LA VIE DE MARGUERITE DE VALOIS

 

CHAPITRE PREMIER. — JEUNESSE ET PROJETS DE MARIAGE.

 

 

Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme... publiées par Ludovic Lalanne, pour la Société de l'Histoire de France, Paris, 1864-1882, II volumes. Lettres de Catherine de Médicis, par le comte Hector de La Ferrière et le comte Baguenault de Puchesse, 10 volumes (Collection de Documents inédits sur l'Histoire de France), 1880-1909. Abbé Douais (depuis évêque de Beauvais), Dépêches de M. de Fourquevaulx, ambassadeur du roi Charles IX en Espagne (1565-1572), 3 vol., 1896-1904. Ch. Hirschauer, La politique de saint Pie V en France (1566-1572), Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, fascicule 120, Paris, 1922.

ELLE est née le 14 mai 1553 à Saint-Germain-en-Laye, une des résidences favorites des Valois, parmi la joie et les espérances qu'avaient provoquées à la Cour de France et dans l'entourage de Catherine de Médicis la révolte de Sienne contre les Espagnols, les projets des fuorusciti sur Florence, et l'échec de Charles-Quint devant Metz. Elle eut pour marraine Marguerite de France, la sœur d'Henri II, une princesse lettrée, et pour parrain, le prince de Ferrare, Alphonse d'Este, protecteur du Tasse. Ainsi s'annonçait sur les fonts baptismaux l'influence qui devait racheter les faiblesses de sa vie passionnelle, le goût des lettres.

De son enfance, on sait peu de chose. A six mois elle eut quelqu'une des misères de cet âge, mais elle se rétablit vite, raconte sa mère, qui était allée la voir à Amboise (novembre 1553).

Marguerite ne voulait rien se rappeler de ce temps-là, sauf deux historiettes qu'elle ne rapporte pas sans intention, l'une relative au prince de Joinville, Henri, fils aîné du duc François de Guise et d'Anne d'Este, l'autre à son frère Henri d'Anjou, depuis Henri III, deux hommes qui furent, de façon ou d'autre, la cause ou l'occasion de ses malheurs. Elle avait oublié (et l'historien peut se dispenser de savoir), qu'en sa qualité de fille de France, elle assista toute petite fille au sacre de François Il, à la séance d'ouverture des Etats généraux d'Orléans (1560), à celle du Colloque de Poissy.

Mais elle voudrait faire croire que, dès le premier éveil de sa raison, elle devina en Joinville enfant le chef factieux de la Ligue, comme pour démentir l'opinion commune qui faisait de lui la passionnette de sa jeunesse. C'était, dit-elle, peu devant le tournoi où son père Henri II fut blessé mortellement. Elle avait, ce jour fatal (30 juin 1559), six ans accomplis à quelques mois près[1].

Assise sur les genoux de son père, elle regardait jouer Joinville et Henri de Bourbon, marquis de Beaupréau, fils du prince de La Roche-sur-Yon. Le Roi lui demanda lequel des deux elle voulait pour serviteur. Je luy dis que je voulois le marquis. Il me dit Pourquoi ? il n'est pas si beauCar le prince de Joinville estoit blond et blanc, et le marquis de Beaupréau avoit le teint et les cheveux bruns —. Je lui dis : Pource qu'il estoit plus sage et que l'autre ne peut durer en patience qu'il ne fasse tousjours mal à quelqu'un, et veut tousjours estre le maistre. Augure certain de ce que nous avons veu depuis. Comment pourrait-on croire que la fillette qui se plaignait de l'esprit méchant et dominateur de son compagnon de jeux ait, devenue jeune fille, éprouvé pour lui le sentiment le plus tendre.

La seconde historiette tend, comme la première, à sa gloire.

C'était après la mort de François II et la disgrâce des Guise, ces cruels persécuteurs des hérétiques. Catherine de Médicis, qui gouvernait au nom de son fils mineur Charles IX, suspendit, on l'a vu, les poursuites, relâcha les prisonniers et accorda aux dissidents la liberté de conscience, à défaut de la liberté de culte. Assurément, il y avait autant de calcul que d'humanité dans ce changement de politique. Étrangère, sans parti et sans crédit au début de sa régence, la Reine-mère cherchait un appui contre les Guise et leur clientèle de gens d'épée et de catholiques ardents, parmi tous leurs ennemis : novateurs religieux, catholiques modérés, partisans des princes du sang. Mais elle avait été entraînée plus loin qu'elle pensait par la force des choses et la pression de ses alliés. Les victimes de la veille ne se contentaient pas de la simple tolérance, ils réclamaient le droit de manifester ouvertement leur foi ; contre la lettre des édits, ils célébraient leur culte dans les villes et s'assemblaient par milliers dans les campagnes. Ils étaient nombreux, ils étaient ardents, ils étaient puissants., Le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, alors qu'il oscillait encore, sa femme l'énergique Jeanne d'Albret, son frère le prince de Condé, les trois neveux du connétable de Montmorency : l'amiral Coligny, le cardinal de Châtillon et d'Andelot, colonel général de l'infanterie française ; de très grandes dames, comme la princesse de Condé, la duchesse douairière de Ferrare, Renée d'Este, fille de Louis XII, et les amies de Catherine, la duchesse de Montpensier, et la duchesse d'Uzès, — favorisaient ou professaient les nouvelles doctrines. Il y avait des réunions de prières jusque dans les logis des grands officiers et des princes qui accompagnaient le Roi en ses déplacements, de château en château. Catherine laissait faire ou ne blâmait ces audaces que doucement. Elle était fière de son initiative, comme de l'unique moyen de pacifier le royaume. L'anarchie qui se généralisait, les passions qui s'exaspéraient, les rixes quelquefois mortelles entre réformés et catholiques n'ébranlaient pas son optimisme. Elle s'irritait que le pape Pie IV et le roi d'Espagne, Philippe II, son gendre, pussent l'accuser d'imprudence ou même la soupçonner de connivence avec l'hérésie. Emportée par son élan, elle allait de concession en concession ; elle pressait le Pape d'assembler un Concile général pour remédier aux divisions de la chrétienté, et, sans attendre, elle décida de mettre en présence, à pareille fin, les pasteurs de Genève et les prélats et les docteurs de l'Eglise gallicane. Elle espérait que, comme dans un congrès de diplomates, les théologiens des deux confessions s'accorderaient sur quelques formules de foi équivoques capables de rallier les fidèles. Elle ignorait qu'au jugement des croyants sincères, le moindre désaccord est capital, puisqu'il y va du salut éternel.

