JOSÉPHINE DE BEAUHARNAIS - 1763-1796

 

XVIII. — L'HOTEL CHANTEREINE.

 

 

Le 30 thermidor an III (17 août 1795), au moment où rien n'est terminé de ses affaires, où le plus clair de ce qu'elle possède, ce sont les 50.000 livres assignats empruntées à la tante Renaudin qui valent à peine 2.500 livres, au moment où elle doit à Dieu et au Diable, et où elle n'a pu rien recevoir encore de la Martinique, Joséphine prend à bail de la citoyenne Julie Carreau, épouse séparée de Talma, pour trois, six ou neuf années, moyennant un loyer annuel de 10.000 francs en assignats ou de 4.000 francs en numéraire, un hôtel entre cour et jardin, sis rue Chantereine, n° 6, un hôtel comportant écuries, remises et dépendances, exigeant un domestique relativement nombreux, portier, jardinier, homme de service — un hôtel qui, par le passé de sa propriétaire, est une maison galante, la maison des fêtes de la demoiselle Julie, avec, tout proche, l'hôtel de la Dervieu, tout autour des hôtels des Impures en renom, le luxe, l'élégance, la recherche des filles entretenues.

Sans doute, ce n'est point ici du grand, et il ne faut point s'attendre à des palais : sur la rue Chantereine[1], peu construite encore, puisque, sur ses trois cents toises, entre le faubourg Montmartre et la chaussée d'Antin, il n'y a que dix-neuf numéros, ouvre, par une porte cochère, un long couloir, resserré entre les murs des propriétés voisines. A l'entrée de ce passage, chambre et escalier pour le portier ; à l'extrémité où il s'élargit en une façon de cour, deux petits pavillons, remise et écurie ; de là, accès sur un petit jardin.

Tout le terrain, construit ou libre, n'a de superficie que 601 toises — 1.171 m. 471 — et, au milieu, un pavillon isolé, élevé d'un rez-de-chaussée et d'un attique, avec caves et cuisines au-dessous. Cinq pièces à l'étage, car l'attique n'est point surélevé et ne sert qu'aux gens : donc, une antichambre, une chambre à coucher, un petit salon servant de salle à manger, un autre petit salon en forme de demi-rotonde, que suit une sorte de boudoir et une garde-robe. Quatre mille livres métalliques, c'est payer cher l'agrément d'être chez soi, en ce temps où partout l'on demande la résiliation des baux, où le pain arrive à se payer 22 francs la livre au Palais-Royal, où les rentiers, même de 20.000 livres, ne peuvent plus subsister, où l'on voit des hommes de bonne apparence, d'éducation distinguée, ramasser dans du fumier des pelures de patates cuites et les dévorer. Et c'est le moment où Joséphine se charge d'un tel loyer, où, toute joyeuse des deux chevaux hongres à poil noir, âgés d'environ sept ans, dont la République lui a fait présent, elle prend un cocher ; en dehors du citoyen Gonthier, à son service depuis au moins les débuts de l'an III, elle engage un cuisinier, le citoyen Gallyot[2], et elle a une femme de chambre, Louise Compoint, laquelle a succédé à une Agathe — Agathe Rible, qui viendra plus tard reprendre la place. Il est vrai qu'il n'est plus question de Marie Lanoy, qui semble bonne fille, car, de ses gages fixés à 600 livres numéraire par an et dont Pelle n'a rien touché, de ses avances qui montent à 26.758 livres assignats, des 12.000 francs de Sabatier et du reste, elle, ne fait point état, ne prend même pas de reconnaissance.

Hortense, tandis que sa mère se charge ainsi d'un train, est placée en pension à cette Institution Nationale de Saint-Germain, que Mme Campan vient de fonder pour restaurer la société et pour gagner son pain. Faut-il croire que Joséphine demande un rabais à Mme Campan ; que, au lieu dei 200 livres, elle en offre 600 pour l'entretien de sa fille ? Rien de tel pour marchander, en telles occasions, comme les gaspilleuses.

