HISTOIRE DE FRANCE

 

LIVRE II. — MARIE DE MÉDICIS ET LOUIS XIII.

CHAPITRE V. — L'AVÈNEMENT DE RICHELIEU[1].

 

 

I. — FAVEUR PASSAGÈRE DE CONDÉ.

LUYNES mort, qui gouvernera le roi et la France ? Il y a beaucoup de prétendants : Condé, qui a quitté son gouvernement du Berry, pour courir au-devant de Louis XIII, et qui rentre avec lui à Paris ; Marie de Médicis, qui l'y attend, après avoir envoyé Richelieu jusqu'à Orléans pour le saluer ; et les membres du Conseil : le président Jeannin, le chancelier Brûlait de Sillery, doublé de son fils, Puisieux, secrétaire d'État aux affaires étrangères, le cardinal de Retz, fin, doux et timoré, et le nouveau garde des sceaux, De Vic.

Le Roi parut d'abord se tourner vers sa mère. A la joie qu'elle lui témoigna, le jour de son arrivée, de le revoir bien portant et devenu véritablement le maître (27 janvier 1622), il répondit qu'il lui ferait paraître par les effets que jamais fils n'aima ni honora mieux sa mère. Elle le crut trop facilement. Il avait vingt et un ans et n'était plus aussi maniable. Déjà il se révélait jaloux de son pouvoir et paresseux à l'exercer. Il redoutait l'humeur autoritaire de Richelieu, dont le nonce Corsini écrivait qu'il était de taille à tyranniser le Roi et sa mère. Marie aurait eu besoin de garder son fils près d'elle pour établir solidement son influence. Mais la guerre s'imposait.

Les protestants n'étaient pas soumis ; l'Espagne se moquait du succès du traité de Madrid. Le successeur de Philippe III († 31 mai 1621), Philippe IV, s'annonçait belliqueux. A l'expiration de la trêve de douze ans (1621), il avait fait sommer les Hollandais de reconnaître sa souveraineté et, sur leur refus, avait attaqué. L'Empereur avait soumis la Bohême. L'Électeur palatin, dépouillé du Haut-Palatinat par Maximilien de Bavière et du Palatinat rhénan par Tilly, général de la Ligue catholique, et Gonzalve de Cordoue, commandant des forces espagnoles, avait été obligé de se réfugier en Hollande. Les Grisons, pressés par Feria et l'archiduc Léopold, avaient subi le traité de Milan (29 janvier 1622), qui leur enlevait la suzeraineté de la Valteline et interdisait aux protestants le séjour de la vallée.

Ainsi joué par les Espagnols et bravé par les protestants, Louis XIII devait choisir entre ses ennemis. Marie, soufflée par Richelieu, conseilla d'ajourner la ruine des huguenots et de forcer le roi d'Espagne à tenir la parole qui a été donnée pour la Valteline. D'entrer dans une guerre civile n'est pas le chemin pour y arriver, comme il a paru durant le siège de Montauban où, au lieu de mettre en exécution le traité de Madrid, ils (les Espagnols) ont poussé leurs armes plus loin et avancé de beaucoup le dessein qu'ils ont d'arriver à la monarchie de l'Europe ; qu'à la vérité, il faut plutôt périr que de rien relâcher de la dignité royale, mais qu'il lui semble qu'elle (la dignité) est sauvée si on leur (aux huguenots) donne la paix et abolition de leurs crimes, sans rien rendre des places qui leur ont été prises.

Cet avis était la révélation d'une politique qui aurait le ferme souci des intérêts de la France et saurait sérier les difficultés. Les anciens ministres d'Henri IV, si partisans qu'ils fussent des alliances catholiques, commençaient à s'émouvoir des progrès de la Maison d'Autriche et même en concevaient quelque humeur contre la Cour de Rome. Le nonce Corsini le constatait avec aigreur (lettre du 25 janvier 1622). Les politiques et les partisans des huguenots ont le champ libre et ne manquent pas d'arguments pour déconseiller la guerre contre les hérétiques en France. Ainsi font le Chancelier, le président Jeannin, Créquy, gendre de Lesdiguières, Bassompierre, ami de Créquy, Blenville (Blainville), Lesdiguières et Bouillon. Le prince de Condé, le comte de Schomberg, le cardinal de Retz et le Garde des sceaux veulent au contraire la continuation de la guerre intérieure.

Maladroitement, Soubise prit l'offensive. Condé entraîna Louis XIII, qui se crut provoqué et partit précipitamment de Paris le 21 mars 1622. En digne fils d'Henri IV, il marcha droit à l'ennemi. Sa mère l'importunait de ses conseils, lui écrivait qu'il n'estoit pas raisonnable de commettre si facilement sa personne avec peu de forces contre un ennemi si nombreux. Plus habile, Condé flattait son courage. Soubise, avait pris l'île d'Oléron, Royan et les Sables-d'Olonne et s'était avancé jusqu'à Ille de Riez. Louis XIII l'y surprit, avant qu'il eût pu achever sa retraite, et, passant le chenal à gué, le chargea l'épée à la main (16 avril). L'infanterie fut prise ou tuée ; Soubise se sauva avec une centaine de chevaux. 575 de ses soldats faits prisonniers furent condamnés aux galères.

