HISTOIRE DE FRANCE

TOME SIXIÈME. — LA RÉFORME ET LA LIGUE. - L'ÉDIT DE NANTES (1559-1608).

LIVRE II. — LES GUERRES DE RELIGION SOUS CHARLES IX.

CHAPITRE IV. — LA SAINT-BARTHÉLEMY[1].

 

 

I. — LA QUESTION DES PAYS-BAS.

UN moyen s'offrait peut-être de réconcilier les Français : une guerre nationale contre un ennemi étranger. Les catholiques auraient volontiers marché contre la reine Élisabeth, qui gardait Marie Stuart prisonnière ; mais Catherine de Médicis était moins sensible aux malheurs de sa bru qu'aux injures de Philippe II. Elle accueillit les avances qui lui vinrent d'Angleterre. Deux chefs protestants qui s'y étaient réfugiés, le cardinal de Châtillon et Jean de Ferrières, vidame de Chartres, avaient entrepris, dans l'intérêt de leur parti et dans l'intérêt de leur pays, d'unir la France et l'Angleterre contre l'Espagne. La politique d'alliance fut présentée sous la forme d'un projet de mariage entre Élisabeth et le duc d'Anjou. Catherine soupçonnait Élisabeth de chercher simplement une diversion à la sympathie qu'excitait en France la malheureuse reine d'Écosse, mais la proposition flattait son goût d'éternelle marieuse. Le vidame de Chartres, un imaginatif de grande envergure, déduisait, avec une confiance superbe, les prodigieuses conséquences de cette union. Monseigneur (le duc d'Anjou) pourra instement (instamment) avec forces du Roy, faveur d'Angleterre et moiens du prince d'Orange, avoir la confiscation de la Flandre par droict de féodalité pour félonie commise. Ainsi la maison d'Autriche qui se bastit l'empire héréditaire et la monarchie, trouveroit en ung instant deux freres, roys ausy puissants l'ung que l'autre, pour contre poid de son ambition, ligués avec les princes protestans de l'Allemaigne, et auroient ces deux freres plus de part en l'empire qu'elle. Il y avait en Europe de quoi pourvoir tous les princes de la famille royale. Le partage de Monsieur d'Alençon (le dernier fils de Catherine) seroit aisé à trouver en la duché de Milan avec la faveur de l'Allemaigne, des Suisses ausy et des princes italiens devotieux de la France, et, si besoing estoit, pour le recouvrement du royaume de Naples, la faveur du Turc se trouveroit par après bien à propos. De cette façon ung grand plaisir viendroit à la Royne de venir tous ses enfants roys. Alors deviendrait facile la réforme, en un Concile général, des abus introduits par l'ambition et advarice de l'Eglise romaine. En la France, l'Allemaigne et l'Angleterre s'introduiroient ung ordre et police de religion et unité de doctrine que toutes les aultres provinces de la chrestienté seroient contrainctes d'embrasser et finiroient les différens des subjects avec leurs Princes...

Les rêves de Catherine étaient plus terre à terre : le mariage anglais la tentait. Mais il fallait, pour cela, qu'elle se réconciliât avec les protestants français, et Coligny et Jeanne d'Albret répondaient froidement à ses avances. L'Amiral s'était retiré à la Rochelle ; il avait, comme les grands seigneurs de la religion, décliné l'honneur de paraître au mariage de Charles IX, qui fut célébré à Mézières le 26 novembre 1570. Tous restaient sur le qui-vive. Il n'y avait pas grande apparence que Jeanne d'Albret acceptât le projet conçu par Catherine, après le refus du roi de Portugal, de marier sa fille Marguerite avec Henri de Navarre.

Tout à coup un nouveau personnage entra en scène. Jusque-là Charles IX n'avait été roi que de nom. Sa mère gouvernait, son frère commandait l'armée. Mais s'il avait montré quelque envie de gloire militaire, il avait toujours paru se désintéresser des affaires d'État. Toute l'énergie de sa jeunesse, il la dépensait en chasses furieuses, à travers bois, soit qu'il prit plaisir à essayer sa force, soit qu'il aimât la vue du gibier éventré. Au Louvre, de chasseur devenu forgeron, il battait le fer avec ardeur. C'était un timide et un faible, habitué à obéir à sa mère, avec les soubresauts et les révoltes d'une nature passionnée.

Il avait vingt ans et le désir de jouer un rôle lui venait. Les affaires italiennes lui en fournirent l'occasion. Le pape Pie V avait élevé Cosme de Médicis, souverain de Florence, à la dignité de grand-duc[2]. Maximilien II, au nom de l'Empire, et Philippe II, comme souverain de Naples et de Milan, avaient protesté. Leurs représentations prirent un caractère si menaçant que Cosme envoya en Allemagne un agent, Frégose, chargé de lui procurer l'appui des princes protestants contre la maison d'Autriche. De Heidelberg, où il fut froidement reçu, Frégose passa en France et alla trouver à la Rochelle le frère du prince d'Orange, Ludovic de Nassau, qui s'était établi là pour organiser les opérations des gueux de mer contre la marine espagnole. Ils élaborèrent un projet d'alliance entre Charles IX et le nouveau grand-duc. Teligny, le négociateur de l'Amiral près de la Cour de France, mit Charles au courant de ces conversations de la Rochelle. Le Roi accueillit avec transport l'idée d'une action commune contre l'Espagne. Il voulut que l'ambassadeur florentin, Petrucci, commençât la négociation. Dans l'audience secrète qu'il lui donna, il le pressa d'écrire à son maître qu'il le soutiendrait contre tous ses ennemis il ne cherchait pas d'agrandissement en Italie-et portait uniquement ses vues sur les Flandres.

