GENSÉRIC

 

LA CONQUÊTE VANDALE EN AFRIQUE ET LA DESTRUCTION DE L’EMPIRE D’OCCIDENT.

CHAPITRE I. — LA CONQUÊTE.

 

 

Honorius mourut d’hydropisie à Ravenne le 15 ou le 27 août de l’année 423[1]. Il ne laissait point d’enfants et son neveu Valentinien, fils de sa sœur Placidie et de Constance, était réfugié à Constantinople[2]. Cet enfant, âgé de cinq ou six ans, n’avait pas été créé Auguste. Aucun prince n’était donc désigné pour succéder au trône en Occident et le fils d’Arcadius, Théodose II, qui régnait à Byzance, se trouva seul maitre légitime de l’Empire. Le monde romain était une fois encore réuni sous l’autorité d’un seul et même empereur[3]. Mais le pouvoir fut aussitôt usurpé par Jean qui avait été chef des notaires impériaux (primicerius notariorum[4]). Ce Jean était sans doute porté par le vieux parti romain ou chercha à se le rendre favorable, car il abolit, au moins en partie, les privilèges reconnus à l’Église par les lois des précédents empereurs[5]. Il priva les évêques de leur droit de juridiction et soumit les ecclésiastiques au jugement des magistrats civils[6].

Jean, aussitôt après avoir pris la pourpre à Rome, s’empressa d’envoyer à Constantinople des ambassadeurs, chargés d’y faire agréer son usurpation. Théodose refusa de les entendre. Il les fit jeter en prison[7] et reléguer dans la Propontide[8], ou, suivant un auteur, se contenta de les renvoyer avec de terribles menaces[9]. De toute façon, c’était la guerre civile, et l’on s’y prépara de part et d’autre. Théodose rassembla une puissante armée dont il confia le commandement à Ardabure, qui avait fait preuve de grandes qualités dans la guerre contre les Perses, et à son fils Aspar. Jean envoya Aëtius chez les Huns pour les enrôler à son service[10] Il semble que Théodose avait eu d’abord la pensée de ne pas partager l’Empire, car lorsqu’il publia la mort d’Honorius, tenue secrète pendant quelques jours, il se déclara empereur d’Orient et d’Occident[11]. Mais l’usurpation de Jean lui avant montré le danger qu’il y avait à laisser le trône vacant en Occident, il se résolut à créer Auguste le jeune Valentinien, qu’il avait envoyé à Thessalonique avec sa mère Placidie[12]. Il le fiança à sa fille Eudoxie et le créa César[13].

Les hostilités ne commencèrent qu’en 425[14]. L’armée, sous les ordres d’Ardabure et d’Aspar, qui amenaient en Italie Placidie et Valentinien, traversa la Pannonie et l’Illyrie. Elle gagna Salone, qui fut prise de force[15], ou qui était déjà au pouvoir des Orientaux ; un auteur rapporte en effet qu’aussitôt après la mort d’Honorius, Théodose avait fait occuper cette ville importante de la Dalmatie, en prévision des événements possibles en Occident[16]. A Salone, Ardabure s’embarqua sur une flotte qui s’y trouvait rassemblée. Aspar, à la tête de la cavalerie, se porta rapidement sur Aquilée, surprit cette grande ville avant qu’on eût pu y être informé de son approche, et l’occupa sans résistance. Placidie et Valentinien étaient demeurés avec lui[17]. Cependant Ardabure se dirigeait par mer également vers Aquilée[18]. Une bourrasque le sépara de sa flotte et le fit tomber, avec deux de ses trirèmes, entre les mains des soldats de l’usurpateur, auquel il fut envoyé[19]. Celui-ci, espérant que Théodose, pour délivrer son maitre de la milice, consentirait à un accommodement, traita son prisonnier avec une extrême bienveillance. Ardabure mit à profit la grande liberté qu’on lui laissait. Il s’appliqua à détourner du service de Jean les chefs de ses troupes, assez disposés déjà à faire défection, puis il manda à Aspar de marcher sur Ravenne où tout était préparé pour lui assurer une facile victoire.

Aspar s’avança rapidement avec sa cavalerie[20]. Un berger le guida à travers des marais où on ne connaissait aucun passage, il trouva les portes de la ville ouvertes[21], ne rencontra qu’une faible résistance et s’empara de Jean qui lui fut livré par trahison[22]. Il l’envoya à Aquilée où Placidie et Valentinien étaient demeurés. On lui coupa la main droite, puis on le décapita[23]. Procope ajoute qu’après lui avoir coupé la main, on le promena dans le cirque d’Aquilée, et qu’on le laissa longtemps exposé aux outrages des histrions avant de le faire périr[24]. Cependant Aëtius accourait à la tête d’une armée de Huns, forte, dit-on, de soixante mille hommes[25] ; il entra en Italie trois jours après la mort de l’usurpateur. Il y eut une bataille, mais Aëtius fit bientôt sa paix avec l’Empire. Il négocia à prix d’argent la retraite des Huns et obtint pour lui-même le titre de comte[26]. Après la défaite et la mort de Jean, Valentinien III commença de régner sous la tutelle de Placidie.

L’Afrique ne fut pas épargnée pendant la guerre de la succession d’Honorius. Le comte Boniface qui y commandait à cette époque était tout dévoué à Placidie ; il lui avait précédemment fourni les moyens de passer à Constantinople, quand elle avait voulu fuir l’Italie pour se soustraire à la haine de son frère Honorius[27]. Il refusa de reconnaitre Jean, et celui-ci, pour assurer le ravitaillement de Rome, se vit obligé de tâcher de le soumettre ; mais ses efforts ne servirent qu’à distraire de ses forces des troupes dont il avait besoin pour se défendre lui-même[28].

Aëtius et Boniface étaient alors les deux généraux les plus célèbres de l’armée romaine. Ils étaient également illustres par leur valeur et leurs talents militaires[29]. Boniface, dont Procope parle comme d’un Romain de naissance[30], est donné comme barbare et originaire de la Thrace, dans une lettre qui lui est attribuée, mais dont l’authenticité paraît plus que douteuse[31]. Ce qui est certain, c’est qu’il commença à se distinguer en 413. Il commandait alors à Marseille, qu’il défendit avec succès contre Ataulphe, roi des Goths[32]. Il servit ensuite en Afrique, d’abord en qualité de tribun et plus tard en qualité de comte[33]. Il s’y acquit une grande réputation, en repoussant les continuelles agressions des Maures[34]. Il y a pourtant, semble-t-il, quelque exagération dans les louanges que Procope et d’autres auteurs se sont plu à lui prodiguer. Ils le représentent comme un grand capitaine, digne rival d’Aëtius ; mais on ne voit point qu’il ait remporté de grandes victoires, ni commandé des armées considérables dans des guerres importantes. La défense de Marseille est le seul exploit que l’on connaisse de lui avant son arrivée en Afrique, où il n’eut point de grandes expéditions à conduire. Il se borna à batailler contre les Maures, et quant aux troupes que Jean envoya pour le réduire, il n’eut pas apparemment beaucoup de peine à les repousser. Mais il eut l’art de se créer une situation exceptionnelle, un renom de gloire et d’autorité qui firent de lui un des personnages les plus importants de l’Empire.

Comprenant combien les catholiques pouvaient être utiles à sa réputation, il ne négligea aucun soin pour se les rendre favorables. Il affecta un dévouement absolu à l’Église, une ardente piété et un désir extrême de s’instruire des choses de la religion ; il s’appliqua à faire montre de. zèle dans ses rapports avec les évêques, et surtout avec saint Augustin, dont il réussit ainsi à capter la confiance et qui dans ses lettres le loue et l’admire[35]. De cette façon, suivant une expression de saint Augustin, pendant qu’il combattait les ennemis des saints en réprimant les barbares, les saints. combattaient pour lui par leurs prières[36]. Son enthousiasme allait, disait-il, jusqu’à lui faire souhaiter de quitter le inonde, pour vivre en moine et ne servir que Dieu seul[37]. Après que sa femme fut morte et qu’il eut marié sa fille au comte Sébastien, il se ménagea une conférence avec saint Augustin et saint Alype[38] auxquels il témoigna le désir d’abandonner les affaires et de passer le reste de ses jours dans un pieux repos, pour vivre comme les serviteurs de Dieu[39]. Saint Augustin et saint Alype l’admirèrent, mais en l’exhortant à persévérer dans la pratique des vertus chrétiennes, ils le dissuadèrent de prendre une résolution qui le rendrait moins utile aux églises du Christ[40]. Ils prêchaient un converti. Boniface se résigna aisément à demeurer en charge ; mais il voulait désormais, leur déclara-t-il, vivre dans la continence[41]. Ces belles protestations ne l’empêchaient pas d’avoir des concubines, même après le second mariage qu’il ne tarda guère à contracter[42]. Il épousa une femme, nommée Pélagie, qui était, semble-t-il, de la famille royale des Vandales[43]. Il est certain qu’elle était arienne[44]. On fit croire, il est vrai, que Boniface avait exigé sa conversion[45] ; mais il n’y parut guère, car l’arianisme pénétra avec elle dans la famille où elle apportait une immense fortune. Boniface, catholique si zélé en apparence, laissa baptiser sa fille par des hérétiques. Il leur permit même, disait-on, de rebaptiser des religieuses qui appartenaient à sa maison[46].

Cette alliance avec une barbare, surtout s’il est vrai qu’elle était Vandale et de la famille royale de ce peuple, pouvait être interprétée comme un indice et une conséquence d’une entente conclue entre le comte et les conquérants de l’Espagne. La conduite de Boniface, sa popularité, ses agissements, tout en lui était de nature à faire craindre qu’il ne songeât, comme plus d’un de ses devanciers, à se créer une souveraineté indépendante en Afrique.

On raconte qu’Aëtius, qui voyait en lui un rival, résolut d’exciter, pour le perdre, la défiance de Placidie[47]. Il représenta à l’impératrice que Boniface prenait une autorité absolue en Afrique et qu’il voulait la spolier, elle et son fils, de cette province. Elle pouvait aisément, ajouta-t-il, s’assurer de ses mauvais desseins. Il suffisait de l’appeler à Rome ; il ne consentirait jamais à y venir. Placidie, troublée par ces insinuations, ne manqua point de mander Boniface en Italie. Mais de son côté, Aëtius s’était hâté de le prévenir secrètement que l’impératrice ne lui voulait point de bien, qu’elle avait même résolu de le perdre et de lui ôter la vie. La double intrigue d’Aëtius eut un plein succès. Quand Boniface reçut l’ordre de se rendre à la cour, il crut à un piège ; il refusa d’obéir, et Placidie, le voyant prendre l’attitude prédite par Aëtius, n’hésita plus à considérer celui-ci comme un fidèle sujet et le comte comme un rebelle qu’elle devait soumettre sans retard[48]. Ce récit de Procope n’est confirmé par aucun auteur contemporain, mais un des principaux chroniqueurs de ce temps note qu’on déclara publiquement. la guerre à Boniface parce qu’il avait refusé de venir en Italie[49].

Il est certain qu’en 427 une armée fut expédiée en Afrique sous les ordres de trois généraux, Mavortius, Gallio et Sanox ou Sanœcis[50]. Mavortius et Gallio périrent par la trahison de Sanox, dont Boniface se débarrassa ensuite en le tuant[51]. Boniface se trouva ainsi momentanément délivré de tout danger, mais vers la fin de cette même année, ou plus exactement sans doute dans les premiers mois de l’année suivante, 428, une nouvelle armée fut envoyée contre lui, sous le commandement de Sigisvult, revêtu du titre de comte d’Afrique[52]. Ce général, dont l’armée était composée en partie au moins de Goths, se rendit maitre de Carthage et d’Hippone[53]. Boniface, ne disposant point de forces suffisantes pour soutenir la guerre, résolut d’appeler les Vandales à son secours.

Ces barbares ravageaient, depuis plus de vingt ans, les provinces occidentales de l’Empire. Joints à des troupes d’Alains, ils avaient passé le Rhin le 31 décembre de l’année 406 et s’étaient jetés sur les Gaules[54]. Ils y avaient fait de terribles ravages. Si l’océan avait inondé ce pays, dit l’auteur du poème sur la Providence, il n’y aurait pas fait de si horribles dégâts. On nous a pris nos bestiaux et nos moissons, on a détruit nos vignes et nos oliviers, nos maisons, dans les campagnes, ont été ruinées par l’eau et par le feu. ; le peu qui nous reste demeure désert et abandonné, et ce n’est que le moindre de nos maux. Depuis dix ans, les Goths et les Vandales font de nous une horrible boucherie. Les châteaux bâtis sur les plus hautes montagnes, les villes environnées de rivières n’ont pu garantir leurs habitants de la fureur de ces barbares, et on a été partout exposé aux dernières extrémités[55].

Des nations innombrables et d’une férocité inouïe ont envahi les Gaules entières, s’écrie saint Jérôme. Tout l’espace compris entre les Alpes et les Pyrénées, toute la contrée située entre l’Océan et le Rhin, les Quades, les Vandales, les Sarmates, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes, les Alamans et les Pannoniens, oh malheureux pays ! l’ont affreusement dévasté. Maguntiacum[56], noble cité jadis, a été prise et ruinée de fond en comble, et des milliers d’hommes ont été massacrés dans l’Église ; la cité des Vangiones[57] a été détruite après un long siège ; la ville puissante des Rèmes, Ambiani, Attrebatæ, Morini, Tornacus, Nemetæ, Argentoratus[58] ont vu leurs habitants emmenés en Germanie. L’Aquitaine et la Novempopulanie, la province lyonnaise et La Narbonaise, tout, excepté quelques villes, tout a été saccagé. Les cités que l’ennemi menace au dehors, la famine les ravage au dedans. Je ne puis sans verser des pleurs, nommer Toulouse[59], qui n’a dû qu’aux vertus du saint évêque Exupère de n’être pas tombée encore. Les Espagnes, elles aussi, les Espagnes sur le point de périr, tremblent chaque jour au souvenir de l’irruption cimbrique ; les maux que d’autres provinces ont endurés, elles les redoutent à leur tour, et la terreur les leur fait déjà continuellement souffrir. Mais je me tais, de crainte de paraître désespérer de la clémence de Dieu[60].

Les Barbares, dit Salvien, se répandirent d’abord dans la Germanie première, c’est-à-dire dans les territoires de Mayence, de Worms, de Spire et de Strasbourg. Ces contrées ruinées, l’incendie se communiqua à la Belgique, aux pays entre l’Océan, la Marne et la Seine, puis à l’opulente Aquitaine, enfin à toutes les Gaules[61].

Le 28 septembre de l’année 409[62], les Vandales pénétrèrent en Espagne[63], après s’être rendus maîtres des passages des Pyrénées qui, suivant un auteur, leur furent livrés par les troupes chargées de les défendre[64]. Les chemins des montagnes se trouvant ainsi ouverts, tous les barbares qui avaient envahi les Gaules débordèrent en Espagne. Ils y défirent les armées romaines, coururent et désolèrent le pays tout entier, comme ils avaient désolé les Gaules. Idace, qui fut en ce même siècle évêque d’une ville espagnole, probablement d’Aquæ Flaviæ[65], trace un horrible tableau des malheurs que sa patrie eut à souffrir. Elle fut, dit-il, ravagée à la fois par l’épée des ennemis et par la peste, tandis que la tyrannie des exacteurs et les pillages des soldats achevaient d’anéantir les richesses apportées de toutes parts dans les villes pour les mettre en sûreté[66].

La famine devint telle, ajoute-t-il, qu’on vit des hommes, pressés par la faim, dévorer de la chair humaine. On vit même des mères égorger leurs propres enfants, et les faire cuire pour s’en repaître. Les bêtes, accoutumées à se nourrir des cadavres de ceux qui mouraient de faim et de la peste, se jetaient sur les vivants. Ainsi, s’écrie-t-il, les châtiments de Dieu prédits par les prophètes s’accomplirent dans les quatre plaies qui désolaient toute la terre : le fer, la famine, la peste et les bêtes[67]. Un fait précis, cité par Olympiodore, confirme ce récit d’Idace. Dans une ville, une femme qui avait quatre enfants les tua et les mangea. Elle fut lapidée par le peuple[68].

Après deux années de dévastations et de pillages, les barbares se partagèrent les provinces de l’Espagne, pour s’y fixer à demeure. Les Suèves et ceux des Vandales qui reconnaissaient pour roi Gundéric occupèrent la Galice, les Alains s’établirent en Lusitanie et dans la province de Carthagène, un autre parti de Vandales, nommés Silinges, eurent la Bétique, à laquelle, croit-on, ils ont donné le nom de Wandalousie, changé depuis en celui d’Andalousie[69]. Les Espagnols qui, dans les villes et les lieux fortifiés, avaient échappé au désastre, furent soumis à la domination des barbares[70]. Seule la population romaine de la Galice réussit à se maintenir indépendante dans une partie de cette ancienne province. Elle repoussa à diverses reprises les attaques d’Hermeric, roi des Suèves, et dut enfin son salut à la maladie dont ce chef fut atteint et qui, pendant les dernières années de son règne, l’empêcha d’entreprendre de nouvelles expéditions[71].

La domination des conquérants fut assez douce durant les années qui suivirent le partage des provinces espagnoles. lis traitèrent les restes de la population romaine en amis et en alliés. On vit même des Romains aimer mieux vivre pauvres mais libres sous les barbares, que de supporter avec les sujets de l’Empire les vexations du fisc[72]. Comme dans toutes les provinces, l’exécution des lois contre les hérétiques avait créé en Espagne, où l’hérésie des priscillianistes était très répandue, tout un peuple de proscrits auxquels l’invasion des Vandales avait apporté le salut et la liberté. Saint Léon dit en effet que l’entrée des barbares en Espagne fit un grand tort à l’Église, en empêchant l’exécution des lois contre les priscillianistes[73]. Comme les évêques ne pouvaient ni communiquer entre eux, ni tenir des conciles, ces hérétiques, auparavant obligés de se cacher, purent se produire librement et étendre leur propagande[74]. Mais ces temps paisibles furent de courte durée. La fureur des barbares se ralluma, lorsqu’en 411 ou 415 les Goths passèrent, eux aussi, en Espagne[75].