Condé poussa vers le Sud avec le Roi, qui ne demandait qu'à aller de l'avant, et, laissant le comte de Soissons en faction devant La Rochelle, il attaqua Royan, qui fut pris en cinq jours (7-11 mai 1622).

Les grands seigneurs protestants traitaient ; La Force rendit Sainte-Foy contre un bâton de maréchal ; le marquis de Castelnaut de Chalosse, Mont-de-Marsan pour vingt mille écus. Sully, impropre au rôle de rebelle, remit les places du Quercy en l'obéissance du roi. Châtillon, gouverneur d'Aigues-Mortes, en entravant la révolte du Bas-Languedoc mérita le maréchalat qu'il reçut quelques mois plus tard. Seul Rohan combattait et négociait pour le parti tout entier. Mais Condé préférait la force. L'armée royale contourna Montauban ; elle prit Négrepelisse (8-12 juin) et y tua tout, emporta d'assaut Saint-Antonin et se dirigea vers le Bas-Languedoc.

A Toulouse, le Roi fit enregistrer par le Parlement des lettres patentes déclarant criminels de lèse-majesté le duc de Rohan et son frère Soubise, qui était passé en Angleterre pour solliciter l'intervention de Jacques Ier.

Ce n'était pas seulement par passion religieuse que Condé menait si vigoureusement la guerre. Il confessait à Fontenay-Mareuil, alors mestre de camp et qui a laissé d'intéressants mémoires, que, s'il lui arrivait le même bonheur qu'à Henri IV, de devenir roi, il ne voulait pas qu'on lui reprochât de n'avoir pas ruiné les huguenots quand il l'aurait pu. Mais il ne disoit pas tout, ajoute le judicieux témoin, car il est certain que plusieurs de ces faiseurs d'horoscopes lui avoient prédit la couronne, et qu'il n'en estoit pas sans espérance, voyant le Roy n'avoir point d'enfants, et Monsieur n'estre point marié.

Mais il fatiguait de ses hauteurs Louis XIII et les ministres. Les Sillery voulurent s'aider contre lui de la Reine-mère et appuyèrent à Rome la promotion de Richelieu au cardinalat. Lesdiguières, grand partisan de l'action au dehors, travaillait depuis le commencement de la guerre à réconcilier le Roi avec ses sujets huguenots. Il se convertit au catholicisme (25 juillet), eut promesse de l'épée de connétable et ne fut que plus autorisé à recommander la paix. Condé s'entêtait ; il investit Montpellier (1er août).

Les assiégés se défendirent bien ; ils firent des sorties furieuses, détruisirent les travaux des assiégeants, tuèrent beaucoup d'hommes de marque ; Montpellier risquait d'être un autre Montauban. Lesdiguières s'entremit. La paix fut arrêtée. Condé furieux demanda et obtint la permission de partir pour l'Italie, sous prétexte d'un vœu qu'il avait fait pendant sa prison à Notre-Dame-de-Lorette. Sa grande faveur était finie. La paix de Montpellier (18 octobre) confirmait l'Édit de Nantes, accordait les assemblées ecclésiastiques sans autorisation, et les politiques avec autorisation du roi, rétablissait chacun en ses charges, honneurs, dignités, permettait à La Rochelle et à Montauban de garder leurs fortifications, mais ordonnait de démolir la moitié de celles des villes de Nîmes, Castres, Uzès et Millau. Montpellier n'aurait ni garnison royale ni citadelle, la garde de la ville demeurant aux mains des consuls. Rohan eut le gouvernement de Nîmes, Uzès et Castres, sans garnison, avec une pension de 45.000 livres ; Soubise obtint aussi une pension.

 

II. — LE GOUVERNEMENT DES BRÛLART.

LE départ de Condé laissait le champ libre aux Brûlart. Le cardinal  de Retz et le garde des sceaux, De Vic, étaient morts pendant la

campagne ; le président Jeannin, à Paris, dans son lit (21 octobre 1622). Le chancelier Brûlait de Sillery était le seul personnage marquant de la partie du Conseil du roi restée à Paris. Son fils Puisieux, élève et successeur de Villeroy, ministre et secrétaire d'État, avait suivi le Roi et tendait à accaparer la direction des affaires étrangères. Le Commandeur de Sillery, frère du Chancelier, était ambassadeur à Rome. D'accord avec Lesdiguières, ces trois hommes étaient en état, s'ils le voulaient, de persuader à Louis XIII et d'expliquer au pape Grégoire XV que la France avait besoin d'agir vigoureusement au dehors. En Allemagne, Tilly et Gonzalve de Cordoue avaient occupé les places fortes du Bas-Palatinat, Heidelberg et Mannheim ; ils avaient battu à Wimpfen (6 mai 1622) le margrave de Bade-Dourlach, et à Höchst (20 juin 1622) deux autres défenseurs de l'Électeur palatin, Christian de Brunswick, administrateur d'Halberstadt, et un aventurier, le comte Ernest de Mansfeld, qui déjà avait levé des troupes et combattu en Bohème contre les Impériaux. L'Union Évangélique s'était dissoute (1622).