Au lendemain des deux premières séances de Poissy, où le Roi, la Reine-mère, la famille royale et la Cour assistèrent comme à une ouverture solennelle d'Etats généraux, il fallut, pour apaiser l'émotion des catholiques, clore les débats publics. La tentative d'union n'eut d'autre résultat que de préciser les dissentiments sur la question de l'Eucharistie. Le Colloque, cette sorte de reconnaissance officielle d'une nouvelle religion, enfla les espérances des réformés, et accrut les inquiétudes des catholiques. La Cour était partagée. Le connétable de Montmorency, à qui les innovations déplaisaient, se joignit à Guise, ce vieil ennemi de sa maison, et au maréchal de Saint-André, ancien favori de Henri II, pour défendre la cause de l'orthodoxie. Les Triumvirs, comme on les appela, réussirent à détacher du bloc protestant Antoine de Bourbon, que l'on flattait de l'espérance d'obtenir de Philippe II, par un retour démonstratif à la messe, la rétrocession de la Navarre espagnole, ou une compensation territoriale. Le bruit courut que le duc de Nemours, qui embrassait les passions du duc de Guise par amour de sa femme, Anne d'Este, projetait d'enlever, l'enfant chéri de Catherine, Henri d'Anjou[2] pour l'opposer à Charles IX et à la Reine-mère. Catherine, par peur et de colère, s'appuya plus fortement encore sur les réformés. Leur propagande s'étendit et gagna jusqu'à la famille royale. Les fils de France, des enfants, cédèrent à l'attrait des nouveautés. Charles IX, mettant mitre en tête, parodiait, avec quelques compagnons de son âge, le cérémonial du clergé. Il déclarait à Jeanne d'Albret qu'il n'allait à la messe que par obéissance aux ordres de sa mère. Le duc d'Anjou, depuis la tentative vraie ou fausse de rapt, se signalait par son zèle iconoclaste. Aussi Théodore de Bèze, qui avait parlé pour le corps des ministres à Poissy, pouvait-il écrire à Calvin le 1er décembre 1562 : Je t'assure que la Reine, notre Reine, est mieux disposée pour nous qu'elle ne le fût jamais auparavant. Et il ajoutait : Plût à Dieu que je pusse, sous le sceau du secret, t'écrire de ses trois fils nombre de choses que j'entends dire d'eux par des témoins sûrs. Assurément, ils sont tels pour leur âge que tu ne pourrais même le souhaiter[3].

Marguerite triomphe d'être, en cette Cour infectée d'hérésie, restée constante en sa foi malgré tous les efforts de son frère, le duc d'Anjou. Sans cesse, il lui criait de changer de religion ; il jetait souvent ses Heures dans le feu, et, à la place lui donnait des psaumes et prières huguenotes. Mais elle, soudain qu'elle les avait reçus, les baillait à sa gouvernante, Mme de Curton[4], que Dieu lui avait fait la grâce de conserver catholique, et, elle allait avec elle trouver le cardinal de Tournon, ce bon vieillard, qui la fortifioit à souffrir toutes choses pour maintenir sa religion, et qui lui redonnoit des Heures et des chapelets, au lieu de ceux qu'on lui avait brûlés. Mon frère d'Anjou, dit-elle encore, et ces autres particulières âmes qui avoient entrepris de perdre la mienne, me les retrouvant, animées de courroux, m'injurioient, disant que c'estoit enfance et sottise qui me le faisoit faire ; qu'il paroissoit bien que je n'avois point d'entendement ; que tous ceux qui avoient de l'esprit, de quelque aage et sexe qu'ils fussent, oyants prescher la vérité, s'estoient retirés de l'abus de cette bigotterie, mais que je serois aussi sotte que ma gouvernante. Et mon frère d'Anjou, y adjoustant les menaces, disoit que la Reine ma mère me feroit fouetter. Je luy réponds à telles menaces fondante en larmes, comme l'aage de sept à huit ans où j'estois lors y est assez tendre, qu'il me fist fouetter et qu'il me fist tuer s'il vouloit, que je souffrirois tout ce que l'on me scauroit faire, plustost que de me damner[5].

C'est trop dramatiser des querelles et des propos d'enfants pour mieux faire valoir le mérite de sa résistance. Son récit, écrit trente-sept ans après l'événement, pêche par omission et passion, comme il lui arrive souvent dans ses Mémoires. Elle ne dit pas un mot des parades irrévérencieuses de Charles IX, qu'elle aimait, et dénonce seul dans la famille royale, comme imprégné de huguenoterie le duc d'Anjou, celui de ses frères à qui elle en voulut toute sa vie, pour des raisons qu'on ne sait pas toutes, comme on le verra plus loin. Elle affirme que le Duc, quand il la menaça du fouet maternel, parloit de lui-même, car la Reine-mère ne sçavoit point l'erreur où il estoit tombé, ayant toujours été elle-même bonne catholique. Ici, il serait bon de distinguer. Sans doute Catherine n'a pas cessé de pratiquer le catholicisme, mais il est vrai aussi que, par haine des Guise, elle a fermé quelque temps les yeux sur le prosélytisme des réformés. Comment croire qu'elle a ignoré les imprudences de son enfant de prédilection ? N'est-il pas probable, au contraire, qu'elle s'en est félicitée comme d'une garantie contre le projet du duc de Nemours.

C'est seulement quand la pression des forces du dedans et du dehors lui fit craindre d'être allée trop loin, que, se ravisant, elle commanda d'autorité à tous les gens de son entourage de revenir à la profession du culte catholique. Elle tansa fort le duc d'Anjou et ses gouverneurs et le contraignist de reprendre la vraye, saincte et ancienne religion de ses pères.

Marguerite pourrait, ajoute-t-elle, trouver dans les premières années de sa vie assez d'autres réponses, assez d'aultres telles marques de jugement et de résolution, mais à la recherche desquelles, elle ne veut peiner. Sur le jugement, il y aurait peut-être à dire qu'elle n'en a pas toujours montré ; quant à la résolution, il faut la lui accorder.

Elle avait attendu, à l'abri, dans le château fort d'Amboise, la fin de la première guerre civile. Quelque temps après la conclusion de la paix, elle rejoignit sa mère à Fontainebleau. Catherine y reconstituait la Cour aussi nombreuse et aussi belle qu'avant les troubles. Elle y appela quatre-vingts filles ou darnes des plus nobles maisons, qu'elle voulait parées de soie et d'or comme déesses, mais accueillantes comme de simples mortelles. J'ay ouï dire au Roy votre grand-père (François Ier), écrivait-elle un jour à un de ses fils, qu'il falloit deux choses pour vivre en repos avec les François et qu'ils aimassent leur Roy, les tenir joyeux et occuper à quelque exercice.... Les fêtes faisaient partie de son programme de gouvernement. Elle en donna de superbes, en février et mars 1564, pour dégoûter les gentilshommes protestants et catholiques de la guerre, l'horrible guerre civile.

De ces spectacles et de ces plaisirs, Marguerite, si mémorative des objurgations du duc d'Anjou à Poissy, ne se souvient ou ne veut se souvenir, bien qu'elle eût trois ans de plus. Si elle a si complètement oublié, c'est sans doute qu'elle ne fit que paraître, simple comparse, ainsi qu'il convenait à son âge, en cette représentation de la Belle Genièvre, une tragi-comédie tirée de l'Arioste, où dans la grande salle du château, aujourd'hui la Galerie Henri II, figurèrent comme acteurs, évoluèrent, et déclamèrent les fils de France, un prince du sang, Condé, les plus grands seigneurs et grandes dames.

C'était le prélude d'un voyage qui dura deux ans (mars 1564-mai 1566), d'un bout du royaume à l'autre, pour montrer aux peuples le jeune Roi, parmi les membres de son Conseil, l'armée de ses gardes, un cortège brillant de gentilshommes et de dames, et, par cet appareil de richesse et de force, ranimer dans les cœurs la foi monarchique. Marguerite avoue que les particularitez de ce tour de France se sont esvanouies de sa mémoire, comme un songe, et laisse à ceux qui étaient d'âge plus mûr, de discourir des magnificences qui furent faites partout, mesmes à Bar-le-Duc au baptesme de son neveu, le prince héritier de Lorraine (Henri, marquis de Pont-à-Mousson) ; à Lyon, à la venue de Monsieur et de Madame de Savoye ; à Bayonne, lors de la rencontre de la reine d'Espagne, sa sœur, avec la Reine sa mère et le roi Charles, son frère.