Ces Goths étaient ceux-là mêmes qui, sous le commandement d’Alaric, avaient pris et pillé Rome, en 410. Leur histoire depuis cette époque explique les circonstances qui empêchèrent les Vandales de se créer en Espagne un établissement durable et les poussèrent à la conquête de l’Afrique. Il y a donc lieu de la rappeler brièvement. Les auteurs anciens n’indiquent point comment, après la mort d’Alaric, Ataulphe, son beau-frère et son successeur[76], parvint à tirer l’armée des Goths de la situation critique dans laquelle elle se trouvait, n’ayant pu passer en Sicile et ne pouvant opérer sa retraite à travers l’Italie, sans se heurter aux armées impériales qui lui barraient la route. Ataulphe assura, semble-t-il, son salut par un traité qui le fit entrer, avec ses troupes, à la solde et au service de l’Empire[77]. Il combattit en effet, dans les Gaules où il passa en 412, les usurpateurs qui y avaient pris la pourpre. Il est vrai que, sollicité par Attale, car ce fantôme d’empereur, tour à tour élevé et abaissé par Alaric, n’avait pas quitté le camp des Goths, il se montra un moment disposé à se déclarer pour Jovinus qui avait été proclamé Auguste en 411[78], mais il était dans les habitudes des barbares de vendre leurs services au plus offrant, sans se faire scrupule de rompre leurs engagements antérieurs.

L’accord tenté entre Ataulphe et Jovinus ne se réalisa pas. Ataulphe en fut détourné par Dardanus, préfet du prétoire des Gaules[79]. Jovinus lui-même, en associant à la dignité impériale son frère Sébastien, malgré l’opposition du roi des Goths, acheva de se le rendre hostile[80]. Ataulphe, irrité de cette promotion, se retourna vers Honorius. Il offrit de lui rendre sa sœur Placidie, captive depuis la première prise de Haine par Alaric, et de combattre les usurpateurs, à condition d’être assuré de subsistances et sans doute d’une solde pour son armée, avec un établissement dans les provinces de l’Empire. Honorius accepta ses offres, et les Goths se mirent en campagne[81].

En 413, Sébastien fut vaincu et amené à Narbonne où il fut mis à mort. Jovinus s’était retiré dans Vienne. Il y fut assiégé et, réduit à se rendre à Ataulphe, fut, lui aussi, traîné à Narbonne où il fut livré à Dardanus qui le tua de sa main[82]. Mais Honorius n’ayant pas accompli les promesses faites aux Goths, Ataulphe refusa de rendre Placidie et, dans le courant de l’automne de cette même année 413, il s’empara de Narbonne et peut-être aussi de Toulouse[83]. Ce fut à cette époque qu’il assiégea en vain Marseille[84] défendue par Boniface. Enfin en 414 ou 415, il épousa Placidie, dans Narbonne[85], et força Attale à reprendre la pourpre ; puis il songea à négocier de nouveau avec Honorius. Mais Constance qui était à Arles avec les forces romaines qu’il commandait, obligea les Goths d’évacuer Narbonne et de passer en Espagne[86].

Ataulphe était déjà maître de Barcelone, lorsque mourut Théodose, le fils que Placidie lui avait donné l’année précédente. Peu de temps après cette mort, il mourut lui-même assassiné. Il fut frappé d’un coup de poignard par un de ses domestiques nommé Dubius, qu’il avait depuis longtemps à son service et qui vengea par ce meurtre la mort de son premier maitre tué par Ataulphe[87]. En mourant, le roi des Goths avait recommandé à son frère de rendre Placidie aux Romains et de chercher à acquérir leur amitié.

Ce ne fut pas le frère d’Ataulphe qui fut appelé à lui succéder. La royauté fut déférée à Sigéric, frère de Sarus, chef Goth qui, pendant l’invasion d’Alaric dont il était l’ennemi personnel, s’était jeté. dans Ravenne à la tête de trois cents hommes et avait servi Honorius[88]. Ce Sarus avait ensuite abandonné le service de l’empereur, parce qu’on avait refusé de lui rendre justice du meurtre d’un de ses officiers, nommé Bellerid[89]. Il s’en était allé trouver Jovinus dans les Gaules, où Ataulphe, qui nous est représenté comme son ennemi particulier[90], le poursuivit avec dix mille hommes. Sarus n’était accompagné que de dix-huit ou vingt aventuriers. Il se défendit néanmoins, mais finit, après bien des prouesses, par tomber vivant aux mains de son ennemi qui le fit mettre à mort peu de temps après[91].

Sigéric, ayant réussi à se faire accepter comme roi par l’armée des Goths, fit tuer les six enfants qu’Ataulphe avait vus d’un premier mariage. Sigesaire, évêque arien des Goths, tenta en vain de les sauver[92]. Quant à Placidie, Sigéric la contraignit de marcher près de douze milles à pied, avec les autres captifs, devant sou cheval[93]. Il cherchait pourtant à faire sa paix avec les Romains[94] ; mais il n’eut pas le temps de poursuivre des négociations, car il fut tué par les siens, sept jours après son avènement[95]. Les Goths reconnurent alors pour roi Wallia, qui usurpa le pouvoir par le carnage de ceux qui y prétendaient[96]

Wallia commença par vouloir la guerre avec l’Empire. Reprenant le dessein conçu par Alaric de procurer aux Goths un établissement au sud de la Méditerranée, il embarqua une partie de ses troupes et leur donna ordre de faire route directement vers l’Afrique. Une tempête les surprit à douze milles du détroit de Gadès et les fit périr misérablement[97]. Ce désastre eut le même résultat qu’avait eu celui qui empêcha Alaric de passer en Sicile. Il fallut se résoudre à traiter avec l’empereur et à le servir, puisqu’il n’était plus possible de penser à le combattre. Honorius avait envoyé vers le nouveau roi des Goths pour traiter de la paix et redemander Placidie. Son ambassadeur, Euplutius, fut reçu avec joie. Wallia livra des otages et s’engagea à guerroyer pour l’Empire contre les barbares établis en Espagne. De son côté Honorius lui promit six cent mille mesures de blé, et lorsqu’elles eurent été livrées, Placidie fut remise à Euplutius, pour être ramenée à Honorius[98]. Attale, la créature d’Alaric, fut la victime de cet accommodement. Les Goths l’avaient trainé avec eux en Espagne, ils le sacrifièrent au ressentiment d’Honorius. On raconte que se voyant abandonné, il s’embarqua sans trop savoir où chercher un refuge, et qu’il fut pris sur mer[99]. Suivant un auteur, ce furent les Goths qui le livrèrent aux Romains[100]. Il est certain qu’il fut mené prisonnier au patrice Constance qui le fit conduire à Ravenne, où Honorius lui fit couper la main droite[101], ou le pouce et l’index de la main droite[102], puis le relégua dans l’île de Lipari, après l’avoir fait marcher devant son char, lors du triomphe qu’il célébra à Rome en 417[103].

Dès l’année 416, par conséquent tout aussitôt après son traité avec l’Empire, Wallia attaqua les Alains et les Vandales Silinges qui occupaient la Lusitanie et la Bétique[104]. Un chroniqueur note qu’en 417 les Goths faisaient de grands carnages de barbares dans l’intérêt des Romains[105]. Les troupes romaines coopéraient sans doute à ces premières campagnes, car le même auteur marque, à l’année 416, que Constance prit par ruse et sans combat Frédibal, roi des Vandales et l’envoya à Honorius[106]. Constance, grandi par ses succès, ambitionnait de s’allier à la famille impériale en épousant Placidie. Elle ne voulut point consentir à cette union, mais le 1er janvier 417, Honorius lui-même prit sa main et la mit malgré elle dans la main de Constance qui inaugurait ce jour-là son second consulat[107]. Ce fut quelques mois après l’accomplissement de ce mariage, dont naquirent deux enfants, Juste Grata Honoria et celui qui fut l’empereur Valentinien III, qu’Honorius se rendit à Rome pour y célébrer son triomphe[108].

Cependant M’allia continuait la lutte contre les barbares d’Espagne. En 418, il détruisit complètement les forces des Vandales Silinges[109]. Les Alains furent aussi tellement abattus par les pertes que les Goths leur firent éprouver qu’à la mort de leur roi, nommé Adda, ils ne purent lui donner un successeur et furent obligés de se mettre sous l’autorité et la protection de Gundéric, roi des Vandales établis dans la Galice[110]. C’est pourquoi les successeurs de Gundéric prirent le titre de rois des Vandales et des Alains. On ne sait pour quelle raison ou par suite de quels événements les Romains ne continuèrent point à employer en Espagne des auxiliaires qui leur procuraient de tels succès. Les Goths, au lieu de continuer à guerroyer contre les Vandales, reprirent le chemin des Gaules, où Constance les mit en quartiers dans la seconde Aquitaine, c’est-à-dire dans la contrée entre Toulouse et l’Océan, y compris le pays de Bordeaux[111]. Ce fut, sans doute, à cette époque que Toulouse devint la capitale du royaume des Visigoths[112]. Le retour des Goths dans les Gaules fut effectué dès l’année 418, car les chroniqueurs marquent en cette année la mort de Wallia et nous apprennent qu’il mourut peu après avoir ramené ses troupes au nord des Pyrénées[113].

La guerre fut néanmoins reprise en 422 contre les Vandales de Gundéric. Castinus, comte des domestiques et ensuite maitre de la milice, qui l’année précédente avait remporté des victoires sur les Francs, fut chargé de la poursuivre. Il entra en Espagne à la tête d’une puissante armée romaine et de nombreuses troupes auxiliaires composées de Goths. Cette campagne, d’abord heureuse, se termina par une sanglante défaite. Castinus, vaincu dans une bataille où il perdit près de vingt mille hommes, se vit réduit à fuir à Tarragone[114]. Ce désastre fut causé en grande partie par la trahison des troupes auxiliaires et, semble-t-il, par l’attitude de Boniface. Ce général, nommé au commandement de l’armée d’Afrique après le siège de Marseille[115], avait été appelé à la cour où il avait reçu l’ordre de passer en Espagne et d’attaquer les Vandales par le Sud, tandis que Castinus les attaquait par le Nord. Au lieu d’exécuter ses instructions, il se retira à Poilus et se contenta de rentrer en Afrique. Sa conduite durant cette campagne paraît avoir été considérée comme coupable. Un des principaux chroniqueurs de ce temps représente en effet sa retraite comme une fuite séditieuse, ajoutant qu’elle fut le commencement de grands malheurs pour l’Empire[116], et un autre chroniqueur, considérant sa révolte comme commencée dès ce moment, note immédiatement après la défaite de Castinus que Boniface quitta la cour et s’empara de l’Afrique[117].

L’Espagne entière, à l’exception de la région occupée par les Suèves, fut alors à la merci de Gundéric. Il n’y restait plus aucune force romaine ou barbare capable de l’arrêter, puisque, des deux armées impériales, l’une était anéantie, l’autre retirée au delà du détroit de Gadès, et puisque les Silinges et les Mains avaient été détruits par les Goths de Wallia. Pendant les cinq années qui suivirent, les Vandales ravagèrent toute la péninsule, pillèrent les îles Baléares, ruinèrent Carthagène et achevèrent. de conquérir la Bétique[118]. Séville ne fut prise, selon toute apparence, qu’en 427[119]. Il est probable que les Vandales victorieux tournèrent alors leurs armes contre les Suèves ; Procope rapporte en effet que, suivant un récit accrédité parmi les Vandales, leur roi Gundéric fut fait prisonnier en Espagne par les Germains qui le pendirent à un gibet[120]. Or les Germains, contre lesquels les Vandales auraient combattu en Espagne, ne peuvent être que les Suèves. Lors de cet événement, ajoute Procope, les Vandales étaient déjà passés en Afrique sous la conduite de Genséric[121]. Mais il y a lieu de croire que Gundéric mourut peu après la prise de Séville, vraisemblablement dans les premiers mois de l’année 428[122], car sa mort nous est représentée comme la punition d’un sacrilège qu’il avait commis, lorsqu’il s’était emparé de cette cité, en portant, est-il dit, la main sur la basilique de saint Vincent martyr[123], c’est-à-dire en la livrant au pillage. Il périt, ajoute l’un de nos auteurs, possédé du démon, sur le seuil même de l’église qu’il avait profanée[124].

Gundéric laissa plusieurs fils[125] ; mais ce fut son frère Gaiseric, Giseric ou Genséric qui s’empara du pouvoir. Ce d’et dont la destinée fut d’accomplir la ruine de Rome et de créer le premier royaume barbare indépendant dans les anciennes provinces de l’Empire, était, comme Gundéric, fils de Godigisclus ou plus exactement Godigyselus[126], tué dans une défaite que les Francs infligèrent aux Vandales à l’époque où ceux-ci passèrent le Rhin, en 406[127]. Procope nous apprend que sa naissance était illégitime[128], et Sidoine Apollinaire affirme que s’il était fils de roi, il était constant aussi que sa mère était une esclave[129]. Selon un chroniqueur, il aurait d’abord été catholique et se serait ensuite converti à l’arianisme, la religion des Vandales et de presque tous les barbares devenus chrétiens[130]. Jordanès donne de lui ce court et saisissant portrait, tiré sans doute de l’histoire des Goths qu’avait écrite Cassiodore : Genséric était d’une taille médiocre. Une chute de cheval l’avait rendu boiteux. Sa parole était rare, son esprit profond. Il méprisait la volupté, mais ne se possédait plus dans la colère, et son avidité était sans bornes. Très habile à attirer les diverses nations dans ses intérêts, il était sans cesse attentif à semer entre elles les divisions et les haines[131]. Ce portrait présente les mêmes traits de caractère que l’on remarque dans les portraits d’Attila, de Théodoric le Grand, de Clovis : une grande valeur, un sens de la guerre extrêmement développé, beaucoup d’astuce, de la perfidie, le mépris absolu de la parole donnée, une avidité insatiable, point de scrupules, une énergie qu’aucune délicatesse ne tempère, des mœurs rudes et grossières, des habitudes de violence et de dissimulation. Tels paraissent avoir été à des degrés divers tous les chefs barbares, tels étaient aussi les hommes qu’ils conduisaient à la conquête des contrées enrichies par la civilisation romaine.

Gundéric vivait et régnait peut-être encore lorsque Boniface fit alliance avec les Vandales. Procope dit en effet que Boniface convint avec les deux fils de Godigisclus de diviser l’Afrique en trois parts, une pour Gundéric, une pour Genséric et la troisième pour lui-même, avec obligation réciproque de se prêter mutuellement aide et assistance contre toute attaque[132]. On serait porté à conclure de là que, du vivant même de Gundéric, Genséric était chef des Vandales conjointement avec son frère. C’est ce que Procope semble marquer également quand il dit qu’après la mort de Godigisclus le pouvoir fut déféré à Genséric qui, alors déjà, était exercé au métier des armes et s’était montré d’une habileté extraordinaire, tandis que son frère était encore fort jeune et peu apte aux affaires[133]. On s’expliquerait dans cc cas cette remarque de Jordanès que Genséric était bien connu à Rome par les victoires qu’il avait remportées sur les Romains[134]. Quoi qu’il en soit, au moment de l’invasion de l’Afrique, Genséric commandait seul l’armée des Vandales, et ce fut avec lui seul que Boniface eut définitivement à s’entendre[135].

L’Espagne n’offrait aux Vandales qu’un établissement précaire. Leurs forces étaient de cinquante mille hommes tout au plus ; Procope nous apprend en effet qu’après le sac de Rome, en 455, Genséric forma les Vandales et les Alains en cohortes auxquelles il préposa quatre-vingts chefs nommés chiliarques, pour faire croire qu’il avait sous ses étendards quatre-vingt mille guerriers, mais qu’à une époque antérieure, on estimait à cinquante mille hommes au plus les effectifs des Vandales et des Alains réunis[136]. Suivant un auteur ecclésiastique, un recensement ordonné par Genséric, avant son passage en Afrique, aurait donné un total de quatre-vingt mille hommes, y compris les vieillards, les jeunes gens, les enfants et les serviteurs aussi bien que les maitres[137], d’où on a conclu, de nos jours, que le nombre des hommes d’armes devait être de seize mille[138], soit vingt pour cent du chiffre total. C’est la proportion de soldats que peut fournir une nation, mais cette proportion pouvait se trouver grandement dépassée dans une peuplade barbare vivant uniquement de la guerre, surtout si on ne comprend pas dans le recensement les femmes dont notre auteur ne fait pas mention. Comme on va le voir, Genséric n’avait peut-être pas avec lui, à ce moment, toute sa nation, dont le reste pouvait compléter, à peu près, l’effectif de cinquante mille hommes armés. C’était peu pour occuper un pays étendu où la population, très latinisée, était tout entière hostile aux barbares et où ils demeuraient exposés à être attaqués à la fois par le nord et par le sud. Au nord, les passages des Pyrénées n’étaient pas en leur pouvoir, ils avaient donc à craindre de ce côté les entreprises des armées romaines ou des Goths que l’Empire conservait à sa solde et tenait cantonnés dans les provinces méridionales de la Gaule ; au sud, le détroit de Godés les protégeait mal contre une expédition venue d’Afrique ; l’Empire pouvait ainsi à tout moment recommencer, avec des généraux plus habiles et plus fidèles, la campagne qu’il avait tentée précédemment avec les troupes confiées à Castinus et à Boniface, le sort des Silinges pouvait alors devenir celui des Vandales. La conquête de l’Afrique leur promettait au contraire un établissement durable, dans une position d’où ils pourraient menacer l’Italie et où il serait fort difficile de les combattre. Tout un peuple de proscrits les y attendait comme des libérateurs et constituait un parti prêt à leur être dévoué.