C'était la première manifestation d'une volonté qui tendait à s'émanciper. Aussi avait-il hâte d'engager l'affaire. La réserve de Petrucci l'impatientait ; il n'admettait pas qu'on se montrât si froid pour un dessein qui l'enthousiasmait. Il déclarait qu'il lui serait facile de gagner sa mère, mais il se cachait soigneusement d'elle. Ma mère est trop timide, disait-il un jour à Petrucci. La rupture avec l'Espagne était au bout de son initiative ; peut-être espérait-il pousser les choses si loin que Catherine serait obligée d'accepter les faits accomplis.

 Les intérêts de la Reine-mère la portaient à favoriser cette intrigue qu'elle ignorait. Elle était alors tout occupée du mariage de Navarre et du mariage d'Angleterre. Mais elle rencontrait chez le duc d'Anjou une résistance à laquelle elle ne s'attendait pas. Son fils pensait être déshonoré s'il épousait une femme dont la réputation était si compromise. Elle était au désespoir de perdre cette couronne. Elle songeait à substituer le duc d'Alençon à son frère, mais elle craignait qu'Élisabeth ne le trouvât trop petit de taille et trop jeune. A la fin, le duc d'Anjou se décida. Catherine aurait voulu que le mariage fût aussitôt conclu qu'annoncé. Les Anglais n'étaient pas aussi pressés ; fermes sur l'article de la religion, ils refusèrent d'accorder au futur époux l'exercice public ou privé du catholicisme. Au fond Élisabeth n'avait nulle envie de se marier, mais il lui importait de se rapprocher de la France, et il ne lui déplaisait pas d'ajouter un nom à la liste de ses prétendants. Sa coquetterie donnait un air de candeur aux calculs de sa politique. Elle minaudait et se disait indigne d'épouser un homme aussi jeune, pour se faire dire que l'âge n'avait pas de prise sur elle. Vertueuse à son corps défendant, d'imagination sensuelle et impure, elle aimait à frôler les hommes même en pensée. Seulement elle se ressaisissait vite quand son intérêt l'exigeait ; sa volonté avait raison de son tempérament et de sa vanité. Au début même des pourparlers, elle calculait que l'impossibilité d'accorder le catholicisme du prétendant avec les susceptibilités protestantes de son peuple, lui permettrait de sortir de cette aventure. Le mariage de Navarre n'allait pas d'un meilleur train ; Jeanne d'Albret laissait tomber les avances de Catherine. Comme Ludovic de Nassau avait seul assez d'influence sur la reine de Navarre pour changer ses dispositions, la Reine-mère se trouvait conduite à désirer comme son fils de s'attacher cet ennemi de l'Espagne.

Recherché par elle et sûr de l'appui du Roi, Louis de Nassau entendait poser la question de l'intervention française aux Pays-Bas. Il partit secrètement de la Rochelle et se rendit au château de Lumigny, où il eut une première entrevue avec le Roi et sa mère (19 juillet 1571) ; quelques jours après, il les revit, avec le même mystère, à Fontainebleau. Il supplia Charles IX d'examiner les griefs de ces malheureuses populations des Pays-Bas, tyrannisées par les Espagnols, trahies par l'Empereur, et qui tendaient les mains vers lui. Si sa conscience lui permettait d'embrasser leur cause, la ruine des oppresseurs était certaine ; à l'approche d'une armée, la moitié des villes se déclarerait contre le duc d'Albe. Le concours d'Élisabeth et des princes protestants d'Allemagne n'était pas douteux pourvu que la France consentît à partager avec l'Angleterre et l'Empire la souveraineté de ces provinces.

Le Roi répondit que, s'il était sûr de ces alliances, il se porterait volontiers à cette entreprise. Mais les promesses qu'il faisait en secret à Ludovic de Nassau dépassaient de beaucoup les déclarations qu'il se permettait devant sa mère. Il fut convenu entre eux que Strozzi, avec la flotte royale, ferait une démonstration navale destinée à inquiéter Philippe II. Il est possible que Catherine elle-même ait été un moment séduite, et que son ambition ait fait taire, au moins pendant quelques jours, sa prudence et ses peurs. Écrivant, le 2 août 1571, à M. de Noailles, évêque de Dax et ambassadeur à Constantinople, elle regrettait que le duc d'Anjou fit si mollement le siège de la reine d'Angleterre et se plaignait coment yl n'y a personne isy qui ne lui aye peu faire entendre ce que c'et de la grendeur que cet mariage lui pouroyt aporter et l'amitié de prinse d'Alemengne pour parvenir à l'empire et la conqueste de Pays-Bas.

Le moment parut si décisif à Coligny qu'il résolut de se rapprocher de la Cour. Il chargea Petrucci de manifester à la Reine-mère le désir qu'il avait de lui offrir son humble service pour assurer la pacification du royaume. Les conditions de l'accord furent facilement arrêtées : l'Amiral promettait de restituer au Roi les places de sûreté et protestait de sa déférence et de son respect pour la Reine-mère.