La Cour d'Espagne, considérant le traité de Madrid comme caduc, persuada à l'ambassadeur de France, M. du Fargis, de conclure la convention d'Ocata (mai 1622), qui ordonnait la remise des forts de la Valteline au grand-duc de Toscane jusqu'à ce que le pape et les rois de France et d'Espagne se fussent mis d'accord sur les mesures destinées à garantir les catholiques valtelins contre les Grisons. Le nonce Corsini, pour décider Louis XIII, proposa (Compromis de Béziers, juillet 1622) de substituer le duc de Lorraine au grand-duc de Toscane, trop dépendant des Espagnols.

Les Grisons, qui avaient pris encore une fois les armes, furent battus par l'archiduc Léopold et forcés de lui céder huit des Dix Droitures.

Aux Pays-Bas, Maurice de Nassau vieilli résistait avec peine à Spinola. La Cour de France était inquiète. Beaucoup de seigneurs criaient au roi : Sire, à la Valteline. Lesdiguières recommandait l'alliance avec le duc de Savoie ; les Vénitiens eux-mêmes appelaient les Français. Louis XIII donna rendez-vous au duc de Savoie à Avignon. Le 19 novembre 1622, il s'y tint un grand conseil auquel assistèrent Charles-Emmanuel et l'ambassadeur de Venise, Giovanni Pesaro. On décida de réclamer de l'Espagne l'exécution pure et simple du traité de Madrid. A Lyon, où il entra le 6 décembre 1622, le Roi fut rejoint par son beau-frère, le prince de Piémont et par sa sœur, Christine de France. C'est là que fut arrêtée la formation d'une ligue. Mais, comme si les Brûlart avaient peur de leur propre audace, la signature du traité fut ajournée au retour du Roi à Paris.

A Lyon, Marie de Médicis attendait Louis XIII, qui lui fit beaucoup de caresses. Son favori, l'évêque de Luçon, avait été promu cardinal (5 septembre 1622).

Elle rentra au Conseil ; elle eut sa part de pouvoir. Puisieux la lui aurait faite plus grande, si elle avait consenti à éloigner Richelieu, dont l'ambition l'inquiétait. Le Roi lui-même ne se livrait pas tout entier par haine de ce tiers et se moquait même de la dépendance de sa mère. Mais Marie gardait Richelieu, malgré son fils, comme elle avait gardé les Concini, malgré son mari. Richelieu, sûr d'arriver avec elle et par elle, commandait à sa maison en maitre. Les femmes, l'apothicaire, les autres domestiques italiens allaient se condouloir avec l'agent florentin de la domination superbe et intéressée du Cardinal, qui veut tenir bas, soit par ambition, soit par avarice, tous les autres serviteurs de la Reine.

Richelieu envoyait Marie réciter au Roi les leçons de politique extérieure qu'il lui faisait. Avec raison il trouvait à redire à la politique du Conseil du roi. La vieillesse des ministres étoit si grande, écrit-il, que, appréhendant la longueur des voyages où tels desseins pourvoient les embarquer, ils donnèrent des conseils conformes à la faiblesse de leur âge. Richelieu voulait-il donc la guerre avec l'Espagne ? Non ; entre les partisans de la guerre et de la paix à tout prix, il prenait le milieu, n'estimant pas qu'on dût aller si vite que d'agresser ouvertement un si puissant ennemi, ni aussi l'appréhender de telle sorte que laisser aller les intérêts de l'État pour cette crainte.

Il falloit, estimait-il, témoigner aux Espagnols qu'on désire avec passion de continuer la bonne intelligence, qui, dès longtemps, avoit été entre ces deux Couronnes, leur représenter le tort qu'ils avoient d'entreprendre sur nos alliés et, au même temps qu'on userait de cette procédure civile, leur déclarer qu'on est résolu de ne le pas souffrir (ce tort). Laisser, pour montrer qu'on y pense fortement, dix mille hommes effectifs sur la frontière d'Italie... ; en mettre autant en garnison en toute la Picardie, sur la frontière de Flandre.... Par ce moyen, les Espagnols, voyant les préparatifs et entendant parler civilement, en appréhenderaient plutôt des effets désavantageux pour eux que par des menaces ;... au lieu que si on les menaçoit ouvertement et qu'on ne fit rien, ils auroient les paroles du roi et ses forces en grand mépris.

Sa politique, à la différence de celle des Brûlart, était pacifique de forme et ferme d'intention. Il jugeait que les Brûlart se borneraient à des bravades et qu'ils tiraient l'épée, résolus à la remettre au fourreau. C'était, si les Espagnols ne prenaient pas peur, s'exposer à une reculade humiliante.

