LE DROIT PUBLIC ROMAIN

 

AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR

 

 

Le tome premier de la traduction française du Droit public romain de M. Théodore Mommsen a paru au début de 1887. Peut-être ne sera-t-il pas inutile d’expliquer simplement et franchement les raisons qui déterminent à en donner une nouvelle édition au bout de cinq ans, assurément avant le temps ou l’eussent réclamé de pures considérations commerciales.

Quand le tome I de cette traduction a été publié, l’ouvrage de M. Mommsen déjà arrivé à sa pleine célébrité, déjà parvenu à sa seconde édition allemande, ire se composait que de deux livres consacrés à la théorie générale de la Magistrature et à l’étude particulière des diverses magistratures. Le livre troisième, relatif au Peuple et au Sénat, était seulement annoncé comme devant paraître à une date indécise. Depuis lors, l’illustre auteur a achevé son œuvre par les volumes du peuple et du sénat, publiés à bref intervalle il y a tantôt quatre ans. Mais, avec la rare conscience qu’il apporte à tous ses travaux, il ne s’est pas contenté de juxtaposer matériellement cette construction nouvelle au monument qu’il avait déjà édifié. En même temps qu’il éditait enfin le troisième livre du Droit public, il a repris les deux premiers non pas seulement pour les soumettre à quelques transpositions ou à quelques additions secondaires, mais pour en accomplir une révision intégrale, pour les refondre avec le troisième en un ensemble unique dans lequel l’ouvrage acquiert pour la première fois sa forme définitive.

C’est sur cette édition définitive rédigée par l’auteur au moment où l’examen du troisième terme de son sujet l’amenait à arrêter les deux autres dans leur forme dernière, — composée de la 2e édition du premier et du second livres et de la 1re édition du troisième et publiée en trois tomes et cinq parties à Leipzig en 1887-1888, — qu’ont été traduits les tomes VI, 1, VI, 2 et VII de cette traduction édités en 1889 et 1891, le tome II, actuellement mis en vente en 1892, et les tomes III, IV et V, qui suivront à bref délai. Le tome I, traduit sur la 2e édition allemande, serait seul demeuré isolé, au milieu de ce tout harmonique, comme une version vieillie d’une édition hors d’usage.

Afin de mettre à la disposition du public français uns traduction homogène, faite tout entière sur un même original, l’éditeur de ce Manuel, auquel il convient d’en savoir gré, a consenti à réimprimer dès maintenant une nouvelle édition du tome I, traduite comme tout le reste de l’ouvrage sur le texte allemand de 1881-1888. Pour se rendre compte des diversités perpétuelles qui, derrière l’unité du cadre et de la pensée, séparent ces deux versions dans l’ordonnance et dans le détail, il faut avoir eu comme nous à les comparer ligne par ligne. Il suffira de relever ici, à titre d’exemples des remaniements les plus saillants faits d’une édition à l’autre, quelques-unes des théories générales contenues dans le tome I, ainsi celles de la coercition, de la juridiction administrative, du droit d’agir avec le peuple, des traités conclus entre Rome et l’étranger. Nous avons, dans les volumes qui viennent après celui-ci, cru devoir mentionner entre crochets [ ], à la suite des renvois qui se rapportent à la 2e édition française, les passages correspondants de la Ire en tant que les mêmes développements s’y retrouvent en tout ou partie. Mais nous exprimons une conviction arrêtée en, affirmant qu’il ne sera plus désormais permis scientifiquement de renvoyer pour cet ouvrage à une autre édition du tome I qu’à la dernière.

Quant aux principes suivis pour la traduction, ils sont restés ceux que nous formulions il y a cinq ans dans la préface du tome premier, en déclarant n’avoir apporté à l’ouvrage original d’autres modifications que des additions nettement distinctes et limitées, exclusivement destinées soit à faciliter les recherches dû lecteur, soit à compléter à l’aide de documents nouveaux émanant de l’auteur lui-même les développements déjà présentés par lui.

Nous avons continué, pour les inscriptions citées par M. Mommsen d’après des recueils spéciaux, à placer à côté des renvois primitifs aux recueils d’Orelli-Henzen, Wilmanns, Gruter, etc., les renvois correspondants aux volumes parus du Corpus inscriptionum Latinarum, et si l’avancement progressif de la publication du Corpus a permis à l’auteur de faire lui-même la transposition en beaucoup d’endroits d’une édition à l’autre, la continuation du même mouvement nous a encore permis depuis la notation de nouvelles équivalences. Il y a par endroits telles notes faites de séries de renvois, comme par exemple la plupart de celles des pages 203 à 205 du tome II, où nous pensons avoir ainsi épargné quelques recherches aux lecteurs désireux d’avoir pour chaque inscription le texte le meilleur et le plus sûr.

Pour les ouvrages cités, nous avons joint, toutes les fois qu’il y a eu lieu, aux renvois de l’auteur, des renvois complémentaires aux éditions postérieures et aux traductions françaises. La bibliographie complète des ouvrages cités, qui devait être placée à la fin du dernier volume, mais qui ne pouvait naturellement être dressée avant l’achèvement de notre tâche et que l’interversion faite dans l’ordre de publication des volumes nous a empêchés de mettre à la fin du tome VII, sera publiée à son heure, avec les tables, en même temps que le tome V. Pour la remplacer, provisoirement en partie, nous avons, comme dans la 1re édition, mis en tête du présent volume, une liste des principaux ouvrages dont les titres sont cités en abrégé. On la trouvera à la suite de l’introduction générale du Manuel et des préfaces de l’auteur. Nous l’avons seulement rajeunie par la suppression de certains vieux livres auxquels l’avancement de la publication du Corpus a raréfié les renvois et par l’adjonction de quelques recueils nouveaux plus fréquemment invoqués dans la dernière édition du Droit public.

On trouvera aussi toujours, distinguées par des crochets [] du texte original, les additions relatives aux points sur lesquels des découvertes ou des recherches postérieures à la publication de l’ouvrage allemand ont déterminé l’auteur à revenir sur ses solutions soit pour les modifier, soit pour les. développer, et si fine bonne part des additions ainsi faites au premier volume de notre traduction française ont aujourd’hui pris place dans le texte, nous avons encore le droit de répéter que, comme nous l’écrivions en 1887, l’admirable activité que M. Mommsen consacre avec un si grand succès depuis tantôt un demi-siècle à l’étude de toutes branches de l’antiquité romaine ne s’est pas arrêtée à partir de la dernière édition du Droit public et que par conséquent chaque jour nouveau le ramène, avec quelque nouveau texte ou quelque nouveau travail qu’il ne serait point permis de laisser ignorer, aux matières traitées dans son grand ouvrage. Les additions relatives aux travaux de M. Mommsen ou dues à ses aimables communications qu’on trouvera dans ce volume, comme dans ceux qui l’ont précédé et dans ceux qui le suivront, suffiraient à le prouver.

Nous terminerons enfin cette préface, de même que celle de notre première édition, en adressant l’expression de notre vive gratitude aux deux hommes qui nous ont constamment assisté dans la tâche, assurément fort lourde, que nous assumions alors et que nous avons maintenant conduite à plus de moitié : au directeur de cette traduction du Manuel et à l’auteur du Droit public, à M. Gustave Humbert à la bienveillante obligeance duquel nous n’avons jamais recouru sans profit, et à M. Théodore Mommsen, qui, après avoir eu jadis l’inappréciable complaisance de nous guider dans les commencements de notre travail, s’en est ensuite, en toute circonstance, généreusement porté le témoin et le garant.

 

Paris, avril 1892.

 

P. F. GIRARD.