ÉTUDES CHRONOLOGIQUES POUR L'HISTOIRE DE N. S. JÉSUS-CHRIST

 

DEUXIÈME PARTIE  — DATE DE LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST

CHAPITRE II — Indications fournies par saint Matthieu. - La fuite en Égypte.

 

 

Jésus étant donc né à Bethléem de Juda, au temps du roi Hérode, voici que des Mages, partis de l’Orient, arrivèrent à Jérusalem, disant : Où est le roi des Juifs, qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.

En entendant ces choses, le roi Hérode fut troublé et toute la ville de Jérusalem avec lui ; ayant donc convoqué les princes des prêtres et les scribes du peuple, il leur demandait en quel lieu le Christ devait naître. Ils lui répondirent : — A Bethléem de Juda ; car il est écrit : Et toi, Bethléem, de la tribu de Juda, tu n’es pas la dernière des villes de Juda, car c’est de toi que sortira le chef qui doit régir Israël, mon peuple.

Alors Hérode ayant appelé les Mages secrètement, s’enquit d’eux avec soin DEPUIS COMBIEN DE TEMPS l’étoile leur était apparue ; et, les envoyant à Bethléem, il leur dit : — Allez, informez-vous exactement de tout ce qui concerne cet enfant, et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le moi connaître, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.

Les Mages avant entendu les paroles du roi, partirent aussitôt ; et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les avaient précédés, et, s’avançant au milieu du ciel, elle s’arrêta au-dessus du lieu où était l’Enfant[1].

A la vue de l’étoile, les Mages ressentirent une grande joie, et, étant entrés dans la maison, ils trouvèrent l’Enfant avec Marie, sa mère. Alors, se prosternant devant lui, ils l’adorèrent. Puis ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent des présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Ayant ensuite reçu, pendant leur sommeil, l’avis de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils revinrent dans leur pays par un autre chemin.

Les Mages s’étant donc retirés, voici qu’un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère, fuis en Égypte, et demeure en ce pays jusqu’à ce que je te dise d’en sortir. Car Hérode doit rechercher l’Enfant peur le mettre à mort.

Joseph s’étant donc levé prit l’Enfant et sa mère, pendant la nuit, et se retira en Égypte ; et il demeura jusqu’à la mort d’Hérode ; afin que cette parole du Seigneur, dite par le Prophète, fût accomplie : — J’ai rappelé mon fils de l’Égypte.

Quant au roi Hérode, voyant, qu’il avait été joué par les Mages, il entra dans une grande colère, et envoya tuer tous les enfants qui se trouvaient à Bethléem et dans tous les environs, DEPUIS L’ÂGE DE DEUX ANS ET AU-DESSOUS, SELON LE TEMPS Q’UIL AVAIT APPRIS DES MAGES.

Or, Hérode étant mort, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, dans l’Égypte, et lui dit : — Lève toi, prends l’Enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël car ils sont morts ceux qui voulaient la perte de l’Enfant.

Joseph s’étant donc levé, prit l’Enfant et sa mère ; et vint dans la terre d’Israël. Mais, apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée, après Hérode, son père, il craignit d’y aller, et, sur un nouvel avertissement reçu en songe, il se retira dans la Galilée, en la ville de Nazareth, afin que cette parole, dite par les prophètes, fût accomplie : Il sera appelé Nazaréen. (Matth., II)

 Tel est le récit de l’Évangile dans la question qui nous occupe. Il nous apprend clairement deux choses bien précieuses pour la chronologie.

1° D’après le rapport des Mages au roi Hérode, l’Enfant avait moins de deux ans et plus d’un an, à l’époque de leur arrivée à Jérusalem.

2° Faut placer ensuite, depuis l’adoration des Mages jusqu’à la mort d’Hérode, tout le temps nécessaire pour le voyage et le séjour en Égypte de la sainte Famille.

Nous allons examiner successivement ces deux indications dans les paragraphes suivants, afin d’en tirer les conséquences chronologiques qui en découlent.

 

§ Ier. — AVANT LE DÉPART EN ÉGYPTE.

Jésus-Christ avait plus d’un an et moins de deux ans à l’époque de l’adoration des Mages.

I. Cette première donnée ressort évidemment des passages soulignés plus haut.

En effet, l’apparition de l’étoile a coïncidé avec la naissance du Sauveur d’après le sens obvie de l’Évangile et la pensée d’Hérode et des Mages. C’est aussi l’interprétation commune de ce passage. Ensuite, Hérode s’est informé auprès des Mages du temps exact de cette apparition, ήκριβώσε παρ' αύτών τόν χρόνον, et enfin ceux-ci lui ont déclaré que l’étoile avait commencé à briller depuis plus d’un an et moins de deux ans.