Le 7 février t623, était conclue à Paris entre la France, la Savoie et Venise une ligue offensive et défensive pour arriver à « la restitution de la Valteline et autres lieux occupez appartenant aux Grisons ». Les Espagnols se remirent vite de leur surprise. Ils avaient proposé oralement que les forts de la Valteline fussent remis au pape. Aussitôt après le traité du 7 février, ils s'y engagèrent par écrit, à condition toutefois que le pape assurerait la tranquillité du pays ou restituerait les forts au roi catholique. Cette promesse était déjà bien équivoque. Puisieux, après avoir hésité quelque temps, consentit à accepter le pape pour séquestre (mars 1623). Mais Rome et l'Espagne étaient d'accord pour jouer le gouvernement français ; Feria ne livra pas tous les forts au duc de Fiano, frère de Grégoire XV ; il garda Ripa et Chiavenna, au débouché des deux vallées. De son côté, le Pape prétendait ou que les Grisons se fissent catholiques ou que les Valtelins fussent constitués en une quatrième ligue, égale en droits aux trois autres ligues grises. Le traité de Paris, par ses résultats, justifiait le mot de l'ambassadeur vénitien, de démonstration faite sur le papier : apparato fano in carla.

A ce gouvernement, embarrassé de l'affaire de la Valteline, des sollicitations venaient d'Allemagne, du côté des protestants et des catholiques. L'Empereur, pour récompenser le duc de Bavière, lui destinait la dignité électorale qu'il ôterait au Palatin. Mais l'Espagne n'était pas de cet avis. Outre que la constitution d'un grand État catholique, par la réunion de la Bavière et du Palatinat, pouvait barrer la route entre ses possessions du Milanais et des Pays-Bas, elle trouvait avantageux de rétablir l'Électeur palatin pour gagner Jacques Ier et priver les Provinces-Unies de l'alliance anglaise. Jacques 1 était si touché de ce projet qu'il rêvait de marier le prince de Galles avec l'infante Marie, sœur de Philippe IV. Maximilien de Bavière chercha un appui en France. Il envoya un capucin, le P. Valériane Magni, offrir à Puisieux de l'admettre dans la Ligue catholique allemande pour y faire contrepoids à l'Espagne, qui y était entrée avec l'Empereur. Puisieux promit seulement de favoriser le Bavarois s'il se déclarait contre l'Empereur. Or, Maximilien avait plus besoin, en ce moment, de l'Empereur que du roi de France. Le P. Valeriano s'en retourna mécontent. Ferdinand, malgré l'Espagne, transféra au duc de Bavière la dignité électorale (25 février 1623).

Cependant le duc de Buckingham, favori de Jacques Pr, et le prince de Galles avaient résolu, en vrais paladins, d'aller en Espagne conquérir la main de l'Infante et le Palatinat. Partis secrètement d'Angleterre, ils s'arrêtèrent deux jours à Paris, assistèrent incognito, au Louvre, au grand ballet de Marie de Médicis (5 mars), et chevauchèrent de là jusqu'à Madrid où ils arrivèrent le 17 mars. La Cour de France ne sut leur passage qu'après leur départ. Les ministres parlèrent de ce voyage comme d'une chose de nulle conséquence. Mais la Reine-mère, qui pensait marier sa fille, Henriette, au prince de Galles, en reçut un déplaisir sanglant.

Les Brûlart étaient tout-puissants. Ils firent renvoyer Schomberg, surintendant des finances et ami de Condé, et nommer à sa place le marquis de La Vieuville, à qui ils imposèrent l'obligation de tout rapporter au Conseil, que le Chancelier présidait (21 janvier). Ils trafiquaient des charges et laissaient, comme il était d'usage, leurs parents et leurs amis s'enrichir. Ces pratiques passaient en ce temps-là pour peccadilles, mais Richelieu, alors dans l'opposition, s'en scandalisait.

Lentement il avançait, préparant sa place. Le cardinal de La Rochefoucauld avait été appelé au Conseil, et, comme prince de l'Église, prétendait siéger immédiatement après les princes du sang. Cette question de préséance en soulevait d'autres. Les Brûlart déclaraient qu'avec un cardinal dans le Conseil, la Cour de Rome saurait tout le secret des affaires. Marie se déclara pour La Rochefoucauld et décida son fils. Tout le monde savait qui l'avait poussée. L'intérêt du cardinal de Richelieu, écrit l'ambassadeur vénitien, est de maintenir la place à un cardinal et de commencer à donner un contrepoids au Chancelier.

Il se vengeait de l'attente en empruntant ou en fournissant aux libelles du temps des railleries qui ne sont pas souvent d'un goût très fin. Ses relations avec Fancan, chanoine de Saint-Germain-l'Auxerrois et le porte-parole des politiques ou des bons Français, comme on les appelait, ne sont pas douteuses. Dans La France mourante, dialogue entre la France, le chancelier de L'Hôpital et Bayard (qui parut peut-être en février 1623), Fancan attaqua la politique et l'avidité des Brûlart. Richelieu signale ce livre satirique, où, dit-il, les ministres sont dépeints de leurs véritables couleurs.

