L'AMIRAL DE COLIGNY

DEUXIÈME PARTIE

 

CHAPITRE II.

 

 

Coligny envoyé en Normandie. — Le chancelier de l'Hospital. —Assemblée de Fontainebleau. — L'amiral prend en main les affaires des huguenots. Troubles des provinces. — Les Etats d'Orléans. — Arrestation des princes de Bourbon. — Mort de François II.

 

Les Guise avaient eu la main lourde, mais il faut bien se persuader que les massacres d'Amboise ne produisirent nullement dans le peuple l'émotion que se plaisent à rappeler quelques historiens, ni que des exécutions comme celle de du Bourg aient excité à Paris, dans presque tous les rangs de la société, l'explosion d'une indignation que les Lorrains, auteurs de tant de maux, n'osaient pas personnellement affronter[1]. Ceux qui s'indignaient, jetaient les cris, c'étaient les protestants, et avec eux le tiers-parti, les parlementaires à demi gagnés aux idées de la Réforme ou la professant en secret, et dont le témoignage, les écrits divers, on ne saurait trop le redire, ont été employés avec trop de confiance par l'histoire moderne. Ce sont les huguenots, les politiques attachés aux Châtillon, au connétable qui ont présenté le gouvernement des Guise comme impopulaire. La masse du peuple, à Paris surtout, leur était attachée, approuvait la tuerie des hérétiques et raffolait de ces brillants gentilshommes qui avaient épousé ses antipathies, bataillaient selon ses haines. La popularité du duc François surtout, si grande déjà sous Henri II lorsqu'il avait défendu Metz et repris Calais, n'avait fait que s'affermir avec son successeur et depuis qu'il s'était mis à la tête du parti catholique. On aimait sa belle mine, ses escortes princières, ses allures de grand seigneur toujours prodigue et si adroit à entretenir l'enthousiasme, et les christaudins avec leurs longues figures d'austérité, leurs diatribes méprisantes, leurs prêches, leur Calvin, leur morale de Genève, exaspéraient les masses dont le sûr instinct avait de suite discerné leur caractère d'irréconciliables ennemis. Dès ce moment, peut-on dire, la séparation était faite. Il y avait deux camps, deux partis, deux sociétés en présence, d'aspirations violentes et contraires. A l'avènement de François II, les huguenots encore ne demandaient qu'à vivre, à continuer le prosélytisme qui préparait leur définitif triomphe ; ils se comptèrent et eurent d'autres ambitions. — Exaspérés par l'échec d'Amboise et prêts à reprendre les armes, ils se trouvèrent de plus un moment favorisés par les manœuvres de Catherine de Médicis, qui croyait tout pacifier avec quelques concessions, et surtout en s'appuyant sur les modérés, l'amiral de Châtillon, les connétablistes[2]. Coligny fut envoyé en Normandie avec ordre que pourvoyant aux choses de sa charge, il mît peine d'apaiser les troubles qu'il trouverait entre les sujets du Roi[3], et le pria la reine mère de s'enquérir au vrai de la cause des émotions et la lui mander, prenant sur sa vie qu'aucun mal ni déplaisir ne lui adviendrait. — L'amiral se rendit en effet en Normandie, qu'il parcourut en juillet, et persuadé du succès, malgré l'échec de la première tentative, se répandit en promesses près de ses coreligionnaires qui y avaient déjà fondé de nombreuses églises. Les fidèles eurent la consolation de servir Dieu dans la maison où ils allèrent rendre leurs respects à ce pieux seigneur, qui pendant trois jours qu'il resta dans la ville (de Dieppe) fit régulièrement, à porte ouverte, célébrer le service divin[4]. Les religionnaires remirent à Coligny une requête qu'il se chargea de présenter au Roi, et de Châtillon il envoya par un gentilhomme le mémoire que Catherine lui avait demandé. — Il accusait naturellement les Guise être la cause et vraie origine des émotions et troubles survenus au royaume à cause de leur gouvernement violent et illégitime et prédisait que les calamités ne prendraient fin tant qu'ils seraient à la Cour. La Reine devait donc arrêter le cours de leurs ambitions, prendre elle-même les affaires en main et donner relâche et état paisible à ceux de la religion ; enfin les édits bien et mûrement ordonnés à ces fins devraient être gardés inviolablement plusieurs ayant délibéré de ne plus endurer la persécution, notamment sous ce gouvernement illégitime[5]. Coligny faisait ainsi le jeu de Catherine qui communiqua de suite ses tirades, dont les Guise crurent vomir dehors ce qu'ils avaient caché au dedans contre les maisons de Montmorency et de Châtillon. Mais ils étaient encore l'un et l'autre loin de compte. Ni les princes lorrains ni le parti catholique ne songeaient à leur céder la place. — Une aide précieuse cependant arrivait aux pacificateurs avec le nouveau chancelier, Michel de L'Hospital, choisi sur les indications de la Reine mère. Son prédécesseur, Olivier, qui parait-il avait été huguenot, venait de mourir, — d'horreur et de remords après les boucheries d'Amboise, affirmèrent ceux de la religion, — et Catherine influa pour faire nommer ce personnage falot, politique tatillon, d'ailleurs homme de haute science, jurisconsulte éminent, mais qui ne pouvait faire, dans cette charge, qu'un magistrat médiocre, déplorablement indécis et faible. L'Hospital, que par l'accord unanime et intéressé des protestants on a toujours considéré comme un grand homme d'Etat, est un de ceux qui ont été le plus surfaits. Personne, dit justement M. Segretain[6], ne représenta mieux la conscience incertaine des parlementaires au début de la Réforme, leurs vues favorables aux novateurs, et ne se prêta avec une complaisance plus docile aux dissimulations de la Reine mère. Il était comme elle pour les petits moyens, les demi-mesures, les atermoiements ; mais moins son astuce et l'entêtement de ses ambitions, caractère surtout timide, accommodant et souple, borné dans ses désirs sans négliger le soin de sa fortune,tolérant parce qu'il était complice, ajoute M. V. de Chalambert[7]et s'il se résigna autant qu'il le put sans se compromettre aux mesures souhaitées par le parti catholique, il ne sortit jamais de ce tempérament discret et attiédi qui se plie aux circonstances et sert trois ou quatre doctrines à la fois. — Il y a des gens dont l'éloge perpétuel fatigue. Au musée du Louvre, dans la galerie des Primitifs, on peut voir cette face chafouine, fuyante et blafarde de bonhomme craintif et pour chacun louangeur. Avec sa barbe blanche, de poil rare, son visage pâle, sa façon grave, ce n'est pas Caton le Censeur, comme le voyait avec complaisance Brantôme ; c'est un vieux pauvre[8]. — Il était d'Aigueperse, en Auvergne, fils d'un médecin, et sa femme possédait pour douaire un état de conseiller au Parlement, qu'il exerça neuf ans. Comme le chancelier Olivier, il avait été aux Guise et s'était élevé aux fonctions de chef et surintendant des finances du Roi. Il rimaillait en latin et rien n'échappait à l'intarissable verve de ses apologies : défense de Metz, prise de Calais et de Guines, noces du Roi et de Marie Stuart, grandeur de François de Lorraine, avènement de François II, tout se retrouve dans le recueil de ses poésies[9]. Il avait accompagné en Piémont Marguerite de France, sœur de Henri II, mariée au duc de Savoie, et ce fut à Turin que l'envoya quérir Catherine de Médicis sur le conseil de la duchesse de Montpensier, fervente huguenote qui ne le désignait aucunement par hasard. Les Guise, auxquels il avait si longtemps fait sa cour, l'agréèrent sans objection et le premier acte auquel il participa fut l'édit de Romorantin. — Le cardinal de Lorraine, après le tumulte d'Amboise et devant les progrès du calvinisme, était revenu à son ancien projet d'établir, pomme en Espagne, l'inquisition qui avait toujours été repoussée par les Parlements comme attentatoire à leurs privilèges. Ce fut encore sous l'influence de Catherine de Médicis que fut rendu l'édit de Romorantin, attribuant la poursuite de l'hérésie aux tribunaux ecclésiastiques, ce qui constituait une victoire du clergé sur la justice civile, mais où le chancelier fit insérer deux clauses qui la réduisaient beaucoup ; l'une exigeait que ces tribunaux fussent composés de prélats français et résidant ; l'autre les autorisait à poursuivre le fait d'assemblées illicites ou séditieuses, mais non la croyance[10]. L'agitation des provinces, des bruits d'intrigues qui se nouaient à nouveau autour des Châtillon, du connétable, des princes de Bourbon, inquiétaient du reste les Lorrains. L'Hospital, qui voulait suivre Coligny, reconnaît M. Delaborde, d'abord à distance, puis de près dans ses généreux efforts pour jeter et affermir les bases de la liberté religieuse, n'osait pas encore conseiller d'assembler les États Généraux, demandés par les calvinistes, mais il proposa une assemblée de notables qu'acceptèrent Catherine, les Guise, Coligny même, et qui se tint à Fontainebleau (20-25 août 1560)[11]. — Le connétable et les Châtillon arrivèrent avec plus de 800 gentilshommes, ce qui donna à penser à ceux de Guise, qui toutefois ne firent semblant d'avoir soupçon de telle suite[12]. L'assemblée réunissait avec la famille royale, dans la chambre de la Reine mère, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine, de Guise et de Châtillon, les maréchaux de Saint-André et de Brissac, les évêques de Vienne, d'Orléans, de Valence, les secrétaires d'Etat et les chevaliers de l'Ordre. Venaient ensuite les maîtres des requêtes, les trésoriers généraux et les notables, selon leur rang et debout. Après quelques paroles du Roi et de Catherine et un discours pondéré de L'Hospital sur la situation générale du royaume, le cardinal de Lorraine et le duc de Guise rendirent compte de l'administration des finances et de la guerre. François II pria ensuite la compagnie de vouloir librement et sans crainte ou passion lui donner conseil. Mais devant qu'aucun parlât, l'amiral commença à dire qu'ayant été en Normandie par le commandement du Roi, pour là savoir et apprendre quelle serait l'occasion des troubles, il avait trouvé que le tout procédait des persécutions que l'on faisait pour le fait de la religion, et qu'on lui avait baillé une requête pour la présenter à Sa Majesté, pour la supplier d'y mettre quelque bon ordre, disant que combien que la requête ne fut signée, toutefois, s'il en était requis, il s'en trouverait en Normandie plus de cinquante mille qui la signeraient[13]. François II remercia Coligny de son zèle et ce fut l'Aubespine qui donna lecture de ce factum. Les réformés demandaient la cessation des poursuites, la liberté du culte, et qu'il leur fût accordé des temples pour leurs prêches et administrer les sacrements, et pour répondre aux calomnies qui les chargeaient, que le Roi députât tels commissaires qu'il lui plairait pour faire rapport de leur vie et mœurs, — dont la compagnie écoutant ces propositions que formulaient pour la première fois de façon si nette les huguenots entra en admiration, s'émerveillant de la hardiesse de l'amiral, attendu les dangers où il se mettait[14]. François II n'eut pas l'air d'accueillir le mouvement de désapprobation des catholiques, laissant chacun libre de donner son opinion. Les jours suivants, on entendit l'évêque de Vienne, Marillac, qui refusa toute tolérance des hérétiques, mais conclut à une réunion des États Généraux et d'un concile national. Montluc, évêque de Valence, qui avait plus de tendresse pour les religionnaires, parla de la faiblesse morale du clergé, de sa négligence, qui avait tant avantagé le parti protestant ; lui aussi demandait la réunion d'un concile, mais en même temps de meilleures mœurs, à la Cour principalement, où les reines devaient obliger leurs filles d'honneur à chanter les psaumes de David au lieu de folles chansons ! Ce fut enfin l'amiral qui reprit la parole. Depuis le coup de main tenté sur Amboise, le Roi et les ministres s'entouraient d'un appareil militaire qui sans doute était justifié, mais gênait beaucoup les calvinistes. Ils affectaient de le considérer comme une insulte et Coligny s'éleva contre la nouvelle garde, disant que c'était chose de périlleuse conséquence de nourrir le Roi en cette opinion d'avoir crainte de ses sujets, et que si quelques-uns autour de sa personne avaient crainte d'être offensés, ils en devaient retrancher l'occasion. Il conclut en conseillant de faire droit à la requête des protestants, assembler les États et un saint et libre concile. — Le parti catholique, les Guise, ne pouvaient accepter de telles critiques, les prétentions des huguenots et jusqu'au blâme des précautions qu'ils avaient prises à la fois pour leur sûreté personnelle et celle de la famille royale. Le duc François dit très haut que Sa Majesté ne tomberait plus en si grand inconvénient que de voir ses sujets lui présenter une requête avec les armes et qu'ils n'avaient à bailler instruction à leur prince. Et quant à ce que l'amiral avait dit qu'il se trouverait plus de cinquante mille protestants pour signer une requête, le Roi en trouverait un million qui y seraient contraires[15]. — Il s'en remettait à la volonté du Roi, enfin, touchant la réunion des États. — Son frère le cardinal déclara que bailler temples aux huguenots cc serait approuver leur hérésie, ce que le Roi ne pouvait faire sans être perpétuellement damné. Il repoussa toute idée de s'en remettre aux décisions d'un concile national. La majorité des assistants, toutefois, semblait se prononcer pour la tenue des États, cette suprême ressource des époques troublées sous l'ancien régime. On décida de les réunir à Meaux pour le 10 décembre.

