HISTOIRE DE LA RÉGENCE PENDANT LA MINORITÉ DE LOUIS XV

TOME DEUXIÈME

 

CHAPITRE XXIX. — L’Esprit de la Régence (Juillet 1716 - Septembre 1718).

 

 

Nécessité d’un tableau adouci. — Scandales. — M. de Beauvais. — Une vocation princière. — Turpitudes de la famille royale. — Les Mémoires de Retz. — Débuts de Voltaire. — Haine des Jésuites. — Le théâtre. — La petite vérole. — L’incendie du Petit-Pont. — Le Jeu. — La société en province et dans les campagnes.

 

Nécessité d’un tableau adouci

Pendant l'espace de trois années qu’encadrent deux coups d’état : 2 septembre 1715, 26 août 1718 ; le gouvernement du duc d’Orléans a déjà justifié ce nom de Régence qui s’attache à lui comme l’évocation d’une fantaisie désordonnée. Dès le premier hiver[1], le branle est donné. Au cours des deux années qui vont suivre, l’extravagance, le scandale, l’impudeur provocante ne feront que s’étendre et s’aggraver jusqu’à l’orgie, jusqu’à l’obscénité. Cette histoire ne pourrait être écrite qu’en latin. Il faut donc se résoudre à n’en donner qu’une vue incomplète tracée avec des couleurs adoucies.

 

Scandales

La duchesse douairière d’Orléans, qui a passé son existence au milieu des pires corruptions, s’étonne néanmoins du spectacle de « débauche générale et affreuse[2] » qu’offre la société. « Toute la jeunesse de l’un et de l’autre sexe, dit-elle, mène en France une vie des plus répréhensibles ; plus elle est déréglée mieux cela vaut ;... leur conduite me semble celle des cochons et des truies[3]... C’est une terrible époque que la nôtre ; on n’entend parler que de querelles, de discussions, de vols, de meurtres, de vices de tous genres ; le vieux serpent, le diable, a été délivré de ses chaînes et règne dans l’air, il faut donc que tous les bons chrétiens se livrent à la prière[4] ; » mais loin de là, « la jeunesse ne croit plus à Dieu et oublie tout exercice de piété[5]... Le temps, est venu où, comme dit la sainte Écriture, sept femmes courront après un homme ; jamais les femmes n’avaient été comme on les voit à présent. Ce que l’on voit et cc que l’on entend chaque jour ici, et au sujet des personnages les plus éminents, ne peut se décrire[6] ».

 

M. de Beauvais

Le scandale donné par l’évêque de Beauvais est un de ceux qui, parmi tant d’autres tristesses, eurent le don d’émouvoir l’opinion publique. François-Honoré de Beauvilliers, fils du duc de Saint-Aignan, avait voulu être d’Église. Son frère le duc de Beauvilliers, l’ami de Fénelon, le fit entrer au séminaire d’Orléans d’où, en 1713, le feu Roi le tira pour lui donner le siège de Beauvais. M. de Beauvilliers quoiqu’il le crut un ange, et il l’était encore, représenta au Roi sa jeunesse et le danger de le placer sitôt, mais Louis XIV répondit qu’un siège comme Beauvais ne se retrouverait plus. Ses premières années s’y passèrent avec toute l’édification possible, il se montra adversaire résolu de tout ce qui pouvait être suspect de jansénisme ; très zélé, il voulut avoir un confessionnal. La fille, d’un exempt des gardes du corps entreprit de le séduire et n’y réussit que trop bien. Le jeune évêque de trente-deux ans se mit à faire friser ses cheveux qu’il portait courts et plats, se promena tous les jours en carrosse dans sa ville épiscopale avec sa maîtresse qu’il voulut loger dans l’évêché. Le peuple poursuivit sa voiture à coups de pierre, il resta chez lui ; le chapitre vint l’y relancer, il mit le chapitre à la porte ; les prédicateurs firent retentir la chaire, il s’en moqua ; sa famille, le cardinal de Noailles, tout vint à son secours, il refusa de recevoir personne, ses vieux serviteurs furent congédiés, sa mère toute seule put pénétrer jusqu’à lui et il lui dit qu’il ignorait le motif de tout ce vacarme parce qu’il se promenait avec une dame qui lui apprenait la musique. On s’adressa alors au Régent qui fit enlever la fille qu’on enferma aux Madelonnettes. L’évêque la fit réclamer et le Régent lui. fit dire : « Il y a tant d’autres filles à Paris sans celle-là ! » D’autres scandales suivirent jusqu’à ce que ruiné, le malheureux projeta de passer en Angleterre ; on l’enleva et on l’enferma à Cîteaux, mais ainsi que le fait observer Dangeau « cette affaire fit d’autant plus de bruit, qu’il était avant cela dans une grande réputation pour ses bonnes mœurs[7] ».