Cette réponse est certaine, car l’Évangile, après avoir dit qu’Hérode fit massacrer les enfants âgés de deux ans et au-dessous, ajoute expressément que ce temps était conforme à la déclaration même des Mages.

Si ces derniers n’eussent pas désigné positivement l’âge d’un peu plus d’un an, s’ils eussent dit par exemple : depuis moins d’une année, il est bien clair que l’Évangéliste, en indiquant pour le massacre l’âge de deux ans et au-dessous, se serait gardé d’ajouter que cet âge était conforme à la déclaration des Mages.

Cette remarque de l’Évangile nous fait logiquement admettre que le Sauveur avait un peu plus d’un an à l’époque de l’adoration des Mages, et, si sa naissance devait être fixée au 25 décembre de l’an 4707, P. J., nous en conclurions que cette adoration a dû avoir lieu au commencement de l’an 4709, c’est-à-dire un an et quelques jours après la naissance.

II. Ainsi l’Épiphanie, fête anniversaire de l’adoration des Mages, nous paraît parfaitement placée à la date du 6 janvier, en observant toutefois que c’est au commencement de la seconde, et non de la première année de Notre-Seigneur, que l’événement lui-même doit être rapporté.

Jésus enfant aurait eu alors un an et treize jours environ ; ce qui s’accorde très bien avec les circonstances du récit évangélique.

Ici se présente une question incidente : Faut-il attacher une grande importance la tradition particulière qui rapporte au 6 janvier l’anniversaire de l’adoration des Mages ?

Avant tout, une tradition quelconque n’est pas à mépriser par cela seul qu’on n’en connaît pas parfaitement l’origine, et, pour le cas qui nous occupe, on doit ajouter que la fête de l’Épiphanie, remontant avec celle de Noël aux premiers temps de l’Église, comme on le voit par les Constitutions apostoliques, v. 12, la tradition, qui rapporte à cette date anniversaire l’adoration des Mages, est par là même une tradition des plus respectables.

Enfin cet anniversaire, bien loin de contrarier les inductions tirées de l’Évangile, s’y rapporte parfaitement, et cet accord nous fait un devoir d’y adhérer pour l’histoire et la chronologie.

Que si l’on s’étonne de voir placer la date de cet évènement un an et plus après la naissance du Sauveur, et non pas treize jours seulement, suivant une opinion vulgaire, il est facile de démontrer qu’un intervalle de treize jours est loin de suffire ici, et cela en raison des considérations précédentes et des suivantes.

III. La Purification de la sainte Vierge, arrivée quarante jours après la Nativité, a nécessairement précédé l’adoration des Mages ; car, en raisonnant dans l’hypothèse du court intervalle de treize jours, il faut admettre qu’il s’est écoulé ensuite plus de vingt-sept jours depuis cette adoration jusqu’à la Purification, et conséquemment avant la fuite en Égypte ; il faut alors supposer, pendant ces vingt-sept jours, un miracle permanent pour arrêter la colère d’Hérode, l’aveugler complètement sur ce qui s’était passé à Bethléem, à deux lieues seulement de Jérusalem, et empêcher le massacre des enfants.

Mais ce miracle, outre qu’il est tout à fait invraisemblable , est encore contraire au sens obvie de l’Évangile :  Άναχωρησάντων δε αύτών, ίδού άγγελος Κυρίου φαίνεται, κ. τ. λ. Les Mages s’étant donc retirés, voici qu’un ange du Seigneur apparaît, etc. La contexture de cette phrase montre que tous ces événements se sont succédé immédiatement, et que la même nuit vit le départ des Mages et la fuite de la sainte Famille dans une direction différente. En effet, Bethléem était assez proche de Jérusalem pour que, le jour suivant, et pas plus tard, Hérode comprit parfaitement qu’il avait été trompé par les Mages. Telle est l’opinion du P. Patrizzi (De Evangeliis, l. III, Diss. 33, c. 5), et cette opinion nous semble parfaitement fondée.

Ainsi, la colère d’Hérode n’a pas eu à subir un arrêt miraculeux de vingt-sept jours, et ce roi cruel a pu rendre immédiatement toutes les mesures que lui suggéraient ses craintes et son dépit.

IV. Lorsque la sainte Famille alla au temple accomplir les rites de la purification, elle ne présenta point la victime ordinaire, qui était un agneaux offert en holocauste, mais seulement deux colombes, l’offrande des pauvres. C’est une preuve assez plausible qu’elle n’avait pas encore reçu l’or des Mages. Cet or, du reste, suivant les vues admirablement sages de la Providence, était destiné à subvenir à des besoins extrêmes pendant l’émigration en Égypte.

V. Une autre considération doit encore nous porter à placer l’adoration des Mages, non pas quelques jours seulement, mais bien quelques mois après la Purification.

