LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME IV — LES INSTITUTIONS DE L’ANTIQUITÉ

LA GUERRE. — I. - LES ARMES

 

 

LA MASSUE. - LES HACHES. - LE CASSE-TÊTE. - L’ÉPÉE. - LA LANCE ET LE JAVELOT. - L’ARC. - LA FRONDE. - LE CASQUE. - L’ARMURE. - LE BOUCLIER.

 

LA MASSUE. — La massue, l’arme des anciens héros, a dû être employée chez tous les peuples primitifs. Les monuments où sont figurés les exploits d’Hercule ou de Thésée représentent la massue comme un gros bâton, très fort et pesant à l’un de ses bouts, et se rétrécissant du côté où on le prenait en main : le plus souvent on y laissait des nœuds. Cette arme, abandonnée dès que l’art de la guerre s’est perfectionné ; apparaît sur plusieurs monuments comme employée par quelques peuples barbares ; sur le Virgile du Vatican, on la voit aux mains des Latins qui combattent les Troyens, et sur la colonne Trajane, elle figure parmi les armes dont se servent les Daces.

 

LES HACHES. — Les haches, comme les massues, se rattachent à une époque préhistorique ; mais comme la pierre se conserve mieux que le bois, on a pu retrouver un certain nombre de haches qui remontent à une époque antérieure au travail des métaux. On sait que cette découverte a rencontré à son origine bien des incrédules ; aujourd’hui tous les musées de l’Europe possèdent une collection de ces armes primitives. Parmi les haches de pierre qu’on peut voir au Musée d’artillerie, il y en a deux qui sont signalées comme particulièrement intéressantes. Ces haches proviennent des habitations lacustres, dit la notice du Musée. Elles sont fixées à des andouillers de cerf. L’extrémité de l’andouiller opposée au tranchant de la hache est taillée pour recevoir un manche en fourche, qui s’y liait par des courroies de nerfs ou de cuir. Toutes les haches de petite dimension peuvent se rattacher à ce type. On rencontre souvent, et particulièrement en France, un genre de hache pour lequel ce mode d’emmanchement n’est plus suffisant. Cette hache a la forme d’un œuf aplati dont le petit bout serait pointu. Elle a quelquefois de grandes dimensions, un beau poli et des proportions remarquables. C’est ce qu’on nomme la hache des dolmens. Un des spécimens les plus curieux du Musée, extrêmement rare, nous a fourni la solution du problème de son emmanchement. Cette pièce a été taillée tout entière dans le même bloc de pierre, hache et manche. Deux rainures en saillie dessinent grossièrement, mais nettement, son insertion dans le manche. Elle est placée à peu près à son milieu, de sorte qu’on pouvait se servir du tranchant et de la pointe de l’arme comme dans les haches d’armes du moyen âge.

A une époque qu’il n’est pas possible de préciser, les hommes, ayant appris à travailler les métaux, ont reconnu que l’étain, combiné avec le cuivre, produit un alliage plus dur et plus pesant que ces deux métaux séparés : c’est ce qu’on appelle l’âge de bronze. Les haches de cette époque sont assez nombreuses : Elles s’emmanchaient de plusieurs manières : dans quelques-unes, le manche devait être fendu pour s’adapter sur les deux côtés de la hache. Dans d’autres, il s’emmanchait dans une cavité centrale, creusée dans la hache, comme le montre la figure 202.

Les haches de bronze qu’on a retrouvées en assez grand nombre sur le sol de la Gaule étaient coulées dans des moules. Il se peut que ces- moules fussent en terre ou en pierre, mais la plupart de ceux qu’on a retrouvés jusqu’à ce jour sont de bronze, comme les haches, et ils ont été coulés comme elles. Ces moules sont composés de deux pièces symétriques. La figure 203 est un moule à hache celtique découvert en Angleterre, et la figure 205, un moule à hache gaulois découvert en Normandie. L’intérieur d’un de ces moules est représenté sur la figure 204.

Les soldats égyptiens employaient fréquemment la hache et la hachette (fig. 206, 207, 208). La lame est généralement en métal et ornée de dessins gravés en creux. Le manche, habituellement rayé horizontalement, est quelquefois décoré assez richement. Ceux qui ont vu l’Exposition universelle de 1867 se rappelleront sans doute la magnifique hache qui figurait dans le temple égyptien, parmi les objets ayant appartenu à la reine Aah-Hotep et découverts dans son tombeau. Ces objets sont tous infiniment précieux, puisqu’ils remontent à dix-sept cents ans environ avant notre ère, et comptent, par conséquent, trente-cinq siècles d’existence. La hache dont nous parlons est une arme superbe, qui fait partie du musée de Boulaq, au Caire : le catalogue de ce musée en donne la description suivante : Le manche est en bois de cèdre recouvert d’une feuille d’or. Des hiéroglyphes y sont découpés à jour. Ces hiéroglyphes sont précieux pour la science en ce qu’ils révèlent pour la première fois, au complet, le protocole royal d’Amosis. Des plaquettes de lapis, de cornaline, de turquoise et de feldspath y sont encastrées et en rehaussent l’éclat. Le tranchant est de bronze orné d’une épaisse feuille d’or. De l’autre côté, sur un fond bleu sombre donné par une pâte si compacte qu’elle semble être de la pierre, se détache la figure d’Amosis, les jambes écartées, le bras levé pour frapper un barbare qu’il a saisi par les cheveux. En dessous de cette scène est une sorte de griffon à tête d’aigle. Dans les récits de batailles, les rois sont souvent comparés au griffon pour la rapidité de leur course, quand ils se précipitent au milieu des ennemis... Le tranchant de notre hache adhère au manche au moyen d’une simple entaille dans le bois, consolidée par un treillis en or.