 

Une vocation princière

A de pareils scandales on pourra opposer l’exemple héroïque d’une vocation religieuse naissant et se réalisant malgré toutes les contradictions, toutes les oppositions. C’est au Palais-Royal, dans la famille du Régent, que la propre sœur de la duchesse de Berry va se donner au service de Dieu, à la grande surprise de tous. « Mlle de Chartres danse bien, chante encore mieux ; elle a, nous dit sa grand’mère, une voix étendue et belle, elle déchiffre la musique à livre ouvert et elle comprend parfaitement l’accompagnement. Elle chante sans faire les moindres grimaces. Elle persiste fermement à se faire religieuse, mais je ne puis croire qu’elle en ait la vocation, car elle a tous les goûts d’un garçon ; elle aime les chiens, les chevaux, la chasse, les coups de fusil ; elle ne craint rien au monde et ne se soucie nullement de ce qu’aiment les femmes. Elle ne se préoccupe pas du tout de sa figure, quoiqu’elle ne soit point laide et qu’elle soit bien formée[8]. » Négligée ou brusquée par sa mère, la duchesse d’Orléans, la jeune princesse craint plus qu’elle n’aime cette femme hautaine[9] qui lui destine le prince de Dombes, fils aîné du duc du Maine, à qui un pareil mariage épargnera sans doute les déboires qui menacent les légitimés[10]. Mais Mademoiselle d’Orléans se refuse à ce rôle et « veut à toute force être religieuse ; si l’on contrarie sa volonté à cet égard, elle menace de tomber dans le désespoir, et elle est capable de se tuer elle-même, car elle a du courage et ne craint pas du tout la mort », dit encore sa grand’mère, qui est visiblement sous le charme de la jeune fille « fort agréable de sa personne, grande, bonne tournure, le visage gracieux, la bouche belle, les dents comme des perles ; avec une éloquence naturelle et le naturel est fort bien ; elle aime tout ce qu’elle doit aimer ; elle dit à tout le monde qu’elle ne regrettera rien, si ce n’est moi. Je la chéris tendrement et il n’est pas difficile de l’aimer, car elle le mérite bien ; aussi je regrette sincèrement qu’elle se fasse religieuse[11]. » Ses parents s’opposent à cette vocation, alors elle obtient de son père la permission d’aller à Chelles pour rendre visite à l’abbesse et à d’autres religieuses, pénètre dans le monastère et faisant appeler sa suite à la grille du parloir leur conseille de retourner sans elle à Paris parce qu’elle est très résolue à vivre et à mourir dans cette sainte maison. Le lendemain le Régent accourt à Chelles en chaise de poste et ne peut faire changer cette résolution[12]. Le temps de probation s’écoule, elle persévère, et, le 30 mars 1717, la princesse prend l’habit, mais, nous dit Dangeau, « il n’y aura point de grandes cérémonies. M. le duc d’Orléans et madame la duchesse d’Orléans veulent que personne n’y aille[13] ». Cette bouderie ne trouble pas la novice de dix-huit ans, qui reçoit les visites, résiste aux instances, déjoue les séductions, arrache finalement à son père la permission écrite de faire profession[14] dont elle attend l’heure avec impatience. Enfin, le 23 août, « Mademoiselle, nous dit Dangeau fit sa profession à Chelles, et édifia tout le monde par la dévotion, le courage et la joie qu’elle témoigna. Elle a résisté et aux lettres de Madame, et aux prières que M. Terrât lui fit encore le matin de la part de M. le duc d’Orléans[15]. « Elle s’appellera désormais sœur Bathilde » bougonne la grand’mère dont les avis ont été dédaignés. « Personne n’a envie de s’affliger au point de pleurer, et c’est ce qui me serait arrivé si j’avais assisté à sa profession[16]. » Tout le monde, en effet, s’il en faut croire le Mercure, s’est attendri jusqu’aux larmes en voyant la jeune princesse disparaître sous le drap mortuaire. Mais le banquet qui suit la cérémonie sèche les larmes, le feu d’artifice qui y fait suite ramène des pensées plus frivoles. Le lendemain, la fête continue, et encore le surlendemain avec un nouveau feu d’artifice. A l’occasion de la vêture chaque nonne avait reçu cinquante livres de chocolat, autant de café et de sucre[17] ; pour la profession on organisa une loterie où les nonnes gagnaient montres, tabatières, flacons, étuis, tablettes, écritoires, râpes à tabac en or et en argent. L’abbaye reçut une dot de cent mille livres, la sœur Bathilde trente mille livres pour ses aumônes et dix mille livres de pension[18]. Tout cela est si rare et si édifiant qu’un curé bourguignon fait le voyage de Chelles pour étudier cette merveilleuse vocation[19] ; il fait sagement de se hâter, car la princesse a la petite vérole et se réjouit d’être laide désormais puisque son divin époux ne l’aimera pas moins[20] ; mais elle guérit, son visage gagne encore en beauté et sœur Bathilde s’aperçoit qu’« elle ne peut durer qu’en régnant où elle était venue pour obéir[21] ». Il s’agit donc d’éloigner l’abbesse, Mme de Villars, qui jette les hauts cris, tient la dragée haute et emporte une pension annuelle et viagère de douze mille livres[22].

