique, on étudiera avec profit : KRAUS, Histoire de l'Eglise, 3 vol., Paris, Bloud ; MARION, Histoire de l'Eglise, 3 vol., Paris, Roger ; FUNK, Histoire de l'Eglise, 2 vol., Paris, Armand Colin ; ALBERS, Manuel d'histoire ecclésiastique, 2 vol., Paris, Gabalda.

III. — En ce qui concerne plus spécialement la période apostolique, le Manuel biblique de M. BRASSAC et l'Histoire des livres du Nouveau Testament de M. JACQUIER résument exactement les derniers résultats de la critique scripturaire. L'Eglise naissante et le catholicisme de Mgr BATIFFOL fait, avec une très riche érudition, le tableau de la constitution de l'Eglise primitive. Les ouvrages de J. LEBRETON, sur les Origines du dogme de la Trinité, et du P. F. PRAT, sur la Théologie de saint Paul, exposent d'une manière approfondie la foi de l'Eglise à ses premières origines. Les études de l'abbé FOUARD sur Saint Pierre, Saint Paul et Saint Jean, celle de Mgr LE CAMUS sur l'Œuvre des apôtres, 3 vol., Paris, 1905, racontent avec plus de détails les événements historiques de cette époque. Malgré son ancienneté, le livre de DULINGER, le Christianisme et l'Eglise à l'époque de leur fondation, trad. Bayle, Paris, 1863, peut encore être utilement consulté.

Les rapports de l'Eglise naissante avec le monde juif et avec le monde païen se trouvent plus particulièrement exposés dans BEURLIER, le Monde juif au temps de Jésus-Christ et des apôtres, Paris, 1900 ; DÖLLINGER, Paganisme et judaïsme, trad. française, Paris, 1858-1859. On trouvera une comparaison plus large du christianisme avec toutes les autres religions dans Christus, Manuel d'histoire des religions, un vol., Paris, Beauchesne, 1911, et dans Où en est l'histoire des religions, 2 vol., Paris, Letouzey, 1912. Ces deux ouvrages contiennent une abondante bibliographie. Le Dictionnaire de la Bible de VIGOUROUX et le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de DAREMBERG et SAGLIO fourniront, au besoin, les détails complémentaires. On consultera avec fruit BOISSIER, la Religion romaine d'Auguste aux Antonins, Paris, 1874 ; BEURLIER, Essai sur le culte rendu aux empereurs romains, Paris, 1891 ; TOUTAIN, les Cultes païens dans l'empire romain, Paris, 1907 ; CUMONT, les Religions orientales dans le paganisme romain, Paris, 1899 ; LAGRANGE, Etude sur les religions sémitiques, Paris, 1905, et le Messianisme chez les Juifs, Paris, 1909 ; ALLO, l'Evangile en face du syncrétisme païen, 1 vol., Paris, 1910 ; BATIFFOL, Orpheus et l'Evangile, Paris, 1910.

IV. — Sur le premier mouvement d'expansion de l'Eglise, les travaux les plus importants sont les suivants : HARNACK, Die Mission und Ausbreitung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, Leipzig, 1902, résumé par RIVIÈRE, la Propagation du christianisme dans les trois premiers siècles, Paris, 1907 ; BATIFFOL, l'Extension géographique de l'Eglise, dans la Revue biblique de 1895, p. 137 et suivantes ; DUCHESNE, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, 2 vol., Paris, 1894-1900 ; DUCHESNE, les Anciens évêchés de la Grèce, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome XV. Pour ce qui concerne l'Eglise orientale, voir LE QUIEN, Oriens christianus, 3 vol. in-f°, Paris, I740. Sur les origines des Eglises chrétiennes en général, on lira avec profit MAMACHI, O. P., Origines et antiquitates christianæ, 5 vol. in-4°, Rome, 1749-1755 ; sur les origines des Eglises de la Gaule, ALBANÈS et Ulysse CHEVALIER, Gallia christiana novissima.

V. — Sur les persécutions, l'ouvrage capital est celui de Paul ALLARD, Histoire des persécutions, 5 vol. in-8°, Paris, 1892 et suivantes. Du même auteur, on lira : le Christianisme et l'empire romain, 4e édit., Paris, 1898 ; et Dix leçons sur le martyre, 2° édit., Paris, 1907 ; de LE BLANT, les Persécuteurs et les martyrs aux premiers siècles de notre ère, Paris, 1893 ; de C. CALLEWAERT, la Base juridique des persécutions, avec bibliographie très complète, dans la Revue d'histoire ecclésiastique de janvier 1911.