Sur la politique extérieure, même accord entre les mémoires de Richelieu et La France mourante. Fancan, pas plus que Richelieu, n'est d'avis de faire guerre ouverte à l'Espagne et à l'Empereur. Mais il veut comme lui que la France assiste à bon escient ses alliés et les fasse mouvoir tant en Allemagne qu'en Italie. Tous deux mettent au premier plan la question de la Valteline, car tout ainsi que l'usurpation de la Valteline a donné le joug aux Grisons, la perte des Grisons attire avec soi la ruine entière de toutes les ligues de Suisse, outre le chemin qu'elle ouvre à l'Espagnol, pour parvenir au dessein de la monarchie de l'Europe.

Fancan ne différait de Richelieu que sur la politique religieuse. Fuyez comme la mort, écrivait-il, les guerres civiles ; n'y entrez pas légèrement sous l'auguste prétexte de religion qui a toujours servi de pernicieuse enveloppe pour couvrir la malice des ennemis de l'État. Il reprochait aux ministres de ne pas exécuter tous les articles du traité de Montpellier, de se refuser, par exemple, à démolir le fort Louis construit aux portes de La Rochelle. Or Richelieu approuvait cette mauvaise foi.

Les Brûlart essayèrent de se rapprocher de la Reine-mère, et, n'y ayant pas réussi, méditèrent de rappeler à la Cour et de lui opposer le prince de Condé qui, de retour d'Italie, vivait retiré en Berry. Ils poussèrent la Reine-mère à marier son second fils, Gaston d'Orléans, avec Mademoiselle de Montpensier pour indisposer contre elle Louis XIII, qui ne voulait pas marier son frère tant qu'il n'aurait pas lui-même d'enfant. Le Roi consentit avec peine à ce mariage en l'ajournant.

Louis XIII était un mari maussade et peu empressé. La jeune reine, Anne d'Autriche, se distrayait avec quelques femmes aussi jeunes qu'elle : Madame la Connétable, veuve de Luynes ; Madame de Verneuil et Mademoiselle de Verneuil, qui devint plus tard duchesse de La Valette. Cette petite Cour était très recherchée. Les propos y étaient gais, et Louis XIII, à son départ, en 1622, avait ordonné à Anne d'Autriche de renvoyer ses amies ; elle n'obéit pas. Au retour, le Roi constata la même liberté d'allures. Les hommes affluaient au cabinet de la Reine ; Louis XIII le leur ferma. Les Brûlart voulurent persuader à Anne d'Autriche que l'ordre avait été inspiré par Marie de Médicis. Quand Louis XIII eut résolu d'éloigner la duchesse de Chevreuse, ils firent courir le bruit que la Reine-mère avait tout fait. Mais Richelieu l'empêchait de se perdre en ces intrigues. Le nonce écrivait (7 juillet 1623) : Soit qu'elle veuille vivre tranquille ou qu'elle se conduise d'après les avis du cardinal de Richelieu, qui veut être bien avec les deux partis, [elle] ne se remue pas beaucoup et n'agit guère.

Violent et impérieux, il se faisait doux et humble. Le Roi n'oubliait pas qu'il avait été le secrétaire d'État de Concini et le conseiller de sa mère en exil. Voilà, disait-il au maréchal de Praslin, en lui montrant le Cardinal, un homme qui voudroit bien être de mon Conseil, mais je ne m'y puis résoudre après tout ce qu'il a fait contre moy. Richelieu avoue à moitié cette antipathie. ... Dans mon affliction, écrit-il en 1622, j'ai eu ce bonheur que si mes ennemis m'ont osté quelquefois les bonnes grâces de mon maître, ils n'ont jamais pu faire qu'il ne m'eût en estime. Mais il y a des admirations qui s'accompagnent de peur. Et Richelieu sentait le besoin d'amortir l'éclat de son mérite et d'émousser la pointe de son humeur.

Plus habilement encore, il cherchait à gagner le jeune Roi, en lui suggérant des idées de gloire et les moyens de sauvegarder la grandeur de la Couronne. C'était sa façon de se poser en adversaire des ministres, et ce n'était pas la moins adroite. Louis XIII ressentait vivement l'impuissance de sa diplomatie ; il en voulait aux Brûlart de faire tourner à la honte de la France ce grand projet sur la Valteline annoncé par la Ligue de Paris. Sans se soucier de cette menace de guerre, l'Espagne, le pape décidaient de la souveraineté des Grisons et de la question des passages. Après la mort de Grégoire XV (8 juillet 1623), Urbain VIII, élu le 6 août 1613, ne se montrait pas moins espagnol que son prédécesseur. Le surintendant général des finances, La Vieuville, dénonçait au Roi les prélèvements que Brûlart et Puisieux faisaient sur les subsides destinés aux Hollandais et aux autres alliés de la Couronne. Le soir du 1er janvier 1624, Louis XIII, qui, le jour même, avait fait bon accueil au Chancelier, lui fit redemander les sceaux. Puisieux crut se sauver en abandonnant son père, mais un mois après il était renvoyé à son tour (fév. 1624).