Il arriva à Blois le 15 septembre. Quand le Roi et lui se trouvèrent en présence, ils pâlirent tous deux. La Reine-mère le reçut avec bonne grâce. Mais quand il s'avança pour baiser les mains d'Élisabeth d'Autriche, femme de Charles IX, cette enfant de dix-sept ans rougit, recula et se refusa à ses hommages. Le duc d'Anjou ne fit pas mauvais accueil à son adversaire. Après la gêne des premiers moments, la confiance s'établit. Coligny faisait très habilement sa cour. Catherine déclarait qu'elle voulait oublier le passé et, que, si Coligny se montrait bon sujet et serviteur du roi, elle l'embrasserait et lui ferait toute sorte de faveur. L'Amiral entra au Conseil, il reçut un don de 150000 livres et fut pourvu, quoique hérétique, d'une abbaye qui rapportait 20.000 livres de revenu. Sa satisfaction était grande et il ne le cachait pas, mais il pouvait s'apercevoir que la situation était délicate. La Reine-mère était impatiente de conclure le mariage de sa fille avec le prince de Navarre, et, comme Coligny l'avait promis, de recouvrer les places de sûreté avant le terme fixé par le traité de Saint-Germain. Coligny s'excusait de ne pouvoir rien décider sans l'autorisation des Princes. Elle répliquait qu'elle n'en croyait rien : les Princes faisaient tout ce qu'il voulait. Un jour qu'elle exprimait son désir de voir Jeanne d'Albret à la Cour, il lui échappa de dire que la reine de Navarre lui avait fait peur de quelque embûche pour le détourner d'y venir, et qu'elle serait encore plus circonspecte quand il s'agirait d'elle-même. Vous et moi, riposta Catherine, nous sommes trop vieux pour jouer à nous tromper l'un l'autre. C'est vous qui devez être le plus en défiance de lui (le Roi). Est-ce qu'elle peut croire que le Roi veut faire alliance avec son fils pour la faire mourir ?[3]

C'était sur la politique extérieure que portait leur grand désaccord. Elle était pacifique avec intransigeance. La puissance de la maison d'Autriche exerçait sur elle une sorte de fascination. Il y avait dans le sentiment qu'elle éprouvait pour Philippe II de la haine, de l'envie, du respect et de l'admiration. Elle cherchait à lui créer des difficultés, mais elle redoutait de l'attaquer en face. Elle apprit l'intrigue florentine par les remerciements et le refus du gouvernement florentin. Ravie de l'insuccès de ce premier acte de son fils, elle vanta la politique de Cosme et de François de Médicis et leur dévouement aux intérêts de la France. Faites donc bien attention, dit-elle à son fils, et tenez-vous en à leur conseil de rester en paix et d'ordonner votre royaume, parce que cela est saint et bon. Et le Roi mettait la main droite sur son cœur et jurait à sa mère que jamais il ne ferait ni guerre ni entreprise à son insu.

Quelques jours après, arrivait la nouvelle du combat de Lépante. La flotte que le Pape, les Vénitiens et Philippe II avaient armée contre le Sultan avait détruit la flotte turque (7 octobre 1571). L'empire de la Méditerranée passait, au moins pour quelque temps, aux puissances catholiques. Le Roi d'Espagne dominait sur mer comme sur terre ; ce n'était pas le moment de le braver. L'événement semblait donner raison à Catherine. Mais elle avait trop besoin des chefs du parti protestant pour les éloigner. Ludovic de Nassau lui servait à mener à bien le mariage de Navarre. Aussi était-il très caressé. Toujours il ramenait l'attention du jeune roi vers les affaires des Pays-Bas. Coligny continuait d'être bien traité. L'ambassadeur florentin trouvait même que la Cour faisait trop d'avances aux hérétiques et qu'elle serait obligée de revenir en arrière.

Imprudemment les chefs protestants heurtaient les passions populaires. Le Parlement avait, pendant la guerre, condamné à mort deux bourgeois huguenots, les frères Gastine, chez qui se tenaient des prêches, et, sur l'emplacement de leur maison rasée, il avait fait dresser une haute pyramide de pierre ayant un crucifix au sommet. Coligny demanda, conformément à l'article 32 du traité de Saint-Germain, la démolition de la croix de Gastine. La population étant résolue, malgré les ordres du Roi, à conserver ce monument, plusieurs centaines d'hommes furent, une nuit, employés à l'abattre. Le matin, le menu peuple... accourut de fureur, brûla une maison voisine, massacra un serrurier. Il y eut tel bruit que le Palais (de justice) demeura fermé tout le jour (déc. 1571).

La Cour achetait par ces complaisances le consentement de la reine de Navarre au mariage de son fils. Jeanne d'Albret se décida à se rendre à Chenonceaux pour débattre avec la Reine-mère les clauses du contrat. Et Ludovic de Nassau usait de son crédit auprès du Roi pour l'engager toujours plus avant dans les affaires des Pays-Bas.

A Nantes et à Bordeaux, Strozzi et le baron de la Garde transformaient les vaisseaux marchands en navires de guerre. Les bruits les plus étranges couraient sur la destination de cette escadre. La signature du contrat (11 avril 1572), coïncidant avec ces armements, tenait les Espagnols en alarme. Le duc d'Albe prenait ses mesures. A son tour, le gouvernement français s'inquiétait des précautions qu'il avait provoquées et donnait à tous les gouverneurs de frontière l'ordre de veiller.

Charles IX semblait repris par les grandes ambitions. Les gueux de mer, qui jusque-là avaient trouvé asile dans les ports d'Angleterre et venaient d'en être expulsés sur les plaintes du duc d'Albe, surprirent la ville de Brielle, à l'embouchure de la Meuse (1er avril 1572) et s'y retranchèrent. Alors les villes de Zélande chassèrent leurs garnisons espagnoles, et, l'agitation gagna les autres provinces. Le jugement de Ludovic sur la fragilité de la domination espagnole sembla confirmé. A la Cour de France, le projet d'intervention aux Pays-Bas faisait de nombreux partisans. Les Montmorency, qui, par haine des Guise, s'étaient rapprochés de Coligny et des protestants, pressaient la conclusion d'un accord avec l'Angleterre. Le maréchal de Montmorency alla à Londres signer .avec Élisabeth un traité d'alliance défensive (29 avril 1572). Je sais, écrit Petrucci, que le Roi a résolu quelque chose contre la volonté de sa mère et qu'il a donné des ordres (lettre écrite du 17 au 20 avril 1572).