La hache est l’arme que la tradition prête aux Amazones : quoique cette population soit fabuleuse, il n’est pas douteux que ces haches, arrondies sur un côté et pointues de l’autre, comme on en voit aux Amazones sur un grand nombre de monuments, n’aient été employées par certains peuples de l’Asie, notamment par ceux qui habitaient aux environs du Caucase. Nous avons déjà montré cette hache sur la figure 230 du premier volume.

La hache ne paraît pas avoir été employée dans les armées régulières de la Grèce et de Rome, mais nous la retrouvons en Gaule.

Les sculptures qui décorent les arcs de triomphe d’Orange et de Carpentras représentent des armes gauloises du commencement de l’empire. A cette époque, les formes nationales s’étaient déjà modifiées au contact des Romains ; c’est ce qu’on voit, par exemple, sur la figure 209, qui représente un bas-relief de l’arc de Carpentras, où sont deux épées et une hache à double tranchant.

Chez les Francs, la hache devient la francisque.

 

LE CASSE-TÊTE. — Les Égyptiens se servaient également, quoique plus rarement, du casse-tête. Nous avons au Louvre un casse-tête égyptien ; il est en bois très pesant et cerclé d’anneaux de bronze épais et mobiles. Ces anneaux, en s’accumulant à l’extrémité de l’arme, doublaient l’intensité du coup. Mais il y en a de plusieurs espèces ; celles que nous donnons figures 210 à 213 sont de véritables haches d’armes, fort pesantes afin de rendre le coup plus lourd et par là plus pénétrant.

 

L’ÉPÉE. — Les temps préhistoriques ont laissé quelques épées de bronze, qui comprenaient une lame et un manche. La plupart de celles qu’on a trouvées jusqu’ici sont droites et plates : elles coupent des deux côtés et se terminent en pointe (fig. 214). Quelques-unes sont renflées au milieu ou vers les deus tiers de la lame. Ces épées, de même que les haches, -ont été coulées, et elles se composent du même métal.

Les Grecs se servaient d’une épée dont la lame, à deus tranchants, prend quelquefois la forme d’une feuille de laurier. Les Romains paraissent s’être servis d’épées à peu près semblables, jusqu’aux guerres puniques. Mais, à partir de cette époque, on employa de préférence l’épée celtibérienne, qui est un peu plus grande et plus pesante et dont le tranchant est absolument droit.

La figure 215 montre une épée de ce type qui a été découverte à Pompéi : elle est représentée dans son fourreau, qui est un étui en bois recouvert d’une plaque mince de métal, garnie de têtes de clous en bronze. Cette épée, que les soldats romains portaient du côté droit, était suspendue à un baudrier passé sur l’épaule gauche, excepté pour les officiers supérieurs, qui portaient l’épée à gauche, comme on peut le voir sur la figure 216. La raison pour laquelle les soldats portaient l’épée du côté droit est que le bouclier qu’ils portaient au bras gauche eût gêné leurs mouvements lorsqu’il fallait tirer l’épée du fourreau. Or, dans l’armée romaine, les officiers supérieurs n’ont généralement pas de bouclier. Le plus souvent, toutefois, les consuls, les tribuns et les officiers supérieurs portent leur épée suspendue à une ceinture.

La harpe est une espèce d’épée ou de poignard pourvue d’un crochet ou d’une épine en saillie sur la lame, un peu au-dessous de la pointe. Cette arme, qui sur les monuments apparaît souvent aux mains de Persée, est particulière à l’époque héroïque et ne paraît pas avoir été employée dans l’armée grecque à l’époque des guerres médiques, ni dans les siècles suivants (fig. 217).

L’épée égyptienne présente plusieurs formes qui diffèrent entre elles, mais dont aucune ne ressemble à celle des Grecs et des Romains. Voici, figure 218, une épée très richement décorée et dont la lame, assez évasée à la base, va s’amincissant en ligne droite jusque vers l’extrémité qui devient extrêmement fine. Le fourreau qui est représenté sur la figure 219 implique, au contraire, une épée dont la lame a une égale largeur sur toute son étendue. Ces armes, qui sont peintes sur les monuments égyptiens et qu’on ne peut pas manier puisqu’elles n’existent pas en nature, sont quelquefois d’un usage difficile à expliquer. On ne comprend pas trop comment on employait celle qui est représentée sur la figure 220 et qui est pourvue d’un manche à tête d’animal.