Professe à la Saint-Louis, la princesse sera abbesse, ou en voie de le devenir bientôt, à Pâques de l’année suivante[23]. Impatientée d’attendre ses bulles au Val-de-Grâce, elle regagne Chelles le25mai[24], où elle apporte encore cent mille francs pour payer les dettes criardes[25] et se fait bénir le 14 septembre. A partir de ce jour Chelles devient une succursale de Thélème ; nous y reviendrons !

 

Turpitudes de la famille royale

Malgré l’ombre toute proche, le spectacle d’une vocation religieuse est chose si singulière dans le milieu où elle s’est révélée qu’on éprouve comme l’effet d’une brise fraîche parmi les émanations souillées de ce temps et de cette société. « Les galanteries de la Cour continuent avec succès, dit la Gazette, et s’il y a beaucoup de soupirants, en récompense il y a peu de cruelles[26]. La duchesse de Berry est outragée au bal de l’Opéra[27], les aventures du prince de Conti sont de celles qu’on n’ose décrire[28], un secrétaire d’État ayant insulté le Régent s’en excuse sur l’ivresse et termine son apologie : « ...Voilà ma confession. Je m’en suis donné l’absolution, mon confesseur m’a donné la sienne, je viens demander celle de Votre Altesse Royale » et le Régent lui dit : « N’y pensons plus[29]. » Le marquis et la marquise de Montrival sont fustigés, promenés nus jusqu’à la ceinture au « cul d’une charrette » jusqu’au faubourg Saint-Martin où ils tenaient une maison de prostitution et livraient des fillettes aux débauchés[30]. Ainsi la famille royale, les hommes du gouvernement, la noblesse donnent l’exemple des pires turpitudes. Pendant qu’ils s’étourdissent, on murmure sans se cacher : « Voilà les petits jeux auxquels nos princes s’exercent l’esprit et le corps[31]. » Trois années de dilapidations ont épuisé les quelques ressources sur lesquelles on comptait.

« L'argent est chose rare et il est plus difficile de trouver mille livres que deux fois autant du temps du feu Roi[32]. » Les affaires vont très mal et personne n’est payé. Des troupes filent vers la Bretagne et vers le Languedoc pour prévenir des révoltes[33]. Le commerce et les arts traversent une période douloureuse[34], on est accablé de gens qui demandent l’aumône dans les rues et dans les églises[35], il ne se passe pas de jour qu’on n’entende parler de meurtres et de vols, et souvent les deux ensemble[36]. Toutes les nuits, on tue dans les rues de Paris et, en six semaines, on compte près de cinquante assassinats[37]. On ne vend et on n’achète pas parce que l’argent fait défaut[38] et, en apprenant la mort de la reine douairière d’Angleterre, on calcule : « La France gagne à cela six cent mille livres par an[39]. » Paris n’est pas seul à murmurer ; à Lyon, deux mille ouvriers réclament l’aumône à force ouverte[40].

 

Les mémoires de Retz

Pour stimuler l’opinion, l’initier aux grandes audaces et aux hardies entreprises politiques, un livre paraît et détonne comme un pétard au milieu d’un bal : les Mémoires du cardinal de Retz. Ce fut un événement. Mis en vente dès 1717[41], ils furent épuisés en quelques mois[42] ; en 1718, le succès exige coup sur coup cinq éditions, toutes « pleines de fautes grossières et sans nombre » parce qu’on ne songe qu’à satisfaire l’impatience du public ; en 1719, paraît encore une édition plus complète que les précédentes[43]. Au premier bruit qu’une copie des Mémoires du fameux frondeur était livrée à l’impression et sur le point de paraître, le Régent avait interrogé le lieutenant de police d’Argenson sur l’« effet que ce livre pouvait produire. — Aucun qui doive vous inquiéter, Monseigneur », répondit d’Argenson, qui avait lu la copie conservée dans sa famille. La façon dont le cardinal de Retz parle de lui-même, la franchise avec laquelle il découvre son caractère, avoue ses fautes et nous instruit du mauvais succès, qu’ont eu ses démarches imprudentes, n’encouragera personne à l’imiter : au contraire, ses malheurs seront une leçon pour les brouillons et les étourdis. » Ce fut le contraire qui arriva. « L’air de sincérité qui règne dans cet ouvrage séduisit et enchanta, quoique le style n’en soit ni pur ni brillant, on les lut avec avidité et plaisir, bien plus, il y eut des gens à qui le caractère du cardinal de Retz plut au point qu’ils pensèrent sérieusement à l’imiter[44]. » On lisait les Mémoires même dans les couvents, avec la permission des supérieurs ainsi qu’en témoigne un exemplaire[45]. Saint-Simon a constaté l’effet qu’ils produisaient. « Ils avaient, dit-il, tourné toutes les têtes. Il n’y avait ni hommes ni femmes de tous états qui ne les eût continuellement entre les mains. L’ambition, le désir de nouveautés, l’adresse des entrepreneurs qui leur donnait cette vogue, faisait espérer à la plupart le plaisir et l’honneur de figurer et d’arriver, et persuadait qu’on ne manquait non plus de personnages que dans la minorité de Louis XIV. On croyait trouver le cardinal de Mazarin dans Law, étranger comme lui, et la Fronde dans M. et Mme du Maine et leur parti. La faiblesse de la reine-mère et du Régent étaient comparées ; la division et les intérêts différents des ministres de leurs conseils paraissaient les mêmes. Enfin le maréchal de Villeroy se donnait pour un Beaufort, avec l’avantage de plus de sa place auprès du Roi et dans le Parlement, sur lequel on ne comptait pas moins que sur celui de la dernière minorité, on imaginait plusieurs Broussel et on avait un Premier Président tout à la dévotion de la Fronde moderne[46]. »