Strozzi partit pour Bordeaux où il allait. s'embarquer avec six mille arquebusiers, la fleur de l'infanterie française. Les premiers gentilshommes du royaume l'accompagnaient. La flotte emportait des pelles, des houes, et d'autres instruments agricoles comme s'il s'agissait d'aller fonder au loin quelque établissement. Mais c'était un trompe-l'œil. Vous saurez..., écrit le Roi le 11 mai à son ambassadeur à Constantinople, pour le dire audict Grand Seigneur... que j'ay faict équipper es portz et havres de mon royaulme ung bon nombre de vaisseaulx, de façon que j'ay dressé une armée de mer de douze ou quinze mil hommes qui sera preste à faire voile où on voudra dedans la fin de ce mois... en intention de tenir le Roy catholique en cervelle et donner hardiesse à ces gueulx des Pais-Bas de se remuer et entreprendre ainsi qu'ils ont faict, aient jà pris toute la Zelande et bien esbranlé la Hollande. Toutes mes fantaisies, dit encore le jeune roi, sont bandées pour m'opposer à la grandeur des Espagnols et delibere m'y conduire le plus dextrement qu'il me sera possible.

Quelques jours après, Louis de Nassau sortait secrètement de cours Paris, muni de dix mille francs et d'une lettre datée du r avril où Charles IX se disait déterminé, autant que les occasions et la disposition de ses affaires le permettraient, à employer ses forces pour délivrer les Pays-Bas. Il parut, avec une troupe de huguenots, sous les murs de Mons et de Valenciennes et s'en fit ouvrir les portes (23 et 24 mai).

 

II. - CHARLES IX ENTRE CATHERINE ET COLIGNY.

IL laissait l'Amiral à Paris pour soutenir la cause, organiser les renforts et emporter l'adhésion publique de Charles IX. La tâche était difficile avec un roi jeune, impressionnable, mobile ; une reine-mère, jalouse et apeurée ; une Cour partagée et un peuple qui détestait assez les huguenots pour applaudir au succès des Espagnols. Il s'agissait avec les forces militaires du parti protestant d'engager la lutte contre l'Espagne et d'entraîner derrière cette avant-garde hérétique la nation catholique. Coligny donna à cette généreuse illusion sa volonté, son cœur et sa vie.

 La surprise de Mons et de Valenciennes avait surexcité ses espérances. Il comptait peut-être gagner Catherine de Médicis elle-même. Rencontrant dans l'antichambre de la Reine-mère, à Saint-Cloud, Brantôme et Strozzi : Or Dieu soit loué ! s'écria-t-il, tout va bien, avant qu'il soit longtemps nous aurons chassé l'Espagnol du Pays-Bas et en aurons faict nostre roi maistre ou nous y mourrons tous et moy mesme le premier, et n'y plaindray point ma vie si je la perds pour ce bon subject. Mais les premiers succès n'eurent pas de lendemain. Valenciennes fut presque aussitôt perdue que gagnée et les Espagnols bloquèrent dans Mons Ludovic de Nassau. L'Amiral aurait voulu marcher à son secours ; le Roi qui commençait à s'effrayer lui défendit de partir. Catherine importunait son fils de ses inquiétudes. La mort de Jeanne d'Albret (4 juin) privait les protestants de leur meilleur appui à la Cour, de la reine au cœur d'homme qui avait mis au service du parti son crédit, son fils, son royaume. D'Andelot était mort en 1569 ; le cardinal de Châtillon le 14 février 1571. Catherine et Coligny restaient seuls en présence. Charles IX en était déjà aux désaveux lâches. Dans une lettre à M. de Vulcob, ambassadeur à Vienne (16 juin), il qualifiait l'agression de Ludovic de malheureuse entreprise et appelait le juste jugement de Dieu sur coula qui s'eslevent contre l'autorité de leur prince.

Cependant Coligny, à force d'instances, obtint qu'il réunit les conseillers d'épée et leur soumit l'affaire des Pays-Bas.

Le duc d'Anjou et son mentor, Tavannes, représentaient le parti des catholiques et le parti de la Reine-mère d'accord pour ne pas agir. L'Amiral, avec son parler rude, avait un jour interpellé Tavannes : Qui empesche la guerre d'Espagne n'est bon François et a une croix rouge (la croix d'Espagne) dans le ventre. Les partisans de la paix craignaient quelque vive apostrophe en plein Conseil. Tavannes proposa sous prétexte de surdité de réduire le débat à la lecture d'avis rédigés d'avance. L'Amiral exposa que la conquête des Flandres était le moyen d'unir dans une action commune les gens des deux religions. L'entreprise était facile ; les villes des Pays-Bas n'attendaient qu'une occasion pour se révolter. Le duc d'Anjou objecta la ruine des peuples, la faiblesse des effectifs de la gendarmerie, le mauvais état des places fortes, les alliances jurées qu'il fallait se garder de rompre sur les promesses de gens desesperez et chassez hors de leurs biens. Tavannes hardiment dit le secret de l'opposition des catholiques. Le succès n'était pas certain, et la victoire même était pleine de danger. La puissance des huguenots deviendrait si grande que venant à mourir ou changer ceux qui les conduisent avec bonne intention..., le roy et son royaume seront toujours menez en laisse, et vauldroit bien mieux n'avoir point de Flandres et aultres conquestes que d'estre incessamment à maistre (26 juin).