Mais les Vandales n’étaient pas par eux-mêmes en mesure d’entreprendre cette fructueuse conquête ; ils n’étaient pas maîtres du détroit, ils n’avaient point de navires pour transporter leurs troupes sur la rive africaine. Boniface les appelant à son aide, leur offrit de leur livrer le détroit et de leur fournir des moyens de transport[139]. Il leur proposa, dit Procope, de partager l’Afrique ; les conditions offertes par Boniface durent être aisément acceptées. Il suffisait aux Vandales qu’on leur ouvrit les portes de l’Afrique ; une fois introduits dans cette contrée, ils comptaient bien la conquérir tout entière, car les promesses échangées ne les gênaient point ; pour eux, comme pour tous les barbares, les traités faits avec les Romains n’avaient de valeur qu’aussi longtemps qu’ils les trouvaient avantageux.

Le pacte conclu, les forces des Vandales furent promptement concentrées sur le rivage méridional de l’Espagne. Elles étaient prêtes à s’embarquer au commencement de l’année 428, lorsque Genséric apprit qu’Hermigaire, chef des Suèves, ravageait les provinces voisines. Il se mit immédiatement en campagne, avec une partie de ses troupes, pour le combattre, le poursuivit dans la Lusitanie et lui infligea, non loin d’Emerita[140], une sanglante défaite, dans laquelle périt la plus grande partie de l’armée des Suèves. Hermigaire se sauva, grâce à la vitesse de son cheval, mais il fut noyé au passage de l’Ana[141].

De ce bref récit d’un chroniqueur[142], il faut conclure que Genséric n’entendait pas abandonner ses possessions d’Espagne. Il se détournait au contraire de son but pour aller sur les bords de l’Ana, les défendre contre un ennemi qui n’avait aucun intérêt à empêcher son départ, puisque le départ des Vandales eût laissé le champ libre aux Suèves. Abandonner ces possessions eût d’ailleurs été une imprudence que Genséric n’était pas homme à commettre. Il avait tout avantage à demeurer maitre de l’Espagne, ne fût-ce que pour s’assurer une retraite en cas d’insuccès et pour ne pas laisser la route libre à une armée de Goths ou de Romains qui, traversant l’Espagne où rien ne l’aurait plus arrêtée, et passant après lui le détroit de Gadès, aurait pu venir le prendre à revers.

Pourquoi aussi aurait-il embarrassé sa marche et compliqué l’opération toujours difficile d’un embarquement, en traînant derrière lui tout un peuple. Victor de Vite et Idace, qui étaient évêques, disent que les vieillards, les enfants, les serviteurs, toute la nation, en un mot, fut embarquée en même temps que les troupes[143] ; mais Procope, mieux au fait des nécessités militaires, ne marque rien de semblable. Il est donc à croire qu’une partie des Vandales fut laissée en Espagne, avec tout ce qui eût encombré inutilement l’armée. Peut-être Gundéric vivait-t-il encore lorsque fut résolue l’expédition d’Afrique que Genséric aurait conduite, tandis que lui-même aurait continué d’occuper l’Espagne, et ce l’Ut peut-être à ce moment que les Suèves, sachant que Gundéric n’avait plus qu’une partie des forces de sa nation, l’attaquèrent, le tirent prisonnier et le mirent à mort. Ce serait alors pour venger la défaite et la mort de son frère, et pour conserver l’Espagne, que Genséric aurait entrepris une campagne en Lusitanie. On comprend dans ce cas pourquoi Procope et Théophanes supposent que Gundéric régnait encore lorsque fut débattu le projet de partage de l’Afrique[144] Ceux des Vandales qui demeurèrent en Espagne, quittèrent à leur tour ce pays ; mais plus tard, après la prise de Carthage, sans doute quand les Goths reparurent au sud des Pyrénées. C’est pourquoi Cassiodore dit que les Vandales quittèrent l’Espagne parce qu’ils en furent. chassés par les Goths[145].

Aussitôt après le succès de son expédition contre les Suèves, Genséric retourna à son embarquement. Il quitta la Bétique et aborda en Maurétanie au mois de niai de l’année 429[146].

La partie occidentale de l’Afrique romaine que l’on désignait sous le nom de Maurétanie, était divisée en trois provinces, la Maurétanie Tingitane, que le détroit de Gadès séparait de l’Espagne, la Maurétanie Césarienne et la Maurétanie Sitifienne, qui s’étendait à l’est jusqu’à l’embouchure de l’Ampsaga, aujourd’hui nommée Oued El-Kebir[147] Une ligne militaire formait la frontière méridionale de ces provinces. Des découvertes, dues au commandant Demaeght, permettent, dit M. Stéphane Gsell, de reconstituer le tracé de la nouvelle ligne militaire, établie au début du IIIe siècle, qui couvrit la Maurétanie, de la prætentura, comme l’appellent les inscriptions. Elle consistait en une route, précédée sans doute d’un fossé et jalonnée par des forteresses et des fortins. Dans la direction de l’Ouest à l’Est, elle passait par Lalla Marnia (à la frontière du Maroc), Tlemcen, Lamoricière, Chanzy, Ténira, Timziouine, Tagremaret, Aïn Sbiba près de Fronda, puis probablement par Tiaret, Aïn Toukria, Derrag, les ruines des Ouled Hellal, Boghar, Saneg, Touta, Grimidi (au sud d’Aumale). On trouve, à l’est de Tiaret, les traces d’une autre frontière, enfermant la région appelée le Sersou ; elle est peut-être plus récente[148].

Dans les Maurétanies, la population romaine était beaucoup moins nombreuse que dans les provinces de la Numidie, de la Proconsulaire et de la Byzacène, qui, plus voisines de l’Italie, avaient été plus promptement et plus complètement colonisées[149]. Les centres de population romaine qui se rencontraient encore en grand nombre dans la Maurétanie Sitifienne devenaient plus rares à mesure qu’on avançait vers l’Ouest, et dans la Maurétanie Tingitane, le territoire romain finissait souvent à quelques kilomètres de la côte.

Ce sont apparemment ces trois provinces de la Maurétanie que Boniface avait promis d’abandonner aux Vandales[150]. Il est certain qu’ils n’y rencontrèrent aucune résistance et qu’ils purent y donner libre cours à leur fureur. Ils étendirent leurs courses à tout le pays, dit un auteur, pillant, ravageant, brûlant, massacrant tout ce qu’ils rencontraient, n’épargnant pas même les arbres fruitiers pour ne pas laisser après eux cette faible ressource à ceux qui s’étaient réfugiés dans les cavernes, dans les montagnes, dans les lieux souterrains ou dans d’autres endroits écartés. Après avoir désolé une contrée, ils y revenaient, y recommençaient leurs dégâts ; aucune localité n’échappa à leurs déprédations. C’était particulièrement contre les églises, les cimetières et les monastères qu’ils s’acharnaient ; ils allumaient de plus grands feux pour brûler les maisons de prière que pour incendier des villes et des bourgs fortifiés. S’ils trouvaient leurs portes fermées, ils s’animaient les uns les autres à les rompre à coups de hache. Ils employaient toutes sortes de supplices pour forcer d’illustres évêques et de saints prêtres à livrer leurs richesses privées et l’or et l’argent de leurs églises ; beaucoup d’ecclésiastiques moururent dans les tourments qu’ils leur infligeaient. Si quelque malheureux, cédant aux tortures, s’empressait d’abandonner son bien, ils redoublaient de cruauté, s’imaginant qu’il n’avait pas tout livré, et plus on leur donnait, plus ils prétendaient qu’on leur cachait. Pour contraindre les gens à avouer où ils avaient mis leur argent, aux uns ils ouvraient la bouche de force avec des bâtons, et y jetaient de la boue puante ; à d’autres, ils serraient le front et les jambes avec tant de violence que les cordes se rompaient ; à la plupart, ils faisaient avaler tant d’eau de mer, de vinaigre et de lie ou de quelque liquide semblable que ces malheureux en devenaient tout enflés.

Ni la faiblesse du sexe, ni la considération de la noblesse, ni le respect du sacerdoce ne touchaient ces alpes barbares ; rien au contraire n’irritait autant leur fureur que ce qui était le plus digne de vénération. On ne saurait dire le nombre des évêques et des personnes de première qualité à qui ils imposèrent, comme à des chameaux ou à des bêtes de somme, de porter d’énormes fardeaux, et pour les presser de marcher, ils les piquaient avec des pointes de fer ; on en a vu tomber et mourir sous le faix. Les cheveux blancs des vieillards, même l’extrême faiblesse d’un grand âge n’obtenaient d’eux aucune pitié. Ils arrachaient les enfants des bras de leurs mères et, avec une rage barbare, ils les écrasaient contre terre. On en vit prendre des enfants par les pieds et leur fendre le corps en deux. Le feu ne suffisant pas à détruire certains monuments ou certaines demeures importantes, ils enlevaient la toiture, puis démolissaient les murailles jusqu’aux fondations ; de sorte qu’il ne subsista rien des édifices superbes qui faisaient l’ornement des villes et qu’on n’en put même reconnaitre le plan et la destination. Les villes elles-mêmes, demeurèrent pour la plupart ou très dépeuplées ou entièrement désertes[151].

Capreolus, évêque de Carthage, confirme en peu de mots tout ce que Victor de Vite nous apprend des ravages des Vandales. Il mande en effet en 431 au concile d’Éphèse qu’il a voulu assembler les évêques africains pour choisir des députés au concile, mais qu’il ne lui a pas été possible de les réunir, parce qu’une multitude d’ennemis, ayant envahi l’Afrique, en a ravagé toutes les provinces. Tous les chemins sont interceptés, dit-il, les habitants ont péri ou ont été réduits à fuir, et partout, si loin que s’étende la vue, on n’aperçoit que désolation et misère[152].

C’est aussi ce que confirme le biographe de saint Augustin. La volonté divine a permis, écrit Possidius, que des troupes nombreuses de Vandales et d’Alains, auxquelles se trouvaient mêlés des Goths et des gens de toute sorte, soient venues d’Espagne fondre sur l’Afrique. Ces barbares, bien armés et expérimentés dans la guerre, ont traversé les Maurétanies et de là sont passés dans nos autres provinces. Partout, leur atroce cruauté a dépeuplé le pays entier à force de ravages, de meurtres, de tourments, de supplices, de crimes inouïs et sans nombre. Ils n’ont épargné ni l’âge, ni le sexe. Les évêques, les ecclésiastiques, les églises, les ornements et les vases sacrés n’ont point été à l’abri de leur fureur. Augustin, l’homme de Dieu, vit le commencement de cette horrible dévastation et en prévit les suites. Plus que tout autre, il en fut profondément affecté, considérant les périls auxquels se trouvaient exposées les Ames dont beaucoup ne pouvaient manquer de périr. Les. larmes devinrent, selon la parole du prophète, le pain dont il se nourrissait nuit et jour. Il acheva ainsi sa vieillesse dans une amertume et une tristesse que nul ne pouvait ressentir à ce point, car il est dit que plus de savoir est source de plus de douleur et qu’aile grande pénétration dessèche les os[153].

La correspondance de saint Augustin montre également les atrocités commises par les Vandales et la terreur qu’ils inspiraient. Un évêque, Quodvultdeus, avait demandé conseil à saint Augustin au sujet des devoirs incombant aux évêques dans une si grande calamité. Pouvaient-ils laisser fuir le peuple et se retirer eux-mêmes pour éviter le péril Saint Augustin lui répond qu’il ne faut point empêcher le peuple de fuir, mais que les évêques ne doivent pas abandonner leurs églises, tant que leur présence est nécessaire[154]. Un autre évêque, Honorat, évêque de Thiabena[155], lui demanda également conseil, lui faisant remarquer que la présence des évêques dans leurs villes ne pouvait avoir d’autre résultat que de les rendre témoins du meurtre des hommes, du viol des femmes, de l’embrasement des églises, et de les exposer à périr dans les tourments que les barbares leur infligeaient pour les forcer à livrer for et l’argent qu’ils ne possédaient pas[156]. Saint Augustin se contenta d’envoyer à l’évêque de Thiabena la lettre qu’il avait écrite précédemment à Quodvultdeus. Elle provoqua de la part d’Honorat des objections qui déterminèrent saint Augustin à traiter plus amplement ce sujet dans une nouvelle et longue lettre[157], où il établit que les ecclésiastiques ne peuvent se retirer en lieu sûr, excepté s’ils sont poursuivis personnellement et laissent d’autres ministres pour le service des fidèles, ou si le peuple tout entier a pris la fuite[158]. Il y a lieu de supposer que Calama[159] et plusieurs autres villes voisines furent complètement abandonnées par leurs habitants, puisque Possidius, évêque de Calama, qui n’avait garde d’aller contre l’avis de saint Augustin dont il fait un si grand éloge[160], dit que lui-même et d’autres évêques de cette région s’étaient réfugiés dans Hippone[161].

Des historiens modernes, favorables aux Vandales, ont mis volontiers leurs déprédations au compte d’autrui et se sont débarrassés du témoignage des auteurs contemporains en les accusant de calomnie ou tout au moins d’exagération[162]. Il est plus exact de dire que les Vandales ne furent pas seuls à commettre des dégâts et des cruautés. Pour tous les proscrits, si nombreux en Afrique, l’arrivée des Vandales marquait l’heure de la vengeance. Nul doute qu’ils aient nagé leur rage à celle des barbares et vengé durement les longues persécutions qu’ils avaient eu à souffrir. Les excès commis par les circoncellions, alors que le pouvoir impérial était en état de les réprimer, donnent une idée des violences auxquelles ils ne manquèrent certainement pas de se livrer le jour où rien ne s’opposa plus à leur fureur. Donatistes, païens, hérétiques de toute espèce, eurent alors pleine licence de satisfaire leurs rancunes. Des montagnes de l’Atlas, des contrées voisines du désert, les exilés revinrent se jeter sur la société qui les avait bannis, tandis que leurs persécuteurs fuyaient à leur tour.

Une des plus belles et des plus importantes découvertes de l’archéologie africaine prouve que s’il n’y eut pas, à proprement parler, alliance entre les Vandales et les donatistes, ceux-ci profitèrent de l’invasion pour rétablir leur culte[163]. Des fouilles récentes ont fait découvrir à Bénian, l’antique Alamiliaria, une basilique édifiée par les donatistes auprès du tombeau d’une des leurs, nommée Robba, qui, victime de la violence des traditeurs, dit une inscription, acquit, en 434, l’honneur du martyre[164] Avant de construire de nouvelles basiliques, les donatistes entreprirent apparemment de se mettre par la violence en possession de leurs anciennes églises livrées aux catholiques. Comme le montre M. Stéphane Gsell dans la saisissante étude qu’il a consacrée aux fouilles de Bénian, de nouveaux troubles religieux éclatèrent lors de l’invasion des Vandales, et ce fut sans doute dans quelque bagarre que périt Robba, assommée par les catholiques[165].

En même temps, les Maures s’étaient soulevés, et se précipitant sur le territoire romain, ils prenaient leur part du pillage. Saint Augustin nous apprend qu’ils avaient préludé aux ravages des Vandales dès les premiers temps de la révolte de Boniface ; cherchant à le détourner de la guerre civile, il lui représente les rapides progrès des barbares d’Afrique, c’est-à-dire des Maures, qui ravagent, pillent, emportent tout, et réduisent à l’état de déserts des localités naguère couvertes de populations nombreuses, sans que personne s’oppose à leurs déprédations, sans que le comte, tout occupé de ses propres difficultés, donne aucun ordre pour les réprimer[166].

Loin de défendre et de protéger les peuples, les fonctionnaires impériaux ajoutaient à leurs misères ; l’avidité du fisc exposait les contribuables à de continuelles vexations. Quand l’Afrique envahie fut à moitié perdue, le gouvernement impérial comprit trop tard la nécessité de raffermir la fidélité du peuple qu’avaient lassée la rapacité et l’esprit de chicane de ses fonctionnaires. Les habitants de la province Proconsulaire avaient envoyé des députés à la cour pour y exposer leurs griefs ; l’empereur Valentinien se décida enfin, le 25 février ou le 27 avril 429[167], à faire droit à leurs justes plaintes. Quatre lois extraites d’une constitution adressée dans ce but à Celer, proconsul d’Afrique[168], suffisent à donner une idée des exigences du fisc et de ses procédés. Elles ordonnent notamment : 1° Que les membres des curies ne seront responsables que de leurs propres biens, et ne pourront être poursuivis à raison des sommes dues au fisc par d’autres possesseurs de biens situés sur à même territoire, comme cela se pratiquait souvent, ce qui faisait que dans les villes il ne se trouvait plus un seul curiale en état de payer[169] ; 2° qu’une quittance délivrée par un proconsul pourra être opposée à ses successeurs qui devront la tenir pour valable[170] ; 3° que les possesseurs de biens en Afrique auront quatre mois, à compter de la publication de l’édit relatif à la levée de l’impôt, pour porter eux-mêmes leur argent au capitole de leur ville, et que durant ce délai, aucune poursuite ne pourra être exercée contre eux[171].