Que les Mages soient venus de l’Arabie, comme le veulent quelques-uns, ou de l’ancienne Chaldée, comme il est bien plus probable ; toujours est-il qu’ils ont eu un long voyage à faire de leur pays Jérusalem. Les circonstances intrinsèques du récit évangélique montrent qu’ils ignoraient l’état politique des Juifs et la cruauté pourtant bien connue, du roi Hérode ; ils venaient de régions éloignées. Or, les préparatifs nécessaires pour une si longue route, le temps de former la caravane, et le temps du voyage lui-même, au milieu du désert et de peuples inconnus, tout cela exige moralement un intervalle de plus de treize jours. Un délai d’une année, au contraire, n’a rien que de très naturel et de très probable dans de telles circonstances. Cette remarque est de saint Chrysostome (Homel. VII, in Matth., 3).

VI. Ajoutons à toutes ces raisons que l’opinion la plus commune, parmi les Pères et les interprètes sacrés, confirme cette interprétation du texte évangélique, et place ainsi le massacre de Bethléem plus d’un an après la naissance du Sauveur. Nous pouvons citer, en faveur de cette opinion, Eusèbe (Chronicon, ad Olymp. 194), saint Epiphane (Hœres., LI, 9), saint Augustin (Sermo de Epiphania) et Cornelius a Lapide qui nomme et résume tous les autres (In Matth., II, 16).

Quelques auteurs, il est vrai, semblent, dans un endroit de leurs ouvrages, fixer le massacre plus d’un an après la naissance du Sauveur, et, dans un autre endroit, dire ou donner à penser, malgré cela, que l’adoration des Mages n’avait eu lieu que peu de jours après cette naissance. Nous avons vu plus haut que les deux événements ne peuvent être séparés, et ceux qui placent entre eux une année entière d’intervalle, ne l’ont fait généralement que par suite d’une distraction bien naturelle dans des questions aussi complexes et pour des auteurs qui traitent ces matières accidentellement et non pas ex professo.

Toutefois, cette séparation même n’affaiblit en rien le poids de l’opinion commune dans la question présente. Il suit que l’interprétation donnée à ce texte de l’Évangile : depuis deux ans et au-dessous, place le Massacre plus d’un an après la naissance glu Sauveur. Quelle que soit alors la date à laquelle en rapporte l’adoration des Mages, le massacre étant, d’après toutes les opinions, inséparable de la fuite de la sainte Famille, la conclusion reste la même, savoir : Jésus-Christ avait plus d’un an à l’époque de la fuite en Égypte.

VII. Nous passons maintenant aux objections qu’on peut faire contre cette conclusion ; elles sont assez faibles en elles-mêmes, mais leur réfutation ne laisse pas de fournir des détails pleins d’intérêt.

Le P. Patrizzi, après avoir reconnu la force des considérations présentes, se refuse cependant à placer l’adoration des Mages avec la fuite en Égypte plus de trois mois après la naissance du Sauveur, et la principale raison qu’il en donne consiste dans cette parole des Mages : Où est le roi des Juifs nouvellement né ? Ποΰ έστίν ό τεχθείς βασιλεύς τών Ιουδαίων ;

Il nous est impossible de voir dans le mot τεχθείς, nouvellement né, une difficulté sérieuse contre l’âge d’un an et quelques jours. Les Mages devaient s’exprimer ainsi, lors même que le Sauveur aurait été encore plus âgé ; car s’ils n’eussent pas ajouté : nouvellement né, on aurait cru qu’ils parlaient du roi Hérode, ou tout au moins d’un roi ordinaire arrivé l’état d’homme fait. Le mot τεχθείς était donc absolument nécessaire dans la bouche des Mages pour l’intelligence de leur demande, et il ne peut pas prouver, selon nous, que le Sauveur ait eu moins d’un an à cette époque.

VIII. Mais comment les Mages ont-ils pu trouver la sainte Famille à Bethléem, s’ils n’y sont arrivés qu’un an et plusieurs jours après la naissance du Sauveur ? Et de plus, saint Luc n’est-il pas opposé à un tel séjour à Bethléem dans ce verset qu’il ajoute après le récit de la purification : — Et lorsqu’ils eurent accompli toutes choses, selon la loi du Seigneur, ils revinrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth (II, 29) ?

Quant à la première partie de cette difficulté, saint Matthieu nous en indique lui-même la vraie solution, lorsqu’il nous montra saint Joseph, à son retour d’Égypte, disposé à revenir à Bethléem pour reprendre son domicile. Ce projet est contrarié, il est vrai, par la crainte que lui inspire Archélaüs, le digne successeur du cruel Hérode mais cette crainte elle-même ne suffit pas, et il lui faut encore un avertissement du ciel pour le décider complètement à se fixer à Nazareth, patrie de la sainte Vierge (Matth., II, 22).