Le seul épisode de l'entrevue de Bayonne qui lui a laissé, à ce qu'elle dit, un souvenir durable, ce fut la promenade sur l'Adour, et le festin que Catherine donna aux deux Cours dans l'île d'Aiguemeau (aujourd'hui, île de Lahonce ou de Roll, à deux lieues en aval de Bayonne), 25 juin 1565. La nature avait fourni le décor, ayant cerné dans le milieu de l'isle un grand pré ou ovale de bois de haute fustaye, où la Royne ma mère disposa tout à l'entour de grandes niches, et dans chacune une table ronde à douze personnes, avec, au bout de la salle, la table royale sur un haut dais de quatre degrez de gazon. En cours de route, des dieux marins, chantant et récitant des vers, accompagnèrent le vaisseau de Leurs Majestés. A leur débarquement, des bergères placées à deux costez d'une grande allée de pelouse en groupes pittoresques, dont chacun était habillé suivant les modes diverses de toutes les provinces de France, mais en toile d'or et de satin, dansèrent à la mode et au son des instruments de leur pays. Le festin, l'apparition, avec une escorte de satyres musiciens, d'un grand rocher lumineux, mais plus esclairé des beautez et pierreries des nymphes qui faisoient dessus leur entrée que des artificielles lumières ; le beau ballet qui suivit interrompu par l'orage, comme si la fortune était jalouse de cette gloire ; la fuite et la retraite dans les bateaux sous la pluie et le vent, grand sujet de risée pour les conversations du lendemain, tels furent les principaux incidents de cette mémorable journée. Sans doute, ils étaient bien faits pour se graver dans l'imagination d'une fillette de douze ans. Mais il y a d'autres événements, dont elle ne parle pas, et qui la touchaient encore de plus près, si enfant qu'elle fût.

Ce n'était pas seulement pour embrasser sa fille, Élisabeth de Valois, que Catherine avait pris rendez-vous à Bayonne avec la Cour d'Espagne ; son grand souci fut toujours d'établir royalement ses enfants. Dès l'avènement de son fils mineur, Charles IX (5 déc. 1560), et le commencement de sa régence, elle pensait au mariage de Marguerite, qui n'avait pas huit ans, avec le fils aîné et l'héritier présomptif de Philippe II, don Carlos, qui en avait quinze, Elle expédia aussitôt en Espagne les portraits des siens. La reine d'Espagne entrait dans les sentiments de sa mère. Quand les pintures arrivarent, lui écrit-elle, la princesse (dopa Juana, sœur de Philippe II) estoit issy qui les trouva les plus belles du monde et principalement celle de ma petite sœur, et le prince (don Carlos) vint après qui les vist et me dit trois ou quatre fois en riant : Mas hermosa es la pequeña (La plus jolie c'est la petite). Si es aussy et je ay asseurés qu'elle estoit bien faite, et madame de Clermont (Louise de Bretagne, sa dame d'honneur) luy dit que c'estoit une belle femme pour luy ; il se prit à rire. Le Roy (Philippe II) l'a trouvé fort belle et m'a demandé si elle estoit grande [6].... La dame d'honneur donne acte aussi à la Reine-mère de deux peintures fort belles prinsipallement la petite Madame[7].

Philippe II ne répondait que par d'aimables compliments à ces premières avances matrimoniales. Il pensait à marier D. Carlos à la nièce des Guise, Marie Stuart, veuve de François II, et reine d'Ecosse. Ce serait pour lui un moyen de faire pression sur la reine d'Angleterre, Elisabeth, qui s'était déclarée contre le catholicisme, et de se procurer des ports de relâche entre l'Espagne et les Pays-Bas. Catherine détestait Marie Stuart d'une haine de belle-mère, et elle s'irritait d'une alliance de famille qui aurait fortifié la situation des ministres du feu roi et ruiné ses ambitions maternelles. Aussi pressait-elle la reine d'Espagne de rompre à tout prix ce projet, car si l'Infant épousait Marie Stuart et que Philippe II vint à mourir, elle serait, reine douairière sous cette reine régnante, la femme la plus malheureuse du monde, tandis qu'elle assurait son avenir en mariant sa sœur, une autre elle-même[8], à l'héritier de son mari.

Après un long intermède, qui fut marqué, comme on l'a vu, par les expériences dangereuses du Colloque de Poissy, et la violente réaction catholique de la première guerre civile, Catherine avait repris ses marchandages matrimoniaux.

Elle arrêta en 1563 le mariage de Charles IX avec une archiduchesse d'Autriche, et celui de Marguerite avec l'archiduc Rodolphe, l'aîné des fils de l'empereur Maximilien. Mais il lui semblait plus glorieux de donner sa fille à D. Carlos, souverain en expectative de tous les Etats de la monarchie espagnole. Elle rêvait encore, étant très imaginative, de marier son enfant de prédilection, Henri, à la sœur de Philippe II, dopa Juana, reine douairière du Portugal. La prétendue aurait pu être la mère du prétendant, mais son frère lui donnerait, il n'en fallait pas douter, pour racheter la différence d'âge, une dot royale, peut-être la principauté des Pays-Bas.

A tous ces calculs de gloriole maternelle, le roi d'Espagne ripostait par des plaintes sur sa politique de tolérance, dont les effets pernicieux, affirmait-il, se faisaient sentir jusque dans les Pays-Bas espagnols. Les hérétiques qu'il voulait exterminer, étant, comme les réformés de France, des fidèles de l'Eglise de Genève, il avait de bonnes raisons de croire que le calvinisme s'était glissé et continuait à se glisser à travers la frontière française et même par des pasteurs de langue française.

Pour arrêter la contamination de ces annexes espagnoles, il aurait voulu que Catherine s'attaquât au mal, à son point de départ. Mais elle n'était pas prête à recommencer la guerre civile, avec tous les risques qu'elle comportait, sans avantages en perspective. Que Philippe II consentît aux mariages, alors elle aviserait à la situation religieuse. Contre cette promesse vague, elle demandait des assurances formelles. Mais son gendre commençait à douter de sa sincérité. Il ne vint pas à Bayonne pour ne pas faire peur d'un rapprochement franco-espagnol à la reine d'Angleterre, que, en dépit de sa religion, il lui importait, par politique, de ménager.

Un de ses principaux conseillers, le duc d'Albe, qui accompagnait sa jeune femme, Elisabeth de Valois, avait pour instructions de proposer une action des deux Cours contre l'hérésie, le bannissement des ministres, la suppression de la liberté de culte, et il n'offrait rien en échange. Elisabeth, à qui Catherine parla des mariages, qui lui tenaient tant à cœur, lui déclara que Philippe II ne voulait pas marier D. Carlos, ni doter doña Juana d'une principauté, si elle épousait le duc d'Anjou.

L'entrevue destinée à resserrer les liens des deux dynasties risquait d'aboutir à une rupture. Ce fut par crainte de cette conclusion imprévue que, dans un grand conseil où le duc d'Albe et la reine d'Espagne assistèrent, Catherine promit de porter remède aux choses de la religion, une fois terminé le voyage qu'elle avait maintenant commencé.

Philippe II dut se contenter de cet engagement à longue échéance. Un refroidissement s'ensuivit que le massacre de colons français établis en Floride sur un territoire prétendument espagnol aggrava. Catherine, sans se presser, poursuivit son tour de France, et à Moulins elle réconcilia les Guise et Coligny.