La victoire, en somme, était surtout pour le parti modéré, L'Hospital et les parlementaires, — derrière eux Catherine, — ceux qui admettaient la liberté du culte, s'obstinant à ne pas voir le côté politique des revendications protestantes. Les Guise, au reste, se trouvaient en mauvaise posture. L'opposition prenait une force qu'ils commençaient à redouter. Tant de criailleries, de libelles, d'attaques avaient leur résultat[16] et François Moi-même leur avait dit : Je ne sais ce que c'est, mais j'entends qu'on n'en veut qu'à vous. Je désirerais que pour un temps vous fussiez hors d'ici, afin que l'on vît si c'est à vous ou à moi que l'on en veut. Ils durent représenter au jeune Roi que ni lui ni ses frères ne vivraient une heure après leur partement, et que la maison de Bourbon ne cherchait qu'à les exterminer à l'aide des hérétiques huguenots[17]. — Les calvinistes, impatients, ne s'étaient pas bornés au reste à présenter leurs doléances à l'assemblée de Fontainebleau. Condé, après une courte apparition à La Ferté-sous-Jouarre, avait été rejoindre son frère le roi de Navarre en Béarn et autour des deux Bourbon se groupait toute la gentilhommerie mécontente. Dans le Dauphiné, le Languedoc, la Provence, avec les bandes protestantes de Puy-Montbrun et de Mouvans, c'était déjà la guerre civile. Une tentative sur Lyon, par Maligny-Ferrière, n'échoua que par les tergiversations d'Antoine de Bourbon[18]. A Valence, Montélimar, Romans, on avait pillé des églises, tué moines et papegots. Il fallut envoyer des troupes, guerroyer contre les religionnaires, et les Guise, bien avertis que cela s'était fait par le consentement et l'intelligence du prince de Condé, conseillèrent à François II d'écrire au roi de Navarre[19] : que ledit prince avait attenté contre son Etat et s'était efforcé de prendre ses villes, et qu'il le priait de le lui envoyer, autrement qu'il serait contraint de l'envoyer quérir[20]. — L'arrestation, à Etampes, au lendemain de l'assemblée de Fontainebleau, d'un agent des Bourbon, Jacques de la Sagne, venait de leur rendre en effet toute leur force en fournissant la preuve d'un bien autre complot que celui d'Amboise. Des lettres saisies, les aveux du vidame de Chartres, jeté dans un cul-de-fosse à la Bastille[21], les révélations de la Sagne, — tellement tiré sur la géhenne qu'il déclara ce qu'il savait et même davantage, découvrirent toute l'entreprise. Cette fois, Montmorency et ses fils en étaient. Condé et le roi de Navarre, enfin décidé à se mettre sur les champs, devaient être rejoints à Poitiers par Damville, deuxième fils du connétable, avec six cents chevaux, s'emparer de Tours et d'Orléans. Montmorency devait s'assurer de Paris, aidé de son premier fils, le maréchal ; le duc d'Etampes répondait de la Bretagne, le comte de Tende de la Provence, Senarpont et Bouchavannes de la Picardie, et selon l'expression de Jean Michieli, une vaste conspiration, qui recevait son mot d'ordre de Genève, couvrait de ses fils la France entière. Mais, renseignés par leurs espions, les Lorrains n'ignoraient rien des agissements du parti, de ses intentions que résume La Place en disant : Si le Roi, les princes, les seigneurs ne pouvaient être maîtres et avoir raison de ceux de Guise, on ferait amas et assemblée à Orléans, qui était le nombril du royaume et ne cesseraient jamais les participants qu'ils ne fissent le procès auxdits de Guise[22]. Le duc François comprit que le danger était plus sérieux qu'au minent de la première prise d'armes et prit des mesures en conséquence. Il fit lever en Lorraine un régiment de lansquenets et deux mille reîtres et rappela du Dauphiné les Gascons des vieilles bandes qui s'y trouvaient cantonnées depuis l'évacuation du Piémont. Les Etats qui devaient se tenir à Meaux furent transportés à Orléans et la garde du Roi reçut un nouveau renfort d'hommes tirés des troupes qui revenaient d'Ecosse[23]. En même temps, on éloignait les suspects, — les Châtillon, d'abord, qu'on ne trouve pas nommés dans les accusations de la Sagne, mais qui devaient bien être de connivence avec leur oncle et n'auraient pas manqué de lui prêter la main[24]. D'Andelot, auquel on fit comprendre qu'il n'exercerait aucun commandement effectif sur ses troupes d'infanterie, s'éloigna de la Cour, voyant bien, dit La Place, qu'on avait peu de fiance en lui et que les soldats dont il était colonel ne lui rendaient obéissance. Il se mit avec quelques capitaines dans un bateau qui descendit la Loire jusqu'à Ancenis et se retira en Bretagne, — et, disait-on, que sans la crainte d'étonner le prince de Condé, non arrivé encore, on l'eût fait arrêter[25]. — Coligny, rentré à Châtillon-sur-Loing après l'assemblée de Fontainebleau[26], s'était de suite transporté, avec son frère le cardinal, près de Catherine de Médicis alors à Saint-Germain, dès qu'il avait connu l'arrestation de La Sagne et les accusations qui pesaient sur Condé. Il avait demandé à la Reine mère la permission d'en informer la comtesse de Roye, la sachant convaincue de l'innocence de son gendre et de l'engager à venir à la Cour présenter elle-même sa défense. La comtesse de Roye écrivit en effet à Catherine et se répandit en protestations, ajoutant que c'était chose bien dure de presser un prince du sang de se présenter au lieu où ses ennemis commandaient. Dans une seconde lettre, elle priait la Reine de ne pas trouver étrange s'il venait mieux accompagné que de coutume. Mais Catherine, piquée, répondit qu'il trouverait le Roi mieux accompagné encore que lui-même[27]. Pour l'amiral, on espéra le tenir à distance en le nommant au gouvernement du Havre et de Honfleur[28].