Saint Joseph avait donc pris réellement domicile à Bethléem après la naissance du Sauveur, et, pour cela, il avait dû faire une résidence plus que transitoire, avant la fuite en Égypte.

Ce fait, du reste, s’explique bien naturellement en présence des circonstances extraordinaires et providentielles qui avaient fait naître le Messie à Bethléem, dans la cité de David, et au lieu prédit par les prophètes ; il était tout simple que saint Joseph, témoin de cette action visible de la Providence et des merveilles qui avaient accompagné la naissance du Sauveur, crût accomplir la volonté de Dieu en restant dans cette ville ; il était là dans le pays de ses aïeux, et dans cette province de Judée où devait plus tard s’accomplir l’œuvre de la Rédemption.

Saint Luc concourt aussi à nous expliquer la détermination de saint Joseph et la résidence de la sainte Famille à Bethléem, puisque, d’après cet évangéliste, Bethléem était la patrie de saint Joseph ; c’est même parce qu’il y était né, qu’il avait dû revenir s’y faire inscrire pour le dénombrement, conformément aux lois romaines. (Voir plus bas, ch. II, § Ier, n° 5.)

Quant à l’objection tirée du texte de saint Luc, cité plus haut, elle est bien facile résoudre après l’explication précédente.

La sainte Famille, ayant résolu de demeurer Bethléem, a dû cependant revenir momentanément à Nazareth, après la Purification, et cela ne fût-ce que pour mettre ordre à ses affaires, et prendre ce qui était nécessaire pour un changement de domicile.

Quelques interprètes prétendent aussi que le retour à Nazareth, tel qu’il est indiqué par saint Luc, après la Purification, n’a pas été un retour immédiat, mais qu’il se confond avec celui dont parle saint Matthieu, après la fuite en Égypte.

Ces deux explications sont également acceptables, et, quelle que soit celle qu’on adopte, il est encore bon d’observer que saint Luc devait parler comme il l’a fait, dès lors qu’il n’avait pas à raconter la fuite en Égypte. Le sens de son récit exige seulement que l’on place le retour à Nazareth entre la naissance du Sauveur et sa douzième année, époque d’un autre voyage à Jérusalem. Il n’y a donc aucune difficulté réelle dans tout ceci.

IX. La sainte Famille est restée à Bethléem jusqu’à qu’à l’arrivée des Mages. Mais est-elle demeurée aussi dans l’étable de la Nativité pendant plus d’une année ?

A cette question nous répondrons avec saint Epiphane (Hœres., 51, 9), que la sainte famille, restant à Bethléem, a pu très bien et même a dû trouver bientôt un autre séjour que celui de l’étable.

1° Prenons d’abord le texte de saint Luc (II, 1-8) ; il nous apprend qui, le Dieu-Sauveur prit naissance dans l’étable, parce qu’au même temps l’affluence des étrangers ne permit pas à saint Joseph de lui procurer un autre asile. Il est bien naturel d’en conclure que cette affluence étant une fois écoulée, le saint Patriarche a dû trouver un gîte plus convenable, et cela avant même que les quarante jours de la Purification fussent accomplis.

Saint Luc nous montre, aussitôt après la naissance du Sauveur, les bergers qui viennent l’adorer, et plusieurs autres personnes manifestant leur admiration pour toutes les merveilles qui leur sont racontées. Il est dés lors évident que tous ces habitants de Bethléem, quelque pauvres et quelque discrets qu’ils fussent, ne laissèrent pas l’Enfant divin dans la détresse extrême où ils l’avaient trouvé.

3° Si nous consultons maintenant saint-Matthieu, nous voyons qu’il appelle οίκία, une maison, l’habitation où les Mages trouvèrent la sainte Famille.

4° Enfin les traditions locales de Bethléem indiquent, dès les premiers siècles, un endroit appelé la grotte du lait, et situé à quelque distance au midi du lieu de la Nativité. C’est là que, suivant ces mêmes traditions, la sainte Vierge aurait allaité son fils.

Le texte de saint Matthieu fait présumer qu’une maison, ou habitation quelconque, faite de main d’homme, était adjointe à cette grotte, et il n’y a là rien d’étonnant, car de pareilles habitations étaient alors fort en usage dans la Palestine, surtout pour les familles pauvres. On remarque, en effet, que la sainte maison de Nazareth était bâtie elle-même au-dessus ou près d’une grotte semblable. Monseigneur Mislin prouve parfaitement cet usage (Pèlerinage, IIIe vol., p. 490, etc.), et l’historien Josèphe montre aussi, par de nombreux exemples, que les grottes de la Palestine étaient alors souvent habitées ou jointes à des demeures habitables. (Antiq., XIV, 7, etc.)