Les hésitations de Catherine offraient à Coligny encore une chance de succès. La Reine fluctue entre paix et guerre, crainte de civile la penche à l'étrangère... comme femme elle veut et ne veut pas, change d'advis et rechange en un instant. Mais la peur dominait tout. Ici, écrit Petrucci le 4 juillet, on discute s'il y a lieu de porter la guerre en Flandre ou non. Beaucoup la préconisent et la voudraient, mais le Roi et la Reine ne veulent pas, parce qu'ils sont déjà fatigués des tambours et des trompettes. Le 5 juillet, Catherine écrivait au Pape que son fils ne ferait la guerre à Philippe II que contraint et forcé.

Les dispositions de l'Europe protestante justifiaient sa prudence. L'Angleterre calculait les avantages et les inconvénients d'une intervention, et, par jalousie de la France, se refusait à agir de concert avec elle. Middlemore, agent secret d'Élisabeth, déclarait à l'Amiral lui-même (10 juin) que son gouvernement ne souffrirait pas que la France s'emparât des Flandres. A mesure que les rapports se tendaient entre Charles IX et Philippe II, Élisabeth se rapprochait de l'Espagne. Le mois même où elle avait signé le traité d'alliance défensive avec Charles IX (avril), elle faisait publier dans Londres le rétablissement des relations commerciales, depuis longtemps interdites, avec les Pays-Bas. Son mariage avec le duc d'Anjou s'était rompu sur la question religieuse, comme elle le souhaitait. Catherine avait immédiatement proposé son troisième fils, le duc d'Alençon, qui, pour être roi, était disposé à toutes les concessions. Élisabeth demanda un mois de réflexion. Lord Burghley (Cecil) écrivit à Paris qu'il y avait chance de triompher de son irrésolution si la Reine-mère lui offrait Calais avec le jeune prince. Ce fut Coligny que Walsingham chargea de faire cette proposition : le Roi et la Reine-mère se refusèrent même à l'examiner.

Les princes protestants d'Allemagne ne montraient pas plus de zèle pour la Cause. Les instructions rédigées pour Schomberg qui allait les visiter prouvent qu'à la date du 10 août 1572 la France avait encore tout à obtenir. L'évêque de Dax écrivait de son côté qu'il ne fallait pas compter sur le Grand Seigneur pendant qu'il aura la guerre aux Vénitiens et aux Spaignolz tous ensemble. (31 juillet)[4]. La France, si elle attaquait l'Espagne, serait seule.

Les puissances catholiques s'employaient pour empêcher la guerre. Le nouveau pape, Grégoire XIII, travaillait à regagner la Reine-mère, irritée des reproches de Pie V sur sa politique huguenote ; il déléguait auprès d'elle le nonce Salviati qu'il savait persona grata. Venise expédiait à Paris un ambassadeur extraordinaire pour recommander la paix. Cosme de Médicis, qui avait soudoyé, sous main, Ludovic de Nassau pour faire la guerre au duc d'Albe, prêtait deux cent mille ducats au duc d'Albe pour accabler Ludovic. Philippe II fermait les yeux sur la violation manifeste des traités, et, sans menaces, se contentait de remontrer que les complaisances du gouvernement français envers les huguenots risquaient de compromettre l'union des deux couronnes.

Malgré la défection de l'Angleterre, l'apathie de l'Allemagne et l'hostilité de l'Europe catholique, Coligny persista. Il usait de tout son crédit sur Charles IX pour faire le plus secrètement possible des levées d'hommes. Bricquemault et Genlis partirent pour Mons avec 4.000 soldats (12 juillet), mais cette troupe fut surprise par l'armée espagnole et presque exterminée ; quelques centaines d'hommes seulement parvinrent à gagner Mons (17 juillet). C'était un coup terrible pour la cause. Cette nouvelle, dit un témoin, a traversé le cœur de Coligny comme un couteau aigu. Les gentilshommes qui l'entouraient poussaient des cris de colère. Teligny, si doux, si modéré, s'écriait qu'il fallait manger le cœur aux Espagnols. L'Amiral aurait fait dire à Diego de Çuñiga, ambassadeur d'Espagne, que sa vie répondait de celle de Genlis.

La peur saisit la Reine des armes espagnoles. L'Amiral, déjà odieux, devenait dangereux. Elle trouvait partout cet homme sur sa route : chef de parti, il avait tenu en échec toutes les forces du royaume ; conseiller de la couronne, il lançait son fils dans une aventure dangereuse. Ami, ennemi, il était également à craindre. L'idée d'un assassinat dut se présenter alors à son esprit. Justement, l'ambassadeur florentin signale à la date du 23 juillet les conférences de Catherine avec Madame de Nemours, la mère des Guise.

Charles IX recommençait à fluctuer. Les nouvelles qu'il recevait de Flandre l'exaspéraient. Le duc d'Albe, qui avait saisi la lettre de Charles IX du 27 avril, et fait parler Genlis à la torture, reprocha en face à Mondoucet, résident de France à Bruxelles, la duplicité de son maître. Le jeune roi en pâlissait : Savez-vous, disait-il, que le duc d'Albe me fait mon procès ? Les huguenots profitèrent de cette crise de colère pour l'entraîner encore une fois. Il jurait à Coligny qu'il voulait faire la guerre tout ouvertement et tenir promesse au prince d'Orange. La Reine, qui était allée au devant de sa fille, Claude de Lorraine, accourut à la nouvelle de ce revirement ; elle parvint à le ressaisir. Dans l'audience qu'il accorda à l'envoyé extraordinaire de Venise, il protesta de ses sentiments pacifiques. Catherine pria l'ambassadeur d'écrire à la Seigneurie que non seulement en paroles, mais encore en actes son fils et elle montreraient toujours plus leur résolution.