Marguerite n'a rien su, ou plutôt rien voulu dire, de ces projets de mariage qui tournèrent court. Elle passe sans transition dans ses Mémoires des fêtes de Bayonne à la reprise des guerres civiles, dont elle impute, non sans cause, la responsabilité au parti protestant. Les chefs huguenots, malgré le démenti des faits, se persuadèrent que les deux gouvernements avaient concerté la ruine des églises réformées, et leur passion de prosélytisme aidant, ils en admirent pour preuve l'attitude de Catherine, lors des troubles des Pays-Bas. La populace, exaspérée par les persécutions religieuses, avait couru aux églises, renversé les autels, brisé les images (août 1566). Contre ces rebelles et ces iconoclastes, Philippe II envoya le duc d'Albe, connu pour sa rigueur impitoyable, avec dix mille hommes de vieilles troupes. Catherine, inquiète de l'apparition de ces forces redoutables, prit des mesures de défense en Picardie, et, sur les instances des chefs huguenots eux-mêmes, elle leva des Suisses et des gens de pied français. Mais, au lieu d'assaillir, comme ils l'espéraient, l'armée espagnole en marche, elle la ravitailla de blés, et garda une neutralité bienveillante. Elle refusa de licencier les Suisses bien payés, et de Péronne écrivit au Connétable de faire avancer ces belles bandes, afin que le Roi pût les voir et que pour le moings il ayt ce passe-temps pour son argent (21 août 1566)[9]. Mais les réformés, esprits soupçonneux, la voyant prompte à réunir des troupes et paresseuse à les employer, imaginèrent qu'elle était d'accord avec Philippe II, pour exterminer les huguenots de France et leurs coreligionnaires des Pays-Bas. Afin de prévenir le plan criminel dont ils lui prêtaient gratuitement l'idée, ils complotèrent de l'enlever avec le Roi son fils dans le château de Monceaux, où elle était en villégiature, et de transférer dans leur camp, avec les personnes royales, le droit et la souveraineté. Le coup faillit. Catherine, forte de son innocence, n'oublia plus cette infâme entreprise, qui ramenait le royaume aux troubles et malheurs, dont par la grâce de Dieu elle avait mis peine à le délivrer[10].

Aussi résolut-elle d'en finir avec un parti qui répondait par la révolte à sa politique de ménagement. Après la bataille indécise de Saint-Denis, où le vieux connétable de Montmorency fut mortellement blessé (10 nov. 1567), et quelques mois de guerre sans résultat, elle fut obligée, faute d'argent, de signer une paix telle quelle (Longjumeau, 23 mars 1568), mais avec une arrière pensée de revanche. Elle médita peut-être de se saisir de Condé et de Coligny, ses grands adversaires, pour les traiter, comme les comtes d'Egmont et de Horn, les chefs de l'opposition antiespagnole aux Pays-Bas, qu'à son arrivée à Bruxelles le duc d'Albe avait fait arrêter, juger, exécuter. Mais ils s'enfuirent et les hostilités reprirent. Elle se rapprocha de son gendre, accepta ou sollicita des secours contre les huguenots. Elle en revint à ses projets de mariage pour rendre encore plus intime la politique commune d'action catholique. Les Espagnols, avec qui elle liait partie contre les hérétiques, n'avaient plus aucune raison, du moins elle le croyait, de s'opposer à l'établissement de ses deux fils et de sa fille.

Cependant, l'éducation de Marguerite s'achevait. Jusqu'aux trois dernières années, de la fin du grand voyage à la troisième guerre civile (1566-1569), elle n'a pu être poussée à fond. L'apparition des bandes ennemies, la fuite dans les châteaux forts, les déplacements, les villégiatures en rompaient sans cesse le cours. Il ne faudrait pas juger de cet enseignement amorcé, suspendu, et repris au hasard des étapes de la route et des événements, d'après le programme d'études que suivirent Marie Stuart et la reine d'Espagne sous le règne paisible d'Henri II. Marguerite elle-même avoue qu'elle a commencé seulement à prendre goût à la lecture lors de sa réclusion du Louvre (1573). Elle ne veut pas dire qu'elle n'ait rien appris jusqu'à vingt et un ans, mais que l'occasion s'offrit alors et la sollicita de combler les lacunes de ses connaissances, en ajoutant aux leçons de ses maîtres, l'effort de son information personnelle, et de ses réflexions. On ne sait que le nom de l'un de ses précepteurs. Un panégyriste[11], qui n'en est pas à une hypothèse près, suppose qu'Amyot eut la gloire de lui enseigner le grec. Mais, dans la préface des Hommes Illustres, le traducteur de Plutarque, s'adressant à Henri II (février 1559), ne parle que de l'institution de Messeigneurs d'Orléans (Charles IX) et d'Angoulême (Henri III), et dans l'Epistre aux Œuvres morales et meslées (1572), il ne nomme que Charles IX, auprès de qui il fut mis pour l'acheminer dès la quatrième année à la connaissance de Dieu et des lettres. Catherine, elle aussi, en annonçant au Pape qu'elle a nommé Amyot à l'évêché d'Auxerre (7 fév. 157o), désigne seulement, parmi les enfants de France qu'il a nourris et instruits, le roi régnant, Charles IX, et le duc d'Anjou[12].

S'il fallait prendre à la lettre un témoignage de la Reine-mère de cette même année (31 oct. 1570)[13], c'est au sieur de Saint-Etienne, Claude Sublet, qu'elle avait remis l'éducation de toutes ses filles. Mais le précepteur suivit en Espagne Elisabeth de Valois, qui venait d'épouser Philippe II (1559), et Marguerite, alors âgée de six ans, n'a pas dû, si précoce qu'on la suppose, profiter beaucoup des leçons prises en commun avec sa sœur.

Son maître fut vraisemblablement, après le départ de Saint-Etienne, un ancien professeur au Collège de Sens, Henri Le Meignan, ou Le Mignon. Il fut nommé en 1568 évêque de Digne. Marguerite avait alors quinze ans, et ses études pouvaient être considérées comme achevées. Quand elle épousa le roi de Navarre et constitua sa maison, elle le choisit pour aumônier. Ce titre, d'ailleurs purement honorifique, car il ne rapportait que 1 écu 21 s. par an, était, pour surcroît de l'évêché de Digne, la constatation, sinon la récompense du préceptorat.

On est réduit à supposer ce que Le Meignan apprit à sa royale élève. Ce ne fut assurément ni la calligraphie, autant qu'on en peut juger par les autographes de Marguerite, qui sont d'une écriture haute et lourde[14], ni l'orthographe, dont les imprimeurs seuls en ce temps-là se souciaient. Comme la plupart des grandes dames du XVIe et XVIIe siècle, elle écrivait à sa guise d'après le souvenir imprécis de ses yeux et de ses oreilles, mais avec moins de fantaisie phonétique que sa mère, italienne de naissance et d'ouïe. Elle ignore les y, méprise l'accentuation et la ponctuation, et fait très peu d'usage des majuscules.

Le Meignan lui a certainement enseigné le latin. Il est douteux qu'elle sût du grec. Comme on le voit par l'inventaire de sa bibliothèque, elle n'a jamais lu Platon, Homère, Saint-Jean Chrysostome, etc., que dans les traductions.

Elle entendait et parlait les langues espagnole et italienne, comme si elle avoit été née, nourrie et élevée toute sa vie en Italie et Espaigne[15]. Il est probable qu'elle les a apprises, toute jeune et même enfant, de la bouche des gouvernantes.