Tandis qu’on cherchait ainsi à rendre la population africaine plus affectionnée au régime impérial, Placidie s’efforçait de regagner Boniface. Les amis qu’il avait à la cour s’entremirent, et par ordre de l’impératrice, quelques-uns d’entre eux allèrent le trouver à Carthage. Là, dit Procope, ils connurent la ruse d’Aëtius dont les lettres leur furent montrées. Ils retournèrent en toute hôte vers Placidie et lui découvrirent comment Boniface s’était rendu coupable, non par sa faute, mais par celle d’autrui, Placidie dissimula à l’égard d’Aëtius qu’elle craignait. La situation était trop compromise pour qu’elle pût se hasarder à lui reprocher ses agissements contre le service de l’empereur, mais elle se confia aux amis de Boniface et se déclara disposée à rendre justice au comte d’Afrique, à condition que, de son côté, celui-ci, changeant de conduite, ne laissât pas les barbares anéantir la puissance romaine. Les promesses de l’impératrice déterminèrent Boniface à rentrer dans son devoir, il s’empressa de rompre son traité avec les Vandales et leur offrit une indemnité considérable pour obtenir leur éloignement[172]

L’accommodement de Boniface avec la cour impériale fut conclu, semble-t-il, par l’entremise du comte Darius qu’à deux reprises Placidie envoya en Afrique pour traiter de la paix[173]. Boniface fut rétabli dans sa dignité de comte d’Afrique[174]. En même temps que Darius traitait avec Boniface, il entrait en négociations avec Genséric et réussissait à conclure une trêve qu’il espérait transformer en une paix définitive[175]. Cet espoir ne fut pas de longue durée. La position et les ressources de l’Afrique assuraient à la puissance militaire qui parviendrait à s’y établir le moyen de menacer et de piller impunément les provinces les plus riches de l’Occident. Conquérir cette contrée était le but rêvé par les chefs barbares et Genséric n’était pas homme à y renoncer au moment de l’atteindre. Les propositions de Boniface furent repoussées avec mépris, il fallut se décider à combattre[176].

Genséric ne laissa pas à l’armée romaine le temps de recevoir des renforts. Il prit l’offensive, envahit la Numidie, battit Boniface et le poursuivit jusque sous les murs d’Hippone (Bône). Il entreprit le siège de cette ville vers la fin de mai ou dans les premiers jours de juin 430[177]. La place était forte[178], et les barbares ne savaient combattre qu’en rase campagne ; devant toute place fortifiée qu’ils ne pouvaient emporter d’assaut ou réduire par la famine, ils demeuraient impuissants[179]. Victor de Vite raconte que lorsqu’ils ne pouvaient venir à bout d’une forteresse, ils assemblaient tout autour une multitude de captifs, les égorgeaient et les laissaient sans sépulture, afin que l’infection produite par leurs cadavres portât la mort parmi les assiégés et les forçât à se rendre[180]. Il est peu probable que des hommes de guerre expérimentés, tels qu’étaient les chefs barbares, aient eu l’étrange idée d’user d’un procédé qui eût été fatal à leurs propres troupes tout autant qu’à leurs ennemis. On eut sans doute à souffrir. en plus d’un endroit, de la décomposition de cadavres abandonnés autour des murailles, l’imagination populaire aura transformé ce fait en une cruauté nouvelle, inventée par les barbares. Ils étaient capables de toutes les cruautés, mais trop avisés pour se livrer à celles dont ils auraient été eux-mêmes les victimes.

Il y a lieu de croire que la population de plusieurs localités de la Numidie était venue chercher dans Hippone un asile contre les violences des barbares. Possidius, évêque de Calama, nous apprend en effet que lui-même et d’autres évêques de la région voisine s’y étaient réfugiés auprès de saint. Augustin. Nos malheurs faisaient le plus souvent, dit-il, le sujet de nos entretiens. Nous considérions les jugements terribles de Dieu qui s’accomplissaient sous nos veux et nous disions : Vous êtes juste, Seigneur, votre jugement est équitable (Ps. CXVIII, 437). Mêlant nos douleurs, nos gémissements et nos larmes, nous adressions nos prières au Père des miséricordes, au Dieu de toute consolation, pour qu’il daignât nous secourir clans nos épreuves[181]. Un jour qu’à table, avec saint Augustin, nous nous entretenions des calamités de ce temps, il nous dit : Je prie Dieu de délivrer cette ville des ennemis qui l’entourent, et s’il en a ordonné autrement, je le supplie d’accorder à ses serviteurs la force de supporter les effets de sa volonté, ou de daigner au moins me retirer de ce monde et m’appeler à lui. Ses paroles furent pour nous une salutaire instruction. De ce moment, nous nous joignîmes à lui, avec tous les nôtres et tous ceux qui étaient dans la ville, pour faire à Dieu la même prière. Le troisième mois du siège, il fut atteint de fièvres et se mit au lit. Ce fut sa dernière maladie[182]. La douleur qu’il avait ressentie de la ruine de sa patrie s’était grandement accrue quand il avait vu sa propre cité assiégée par l’ennemi[183]. Le chagrin avait achevé d’anéantir ses forces épuisées par l’âge et par de fréquentes maladies[184].

Il avait coutume de dire, dans ses entretiens familiers, que les chrétiens qui avaient vécu d’une façon louable depuis leur baptême et les prêtres ne devaient point sortir de ce monde sans avoir fait une pénitence suffisante et proportionnée à leur état. Durant sa dernière maladie, il observa lui-même cette recommandation. Il fit copier les psaumes de David sur la pénitence et les fit mettre contre la muraille devant son lit, d’où il les lisait en répandant d’abondantes larmes. Afin de n’être point distrait de cette sainte occupation, il demanda, pendant les dix derniers jours de sa vie, qu’on ne laissât entrer personne dans sa chambre, sinon aux heures où les médecins y pénétraient et où on lui apportait de la nourriture. Il fut fait suivant son désir, et pendant tout ce temps, il demeura en prière[185]. Il conserva jusqu’à la fin l’usage de ses membres ; ni son ouïe, ni sa vue ne s’étaient affaiblies. Nous fûmes présents à ses derniers moments, continue son biographe, et nous le vîmes, parvenu au terme d’une sainte et heureuse vieillesse, s’endormir avec ses pères. Nous assistâmes au sacrifice qui fut offert à Dieu lors de ses funérailles et de sa mise au tombeau. Il ne fit aucun testament, parce qu’il s’était voué à la pauvreté en se consacrant à Dieu, et n’avait rien dont il pût disposer. De tout temps, il avait ordonné qu’on conservât soigneusement, pour ceux qui viendraient après lui, la bibliothèque de l’église et tous les manuscrits. Tout cc que l’église possédait en objets précieux et en ornements, il le confia à la fidélité du prêtre qu’il avait chargé du soin de la maison épiscopale. Quant à ses parents, tant ceux qui étaient auprès de lui que ceux qui étaient éloignés, il ne les traita, ni pendant sa vie, ni à sa mort, comme ont coutume de faire les personnes qui vivent dans le monde. Tant qu’il vécut, il les secourut dans leurs besoins, comme il secourait tout autre. Il leur donnait non de quoi avoir des richesses, mais de quoi être à l’abri de la misère, ou plutôt de quoi en sentir moins durement les atteintes. Il laissa à son église un clergé très suffisant pour le nombre des fidèles, des monastères d’hommes et de femmes florissants, bien dirigés par leurs supérieurs et pourvus de bibliothèques enrichies de ses propres ouvrages et de ceux des autres saints[186]. Il mourut le 28 août 430[187]. Il était âgé de soixante-seize ans et avait passé près de quarante années dans le clergé et l’épiscopat[188].

Hippone, bien défendue par Boniface, qui s’y était retiré avec son armée composée de Goths alliés de l’Empire[189], tint aisément, bien que Genséric eût réussi à la couper de son port et à empêcher tout ravitaillement par mer[190]. Les Vandales, au milieu d’une campagne dévastée, souffraient de la famine ; elle les força de lever le siège au bout de quatorze mois, en juillet 431[191]. Cependant des troupes, tirées de Rome et de Constantinople, venaient sous les ordres d’Aspar, maitre de la milice, renforcer l’armée romaine d’Afrique et lui rendre l’espoir de vaincre. Une nouvelle campagne, entreprise aussitôt, n’eut pas un meilleur succès que la précédente. En une seule bataille, les forces réunies des deux généraux de l’Empire furent défaites et dispersées. Aspar regagna Constantinople, tandis que Boniface s’embarquait pour l’Italie, abandonnant l’Afrique aux Vandales[192]. Hippone succomba bientôt après ; ses habitants furent réduits à fuir en masse, et la ville demeurée déserte fut brûlée par les barbares[193]. Il ne resta bientôt plus aux Romains que Cirta et Carthage, qui furent épargnées pendant quelque temps encore[194].

Au nombre des prisonniers tombés aux mains des Vandales, après la défaite de Boniface et d’Aspar, se trouvait Marcien, qui lions la suite parvint à l’Empire et succéda à Théodose. Procope raconte qu’il dut son salut à une circonstance qui attira sur lui l’attention de Genséric et parut un présage de sa grandeur future. Genséric, dit. Procope, fit un jour amener à son quartier tous les prisonniers, afin de discerner par lui-même s’il ne se trouvait pas parmi eux quelque personnage de qualité qu’il pût y avoir intérêt à ne pas confondre avec ses compagnons d’infortune. Ces malheureux furent assemblés dans une cour de la demeure du roi, en plein soleil, vers l’heure de midi. Exténués de chaleur, ils se couchèrent à terre et s’endormirent. Un aigle vint à passer, et arrêtant son vol, plana les ailes étendues au-dessus de la tête de Marcien. Genséric, qui d’un étage dominant la cour examinait les captifs, considéra ce fait comme un prodige. Il fit appeler l’homme ainsi désigné à ses regards, et lui demanda qui il était. Marcien répondit qu’il remplissait auprès d’Aspar les fonctions de secrétaire intime, de domestique. Cet emploi auprès d’un des personnages les plus considérables de l’Empire, qu’il pouvait être avantageux d’obliger, décida Genséric à ménager Marcien. Il se dit que d’ailleurs, s’il ne se trompait point en considérant ce qu’il venait d’observer comme un présage des destinées réservées à cet homme, il s’opposerait en vain aux desseins de Dieu, et que ce qu’il pouvait faire de mieux était de rendre la liberté à ce prisonnier, en exigeant de lui le serment de ne jamais porter les armes contre les Vandales[195].

Suivant une anecdote, un phénomène semblable aurait été précédemment la première origine de la fortune de Marcien. A l’époque où la guerre fut entreprise contre les Fuses, raconte Théophanes, Marcien était simple soldat. Il partit de Grèce pour la Perse avec le corps dont il faisait partie. Arrivé en Lycie. il tomba malade à Sydema et y fut laissé. Il resta longtemps dans cette ville et s’y lia d’amitié avec deux frères, Julius et Tatianus. Ceux-ci le recueillirent dans leur maison, où ils le gardèrent pendant sa convalescence. Un jour qu’ils allaient à la chasse, ils l’emmenèrent avec eux. Vers midi, les trois jeunes hommes, se sentant fatigués, se couchèrent à terre et s’endormirent. Quand Tatianus s’éveilla le premier, il aperçut Marcien qui dormait au soleil, et un aigle qui, planant au-dessus de lui, de ses ailes étendues, le tenait à l’ombre. Frappé d’un fait si extraordinaire, Tatianus éveilla son frère et lui montra ce prodige que tous deux considérèrent longuement. Ils finirent par tirer Marcien de son sommeil et lui dirent : Si jamais tu arrives à l’Empire, quelles grâces répandras-tu sur nous ? Marcien leur répondit : Je ne suis pas de ceux auxquels pareille fortune peut être réservée. Mais ils insistèrent, répétant toujours la même question. Alors Marcien leur dit : Si Dieu veut que cela m’arrive, je vous nommerai sénateurs. Ils lui donnèrent deux cents pièces de monnaie, en lui disant : Pars pour Constantinople, et souviens-toi de nous quand Dieu t’aura élevé au rang suprême[196]. Marcien s’en alla et s’attacha à Ardabure et à Aspar qui étaient de la secte des ariens. Il était avec eux depuis quinze ans et était devenu leur domestique, c’est-à-dire, suivant Procope, leur secrétaire intime, quand il suivit Aspar dans son expédition contre Genséric[197].

Boniface, rentré en Italie, y fut accueilli avec faveur[198]. Placidie, voulant l’opposer à Aëtius dont elle craignait l’ambition[199], lui accorda le titre de patrice et le nomma maitre de la milice à la place de son rival qui était en possession de cette grande charge depuis l’an 429[200]. Aëtius, consul en cette année 432, était probablement alors dans les Gaules, car il remporta cette année même de nouvelles victoires sur les Francs[201]. Lorsqu’il apprit le retour de Boniface et les faveurs dont on le comblait, il s’apprêta à le combattre. Il y eut alors, dit un chroniqueur, à l’instigation de Placidie, une grande guerre entre Aëtius et Boniface[202]. Aëtius fut vaincu, mais Boniface fut blessé de la main même de son rival et mourut, trois mois après sa victoire, ou de sa blessure[203], ou de maladie[204]. Le comte Sébastien, son gendre, lui succéda dans ses dignités[205], et Aëtius demeura quelque temps en disgrâce, mais ne se sentant pas en sûreté contre les entreprises de ses ennemis, il passa en Dalmatie et de là en Pannonie, d’où il revint bientôt à la tète d’une armée, recrutée parmi les Huns dont il avait obtenu l’alliance[206]. Placidie appela d’abord les Goths à son secours, puis se résigna à traiter avec Aëtius, qui fut rétabli dans toute sa puissance[207] et, suivant un chroniqueur, élevé en 434 à la dignité de patrice[208].

Quant à Sébastien, disgracié à son tour et banni[209], il se retira en 434 à la cour d’Orient, où il séjourna dix ans[210]. Les intrigues d’Aëtius l’en firent chasser en 444[211]. Il se réfugia alors à Toulouse auprès de Théoderic, roi des Visigoths[212]. Théoderic, étant à cette époque en paix avec les Romains[213], ne voulut point lui donner asile, de sorte qu’il se vit obligé de passer en Espagne. Il y réussit à se rendre maître de Barcelone et à se créer une petite flotte, avec laquelle il entreprit de lutter contre l’Empire. Bientôt, chassé de Barcelone, il fut réduit à aller, en 445, chercher un refuge chez les Vandales[214], probablement parmi ceux de cette nation qui étaient restés en Espagne[215]. Enfin, en 450, sans doute lorsque les derniers Vandales passèrent en Afrique, il se rendit auprès de Genséric[216].

Comme il pouvait fournir d’utiles renseignements, il fut d’abord bien accueilli à Carthage dont les Vandales étaient maîtres depuis plus de dix ans, comme on le verra dans la suite ; mais Genséric, qui le craignait autant qu’il le croyait utile, ne tarda guère à vouloir le supprimer et essaya de trouver, à propos de religion, un prétexte pour le mettre à mort. Il lui dit un jour, en présence d’évêques ariens et de serviteurs de la maison royale : Sébastien, je sais que vous avez juré de nous être fidèle et dévoué. Vos actes, votre zèle montrent votre résolution d’accomplir loyalement votre promesse. Mais nous voulons être assuré que votre dévouement nous est à jamais et irrévocablement acquis. C’est pourquoi nous avons décidé d’exiger qu’en présence de nos prêtres, vous consentiez à devenir un des fidèles de la religion que nous professons et que professe notre peuple. Avec un étonnant à-propos, Sébastien trouva une habile défaite : Je vous prie, Seigneur, répondit-il, de faire apporter à l’instant un pain extrêmement blanc et de là meilleure qualité. Genséric, ne se doutant pas de l’expédient imaginé par Sébastien pour se tirer d’embarras, ordonna d’apporter le pain qu’il demandait. Sébastien le prit et dit, en le montrant : Pour donner à ce pain la qualité et la pureté qui le rendent digne de figurer sur une table royale, il a fallu débarrasser la farine du son auquel elle était mêlée, à pétrir avec de l’eau, y ajouter du levain, la faire cuire au feu ; c’est ainsi que ce pain a acquis sa belle apparence et est devenu agréable au goût. Moi, de même, j’ai été attendri par la meule de l’Église catholique, j’ai été passé au crible et purifié, j’ai été arrosé de l’eau du baptême et cuit au feu du Saint-Esprit ; et de même que ce pain est sorti du four, je suis sorti pur des fonts baptismaux par l’effet des sacrements divins et par la grâce de Dieu. Faites ce que je vais vous proposer : Que ce pain soit brisé en morceaux, qu’on le fasse macérer dans de l’eau, qu’on y mêle de nouveau du levain, qu’on le remette au four ; s’il en sort meilleur, je ferai ce que vous exigez de moi. » Genséric ne trouva rien à répondre et, cette fois, sa ruse fut déjouée, mais peu de temps après, il imagina un autre prétexte et arriva à ses fins[217] ; Sébastien fut mis à mort[218].

Tandis que la rivalité d’Aëtius et de Boniface troublait. l’Occident, les Vandales n’étaient plus arrêtés en Afrique que par quelques villes fortifiées dont ils ne pouvaient s’emparer, niais dont ils n’avaient rien à craindre. Libres de leurs mouvements, ils n’hésitèrent pas à profiter de la position du pays qu’ils venaient de conquérir, pour étendre leurs ravages jusqu’en Italie. Dès cette époque, ils tentèrent d’envahir la Sicile et la Calabre, d’où ils furent chassés par Cassiodore, le bisaïeul du ministre de Théodoric le Grand[219] Ce fut sans doute pour sauver l’Italie que Valentinien se résigna à traiter avec Genséric. Il lui envoya un personnage nommé Trygetius, qui conclut à Hippone le Il février 435[220], au nom de l’empereur, un traité de paix entre l’Empire d’Occident et les Vandales[221]. Les territoires qu’ils occupaient en Afrique leur furent concédés[222], à condition de payer à l’empereur un tribut annuel, et Genséric donna son fils Hunéric en otage[223] ; mais il sut si bien inspirer confiance que dans la suite son fils lui fut rendu[224].