Cependant le roi de Navarre, auquel on avait dépêché de Crussol avec les lettres de François II[29] et qui affectait de ne rien croire de la culpabilité de son frère, essaya d'éluder la question. Il répondit que ne faisant doute que ses haineux ennemis n'eussent prêté au prince cette charité, cependant il se presserait de le conduire à la Cour dès que les Guise n'y auraient plus d'autorité. Il fallut ainsi changer de tactique. On fit écrire Catherine, — dont l'intérêt sans doute était de maintenir les Bourbon hors de l'atteinte du parti catholique, mais qui n'osa refuser, surveillée de près par sa belle-fille, tout en faisant avertir en secret la princesse de Condé que c'était la mort de son mari s'il venait à la Cour[30]. François II donna aux deux princes sa parole royale qu'il ne serait attenté à leurs personnes en aucune manière et envoya le maréchal de Saint-André, puis le cardinal de Bourbon[31], ce prélat crédule et médiocre qui devait être le Charles X de la Ligue et qui, à son tour, certifia qu'ils n'avaient rien à craindre. — Les avertissements contraires, d'ailleurs, ne leur manquaient pas. De Genève, Calvin écrivait : N'allez pas vous livrer aux Guise ; vous aurez quand vous voudrez six ou sept mille Gascons sous de bons capitaines, qui pourront vous faire raison des Lorrains. La princesse de Condé, après avoir expédié inutilement courrier sur courrier, courut à la rencontre de son mari, Je suppliant de n'avoir le cœur si lâche de s'aller jeter dans le filet, quelques belles promesses qu'il eût du Roi, car il valait mieux mourir l'épée au poing que de monter sur un échafaud. A Limoges, 700 ou 800 gentilshommes se présentèrent, offrant à Antoine de Bourbon de mettre sous ses ordres 7.000 hommes de pied, tant de la Gascogne que du Poitou, 4.000 de Provence et Languedoc, autant de Normandie, et le pressant de s'emparer d'Orléans. Mais le roi de Navarre, dont les conseillers étaient achetés par les Guise et déjà hésitant, s'effraya d'une rébellion ouverte ; Condé avait peu de ressources[32] et la conspiration éventée, sans qu'il sût au juste quelles révélations avaient été faites par La Sagne, espérait s'en tirer par quelques bravades, comme à Amboise. Les Bourbon, devant ces terribles adversaires qu'étaient les princes lorrains, dont toutes les précautions étaient prises[33], n'avaient au surplus que deux partis à prendre : se présenter avec des forces suffisantes, ou s'abstenir et organiser la résistance dans le Midi[34]. Ils ne firent ni l'un ni l'autre, à la fois confiants dans les protestations de la Cour et persuadés qu'on n'oserait rien contre eux. Payant d'audace, ils s'acheminèrent à petites journées vers Orléans, escortés par le maréchal de Termes, venu à leur rencontre avec 200 chevaux sous prétexte de leur faire honneur, en réalité pour prévenir toute tentative de fuite. — Ils entrèrent à Orléans le 31 octobre et les masques tombèrent. La ville était pleine de troupes échelonnées sur leur passage. Devant l'hôtel d'Alençon, où était logé le Roi, ils durent descendre de cheval et passer le guichet. François II les reçut dans la chambre de Catherine, impuissante à les tirer de ce mauvais pas, et dit à Condé 4u'il l'avait fait venir pour qu'il se justifiât d'être l'auteur des troubles et calamités du royaume. — Sire, répliqua le prince, ce sont là pures calomnies de M. de Guise ! — Mais le temps de cette comédie était passé. — Il le faudra voir juridiquement ! fit le Roi. — Sur un signe de sa main, Maillé-Brézé et Chavigny, capitaines des gardes, arrêtèrent Condé[35] qui fut conduit dans une maison avoisinant les Jacobins, où les fenêtres avaient été bouchées à mi-hauteur et grillées, et qui fut flanquée d'un bastion de bois et de briques garni d'artillerie de campagne dont les pièces battaient trois rues[36]. Le roi de Navarre, sans être retenu prisonnier comme son frère, fut conduit dans une maison proche et gardé à vue avec un petit nombre de serviteurs, n'ayant la liberté que d'aller de son logis à celui du Roi. On arrêta encore La Haye, intendant du prince de Condé ; Groslot, bailli d'Orléans, suspect de favoriser le parti huguenot, et la comtesse de Roye qui avait si souvent conseillé la Reine mère et intrigué pour les réformés, et qui fut enfermée à Saint-Germain.