Les éditions disparaissaient avant que les critiques eussent eu le temps de les juger dans les recueils périodiques, alors généralement trimestriels[47]. Retz devint plus qu’une idole, presqu’un saint, Lagrange-Chancel l’interpelle[48] :

Toi, qui par la pourpre romaine

Brillas moins que par tes vertus,

Retz, dont l’audace plus qu'humaine

Relevait les cœurs abattus,

Sur ton troupeau qui te réclame,

Sur un sénat dont tu fus l’âme,

Daigne encore jeter les yeux.

Tends-leur d'en haut un bras propice

Qui les sauve du précipice

Dont tu garantis leurs dieux.

Une vogue si extraordinaire donna de l’inquiétude ; on chercha un dérivatif à la contagion séditieuse d’un tel récit et on ne trouva rien de mieux que de faire imprimer les Mémoires de Joly qui ne produisirent point l’effet attendu ; ceux de Mme de Motteville ajouteront à l’impression troublante produite par Retz grâce à l’exactitude et à la touche fine et sûre des portraits.

Débuts de Voltaire

Malgré tout, pour lire Retz et se guinder à le suivre il fallait une attention trop soutenue pour être durable. L’opposition, sous la Régence, préférait des armes d’un maniement plus aisé. Un tout jeune homme les lui façonna. C’était un sieur « Arouet, petit poète qui ne faisait qu’éclore, mais fort satirique, et fils d’un greffier des comptes[49] ». Une première incartade, un couplet, lui avait valu, en 1716, un exil à Tulle, changé en villégiature à Sully-sur-Loire[50]. De retour à Paris[51], l’année suivante, Arouet fut mis à la Bastille pour des vers « fort imprudents[52] » et « des satires trop piquantes contre des princes, princesses et autres personnes de distinction[53] ». Cette satire, c’était le fameux[54] :

Regnante puero

Veneno et incestis famoso

Administrante,

Ignaris et instabilibus consiliis,

Instabiliorireligione,

Aerario exhausto

Violatâ fide publicâ,

Injustitiae furore triumphante,

Generalis imminente seditionis

Periculo,

Et iniquae anticipatae hereditalis

Spei coronae, pairia sacrificata.

Gallia mox peritura

La police eut bientôt découvert l’auteur, qui revendiquait hautement cet ouvrage[55]. Écroué le 17 mai 1717 il ne fut mis en liberté que le 10 avril de l’année suivante. Son affaire se gâtait ; cet enfant terrible de vingt-deux ans paraissait déjà redoutable longtemps avant que d’être devenu « une manière de personnage dans la république des lettres[56] ». On voulait qu’il découvrit la cachette de ses manuscrits remplis « de choses effroyables sur les choses les plus saintes et les personnes les plus respectables » ; aussi parlait-on de l’envoyer à Pierre-en-Scize, « il y serait sans encre, ni papier et pour le reste de ses jours. On a agité si on le chasserait du royaume, mais on a dit que, de là, il écrirait contre tout le genre humain et que c’était une peste, qu’il fallait la séquestrer de la société civile[57]. » Finalement il ne sortit pas de la Bastille on raconta qu’il était durement traité dans un cachot où à peine il voyait le jour ; en réalité, il allait et venait, faisant des visites et dînant chez le gouverneur[58].

 

Haine des Jésuites

Pendant que la critique fait rage, l’adulation redouble. Le propre maître de Voltaire, le Père Porée se met en frais de flatteries et fait imprimer le discours qu’il prononça au collège de Clermont, touchant les grandes espérances que donne le Roi qu’il décore par anticipation du titre de Louis le Parfait ![59] Le chroniqueur Buvat en fait grief aux Jésuites, à l’égard desquels tout devient grief. Le Société de Jésus apparaît comme le point de mire des historiettes les plus extravagantes, et des jalousies les plus furieuses. On rêve déjà de « leur interdire tout collège en France[60] » et on colporte dès récits destinés à un succès durable. Dans un pays situé au-delà du Pérou et nommé le Paraguay, les jésuites commandent une armée de quarante mille hommes ![61] En France, un mémoire présenté au duc d’Orléans fait monter leurs biens à un demi-million de rente[62]. A Brest, ils ont acquis des pierreries pour un million et demi[63] ; à Aix, capté un testament[64] ; à Rouen capturé un bénéfice[65] ; à Chambéry, à Lyon, commis quelque crime dont Buvat s’indigne[66]. Tout lui est bon pourvu que les jésuites se trouvent en fâcheuse posture. Il raconte que l’abbé Arouet, janséniste notoire, ayant visité son frère le poète à la Bastille « entra dans l’église des jésuites de la rue Saint-Antoine pour y faire sa prière, et s’étant levé pour en sortir, il trouva les portes fermées, quoiqu’il y eût alors une trentaine de dames. Cette aventure donna lieu de soupçonner que ces dames étaient restées "dans l’église pour y entendre quelque instruction ou pour se confesser à quelque jésuite nonobstant le retrait de leurs pouvoirs[67]. » Les jansénistes veillent, la Sorbonne condamne la doctrine de l’assassinat des rois dont elle fait un enseignement des jésuites[68], le Parlement est sur ses gardes et frémit au récit du supplice infligé par les jésuites de Bordeaux à un écolier de seconde qui en est mort. L’adolescent avait soutenu en badinant que les Pères ne devaient pas se glorifier de saint François-Régis qu’ils avaient chassé de leur Société. Dénoncé, fouetté avec des chaînes de fer pour servir d’exemple, l’affaire avait fini de manière tragique[69].