Toutes ces considérations nous assurent donc, comme une vérité acquise, que le Sauveur avait déjà plus d’un an à l’époque de l’adoration des Mages ou de la fuite en Égypte, et avant la mort d’Hérode.

Mais la mort de ce roi persécuteur n’a pas eu lieu aussitôt après, il faut encore placer avant elle le voyage et le séjour en Égypte.

Combien de temps tout cela a-t-il duré ? C’est ce que nous allons examiner dans un second paragraphe.

 

§ II. APRÈS LE DÉPART EN ÉGYPTE

Il s’est écoulé plus de trois mois depuis le départ de la sainte Famille pour l’Égypte jusqu’à la mort d’Hérode.

Nous nous contenterons de prouver ici cette simple proposition ; elle suffira pour nous assurer que le Sauveur a dû naître environ six ans avant l’ère vulgaire. L’évangile de saint Luc nous fournira ensuite le moyen de fixer cette date avec plus de précision encore.

L’Art de vérifier les dates : place la naissance du Sauveur cinq ans seulement avant le commencement de l’ère vulgaire, c’est-à-dire à la fin de l’an 4708, P. J., sous le consulat de Lelius Balbus et d’Antistius Vetus.

Cette date donne quinze mois jusqu’à la mort d’Hérode (1er avril 4710). Si nous prenons, sur cet intervalle de quinze mois, un peu plus d’un an pour le délai écoulé depuis la naissance jusqu’au départ en Égypte, il reste un temps d’une durée inférieure à trois mois, et pendant lequel il faut placer le voyage et le séjour en Égypte.

Ce court espace parant dès lors insuffisant. Le voyage a dû exiger lui seul quelques semaines ; Bethléem est à plus de soixante-dix lieues de Péluse, ville frontière de l’Égypte, et à plus de cent lieues d’Héliopolis, lieu d’exil de la sainte Famille suivant les anciennes traditions.

Ensuite l’Évangile indique un vrai séjour en Égypte, depuis l’arrivée des émigrants, jusqu’à la mort d’Hérode. L’ange dit à saint Joseph : Fuis et demeure en Égypte. L’évangéliste ajoute ensuite : Et il demeurait en Égypte jusqu’à la mort d’Hérode. Puis un peu plus bas : Or Hérode étant mort, voici qu’un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : Retourne en la terre d’Israël, car ils sont morts, ceux qui cherchaient la perte de l’Enfant.

Ainsi il a eu séjour en Égypte, et c’est bien aussitôt après la mort d’Hérode que ce séjour s’est terminé ; la renommée publique n’avait même pas encore eu le temps de porter jusqu’aux oreilles de Joseph la nouvelle de cette mort, puisque l’ange dut la lui apprendre, en lui donnant l’ordre du retour.

Le saint Patriarche ignorait de môme l’avènement d’Archélaüs, successeur, d’Hérode, et il ne l’apprit qu’à son arrivée sur la terra d’Israël (Matth., II, 22).

La mort d’Hérode est donc bien le terme final de cet exil, et c’est avant cette mort qu’il faut placer tout le séjour indiqué par cette parole : Et il demeurait en Égypte.

Encore une fois, le délai de deux à trois mois qui résulte de la chronologie de l’Art de vérifier les dates nous parait insuffisant, et la seule considération des textes de saint Matthieu nous porterait, dés maintenant, à préférer l’opinion de Sanclemente, du docteur Sepp et du P. Patrizzi, lesquels rapportent la naissance du Sauveur à la fin de l’an 4707, P. J., deux ans et quelques mois avant la mort d’Hérode. On a ainsi plus d’un an pour le séjour à Bethléem jusqu’à l’arrivée des Mages, et le même temps à peu près pour l’exil en Égypte.

II. Si nous consultons maintenant les traditions relatives à cet exil, nous les trouvons toutes formellement opposées au sentiment qui n’accorderait à ce fait qu’une durée : de deux ou trois mois.

Ces traditions étant multiples, il suffira d’indiquer ici celle qui concède la moins longue durée ; c’est aussi la plus communément reçue et la plus autorisée. Or cette tradition donna environ deux ans à cet exil. C’est ce que dit expressément saint Epiphane (Hœres, 7) et ce que pensent après lui Nicéphore (l. I, ch. 14) et Cornelius a Lapide (Comment. in Matth.)

Maldonat, qui se prononce pour un temps plus considérable dans ses commentaires sur saint Matthieu, a soin de reconnaître cependant que le sentiment général ne donne que deux ans ou un peu moins pour la durée de cette émigration.