Les Guise avaient hâte d'en finir. Le procès de Condé fut instruit de suite par une commission de magistrats présidée par Christophe de Thou. Mais l'accusé refusa de répondre, attendu qu'en sa qualité de prince du sang, il n'avait autres juges que le Roi, accompagné des princes, séant en la cour du Parlement de Paris, les chambres assemblées. Le conseil privé rejeta cette récusation, mais on finit par instituer un tribunal où entrèrent les commissaires eux-mêmes, des chevaliers de l'Ordre, plusieurs pairs, présidents, maîtres des requêtes et conseillers, ne se pouvant tolérer, disait le duc de Guise, qu'un si petit galant fît de telles bravades à son Roi et souverain seigneur. Condé, reconnu coupable de conspiration, de trahison et d'hérésie, fut condamné à mort (26 novembre) et l'exécution fixée au jour de l'ouverture des Etats (10 décembre). Trois seulement des juges refusèrent de signer l'arrêt : le chancelier de L'Hospital, par politique ; les autres, le comte de Sancerre, vieillard pusillanime qui alla sangloter aux genoux de François II, le suppliant d'épargner un prince de sa race, et le conseiller du Portail, peut-être par scrupule de légalité. — Les huguenots, qui ont admiré l'attitude ferme et digne de Condé au cours des débats, de même que l'énergie déployée par sa femme pour le sauver, ne pouvaient manquer de prétendre que le procès fut inique et violant toutes les règles de la justice. Il n'existait, disent-ils, aucune preuve écrite de la culpabilité quant au chef de haute trahison ou de lèse-majesté humaine. M. le duc d'Aumale, dans un ouvrage qui n'est en somme que l'éloge de tous les princes de Condé l'un après l'autre, a cru devoir déplorer également que l'action judiciaire n'ait pas gardé alors des formes strictement légales. Mais l'examen des faits, — et qui étaient alors beaucoup mieux connus qu'aujourd'hui où ils sont présentés presque uniquement, répétons-le encore, avec les atténuations, les réticences, — les indignations même — d'historiens tous favorables au parti ou se conformant sans discuter à ses préférences, — peut permettre d'affirmer que n'importe quel tribunal indépendant appelé à décider au sens strict de la justice aurait, comme pour le conseiller Anne du Bourg, prononcé la condamnation. La culpabilité de Condé était flagrante. Les Guise, on ne doit nullement le méconnaître, agirent avec passion ; ils choisirent les juges, les prirent parmi les leurs[37]. C'est qu'ils n'attendaient ni impartialité ni courage d'une juridiction qu'ils n'auraient pas constituée et que devait influencer de suite l'opposition. — Ils avaient d'ailleurs résolu de réduire définitivement la huguenoterie, le perpétuel complot des mécontents, et de profiter de la condamnation de Condé, non seulement comme conspirateur mais comme hérétique, pour se débarrasser des Châtillon, des principaux parmi les calvinistes[38]. Ils firent écrire par le Roi à tous les chevaliers de l'Ordre absents qu'il voulait tenir un chapitre général à Noël, et entendait que toutes excuses cessantes, ils se trouvassent à la Cour. Le cardinal de Lorraine avait fait dresser une profession de foi conforme aux articles rédigés par la Sorbonne en 1552 et qui devait être présentée à la magistrature, aux chefs militaires, au clergé, à la noblesse. François II devait la faire signer à tous les chevaliers, dégrader et envoyer au bûcher tous ceux qui s'y refuseraient. C'était le piège où devaient tomber Coligny, ses frères d'Andelot et Odet de Châtillon, les libéraux et les réformés qui dissimulaient leur adhésion aux doctrines de Calvin et agissaient en dessous contre le parti catholique. Aussi, le cardinal appelait cette confession la ratonnière. Un projet général de massacre aurait même été dressé, au dire de certains. MM.de Guise, dit Tavannes, avaient assuré le pape et le roi d'Espagne de chasser du royaume les huguenots ; desseignant après le procès du prince de Condé, d'envoyer de la gendarmerie et des gens de pied sous la charge des sieurs de Saint-André, Termes, Brissac et Sipierre, pour chasser les hérétiques et faire obéir le Roi[39].