VI. — Les origines des institutions liturgiques ont fait l'objet d'importants travaux : Dom GUÉRANGER, les Institutions liturgiques, 2 vol. in-8°, Paris, 1840-1842 ; Dom CABROL, Origines liturgiques, Paris, 1906 ; le Livre de la prière antique, Paris, 1906 ; DUCHESNE, les Origines du culte chrétien, Paris, 1909 ; BATIFFOL, Histoire du bréviaire romain, 3e édition refondue, Paris, 1911 ; DELEHAYE, S. J., les Origines du culte des martyrs, 1 vol. in-8°, Bruxelles, 1912 ; ROUAULT DE FLEURY, la Messe, études archéologiques, 8 vol. in-4°, Paris, 1883-1889 ; les Saints de la messe, 10 vol. in-4°, Paris, 1893-1900 ; Dom CAGIN, Eucharistia, canon primitif de la messe, 1 vol. in-4°, Paris, 1912 ; MARTIGNY, Dictionnaire des antiquités chrétiennes ; Dom CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie.

VII. — La vie et les institutions chrétiennes ont été étudiées par THOMASSIN, Ancienne et nouvelle discipline ; P. DE SMEDT, l'Organisation des Eglises chrétiennes jusqu'au milieu du IIIe siècle, dans la Revue des questions historiques d'octobre 1888 ; SALEILLES, l'Organisation juridique des premières communautés chrétiennes, Paris, 1912 ; H. DE GENOUILHAC, l'Eglise chrétienne au temps de saint Ignace, Paris, 1907 ; Dom HESSE, les Moines d'Orient, Paris, 1900 ; LADEUZE, le Cénobitisme pakhônien, Louvain, 1898 ; F. DE CHAMPAGNY, la Charité chrétienne dans les premiers siècles de l'Eglise, 2e édition, Paris, 1856 ; Léon LALLEMAND, Histoire de la charité, tome II, Paris, 1903, in-8°.

VIII. — Le développement du dogme aux premiers siècles a fait l'objet de nombreux travaux, parmi lesquels il faut citer : TIXERONT, Histoire des dogmes, la Théologie anténicéenne, Paris, 1905 ; P. POURRAT, la Théologie sacramentaire, Paris, 1907 ; BATIFFOL, Etudes d'histoire et de théologie positive, 2 vol., Paris, 1902-1910 ; SCHWANE, Histoire des dogmes, traduction Degert, tome I, Paris, 1903 ; GINOULHAC, Histoire des dogmes chrétiens pendant les trois premiers siècles ; Th. DE RÉGNON, Etudes de théologie positive sur la sainte Trinité, 4 vol. in-8°, Paris, 1898.

IX. — La littérature ecclésiastique a donné lieu, pendant ces derniers temps, en Allemagne, à des travaux considérables. Le travail du professeur protestant HARNACK, Geschichte der altchristlichen literatur bis Eusebius, 2 vol. in-8°, Leipzig, 1893-1897, et celui du professeur catholique BARDENHEWER, Geschichte der altkirchlichen literatur, 6 vol., sont des œuvres d'une immense érudition. Dans un cadre plus modeste, BARDENHEWER a publié une patrologie en trois volumes, traduite par GODET et VERSCHAFFEL, sous ce titre : les Pères de l'Église, Paris, 1905. M. TIXERONT, S. S., a donné, en 1917, un Précis de Patrologie, en un vol. in-12°, et M. POURRAT, S. S., en 1918, une histoire de la Sipiritualité chrétienne, des origines au Moyen Âge,  un vol. in-12°.

La France a donné des monographies remarquables dans plusieurs collections en cours de publication. La Bibliothèque de théologie historique, publiée par la maison Beauchesne, a publié pour la période qui fait l'objet de ce volume : la Théologie de Tertullien, par A. D'ALÈS, et la Théologie de saint Hippolyte, par le même. La maison Blond a publié, dans la collection la Pensée chrétienne : Saint Justin par Jean RIVIÈRE, Saint Irénée par Albert DUFOURCQ, et Origène par Ferdinand PRAT. La même librairie a inauguré la collection les Grands Théologiens, édition à 0 fr. 60, par le Saint Justin de A. BÉRY. La maison Lecoffre-Gabalda a donné, dans sa Bibliothèque de l'enseignement de l'histoire ecclésiastique, l'Ancienne littérature grecque de P. BATIFFOL et l'Ancienne littérature syriaque de Rubens DUVAL.