Nous verrons bientôt, après avoir établi l’ensemble de cette chronologie, que ce temps a dû être en effet de quinze mais au moins deux ans au plus. Et quant aux autres opinions touchant cette durée, nous devons dire que celles qui attribuent au Sauveur l’âge de cinq, huit, neuf ou même onze ans, à son retour, paraissent absolument inconciliables avec l’histoire des Juifs et le texte évangélique ; car le séjour en Égypte ne s’étant prolongé que jusqu’à la mort d’Hérode (avril 4710, P. J.), dire que Notre-Seigneur avait alors cinq ou six ans seulement, ce serait d’abord aller contre les indications de saint Luc que nous allons bientôt examiner, mettre la naissance du Sauveur bien avant le recensement général de l’empire (4707) et enfin étendre son âge à plus de quarante années lorsqu’il mourut (4746) ; conséquences qui sont toutes contraires à la vérité et à l’évidence historique reconnue. Au reste, les opinions qui attribuent une durée aussi exagérée au séjour en Égypte, n’ont été émises que par des écrivains postérieurs aux Pères de l’Église[2], et tes traditions anciennes et communes se rapprochent beaucoup plus de la vérité de l’histoire.

III. L’examen du texte évangélique fournit un nouvel argument. L’ange, en avertissant saint Joseph de retourner dans la terre d’Israël, lui dit au pluriel : — Ils sont morts ceux qui cherchaient la perte de l’Enfant. Ce pluriel montre qu’Hérode n’était pas seul, lorsqu’il prenait les sanglantes mesures de la persécution de Bethléem, et cela même est une indication pour déterminer l’époque probable de cet événement.

En effet, d’après ce langage de l’ange, on est en droit de conclure ces deux choses :

1° Il y avait alors auprès d’Hérode, non pas seulement de simples bourreaux exécuteurs de ses ordres, mais bien des conseillers puissants, de véritables complices associés à sa politique et à ses crimes.

Ces complices étaient morts avant Hérode lui-même, de sorte qu’aussitôt après le décès de ce prince, l’ange a pu dire au pluriel et sans exception : Ils sont morts.

Consultons maintenant l’histoire civile des Juifs.

Avant tout elle ne permet pas de supposer que ces ennemis acharnés du Messie fussent les prêtres et les docteurs d’alors, lesquels, au contraire, haïssaient mortellement Hérode qui les payait de retour. Mais elle nous montre à côté du trône deux autres princes dignes du roi et associés par lui à sa puissance et à sa politique. Le premier est le tétrarque Phéroras, son frère, et le second, Antipater, son fils aîné, héritier désigné du trône et déjà honoré des habits royaux.

Or, dans les premiers mois de l’an 4709, Antipater partit pour Rome ; auparavant il s’était concerté arec son oncle Phéroras et celui-ci s’était chargé d’empoisonner, pendant l’absence d’Antipater, le vieil Hérode dont la trop longue existence leur était à charge.

On fit donc venir de fort loin des poisons très violents ; mais il arriva que la femme de Phéroras, gardienne de ces poisons, voulut aussi en donner son mari. Phéroras en mourut et son empoisonnement fit tout découvrir.

Antipater, après une absence de neuf ou dix mois fut arrêté à son retour, jugé et enfin mis à mort cinq jours seulement avant le décès d’Hérode, son père (avril 4710).

Ces trois princes, aussi perfides l’un que l’autre, sont donc morts en moins d’une année et Hérode le dernier. La même politique impie les rendait ennemis naturels du Messie futur ; il est donc moralement certain que c’est de tous les trois que l’ange entend parler, quand il dit : Ils sont morts, etc. Il serait difficile d’expliquer autrement l’emploi du pluriel dans cette circonstance.

En comprenant ainsi les choses, il faut que l’adoration des Mages, la fuite en Égypte et le massacre de Bethléem aient eu lieu au plus tard pendant les premiers mois de l’année 4709, un peu plus d’un an avant la mort d’Hérode, car c’est cette époque qu’Antipater partit pour Rome, et que Phéroras, brouillé avec son frère Hérode, se retira dans sa tétrarchie. C’est donc au commencement même de cette année julienne 4709, qu’il faut placer leur participation à l’attentat déicide, et presque immédiatement après, la vengeance de Dieu les divisa et les fit périr l’un par l’autre.

Ainsi le seul emploi du pluriel, dans les paroles de l’ange, jette une précieuse lumière sur tous ces événements et nous fournit un argument de plus, pour placer l’adoration des Mages et le massacre de Bethléem au commencement de l’an 4709, P. J.

IV. Le célèbre astronome Kepler a attaché à son nom une preuve d’un autre genre ; nous devons la mentionner ici, mais sans y attacher une importance plus grande qu’il ne convient[3].