Condé, par haine des huguenots, avait oublié les intérêts de la France au dehors ; les Brûlart tombaient pour n'y avoir pas assez fortement pensé.

 

III. — RICHELIEU CONTRE LA VIEUVILLE.

LA Vieuville, devenu le membre le plus influent du Conseil, réorganisa le gouvernement. Il distribua de nouveau entre les trois secrétaires d'État, Herbault, D'Ocquerre, La Ville aux Clercs, — et un nouveau venu, Beauclerc, les affaires étrangères que Puisieux avait accaparées. D'Aligre avait reçu les sceaux, lors du renvoi de Sillery. Mais Richelieu, qui avait aidé à la chute des Brûlart, n'entra pas au Conseil ; il continuait à pâtir de son mérite. L'attitude de La Vieuville fut, au début, très ferme. Le commandeur de Sillery représentait fidèlement à Rome la politique indécise de ses parents. Averti trop tard de leur disgrâce ou désireux de se sauver par un coup d'éclat, il avait signé le règlement relatif à la Valteline que proposait Urbain VIII : démolition des forts, restitution de la souveraineté aux Grisons avec défense de pénétrer dans la vallée en armes ; liberté des passages aux Espagnols pour sortir d'Italie. Naturellement le Pape n'avait songé qu'à protéger les Valtelins contre leurs maîtres protestants et à laisser aux Espagnols le moyen de secourir l'Allemagne catholique. La Vieuville rappela Sillery et envoya le comte de Béthune dénoncer cet arrangement (24 avril). Il choisit pour ambassadeur extraordinaire en Suisse un homme résolu, Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvres, diplomate et soldat, qui devait exciter les Suisses protestants et catholiques à la délivrance des Grisons.

La Vieuville renoua avec les Hollandais, qui, découragés par leurs revers, étaient près de s'accommoder avec l'Espagne. Il signa avec eux, le 10 juin 1624, un traité d'alliance offensive et défensive, qui les secourait cette année de 1.200.000 livres et. leur assurait pendant deux ans un subside d'un million.

Il saisit l'occasion de marier Henriette de France en Angleterre. Le prince de Galles, était revenu, désabusé, de Madrid, où il avait passé six mois (mars-septembre 1643). La Cour espagnole, après avoir essayé de le convertir, avait voulu, entre autres clauses du contrat, lui imposer la concession de la liberté de conscience aux catholiques anglais, le droit pour la future reine de garder ses enfants jusqu'à douze ans, et de les élever dans la religion catholique. Ces exigences sans compensation (car la dignité palatine avait été conférée au duc de Bavière) amenèrent une rupture. Jacques Ier se tourna vers la France. Au mois de mars (1624), Milord Rich vint à Paris et Marie de Médicis fit faire le portrait de sa fille pour l'envoyer en Angleterre.

La Vieuville, engagé en tant d'affaires délicates et périlleuses, avait besoin de se concilier la Reine-mère, qui, mécontente du sort de Richelieu, boudait depuis deux mois sans aller à la Cour. Il lui offrit de faire entrer son favori au Conseil et vint à bout des défiances du Roi. Mais, pour limiter l'action de ce génie entreprenant, il imagina de faire un Conseil des dépêches, composé de personnes qui n'entrassent point dans le Conseil (secret des affaires) et n'approchassent point de la personne du roi, et dont Richelieu serait le chef.

Richelieu objecta sa mauvaise santé, le tracas des visites et des solliciteurs, l'impuissance où il serait de paraître régulièrement à la Cour et de rendre ses devoirs au roi. Les affaires étrangères, dont on voulait charger le Conseil des dépêches, exigent, remarquait-il, des résolutions si généreuses et prudentes qu'elles ne peuvent être attendues que du Roi et du Conseil qui est auprès de Sa Majesté. Il pourrait arriver aussi qu'on prit une résolution au Conseil des dépêches, et une autre toute contraire, au Conseil, en la présence du roi. Et, d'ailleurs, la conduite à tenir au dehors ne dépend-elle pas de la disposition en laquelle on est pour le dedans ; ce qui fait que, par nécessité, il faut que ce soit les membres du Conseil secret des affaires et non autres, qui aient le soin des affaires étrangères.

Le Roi l'obligea d'accepter, et le nomma en même temps de son Conseil, où seuls avaient entrée La Vieuville, le garde des sceaux, D'Aligre, le cardinal de La Rochefoucauld et le Connétable. Mais, raconte le secrétaire d'État, Brienne, l'intention de La Vieuville n'étoit pas, selon que le Roi voulut bien nous le dire, de donner au cardinal de Richelieu le secret des affaires, mais de juger les affaires avec lui, comme il faisoit avec le cardinal de La Rochefoucauld et le Connétable qui n'avoient pas son entière confiance. Richelieu était donc réduit à dire son avis, et quand on le lui demandait. Il ne pouvait traiter avec personne, n'étant qu'un ministre d'État consultant, ni négocier en sa maison. Son action commençait et s'arrêtait aux portes du Conseil.