Quoi qu'il en soit de ces desseins sanguinaires, dont une belle part sans doute fait honneur à l'imagination fertile des auteurs calvinistes, Coligny, qui n'avait : pas encore pris possession de son gouvernement du Havre, s'était rendu à Orléans dès qu'il avait appris l'arrestation de Condé, et c'était au moins un de leurs principaux adversaires que tenaient les Guise. Peut-être espérait-il faire agir Catherine, avec laquelle il entretenait toujours d'amicales relations, et le chancelier de L'Hospital qui, d'avance, lui était acquis. La comtesse de Roye, arrêtée en même temps que le prince, était sa sœur, et il se devait de ne pas l'abandonner, non plus que Condé, lorsque leurs intérêts communs étaient si compromis. Coligny, on le sait d'ailleurs, ne manquait pas de bravoure et sur une idée arrêtée était prêt à courir tous les risques. Il quitta Châtillon avec son frère Odet, et au partir de sa maison, dit R. de la Planche, il ne voulut dissimuler à sa femme le danger où il s'allait envelopper sans en attendre aucune bonne issue, disant toutefois avoir telle confiance en Dieu qu'il aurait pitié de sa pauvre Eglise, exhortant ladite dame de demeurer constante en la doctrine de l'Evangile... et si elle entendait sa prison ou sa mort, de ne laisser à poursuivre sa course et de faire baptiser son enfant, duquel elle était enceinte et prête d'accoucher, en l'église réformée et par les vrais ministres de la parole de Dieu[40]. — Mais arrivé à Orléans, encore que la Reine mère lui eût fait le pareil accueil et réception que de coutume, il ne demeura guère sans s'apercevoir de la mauvaise volonté de ceux de Guise. Catherine l'avertit de ce qui se préparait et des mesures prises pour forcer tous les chefs calvinistes à se rétracter devant le Roi ou passer en jugement[41]. L'amiral déclara qu'il était prêt à rendre sa réponse à François II et qu'il espérait que Dieu lui ferait la grâce de la donner si bonne que Sa Majesté en serait contente sans que le cardinal en pût emporter que honte ; et que s'il plaisait au Roi de les ouïr tous deux seuls, il jugerait aisément lequel des deux serait hérétique (3)[42]. Mais il n'y avait là que des paroles et Coligny, prisonnier de fait entre les mains des catholiques, était aussi impuissant que le roi de Navarre ou que la pauvre princesse de Condé, qui n'avait pu obtenir qu'à grand'peine d'entrer dans la ville et, traitée comme la moindre demoiselle de France, s'était inutilement jetée aux pieds du Roi[43].

Un événement inopiné changea tout. François II, dont la santé avait toujours été précaire, fut pris brusquement de malaises et eut une syncope tandis qu'il entendait les vêpres aux Jacobins (18 novembre). Il devait partir le lendemain pour la chasse afin d'éviter d'assister à l'exécution du bailli Groslot, condamné à mort pour ses menées calvinistes (16 novembre)[44] et avait même invité Antoine de Bourbon à l'accompagner[45]. Lorsqu'il revint d'un long évanouissement, il commença à se plaindre de la tête, en la partie de l'oreille gauche en laquelle il avait eu de tout temps une fistule, en sorte que de la douleur, la fièvre le prit. Cependant la première inquiétude se calma à la Cour, car il parut se rétablir et intervint même aux dernières délibérations du procès de Condé. Mais le 27 survint une nouvelle crise, et combien que quelque humeur puante fut distillée de son oreille ; qu'il eût été purgé et ventosé et que cette descente fut retenue par fomentations, toutefois la fièvre ne laissa de lui redoubler avec grandes douleurs, inquiétudes et rêveries. C'était l'accident que les médecins redoutaient. François II était perdu. Le sang se décomposait ; il pourrissait, l'abcès gagnant l'intérieur de l'oreille et la gorge, tandis que le cardinal de Lorraine faisait faire des processions et brûler des cierges ; que son frère le duc de Guise s'en prenait aux médecins et chirurgiens qui agitaient la question du trépan, s'enquérant s'il était possible que par un acte de médecine ou autrement on pût sauver un roi, ou bien seulement lui prolonger la vie, voire à un roi qui était en la fleur de son âge, et leur disant mille injures comme d'avoir pris argent des hérétiques pour le tuer, et qu'étant larrons et abuseurs de peuple il les ferait tous pendre. C'était leur puissance, en effet, qui s'écroulait. Avec le petit roi et Marie Stuart, dont le désespoir était indicible, disparaissait la prépondérance du parti catholique, tout ce qu'ils avaient échafaudé de moyens, de projets, d'entreprises, et au moment même où ils pensaient triompher de leurs ennemis. Derrière le décor factice de ces quelques semaines de règne où ils s'étaient débattus vainement contre l'opposition si savamment organisée des calvinistes, et sur lequel venait de passer le souffle de la mort, apparaissait le visage impénétrable de Catherine, prête à recueillir l'héritage et que le décès de son premier fils allait faire toute-puissante. — Ils s'efforcèrent de lutter pourtant, comme luttait le petit François II qu'épouvantait sa fin prochaine et qui suppliait les saints et Notre-Dame de Cléry, leur promettant, s'il revenait à la santé, l'extermination des huguenots sans épargner même ses frères, ses sœurs, même sa mère ou sa femme s'ils étaient atteints d'hérésie ; — et le duc de Guise essaya de traiter avec Catherine. La fin de François II n'était qu'une question de jours, d'heures peut-être et il fallait se-hâter. Il offrit à la Reine mère tout son dévouement, son concours efficace dans la situation tragique où allait se trouver le royaume, mais lui remontra que dans l'intérêt commun elle devait sacrifier les Bourbon, chefs des malcontents et des huguenots. Pour en laisser la responsabilité au petit Roi moribond, elle devait avancer l'exécution de Condé et se débarrasser du roi de Navarre, l'ambition des deux frères étant de supplanter les Valois. Mais Catherine avait souffert de l'arrogance des Guise et voulait régner sans partage. Quand MM. de Guise, insinua la duchesse de Montpensier sa conseillère, se seront délivrés de MM. de Bourbon, ils n'auront plus que vous en face et ce sera votre tour. La mort du Roi peut amener l'autorité entre vos mains ; c'est à vous d'en profiter. Le chancelier de L'Hospital, qu'elle consulta, parla dans le même sens. Charles IX, qui allait monter sur le trône, n'avait que dix ans et c'était son pouvoir de régente qu'elle devait établir en profitant de la rivalité des princes ; le coup de force que proposait François de Lorraine déchaînerait la guerre civile et mettrait en danger toute la famille royale. — Vous êtes puissante de garder la balance entre les grands et les faire débattre à qui mieux vous servira, ayant la science de régner et votre maison pleine de rois, ajouta le chancelier ; soyez maîtresse et non serve de vos mauvais conseillers[46]. — Catherine reconnaissait là sa politique, mais elle voulut d'abord s'assurer du roi de Navarre. Appelé dans sa chambre, la duchesse de Montpensier eut le temps de lui glisser à l'oreille qu'il se gardât de rien refuser à la Reine, pour ce qu'autrement il était mort. Catherine, en effet, commença par lui reprocher la malveillance qu'il avait montrée pour François II, dont elle avait tenté vainement d'apaiser la colère. Puis nettement elle lui proposa un marché. Elle voulait la régence, à laquelle il pouvait prétendre comme premier prince du sang, mais dont il se trouvait éloigné de fait car la plaie de ses fautes et crimes était trop fraîche, et si les Etats lui voulaient bailler le gouvernement du Roi et du royaume, il les lui remettrait entièrement. Elle lui accordait ainsi sa liberté et celle de son frère et de plus a charge de lieutenant général du royaume que détenait le duc Fr. de Lorraine. Elle entendait, de plus, qu'il fît une profession de foi catholique, se réconciliât avec ses cousins de Guise, et lui affirma que nulle des procédures faites contre Condé n'était de leur avis et sollicitation. Le roi de Navarre, qui n'était pas fort ambitieux, la supplia de croire, dit Castelnau, qu'il ne prétendait rien à la régence au lieu où elle serait ; et à l'heure même lui offrit son fidèle service et celui de son frère[47]. La partie était perdue pour les Guise. Autour de Catherine se groupaient déjà les courtisans du nouveau règne. Il y eut une scène de réconciliation, toute d'apparence, où la Reine mère fit embrasser à Antoine de Bourbon ses cousins et promettre mutuellement d'oublier toutes querelles passées. Le petit Roi même, tirant à la mort, dut jouer un rôle dans cette comédie et, docile jusqu'au dernier moment, déclara au roi de Navarre que ceux de Guise n'avaient jamais rien entrepris contre lui et les siens, mais que de lui-même il avait fait emprisonner le prince de Condé. — C'était d'ailleurs la fin et cette comédie pénible ne précéda que de bien peu l'agonie. Le 5 décembre, sur l'heure de midi, on tenait le Roi pour mort, combien qu'il n'expira qu'à cinq heures[48] ; enfin, une défluxion d'humeur lui descendit du cerveau dans l'oreille gauche et s'étant formée en apostume, ne pouvant trouver de conduit pour passer, l'étouffa[49]. — Dans le désarroi de la catastrophe, lorsque chacun ne cherchait qu'à se pourvoir selon les circonstances, Coligny comme interné dans cette ville où ne l'entouraient que des visages ennemis, fut un des seuls qui l'assistèrent, le recommandant à Dieu à l'heure de son trépassement. Incliné devant la misérable dépouille de celui qui avait été le pauvre roitelet François II, ce fut lui qui annonça le décès : — Messieurs, fit-il, le roi est mort ; cela nous apprend à vivre ![50] — Mais rentré chez lui, dans la maison d'Orléans où il avait vécu de longues journées d'incertitude et d'attente, on raconte qu'il resta longtemps rêveur, mâchonnant un cure-dent[51], près du feu d'hiver qui flambait dans la haute cheminée. Tant d'événements étaient survenus en si peu de jours ! — Monsieur ! lui dit enfin son secrétaire, nommé Fontaine, c'est trop rêver ; il n'y a point de propos ; vos bottines en sont toutes brûlées !Ah ! Fontaine, répondit-il, il n'y a pas huit jours que toi et moi eussions voulu en être quittes chacun pour une paire de bottines ; c'est bon marché ![52] — Les protestants devaient voir au reste, comme pour la mort de Henri II au tournoi de la rue Saint-Antoine, l'intervention divine dans la fin terrible de son successeur : — Dieu est apparu, écrivit Calvin ; il a frappé le père à l'œil et le fils à l'oreille ![53] On remarqua du reste qu'il était mort le dix-septième mois de son règne, le dix-septième jour de sa maladie et la dix-septième heure après minuit. (LA PLANCHE.)