Au commencement du dix-septième siècle, Kepler recherchant la véritable année de la naissance du Sauveur et la nature de l’étoile qui conduisit les Mages à son berceau, fut amené à calculer l’état du ciel et la position des astres à cette époque. Ce calcul n’était pas sans utilité, car toutes ces circonstances jouaient un grand rôle dans l’astrologie ; elles devaient, par conséquent, avoir eu quelque influence sur la détermination des Mages, amateurs reconnus de cette prétendue science.

Voici le résultat de ce calcul. Une triple conjonction des deux planètes, Saturne et Jupiter, eut lieu l’an 4707, P. J., aux mois de juin, août et décembre, dans la constellation zodiacale des Poissons. Cette réunion des deux planètes était tellement remarquable que l’astronome danois Münter a depuis prétendu que l’étoile même des Mages n’était pas autre chose.

Un autre astronome, Ideler, ayant voulu vérifier les calculs de Kepler est arrivé des résultats aussi précis que possible, en se servant des tables astronomiques de Delambre. D’après ces nouveaux calculs, la première conjonction de Jupiter et de Saturne eut lieu le 20 mai dans le 20e degré des Poissons. Les deux planètes se trouvèrent en opposition avec le soleil le 14 septembre, étant alors éloignées l’une de l’autre de 1 degré 30 minutes. Puis elles parurent se rencontrer de nouveau, le 7 octobre, dans le 16e degré des Poissons et une troisième fois, lorsque Jupiter reprit son mouvement vers l’est, le 12 novembre, dans le 15e degré du même signe zodiacal[4].

Kepler concluait en ces termes : Cette conjonction... observée dans une contrée du ciel si féconde en signification astrologique, dut éveiller l’attention des Mages ; d’autant plus que ce phénomène parait avoir été accompagné de l’apparition d’une étoile extraordinaire. Or, en admettant que cette nouvelle étoile fut vue d’abord dans le temps où Saturne et Jupiter étaient prés l’un de l’autre, mais encore dans le même lieu que ces planètes, comme cela est arrivé d’une manière merveilleuse à notre époque ; les Chaldéens ne devaient-ils pas, d’après les règles de leur art, conclure qu’un grand événement était arrivé ?

Dans la phrase soulignée, Kepler fait allusion à l’apparition d’une étoile temporaire de première grandeur, apparition qui eut lieu de 1604 à 1606 de l’ère chrétienne, et sur laquelle il composa une dissertation spéciale. Par une coïncidence singulière, les deux planètes Jupiter et Saturne occupaient alors la même position relative qu’elles avaient dans le ciel à l’époque des Mages, et en reprenant la même période avant l’ère chrétienne, la même conjonction avait été également remarquée par les anciens.

Le rabbin juif Abarbanel dit en effet, dans son commentaire sur Daniel, que la grande conjonction de Saturne et de Jupiter dans le signe des Poissons est un présage important, qu’elle a eu lieu l’an du monde 2365 ou trois ans avant la naissance de Moïse, et qu’alors elle présageait la délivrance des enfants d’Israël et la fin de la servitude d’Égypte[5].

Il est juste de dire qu’après la triple conjonction de Jupiter et de Saturne en l’an 4707, il y eut encore un rapprochement remarquable au mois de mai de l’an 4708 ; la planète Mars se conjoignait alors aux deux autres. C’est ce rapprochement qui a servi de motif à Kepler et à Münter pour retarder la naissance du Sauveur jusqu’au mois de décembre de cette même année 4708 ; mais tous ces phénomènes se rapprochent bien plus du 25 décembre de l’année 4707 que du même anniversaire dans les années précédentes ou suivantes ; aussi c’est à cette date, du 25 décembre 4707, que se rallient les autres astronomes qui ont fait les mêmes calculs, Ideler, de Berlin, Schumacher, de Copenhague, et Schubert, de Saint-Pétersbourg[6].

C’est donc pendant l’année 4707 que l’étoile aurait commencé à briller, et son apparition aurait coïncidé avec ces conjonctions remarquables. La naissance du Sauveur devrait donc être rapportée vers la fin de cette même année et l’adoration des Mages vers le commencement de l’an 4709 ; l’émigration en Égypte aurait ainsi duré un an et quelques mois jusqu’après la mort d’Hérode (avril 4710).

Les recherches de Kepler ont inspiré à M. L. Veuillot les lignes suivantes :

Heure solennelle pour la nature entière ! Dans le vaste firmament, les astres n’avaient point dévié de leur marche, rien n’était à réparer, aucune perturbation n’étonnait ces royaumes inviolables de la régularité. Cependant une circonstance y devait signaler l’avènement du nouvel Adam, du nouveau Moïse, du nouveau Josué, de L’HOMME, à qui les démons, et les anges, et les vents, et la mer, et les plantes, et toute chose créée allait obéir, Cette circonstance fut le jubilé universel des planètes. Toutes, en ce moment, avaient accompli leurs révolutions, et se tenaient prêtes au travail et au repos ; toutes repartirent obéissantes pour une course nouvelle, comme au jour où le même Verbe de Dieu les ayant appelées du néant chacune par son nom, chacune répondit : Me voici ! et prit la route qui lui était tracée.