Les Vandales restèrent donc en possession des trois Maurétanies[225]. Ils demeurèrent maîtres également d’une partie de la Numidie, car, en 137, Genséric exila Possidius, évêque de Calama[226], et les catholiques de cette ville furent privés de leurs églises[227] ; mais dans la Numidie, les Romains conservèrent les places où leurs garnisons avaient pu se maintenir. Elles n’étaient assurément pas nombreuses, car Possidius, qui ne pouvait ignorer l’état exact des choses, affirme que Cirta, Hippone et Carthage étaient les seules villes de toute l’Afrique où les Églises catholiques eussent conservé leur ancienne splendeur[228]. Il faut conclure de cette affirmation qu’Hippone fut restituée à l’Empire ou avait été réoccupée par les Romains, ce qui expliquerait la présence de Trygetius dans cette ville et la raison pour laquelle ce fut à Hippone, et non à Cirta ou Carthage, que la paix fut conclue. L’impuissance de l’Empire était telle qu’à la cour de Ravenne ce traité dut paraître avantageux et que Procope loue Genséric de s’en être contenté, comme d’un acte de grande modération. Considérant avec prudence les vicissitudes de la fortune, dit-il, et sachant combien les choses humaines sont sujettes à changement, il craignit de n’être pas de force à lutter contre de nouvelles armées qui, de Rome et de Constantinople, pouvaient être expédiées simultanément contre lui, et il se contraignit à se montrer modéré, au lieu de se laisser aller à la présomption que pouvaient lui inspirer ses victoires[229].

La paix avec les barbares n’était jamais qu’une trêve qu’ils méditaient de rompre à la première occasion favorable. Cette occasion, attendue avec patience, se présenta pour Genséric en 439. Dans les Gaules, la guerre que les Romains soutenaient depuis 436 contre les Goths prenait mauvaise tournure. Litorius, le meilleur général de l’Occident après Aëtius, avait été complètement battu sous les murs (le Toulouse par Théoderic, roi des Visigoths. Son armée était perdue, lui-même avait été blessé et tait prisonnier. Les Goths victorieux semblaient près d’étendre leurs conquêtes jusqu’au Rhône ; Aëtius n’avait point assez de troupes ni de ressources pour les arrêter[230]. En Espagne, les Suèves s’étaient emparés d’Emerita (Mérida)[231]. L’Empire, plein de troubles et de désolation, à bout de ressources était incapable d’un nouvel effort. Genséric, jugeant le moment venu d’achever sa conquête, surprit Carthage en pleine paix, sans doute par ruse ou par trahison, car elle avait été récemment close d’une enceinte[232]. Il s’en empara le 19 octobre 439[233]. Il se rendit maitre également de toutes les villes de la province d’Afrique, ajoute un auteur[234], c’est-à-dire de la province Proconsulaire ou Zeugitane[235].

A cette nouvelle, l’Empire tout entier se sentit menacé d’une catastrophe prochaine, car la position de Carthage permettait aux Vandales d’attaquer toutes les provinces riveraines de la Méditerranée. En Orient comme en Occident, on ne pensa plus qu’à se mettre en état de repousser leurs invasions[236]. Valentinien quitta précipitamment Ravenne pour présider dans Rome même à l’organisation de la défense de l’Italie. Une loi, datée du 2 mars 440 et adressée au peuple romain, nous apprend qu’on travaillait activement à fortifier la ville ; on réparait à la hâte ses murs, ses tours et ses portes, et le préfet de la ville eut droit de réquisitionner, pour la prompte exécution de ces travaux, tous les habitants sans aucune exception. Comme à l’approche d’un siège, on montait la garde aux portes et sur les remparts, de nouvelles levées de troupes étaient ordonnées, et une loi du 20 mars de la même année édictait des peines sévères contre quiconque donnerait asile à des déserteurs[237].

Une constitution, datée du 24 juin, nous montre combien grande fut la terreur, quand on apprit que Genséric venait de sortir du port de Carthage avec une flotte importante, sans qu’on sût quel était son but[238]. Cette loi autorise tous. les citoyens à prendre les armes pour se défendre eux-mêmes et pour courir sus à l’ennemi partout où il se présentera. Elle leur abandonne toutes les prises qu’ils pourront faire sur les Vandales et les exhorte à agir avec un courage digne du nom romain. Elle nous apprend que Théodose envoyait en Occident une armée de secours qui était déjà proche, et qu’on comptait sur la prompte arrivée d’Aëtius, à la tête de forces considérables[239]. Cependant Sigisvult, qui commandait les troupes stationnées en Italie, avait reçu ordre de mettre en différentes places des garnisons, tant de troupes romaines que de Goths et d’autres barbares, afin d’assurer la défense des côtes et des villes maritimes[240].

Ce n’était pas pour l’Italie qu’il y avait à craindre. Genséric était trop prudent, trop bien informé des forces dont disposait Valentinien et de ses préparatifs, pour se risquer à aller l’attaquer au centre même de son empire. Il n’y pouvait espérer que des succès sans résultats durables et y eût exposé sa fortune pour acquérir un maigre butin, car Rome et les grandes villes, fortifiées et garnies de troupes, étaient à l’abri d’un coup de main. Même victorieux, il n’eût pu se maintenir en Italie contre l’armée qu’Aëtius amenait des Gaules. L’Empire d’Occident, tout affaibli qu’il fût, avait encore trop de vitalité pour qu’on pût l’abattre d’un seul coup. Le sort d’Alaric et l’insuccès de l’invasion que lui-même avait tentée peu d’années auparavant dans la Calabre, étaient des enseignements que Genséric ne pouvait oublier. Il était aisé au contraire de débarquer dans la Sicile et d’occuper cette île tout entière, avant qu’une armée venue d’au delà des Alpes eût eu le temps de traverser le détroit de Messine. Une fois maître de la Sicile, on pouvait espérer s’y maintenir et s’y créer une position d’approche pour de nouvelles et plus grandes entreprises. De plus, enlever la Sicile aux Romains, c’était affamer Rome qui, surtout depuis la perte de l’Afrique, tirait de cette contrée les blés nécessaires à ses approvisionnements. Ce fut donc vers la Sicile que Genséric dirigea l’expédition dont le départ de Carthage était signalé au mois de juin de l’année 440[241].

Le succès ne répondit pas aux espérances de Genséric. Il réussit à ravager les campagnes[242], il s’empara, semble-t-il, de Lilybée, puisque Paschasinus, évêque de cette ville, dit, dans une lettre adressée au pape saint Léon, qu’il avait perdu, non seulement tous ses biens, niais la liberté même, et qu’il avait été réduit en une dure captivité dont il ne fut délivré qu’en 443, c’est à-dire après qu’une nouvelle paix eut été, comme on le verra dans la suite, conclue avec les Vandales[243], mais les barbares ne purent réduire Palerme ; ils l’assiégèrent en vain, et l’approche d’une flotte, armée contre eux en Orient, les contraignit d’abandonner la Sicile et de se retirer en Afrique[244].

Résolu à entreprendre une grande guerre pour détruire In puissance des Vandales et leur arracher toutes leurs conquêtes, Théodose avait réuni une armée nombreuse el une flotte de onze cents gros vaisseaux. Ces armements formidables étant terminés en 441, le commandement de l’expédition fut confié à trois généraux : Aréobinde, Ansila ou Asyla et Germain[245], auxquels un auteur ajoute Innobinde et Arinthée[246]. Genséric, craignant de ne pouvoir résister à des forces si considérables, eut recours à la ruse. Il feignit de se résigner à un de ces accords habituels aux chefs barbares, quand ils ne pouvaient triompher des armées de l’Empire ; il envoya une ambassade chargée d’entamer des négociations[247], pendant lesquelles la flotte impériale, au lieu de continuer sa route vers l’Afrique, demeura en Sicile où elle avait abordé[248]. Tandis qu’à Constantinople les envoyés de Genséric tiraient les négociations en longueur et cherchaient à gagner du temps, les Huns, les Perses, d’autres barbares encore se ruèrent en même temps sur toutes les provinces de l’Orient[249]. Réduit à se défendre de tous les côtés à la fois, Théodose se vit forcé, en 442, de rappeler sa flotte[250], et de consentir à conclure avec Genséric un nouveau traité de paix que Valentinien, destitué de tout secours, fut contraint de ratifier[251].

Genséric n’avait sans doute négocié à Constantinople que pour se donner le temps de former une coalition contre l’Empire d’Orient. Rien ne paraît en effet plus probable, si l’on considère que Théodose fut amusé par de vaines négociations, jusqu’au jour où les Huns, les Perses, les Sarrasins et les Isauriens commencèrent leurs invasions à peu près en même temps, et comme pour l’exécution d’un plan concerté entre eux. Il y a donc lieu de penser que, dès cette époque, Genséric avait commencé à pratiquer le système d’alliances entre les barbares contre l’Empire qui, dans la suite et jusqu’à la fin de son règne, assura sa puissance.

Par le traité de 442, les territoires de l’Afrique furent partagés entre les Vandales et l’Empire[252]. Une constitution de Valentinien III, datée de Rome le 13 juillet 451, nous fait connaître quelles provinces furent définitivement concédées aux Vandales et quelles provinces firent retour à l’Empire. Valentinien accorde en effet des indemnités aux possesseurs de biens dans la Numidie qui ont eu à souffrir des ravages commis par les barbares, et des concessions de terres du domaine public, dans la Maurétanie Sitifienne et dans la Maurétanie Césarienne, à des propriétaires de la province Proconsulaire et de la Byzacène qui se trouvent dépouillés de leurs patrimoines et expulsés de leur pays[253]. Une autre constitution de Valentinien III, datée de Rome le 21 juin 445, accorde à la Numidie des dégrèvements et confirme des privilèges concédés autrefois aux habitants de la Maurétanie Sitifienne[254]. Il est donc certain que la Maurétanie Césarienne, la Maurétanie Sitifienne et la Numidie au moins en partie furent restituées à l’Empire, et que la province Proconsulaire et la Byzacène furent cédées à Genséric.

Dans son histoire des persécutions exercées par les Vandales contre les catholiques, Victor, évêque de Vite, confirme les indications que nous fournissent les textes des constitutions impériales. Genséric, dit-il, disposa des provinces dont il était maître. Il se réserva la Byzacène, avec l’Abaritane et la Gétulie[255], et une partie de la Numidie. Il attribua à son armée la Zeugitane ou Proconsulaire[256]. Comme il est certain qu’avant 442 Genséric n’était pas uniquement maitre de la Byzacène, d’une partie de la Numidie et de la Proconsulaire, mais qu’il tenait également les Maurétanies sous sa domination, et comme ces dernières provinces lui furent de nouveau soumises dans la suite, il est évident que Victor de Vite entend parler des dispositions prises par Genséric après le traité de 442. Il en résulte que, par ce traité, la Proconsulaire et la Byzacène lui furent concédées en entier, et que la Numidie fut partagée entre lui et l’Empire.

La Tripolitaine n’avait pas cessé d’appartenir aux Romains ; quant à la Maurétanie Tingitane, administrativement, elle ne faisait point partie de l’Afrique. Sa position géographique l’avait fait rattacher de tout temps à la péninsule hispanique[257] ; elle faisait partie, non du diocèse d’Afrique, mais du diocèse d’Espagne[258]. Les Vandales n’avaient fait que la traverser. Il n’est donc point douteux qu’elle ne fut pas comprise dans le traité de partage des provinces africaines. Elle demeura soumise à l’Empire. Comme on le verra dans la suite, les découvertes de l’archéologie africaine ont fourni, de nos jours, une nouvelle preuve de la rétrocession des Maurétanies[259]. Le royaume des Vandales se trouva ainsi constitué dans des conditions qui l’obligeaient pour assurer sa conservation à étendre ses conquêtes.

 

 

 



[1] Socrate, Historia ecclesiastica, lib. VII, cap. 22 (édit. Migne, P. G., t. LXVII, p. 788) ; — Prosper Tiro, Chronicon, ann. 443 (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. IX, p. 470) ; — Marcellinus connes, Chronicon, ann. 423 (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XI, p. 76). La chronique d’Idace met à tort la mort d’Honorius en 424 (M. G., A. A., t. XI, p. 5, § 2), et Philostorge en 422 (Historia ecclesiastica, lib. XII, 13 ; édit. Migne, P. G., t. LXV, p. 620-622). Socrate suivi par Théophanes met la mort d’Honorius le 15 août (Théophanes, Chronographia, ann. 415 ; C. S. H. B., p. 130). Olympiodore la met le 27 du même mois (C. S. H. B., p. 468). Honorius mourut à Ravenne. comme l’indiquent la chronique d’Idace (M. G., A. A., t. XI, p. 20) et les Fastes attribuées à cet auteur (Migne, P. L., t. LI, p. 913 ; — Mommsen, Consularia constantinop., M. G., A. A., t. IX, p. 246), et comme le prouvent cinq constitutions datées de Ravenne le 6 août de cette année 423 (Cod. Théod., Lib. I, tit. VI, 11 ; Lib. II, tit. I, 12 ; Lib. IV, tit. X, 2 ; Lib. IX, tit. II, 19 ; Lib. IX, tit. VI, 4 ; édit Hænel, pp. 129-130, 188-189, 397, 821-823, 838-839). C’est donc à tort que la chronographie de Théophanes (loc. cit.) et l’Historia miscella (Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. I, p. 23) portent qu’il mourut à Rome. Mais il fut enseveli à Rome, comme il l’avait ordonné (Hartmann Grisar, Histoire de Rome et des Papes au moyen âge, chap. III, III ; Traduction Ledos, Rome, Paris, Lille, 1906, vol. I, p. 75). Honorius était âgé de trente-huit ans, onze mois et sept ou dix-neuf jours, étant né le 9 septembre 384 (Pagi, ann. 423, 11) ; il avait succédé à Théodose le 17 janvier 395 et avait donc régné vingt-huit ans et sept mois, moins deux jours (Mommsen, Continuatio chronicorum hieronymianorum ; M. G., A. A., t. XI, p. 5).

[2] Olympiodore, Excerpta (C. S. H. B., édit. de Bonn, pp. 467-468).

[3] Prosper Tiro, Chron., a. 423 (M. G., A. A., t. IX, p. 470) ; — Idace, Chron., a. 423 (M. G., A. A., t. XI, p. 20).

[4] Idace, loc. cit. ; — Marcellinus comes, Chron., a. 421 (M. G., A. A., t. XI, p. 76) ; — Olympiodore, Excerpta (C. S. H. B., édit. de Bonn, p. 468) ; — Théophanes, Chronogr. (C. S. H. B., pp. 130-131) ; — Zosime, V, 40 (C. S. H. B., p. 304) ; — Socrate, Hist. eccles., VII, 23 (Migne, P. G., t. LXVII, p. 789).

[5] Cod. Théod., XVI, II, 46 ; (Hænel, p. 1516).

[6] Cod. Théod., XVI, II, 47 (Hænel, p. 1516).

[7] Socrate, Hist. eccles., VII, 23 (Migne, P. G., t. LXVII, p. 789) ; — Théophanes, Chronogr., (C. S. H. B., p. 131).

[8] Philostorge, Hist. eccles., XII, 13 (Migne, P. G., t. LXV, p. 621).

[9] Frigiridus, dans Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, 8 (édit. Arndt, Monum. Germ., in-4°, Scriptores rerum merovingicarum, t. I, p. 71).

[10] Socrate, loc. cit. ; — Philostorge, loc. cit. ; — Frigiridus, loc. cit.

[11] Idace, Chron. (M. G., A. A., t. XI, p. 20).

[12] Philostorge, loc. cit.

[13] Philostorge, loc. cit. ; — Marcellinus comes, Chron., a. 424 (M. G., A. A., t. XI, p. 76) ; — Théophanes, Chronogr. (C. S. H. B., p. 131).

[14] Philostorge dit en effet que la tyrannie de Jean dura environ un an et demi (Hist. eccles., XII, 13 ; P. G., t. LXV, p. 628). Comme tous les auteurs témoignent que la guerre fut promptement terminée, il est certain qu’elle ne commença pas dès l’année 424.

[15] Philostorge, loc. cit.

[16] Socrate, loc. cit.

[17] Philostorge, loc. cit.

[18] Socrate, loc. cit.

[19] Philostorge, loc. cit. ; — Socrate, loc. cit.

[20] Philostorge, loc. cit.

[21] Socrate, loc. cit.

[22] Philostorge, loc. cit.

[23] Philostorge, loc. cit. ; — Marcellinus comes, Chron., a. 425 (M. G., A. A., t. XI, p. 76).

[24] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 321).

[25] Philostorge, Hist. eccles., XII, 14 (P. G., t. LXV, p. 622).

[26] Philostorge, Hist. eccles., XII, 14 (P. G., t. LXV, p. 622).

[27] Olympiodore, Excerpta (C. S. H. B., p. 468).

[28] Prosper Tiro, Chron., a. 424 (M. G., A. A., t. IX, p. 470).

[29] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 322).

[30] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 322).

[31] Domino venerabili sancto patri Augustino episcopo Bonifacius (Migne, S. Augustini epistolæ, appendix, ep. X ; P. L., t. XXXIII, p. 1097).

[32] Olympiodore (C. S. H. B., p. 456).