Pour permettre à Charles IX de se dégager de la parole donnée à Coligny, deux conseils extraordinaires furent tenus dans les premiers jours du mois d'août. Une première fois, à ce qu'il semble, l'affaire fut débattue devant les conseillers de robe longue. L'Amiral avait chargé un jeune protestant, Du Plessis-Mornay, d'exposer dans un mémoire la justice, l'opportunité, la facilité de la conquête des Pays-Bas[5]. L'ancien garde des sceaux, Jean de Morvilliers, répondit en homme sage qui redoute les aventures, craint une guerre éternelle avec l'Espagne et doute des dispositions et des ressources des insurgés. Son argumentation devient irréfutable quand il combat l'espérance chère aux protestants d'un concours étranger. Il démontre que la reine d'Angleterre ne regarde ni désire l'accroissement de cette couronne et que les princes protestants d'Allemagne, s'ils détestent les Espagnols, ne sont décidés ni à leur faire la guerre ni à contribuer à la dépense de qui la voudra faire.

Les chefs de l'armée, Montpensier, Nevers, Cossé, Tavannes peut-être, le duc d'Anjou avec la Reine-mère, furent aussi consultés. Coligny parla avec beaucoup de force. A l'unanimité, le conseil des gens d'épée condamna encore sa politique. Emporté par la chaleur de la discussion et blessé de ce désaveu unanime, Coligny se tourna vers la Reine-mère : Madame, lui dit-il, le Roi renonce à entrer dans une guerre ; Dieu veuille qu'il ne lui en survienne pas une autre de laquelle il ne serait pas en son pouvoir de se retirer. Parole imprudente, qui marquait seulement une appréhension et que les catholiques ardents interprétèrent comme une menace.

Malgré tout, Coligny s'obstina. Il se disposait à marcher au secours du prince d'Orange avec 12.000 arquebusiers et 3.000 chevaux (lettre du 11 août). L'honneur lui commandait de soutenir ceux qui, sur sa foi, s'étaient lancés dans cette aventure. Peut-être, s'il avait été tenté de reculer, le cauchemar de la guerre civile l'en aurait-il empêché ; il aimait mieux, disait-il, être traîné mort par les rues de Paris que de reprendre la campagne. Son ascendant sur Charles IX restait si grand que, malgré les déclarations officielles, le recrutement des soldats se faisait presque au grand jour. Le Conseil avait condamné sa politique d'intervention ; eh bien, disaient les huguenots, on changerait le Conseil du roi ! Les ambassadeurs étrangers commencèrent à craindre de nouveaux troubles.

 

III. — LES MASSACRES.

LA résolution de Catherine était prise. Un homme cherchait à 4  l'écarter du pouvoir, compromettait la paix et la sûreté du royaume ; il fallait qu'il disparût. Sur le choix des procédés de sup pression, une parfaite indifférence. Elle est d'un pays où la fin a toujours justifié les moyens ; d'un temps où la vie humaine ne compte pour rien ; d'un milieu où l'on croit que les actions des rois échappent aux règles communes. Elle combine avec Madame de Nemours les détails du crime ; elle fait venir secrètement Maurevel, qui déjà par ordre, avait assassiné de Mouy, un capitaine huguenot, et touchait pension comme tueur du Roy.

Elle n'attendait plus que la célébration du mariage de sa fille et du roi de Navarre. Le Pape n'avait pas voulu accorder de dispense ; elle s'en passa et fit consentir le cardinal de Bourbon à bénir l'union (18 août). De tous les points de la France, des gentilshommes protestants avaient rejoint à Paris l'aristocratie du parti pour assister aux fêtes. Pendant la messe, à Notre-Dame, l'Amiral se promenait dans la nef avec le maréchal de Damville. Il aperçut les drapeaux que le duc d'Anjou avait pris à Moncontour et à Jarnac, et pensant aux prochaines victoires en Flandre des huguenots et des catholiques réunis : Ils seront, dit-il, bientôt remplacés par d'autres plus agréables à voir.

Le vendredi 22 août, entre dix et onze heures du matin, Coligny sortait du Louvre, et rentrait à son logis, rue de Bethisy. Maurevel, posté dans la maison d'un serviteur des Guise, guettait d'une fenêtre grillée, masquée d'un rideau. L'Amiral marchait lentement, tenant un papier qu'il était en train de lire. Un coup d'arquebuse lui emporta l'index de la main droite et lui brisa le bras gauche. Impassible, il montra l'endroit d'où le coup était parti. Quelques-uns des gentilshommes de sa suite y coururent, mais ils ne trouvèrent que l'arquebuse fumante.

Le Roi s'amusait à jouer à la paume quand la nouvelle lui fut apportée. Il pâlit, jeta sa raquette et se retira sans mot dire dans sa chambre. Catherine écouta le récit du crime avec calme et alla s'enfermer avec le duc d'Anjou.

Dans Paris l'agitation fut vive ; les plus timorés fermèrent leurs boutiques. Le prévôt des marchands, Jean le Charron, et les échevins prirent les mesures des jours d'émeute ; ils massèrent devant l'hôtel de ville les compagnies d'archers, d'arbalétriers et d'arquebusiers ; ils firent garder les portes de la ville. Mais, pour arrêter la contagion de la peur, ils ordonnèrent de rouvrir les boutiques.