V. Nous ne pouvons terminer ce paragraphe sans rapporter un autre témoignage et sans résoudre en même temps l’objection qui semble en résulter pour la chronologie.

Macrobe, auteur païen du quatrième siècle, cite un bon mot de l’empereur Auguste, or la mort d’Antipater se trouve mêlée au massacre de Bethléem. — Auguste, dit-il, ayant appris que parmi les enfants mis à mort par Hérode, roi des Juifs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, le fils même du roi avait été tué, il dit : Mieux vaut être le pourceau d’Hérode que son fils[7]. (Saturnales, II, 4.)

On a prétendu conclure de ces paroles que le massacre de Bethléem, et, par conséquent, l’adoration des Mages et la fuite en Égypte avaient eu lieu en même temps que la mort d’Antipater, c’est-à-dire au commencement de l’an 4710, cinq jours seulement avant la mort d’Hérode.

Cette induction ne s’accorderait guère avec la tradition et avec les textes précités de saint Matthieu, textes qui indiquent un vrai séjour en Égypte depuis l’arrivée de la sainte Famille jusqu’à la mort d’Hérode.

De plus, la comparaison du récit de l’Évangile avec l’histoire civile des Juifs à la même époque, s’oppose à ce que l’on rapporte ces deux événements à la même date, car lors de la venue des Mages et du massacre de Bethléem, Hérode était à Jérusalem et prétendait même aller à Bethléem pour adorer le Messie nouvellement né, tandis qu’à l’époque de la mort d’Antipater, Hérode, victime d’une affreuse maladie, avait depuis longtemps quitté Jérusalem ; il s’était fait transporter au delà du Jourdain, aux eaux thermales de Callirhoé et amener ensuite à Jéricho, où il fit mourir son fils et où il mourut lui-même cinq jours après.

Tout bien considéré, la citation de Macrobe nous fait seulement conclure une chose, savoir qu’Auguste a associé les deux événements dans la même phrase, soit parce qu’il les avait appris tous les deux en même temps, soit parce qu’ils procédaient de la même cruauté. Mais quant à la question chronologique, cette citation venue quatre siècles après l’événement est d’une autorité trop faible pour infirmer les conclusions précédentes, et elle laisse subsister avec toute leur force les raisons qui nous portent à conclure que l’adoration des Mages et la fuite en Égypte ont eu lieu au commencement de l’an 4709, environ quinze mois avant la mort d’Hérode.

Pour résumer tout ce chapitre, nous pouvons dire que le seul examen de l’Évangile de saint Matthieu nous oblige déjà à fixer la naissance du Sauveur avant le 25 décembre 4708, mais préférablement vers la fin de l’année précédente, 4707 de la période julienne, 747 de la fondation de Rome, en 7 avant l’ère chrétienne.

L’indication du recensement général, donnée par saint Luc, va bientôt élever cette probabilité au degré d’une véritable certitude.

 

 

 



[1] Nous avons suivi, en traduisant ce passage, le sens indiqué par le P Patrizzi (dissert. XXVII, c. IV, pars I). Le savant interprète prouve la légitimité de cette traduction, et il pense que l’astre, άστηρ, dont il est ici question, a dû être une véritable comète.

[2] Les plus connus parmi ces écrivains sont Baronius et le P. Faber ; nous regrettons d’avoir à combattre ici leur opinion.

[3] Kepler, De J. C. vero anno natalitio, Francof., 1606 et De vero anno quo æternus Dei Filius humanam naturam in utero benedictæ virginis Mariæ assumpsit, Francof., 1614. C’est ainsi que parlait de la naissance du Sauveur un des plus grands génies qui aient honoré l’esprit humain par leurs découvertes.

[4] Ideler, Handbuch der mathem. Chronologie, p. 406, et Münter, Mémoires philos. histor. de la société royale danoise des sciences, t. I, in-4°. Copenhague, 1823.

[5] Münter, Mémoires philos. histor. de la société royale danoise des sciences, t. I, in-4°. Copenhague, 1823.

[6] Sepp, Vie de N. S. J. C., traduction de Charles de Sainte-Foi, édit. 1854, p. 63 et 64.

[7] Ce trait de l’empereur Auguste est bien plus sensible dans la langue grecque, dont l’empereur se servait, à cause du rapprochement des deux mots ύίον et ΰν, fils et pourceau.