S’il était nécessaire de rappeler que parmi tant de désordres, le théâtre l’esprit français conserve sa grâce et sa verdeur, l’embarras serait grand de faire un choix parmi beaucoup d’exemples. Rarement il serait possible de citer ces pointes spirituelles, trop gaillardes ou trop grossières. La fine mesure de Louis XIV a fait place à la gouaillerie du Régent ; on s’en aperçoit bien vite. Un matin, celui-ci prenait son chocolat dans son cabinet. Entre Nocé, un des roués, qui raconte que le curé de Sainte-Marguerite, au faubourg Saint-Antoine, a prêché en chaire contre les désordres et l’irréligion du prince qui éclate de rire, disant : a De quoi se mêle ce b...-là, je ne suis pas de sa paroisse[70]. » La paroisse du Régent, c’est l'Opéra ; mieux vaut ne pas l’y suivre. Au reste, la scène n’est pas plus intéressante que les coulisses. On joue Bellérophon, la Métempsychose ou les Dieux comédiens, les Travaux d'Hercule avec les monstres exprimés au naturel, et Samson, opéra biblique où on mènera les enfants pour suppléer au cours d’histoire sainte[71]. Tout ceci ne mérite pas même un souvenir et, cependant, tout Paris s’y précipite.

La petite vérole

On croirait, en parcourant les chroniqueurs et les correspondances que des sujets plus graves doivent absorber l’attention de la capitale. Pendant tes derniers mois de l’année 1716, Paris est frappé d’une épidémie de petite vérole. « La petite vérole règne à Paris autant que jamais », écrit-on au mois d’octobre[72]. « La petite vérole recommence de plus belle ses ravages[73] », elle « fait toujours beaucoup de désordre[74] », plus que l’année précédente[75] et après quelques jours de répit, recommence en janvier 1717 avec plus de force[76]. Qu’on parcoure le Journal de Buvat, la Correspondance de la marquise de Balleroy et principalement le Journal de Dangeau on est confondu de lire ce nécrologe de la noblesse de France qu’ouvre une fille d’Opéra, la Heuzé, morte « au grand regret de tout Paris[77] ».

 

L’incendie du Petit Pont

L’incendie du Petit-Pont, survenu le 27 avril 1718 fut un de ces drames qui bouleversent Paris pendant une semaine environ. Le Petit-Pont aboutissait au Petit-Chatelet, il était bordé de maisons posées sur des pilotis de bois pour la sûreté desquels on ne craignait que les crues du fleuve et le choc des glaçons, cependant ce fut le feu qui consuma et détruisit tout en sept à huit heures de temps. La cause du sinistre était assez extraordinaire.

Un enfant s’était noyé en se baignant dans ces parages et quelque batelier conseilla à la mère de planter un cierge bénit dans une sébile de bois ainsi qu’un pain de saint Nicolas de Tolentino et de laisser le tout suivre le fil de l’eau. À l’endroit on s’arrêterait la sébile on retrouverait le corps de l’enfant. La sébile flotta et s’arrêta contre un bateau à foin amarré au quai de la Tournelle, vis-à-vis les Miramionnes. Le feu y prit. Le maître du bateau ne voulut point prendre les soins nécessaires pour faire conduire ce bateau au milieu de l’eau et le faire couler à fond. Les marchands de bois qui en avaient une grande quantité en pile sur le pont, craignirent que le feu ne gagnât les autres bateaux de foin et de charbon et que le vent ne portât la flamme jusqu’à leur bois. Ils coupèrent la corde. Le bateau en feu dériva, prit la petite rivière, enfila les deux petits ponts de l’Hôtel-Dieu qui étaient de pierre ; mais quand il fut au Petit-Pont du Petit-Châtelet, qui était tout cintré et étançonné de bois pour en empêcher la ruine, dont il était menacé depuis plusieurs années, le bateau ne put passer outre et le feu se communiqua aux premières maisons où logeait un marchand linger, la maison suivante ne tarda pas à flamber. Il était sept heures du soir. Le feu consuma d’abord toutes les maisons entre le Petit-Châtelet et l’Hôtel-Dieu et gagna en même temps, tant par dessous que par le travers de la rue, aux maisons de l’autre côté. L’avocat Barbier sortant à neuf heures de chez un ami vit tout le ciel en feu, il vint jusqu’à la Madeleine en la Cité et ne poussa pas plus loin parce que le guet gardait tous les passages et on prenait tout le monde pour travailler. C’était un spectacle affreux, le mince filet d’eau des pompes ne faisait qu’irriter la flamme ; et par l’ouverture de l’arcade du Petit-Châtelet, on croyait voir un grand four à chaux. On voyait tomber les poutres entières, la rivière au bas du pont fut bientôt comblée, l’eau ne passait plus que par une arche ; toute la charpente, qui tombait pièce à pièce ou par masses, brûlait même dans l’eau. Quand le bateau de foin fut consumé à un certain point, rien de le retint plus, il passa auprès du pont Saint-Michel et acheva de brûler, à ras d’eau jusqu’au lendemain dans l’après-midi[78].