Les épées égyptiennes sont généralement assez courtes et quelques-unes mériteraient plutôt le nom de poignards. Au reste, il y avait aussi de véritables poignards ; on s’en servait en appuyant le pommeau sur la paume de la main fermée et en laissant passer la lame entre l’index et le médium.

Les poignards égyptiens sont quelquefois de la plus grande richesse. Le musée de Boulaq en possède un dont le catalogue donne la description suivante : Un poignard d’or et un fourreau également en or. Monument sans égal pour la grâce et l’harmonie des formes. Quatre têtes de femmes en feuilles d’or repoussées sur le bois forment le pommeau. La poignée est décorée de semis de triangles or, lapis, cornaline et feldspath, arrangés en damier. La soudure de la lame au manche est artistement cachée par une tête d’Apis renversée. La laine est la partie la plus remarquable de ce magnifique monument. Le pourtour est en or massif. Une bande d’un métal noirâtre occupe le centre. Sur cette bande sont des figures obtenues par une sorte de damasquinure. D’un côté est l’inscription : Le dieu bienfaisant, seigneur des deux pays, Ra-neb-peitti, vérificateur comme le soleil à toujours. Cette inscription est suivie par une représentation très rare qui n’est pas exempte d’une certaine influence asiatique, celle d’un lion se précipitant sur un taureau. Quatre sauterelles qui vont en s’amincissant jusqu’à l’extrémité de la lame terminent la scène. De l’autre côté, on lit près de la poignée : Le fils du soleil et de son flanc, Ajmès-Nakht, vérificateur comme le soleil à toujours. Quinze jolies fleurs épanouies, qui, comme sur l’autre face, se perdent vers la pointe, complètent l’ornementation.

On voit quelquefois aux mains des rois d’Égypte une sorte de poignard recourbé. Cette arme, qui est un emblème de vaillance, avait reçu à cause de sa forme le nom de khopesh, nom égyptien de la cuisse de bœuf. C’est une arme qu’on voit fréquemment dans la main des officiers et jamais dans celle des soldats. Nous en voyons divers exemples sur les figures 221, 222, 223. En général, on trouve dans les armées orientales des armes plus ou moins recourbées, tandis que l’épée droite domine à peu près exclusivement dans les armées de la Grèce et de Rome.

 

LA LANCE ET LE JAVELOT. — La lance des Égyptiens est d’une longueur moyenne et ne paraît pas avoir été d’un usage aussi commun que l’arc et la flèche. Néanmoins elle apparaît sur plusieurs monuments et même dans les mains d’un pharaon (fig. 224). Le héros foule aux pieds un ennemi vaincu et en saisit par le bras un autre dont les genoux fléchissent déjà et qu’il va transpercer de sa lance. Le costume et l’air de tête du héros le font assez reconnaître pour Égyptien, tandis que la barbe et le costume des guerriers vaincus font reconnaître qu’ils sont d’origine asiatique. Ces guerriers sont probablement .des rois, ou tout au moins de très grands personnages, car leur stature est la même que celle du roi d’Égypte, et l’artiste n’aurait pas manqué de les représenter beaucoup plus petits, s’il avait voulu montrer des ennemis ordinaires. Le personnage qui va être frappé par la lance du pharaon tient en main un arc dont l’exiguïté est tout à fait remarquable.

La lance des Grecs est représentée sur la figure 225, où l’on voit un héros poursuivant un cavalier qui semble demander grâce en fuyant devant son ennemi. Cette lance est à proprement parler un javelot qu’on lançait contre son adversaire. Ce javelot était extrêmement léger, et les guerriers en portaient généralement deux avec eux ; mais ils n’employaient le second que s’ils avaient manqué le but en lançant le premier.

Le javelot romain (hasta) se composait de trois parties distinctes : la tête, en bronze ou en fer, le manche, qui était généralement en bois de frêne, et le bout, qui était formé d’une pointe de métal. Une miniature du Virgile du, Vatican montre un guerrier lançant son javelot contre des soldats au défendent un rempart (fig. 226).

Le pilum est une arme romaine dont on peut voir la représentation sur les figures 227, 228 et 229. Ces armes ont été trouvées aux environs d’Alise.

 

L’ARC. — Les Égyptiens étaient excellents archers. L’arc se tenait dans la main gauche et à pleine main ; quand on le tirait on tendait la corde avec la main droite, mais sans faire toucher le coude au corps. Il y a des arcs de forme très différente (fig. 230, 231, 232) quelquefois ils sont tout à fait droits, et flexibles seulement à leurs extrémités ; ils sont garnis d’une corde de boyau ou de cuir. Cette corde se plaçait sur un petit bout encore pourvu à chaque extrémité d’une rainure dans laquelle on l’insérait ; quelquefois c’est un simple nœud. Pour attacher le cordon, on fixait en terre le bas de l’arc, et alors, l’archer, debout ou assis, pressait avec le genou la partie inférieure de l’arc, et en le courbant d’une main, on passait le cordon avec l’autre main dans la rainure.