Encore peut-elle dire que sa fille, qu'elle est obligée d'entretenir, lui coûterait autant partout, mais pourquoi, des mains de Hoche qui ne demande qu'à le garder, reprend-elle Eugène pour le placer chèrement dans la pension que vient d'ouvrir, à Saint-Germain, sous le nom de Collège irlandais, un sieur Patrice Mac-Dermott, autrefois, dit-on, précepteur du jeune Henri Campan ?

Et, avant même d'entrer en jouissance de son hôtel, ce qui ne peut avoir lieu que le 10 vendémiaire an IV (2 octobre 95), Joséphine s'occupe de rafraichir et de compléter le mobilier qu'elle avait rue de l'Université : elle fait acheter le 1er fructidor (18 août), par Marie Lanoy, douze pièces de nankin bleu à 190 livres la pièce — 2.280 livres au total qui, ornées d'une crête rouge et jaune, serviront, dans la chambre à coucher, à recouvrir six chaises de bois à dossier renversé, bronzé, allant avec la couchette à deux dossiers de bois bronzé pour laquelle on lui a demandé quarante louis — près de 50.000 livres assignats. Avec cela, de jolis meubles qu'elle possède : un secrétaire à glaces et colonnes, de bois jaune de la Guadeloupe, encadré de bois rouge avec miroir et dessus de marbre ; une table de bois jaune octogone avec dessus de marbre Porthor ; une table à écrire de bois de noyer de la Guadeloupe, un vide-poche en acajou, un petit buste de Socrate en marbre blanc ; dans un coin, une harpe de Renaud.

On fait moins de frais pour l'antichambre où l'on place seulement un bas de buffet en chêne, une armoire de sapin pour serrer la vaisselle, et une fontaine à laver.

On n'a, dans le petit salon servant de salle à manger, que quatre chaises d'acajou couvertes de crin noir, autour d'une table ronde à pans rabattus, qu'accompagnent quelques servantes à rafraichissoirs et deux tables à dessus de marbre assez élégantes : point d'autres meubles, les armoires vitrées où l'on présente la fontaine à thé en plaqué anglais forme étrusque, les plateaux, les vases, le sucrier de plaqué, sont pratiquées dans le mur et il suffit, pour l'ornement, des huit estampes dont une, en sanguine, représente l'Innocence dans les bras de la Justice.

Dans le petit salon en demi-rotonde, le boudoir, le cabinet de toilette plutôt, car à' côté ouvre la garde-robe intime, tout est disposé pour le travail nécessaire, le travail de la mise au point de la toile-fie : glaces partout : glace de 12 pouces de haut sur 36 de large à un miroir monté sur un pied portatif en chêne, posé sur la commode d'acajou à dessus de marbre bleu turquin ; glace en deux morceaux au trumeau de cheminée peint en gris ; glace à la toilette de bois d'acajou ; et puis un forte-piano de Bernard pour prendre des attitudes et faire croire qu'on en sait toucher... Aux murs, seize petites estampes encadrées. C'est tout.

Luxe médiocre, sans doute, mais enfin il le faut payer. Qui paie ?

 

Du 9 thermidor an II au 18 brumaire an VIII, la République, sans qu'elle s'en doute, a un maître : Barras. C'est lui qui, pour sauver ses camarades et ses complices, les Conventionnels en mission, à qui Robespierre va faire rendre gorge, dégaine le sabre dont ils ont besoin pour abattre le dictateur ; lui qui, de thermidor an II à vendémiaire an IV, apparaît comme le sauveur, le protecteur des Conventionnels, frappant à droite, frappant à gauche, mais assez adroit et fort pour subsister au milieu de toutes les réactions. C'est lui qui établit. lui qui maintient, qui perpétue, à travers la Constitution de l'an III, la tyrannie de la Convention ; qui, fermant la bouche par le coup d'État de Fructidor an V, par les invalidations individuelles de l'an VII, à la France légalement insurgée, arrête, comprime, supprime la volonté de la Nation. Tout cela, non pour un principe, non pour des idées, non pour des rêves, mais parce qu'il trouve la place bonne, en jouit, veut en jouir. Le pouvoir, il s'en soucie assez peu ; mais les agréments du pouvoir, l'argent, le luxe, les femmes et le reste, voilà ce qu'il veut. Il l'a et le garde. Étant brave, car au moins il est cela, ayant servi, étant gentilhomme, il a cette immense qualité de mépriser qui l'entoure, — lâches, parleurs, petites gens. Il a gardé de bonnes façons, de la tournure, le bel air, un peu casseur, du coureur de tripots, quelque peu souteneur, qu'il a été. Combien vrai de lui, ce que Lefebvre disait de Talleyrand De la M.... dans un bas de soie. Mais, de plus que Talleyrand, il a l'audace, il ne boude pas au feu ; il tire l'épée et en jette le fourreau. Pour lui plaire, il faut l'appeler : Général. Il se prend au sérieux, a des aides de camp, donne des ordres, et à propos. Cela suffit.