Tout le guet était sur pied, gardes-françaises et suisses, capucins, récollets, faisant de leur mieux pour limiter l’incendie, garder ce qui se tirait des maisons ; plusieurs périrent. Le cardinal de Noailles alla exposer le saint-sacrement dans une salle très menacée de l’Hôtel-Dieu Ministres, magistrats, maréchaux s’entassaient dans le salon de l’Hôtel-Dieu, qui donne sur le Petit-Pont pour donner des ordres ou des encouragements. Villars mettait dans oc sinistre une note gaie Ne s’était-il pas avisé qu’on devait avant tout faire venir des canons pour abattre les maisons et les empêcher de brûler. De tous les quartiers de Paris, des processions de peuple roulaient vers la cité. Il y eut une vingtaine de maisons incendiées, des familles ruinées complètement, une perte totale évaluée à huit millions. Des quêtes furent organisées dans toutes les paroisses de Paris, elles donnèrent occasion à beaucoup de friponneries et à d’imposantes aumônes. Le petit Louis XV témoigna beaucoup de sollicitude et on lui en fut reconnaissant. « Il faut, dit-il, donner toute ma cassette pour aider tous ces pauvres à se rétablir. » Ce qui allait à une somme de soixante mille livres ; le Régent donna cinquante mille livres, le comte de Toulouse trente mille, le cardinal de Noailles six mille ; la paroisse Saint-Sulpice cent mille, la paroisse Saint-Benoît quatre mille, le chapitre de Notre-Dame dix-huit mille, la Faculté de théologie deux mille ; la Sorbonne mille ; les Jésuites, un louis de trente livres[79].

 

Le Jeu

Tout cela n’est qu’une obole qu’on jette loin du gouffre ou s’engloutissent les fortunes. Mais la Régence ne s’attarde pas aux misères et aux complaintes. A Paris, le jeu règne avec l’orgie. Des ordonnances surviennent pour interdire le pharaon, on les lit et on continue à jouer ; on compte soixante-deux maisons dont l’avenue est éclairée de lampions et le gouvernement les favorise et les multiplie.

 

La société en province et dans les campagnes

Maintenant la société est emportée comme par un tourbillon si désordonné qu’on n’en aperçoit pas tous les spectacles, mais ce qu’on en peut voir ne permet pas de tout décrire. L’impudeur s’étale et triomphe, on n’entrevoit plus qu’elle tant elle s’affirme et cependant, dans les provinces, dans les campagnes une autre société silencieuse, laborieuse, subsiste et prospère doucement. C’est la Vieille France, aux vertus antiques et inébranlables, qui reconstitue son capital dilapidé par les guerres, par les impôts et par les privilégiés. Bourgeois et paysans n’ont aucun souci de raconter leur existence monotone et féconde ; à l’abri de ce silence les vieilles mœurs s’entretiennent et se transmettent, la tradition se conserve et s’affirme ; en dépit de l’incrédulité qui s’affiche, de l’immoralité qui se répand, des familles, des paroisses, des diocèses, réalisent ce prodige d’entretenir les fortes vertus de race : sa foi religieuse, sa fidélité monarchique, sa probité commerciale, sa vigueur intellectuelle. Il ne faudra pas moins que cet héritage pour traverser la crise qui s’approche et en sortir indemne.

 

 

 



[1] Voir plus haut, chapitre VIII.

[2] Madame à la raugrave Louise, Paris, 20 octobre 1717, dans Correspondance, écrit G. Brunet, in-12, Paris, 1904, t. I, p. 337.

[3] Madame à la raugrave Louise, Saint-Cloud, 18 novembre 1717, op. cit., t. I, p. 348.

[4] Madame à la raugrave Louise, Paris, i3 janvier 1718, op. cit., t. I, p. 366.

[5] Madame à la raugrave Louise, Paris, 10 mars 1718, op. cit., t. I, p. 378.

[6] Madame à la raugrave Louise, Paris, mars 1718, op. cit., t. I, p. 331.