[33] Le commandant en chef de l’armée d’Afrique, après Dioclétien, porte le titre de comes Limitis Africæ, ou comes rei militaris Africæ, par abréviation comes Africæ. Il était vir spectabilis et sa fonction était une des positions militaires les plus élevées et les plus honorifiques auxquelles on pot prétendre. Il résidait à Carthage. Son gouvernement militaire comprenait la Proconsulaire, la Numidie, la Maurétanie Sitifienne et une partie variable de la Maurétanie Césarienne (R. Cagnat, l’Armée romaine d’Afrique, pp. 716-723). Boniface n’avait encore que le grade de tribun et n’avait sous ses ordres que des troupes peu nombreuses de fédérés quand il réprima les incursions des Maures (S. Augustin, Ép. CCXX, 7 ; P. L., t. XXXIII, p. 995), mais il résulte du texte de Prosper Tiro, (Chron., n° 1286, a. 424 ; M. G., A. A., t. IX, p. 470) qu’il était déjà comte d’Afrique avant la mort d’Honorius. Cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l’Hist. ecclésiast., t. XIII, pp. 712 et suiv. ; — Pallu de Lessert, Fastes des provinces africaines, t. II, p. 282.

[34] S. Augustin, Ép. CCXX, 7 (P. L., t. XXXIII, p. 995).

[35] S. Augustin, Ép. CLXXXV, 1 ; Ép. CLXXXIX, 7 et 8 (P. L., t. XXXIII, pp. 792, 856-857).

[36] S. Augustin, Ép. CLXXXIX, 5 (P. L., t. XXXIII, p. 856).

[37] S. Augustin, Ép. CCXX, 3 (P. L., t. XXXIII, p. 993).

Il faut juger Boniface par ses actes, non par les lettres de saint Augustin, dont il avait réussi évidemment à tromper la perspicacité et à surprendre la bonne foi. M. Pattu de Lessert, jugeant Boniface par l’impression que laissent les lettres du grand évêque d’Hippone, montre à son égard quelque indulgence. Au fond, dit-il, Boniface ne faisait qu’opposer des barbares aux barbares qu’on envoyait contre lui. Oui, mais Sigisvult et ses troupes étaient au service de l’Empire ; Genséric au contraire était l’ennemi.

[38] Évêque de Thagaste (Souk-Ahras).

[39] S. Augustin, Ép. CCXX, 3 (P. L., t. XXXIII, p. 993). M. Seeck (Pauly’s Real encyclop., édit. de Wissowa, III, 699), considère, dit M. Pallu de Lessert, cette lettre comme postérieure à l’arrivée des Vandales. Des deux paragraphes auxquels il renvoie, celui qui porte le n° 7 vise incontestablement les barbares indigènes (afri barbari) ; quant au n° 6, on peut hésiter davantage, mais je crois qu’il s’agit de troupes placées directement sous les ordres de Boniface. (Pallu de Lessert, Fastes des provinces africaines, t. II, p. 285, note 2).

[40] S. Augustin, Ép. CCXX, 3 (P. L., t. XXXIII, p. 993).

[41] S. Augustin, Ép. CCXX, 4 (P. L., t. XXXIII, p. 994).

[42] S. Augustin, Ép. CCXX, 4 (P. L., t. XXXIII, p. 994).

[43] Marcellinus comes, Chron., a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 78) ; — Baronius, Ann., 427, II, t. VII, p. 264 : — Tillemont, Empereurs, t. VI, p. 190.

[44] S. Augustin, Ép. CCXX, 4 (P. L., t. XXXIII, p. 994).

[45] S. Augustin, Ép. CCXX, 4 (P. L., t. XXXIII, p. 994).

[46] S. Augustin, Ép. CCXX, 4 (P. L., t. XXXIII, p. 994).

[47] Edw. A. Freeman, Aëtius and Bonifacius (English hist. rev., II, (1887) pp. 417-465).

[48] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., pp. 322-323).

[49] Prosper Tiro, Chron., a. 427 (M. G., A. A., t. IX, p. 471).

[50] Prosper Tiro, Chron., a. 427 (M. G., A. A., t. IX. p. 471). Mavortius fut, sans doute l’aïeul de Cæcina Mavortius Basilius Decius, consul en 486 (Cassiodore, Chron., n° 1314 ; M. G., A. A., t. XI, p. 159) et préfet du prétoire sous Théodoric, antérieurement à l’époque où, vers 507 à 511 suivant Mommsen, le roi des Goths lui accorda la concession des marais de Decemnovium pour les dessécher et les mettre en culture (Cassiodore, Variæ, II, 33 ; M. G., A. A., t. XII, p. 65 ; — C. I. L., X, 6851, 6852 ; — Mommsen, Ostgotische Studien ; Neues Archiv., t. XIV, p. 244 ; — Édouard Cuq, Additions à Borghesi, Præfecti Prætorio Italiæ, C ; Œuvres de Borghesi, t. X, pp. 632, 633).

[51] Prosper Tiro, Chron., n° 1294, a. 427 ; (M. G., A. A., t. IX, pp. 471-472).

[52] Prosper Tiro, Chron., n° 1294, a. 427 ; (M. G., A. A., t. IX, pp. 471-472). Sigisvult fut consul en 437. Son nom était Sigisvult (Marcellinus comes, Chron., a. 437 ; — Cassiodore, Chron., n° 1228 ; M. G., A. A., t. XI, pp. 79, 156) ou Segisvult (Prosper Tiro, Chron., n° 1325 ; — Consularia constantinopolitana, a. 437 ; M. G., A. A., t. IX, pp. 475 et 246 ; — Pallu de Lessert, Fastes des prov. afric., t. II, p. 283, note 2, pp. 286-289). La Chronica gallica, par une erreur évidente, met en 424 l’envoi de Sigisvult en Afrique (Chron. gallica, n° 96 ; M. G., A. A., t. IX, p. 658).

[53] S. Augustin, Contra Maximinum arianorum episcopum libri duo (P. L., t. XLII, p. 743 et pp. 777 et suiv.).

[54] Cassiodore, Chron., n° 1177 (M. G., A. A., t. XI, p. 154) ; — Jordanès, Getica, cap. XXXI (M. G., A. A., t. V, p. 100) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1230, a. 406, et Additamenta ad Prosp. codicis Hauniensis (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. IX, p. 465 et p. 299).

[55] Carmen de Providentia divina, vers 26-56 (Migne, P. L., t. LI, pp. 617-618). Ce poème semble n’être pas de Prosper d’Aquitaine auquel il a été attribué. Cf. Migne, P. L., t. LI, p. 615 ; — Gaston Boissier, La fin du paganisme, liv. V, chap. IV, t. II, p. 403.

[56] Mayence.

[57] Worms.

[58] Reims, Amiens, Arras, Thérouanne, Tournai, Spire, Strasbourg.

[59] Tolosa.

[60] S. Jerome, Ép. 123, ad Ageruchiam, 16 (Migne, P. L., t. XXII, pp. 1057-1058).

[61] Salvien, De gubernatione Dei, VII, 12 (M. G., A. A., t. I, p. 92).

[62] Idace, Chron., n° 42. a. 409, (M. G., A. A., t. XI, p. 17). Idace dit que les Vandales entrèrent en Espagne le 28 septembre ou le 13 octobre, et il ajoute que c’était un mardi. Cette indication prouve que la première des deux dates est exacte. En 409, le 13 oct. était un mercredi, et le 28 sept. était bien en effet un mardi. Pâques étant cette année-là le 18 avril (Victodus Aquitanus, Cursus paschalis, M. G., A. A., t. IX, p. 719), le 26 sept. était un dimanche.

[63] Idace, loc. cit. ; — Cassiodore, Chron., n° 1183, a. 409 (M. G., A. A., t. XI. p. 155) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1237, a. 409 (M. G., A. A., t. IX, p. 465).

[64] Paul Orose, Historiæ, lib. VII, cap. 40 (édit. Migne, P. L., t. XXXI, pp. 1166-1167). Ces troupes, nommées Honoriaques, étaient composées de barbares alliés, depuis longtemps au service de l’Empire. Constans, fils de Constantin qui, en 407, avait usurpé l’Empire dans les Gaules, avait, en 409, confié à ces troupes la défense des passages des Pyrénées, que les habitants du pays avaient jusque-là gardés avec fidélité (Zosime, liv. VI, 5 ; C. S. H. B., p. 321 ; — Orose, Hist., lib. VII, cap. 40 ; P. L., t. XXXI, pp. 1166, 1167).

[65] Mommsen (M. G., A. A., t. XI, p. 4). Aquæ Flaviæ, aujourd’hui Chaves, en Portugal, près de la frontière d’Espagne.

[66] Idace, Chron., n° 48, a. 410 (M. G., A. A., t. XI, p. 17).

[67] Idace, Chron., n° 48 a. 410 (M. G., A. A., t. XI, p. 18).

[68] Olympiodore, Excepta (C. S. H. B., p. 462).

[69] Idace, Chron., n° 49, a. 411 (M. G., A. A., t. XI, p. 18) ; — Orose, Hist., VII, 40 (P. L., t. XXXI, p. 4167) ; — Ruinart, Vandalicæ persecutionis historia, cap. II (P. L., t. LVIII, p. 365).

[70] Idace, loc. cit. ; — Ruinart, loc. cit.

[71] Idace, Chron., n° 113, 114 a. 438. (M. G., A. A., t. XI, p, 23).

[72] Orose, Hist., VII, 41 (P. L., t. XXXI, p. 1168).

[73] S. Leonis Magni ep. XV (P. L., t. LIV, p. 680).

[74] Tillemont, Empereurs, t. V. p. 588.

[75] Orose (Hist., VII, 43 ; Migne, P. L., t. XXXI, p. 1171) dit que les Goths entrèrent en Espagne l’an 1168 de la fondation de Rome qui correspond à l’année 414 de notre ère. Prosper Tiro (Chron., n° 1256 ; M. G., A. A., t. IX, p. 467) met leur entrée en Espagne en 415. Idace (Chron., n° 60 ; M. G., A. A., t. XI, p. 19) en fait mention à l’année 416, sans dire qu’elle eut lieu en cette année-là, ce qui ne se peut, puisque Ataulphe fut tué à Barcelone en 415 (Prosper Tiro, Chron., n° 1257 ; M. G., A. A., t. IX, p. 467).

[76] Olympiodore (C. S. H. B., p. 450) ; — Orose, Hist., VII, 43 (Migne, P. L., t. XXXI, p. 1172).

[77] Ce qui donne lieu de croire à un accord de ce genre, c’est que dès le commencement de l’année 411, c’est-à-dire presque aussitôt après la mort d’Alaric, Honorius s’engagea dans une entreprise importante au delà des Alpes où il fit passer une armée, sous les ordres de Constance, auquel il avait associé dans le commandement un général nommé Ulphilas (Olympiodore ; C. S. H. B., p. 453 ; — Sozomène, Hist. eccles., IX. 13 : Migne, P. G., t. LXVII, p. 1621 ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1243, a. 411, : M. G., A. A., t. IX, p. 466 ; — Idace, Chron., n° 50, a. 411 ; M. G., A. A., t. XI, p. 18). Honorius diminuait ainsi les forces qu’il eût pu opposer aux Goths, il semble donc qu’il était assuré de n’avoir plus rien à craindre de leur part. Pourtant les Goths n’étaient ni détruits, ni dispersés, et ils étaient commandés par un chef non moins redoutable qu’Alaric. Ataulphe, dit Jordanès, n’était pas de très grande taille, mais il était remarquable par les belles proportions de son corps, par la beauté de son visage, et il ne l’était pas moins par les qualités de son esprit que par ses avantages physiques (Getica, XXXI ; édit. Mommsen, M. G., A. A., t. V, p. 99). Sous ce nouveau roi, les Goths demeurèrent en Italie pendant plus d’un an, ils n’en sortirent qu’en 412 (Cassiodore, Chron., n° 1188, a. 412 ; édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XI, p. 155 ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1246, a. 412 ; M. G., A. A., t. IX, p. 466). Pour qui Honorius cessât tout à coup de se préoccuper d’eux. au point de se séparer d’une partie de ses troupes, il fallait bien qu’un pacte eût mis fin à leur hostilité.

Jordanès dit, il est vrai, qu’Ataulphe revint sur Rome, rasant, à la manière des animaux nuisibles. tout ce qui était resté debout, qu’il dépouilla l’Italie non seulement de ses richesses privées, mais encore de ses richesses publiques, l’empereur Honorius étant dans l’impossibilité de lui résister (Getica, XXXI ; M. G., A. A., t. V, p. 99). Mais les auteurs contemporains et originaux ne marquent point ce que fit Ataulphe jusqu’à son entrée dans les Gaules en 412, et ils ne parlent point de ces ravages dont ils n’auraient pas omis de faire mention, si l’Italie avait eu réellement à les souffrir. Jordanès n’est ni un auteur contemporain, ni un auteur original, et son seul témoignage ne peut inspirer confiance. Son œuvre n’est qu’un abrégé de l’histoire des Goths que Cassiodore avait composée et qui n’est pas parvenue jusqu’à nous (Variarum præfatio ; édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XII, p. 4, lig. 28. Duodecim libris Gothorum historiam condidisti). Jordanès nous apprend lui-même, dans une épitre dédicatoire, qu’il a fait ce résumé de mémoire, sans avoir en sa possession l’histoire de Cassiodore (Jordanès, Ad Castalium præfatio ; M. G., A. A., t. V, pp. 53-54). Une œuvre composée de la sorte ne peut être consultée qu’avec réserve et l’assertion de Jordanès se trouve contredite par un auteur d’une tout autre importance. Ataulphe, dit Olympiodore (C. S. H. B., p. 454, lig. 16), fut assez résolument partisan de la paix avec l’Empire. C’était le bruit commun, ajoute-t-il, et un bruit bien fondé, comme la suite le fit voir, qu’il avait un vrai désir de combattre pour l’empereur Honorius et d’employer les forces des Goths à la défense de la république romaine. Si Ataulphe n’a point continué à ravager l’Italie et s’il a pu vivre pendant plus d’un an dans une contrée déjà dévastée où Alaric n’avait plus trouvé de quoi subsister, c’est évidemment qu’il avait conclu un traité avec Honorius et que des subsistances étaient fournies à son armée, comme à un corps de troupes à la solde de l’Empire.

[78] Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, 9 (édit. Arndt, M. G., in-4°, Scriptores rerum merovingicarum, t. I, p. 761 ; — Chronica gallica, n° 68, a. 411 (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. IX, p. 654) : — Idace, Chron., n° 51 ; — Marcellinus comes, Chron., a. 412 (M. G., A. A., t. XI, pp. 18 et 71).

[79] Industria viri strenui, qui solus tyranno non cessit, Dardani, Atavulphus, qui post Alaricum Gothis imperitabat, a societate Jovini avertitur : Chronica gallica, n° 69, a. 411 (M. G., A. A., t. IX, p. 654).

[80] Olympiodore (C. S. H. B., p. 455, lign. 19).

[81] Olympiodore (C. S. H. B., p. 455, lign. 19).

[82] Olympiodore (C. S. H. B., p. 455-456) ; — Idace, Chron., n°. 51 et 54, a. 412 et 413, (M. G., A. A., t. XI, p. 18) ; — Marcellinus comes, Chron., a.413 (M. G., A. A., t. XI, p. 71) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1251, a. 413 (M. G., A. A., t. IX, p. 467) ; — Orose, Hist., VII, 42 (P. L., t. XXXI, p. 1170).

[83] Olympiodore (C. S. H. B., p. 456) : — Idace, Chron., n° 55, a. 413 (M. G., A. A., t. XI, p. 18).

[84] Olympiodore, loc. cit.

[85] Olympiodore (C. S. H. B., p. 457). Jordanès (Getica, XXXI, M. G., A. A., t. V, p. 99) dit qu’après avoir de nouveau saccagé Rome, Ataulphe emmena Galla Placidia, sœur de l’empereur Honorius, et l’épousa aussitôt après, à Forli. Cette erreur manifeste montre combien il y a lieu de se méfier des assertions de Jordanès, dans tout ce passage. On sait que Placidie avait été emmenée prisonnière par Alaric après le premier siège de Rome, et Olympiodore (loc. cit.) affirme que son mariage avec Ataulphe se fit dans la ville de Narbonne. Cf. Émile Stocquart, Aperçu de l’évolution juridique du mariage, II, Espagne, p. 133 ; Bruxelles et Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1907.

[86] Olympiodore, pp. 457-458 ; — Idace, Chron., n° 57, 60, a. 414 et 416 (M. G., A. A., t, XI, pp. 18 et 19) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1254, 1256, a. 414, 415 (M. G., A. A., t. IX, p. 467) ; — Orose, 43 (P. L., t. XXXI, p. 1472).

[87] Olympiodore (C. S. H. B., pp. 458-459) ; — Idace, Chron., n° 60, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 19) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1257, a. 415 (M. G., A. A., t. IX, p. 467) ; — Orose, Hist., VII, 43 (P. L., t. XXXI, pp. 1172-1173) ; — Philostorge, Hist. eccles., XII, 4 (P. G., t. LXV, p. 612).

[88] Olympiodore (C. S. H. B., p. 459) ; — Zosime, VI, 13 (C. S. H. B., p. 328).

[89] Olympiodore (C. S. H. B., p. 455).

[90] Zosime, VI, 13 (C. S. H. B., p. 328).

[91] Olympiodore (C. S. H. B., pp. 454-455).

[92] Olympiodore (C. S. H. B., p. 459).

[93] Olympiodore (C. S. H. B., p. 459).

[94] Orose, Hist., VII, 43 (P. L., t. XXXI, p. 1173).

[95] Olympiodore, loc. cit.

[96] Olympiodore (C. S. H. B., p. 459) ; — Orose, Hist., VII. 43 (P. L., t. XXXI, p. 1173) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1257, a. 415 (M. G., A. A., t. IX, p. 468j ; — Idace, Chron., n° 60, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 19) : — Marcellinus comes, Chron., a. 414 (M. G., A. A., t. XI, p. 71).