Cet homme, et c'est là le côté curieux de sa nature, admet bien qu'il s'encanaille avec les hommes, mais il ne vit qu'avec des femmes d'ancien régime ; il lui faut, dans son intimité, de la grâce, de l'élégance, de la distinction ; ne saurait prétendre aux femmes du premier rang, guillotinées, émigrées, cachées, mais à celles-là qui ont déjà couru l'aventure, qui — pour sauver leur tête ou leur fortune — se sont compromises avec quelque jacobin ; celles-là qui, par leurs maris ou leurs amants ont versé dans la Révolution et qui, à présent, d'autant plus besogneuses que le luxe renaît, d'autant plus avides qu'elles en ont plus le désir et le besoin, cherchent la proie. Il la leur fournit mais médiocrement de sa poche, il a trop de besoins lui-même pour être si prodigue qu'on a cru ; — il les met en présence des fournisseurs, des banquiers, des gens à argent qu'il exploite lui-même et qu'il leur permet d'exploiter ensuite ; il leur ménage des affaires, il les associe à ses profits.

D'ailleurs correct : il aime la tenue, comme il aime le luxe. Il sait donner un dîner et ce dîner ne glisse point à l'orgie. Ce ne sera jamais aux grosses viandes, aux gros vins, aux grosses débauches à la Chabot qu'il se roulera, il lui faudra du raffiné et de l'élégant. S'il prend une pointe, ce sera du meilleur vin d'Aÿ ; il y aura des fleurs sur la table et des coussins sur les sièges, les glaces viendront de chez Velloni et, ensuite, s'il se débauche, la femme sera rare, exquise et parfaitement dressée.

 

Tel est l'homme : et tel celui qui, quelque temps, fut l'amant de Joséphine : point encore membre du Directoire quoi qu'on ait dit, mais plus maître sans doute comme président de la Convention, comme membre de la Commission des Cinq, comme membre du Comité de Sûreté générale, comme général en chef de l'Armée de l'intérieur, trois fois élu tel par la Convention. En mission dans le Nord en floréal an III (mai), il est revenu en messidor (juillet) ; il devient tout-puissant en vendémiaire an IV (septembre-octobre), mais ce n'est que le 10 brumaire (1er novembre) qu'il est élu membre du Directoire, le 13 (5 novembre) qu'il s'installe au Luxembourg.

Il est permis de penser qu'il n'y a point entre ces dates et celles de l'installation de Joséphine, rue Chantereine, une simple coïncidence : c'est le 30 thermidor an III (17 août) que Joséphine signe son bail ; c'est en fructidor (août-septembre) qu'elle met ses enfants en pension ; c'est le 10 vendémiaire an IV (2 octobre) qu'elle entre en jouissance, c'est le 14 (6 octobre) qu'elle donne ordre de meubler sa chambre.

La liaison dure ensuite quelque temps : et c'est à Croissy que se donnent les rendez-vous : Nous avions pour voisine Mme de Beauharnais, écrit Pasquier. Sa maison était contiguë à la nôtre ; elle n'y venait que rarement, une fois par semaine, pour y recevoir Barras avec la nombreuse société qu'il traînait à sa suite. Dès le matin, nous voyions arriver des paniers de provisions, puis des gendarmes à cheval commençaient à circuler sur la route de Nanterre à Croissy, car le jeune Directeur arrivait le plus souvent à cheval.