Quelquefois aussi l’arc égyptien présente une double courbure.

Pour protéger le poignet, on plaçait sur le bras gauche une garde qui empêchait le cordon de heurter la main en se détendant. Cette garde était fixée autour du poignet et maintenue par une courroie qui venait se rattacher au coude (fig. 233).

Pour ajuster, le bout de la flèche devait se trouver un peu au-dessous de l’œil. Les flèches étaient faites en bois ou en roseau : la pointe était quelquefois en bronze et généralement triangulaire. Quelquefois les pointes sont garnies de lames collées à distance égale et aboutissant à un point commun. La pointe est souvent aussi en silex, et quelquefois c’est une pointe de bois fixée sur un roseau : mais ces flèches étaient trop légères pour servir à la guerre et on les employait presque exclusivement pour la chasse. Du côté opposé à la pointe, on fixait généralement trois plumes pour diriger le mouvement de la flèche. On peut voir au musée égyptien du Louvre (salle civile, armoire H et vitrine U) une collection de pointes de flèches. Quelques-unes sont formées d’une triple pointe en silex, ajustée dans la fente du bois, ou fixée au moyen d’un mastic noir.

Les Égyptiens passaient pour être des archers fort habiles, et l’exercice de l’arc était un des plus estimés. La figure 234 montre des archers tirant ensemble avec une symétrie de mouvements qui montre des hommes très exercés. Sur la figure 235, on voit un jeune homme qui apprend à tirer de l’arc : un homme placé derrière semble lui donner des conseils et veille à la précision de ses mouvements.

Les flèches étaient contenues dans un carquois qui présentait généralement la forme d’un étui. Ce carquois était quelquefois, parmi les Égyptiens surtout, d’une grande richesse décorative (fig. 236, 237).

L’arc primitif des Grecs paraît avoir consisté en deux cornes jointes ensemble par une pièce droite placée au milieu de l’arme. Cette forme d’arc a persisté très longtemps, bien que les cornes aient été par la suite remplacées par deux morceaux de bois légèrement recourbés. On peut en voir un exemple sur la figure 238. Il y a aussi une autre espèce d’arc qui, lorsqu’il était détendu, présentait une forme demi-circulaire (fig. 239). C’est cette ressemblance de l’arc avec le croissant de la lune qui l’a fait donner pour attribut à Artémis ou Diane, la déesse lunaire. Les arcs de ce genre apparaissent fréquemment sur les représentations d’amazones.

En dehors de l’époque homérique, les Grecs ne paraissent pas avoir employé beaucoup l’arc comme arme de guerre, au moins dans leurs armées régulières. L’usage en était généralement restreint à la chasse, exercice dans lequel les jeunes gens étaient extrêmement adroits. C’est’ au même titré que l’arc nous apparaît chez les Romains, car jamais cette arme ne fut introduite dans leurs armées, si ce n’est par des troupes auxiliaires.

L’arc nous apparaît au contraire chez la plupart des peuples barbares avec lesquels les Grecs ou les Romains se sont trouvés en lutte. Nous le voyons chez les Scythes et chez tous les peuples de la haute Asie. Les Parthes furent de très habiles archers et c’est avec l’arc, leur arme de prédilection, qu’ils causèrent aux Romains de si grands désastres. Mais il faut remarquer que les Parthes étaient des cavaliers qui combattaient en fuyant, et il en a été de même pour la plupart des peuples dont l’arc était l’arme principale. Les Numides, qui après avoir été les implacables ennemis de Rome devinrent ses fidèles alliés, combattaient avec les mêmes méthodes.

 

LA FRONDE. — La fronde est un instrument de guerre très primitif qu’on trouve au début de toutes les civilisations, et dont les sauvages se servent encore aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que la fronde figure parmi les armes égyptiennes : on la trouve en effet sur les peintures de Thèbes et de Beni-Hassan. La fronde égyptienne consiste en une lanière de cuir ou de corde tressée. Elle est large dans le milieu, se rattache à la main par une boutonnière et se termine par une mèche qui s’échappe du doigt au moment où on lance la pierre.

Les Grecs et les Romains se sont aussi quelquefois servis de la fronde, néanmoins, c’est surtout chez les barbares que cette arme a eu de l’importance ; parce que sa fabrication n’exigeait pas une industrie bien avancée. Les balles que lançait le frondeur étaient quelquefois en plomb, mais la plupart du temps, elles consistaient simplement en pierres ramassées dans les chemins ou sur les champs de bataille. Les Romains se servaient de lingots de plomb dont quelques-uns portaient des inscriptions, telles que : frappe avec force ; ou bien : lance, etc. D’autres portaient le numéro de la légion.