 

 

 



[1] Comte J. DELABORDE, Gaspard de Coligny, t. I, p. 411.

[2] Aux premières nouvelles de la conspiration, Guise avait écrit au connétable, l'engageant à interposer dans le conflit l'autorité de son nom, de son expérience, de ses cheveux blancs. (DARGAUD). Il fut, après la répression, chargé par le Roi de se rendre au Parlement, pour y rendre compte de l'affaire d'Amboise. Le vieux courtisan s'en tira par un trait d'esprit. II ne voulait ni approuver ni combattre ostensiblement les Guise. Il loua le Roi d'avoir défendu ses serviteurs, qu'on voulait attaquer en sa maison. (D'AUBIGNÉ, liv. II, chap. XVIII.) — Le connétable dit que chacun tiendrait à grande injure que l'on vînt tirer des coups d'arquebuse contre sa maison pour outrager quelqu'un sien serviteur, que à plus grande raison, le Roi devait trouver mauvais qu'on fût venu en cette façon contre son château d'Amboise pour l'entreprendre contre ses principaux serviteurs et ministres. (Pierre DE LA PLACE, liv. II.)

[3] La répression s'était, en effet, étendue bien au delà d'Amboise. A Orléans, Vieilleville avait écrasé une troupe de cinq cents hommes qui se dirigeaient vers la résidence royale en descendant la Loire. Il fut envoyé ensuite à Rouen et à Dieppe, où des mesures énergiques rétablirent l'ordre. Dans le Midi, où les protestants étaient en force, il y avait eu également des troubles. Partout les huguenots s'agitaient, devenaient agressifs. Le comte de Villars, gouverneur du Languedoc, fut obligé de demander dix mille arquebusiers d'infanterie et cinq cents hommes d'armes pour réprimer les séditions et châtier les villes en les privant de leurs privilèges. Les protestants levaient une imposition régulière pour les dépenses de leur église, gardaient les portes des cités et visitaient tous ceux qui se présentaient. Le Roi donna l'ordre d'arrêter les réformés et de faire pendre leurs prédicants, sans autre forme de procès, par le prévôt des maréchaux.

[4] Manuscrit cité par M. VITET dans son Histoire de Dieppe, t. I, p. 109.

[5] RÉGNIER DE LA PLANCHE, op. cit.

[6] Sixte-Quint et Henri IV, p. 64

[7] Histoire de la Ligue, introduction. — J'ai ouy de ce temps, dit Brantôme, faire comparaison de lui et de Thomas Morus, chancelier d'Angleterre, le plus grand aussi qui fût en ce pays, fors que l'un était catholique et l'autre e tenait-on huguenot, encore qu'il allât à la messe ; mais on disait à la Cour : Dieu nous garde de la messe de M. l'Hospital. (Œuvres complètes, t. I, p. 320.) — Les éloges du chancelier ont commencé avec les pamphlets les plus violents dirigés contre l'Eglise, et sa partialité pour les religionnaires devait lui valoir leur tendresse. Pourtant, de Bèze, assez bon railleur et qui connaissait cette moralité inconstante, le fit peindre avec un flambeau par derrière, indiquant par cela que ce modèle de probité ne regardait jamais la vérité en face. A. SEGRETAIN, op. cit.

[8] Ce tableau, depuis, a été retiré. Les perpétuelles transformations du Louvre finissent par rendre difficile de donner une indication juste.

[9] Les Œuvres complètes de Michel de l'Hospital, — harangues, poésies latines, traité de la réformation de la justice, mémoire d'Etat, etc. ont été publiées par DUFEY DE L'YONNE, 5 vol., in-8°, Paris, 1823-1825. Les poésies latines ont été traduites par L. BAUDRY DE NALÈCHE, Paris, 1857, in-12.

[10] Le président Lemaitre put dire ainsi en plaisantant que les calvinistes seraient pendus comme séditieux et étranglés comme hérétiques (DARESTE). Mais ils surent très bien interpréter cette dernière clause comme impliquant pour eux la liberté du culte.

[11] Catherine de Médicis favorisa surtout l'assemblée de Fontainebleau, comme moyen de préparer la réunion d'un concile ; mais Philippe II s'en alarma, prévoyant une déviation de l'autorité du Pape, un danger pour ses propres Etats, tant qu'il dépêcha en France don Antonio de Tolède, pour détourner les Guise et la Reine mère de la voie où ils s'engageaient. François II, toujours bien stylé, lui représenta que l'unique remède aux maux de la chrétienté serait dans une réformation qui ôterait prétexte aux protestants. — Lors des Etats-Généraux, du reste, la noblesse de Touraine demanda qu'il plût à Sa Majesté que la religion fût réformée selon la vraie parole de l'Evangile, sans qu'on y ajoutât ou diminuât aucune chose. (26 octobre 1561.) On demandait également la réunion d'un concile, car certains continuaient à tout espérer de la conciliation. (Record office, State pap., vol. 30).