Richelieu se résigna, mais il disputa la préséance au Connétable, prétendant que les cardinaux l'avaient toujours eue, même sur les princes du sang. Lesdiguières déclara céder pour obéir aux ordres de Sa Majesté qui étoit bien aise d'avoir cette complaisance pour la Reine sa mère.

C'était un premier succès. Richelieu en eut un, bien plus inquiétant encore pour La Vieuville, lors de la discussion du traité avec les Hollandais. Il s'agissait d'une alliance avec les hérétiques ; on attendait là le Cardinal. Il soutint courageusement que bien que de prime abord il sembla qu'à Rome on pût trouver à redire à une union plus étroite avec cet État protestant, il pensoit toutefois pouvoir assurer qu'on ne l'improuveroit pas, étant certain qu'à Rome, plus qu'en tous les lieux du monde, on juge autant les choses par la puissance et l'autorité que par la raison ecclésiastique. Mais il était d'avis d'ajouter aux articles « qui avoient été faits ci-devant, quelques articles importants à l'État et à la religion ».

En effet, les négociateurs Lesdiguières, La Vieuville et Bullion s'étaient bornés à demander que l'exercice de la religion catholique fût permis dans la maison de l'ambassadeur aux Français seulement. Or comme l'ambassadeur avait toujours été huguenot, la messe n'avait jamais été dite. Le Cardinal conseilla au Roi de n'accorder aux Hollandais le secours qu'ils demandoient qu'à condition qu'il seroit permis aux gens de guerre françois d'avoir aussi des aumôniers pour leur célébrer la messe et administrer les sacremens. Et, malgré la résistance des représentants des Provinces-Unies sur ce point, il en fut couché un article exprès dans le projet de traité résolu à Compiègne le 20 juillet 1624[2]

Le souci des intérêts religieux est encore plus marqué dans les négociations avec l'Angleterre. Deux ambassadeurs extraordinaires, les comtes de Carlisle et de Holland, étaient venus demander la main d'Henriette de France pour le prince de Galles. Le Cardinal, bien que partisan déclaré de ce mariage, déclara qu'il fallait pour l'honneur de la France... rechercher en cette alliance tous les avantages qu'il se pourra pour la religion [catholique].... » sinon il seroit grandement à craindre de provoquer l'ire de Dieu sur nous, comme fit Josaphat, qui, quoique pieux roi, sentit rigoureusement la main de Dieu pour s'être joint avec Achab, roi d'Israël, qui persécutoit cruellement les serviteurs de Dieu.

La Vieuville, Aligre, Richelieu, furent chargés de débattre avec les représentants de Jacques Ier les clauses du contrat. Tout d'abord, Richelieu demanda que le gouvernement anglais fit aux catholiques d'Angleterre, en faveur de la princesse française, les mêmes concessions qu'il avait consenties en faveur de l'Infante. Les Anglais ne promirent que la liberté de prier à portes closes, et encore non par engagement inséré au contrat, mais par simple promesse verbale de leur roi.

Richelieu voulait avoir un article dans le contrat, obligation plus solennelle et publique, afin que tous les catholiques anglais se sentissent plus obligés à la France. Mais les ambassadeurs, craignant précisément ce qu'il désirait, tinrent ferme, même quand il leur déclara que c'était une condition sine qua non.

La Vieuville s'irritait qu'on compromit l'alliance anglaise à cause des catholiques anglais : Morbleu, disait-il, ces prêtres-ci me gâtent tout. Il avait rappelé d'Angleterre le comte de Tillières, lui aussi très préoccupé de faire le salut de l'Angleterre au moyen du mariage français. Il aurait dit aux ambassadeurs anglais que le Roi avoit pour indifférent le traitement que le Roi de la Grande-Bretagne feroit aux catholiques, et que ce qu'il en parloit n'étoit que pour la forme et pour contenter le pape et les catholiques de France. Inquiet de la lenteur des négociations, il fit dire à Jacques Pr que le Roi se contenterait d'une simple promesse de tolérance. Richelieu, averti par le secrétaire d'État, Brienne, du jeu de La Vieuville, jura de l'en faire repentir.

Hardiment, La Vieuville allait de l'avant. Il donna à Marescot, allant en ambassade en Allemagne, des instructions différentes de celles qui avaient été arrêtées en Conseil. Il fit chasser en juin 1624 le colonel D'Ornano, gouverneur de Monsieur, frère du roi, et, pour se faire bien valoir du jeune prince, accusa Richelieu de ce renvoi. Il était orgueilleux et brutal, et, inconsidéré en ses propos, même touchant Louis XIII. Il était en apparence plein de contradictions, traitant avec la Hollande et l'Angleterre, et donnant de bonnes paroles à l'ambassadeur d'Espagne.

De connivence avec son beau-père, le trésorier de l'Épargne, Beaumarchais, il faisait avec les financiers des affaires. Fait plus grave, il ne payait pas les pensions, même de grands seigneurs, comme Bassompierre. A ceux qui réclamaient leurs arrérages, il répondait, suivant l'époque de l'année, qu'il se nomme janvier et non pas octobre, qu'il est La Vieuville et non pas argent.