 

LE CASQUE. — Le casque égyptien présente plusieurs formes différentes, mais il n’a pas la grande aigrette qui donne une si belle tournure aux casques grecs (fig. 240, 241). Quelquefois les casques égyptiens sont coniques ; d’autres sont sphériques et se nouent par de petits cordons attachés sous le menton. Il y en a que décorent de petites bandes métalliques. La plupart descendent assez bas pour protéger la nuque. Les casques des soldats égyptiens sont généralement faits de joncs tressés.

Les rois portaient à la guerre un casque couvert d’une peau de panthère et orné de l’uræus, petit serpent qui dresse la tête et qui est l’insigne des Pharaons. Un large ruban accompagnait quelquefois le casque et pendait sur les épaules (fig. 242).

Les casqués grecs primitifs étaient faits avec des peaux d’animaux. Les héros aimaient à se coiffer avec la peau dure et hérissée des bêtes féroces qu’ils avaient tuées. Il est même probable que ces peaux couvraient toute la personne, comme on le voit sur les casques d’ancien style où Hercule porte une peau de lion, et ce n’est que dans une époque postérieure que l’on songea à faire, pour préserver la tête, une armure spéciale. La peau du chien paraît avoir été fréquemment employée dans les temps primitifs, mais celle du taureau, qui offrait beaucoup de solidité, dut être préférée de bonne heure. Lorsqu’on commença à faire des casques véritables, quelques-uns furent encore recouverts avec la tête d’un animal, comme on le voit sur la figure 243, qui est tirée du fronton du temple d’Égine. Mais le casque ici représenté appartient à une époque à peu près contemporaine des guerres médiques, et la tête d’animal qui en recouvre la partie antérieure n’est qu’un luxe décoratif.

Le casque des temps héroïques, tel qu’on le voit représenté sur une multitude de vases, était pourvu d’un masque mobile qui s’adaptait entièrement au visage ; des ouvertures étaient pratiquées dans ce masque pour voir et pour respirer. Au moment du combat on plaçait ce masque, qu’on remontait ensuite de manière que le bas couvrit seulement le front. La figure 244 nous montre un casque grec de la forme la plus ancienne. Il est surmonté d’un cimier très élevé portant une grande aigrette. Ces aigrettes étaient presque toujours faites en crins de cheval ; dans les casques de cette époque toute la queue retombe quelquefois par derrière.

Les casques étaient souvent ornés d’ouvrages en relief, repoussés, ciselés ou rapportés en différents métaux. Le cimier était surmonté d’un panache ou de crêtes fixées dans des rainures et faites ordinairement de crins de cheval. Quelquefois il y avait deux ou trois de ces crêtes et celle du milieu se terminait par une longue touffe de crins que le vent agitait. C’est ainsi que, dans Homère, le petit Astyanax est effrayé par la crinière du casque d’Hector. Les crêtes des côtés étaient courtes, droites et raides ; et quelquefois en fils d’or. Les panaches étaient souvent soutenus par des figures en relief, comme des sphinx, des chevaux, des griffons, ou d’autres monstres fantastiques. Quelquefois le panache est détaché du casque et supporté par une tige droite. Les casques avaient aussi des ailes ou des plumes élevées de chaque côté dans des coulisses, comme nos plumets. Ces ailes sont de diverses couleurs. On en voit au musée de Naples dans des peintures des tombeaux de Pœstum.

Les casques grecs sont quelquefois pourvus d’une visière faisant saillie sur le visage qu’elle est chargée de protéger, comme on le voit sur les figures 245 et 246.

Dans les moments où on n’était pas aux prises avec l’ennemi on rejetait la visière en arrière, comme le montre la figure 245, et lorsqu’on en venait aux mains, on la rabattait de manière à protéger les freux. Toutefois les monuments présentent des scènes de combat où la visière est relevée ou rabattue indistinctement (fig. 245 à 252).

Les casques grecs sont en général bombés par derrière ; cependant on en voit quelques-uns, comme celui qui est représenté sur la figure 251, qui sont complètement ronds et dépourvus du cimier. Mais cette dernière forme est beaucoup plus commune chez les Romains que chez les Grecs. La crinière, qui dans quelques-uns de ces casques descendait très bas, n’était pas un simple ornement. Elle était destinée surtout à préserver le cou (fig. 252). La figure 253 montre un casque thébain de l’âge héroïque. Elle est tirée d’un vase peint et représente Cadmus. Ce casque, de forme conique, est d’ailleurs assez rare.

Le guerrier macédonien, dont la figure 254 montre la tête casquée à côté de celle d’un cheval, est tiré de la grande mosaïque de Pompéi et représente un des compagnons d’Alexandre. Il est placé immédiatement derrière le roi ; on peut facilement voir sur cette figure les détails du harnachement du cheval, dont la décoration est d’ailleurs très sobre.

