LES MAÎTRESSES DU RÉGENT

LES PREMIÈRES MAÎTRESSES

 

III. — MADEMOISELLE PINET DE LA MASSONNIÈRE.

 

 

Ce fut dans ce temps-là qu'il partit pour aller servir en Italie sous le maréchal de Catinat. Il s'arrêta quelque temps à Lyon, et il y fit une maîtresse en passant, qui fut mademoiselle Pinet de la Massonniêre, à quoi la mère consentit. Il fut obligé de partir pour l'Italie et laissa sa maîtresse grosse d'un fils dont elle accoucha.

Il la vint retrouver à son retour d'Italie, et proposa à la mère et à la fille de venir à Paris. Le père fit ce qu'il put pour l'empêcher ; cette affaire lui donna même tant de chagrin qu'il en mourut. Par ce moyen, les deux femmes se trouvèrent maîtresses de leurs volontés et partirent sur-le-champ pour Paris ; mais elles trouvèrent M. le duc d'Orléans amoureux de la Desmares.

Mademoiselle de la Massonnière voulut s'en venger en prenant le prince de Robecq qui lui promit de l'épouser. Celui-ci ramena la mère et la fille à Lyon, laissa sa maîtresse grosse et partit sans leur dire adieu. Ces deux femmes furent outrées ; elles crurent, et surtout la mère, que le seul parti qui restoit à prendre étoit de marier sa fille. Elle trouva M. Poncet, gentilhomme de Montélimart, capitaine de cavalerie, qui ne fit aucune difficulté d'épouser cette fille, dont il a eu plus de cent mille écus de bien qu'il a dissipés. Il fut chassé quelque temps après de sa compagnie[1].

 

 

 



[1] Mémoires de Maurepas, t. I, p. 106-107.