[7] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 340, 344 ; 9 et 19 juillet 1718 ; Saint-Simon, Additions au Journal de Dangeau, t. XVII, p. 344-345 ; Gazette de la Régence, p. 40 ; M. Caumartin de Saint-Ange à Mme de Balleroy, dans les Correspondants de la marquise de Balleroy, édit. de Barthélémy, 1883, t. I, p. 85 (inséré à tort dans une lettre de 1716) ; Madame à la raugrave Louise, Paris, 28 juillet 1718, op. cit., t. I, p. 433-435, Maurepas, Mémoires, t. I, p. 333 ; J. F. Barrière, La Cour et la Ville sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ou Révélations historiques tirées de manuscrits inédits, in-8°, Paris, 1830, p. 76 ; une lettre de Dom Senez bénédictin, sur les désordres de l’évêque de Beauvais.

[8] Madame à la raugrave Louise, 12 août 1716, dans Correspondance, t. I, p. 263.

[9] Madame à la raugrave Louise, 1er octobre 1717, dans op. cit., t. I, p. 325.

[10] Madame à la raugrave Louise, 9 octobre 1718, dans op. cit., t. II, p. 12.

[11] Madame à la raugrave Louise, 31 mars 1718, dans op. cit., t. I, p. 387-388 ; 10 novembre 1718, op. cit., t. II, p. 29.

[12] Buvat, Journal de la Régence, t. I, p. 167 ; septembre 1716.

[13] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 52 ; 26 mars 1717 ; M. de Breteuil à Mme de Balleroy, 24 mars 1717, op. cit., t. I, p. 138.

[14] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 159, 167, 224, 345, 264, 273, 292, 306, 351 ; 8, 29 septembre 1717, 3 janvier, 10 février, 10, 23 mars, 20 avril, 10 mai, 2 août 1718.

[15] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 363 ; 23 août 1718.

[16] Madame à la raugrave Louise, 6 septembre 1718, dans op. cit., t. I, p. 459 ; C. Torchet, Histoire de l’abbaye royale de N.-D. de Chelles, in-8°, Paris, 1889, t. II, p. 120-154, fait assister à la profession Madame et le duc d’Orléans qui n’y vinrent pas, voir Correspondance de Madame, t. I, p. 459, 6 septembre 1718.

[17] M. de Breteuil à Mme de Balleroy, 24 mars 1717, dans op. cit., t. I, p. 138.

[18] Buvat, Journal, t. I, p. 324, Berthault, op. cit., t. II, p. 201-205 (le contrat notarié).

[19] Lettres d'un ecclésiastique à un abbé de ses amis sur la vocation et la profession de S. A. R. Mademoiselle d’Orléans, religieuse bénédictine de l’Abbaye royale de Chelles et maintenant abbesse de ladite abbaye, in-18, Dijon, 1719, 100 pages.

[20] Berthault, L’abbaye de Chelles (ordre de Saint-Benoît), Diocèse de Paris, 1657-1790, in-12, Meaux, 1890, t. II, p. 99.

[21] Saint-Simon, Mémoires, 1905, t. XI, p. 119.

[22] Dangeau, Journal, t. XVIII, p. 22, 27, 62 ; 26 mars, 5 avril, 13 juin 1718 ; Madame à la raugrave Louise, 16, 28 mai 1718, dans op. cit., t. II. p. 111, 113.

[23] Dangeau, Journal, t. XVIII, p. 30 ; 12 avril 1719.

[24] Dangeau, Journal, t. XVIII, p. 52 ; 25 mai 1719.

[25] Dangeau, Journal, t. XVIII, p. 95 ; 1er août 1719.

[26] Gazette de la Régence, p. 187 ; 22 janvier 1717.

[27] Ibid., p. 134 ; 15 janvier 1717 ; Buvat, Journal, t. I, p. 242 ; la princesse fit déshabiller cet homme et l’exposer en cet état à la risée de la foule.

[28] M. d'Argenson à Mme de Balleroy, 22 janvier 1717, dans Les correspondants, t. I, p. 104 ; Buvat, Journal, t. I, p. 242.

[29] M. Caumartin de Boissy à Mme de Balleroy, 1er juillet 1717, dans op. cit., t. I, p. 172.

[30] J. Buvat, Journal, t. I, p. 125, mars 1716 ; Gazette de la Régence, p. 47.

[31] M. d'Argenson à Mme de Balleroy, 22 janvier 1717 ; dans op. cit., t. I, p. 105.

[32] Madame à la raugrave Louise, 9 octobre1718, dans op. cit., t. II, p. 13.

[33] Gazette de la Régence, p. 197 ; 16 août 1717.

[34] Ibid., p. 210 ; 10 décembre 1717.

[35] Ibid., p. 312 ; 27 décembre 1717.

[36] Ibid., p.212 ; 31 décembre 1717.

[37] Ibid., p. 216 ; 9 janvier 1718.

[38] M. Marais, Journal et Mémoires, t. II, p. 9 ; 7 décembre 1720.

[39] Gazette de la Régence, p. 252 ; 9 mai 1718.