[97] Orose, Hist., VII, 43 (P. L., t. XXXI, p. 1173).

[98] Olympiodore (C. S. H. B., p. 462) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 12b9, a. 416 (M. G., A. A., t. IX, p. 468) ; — Idace, Chron., n° 60. a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 19) Marcellinus comes, Chron., a. 414 (M. G., A. A., t. XI, p. 71) ; — Cassiodore, Chron., a. 418 (M. G., A. A., t. XI, p. 155) ; — Orose, Hist., VII, 43 (P. L., t. XXXI, p. 1173). — Philostorge (Hist. eccles., XII, 4 : P. G., t. LXV, p. 612) ajoute que les Goths reçurent, en outre de ces subsistances. des concessions de territoires dans les Gaules.

[99] Orose, Hist., VII, 42 (P. L., t. XXXI, p. 1170).

[100] Philostorge, Hist. eccles., XII, 4 (P. G., t. LXV, p. 612).

[101] Orose, Hist., VII, 42 (P. L., t. XXXI, p. 1470).

[102] Olympiodore (C. S. H. B., p. 452) : — Philostorge, Hist. eccles., XII, 5 (P. G., t. LXV, pp. 612-613).

[103] Prosper Tiro, Chron., n° 1263, a. 117 (M. G., A. A., t. IX, p. 468) — Philostorge, loc. cit.

[104] Idace, Chron., n° 60, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 19) — Chronica gallica, n° 562 (M. G., A. A., t. IX, p. 655).

[105] Idace, Chron., n° 63, a. 417 (M. G., A. A., t. XI, p. 19).

[106] Idace, Chron., n° 62a, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 19).

[107] Olympiodore (C. S. H. B., p. 461) ; — Idace, Chron., n° 62, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p.19) : — Prosper Tiro. Chron., n° 1259, a. 416 (M. G., A. A., t. IX, p. 468) ; — Cassiodore, Chron., n° 1194, a. 416 (M. G., A. A., t. XI, p. 155).

[108] Olympiodore (C. S. H. B., p. 464) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1266, a. 418 (M. G., A. A., t. IX. p. 469) : — Philostorge, Hist. eccles., XII, 5 (P. G., t. LXV, p. 612).

[109] Idace, Chron., n° 67, a. 418 (M. G., A. A., t. XI, p.19) ; — Chronica gallica, n° 561 (M. G., A. A., t. IX, p. 655).

[110] Idace, Chron., n° 68, a. 418 (M, G., A. A., t. XI, p. 19).

[111] Idace, Chron., n° 69, a. 418 (M. G., A. A., t. XI, p. 19).

[112] Tillemont, Empereurs, t. V, p. 610.

[113] Idace, Chron., n° 70, a. 418 (M. G., A. A., t. XI, p. 19) : — Prosper Tiro, Chron., n° 1271, a. 419 (M. G., A. A., t. IX, p. 469).

[114] Idace, Chron., n° 77, a. 421 (M. G., A. A., t. XI, p. 20) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1278, a. 422 (M. G., A. A., t. IX, p. 469). Dans la Chronica gallica (n°107 ; M. G., A. A., t. IX, p. 658) il est dit huit ans après la mort d’Honorius que près de vingt mille hommes furent tués en Espagne dans une bataille contre les Vandales. Il s’agit apparemment de la bataille perdue par Castinus. Dans ce cas, il y a erreur de date, car Honorius mourut en 423, et huit ans après sa mort, c’est-à-dire en 431, les Vandales n’étaient plus en Espagne, puisqu’ils passèrent en Afrique en 429 ; mais peut-être s’agit-il d’une expédition contre ceux des Vandales qui n’avaient pas suivi Genséric ?

[115] On le trouve en Afrique dès 417. Saint Augustin, dans deux lettres qu’il lui adressa à cette époque, fait allusion à ses fonctions militaires, sans pourtant les désigner d’une façon précise (Ép. CLXXXV, CLXXXIX ; Migne, P. L., t. XXXIII, pp. 792 et 854 ; — Pallu de Lessert, Fastes des provinces africaines, t. II, p. 281).

[116] Prosper Tiro, Chron., n° 1278, a. 422 (M. G., A. A., t. IX, p. 469).

[117] Idace, Chron., n° 78, a. 421 (M. G., A. A., t. XI, p. 20).

[118] Idace, Chron., n° 86, a. 424-425 (M. G., A. A., t. XI, p. 21).

[119] Idace, Chron., n° 89, a. 428 (M. G., A. A., t. XI, p. 21).

[120] Procope, De bello vandalico, I, 3 (C. S. H. B., p. 325).

[121] Procope, De bello vandalico, I, 3 (C. S. H. B., p. 325).

[122] Ludwig Schmidt, Geschichte der Wandalen, Leipzig, Teubner, 1901, p. 33.

[123] Idace, Chron., n° 89, a. 428 (M. G., A. A., t. XI, p. 21) ; — Isidore, Historia Vandalorum (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XI, p. 296).

[124] Isidore, Hist. Vandal., loc. cit.

[125] Victor Vitensis, De persecut. vandal., II, 5 (P. L., t. LVIII, p. 205).

[126] Profuturus Frigiridus, cité par Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, 9 (édit. Arndt, M. G., Script. rer. meroving., t. I. p. 75) ; — Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 323). Procope donne à Gundéric le nom de Gontharic.

[127] Profuturus Frigiridus dans Grégoire de Tours, loc. cit.

[128] Procope, loc. cit.

[129] Sidoine Apollinaire, Carmen V, vers 57, 58 (P. L., t. LVIII, p. 660 ; et M. G., A. A., t. VIII, p. 189).

[130] Idace, Chron., n° 89, a. 428 (M. G., A. A., t. XI, p. 21) ; — Isidore, Hist. Vandal. (M. G., A. A., t. XI, p. 296).

[131] Jordanès, Getica, XXXIII (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. V, p. 102).

[132] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 323).

[133] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 323). Cf. Dahn, Könige der Germanen, I, 143.

[134] Jordanès, Getica, XXXIII (M. G., A. A., t. V, p. 102).

[135] Clinton (Fasti romani, I, pp. 610-612) pense que Boniface avait traité avec Gundéric et que l’exécution de ce traité, suspendue par la mort de ce prince, fut reprise par son successeur Genséric (Pallu de Lessert, Fastes des provinces africaines, t. II, p. 287, note 3).

[136] Procope, De bello vandal., I, 5 (C. S. H. B., p. 334).

[137] Victor Vitensis, De persecutione vandalica, I, 1 (Migne, P. L., t. LVIII, p. 181).

[138] Ludwig Schmidt, Geschichte der Wandalen, Leipzig, Teubner, 1901, pp. 37-38 et p. 156.

[139] Prosper Tiro, Chron., n° 1294, a. 427 (M. G., A. A., t. IX, p. 472).

[140] Merida.

[141] La Guadiana.

[142] Idace, Chron., n° 90, a. 428 ou 429 (M. G., A. A., t. XI, p. 21).

[143] Victor Vitensis, De persecut. vandal., I, 1 (P. L., t. LVIII, p. 182) ; — Idace, Chron., n° 90, a. 428-429 (M. G., A. A., t. XI, p. 21). M. Ludwig Schmidt s’en tient aux textes de ces deux auteurs et pense que toute la nation passa en Afrique avec Genséric (Geschichte der Wandalen, p. 37).

[144] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S., H. B., p. 323) : — Théophanes Chronogr., a. 431 (C. S. H. B., p. 146).

[145] Cassiodore, Chron., n° 1215, a. 427 (M. G., A. A., t. XI, p. 156).

[146] Idace, Chron., n° 90. a. 429 (M. G., A. A., t. XI. p. 21) ; — Isidore, Hist. Vandalor. (M. G., A. A., t. XI, p. 297). Le Chronicon paschale (C. S. H. B., p. 581) met en 428, l’invasion des Vandales. Tillemont (Notes sur Valentinien III, note IV ; Empereurs, t. VI. pp. 622-623) admet cette date : mais l’armée sous les ordres de Mavortius, de Gallio et de Sanox n’ayant point été expédiée contre Boniface avant 427, et Sigisvult n’ayant été envoyé en Afrique qu’à la fin de cette année ou au commencement de 428, il est impossible de mettre l’invasion des Vandales dès le mois de mai de cette même année. Prosper Tiro (Chron., n° 1295 ; M. G., A. A., t. IX, p. 472) la met en 427, ce qui est plus inadmissible encore.

[147] Tissot, Géographie comparée de la province romaine d’Afrique, t. II, p. 26 et note 2, pp. 37, 38 : — Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique, pp. 704 et suiv., et p. 709.

[148] Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian (Alamiliaria), Paris, Leroux, 1899, pp. 7 et 8, et p. 8, note 1.

[149] Gaston Boissier, L’Afrique romaine, ch. III, 2, pp. 94-96.

[150] Tissot, Géographie comparée de la province romaine d’Afrique, p. 47.

[151] Victor Vitensis, De persecutione vandalica, I, 1, 2 et 3 (P. L., t. LVIII, pp. 181-184).

[152] At omnis bac tempestate viæ aditus præclusus est. Etenim effusa hostium multitudo, et ingens ubique provinciarum vastatio, quæ, incolis partim extinctis, partim in fugam actis, miseram desolationis speciem quoquoversum longe lateque porrigitur, oculis offert, promptam illam veniendi facultatem reprimit (Hardouin, Conciliorum collectio regia maxima, t. I, p. 1419 ; — Capreolus, Ép. I ; Migne, P. L., t. LIII, p. 845).

[153] Possidius, Vita sancti Augustini, 28 (P. L., t. XXXII, p. 58).

[154] La lettre de Quodvultdeus et la réponse de saint Augustin ne nous ont pas été conservées. Nous ne les connaissons que par la mention qui en est faite dans la lettre de saint Augustin à l’évêque Honorat (Ép. CCXXVIII ; P. L., t. XXXIII, p. 1013).

[155] Possidius (Vita sancti Augustini, 30 P. L., t. XXXII. p. 61) nous apprend qu’Honorat était évêque de Thiabena. Cette ville, dont il est question dans une des épitres de saint Augustin (Ép. LXXXIII, 1 : P. L., t. XXXIII. p. 292), était située entre Hippone et Thagaste. Elle ne peut être identifiée avec Thabena ou Then8 qui se retrouve avec son nom antique à Henchir Tina, à 12 kilom. au S.-S.-0 de Sfaks (Tissot, Géogr. comp., t. II. p. 751 et n. 2 : — Stéphane Gsell, Chronique archéologique africaine, p. 18 ; extrait des Mélanges de l’École française de Rome, t. XV).

[156] S. Augustin, Ép. CCXXVIII, 5 (P. L., t. XXXIII, p. 1014).

[157] Possidius, Vita sancti Augustini, 30 (P. L., t. XXXII, pp. 60-63).

[158] Quicumque igitur isto modo fugit, ut Ecclesiæ necessarium ministerium illo fugiente non desit, facit quod Dominus præcepit, sive permisit. Qui autem sic fugit ut gregi Christi ea quibus spiritualiter vivit alimenta subtrahantur, mercenarius ille est, qui videt lupum venientem, et fugit, quoniam non est ei cura de ovibus. (S. Augustin, Ép. CCXXVIII, 14 ; P. L., t. XXXIII, p. 1019).

[159] Guelma.

[160] Possidius, loc. cit.

[161] Possidius, Vita sancti Augustini, 28 (P. L., t. XXXII, p. 59).

[162] Marcus, Histoire des Vandales, liv. III, ch. 1, p. 146 ; Paris, Arthus Bertrand, 1836.

[163] Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian (Alamiliaria), Paris, Ernest Leroux. 1899, p. 31.

[164] MEM[ORIA] ROB[A]E, SACR[A]E DEI, GERMANA[E] HONOR[ATI, A]QU[A]ESIREN[SIS] EP[I]S[COP]I. C[A]EDE TRADI[TORUM] VEXATA MERUIT DIGNITATE[M] MAR[T]IRI[I]. VIXIT ANNIS L ET REDDIDI[T] ISP[PRITU]M DIE VIII KAL[ENDAS] APRILES, PRO[VINCIE] CCCXCV (année 434). Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian, p. 25.

[165] Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian, pp. 31-32.

[166] S. Augustin, Ép. CCXX, 7 (P. L., t. XXXIII, p. 995).

[167] Cod. Théod., XI, I, 34 ; XI, XXX, 68 ; XII, I, 185 ; XII, I, 186 (Hænel, pp. 1055-1056, 1157, 1270, 1271). Les deux premières de ces lois portent la date du V des calendes de mars (25 février) ; les deux dernières sont datées du V des calendes de mai (27 avril). Comme il n’est pas douteux que ces lois, adressées toutes les quatre à Celer, proconsul d’Afrique, sont extraites d’une seule et même constitution, il faut nécessairement corriger mars en mai dans les premières, ou tuai en mars dans les dernières. (Hænel, Cod. Théod., p. 1056, note 1).

[168] Celer, proconsul d’Afrique en 429, est peut-être le même personnage qui avait été en correspondance avec saint Augustin (S. Aug., Ép. LVI et LVII ; P. L., t. XXXIII, pp. 223, 224).

[169] Cod. Théod., XII, I, 186 (Hænel, p. 1271).

[170] Cod. Théod., XII, I, 185 (Hænel, p. 1270).

[171] Cod. Théod., XI, I, 34 (Hænel, pp. 1055-1056).

[172] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 324). Le texte de Procope dit en propres termes que Boniface, se repentant de sa conduite et de son traité avec les barbares, s’efforça d’obtenir d’eux. par ses prières et ses promesses, qu’ils sortissent de l’Afrique. On ne voit donc point pour quelle raison M. Pattu de Lessert (Fastes des prov. afr., t. II, p. 289, note 2), modifiant l’opinion qu’il avait précédemment émise (Vicaires et comtes d’Afrique, 1891), pense que les Vandales n’étaient vraisemblablement pas encore arrivés en Afrique.

[173] S. Augustin, Ép. CCXXIX, 2 ; CCXXX, 3 (P. L., t. XXXIII, pp. 1019-1020 et 1021) ; — Migne, Vita sancti Augustini, lib, VIII, c. XI, 1 (P. L., t. XXXII, p. 573) ; — Tillemont, S. Augustin, art. 347 (Mémoires, t. XIII, p. 930). Le comte Darius parait être le même personnage qui, entre le 4 juin et le 28 août 436, succéda comme préfet du prétoire d’Orient à Fl. Isidorus (Borghesi, Præfecti Prætorio Orientis, LXI : Œuvres, t. X, p. 321).

[174] Pattu de Lessert, Fastes des prov. afric., t. II, p. 289.

[175] S. Augustin, Ép. CCXXX, 3 (P. L., t. XXXIII, p. 1021) ; — Migne, Vita sancti Augustini, lib. VIII, c. XI, 1 (P. L., t. XXXII, p. 573) ; — Tillemont, S. Augustin, art. 347 t. XIII, p. 930). Darius reçut comme otage un certain Verimodus qui était romain, semble-t-il, ou apparenté à Boniface (S. Aug., Ép. CCXXIX, 2, CCXXX, 6 ; P. L., t. XXXIII, pp. 1020, 1022). Cet otage fut peut-être livré par Boniface, comme gage de sa fidélité, et non par Genséric, mais il n’en résulte pas moins de la lettre de Darius à saint Augustin, qu’il avait négocié une trêve avec les Vandales et espérait mettre fin à toute guerre en Afrique. Traitait-il avec eux au nom de l’Empire ou au nom de Boniface seul, comme le pense M. Pallu de Lessert (o. c., p. 289, note 2) ? On ne peut répondre à cette question.

[176] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 324).

[177] Procope, loc. cit. ; — Possidius, Vita sancti Agustini, c. 28 (P. L., t, XXXII, p. 58). S. Augustin mourut le 28 août 430, dans le troisième mois du siège qui avait donc commencé vers la fin de mai ou dans les premiers jours de juin.

[178] Procope, De bello vandal., II, 4 (C. S. H. B., p. 427).

[179] Victor Vitensis, De persect. vandal., I, 3 (P. L., t. LVIII, p. 184).

[180] Victor Vitensis, De persect. vandal., I, 3 (P. L., t. LVIII, p. 184).

[181] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28 (P. L., t. XXXII, p. 89).

[182] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 29 (P. L., t. XXXII, p. 59).

[183] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 23 (P. L., t. XXXII, p. 58).

[184] Les lettres de saint Augustin montrent qu’il avait fréquemment souffert des maladies : Ép. XXXVIII ; LIX ; CXVIII, cap. V, § 34 ; CXXII ; CCXXIX ; CCLXIX (P. L., t. XXXIII, pp. 152, 226, 449, 470, 1019, 1093).

[185] Possidius, Vita sancti Aug., 31 (P. L., t. XXXII, p. 64).

[186] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 31 (P. L., t. XXXII, p. 64).

[187] Prosper Tiro, Chron., n° 1304, a. 430 (M. G., A. A., t. IX, p. 473). La chronique du comte Marcellin met en 429 la mort de saint Augustin (M. G.. A. A., t. XI, p. 77). Il est certain qu’il mourut en 430, comme l’indique Prosper Tiro. Cf. Tillemont, S. Augustin, art. 352 ; Mém., t. XIII, p. 943, édit. de Venise ; — Migne, Vita sancti Augustini, lib. VIII, c. XI, 4 (P. L., t. XXXII, p. 577) ; — Dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. II, p. 151 et note 3.

[188] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 31 (P. L., t. XXXII, p. 63).

[189] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28, p. 59.

[190] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28, p. 59.