Richelieu lança contre lui Fancan, qui publia La Voix publique au roi. On dit, Sire, que La Vieuville fait le maréchal d'Ancre, le Luynes et le Puisieux tout ensemble ; présumant tant de lui que dans votre Conseil, il entreprend de résoudre tout, se fâchant si les secrétaires rapporteurs ne concluent aux fins de cet unique sénateur.

L'éloge de Richelieu s'opposait à la critique de La Vieuville :

Pour le cardinal de Richelieu, étant habile et prudent comme il est, il n'y a point d'apparence qu'il aille chercher autre appui qu'en l'autorité légitime de Votre Majesté... Sans s'arrêter aux intérêts d'Espagne ni des cagots (les deux pestes), il embrassera ceux de Votre Majesté comme un autre cardinal Georges d'Amboise.

Plus discrètement, Richelieu faisait savoir au Roi la mauvaise conduite de La Vieuville ; il l'aigrissait contre un ministre qui agissait à son insu et qui, dans l'affaire des catholiques anglais, dénaturait ses sentiments et compromettait sa conscience. La Vieuville, inquiet, voulut s'aider du P. Arnoux, l'ancien confesseur du Roi, dont il chercha à faire le confesseur de la Reine-mère. Mais ce projet échoua. Louis XIII fit arrêter La Vieuville, le 13 août, et l'emprisonna au château d'Amboise.

Richelieu devint chef du Conseil. Il supprima la surintendance et confia les finances à deux directeurs, Champigny, connu par son intégrité, et Marillac, le dévoué serviteur de Marie de Médicis.

Schomberg fut rappelé au Conseil. C'était le triomphe de la Reine-mère. Politiques et ultramontains applaudirent à ce changement. La robe et les relations de Richelieu, ses ouvrages de polémique contre les réformés le recommandaient aux catholiques ardents, ses déclarations de 1617 et son patriotisme aux bons Français. Les sympathies des deux partis avaient enfin triomphé des défiances de Louis XIII et porté au pouvoir suprême l'ancien secrétaire d'État, l'évêque et le cardinal, dont les uns attendaient la ruine de l'hérésie, et les autres l'abaissement de la maison d'Autriche.

 

 

 



[1] SOURCES : Lettres, instructions diplomatiques et papiers d'État du cardinal de Richelieu, I et VII, Coll. Doc. inéd. Mémoires de Richelieu, M. et P., 2° série, VII. Aubery, Mémoires pour l'histoire du cardinal Duc de Richelieu, I, 1660. Frédéric Léonard, Recueil des traitez, IV et V. Recueil des pièces les plus curieuses qui ont esté faites pendant le règne du connétable M. de Luyne, éd. de 1632. Mémoires du comte de Brienne, M. et P., 3e série, III. Mémoires de Fontenay-Mareuil, 2e série, V. Bassompierre, Journal de ma vie, S. H. F., III, 1875. Mercure François, VIII et IX. D. Theodor Kükelhaus, Zur Geschichte Richelieus. Unbekannte Papiere Fancans, Historische Vierteljahrschrift, II, 1899.

OUVRAGES A CONSULTER : Le Vassor, Histoire de Louis XIII, 1757, II. Le P. Griffet, Histoire du règne de Louis XIII, 1758, I. Duc d'Aumale, Histoire des Princes de Condé, 1886, III. A. Laugel, Henry de Rohan, son rôle politique et militaire, 1889. Henry de La Garde, Le duc de Rohan et les protestants sous Louis XIII, 1884. Dufayard, Le connétable de Lesdiguières, 1892. Berthold Zeller, Richelieu et les ministres de Louis XIII de 1621 à 1664. La Cour, le gouvernement, la diplomatie d'après les Archives d'Italie, 1880. G. Hanotaux, Histoire du cardinal de Richelieu, t. II, 2e partie : Richelieu rebelle. La crise européenne de 1631. Richelieu cardinal et premier ministre (1617-1624), 1903. Louis Batiffol, Au temps de Louis XIII, 1904. Abbé Houssaye, Le P. de Bérulle et l'Oratoire de Jésus, 1874. Samuel R. Gardiner, History of England from the accession of James I to the outbreak of the civil war, IV (1621-23) et V (1623-25), 1890-1891. Charvériat, Histoire de la guerre de Trente Ans, 1818, I. D. W. Schreiber, Maximilien I der Katholische Kürfurst von Bayern, 1868. Geley, Fancan et la politique de Richelieu de 1617 à 1627, 1884.

[2] Mémoires de Richelieu, M. et P., 2e série, VII, p. 297. Ce traité de Compiègne, du 20 juillet, est-il le traité du 10 juin faussement daté ou un traité postérieur, augmenté de l'article additionnel dont parlent les Mémoires ? Il est difficile de se prononcer. Le seul traité reproduit dans le Recueil des traitez, de Léonard, et le Corps diplomatique, de Du Mont, est celui du 10 juin et il ne contient pas l'article relatif aux aumôniers des régiments.