Voici un casque dont la forme générale est celle d’un bonnet phrygien : le front est décoré d’une tête coiffée d’un masque de lion. Un lion ailé, d’un caractère asiatique, orne les ailerons qui garantissent les oreilles, et le corps du casque est entouré d’un collier de perles, dont une petite tête occupe le centre. Un grand panache accompagnait probablement cette belle pièce dont le travail paraît appartenir à l’époque d’Alexandre (fig. 255).

Le casque reproduit sur la figure 256 est au musée du Louvre : il occupe une place d’honneur dans la salle des bijoux. Il est difficile de dire à quelle nation il faut rattacher cette curieuse arme défensive qui a été trouvée dans la Grande Grèce, mais dont la forme n’est reproduite sur aucun monument connu. Il a sans doute appartenu à un chef riche et puissant et il est aussi remarquable par la délicatesse du travail que par la bizarrerie de son aspect. Il est de forme conique et surmonté de deux ailerons de fer qui lui donnent un peu l’apparence d’une lyre. Une fourche à deux dents est plantée sur le sommet du casque dont la base est ceinte d’une couronne de feuilles de laurier en or. La figure 257 se rapproche un peu de la précédente par sa forme conique et provient de la même contrée.

C’est encore au Louvre qu’on peut voir le casque représenté sur la figure 258 : il faisait partie du musée Campana où il était catalogué comme étrusque. Sa forme générale le rapproche beaucoup du casque romain, mais la visière qui redescend en pointe pour garantir le nez rappellerait plutôt les casques grecs. Le front est décoré d’une tête de Méduse et la partie supérieure est surmontée d’ornements qui étaient probablement le support d’une aigrette.

Les casques, que portent les soldats sur les monuments romains, sont d’un caractère très simple. Ils sont d’une forme généralement arrondie et n’ont pas d’aigrette (fig. 259 à 265). Ils ont généralement aussi des mentonnières, ou tout au moins des ailerons pour garantir les oreilles.

Les casques des centurions se distinguent parce qu’ils étaient munis d’un cimier qui était quelquefois plaqué, d’argent et orné de plumes sombres. Il est difficile d’assigner une nationalité an casque représenté sur la figure 265 : il a la forme générale d’un casque romain, mais il est pourvu d’un appendice pour garantir le nez, détail qu’on remarque surtout dans les casques grecs. Mais ce qui fait la particularité de ce casque, c’est l’aileron en forme de tête de bélier qui est rabattu sur l’oreille et qui, contrairement à l’usage, ne parait pas mobile. Ce casque ne semble pas disposé pour recevoir un panache, mais il est pourvu par derrière d’un appendice destiné à garantir le cou.

On a voulu voir un portrait d’Annibal dans le médaillon que présente la figure 266. Si l’authenticité du personnage peut être révoquée en doute, le casque n’en est pas moins curieux, parce qu’il montre le costume d’un chef carthaginois à l’époque des guerres puniques. Sa forme générale se rapproche du casque grec plus que du casque romain, quoiqu’il participe des deux. Les trois plumes que nous voyons en avant se trouvent quelquefois sur les monuments qui représentent des Samnites, des Campaniens ou des Grecs de l’Italie méridionale. Le fait au surplus n’a rien de bien surprenant, puisque les Carthaginois étaient à l’époque des guerres puniques maîtres de la Sicile, et fortement mêlés aux habitants de la Grande Grèce. L’aileron que l’on voit sur le côté, et qui est destiné à protéger l’oreille, se retrouve quelquefois dans les casques italiens de cette époque.

La figure 267 nous montre un casque gaulois dont la forme diffère essentiellement de tout ce que nous avons vu jusqu’ici. Il ne faudrait pas en conclure toutefois que les armées gauloises avaient dans leur armement un uniforme très rigoureusement observé. Il est très probable au contraire que les chefs gaulois s’habillaient un peu à leur fantaisie et que nous avons ici une forme de casque particulière à un individu et non typique. Il en est de même du casque représenté sur la figure 268. Sa forme, étrangère aux armées grecques et romaines, fait involontairement penser aux armes du moyen âge. Ce casque, qui a probablement servi à un soldat barbare d’une nationalité inconnue, devait préserver entièrement le visage, mais comme il est d’une seule pièce et ne renferme aucune partie mobile, il devait être singulièrement incommode et d’une chaleur accablante en été.

 

L’ARMURE. — Les Égyptiens se servaient de plusieurs espèces de cuirasses ; les plus communes étaient faites avec de la toile de lin, dont plusieurs pièces étaient collées l’une à l’autre à l’aide d’une préparation. On faisait aussi des cuirasses avec du cuir qu’on garnissait de bandes de métal. Quelques-unes de ces armures semblent même d’une construction assez remarquable (fig. 269, 270).