[191] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 325). Tissot (Géogr. comp., t. II, p. 98) dit, sans indiquer sur quelle autorité il s’appuie, qu’Hippone immobilisa l’armée des Vandales pendant prés de dix-huit mois ; mais le témoignage de Possidius est formel : quam urbem ferme quatuordecim mensibus conclusam obsederunt. (Vita sancti Aug., c. 28. p. 59.) Tissot compte sans doute dix-huit mois jusqu’au jour où la ville fut abandonnée par ses habitants et livrée aux flammes.

[192] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 325).

[193] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28 (P. L., t. XXXII, p. 58) : — Dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. II, p. 151, note 6.

[194] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28 (P. L., t. XXXII, p. 58) ; — Salvien, De gubernatione Dei.

[195] Procope, De bello vand., I, 4 (C. S. II. R., pp. 325-327) ; — Théophanes, Chronogr., a. 443 (C. S. H. B., p. 161).

[196] Cette historiette était sans doute un de ces incidents romanesques très goûtés jadis dans les écoles de rhétorique (Gaston Boissier, La fin du paganisme, t. I. p. 189). Les historiens byzantins l’ont apparemment empruntée aux déclamations des rhéteurs. Théophanes la raconte deux fois de suite. comme on vient de le voir, à propos de Marcien : on la retrouve à peu de chose près dans la vie de Basile le Macédonien (Charles Diehl, Figures byzantines, p. 159). Les prodiges paraissaient en quelque sorte une nécessité de style dans l’histoire des commencements d’un homme destiné à s’élever du dernier rang aux premières dignités de la terre. Cet exemple montre qu’il ne faut point facilement ajouter foi aux anecdotes dont les Byzantins se plaisent à orner leurs récits et à leur apparente crédulité, en toutes choses beaucoup plus souvent feinte que réelle. comme le remarque judicieusement Lebeau (Histoire du Bas-Empire, t. XIII, p. 185).

[197] Théophanes, Chronogr., a. 443 (C. S. H. B., pp. 160-161).

[198] Procope, De bello vandal., I, 3 (C. S. H. B., p. 325) ; — Idace, Chron., n° 99, a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 22).

[199] Idace, Chron., n° 99, a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 22) ; — Marcellimis comes, Chron., a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 78).

[200] Idace, loc. cit. ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1310, a. 432 (M. G., A. A., t. IX, p. 473).

[201] Idace, Chron., n° 98, a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 22).

[202] Marcellinus comes, Chron., a. 432 (M. G.,  A. A., t. XI, p. 78).

[203] Marcellinus comes, loc. cit. ; — Idace, n° 99, loc. cit.

[204] Prosper Tiro, Chron., n° 1310, a. 432 (M. G., A. A., t. IX, p. 473).

[205] Idace, Chron., n° 99, a. 432 (M. G., A. A., t. XI, p. 22).

[206] Prosper Tiro, Chron., n° 1310, a. 432 (M. G., A. A., t. IX, pp. 473-474).

[207] Prosper Tiro, Chron., n° 1310, a. 432 (M. G., A. A., t. IX, pp. 473-474).

[208] Idace, Chron., n° 103, a. 434 (M. G., A. A., t. XI, p. 22).

[209] Idace, n° 99, p. 22.

[210] Idace, n° 104, a. 434, p. 22.

[211] Idace, n° 129, a. 444, p. 24.

[212] Idace, n° 129, a. 444, p. 24.

[213] Prosper Tiro, n° 1338, a. 439 (M. G., A. A., t. IX, p. 477).

[214] Idace, Chron., c. 132, a. 445 (M. G., A. A., t. XI, p. 24).

[215] Pagi, ann. 440, IV.

[216] Idate, Chron., n° 144, a. 450 (M. G., A. A., t. XI, p. 25).

[217] Victor Vitensis, De persecut. vandal., I, 6 (P. L., t. LVIII, pp. 188-189).

[218] Victor Vitensis, loc. cit. ; — Idace, Chron., n° 144, a. 450 (M. G., A. A., t. XI, p. 25).

[219] Cassiodore, Variæ, I, 4 (édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XII, p. 15, lig. 26) ; — Mommsen, Cassiodori Variæ, prœmium (M. G., A. A., t. XII, pp. VII et VIII).

[220] Theodosio XV et Valentiniano IV cons., pax facta cum Vandalis, data eis ad habitandum Africa portione, per Trigetium in loco Hippone, III idus febr. (Prosper Tiro, Chron., n° 1321, a. 435 ; M. G., A. A., t. IX, p. 474 ; — Laterculus regum Vandalorum ; édit. Mommsen, M. G., A. A., t. XIII, p. 458).

[221] Procope, De bello vandal., I, 4 (C. S. H. B., p. 327) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1321, a. 435 (M. G., A. A., t. IX, p. 4741.

Ce Trygetius parait être le personnage auquel est adressée une lettre de Sidoine Apollinaire (Ép., VIII, 12 : P. L., t. LVIII, p. 609 ; — M. G., A. A., t. VIII, p. 437), et qui fut préfet du prétoire en 452 (Borghesi, Œuvres, t. X, pp. 621-622).

Tissot (Géogr. comp., t. II, p 47) croit que la capitulation d’Hippone avait été suivie d’une première convention, conclue par Boniface avant son départ pour l’Italie. Il invoque, à l’appui de cette hypothèse, le texte de Procope et les termes dont se sert Prosper Tiro : Totius Orbis pace et consensione mirabili Bonifacius ab Africa ad Italiam pervenit. Mais il n’est fait mention d’aucune capitulation d’Hippone. Procope dit formellement au contraire que les barbares ne purent s’emparer de cette ville, ni par force, ni par capitulation (De bello vandal., I, 3 ; C. S. H. B., p. 325), et du texte de Possidius (Vita sancti Augustini, c. 28 ; P. L., t. XXXII, p. 58) il résulte qu’elle ne fut incendiée qu’après avoir été abandonnée par ses habitants qui la quittèrent, semble-t-il, parce que, livrés à eux-mêmes par suite de la défaite et de la fuite d’Aspar et de Boniface, ils n’étaient pas en état de soutenir un second siège. Procope, loin de faire allusion à une convention conclue par Boniface avant son départ, dit que l’ennemi infligea un désastre complet aux généraux de l’Empire, Aspar et Boniface. qui, mis en fuite, se sauvèrent où ils purent. Aspar, ajoute-t-il, retourna chez lui et Boniface se retira vers Placidie (De bello vandal., I, 3 ; C. S. H. B., p. 325). Quant au texte de Prosper Tiro, il suffit de le lire en entier pour constater que les mots : totius orbis pace et consensione mirabili ne font pas partie de la phrase où il est question de Boniface, mais bien de la phrase précédente. Voici en effet le texte exact : Romanæ ecclesiæ præficitur episcopus Xystus totius orbis pace et consensione mirabili. Bonifacius ab Africa ad Italiam per Urbem venit, etc. Les mots totius orbis (ou urbis) pace, etc. se rapportent au pontificat de Sixte III (Liber pontificalis. Xystus III ; édition Duchesne, t. I. p. 232). Vient ensuite ce qui concerne Boniface. Il n’est pas admissible de prêter à Prosper Tire l’intention de dire que quand ce général arriva à Rome, le monde entier était en paix et dans une admirable union, alors que l’Empire était vaincu, que l’Afrique était dévastée par les Vandales et que la rivalité d’Aëtius et de Boniface provoquait une guerre civile. Il faut donc lire le texte de Prosper comme le donnent les éditions Migne (P. L., t. LI, p. 593) et Mommsen (M. G., A. A., t. IX, p. 473, n° 1309 et 1310), et il faut lire Urbis au lieu de Orbis.

[222] Isidore, Hist. Vandalor. (édit. Mommsen. M. G., A. A., t. XI, p. 297) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1321, a. 435 (M. G., A. A., t. IX, p. 474).

[223] Procope, De bello vandal., I, 4 (C. S. H. B., p. 327).

[224] Procope, De bello vandal., I, 4 (C. S. H. B., p. 327).

[225] Tissot, Géogr. comp., t. II, p. 47. Les découvertes faites dans les fouilles de Bénian prouvent que les Vandales continuèrent, après le traité de 435, à occuper les Maurétanies. Il est certain, en effet, que l’église donatiste de Bénian, l’antique Alamiliaria, fut construite après 434, année de la mort de la martyre Robba. Si la Maurétanie Césarienne avait été soumise après le traité de 435 à l’autorité de l’empereur, les donatistes n’auraient pas eu la liberté d’édifier une église à Bénian dans le meilleur emplacement de la ville (Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian, p. 48). Le traité de 435 ne reconnut sans doute aux Vandales la possession des Maurétanies que pour un temps déterminé, peut-être pour trente ans (Stéphane Gsell, o. c., p. 31).

[226] Guelma.

[227] Prosper Tiro, Chron., n° 1327, a. 437 (M. G., A. A., t. IX, p. 475).

[228] Possidius, Vita sancti Augustini, c. 28 (P. L., t. XXXII, p. 58).

[229] Procope, De Bello vandal., I, 4 (C. S. H. B., p. 327).

[230] Prosper Tiro, Chron., n° 1324, 1333, a. 436, 439 (M. G., A. A., I. IX, pp. 475, 476) ; — Idace, Chron., n° 107, 116, a. 436. 439 (M. G., A. A., t. XI, pp. 22, 23 ; ; — Cassiodore. Chron., n° 1232, a. 439 (M. G., A. A., t. XI, p. 156) ; — Isidore. Hist. Gothorum (M. G., A. A., t. XI, p. 277) — Sidoine Apollinaire, Carmen VII, vers 300 et suiv. (P. L., t. LVIII, p. 686 : — M. G., A. A., t. VIII, p. 210) : — Salvien, De gubernatione Dei, VII, 12 (M. G., A. A., t. I, p. 93).

[231] Idace, Chron., n° 119, a. 439 (M. G., A. A., t. XI, p. 23).

[232] Auguste Audollent, Carthage romaine, Paris, Fontemoing, 1901, pp. 96-97 et 155-157.

[233] Prosper Tiro. Chron., n° 1339, a. 439 ; — Additamenta africana epitome carthaginiensis (M. G., A. A., t. IX, pp. 477, 486, 497) ; — Laterculus regum Vandalorum (édit. Mommsen, Chronica minora, M. G., A. A., t. XIII, p. 458) ; — Idace, Chron., n° 115, a. 439 (M. G., A. A., t. XI. p. 23) ; — Cassiodore, Chron., n° 1233, a. 439 (M. G., A. A., t. XI, p. 156) ; — Isidore, Hist. Vandal. (M. G., A. A., t. XI, p. 297) ; — Victor Vitensis, De persecut. vandal., I, 4 (P. L., t. LVIII, p. 186). Marcellinus dit que Genséric s’empara de Carthage le 23 octobre (Chron., a. 439 ; M. G., A. A., t. XI, p. 80).

[234] Marcellinus comes, Chron., a. 439, 3 (M. G., A. A., t. XI, p. 80).

[235] Paul Orose, Hist., I, 2 (P. L., t. XXXI, p. 693). Zeugis autem prius non unius conventus, sed totius Provinciæ generale fuisse nomen invenimus... Zeugis ubi Carthago magna. Cf. Tissot, Géogr. comp., t. II, p. 37 et note.

[236] Nov. Valentin. III, tit. IX (édit. Hænel, Novellæ Constitutiones, p. 159).

[237] Nov. Valentin. III, tit. V, §§ 2 et 3, tit. VI, Nov. 1 (Hænel, pp. 142 et 143-145).

[238] Nov. Valentin. III, tit. IX (Hænel, p. 159).

[239] Nov. Valentin. III, tit. IX (Hænel, p. 159).

[240] Nov. Valentin. III, tit. IX (Hænel, p. 159).

[241] Idace, Chron., n° 120, a. 440 (M. G., A. A., t. XI, p. 23) ; — Prosper Tiro, Chron., n° 1342. a. 440 (M. G., A. A., t. IX. p. 478) : — Cassiodore. Chron., IV 1233, a. 440 (M. G., A. A., t. XI, p. 156) — Isidore, Hist. Vandal. (M. G., A. A., t. XI, p. 297) ; — Victor Vitensis, De persecut. vandal., I, 4 (P. L., t. LVIII, p. 186).

[242] Une constitution de Valentinien III accorde des dégrèvements d’impôts à la Sicile et aux îles environnantes ravagées par les barbares. Unde illustris et præcelsa magnitudo tua pragmatici nostri tenore comperto sciat... siculum possessorem cum circumjectis insulis, barbaricæ vastitatis intuitu, de eo censu, qui præsentibus chartis tenetur, septimam partem tributis fiscalibus oportere dissolvere. (Nov. Valentin. III, tit. 2 ; Hænel, p. 124). Cette constitution, adressée à Maximus, préfet du prétoire pour la seconde fois, ne porte aucune date ni de jour ni de consulat, mais les circonstances qui l'ont motivée indiquent clairement l’année 441, et il est certain que Maximus était préfet du prétoire en cette année. Cf. Hænel, Nov. constit., p. 124, note 1 : — Édouard Cuq, Additions à Borghesi, Œuvres, t. X, p. 614 et note 1, Prefecti Prætorio Italiæ, LXXIX.

[243] Paschasini episcopi lilybetani ad Leonem papam epistola (S. Leonis, magni epistolæ, ep. III ; Migne, P. L., t. LIV, p. 606).

[244] Idace, Chron., n° 120, a. 410 (M. G., A. A., t. XI, p. 23) ; — Isidore, Hist. Vandal. (M. G.,  A. A., t XI, p. 297).

Prosper Tiro (Chron., n° 1342, a. 440 ; M. G., A. A., t. IX. p. 478) dit que Genséric se hala de rentrer à Carthage parce qu’il apprit que Sébastien avait quitté l’Espagne et se dirigeait vers l’Afrique. Il craignait, ajoute-t-il, de se trouver en péril, lui et les siens, si cet homme expérimenté s’appliquait à recouvrer Carthage. Sébastien voulut se montrer ami et non ennemi de Genséric, niais ce barbare lui réservait un traitement bien différent de celui qu’il se flattait d’obtenir. Son imprudente confiance fut la cause (le sa perte et de sa mort infortunée. Mais Idace (Chron., n° 144. a. 450 ; M. G., A. A., t. XI, p. 35 met en 450, donc bien postérieurement à l’époque où Genséric repassa de Sicile en Afrique, l’arrivée de Sébastien à Carthage, et cette date parait plus probable. car la longue série des aventures de Sébastien ne permet pas de croire qu’il se soit retiré auprès de Genséric dès l’année 410. Voir pp. 124-125.

[245] Prosper Tiro, Chron., n° 1314, a. 441 (M. G., A. A., t. IX, p. 473).

[246] Théophanes, Chronogr., a. 141 (C. S. H. B., p. 157).

[247] Théophanes, loc. cit.

[248] Théophanes, Chronogr., a. 441 et 442 (C. S. H. B., pp. 157 et 158).

[249] Marcellinus comes, Chron., a. 442 ; — Cassiodore, Chron., n° 1239, a. 442 (M. G., A. A., t. XI, pp. 81 et 156).

[250] Prosper Tiro, Chron., n° 1346, a. 442 (M. G., A. A., t. IX, p. 479) : — Isidore, Hist. Vandal. (M. G., A. A., t. XI, p. 297).

[251] Prosper Tiro, Chron., n° 1347, a. 442 (M. G., A. A., t. IX, p. 479) ; —Cassiodore, Chron., n° 1240, a. 442 (M. G., A. A., t. XI, p. 156) ; — Théophanes, Chronogr., a. 442 (C. S. H. B., p. 158).

[252] Prosper Tiro, Chron., n° 1347, a. 442 (M. G., A. A., t. IX, p. 479) ; — Cassiodore, Chron., n° 1240, a. 442 (M. G., A. A., t. XI, p. 156).

[253] Nov. Valentin. III, tit. XXXIII (Hænel, pp. 240-243).

[254] Nov. Valentin. III, tit. XVIII (Hænel, pp. 180-186).

[255] La Gétulie peut être identifiée avec la partie sud de la Byzacène (Ludwig Schmidt, Geschichte der Wandalen, p. 72). Quant à l’Abaritane, M. Schmidt l’identifie avec la Maurétanie Tingitane qu’il croit avoir été attribuée aux Vandales, auxquels elle était nécessaire pour les rendre maîtres du détroit (Geschichte der Wandalen, p. 72), mais cette identification n’est point justifiée (Cf. Dom Leclercq. L’Afrique chrétienne, t. II, p. 164. note 3). Le texte de Victor de Vite (loc. cit.) semble indiquer clairement qu’il s’agit d’une partie de la Byzacène : Sibi Byzacenam abaritanam atque Getuliam et partem Numidiæ reservavit.

[256] Victor Vit., De persecut. vandal., I, 4 (P. L., t. LVIII, p. 186). — Sur l’identité des noms de Zeugitane et de Proconsulaire, voir p. 130, note 4.

[257] Trans fretum etiam, in solo terræ Africæ, provincia Hispaniarum est, quæ Tingitanica Mauretania cognominatur (Sextus Rufus, Liber de provinciis et victoriis populi romani, IV (édit. Panckoucke, p. 20) ; — René Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique, p. 704. et note 2. Sur les provinces de l’Afrique romaine, voir R. Cagnat, o. c., pp. 705 et suiv. ; — Tissot, Géographie comparée de l’Afrique romaine, t. II, pp. 37 et suiv.

[258] Notitia dignitatum Occidentis, c. XX, § 1 (édit. Böcking, p. 68) ; — R. Cagnat, o. c., p. 704.

[259] M. Schmidt (Geschichte der Wandalen, p. 72) croit au contraire que cette province fut abandonnée aux Vandales (Voir p. 135, note 3, et pp. 163-165) ; — Stéphane Gsell, Fouilles de Bénian, pp. 42 et 49.