On peut croire que la Reine-mère avait fait aux arts d'agrément leur place dans l'éducation de sa fille. Elle-même aimait la musique, la bonne musique, et ses enfants héritèrent de ce goût qu'elle partageait avec son mari. Marguerite chantait en s'accompagnant du luth. Quand elle eut une maison, après son mariage, sa chapelle fut toujours pourvue de musiciens et de bons chantres. Elle dansait bien, dit Ronsard en termes poétiques :

Comme une femme elle ne marchoit pas,

Mais en roulant divinement le pas,

D'un pied glissant couloit à la cadance.

A la légèreté de l'allure on devinait mieux qu'une reine, une immortelle :

L'homme pesant marche dessus la place,

Mais un Dieu vole et ne sçauroit aller[16].

Brantôme parle de sa belle grâce et majesté quand elle dansait avec le duc d'Anjou la pavane d'Espagne, où les pas étoient si sagement conduicts et les arrestz faicts de si belle sorte qu'on ne sçavoit que plus admirer ou la belle façon de danser, ou la majesté de s'arrester, representant maintenant une gayeté et maintenant un beau et grave desdain[17].

Quant à prétendre qu'elle a eu pour maîtres de chant et de danse le fameux soprano Etienne Le Roy, et le baladin de la Cour, Paul de Rege, c'est une hypothèse qui peut être une vérité.

Sa mère, qui brodait à merveille, et, comme dit Brantôme, passait son temps, les après-dîners, à besongner après ses ouvrages de soye, où elle y étoit tant parfaite qu'il estoit possible[18], a pu lui servir de maîtresse dans les travaux de Pallas. La jeune fille s'amusait aussi, comme la déesse, mais assurément avec moins de succès aux saints labeurs de la Muse[19]. Elle n'a pas fait de vers dignes de mémoire, son esprit étant plutôt comme celui de Catherine tourné vers les sciences. A l'époque de son mariage elle avait déjà le renom de savante.

La Cour fut aussi une excellente école. Marguerite, destinée à une alliance royale, y a vécu dans l'intimité de sa mère, cette Médicis française qui unissait en elle la culture de deux pays et de deux civilisations ; elle y a fréquenté de grandes dames, comme la duchesse de Retz, belle et érudite, orateur et poète à ses heures, et la duchesse d'Uzès, qu'elle appelle sa Sibylle, une des femmes les plus spirituelles et les plus moqueuses du temps ; la duchesse de Nevers aux yeux pers, Henriette de Clèves, qui raillait aussi bien que la reine de Navarre, Jeanne d'Albret. C'est dans ce cercle de femmes, distinguées, instruites et toutes, sauf la dernière, galantes que s'est achevée l'éducation de Marguerite.

A seize ans, elle n'aimait ; raconte-t-elle, que le bal et la chasse, et n'avait pas même la curiosité de s'habiller et de paroistre belle. Ce fut l'un de ses frères, l'ancien ennemi de ses livres d'heures et de ses chapelets, au temps lointain des expériences de Poissy, qui révéla à cette sportive sans coquetterie, le monde tout nouveau des ambitions et des espérances.

Elle lui avait pardonné ses persécutions ; elle l'aimait bien, et il semble qu'il l'aimât bien aussi. Cette affection mutuelle était si publique que le grand poète officiel, Ronsard, la célébrait dans ses Eglogues de Fontainebleau (fév. et mars 1564), où il met en scène, parmi le chœur des bergers et des bergères, les enfants de France et quelques autres illustres entre-parleurs. Sous le nom transparent de Navarrin, Angelot, Guisin, Margot, Carlin, Orléantin, il est facile de reconnaître le prince de Navarre, François, duc d'Anjou (puis d'Alençon), Guise, Marguerite, le roi Charles, et le duc d'Orléans, Edouard-Alexandre, qui reçut à la confirmation (1565) le prénom d'Henri et changea aussi son apanage contre celui d'Anjou.

Margot, disait de Xandrin, diminutif pastoral d'Alexandre :

Xandrin, mon doux soucy, mon œillet et ma rose,

Qui peux de mes troupeaux et de moy disposer[20].

Xandrin, en une autre Eglogue, montre même chaleur de sentiment pour la bergère Pasithée, un autre nom que Ronsard donne à Marguerite.

Je garde à Pasithée une linote en cage

Que j'ai prise à la glue, et si bien l'autre jour

Je luy fis oublier en un soir son ramage

Que maintenant son chant n'est sinon que d'amour[21].

Ce sont tendresses d'enfants, mais qui dans les années suivantes ne s'affaibliront pas. Brantôme dit avec son amplification habituelle qu'autrefois, c'est-à-dire entre 1565 et 1569, le frère et la sœur s'entraymoient tant et n'estoient qu'un corps, une âme et une mesme volonté[22]. Comme Brantôme et comme Ronsard, dont les exagérations sentimentales causent du malaise, Marguerite elle aussi avoue cette intimité dans les paroles qu'elle prête à son frère : Ma sœur, la nourriture que nous avons prise ensemble ne nous oblige moins à nous aimer que la proximité. Aussi avez-vous peu cognoistre qu'entre tous ceux que nous sommes de frères, j'ay tousjours eu plus d'inclination de vous vouloir du bien qu'à toute autre (lire probablement que tout autre), et ay recogneu aussi que vostre naturel vous portoit à me rendre mesme amitié[23].

Mais on aimerait bien savoir, même en moins nobles périodes, de quelle façon est venu ce grand attachement, que rien ne faisait soupçonner. Marguerite n'avait jusque-là parlé du duc d'Anjou, à propos de Poissy, que comme d'un petit tyran odieux. Et le voici en figure de héros, et de héros adoré.

Catherine l'aimait par dessus tous ses autres enfants pour sa beauté, son intelligence et la noblesse de ses manières, mais faut-il chercher des raisons à la préférence d'une mère ?

A dix-huit ans, après la mort du connétable de Montmorency, elle lui avait fait donner mêmes pouvoirs, sous le titre de lieutenant-général, et, à la reprise des hostilités, confier la direction des opérations militaires dans l'Ouest contre la masse des forces protestantes. Vainqueur à Jarnac du prince de Condé qu'il laissa ou fit tuer par ses gardes (13 mars 1569), il pensait venir à bout de Coligny et du reste des huguenots, mais avant, de livrer le combat décisif, où il risquait de joindre le triomphe de sa victoire à celui de ses funérailles, il tenait à rendre compte au Roi son frère, et à sa mère, du maniement de sa charge depuis qu'il avait quitté la Cour. Catherine accourut à son appel, faisant en trois jours et demi, avec Charles IX et Marguerite, le trajet de Paris à Tours. Au Plessis-lès-Tours, se tint — entre le 28 août et le 3 septembre 1569, — un grand conseil où le duc d'Anjou devant Leurs Majestés et les chefs de l'armée royale exposa l'histoire des opérations militaires, faite avec tant d'art et d'éloquence, dicte avant tant de grâce, raconte Marguerite, qu'il se fit admirer de tous les assistants, et d'autant plus que sa grande jeunesse relevoit et faisoit davantage paroistre la prudence de ses paroles, plus convenables à une barbe grise et à un vieux capitaine qu'à une adolescence de seize ans[24]... et que la beauté, qui rend toutes actions agreables, florissoit tellement en luy qu'il sembloit qu'elle feit à l'envy (rivalisa) avec sa bonne fortune laquelle des deux le rendroit le plus glorieux.