La maison de Mme de Beauharnais avait, comme c'est assez la coutume chez les créoles, un certain luxe d'apparat ; à côté du superflu, les choses les plus nécessaires faisaient défaut. Volailles, gibier, fruits rares encombraient la cuisine — nous étions alors à l'époque de la plus grande disette — et, en même temps, on manquait de casseroles, de verres et d'assiettes, qu'on venait emprunter à notre chétif ménage.

C'est que les victuailles, c'était Barras qui les payait : au reste, à l'en croire, c'était lui aussi qui payait la maison : Mme Beauharnais, a-t-il dit dans une note restée inédite, me proposa de me charger du reste dû d'un bail de maison de campagne qu'elle avait louée à Croissy. Je l'acceptai : une fois installé, elle m'avoua qu'elle ne pouvait acquitter les loyers, encore moins l'arriéré ; je me chargeai de tout et même des dégradations qui avaient eu lieu.

 

Ce n'était point que là qu'elle le voyait. Dès que, dans le Luxembourg dévasté, prison durant la Révolution, où ne restait point un meuble, où, le premier jour, les Directeurs avaient délibéré autour d'une table empruntée au portier, Barras se fut installé et qu'il eut ouvert ses salons, Joséphine ne manqua pas plus que Mme Tallien de s'y rendre. Il s'y réunit bientôt une coterie formée de femmes tenant à l'ancienne noblesse et quoi qu'on ait dit, au dehors on avait fort bon ton et plutôt une réserve froide qu'un abandon de mauvais goût. Peu de maris : Mme de Navailles, ci-devant duchesse d'Aiguillon, n'était pas encore Mme Louis de Girardin et portait son nom de fille ; Mme de Carvoisin, déjà un peu mûre, était veuve de Jacques-François de Carvoisin, marquis d'Achy, seigneur de Nouvion, mestre de camp de cavalerie ; veuve aussi Mme de Kreny, née Cacqueray ; veuve Mme de Cambis ; veuve Mme de Beaumont — tout ou rien selon le temps et les personnes comme dit Constant ; quasi veuve Mme Récamier ou du moins préludant par son indépendance à la réputation qu'elle se comptait faire ; Mme de Mailly-Château-Renaud avait, paraît-il, un mari et même l'amenait quelquefois : rien des grands Mailly ; c'était un Jean Cœurderoy qui avait été substitué, à défaut d'héritiers, à un président à la Cour des Aides de Franche-Comté, nommé Mailly, lequel par lettres de 1732, registrées en 1754, avait obtenu l'érection en marquisat de sa terre de Chauteaurenaud dans le diocèse de Chalon-sur-Saône ; mais la femme était douce, gentille, gracieuse d'esprit et de visage. Tel était, en femmes, le fonds de l'intimité, très restreinte, et où il fallait montrer peau blanche pour être reçue, bien plus étendue en hommes, par suite des relations forcées et des obligations de position.