A l'hôtel de la rue de Bethisy où l'Amiral avait été transporté, accourait, inquiète et furieuse, la foule des gentilshommes protestants. Le roi de Navarre et le prince de Condé s'étaient rendus auprès de Charles IX pour lui demander justice. Le jeune roi promit de faire du coulpable, des consentans et fauteurs si memorable justice que l'Amiral et ses amis auroient de quoi se contenter. La Reine-mère présente monstroit semblant d'estre fort marrie... que c'étoit un grand outrage fait au Roy, que si on supportoit cela aujourd'huy, demain on prendroit la hardiesse d'en faire autant dans le Louvre, une autre fois dedans son lict et l'autre dedans son sein et entre ses bras. Coligny ayant exprimé le désir de voir Charles IX, elle, qui voulait empêcher un entretien seul à seul, transforma la visite en démonstration solennelle de sympathie et suivit son fils avec la Cour, les plus grands seigneurs, les princes du sang. Tous les ennemis de l'Amiral étaient là le duc d'Anjou, le duc de Nevers, Tavannes, Albert de Gondi, baron de Retz, un italien, créature de Catherine ; il ne manquait que le duc de Guise. Sur son lit, Coligny, comme s'il attendait la mort, tint à se justifier, lui et son parti, du crime de rébellion ; il engagea son maitre à saisir l'occasion qui ne fut jamais si propice d'acheminer bien ses affaires au dehors et d'accroître sa dignité. Malheureusement, dit-il, le Roi était desservi ; les édits de pacification n'étaient pas observés ; ses conseillers livraient aux Espagnols le secret des délibérations. Le malade s'était échauffé ; le Roi lui recommanda de se calmer et de se fier à lui. Vous estes blessé voirement, mais je sens la douleur de votre playe. Mais par la mort Dieu je vengeray cet outrage si rondement qu'il en sera mémoire à jamais.

 Cependant la commission, chargée d'instruire l'affaire, avait interrogé le laquais et la vieille femme qui gardaient la maison où le meurtrier s'était embusqué. Ils déposèrent que le sieur de Chailly, le jour auparavant, avait mené l'arquebusier dans le logis et l'avait recommandé à leurs soins. Or Chailly était surintendant des affaires du duc de Guise. La lumière paraissait se faire ; le crime était une vengeance. Charles IX ordonna à son capitaine des gardes d'arrêter le sieur de Chailly, mais les Lorrains le firent échapper. Et si M. de Guise ne se fust caché tout ce jour-là le roy l'eust fait prendre. Alors la Reine-mère, sans se découvrir, essaya de calmer le ressentiment du Roi contre les Guise. Elle justifia l'acte par le désir trop naturel chez un fils de venger la mort de son père. Elle rappela encore que l'Amiral avait fait tuer Charry, ce mestre de camp qui l'avait si fidèlement servie durant sa régence. Mais le jeune roi s'entêtait dans un passionné désir de faire justice.

Les chefs huguenots ne lui laissaient point de répit. Leur fureur croissait, et aussi leurs défiances. Dans un conseil qu'ils tinrent à l'hôtel de Bethisy, après la visite royale, Jean de Ferrières proposa de sortir de Paris et de transporter l'Amiral hors de cette ville ennemie. Mais Téligny, gendre de Coligny, se porta si vivement garant de la bonne volonté du Roi, qu'ils décidèrent de rester et de poursuivre sur place la vengeance de l'attentat. De nouveaux indices confirmaient la culpabilité du duc de Guise. L'indignation de ces hommes d'épée se traduisait en manifestations violentes. Les plus ardents passaient à grandes troupes cuiracez devant le logis de MM. de Guise et d'Aumalle. Ils allèrent harceler la Reine de leurs réclamations jusqu'au jardin des Tuileries. Ils usoient de paroles et menaces par trop insolentes, qu'ils frapperoient, qu'ils tueroient.

 Catherine n'avait rien prévu au cas où le coup manquerait ; elle était prise à son piège. Les protestants menaçaient, la population de Paris s'agitait ; les Lorrains armaient pour se défendre. Si le duc de Guise parlait pour se disculper, s'il nommait sa complice, si l'enquête s'égarait jusqu'à elle, que n'avait-elle pas à craindre ? Elle prévoyait l'exode de ces milliers de gentilshommes hors de Paris, une nouvelle guerre sous un chef implacable. Alors dans cette âme affolée de peur et vide de scrupules se fit jour (à moins qu'elle ne lui ait été suggérée par Gondi) l'idée de tuer tous les chefs du parti. Elle mit dans le secret le duc d'Anjou, Guise, Tavannes, le duc de Nevers, et le nouveau garde des sceaux, le Milanais Birague. Les sentiments des Parisiens n'étaient pas douteux. Les protestants se savaient si détestés qu'ils supplièrent le Roi de protéger le logis de l'Amiral. Charles IX ordonna à M. de Rambouillet de loger autour de l'Hôtel de Béthisy le plus grand nombre de gentilshommes de la religion ; il donna même une garde à l'Amiral, mais ce fut le duc d'Anjou qui en choisit les hommes, et le capitaine, Cosseins, ennemi de Coligny.