[12] CASTELNAU, Mémoires, liv. II, chap. VIII. Régnier de La Planche insiste : Ce qui fit entrer ceux de Guise en grande crainte, dit-il, ayant envoyé rafraîchir leurs gens au loin, et les fit filer doux et caresser le connétable et ses neveux comme s'ils eussent été bons amis. Op. cit., p. 350.

[13] CASTELNAU, Mémoires.

[14] R. DE LA PLANCHE, P. DE LA PLACE, op. cit. — Régnier de La Planche s'est longuement étendu sur l'assemblée de Fontainebleau et rapporte avec conviction, peut-être même en les agrémentant un peu, les discours favorables aux réformés. D'Aubigné, sagement, résume en quelques lignes ces bavardages fastidieux. — Le texte de la requête présentée par Coligny est donné dans les Mémoires de Condé.

[15] Le duc de Guise se serait écrié, selon Brantôme : Et moi avec cent mille hommes dont je serai le chef, je leur romprai à tous la tête.

[16] En même temps que leur requête, les calvinistes avaient encore lancé plusieurs pamphlets montrant les Guise ennemis mortels des princes chrétiens, traîtres à la couronne, tyrans et pirates sur le peuple français. Ils étaient écrits, dit M. Dargaud, avec le sang des martyrs, avec les larmes des veuves et des orphelins. Ils attaquaient surtout, le cardinal, — le cardinal de la ruine, dit une chanson du temps, — ses mœurs cyniques, sa cruauté insatiable, son ambition effrénée. Ils lui reprochaient de travailler insolemment et criminellement à mettre la couronne de France sur la tête de son frère et sur sa propre tète les trois couronnes papales. C'était la principale accusation qui éclatait, toujours la même, mais avec des injures, des insinuations, des outrages inépuisables. — T. I, liv. XI.

[17] R. DE LA PLANCHE. — François II déclara d'ailleurs aux présidents de Thou et de Harlay qu'il maintiendrait son édit de Romorantin et que les réformés seraient punis comme devant. (Mémoires de Condé.)

[18] Mémoires de Castelnau, liv. II, chap. IX.

[19] On avait d'abord affecté de croire qu'Antoine de Bourbon était resté étranger aux menées calvinistes et, après l'affaire d'Amboise, François II lui avait écrit affectueusement pour lui dire comment les choses s'étaient passées. La lettre est insérée dans les Mémoires de Condé (édit. Michaud, p. 554). Les mêmes Mémoires contiennent la lettre par laquelle le Roi mande à son bon oncle de lui amener le prince de Condé. — Lors de l'échauffourée d'Amboise, le roi de Navarre, d'après l'ambassadeur Michieli, offrit à François II un secours de 5.000 hommes que les Guise refusèrent. (Mss., Dép. vénit., filza 4. f° 45. Lettre du 4 avril 1560.)

[20] CASTELNAU, Mémoires, liv. II, chap. IX.

[21] François de Vendôme, vidame de Chartres, un des proches parents de Condé, avait été, colonel général des bandes de Piémont. Galant homme, c'était aussi un bon capitaine, et, nous l'avons indiqué plus haut, un de ceux qui se trouvent nominés parmi les amants de Catherine de Médicis avant son veuvage ; mais, selon Brantôme, il n'avait eu pour elle que de l'indifférence. Elle se serait vengée en le faisant tenir plus de six mois à la Bastille et il serait mort empoisonné quelques jours après sa libération, — d'autres disent des mauvais traitements qu'il avait reçus. (BRANTÔME, I. I, p. 661.)

[22] LA PLACE, op. cit. — Les mécontents s'étaient peut-être illusionnés sur la portée des Etats dont ils avaient tant réclamé la convocation, d'autant, dit Castelnau, que le duc de Guise et ses frères avaient donné si bon ordre par tous les gouvernements, ports et passages, qu'il était impossible aux protestants de faire aucunes assemblées ni de passer d'un lieu en l'autre qu'ils n'eussent été surpris et découverts (liv. II, chap. I. IX). — Les baillis, les sénéchaux, tous les officiers du gouvernement avaient reçu des ordres au sujet des élections. Les juges devaient empêcher que rien dans les collèges ne fût proposé contre l'autorité des Guise et de l'Eglise et surtout que nul ne fût député duquel ils n'eussent bon et assuré témoignage de sa religion. R. DE LA PLANCHE.

[23] On réunit à Orléans jusqu'à 4.000 hommes de pied sous douze enseignes. Le jour de son entrée le Roi était escorté de 400 archers de son ancienne garde, 200 gentilshommes, un nombreux corps de Suisses et les arquebusiers de la nouvelle garde. Sipierre, bien connu pour son énergie et sa dureté, y exerça toute l'autorité, sous le commandement nominal du prince de La Roche-sur-Yon, que sa qualité de prince du sang rendait suspect, mais qu'on savait en somme peu dangereux. (Duc D'AUMALE, les Princes de Condé, t. I.)

[24] Montmorency, voyant mal tourner les choses, resta obstinément à Chantilly, feignant un accès de goutte. Il ne voulait, d'ailleurs, qu'une sorte de condamnation des princes lorrains par les Etats, qu'on aurait fait ratifier de gré ou de force par le Roi et la Reine mère.

[25] LA PLACE, op. cit., p. 74.

[26] Le bruit même courut qu'il avait reçu l'ordre d'y rester. Throckmorton to Cecil, 12 septembre 1560 ; Calend. of State pap.

[27] LA PLACE, DE THOU, LA POPELINIÈRE.

[28] DU BOUCHET, Preuves, p. 519.

[29] Instructions à M. de Crussol, 30 août 1560. Bibl. nat., mss. fonds Colbert, vol. 28. Négociations sous François II, p. 482. Collection des Documents inédits.

[30] TAVANNES.

[31] Throckmorton to Cecil, 8 septembre 1560. Calend. of State pap.

[32] La pénurie du prince était telle que pour lui faire parvenir mille écus d'or, sa belle-mère avait dû engager son château de Germiny. (Duc D'AUMALE, op. cit., t. I, p. 85.)

[33] La correspondance des Guise, à ce moment, témoigne de l'intérêt avec lequel ils épiaient leur marche (Lettres des 15 et 23 octobre). Bibl. nat., mss. fr, 3157, f° 62 et 74.

[34] C'était l'avis de Jeanne d'Albret, plutôt décidée à la résistance et qui fit armer ses montagnards du Béarn et mettre ses forts en état de défense. (H. FORNERON, op. cit., t. I, p. 278.)

[35] Sur la réception des princes de Bourbon par François II et leur arrestation, cf. la relation de Jean Michieli, dans TOMMASEO, Ambassadeurs vénitiens, t. I, p. 427.

[36] La maison où fut incarcéré Condé, rue des Carmélites, près de la place de l'Etape, existait encore en 1792, époque où Désormeaux écrivait son Histoire de la maison de Bourbon ; la chambre du prince avait conservé des barreaux de fer aux fenêtres.