Catherine en ressentit une excessive joie, que non sans peine elle dissimula pour ménager l'orgueil de Charles IX, à qui la prédilection de sa mère et les succès de son frère donnaient de l'ombrage. Marguerite, comme on le voit par son récit, n'était pas moins enthousiaste. Trente ans après, quand elle écrivit ses Mémoires, malgré toutes les raisons de haine, l'image gracieuse surgissait de ce lointain passé dans une auréole de gloire.

Vif était encore son ravissement de l'avoir entendu alors lui confier le soin de sa fortune. Investi par la grâce d'un cœur maternel d'une sorte de vice-royauté militaire, il avait lieu de craindre que son frère par jalousie ne la lui ôtât. A cette déchéance, il préférait, disait-il, la mort.

La Reine-mère dont l'affection était son principal appui, pouvait être circonvenue pendant qu'il serait loin dans les camps. Il lui importait donc d'avoir auprès d'elle quelque personne sûre pour défendre, à l'occasion, sa cause. Je n'en cognois point, conclut-il, de si propre comme vous que je tiens comme un second moy-mesme. Vous avez toutes les parties qui s'y peuvent désirer, l'esprit, le jugement et la fidélité[25].

Jamais on ne lui avait tenu pareil langage. Elle avait seize ans, et cet être si cher et si grand, en présence de qui elle se sentait bien petite fille, faisait appel à son dévouement et à son intelligence. Pour exprimer après un si long temps l'émotion qu'elle ressentit alors, elle emprunte la réponse de Moïse à l'Eternel, qui lui commandait de conduire son peuple hors d'Égypte : Que suis-je moy ! Envoye celui que tu doibs envoyer[26]. Mais soudain revenue de son premier étonnement, elle découvrit en elle ce qu'elle ne pensait pas qui y fût, des puissances inconnues évoquées par la magie des paroles fraternelles. Il lui sembla qu'elle était toute transformée et devenue quelque chose de plus qu'elle n'avait été jusqu'alors. Elle accepta et s'astreignit, malgré qu'elle en eût, à être toujours au lever, au coucher, dans le cabinet de la Reine-mère, bref tout le jour.

Pour parler en pareil style de l'essor de ses facultés, du courage qui ne lui manquait pas, de la confiance qui lui venait, il faut qu'elle se soit crue destinée à un grand rôle. Le commerce de tous les jours avec la Reine-mère lui apparut comme le premier degré pour s'élever très haut. Sa prétention n'avait rien en soi d'extraordinaire, en un siècle où tant de femmes s'étaient distinguées par des qualités d'hommes d'Etat. Elisabeth d'Angleterre et Catherine gouvernaient encore des royaumes ; Marguerite d'Autriche avait cessé depuis peu d'administrer les Pays-Bas. Pourquoi n'aurait-elle pas, elle aussi, part à la fortune de son frère ? Accueillie comme confidente par sa mère, qui lui ordonna de lui parler librement, je luy parlois tousjours de mon frère, dit-elle, et le tenois luy adverty de tout ce qui se passoit avec tant de fidélité que je ne respirois autre chose que sa volonté. A la façon dont elle se prévaut de son service, on ne croirait jamais qu'il a été si court, des premiers jours de septembre où le duc d'Anjou quitta sa mère et le Roi, jusqu'au 1er novembre, où ils le rejoignirent devant Saint-Jean-d'Angély, que, victorieux à Moncontour, il assiégeait.

Après ces deux mois de sujétion qui durent lui paraître assez méritoires pour en surestimer le prix, elle s'attendait à des remerciements, mais la fortune envieuse lui prépara autant d'ennuy qu'elle se promettait de joie.

A l'éloge que Catherine fit à son fils des bons offices de sa fille, il répondit avec froideur qu'il n'était pas opportun de continuer même confiance à Marguerite. Elle devenait belle, le duc de Guise voulait la rechercher, et les oncles du Duc la lui faire épouser. Si elle se mettait à l'aimer, ne devait-on pas craindre ses indiscrétions. Sa mère ne savait que trop l'ambition de ces cadets de Lorraine, et combien ils avaient toujours traversé leur maison. Il était donc prudent qu'elle ne parlât plus d'affaires à sa fille, et que peu à peu elle se retirât de se familiariser avec elle.

Ainsi fit Catherine, naturellement soupçonneuse, et qui avait en son fils une foi aveugle. Marguerite, surprise de ce changement, aurait été encore plus émue de l'explication que la Reine consentit, non sans peine, à lui donner. C'était pure calomnie, protesta-t-elle ; elle n'avait jamais pensé au duc de Guise et ne lui avait rien entendu dire d'un dessein pareil. Mais elle ne réussit pas à convaincre sa mère de son innocence, et furieuse de voir qu'il n'y avait plus lieu dans cet esprit prévenu pour aucune raison ni vérité, elle la supplia de croire qu'elle conserverait immortel le ressentiment du tort que son frère lui avait fait.

Ce chagrin lui pressant sur le cœur et possedant toutes les facultés de son âme rendit son corps plus propre à recevoir la contagion du mauvais air qui estoit lors en l'armée. Elle tomba malade d'une grande fiebvre continue et du pourpre, dont elle faillit mourir. Tant qu'elle fut en danger, l'auteur de sa peine et de son mal ne bougea jour et nuit de son chevet, et la servit aussi officieusement que s'ils avaient été au temps de leur plus grande amitié. Quand elle fut rapportée à Angers, convalescente (janvier 1570), il amena lui-même Guise dans la chambre de sa sœur, et l'embrassant devant elle : Pleut à Dieu, disait-il, que tu fusses mon frère[27].

Faut-il croire, comme elle le prétend, qu'il voulût par cette comédie hypocrite achever de convaincre la Reine-mère de la vérité de ses accusations ? N'était-ce pas plutôt remords et regret du mal qu'il venait de faire ? Les revirements ne sont pas rares chez cet être que toute son histoire démontre impulsif et féminin.

Il n'est pas prouvé d'ailleurs que la dénonciation ne fût, comme dit Marguerite, qu'une invention. Quel intérêt pouvait-il avoir à payer d'ingratitude les services de sa confidente. Les Mémoires en donnent une explication peu satisfaisante. Le premier en date de ces favoris du Duc, qui furent toujours les maîtres de leur maître, Louis de Bérenger, sieur du Gua (ou du Gast), lui aurait persuadé qu'il ne falloit aimer ny fier qu'à soy-mesmes ; qu'il ne falloit joindre personne à sa fortune, non pas mesme ni frère ni sœur, et autres tels beaux preceptes machiavelistes[28].

Mais Machiavel, si machiavélisme il y eut, ne conseille pas de se faire gratuitement une ennemie d'une amie, ni de s'amputer de ses affections par plaisir d'insensibilité. Le Gua, plus âgé que le Duc et qui lui était passionnément dévoué, ne l'aurait pas détourné de se fier à sa sœur, s'il n'avait eu quelques raisons de défiance. Il croyait à la passionnette de Marguerite et de Guise, dont la conclusion à prévoir était un mariage d'inclination, et la suite à redouter, le zèle d'une femme amoureuse à la grandeur du plus brillant et du plus populaire des Lorrains.

Henri de Guise avait, en 1569, dix-huit ans. Le jeune homme avait tenu les promesses de l'enfant, blanc et blond, et beau, fait dire Marguerite à Henri II, ne l'osant dire elle-même. Il était brave. A seize ans, il était allé combattre en Hongrie contre les Turcs, et de retour en France, il avait victorieusement défendu la ville de Poitiers contre Coligny. A Moncontour, (3 oct. 1569), il fut blessé en lieu douloureux, sur le col du pied[29].