La cuirasse de l’armure antique est un corselet fait tantôt de cuir, tantôt de métal uni ou bien formé d’écailles ou de bandes métalliques. Chez les Grecs, antérieurement aux guerres médiques, la cuirasse était quelquefois formée de deux pièces de métal distinctes qui affectaient de se modeler sur la forme du corps : une des deux pièces garantissait la poitrine et le ventre, l’autre servait à garantir le dos. Des fragments de cuirasses de ce genre ont été trouvés dans un tombeau de Pœstum. Les armures grecques présentent au surplus des types très divers (fig. 271, 272).

Un autre genre de cuirasses, beaucoup plus compliquées et par conséquent plus coûteuses, était formé de parties mobiles et reliées ensemble au moyen de charnières. Les cuirasses de ce genre n’étaient portées que par de très grands personnages ou des officiers supérieurs.

La cuirasse des soldats romains était généralement en cuir avec des bandes de fer et ils portaient avec cela une espèce de tunique à manches courtes qui descendait jusqu’aux genoux et couvrait les hanches. Un en voit un modèle très complet sur la figure 273, qui représente des soldats romains attaquant les Daces postés sur une colline. Quelquefois la cuirasse était garnie d’épaulettes pour garantir les épaules et se terminait par des bandelettes de cuir.

La colonne Trajane nous montre plusieurs exemples de cuirasses composées de petites pièces en forme d’écailles semblables à celles d’un poisson, en ce sens que les écailles, circulaires dans leur extrémité inférieure, se recouvrent l’une l’autre d’après un système parfaitement régulier. Quelquefois ce sont les écailles d’un reptile qu’on a voulu imiter et alors elles sont angulaires à leurs extrémités et forment comme autant de losanges superposés dont l’angle est toujours dirigé en bas. La colonne Antonine montre des cuirasses dont les écailles reproduisent assez exactement celles de la vipère. Enfin on voit sur un bas-relief de l’arc de Trajan un corselet dont les écailles sont disposées en plumes d’oiseau. On voit que ces écailles présentaient une assez grande variété dans la forme, mais elles étaient toujours faites de t’orne ou de métal et cousues sur un fond de cuir ou de toile.

Le soldat représenté figure 274 est tiré de la colonne Antonine. La cuirasse est formée par une succession d’écailles. C’est encore un soldat romain qui est représenté sur la figure 275. Sur la colonne Trajane, d’où il est tiré, ce soldat est parmi ceux qui conduisent les chevaux de l’état-major. Il tient sa lance et son bouclier.

Un autre genre de cuirasses qu’on voit fréquemment représentées sur les statues d’empereurs ou de grands, sont en cuir, damasquinées et rehaussées d’ornements métalliques d’une grande richesse. Dans le corselet, sur la figure 276, une tête de Méduse est placée sur les pectoraux et des griffons ailés occupent le milieu de la poitrine. Dans la figure 277 des prisonniers accroupis dos à dos remplacent les griffons de l’armure précédente, et au lieu du masque de Méduse on voit une tête portée sur le croissant de la lute. La figure 278, qui est vue de profil, montre bien la couture placée sur le côté de la cuirasse, dont. la décoration centrale est formée de figures ailées. On remarquera que les bandelettes de cuir qui terminent la partie inférieure de ces cuirasses sont souvent elles-mêmes très chargées d’ornements.

La Gaule nous montre aussi des cuirasses très bien conditionnées, mais qui appartiennent à l’époque romaine et qui ont probablement été fabriquées sinon en Italie, au moins dans la Narbonnaise (fig. 279). Rien ne démontre en effet qu’au temps de Jules César, les Gaulois aient été bien avancés dans les arts métallurgiques.

Outre les cuirasses qui préservent la poitrine, les armures antiques présentent souvent des défenses pour garantir les bras et les jambes, mais ces armures n’ont jamais été aussi complètes dans l’antiquité que dans le moyen âge. Les figures 280 et 281 montrent les jambarts dont se servaient les guerriers grecs ou étrusques. Toutefois ces armes défensives n’ont jamais fait partie de l’équipement des soldats romains qui portent d’habitude des souliers ou des bottines.

 

LE BOUCLIER. — L’arme défensive par excellence était le bouclier ; sa hauteur habituelle était comme la moitié de la hauteur d’un homme. Le bouclier égyptien couvrait la poitrine et la tête. Sa forme était carrée à la base et cintrée au sommet (fig. 282) ; il n’était pas entièrement plat, et sa légère enflure allait en augmentant vers sa partie supérieure, ou l’on trouvait en même temps une petite cavité circulaire dont l’usage n’a jamais été bien expliqué. Les boucliers étaient couverts en cuir de bœuf, le poil en dehors, cerclés de métal et cloués. L’intérieur était probablement en osier. Dans tous les cas, il est certain que le bouclier ordinaire des soldats égyptiens devait être extrêmement léger. Sur la ligure 283 on voit un guerrier qui porte un bouclier d’une forme un peu plus allongée que le précédent, mais qui est également arrondi dans sa partie supérieure.