[37] Les Guise firent alors donner l'ordre de Saint-Michel à dix-huit de leurs créatures (R. DE LA PLANCHE), tant qu'on le nomma bientôt le collier à toutes bêtes. — L'ordre avait été si recherché d'abord, dit Brantôme, qu'aucuns de nos Français qui ne le pouvaient avoir, abandonnaient leurs femmes, comme on les nommerait bien, d'autres donnaient leurs biens. (Œuvres complètes, t. I, p. 507.)

[38] Il paraît bien inutile de revenir ici sur un prétendu projet d'assassinat du roi de Navarre qu'auraient machiné les Guise sur le conseil du maréchal. de Saint-André et où François II lui-même devait frapper son oncle, ou du moins lui chercher une querelle d'Allemand afin de permettre qu'on le tuât à coups de dague. Le Roi aurait faibli au dernier moment et le duc de Guise se serait écrié : Voilà le plus poltron cœur qui fut jamais ! Un huissier entendit le propos et le rapporta à Catherine. — La même histoire est donnée à propos de Condé au moment de l'affaire d'Amboise, et cela seul suffirait à la rendre suspecte. Mais M. le baron de Ruble, dans son édition d'Agrippa d'Aubigné, qui la relate à son tour (liv. II, chap. XXI), a la bonne foi de reconnaître que si elle a été admise sans conteste par La Planche, Bordenave, de Bèze, La Popelinière et tous les historiens protestants, on ne la trouve d'abord que dans un mémoire adressé à Charles IX, le 16 septembre 1568, sous le titre d'Ample déclaration. Cette pièce, dit-il, a été publiée dans un volume fort rare : L'Histoire de nostre temps contenant un recueil des choses mémorables passées et publiées pour le faict de la religion et Estat de la France, depuis l'édict de pacification du 23e jour de mars 1568 jusques au jour présent ; 1570, gr. in-12 ; c'est-à-dire dans un pamphlet huguenot.

[39] Régnier de La Planche entre dans de nombreux détails sur cette entreprise. Le maréchal de Termes, cantonné en Poitou et Saintonge, devait se joindre aux troupes espagnoles et entrera aux pays du Navarrais et racler sans épargner sa femme ni ses enfants On devait traiter de même les maisons de tous les seigneurs et gentilshommes qui l'avaient accompagné et s'étaient trouvés à la faction d'Amboise. On soulevait le peupler pour accomplir le massacre à l'intérieur du royaume, afin que la France étant repurgée, on regardât avec les Espagnols, Italiens, Allemands et Suisses catholiques, de faire le même en toute la chrétienté. Les prélats devaient avancer les fonds nécessaires avec promesse qu'ils seraient remboursés des confiscations faites sur les hérétiques ; fournir leurs valets et prêtres, etc.

[40] L'amirale, en effet, accoucha, le 24 décembre suivant, d'un garçon qui fut nommé Odet, et baptisé les premiers jours de février 1560, selon le rite de Genève.

[41] Une prison qui fut nommée l'amirale lui était destinée ; mais on ne voulait l'arrêter qu'après l'exécution de Condé (Comte DELABORDE). Déjà étaient arrivés à Orléans trente ou quarante des plus experts bourreaux des villes circonvoisines, qu'on avait habillés d'une même livrée et parure, et l'échafaud pour trancher la tête au prince de Condé s'en allait dressé devant le logis au Roi. (LA PLANCHE, op. cit.)

[42] LA PLANCHE.

[43] La princesse de Condé vint supplier le Roi de lui accorder cet heur de voir son mari encore une fois dans sa vie. François II lui répondit avec colère que le prince était son plus grand et mortel ennemi, et que lui ayant voulu ôter la vie avec le royaume, il ne pouvait moins que s'en venger. Le cardinal chassa cette princesse fort rudement, l'appelant importune et fâcheuse, et disant que qui lui ferait droit, on la mettrait dans un cul de fosse elle-même. (LA PLANCHE, op. cit.)

[44] Jérôme Groslot, fils de l'ancien chancelier d'Alençon, réussit à s'évader la veille de l'exécution et se cacha dans son château de l'Isle, près d'Orléans. (Mss. cité par LOTTIN : Recherches historiques sur la ville d'Orléans.)

[45] Le roi de Navarre s'excusa en disant que tout le monde trouverait étrange de le voir aller à l'ébat, et laisser son frère prisonnier et captif, et supplia François II de lui tenir promesse selon sa royale parole engagée avant leur venue ; mais il eut le commandement du dit sieur de se tenir prêt pour le lendemain matin. — On avait convenu que durant cette chasse en courant après quelque bête, on le tuerait, puis on ferait courir le bruit qu'il aurait été meurtri d'un cerf ou d'un sanglier. Si l'on ne peut ajouter foi à tout ce que les auteurs calvinistes et spécialement La Planche ont raconté des agissements et des projets des Guise, il est certain que d'une façon ou de l'autre ils voulaient se défaire du roi de Navarre. L'ambassadeur d'Espagne, devenu leur conseiller et leur confident depuis qu'ils avaient renoncé à leurs rêves sur l'Angleterre, dit M. Forneron, les blâmait de vouloir ainsi détruire tous leurs ennemis d'un seul coup, et estimait qu'il eût été plus sage de les attaquer successivement. Cf. Journal des Savants, 1830.

[46] D'AUBIGNÉ, Histoire universelle, liv. II, chap. XXII.

[47] Selon La Place, Catherine de Médicis lui fit même signer cette renonciation (2 décembre 1560). La date est précisée par une dépêche de Chantonnay du 3 décembre. (Arch. nat., K, 1493, 00113.)— La Reine avait estimé de suite à sa juste valeur ce caractère malléable. Les Guise écartés, elle le circonvint si bellement qu'elle put dire : Il m'est si obéissant qu'il n'a nul commandement que celui que je lui permets.

[48] Il mourut à 10 heures, selon Chantonnay (lettre du 8 décembre). — Cette indication est confirmée par un extrait des registres du Parlement.

[49] Sur les derniers moments de François II, cf. la dépêche de Throckmorton à Elisabeth, 6 décembre, Calend. of State pap., 1560-1561, p. 421. — Le docteur A. CORLIEU, la Mort des rois de France depuis François Ier jusqu'à la Révolution, 1873, conclut à une carie osseuse du rocher et à un épanchement cérébral consécutif. — LE LABOUREUR, dans ses Additions aux mémoires de Castelnau, rapporte une tradition selon laquelle un Ecossais, valet de chambre du Roi, aurait empoisonné son bonnet de nuit, ce qui aurait envenimé la fistule et causé la mort. Mais on sait qu'à l'époque on voyait le poison dans toutes les morts suspectes.

[50] Bibl. nat., mss. Colbert, vol. 488, f° 749.

[51] Dieu me garde, disait déjà un dicton italien de l'époque, de la douce et gentille façon du prince de Condé et du cure-dents de l'amiral. (BRANTÔME, t. I, p. 465.) — Le cure-dents de Coligny est resté célèbre ; il en portait toujours un fust en la bouche, ou sur l'oreille, ou en la barbe.

[52] Bibl. nat., mss. Colbert, vol. 488, f° 749.

[53] J. BONNET, Lettres de Calvin. Mss. 107, A. Bibl. de Genève ; lettre du 16 décembre 1560.