Ce n'était qu'un cadet de la maison de Lorraine, mais le chef d'une branche qui l'emportait sur la branche régnante en rejetons, en éclat, en talents militaires, en services rendus à la cause du catholicisme. Sa mère, la duchesse douairière, femme en secondes noces du duc de Nemours, était la petite-fille du roi Louis XII. Il avait 200.000 écus de revenu (540.000 livres ; près de 2 millions de francs en valeur absolue). N'était-ce pas un parti sortable pour Marguerite de Valois, dont la sœur Claude, son aînée de six ans, avait épousé le duc de Lorraine, Charles III ?

Mais ce mariage, même si Catherine y pensa un moment[30], n'était pour elle qu'un pis-aller. Elle destinait à sa dernière fille une couronne royale. Après que don Carlos, fils de Philippe II, et l'archiduc Rodolphe, fils de l'empereur Maximilien, deux héritiers présomptifs, l'un dément, l'autre hypocondriaque, eurent disparu de son champ de combinaisons matrimoniales, elle se flatta de la marier à son gendre lui-même, dont la femme Elisabeth de Valois venait de mourir (3 oct. 1568). Rebutée encore une fois, elle se rabattit sur le roi de Portugal, D. Sébastien, et chargea de la négociation l'ambassadeur de France à Madrid, Fourquevaulx. Ce jeune souverain qui, heureusement pour sa gloire, périt les armes à la main dans une croisade au Maroc, à la bataille d'Alcazar-Quivir tenait et beaucoup, écrivait Fourquevaulx à Catherine (le 29 nov. 1569), de l'humeur du feu prince d'Espagne (don Carlos, son cousin), subject à sa teste, bizarre, variable et terriblement obstiné dans ses opinions[31]. Il avait été élevé par deux Théatins dans la crainte des femmes et l'on ne savait pas s'il serait habile pour avoir enfans[32]. Les médecins e tous d'un consentement » étaient d'avis qu'il vivrait peu.

Mais cette union que Catherine désirait tant, malgré l'insuffisance du prétendu, déplaisait au roi d'Espagne et à la reine douairière du Portugal sa sœur, celui-là parce qu'il ne voulait pas de reine française à Lisbonne, et celle-ci parce qu'elle aspirait à marier don Sébastien à une archiduchesse d'Autriche.

La Cour de France eut une première déconvenue, Philippe II prit pour lui l'aînée des archiduchesses, Anne, que Charles IX s'était habitué à regarder comme sa fiancée, et il lui laissa la cadette, Elisabeth, pour bien marquer les préséances mêmes dans ce choix, et s'affirmer par là comme le chef même des Habsbourg de Vienne, en tant que fils de Charles-Quint. Après ce règlement souverain, il parut mieux disposé pour les projets matrimoniaux de Catherine, et même il s'y déclara favorable[33]. En août 1569, le mariage de Marguerite et de D. Sébastien semblait si certain que Catherine l'annonçait au duc de Florence et à la reine d'Angleterre, avec celui de Charles IX et de la fille cadette de l'empereur Maximilien[34]. Mais elle avait affaire à une coalition de mauvais vouloirs. Elle dut renoncer à sa prétention de signer en même temps le contrat de son fils et de sa fille. Charles IX battit en retraite sur un air d'affection fraternelle.

Soudain, la fâcheuse tournure des événements de France porta Philippe II à se montrer plus accommodant. Pendant que les forces royales s'épuisaient à prendre Saint-Jean d'Angély, qui résista plus de deux mois (16 oct.-2 déc. 1569), Coligny se déroba vers le sud avec les survivants de Moncontour. Il hiverna dans la région plantureuse de Montauban et s'y refit. Au printemps il précipita sa marche à travers le Languedoc, atteignit la vallée du Rhône, qu'il remonta. Les puissances catholiques pouvaient craindre que Catherine, lasse de la lutte et à bout de ressources, ne s'empressât de signer la paix. L'espérance du mariage portugais était le plus grand moyen de la décider à faire un nouvel effort. Le roi d'Espagne offrit de mener l'affaire à bien, pourvu qu'on la lui confiât. Le représentant du Portugal à Paris, Mascareigne, annonçait l'envoi par son gouvernement d'un négociateur d'importance. Le pape Pie V chargea D. Luis de Torres, qui allait en Espagne et en Portugal organiser une Sainte Ligue contre les Turcs, de poulcer fort et roide le mariage portugais.

La Cour de France se croyait sûre du succès, Catherine, pour profiter de ces bonnes dispositions, résolut d'en finir avec l'idylle de sa fille, si peu loin qu'elle fût allée. Marguerite raconte le fait à sa façon, qui est d'omettre et d'arranger. Les ambassadeurs de Portugal étant venus à Paris pour demander sa main (est-ce du seul Mascareigne qu'elle parle au pluriel ?), sa mère l'invita à se parer pour les recevoir, et, bien qu'elle s'y déclarât toute disposée, elle la reprit aigrement d'avoir écouté le cardinal de Lorraine qui lui parlait pour son neveu. Marguerite protesta de son ignorance et de son obéissance filiale, mais sans parvenir à se justifier des inculpations du duc d'Anjou. Alors, pour mettre fin aux bruits qui couraient, elle écrivit à sa sœur Claude, duchesse de Lorraine, d'engager Guise à sortir pendant quelque temps de la Cour, et à se hâter d'épouser une jeune veuve, la princesse de Porcien, qu'il recherchait par amour ou par feinte. Ces épousailles qu'elle aurait suggérées fermèrent, dit-elle la bouche à tous ses ennemis et lui donnèrent le repos. Elle ajoute : Cependant le roy d'Espagne, qui ne veut que les siens s'allient hors de sa maison, rompit tout le mariage du roy de Portugal, et ne s'en parla plus. Elle excelle en ces raccourcis chronologiques qui ne disent qu'une partie de la vérité. Elle se donne le beau rôle dans la première affaire sentimentale ; sa vanité n'est pas intéressée à l'échec tout politique de la seconde.

Mais l'une et l'autre ont besoin d'un complément.

S'il faut en croire D. Francès de Alava, ambassadeur d'Espagne en France, l'explication de la mère et de la fille eut une suite. Catherine aurait surpris la preuve d'une correspondance entre le Duc et Marguerite (18 juin 1570). Une de ses dames d'honneur et des plus confidentes, Fulvie Pic de la Mirandole, servait d'intermédiaire ; elle remettait les lettres de l'amoureux à l'amoureuse ; elle écrivait les réponses, où l'amoureuse ajoutait quelques mots de sa main. Charles IX, blessé en son orgueil de frère et de roi, qu'une fille de France disposât d'elle sans lui, arriva, raconte l'ambassadeur, à cinq heures du matin, en chemise, chez sa mère, et, après un moment d'entretien, manda sa sœur, qui survint une demi-heure après.

Il renvoya la comtesse de Retz, qui l'accompagnait, commanda au comte de Retz de garder la porte et de ne laisser entrer personne, et, alors, lui et Catherine se jetèrent sur Marguerite et la frappèrent rudement à qui mieux mieux. Au sortir de leurs mains, ses vêtements étaient si déchirés, ses cheveux si en désordre, que la Reine sa mère, de crainte qu'on ne s'en aperçut, passa une heure à rajuster sa toilette[35].