Cette société du Directoire, celle du moins qui se groupe autour de Barras — car le monde de Rewbell, de Carnot, de Revellière-Lépeaux, de Treilhard et des autres n'a rien à y voir — cette société diffère totalement de ce qu'on a vu depuis la Révolution. On a vu des avocats, des procureurs, des subdélégués, des marquis et quelques académiciens se réunir bourgeoisement chez la femme d'un de leurs amis pour y afficher la simplicité, y vanter la pureté des mœurs et exalter la pudicité ingénue d'épouses qui excellaient à tromper vertueusement leurs vertueux époux : On a vii des procureurs encore, et des praticiens, et des journalistes étaler une gentillesse de jeunes mariés et, dans l'aisance qui leur était imprévue et nouvelle, se congratuler l'un l'autre d'avoir aboli la royauté, conquis une maison de campagne et fait un petit-enfant : On a vu des ci-devant moines, des ci-devant marchands de contremarques, des ci-devant aigrefins — faut-il dire ci-devant ? — proclamer, par leur union, parfois civile, avec de ci-devant religieuses, leur mépris des ci-devant religions et leur conversion au culte de la. Raison : On a vu d'anciens parlementaires s'affichant avec des filles, ayant leurs petites maisons et menant la grande vie ; — mais, sauf en un coin perdu, Hérault de Séchelles, on n'a point vu encore des gentilshommes dégradés s'associer à des femmes déclassées pour former ensemble une coterie. Réalisant cette formule mondaine dont on voudrait croire qu'elle ne fut jusque-là qu'une invention de romanciers, celle dont Laclos, Crébillon le fils, Den on, Godard d'Aucourt, Andréa de Nerciat se sont fait les peintres, cette coterie semble la suprême et délicieuse conception à laquelle se sont attachés, pour la vivre cinq ans, des êtres amoraux, intelligents, spirituels, raffinés en toutes les recherches de volupté physique, qui ne prennent des vices que la fleur, mais à petits coups en humant l'essence, tels Barras, Talleyrand, Carency, Luxembourg, Montrond...

Mais il n'y a point qu'eux, ce serait trop beau : De ces Olympes où l'on a des façons de demi-dieux il faut qu'on descende en Révolution et qu'on s'abaisse à la canaille. On ne saurait rester entre soi et, vis-à-vis de complices on ne saurait faire les difficiles. Barras, à Chaillot, possède ou loue une-maison sise rue Basse-Saint-Pierre, une rue qui, partant du quai, finissait rue de Chaillot. — Est-ce la même que, rue de Chaillot, 70, celle où il est mort le 29 janvier 1829, une dépendance, un pavillon ? Peu importe. Ce qui importe c'est que de cette maison qui est à Barras, Joséphine fait les honneurs et à qui ?

Paris, le 24 pluviôse an 4e[3]

de la République française une et indivisible.

La citoyenne Bauharnays prie le Cen Réal de lui faire le plaisir de venir demain 25 dîner chez elle : les Cens Barras et Tallien doivent aussi s'y trouver ; ils comptent sur son amitié pour leur faire ce plaisir.

Salut et amitié,

HALLÉ.

Rue Basse-Pierre, n° 8, à Chaillot.

Au citoyen, Réal, rue de Lille, au coin de la rue de Poitiers faubourg Germain, à Paris.

 

 

 



[1] Il serait curieux que, à une date ancienne, la rue ou plutôt l'emplacement de la rue Chantereine ait été désignée sous le nom de la Victoire ; il est certain que l'abbaye de la Victoire érigée par Philippe-Auguste à Senlis en commémoration de la victoire de Bouvines où l'évêque de Senlis avait été son chef d'état-major, cette abbaye qui avait reçu une importante partie des débris subsistants du Domaine royal en Ile-de-France, avait, près Paris, été dotée d'uni jardin, un marais et un vinier sis entre la ferme des Mathurins, les Porcherons et la Grange-Batelière. Ce lieu s'appelait Chanterelle, par dérivé de Chantereine, et à cause des grenouilles — les reines et reinettes — qui y chantaient. Mais on l'appelait aussi marais des Porcherons et mieux marais de la Victoire ou simplement La Victoire. C'est ainsi que, dans mon pays, à Asnières-sur-Oise, sont désignées, dans les anciens titres, les parties du domaine et même du parc royal qui, par Philippe-Auguste, ont été 'détachées pour l'abbaye de la Victoire. Lorsque des chaumières commencèrent à s'élever dans ce marais, l'espèce de chemin qui y conduisait fut désigné sous le nom de Ruelette au Marais des Porcherons. Puis il reçut deux noms, du faubourg Montmartre à la rue Saint-Georges : rue Chantereine ; de la rue Saint-Georges à la rue Saint-Lazare, rue des Postes (1779). La rue Chantereine s'est bâtie presque entièrement de 1779 à 1790 ; mais toute maison presque y était hôtel entre cour et jardin.

[2] Il accompagnera Bonaparte en Egypte et sera retraité garpe des Bouches à Fontainebleau.

[3] 13 février 1796