X. — Les principales sources de l'histoire de la paix constantinienne se trouvent dans la Vie de Constantin par EUSÈBE DE CÉSARÉE. Sans doute, l'auteur de l'Histoire ecclésiastique se fait, dans ce dernier ouvrage, panégyriste plutôt qu'historien ; mais il reste fidèle à son habitude de reproduire les documents, et rien n'autorise à supposer qu'il les ait altérés. TILLEMONT, dans son Histoire des empereurs et dans ses Mémoires, complète heureusement, par des témoignages contemporains, les données fournies par Eusèbe. On sait le parti qu'a tiré de ces travaux le duc de Broglie dans son célèbre ouvrage : l'Eglise et l'empire romain au IVe siècle, 6 vol. in-8°, Paris, 1860.

XI. — Un Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques est en cours de publication à la librairie Letouzey sous la direction de Mgr BAUDRILLART. On trouvera beaucoup d'études concernant les premiers siècles de l'Eglise dans la Revue des questions historiques, dirigée par MM. Paul ALLARD et Jean GUIRAUD ; la Revue d'histoire ecclésiastique de Louvain, dirigée par Mgr LADEUZE et M. CAUCHIE ; les Etudes, fondées par des Pères de la Compagnie de Jésus ; le Bulletin de littérature ecclésiastique, publié par l'Institut catholique de Toulouse ; l'Université catholique, publiée par les professeurs des Facultés catholiques de Lyon ; le Bulletin d'ancienne littérature et d'archéologie chrétiennes, les Recherches de science religieuse, la Civiltà cattolica et les Stimmen aus Maria-Laach.

XII. — Il n'y a pas, dit M. Vacandard, d'atlas d'histoire ecclésiastique absolument complet, et il ne peut guère y en avoir. Un géographe qui voudrait mettre sous les yeux des lecteurs la situation particulière de l'Eglise à chacun des moments de son histoire ferait une œuvre plus encombrante qu'utile. On peut cependant signaler l'Atlas pour servir à l'histoire de l'Eglise de Rohrbacher, par A.-H. DUFOUR, sous la direction de l'abbé Rohrbacher (24 cartes coloriées), Paris, Gaume, 1887, mais cet atlas est déjà vieilli. En 1910, le docteur Karl HEUSI et M. Hermann MULERT ont publié, sur douze planches et avec soixante-six cartes, un Atlas zur Kirchengeschichte d'un caractère vraiment scientifique. Sept cartes particulières sont consacrées à l'histoire de l'Eglise ancienne.

On aura utilement recours à CHEVIN, Dictionnaire latin-français des noms propres de lieux au point de vue ecclésiastique et monastique, 1 vol. in-8°, Paris, 1897, et à M. BESNIER, Lexique de Géographie ancienne, 2 vol. in-12°, Paris, Klincksieck, 1914.

 

 

 



[1] PASCAL, Pensées.

[2] BOSSUET, Sermon sur la divinité de Jésus-Christ, Ier point.

[3] Hebr., I, 1. L'Eglise catholique, dit Bossuet, réunit en elle toute l'autorité des siècles passés et les anciennes traditions du genre humain jusqu'à sa première origine. BOSSUET, Disc. sur l'hist. univ., IIe partie, ch. XXXI.

[4] PIE IX, Encyclique Quanta conficiamur, du 10 août 1863, dans DENZINGER-BANNWART, n. 1677.

[5] HURTER, Theologiæ dogmaticæ compendium, 7e édit., t. I, p. 209.

[6] BRUGÈRE, Tableau de l'histoire et de la littérature de l'Eglise, t. I, p. 3-4.

[7] OZANAM, Lettres, éd. de 1891, t. I, p. 5-6, 12, 16-22.

[8] Léonce de GRANDMAISON, Préface à Christus, manuel d'histoire des religions, Paris, 1912, p. 43-44. Ce manuel, et un ouvrage plus étendu, paru en même temps, Où en est l'histoire des religions, fournissent les éléments les plus complets d'uns histoire religieuse universelle.

[9] BRUGÈRE, Tableau de l'histoire et de la littérature de l'Eglise, t. I, p. 3.

[10] Concil. Vatic., sessio III, cap. III, DENZINGER-BANNWART, n. 1794.

[11] PASCAL, Pensées.

[12] TAINE, les Origines de la France contemporaine, 22e édit., t. XI, p. 146-147.

[13] A. HARNACK, l'Essence du christianisme, p. 159-160.

[14] DUCHESNE, les Origines chrétiennes, 2e édition, p. 467-468.

[15] Sur la valeur historique des Actes des apôtres d'après les travaux critiques les plus récents, voir F. PRAT, les Sources des actes des apôtres, dans les Recherches de science religieuse de mai-juin 1913, n. 275-296.

[16] M. F. CAVALLERA, professeur à l'Institut catholique de Toulouse, vient de rendre aux travailleurs, que leurs études amènent à consulter la Patrologie grecque, un service signalé en publiant un volume d'Indices de cette patrologie, Paris, Garnier frères, 1 vol. in-4°, 1912.