Mais Francès de Alava est un imaginatif, passionné de haine contre les Valois, et capable de dramatiser la scène, ainsi qu'il l'a fait en d'autres circonstances, et de transformer en coups une brutale semonce.

Si le 25 juin Marguerite avait été si maltraitée, on ne s'expliquerait pas la conversation que Catherine eut le 14 août avec le cardinal de Lorraine, et qu'elle rapporte le même jour à son ambassadeur à Madrid.

A bout de ressources, désespérant de Philippe II, qui ne lui envoyait plus ni soldats ni argent, menacée par l'apparition de Coligny à Châtillon-sur-Loire, aux abords de Paris, elle avait consenti aux protestants la paix à des conditions plus avantageuses que celles des édits précédents : liberté de conscience dans tout le royaume, liberté de culte dans un certain nombre de lieux privilégiés, et, comme refuge provisoire contre les violences des masses, quatre places de sûreté pendant deux ans (Saint-Germain, 8 août 1570).

C'était l'abandon d'une politique, et peut-être l'annonce d'une autre. Le cardinal de Lorraine, partisan de la guerre à outrance, s'était retiré dans sa maison de Meudon pour s'y soigner d'une maladie qui n'était peut-être qu'une cruelle déception. Il y reçut la visite de la Reine-mère, une semaine après la signature du traité. Malgré qu'il eût été déjà question de la possibilité d'un mariage entre Marguerite et le prince de Navarre, si les négociations avec le Portugal échouaient, il ne semble pas, contrairement aux dépêches d'Alava, que l'oncle eût lieu de désespérer des chances du neveu. Il me parla, raconte Catherine, d'un certain bruit qui a couru entre plusieurs personnes, il y a quelque temps, du mariage présomptif de ma fille avec le duc de Guise. Quelque désagréable, dit-elle, que lui fût ce propos, elle voulut bien luy faire sçavoir ce qu'elle en avait sur le cœur, et les raisons d'estre marrie qu'un tel bruit eust esté porté si Loing comme en Espaigne, pour connoistre le tort que cella fairoit à sa fille, spécialement pour le regard du mariage mis en avant d'elle avec le roi de Portugal. Etait-il vrai, demanda-t-elle, que Francès de Alava eût informé Philippe II de ce bruit, et ajouté que le cardinal faisoit valoir le bien et le revenu dudict duc de Guise, jusques à deux cents mil escus de rente.... Le cardinal se trouva en peine et ne répondit rien. Catherine priait Fourquevaulx de dire à Madrid, le cas échéant, combien elle avait lieu de se plaindre et de trouver mauvais que tels langages se tinssent, esquels l'honneur du Roy son fils et le sien étaient intéressés[36].

Elle espérait, contre toute espérance. Philippe, en dépit de ses promesses, n'avait pas bravé et menacé à Lisbonne, comme il aurait dû faire. C'est que, remarque Fourquevaulx, qui s'était repris à croire à sa sincérité, il est trop phlegmatique, même en ses propres et plus urgentz affaires. La mère de D. Sébastien, Juana, continuait son opposition sourde au mariage. Les Théatins voulaient conserver le jeune roi en son état d'innocence. Ils lui persuadèrent, raconte un agent de Pie V, le protonotaire Bramante, (8 novembre 1570), d'envoyer à Paris un gentilhomme, frère du duc de Bragance, qui y passa huit jours incognito dans une hôtellerie, pour s'informer du bruit qui courait çà et là des rapports de la jouvencelle et du duc de Guise[37]. L'enquêteur se convainquit qu'ils étaient faux. Mais le Pape était seul parmi les souverains à se passionner pour ce mariage. Philippe II recommençait à fluctuer et abusait Fourquevaulx. Dès le 12 décembre on croyait savoir à Paris que le roi de Portugal, malgré le certificat de vertu de son délégué, avait comme répudié cette jeune fille (Marguerite), qui véritablement, écrit le nonce Frangipani au secrétaire d'Etat Rusticucci, ne méritait pas une telle injure. Charles IX perdit patience et signifia (8 janvier 1571) à son ambassadeur de ne plus parler à Madrid du mariage du Portugal, si ce n'est pour déclarer que le Roi Très Chrétien n'y pense aucunement, et que sa résolution est de marier bientôt Madame sa sœur en tel lieu qu'il en recevra plaisir, contentement, et service, et dont le mari se sentira grandement honoré et obligé à Sa Majesté. C'était la première annonce des épousailles, que les puissances catholiques appréhendaient, avec le prince de Navarre, chef du parti protestant.

 

 

 



[1] Mémoires, éd. Guessard, p. 5. Et non quatre ou cinq ans, comme elle dit. — Joinville avait neuf ans et Baupréau, douze.

[2] Cette dénomination anticipe sur les temps. Il était alors duc d'Orléans, et s'appela, jusqu'à sa confirmation en 1565, Edouard-Alexandre.

[3] Mariéjol, Catherine de Médicis, p. 110, 3e éd., 1922.

[4] Sur Charlotte de Vienne, baronne de Curton, ses mariages, ses enfants et beaux-enfants, voir l'Histoire de la maison de Chabannes, Dijon, 1896, t. III, pp. 37, 38, 41, 49, 69 et passim.

[5] Guessard, p. 6.

[6] Louis Paris, Négociations sous François II (Coll. Doc. inédits), p. 806.

[7] Louis Paris, Négociations sous François II (Coll. Doc. inédits), p. 803.

[8] Lettres, I, p. 576.

[9] Lettres, III, p. 51.

[10] Lettres, III, p. 61.

[11] Léo de Saint-Poney, I, p. 17.

[12] Lettres, III, p. 296.

[13] Lettres, IV, p. 13.

[14] On en trouvera un spécimen à la fin du vol. 181 de la Trésorerie et récepte générale des finances et maison de la reine de Navarre, Archives Nat., K K.

[15] Brantôme, VII, p. 75.

[16] Ronsard, II, p. 196.

[17] Brantôme, VIII, p. 73.

[18] Brantôme, VII, p. 347.

[19] Ronsard, IV, p. 149.

[20] Ronsard, V, p. 266.

[21] Ronsard, V, p. 335.

La belle Charite que Vénus envoie à la Cour de France pour voir si la reine de Navarre est plus belle qu'elle, s'appelle Pasithée, et c'est Marguerite elle-même dont Ronsard décrit en détail, sous ce nom, la beauté céleste.

[22] Brantôme, VIII, p. 72.

[23] Guessard, p. 13.

[24] Elle exagère : le duc d'Anjou, né le 20 septembre 1551, avait dix-sept ans accomplis, et, à quelques jours près, dix-huit ans.

[25] Guessard, p. 14.

[26] Exode, III, 11 et IV, 13.

[27] Guessard, pp. 18-20.

[28] Guessard, pp. 17-18.

[29] Catherine à la duchesse de Nemours, mère du blessé, Lettres, III, p. 279.

[30] Tauzin, Le mariage de Marguerite de Valois, Revue des Questions historiques, t. LXXX, 1906, p. 463.

[31] Fourquevaulx, t. II, p. 153.

[32] Fourquevaulx, t. II, p. 198.

[33] Fourquevaulx, t. I, p. 88.

[34] Lettres, III, p. 267.

[35] Dans une lettre du 1er juillet, Alava rapporte l'amour de la princesse pour Guise, et, dans la lettre du 7 juillet, la leçon donnée le 25 juin par le Roi et sa mère à la coupable, Archives Nat., K 1514 et 1516.

[36] Lettres, III, pp. 329-330.

[37] Hirschauer, p. 68, note 3.