Dans les marches, les soldats portaient le bouclier sur leur dos, au moyen d’une courroie fixée sur l’épaule, et une attache intérieure permettait de le passer au bras gauche, tandis que la main droite tenait la lance ou l’épée. La courroie du bouclier était quelquefois placée horizontalement, mais beaucoup plus souvent elle était verticale.

On voit aussi des boucliers d’une très grande dimension et qui couvraient presque entièrement le personnage : ils différaient des autres en ce qu’ils avaient le sommet pointu au lieu d’être arrondi. Cette espèce de bouclier paraît avoir été en usage dans une très  haute antiquité, mais on le rencontre beaucoup plus rarement que le bouclier ordinaire (fig. 284).

On trouve quelquefois sur les monuments égyptiens des boucliers ronds ou même carrés. Mais les soldats qui les portent ont toujours, dans leur coiffure ou leur accoutrement, quelque chose qui dénote leur origine étrangère (fig. 285 et 286). Cet armement était, en effet, celui des soldats auxiliaires, qui ont toujours été fort nombreux dans les armées égyptiennes.

Le bouclier rond représenté sur la figure 288 est celui que portait l’infanterie pesamment armée des Grecs. Sa forme est tout à fait circulaire, mais il est creux à l’intérieur, et sa circonférence est assez vaste pour qu’il puisse couvrir entièrement la poitrine, et même descendre quelquefois jusqu’aux mollets. Ce bouclier se composait habituellement de peaux de bœuf superposées et recouvertes de plaques de métal ; quelquefois aussi le cuir et le métal étaient étendus sur des branches d’osier entrelacées. A l’intérieur du bouclier, il y avait une bande de cuir dans laquelle le bras était passé. Quelquefois le centre du bouclier présente à l’extérieur une saillie en forme de cône comme on le voit sur la figure 288.

Le bouclier que représente la figure 289 a été découvert dans le tombeau du dit Guerrier à Tarquinies (Corneto) ; il est en bronze. Ce magnifique bouclier montre quel luxe et quelle délicatesse de travail les Étrusques apportaient dans leurs armes. Celui qu’on voit sur la figure 290 est d’un caractère tout différent. Ce sont des figures disposées en zones qui en constituent le caractère décoratif. Le style de ces figures dénote d’ailleurs une influence orientale qu’on retrouve bien souvent dans les ouvrages étrusques. Au centre, sont des animaux qui rappellent ceux des monuments de la Perse. Un taureau est aux prises avec deux lions et au-dessus d’eux plane un vautour aux ailes éployées. La seconde zone représente des chasseurs poursuivant des lions et d’autres bêtes qui n’appartiennent pas à l’Étrurie, non plus que les palmiers qui figurent dans la même scène. La dernière zone, qui forme le bord extérieur du bouclier, montre une marche de combattants qui ont tous à la main un bouclier, et deux javelots. Chaque groupe de guerriers marchant en file est séparé de l’autre groupe par un cavalier, et dans un seul endroit par un char.

Le bouclier d’une forme si particulière que l’on voit sur la figure 291 est également de travail étrusque, ou tout au moins italien. Cependant la plupart du temps les boucliers des Étrusques sont ronds comme ceux des Grecs, et il en a été de même pour les Romains sous les rois et pendant la plus grande partie de la période républicaine.

A l’époque où la solde fut introduite dans les armées romaines, l’ancien bouclier rond fut remplacé dans l’infanterie par un grand bouclier oblong qui avait environ 1m,20 de longueur sur 0m,80 de largeur. Ce bouclier était fait avec des planchettes en bois solidement jointes et recouvert d’une enveloppe extérieure en cuir, entourée d’un rebord en métal (fig. 292). Chaque légion avait des boucliers peints d’une couleur différente, et ils étaient en outre chargés de symboles distinctifs. C’est ainsi que la figure 293, tirée de la colonne Trajane, nous montre trois boucliers, dont l’un est décoré d’un foudre, le second d’une guirlande, et le troisième d’un foudre avec les ailes étendues.

Un passage de Jules César montre que les boucliers des Gaulois n’étaient pas excellents sous le rapport de la fabrication, puisque les javelots romains en transperçaient deux à la fois lorsqu’ils les rapprochaient pour s’en faire un rempart. Les Gaulois, dit J. César, éprouvaient une grande gêne pour combattre, en ce que plusieurs de leurs boucliers se trouvaient, du même coup des javelots, percés et comme cloués ensemble, et que le fer s’étant recourbé, ils ne pouvaient ni l’arracher ni se servir dans la mêlée de leur bras gauche ainsi embarrassé. Un grand nombre d’entre eux, après de longs efforts de bras, préfèrent jeter leur bouclier et combattre à découvert.

Les figures 294 et 295 représentent les deux côtés d’un bouclier celtique, dont le décor consiste en deux rangées de cercles formant une calotte hémisphérique saillante.

Les armes des Francs ne sont pas communes dans nos collections. On en a pourtant retrouvé quelques-unes ; les figures 296 et 297 montrent un bouclier franc découvert en Normandie.