[40] Ibid., p. 207 ; 24 juin 1718.

[41] Madame à la raugrave Louise, 14 octobre 1716, dans op. cit., t. I, p. 272 ; voir A. Feillet, t. I, p. 28, note 1.

[42] Journal historique de Verdun, novembre 1717, p. 315.

[43] Œuvres du cardinal de Retz, édit. Alph. Feillet, in-8°, Paris, 1870, t. I, p. 3-4.

[44] Ibid., p. 4-5.

[45] Ibid., p. 6 ; M. de Caumartin à Mme de Balleroy, 27 décembre 1717, dans op. cit., t. I, p. 243 : « les Mémoires du cardinal de Retz font ici beaucoup d’effet ».

[46] Saint-Simon, Additions au Journal de Dangeau, t. XVII, p. 363-364 ; Mémoires, édit. Chéruel, t. XVI, p. 291 ; Lémontey, op. cit., t. I, p. 183-184.

[47] Bibliothèque ancienne et Moderne, 1718, t. VIII, p. 463 ; 1719, t. XI, p. 233-236.

[48] Philippiques, II, II, édit. de Lescure, 1858, p. 310, 321.

[49] Gazette de la Régence, p. 79 ; 18 mai 1716.

[50] Revue rétrospective, 1re série, t. II, p. 123.

[51] Le père de Voltaire, M. Arouet écrit à M. de Nicolay premier président de la Chambre des Comptes, le 20 octobre 1716 : « il a plu au Régent de rappeler mon fils de son exil, qui a été pour moi moins affligeant que ce rappel beaucoup trop précipité, qui va achever de perdre ce jeune homme enivré du succès de sa poésie, des louanges et de l’accueil que lui font les grands qui, avec le respect que je leur dois, sont pour lui de francs empoisonneurs. » Annuaire-bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1872, p. 59.

[52] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 92 ; 19 mai 1717.

[53] Buvat, Journal, t. I, p. 277, Juin 1717.

[54] Revue rétrospective, 1ère série, t. II, p. 125.

[55] Beauregard, Mémoire instructif des discours que m'a tenus le sieur Arroy depuis qu’il est de retour de chez M. de Caumartin, dans Voltaire, Œuvres, édit. Beuchot, t. I, p. 328.

[56] Le mot est de Saint-Simon.

[57] Gazette de la Régence, p. 183, 185-186 ; Buvat, Journal, t. I, p. 277.

[58] M. Caumartin de Boissy à Mme de Balleroy, 21 juillet 1717, dans op. cit., t. I, p. 187.

[59] Gazette, p. 164, 23 avril 1717 : De principe, qualis futurus sit, utrum jam inde ab ejus pueritia augurari liceat. Oratio habita in regni Lud. Magn. coll. S. J. a Carolo Porée. Soc. ejusd, sacerdote, VI kal. mart. ann MDCCXVI ; Du même, In laudem Ludovici XV, Argumenta poetica, Paris 1717.

[60] Gazette de la Régence, p. 54, « Tous les jésuites sont détestés » dit Madame, Correspondance, t. I, p. 331.

[61] Gazette de la Régence, p. 90 ; Buvat, Journal, t. I, p. 178.

[62] Buvat, Journal, t. I, p. 159.

[63] Ibid., t. I, p. 178.

[64] Ibid., t. I, p. 178.

[65] Ibid., t. I, p. 300.

[66] Ibid., t. I, p. 176.

[67] Buvat, t. I, p. 321 ; voir M. de. Caumartin à Mme de Balleroy, 13 avril 1717, dans op. cit., t. I, p. 147-148.

[68] Buvat, t. I, p. 292.

[69] Ibid., t. I, p. 293.

[70] Paul d’Estrée, Le Pot Pourry de Menin, dans Souvenirs et mémoires, 1900, t. V, p. 301-302. Duclos, Mémoires secrets, t. I, p. 210, dit : « le curé de Saint-Côme, Godeau ».

[71] M. de Caumartin de Boissy à Mme de Balleroy, 8 mars 1717, dans op. cit., t. I, p. 125, 131.

[72] Gazette de la Régence, p. 119 ; 2octobre 1718.

[73] Gazette de la Régence, p. 121, 2 novembre 1716.

[74] Dangeau, Journal, t. XVI, p. 483 ; 3 novembre 1716.

[75] M. de Caumartin de Saint-Ange à Mme de Balleroy, 3 septembre 1716, dans op. cit., t. I, p. 86.

[76] Dangeau, Journal, t. XVII, p. 4 ; 4 janvier 1717.

[77] M. de Caumartin de Saint-Ange à Mme de Balleroy, 28 août 1716, dans op. cit., t. I, p. 86.

[78] J. Buvat, Journal, t. I, p. 313-315, 321-322 ; Dangeau, Journal, t. XVII p. 298-300 ; 27-29 avril 1718 : Gazette de la Régence, p. 251, 2 mai ; Narbonne, Journal, p. 49-50, Barbier, Journal, t. I, p. 17.

[79] J. Buvat, Journal, t. I, p. 322.