FRANÇOIS Ier

 

PRÉFACE.

 

 

PRÉFACE.

 

Nous entreprenons de raconter, pour la jeunesse, l'histoire d'un prince brillant, vaillant, élégant, éloquent, auquel ne manqua aucune gloire, et qui 'connut tous les malheurs : victorieux à vingt ans à Marignan, à trente battu et fait prisonnier à Pavie, puis captif sous un ciel étranger.

Sa vie, dont l'éclat profane est voilé de mainte ombre fâcheuse, offre plus de leçons à méditer que d'exemples à suivre. Il mêla plus d'un défaut à ses qualités, plus d'une faute à ses exploits, et les faiblesses de l'homme ont fait tort en lui aux mérites du roi.

Mais il fut incontestablement brave, bon, spirituel, libéral ; il incarna dans sa personne les dernières vertus de la chevalerie au déclin ; avec lui montèrent sur le trône le goût des lettres, la protection des arts ; il fut le roi de celle période privilégiée du génie national, fécondé par son initiation aux modèles de l'antiquité et aux chefs-d'œuvre de l'Italie, qu'on appelle la Renaissance ; sa cour, si elle ne fut pas toujours une école de sagesse, fut une école d'élégance, d'urbanité, de politesse, et fonda l'empire des mœurs, des manières, des modes françaises en Europe. Enfin, cette figure que déparerait, si on la voyait de trop près, plus d'une tache, n'en garde aucune à la faveur de la distance, et se présente à nous avec la sérénité et la poésie du lointain.

Aussi François Ier est-il, sur la liste des rois de France, avec Henri IV, de ceux dans lesquels le génie de la France s'est le mieux reconnu. La nation a gardé son souvenir ; cet attrait sympathique qui lui conquit pendant sa vie les esprits et les cœurs, a gagné jusqu'à la postérité, qui 'ne peut se défendre de quelque orgueil devant ses exploits, de quelque pitié devant ses malheurs, de quelque indulgence devant ses fautes.

Telles sont les considérations qui nous ont poussé à écrire ce livre, et à accrocher un portrait, un tableau de plus dans notre galerie des grandes figures, des grandes scènes de l'histoire d e France.

Le public a fait à celte série de monographies historiques un accueil bienveillant. L'Académie française a daigné encourager nos efforts par une de ses récompenses. Il n'est pas d'honneur qui n'oblige ; tout succès crée un devoir.

Le nôtre était de redoubler de soins pour mériter la faveur du public et l'approbation de nos maîtres. Nous n'avons rien négligé, pour remplir ce devoir, de ce qui tenait à nous. Nous pouvons répondre de ce qui constitue la probité des livres : la conscience des recherches, la sûreté des sources, la moralité des leçons.

Par une rare bonne fortune, dont le lecteur profitera avec nous, nous avons écrit cet ouvrage, que nous n'aurions peut-être pas tenté sans cet appui, le lendemain de la publication de la Rivalité de François Ier et de Charles-Quint, par M. Mignet.

Nous avons donc eu pour guide, dans notre roule à travers une des périodes les plus obscures, les plus compliquées de notre passé, aujourd'hui inondée, grâce à lui, d'une abondante et sereine lumière, l'illustre auteur de ce beau livre, un des modèles de la science et du style de l'histoire. Nous l'avons cité à presque toutes les pages de la première moitié de notre ouvrage, ainsi que nous y obligeait le nombre de nos emprunts. A ce strict devoir du débiteur nous aurions voulu ajouter l'hommage personnel de notre reconnaissance. Des scrupules de discrétion et de respect nous ont seuls empêché de dédier directement à M. Mignet un livre où ce qui est bon vient de lui, et où nous avons craint que ce qui vient de nous ne fût pas assez digne d'être placé sous les auspices de son nom. Qu'il nous soit du moins permis de proclamer tout ce que nous devons à un écrivain que quiconque se mêle aujourd'hui d'écrire l'histoire est tenu de saluer comme un maître :

Tu signore, tu duca e tu maestro.

Nous ne finirons pas sans remercier aussi cordialement notre éditeur, M. Paul Ducrocq, qui a dirigé avec libéralité et avec goût l'exécution délicate d'une œuvre complexe, et nos habiles collaborateurs artistiques, MM. Scott et Bocourt.

 

M. DE LESCURE.

Maisons, le 20 octobre 1877.