Le samedi, un gentilhomme huguenot, Pardaillan, au souper de la Reine, protesta qu'ils se feraient justice si on ne la leur faisait pas. Catherine se décida à agir la nuit même. Il fallait enlever l'assentiment du roi. Gondi, qui était cher à Charles IX, fut chargé de préparer les voies. Avec une franchise qui était une suprême habileté, il lui déclara que le crime n'avait pas été commandé par le duc de Guise seul, que la Reine-mère et le duc d'Anjou étaient de la partie. Au Roi, affolé par cette confidence, tiraillé entre son honneur, son amour filial et la crainte de nouveaux troubles, il ne laissa entrevoir d'autre issue qu'une exécution sanglante. A-t-il réussi à le convaincre ou ne l'a-t-il qu'ébranlé ? Fallut-il que Catherine employât les derniers efforts et les plus pressantes prières pour le faire condescendre au meurtre ? Elle-même a avoué qu'on avait eu de la peine à le décider. Les conseillers, dont les uns étaient ses âmes damnées et les autres des catholiques furieux, Birague, Nevers, Tavannes, le chevalier d'Angoulême, furent unanimes à recommander le massacre des chefs protestants comme une mesure de salut public. Avec peine Nevers et Tavannes obtinrent que le roi de Navarre et le prince de Condé seraient épargnés.

La nuit était déjà avancée quand la résolution fut prise. Le Roi manda le duc de Guise au Louvre, distribua les rôles et régla l'exécution. Il se chargea des gentilshommes qui étaient logés au Louvre, en sa propre maison. Le duc de Guise, Tavannes, Nevers et les autres capitaines opéreraient dans Paris, dont la milice leur prêterait main forte. Le prévôt des marchands fut appelé au Louvre le soir bien tard ; le Roi lui dit que ceulx de la nouvelle religion se voulloient élever par conspiration contre Sa Majesté et contre son Estat et troubler le repos de ses subjects et de sa dite ville de Paris. Il lui commanda de fermer les portes, de ne laisser entrer ni sortir personne, de mettre les bateaux à la chaîne, d'amener l'artillerie de la ville devant l'Hôtel de Ville et en place de Grève, de convoquer les milices et de les poster taux points les plus importants. Aussitôt sorti du Louvre, le prévôt assembla les échevins et le corps de ville et leur fit connaître les volontés du Roi. Le greffier rédigea séance tenante les mandements pour réunir les quarteniers, archers, arquebusiers, arbaletriers et autres officiers de la ville. Ces ordres furent envoyez et portez le lendemain dimanche... jour de Saint-Barthélemy de fort grand matin[6].

Le Roi s'était couché pour se lever presque aussitôt. Les portes du Louvre avaient été fermées ; on attendait, car Tavannes, qui présidait en capitaine à l'organisation du massacre, avait recommandé d'agir de jour. Au dernier moment (c'est le fils de Tavannes qui l'affirme) Catherine se fust volontiers dedicte ; ses complices durent lui redonner du cœur. Les compagnies des gardes, les Suisses se rangeaient en bataille dans la cour et devant la porte du château. Quelques huguenots du voisinage, attirés par le bruit des armes et la lueur des flambeaux, questionnèrent les soldats. Une querelle s'émut ; les curieux furent massacrés.

Ce fut le signal. Le duc de Guise court au logis de l'Amiral avec une grosse troupe. Cosseins, qui était chargé de protéger le blessé, égorge ses défenseurs pour faire le chemin plus facile aux-meurtriers. Besme, serviteur du duc de Guise, le chevalier Attin, domestique du duc d'Anjou, et trois Suisses de la garde royale, Conrad Bürg, Martin Koch et Léonard Grünenfelder, envahissent la chambre où l'Amiral, qui vient de faire partir ses serviteurs, attend seul, debout. Es-tu bien l'Amiral, lui demande Besme. — C'est moi, dit-il. Eut-il quelque regret de la vie ? Jeune homme, tu devrois avoir égard à ma vieillesse et à mon infirmité. Mais la fierté du grand seigneur et du soldat reprit le dessus : Au moins si quelque homme et non pas ce goujat me faisoit mourir. Besme lui passa son épée à travers le corps ; les autres frappèrent aussi. D'en bas le duc de Guise entendait le bruit des coups : Besme, as-tu achevé ?C'est fait, répondit-il. Ses compagnons et lui saisirent ce corps qui finissait de vivre et le précipitèrent dans la cour. Le jour se faisait à peine ; le Duc se baissa, essuya avec un mouchoir la face ensanglantée, et, sûr de sa vengeance, il courut continuer l'œuvre qui avait si heureusement commencé.

Au Louvre, le roi de Navarre et le prince de Condé venaient de se lever, de très grand matin, quand ils furent arrêtés, conduits dans la chambre du Roi et sommés de choisir entre la messe et la mort. Les gentilshommes huguenots, poussés dans la cour du château, furent tués par les soldats. Les archers poursuivirent dans les couloirs, et dans les appartements les malheureux qui se cachaient ou s'enfuyaient. Ils voulurent saisir dans la chambre de Marguerite de Valois, et jusque dans son lit, le vicomte de Léran qui, d'effroi, s'y était jeté. Les escaliers du Louvre, les salles, les antichambres furent ensanglantés.

Les soldats sortirent du château, où le silence s'était fait, et marchèrent en troupes à de nouveaux meurtres. La plupart des chefs protestants, surpris dans leur lit, furent égorgés sans avoir le temps ou la volonté de se mettre en défense. Ainsi moururent La Rochefoucauld, le marquis de Renel, le baron de Soubise, et beaucoup d'autres vaillants hommes. Quercy fut le seul qui essaya de défendre sa vie. Téligny s'était sauvé, mais il fut repris, et tué. Leurs corps, écrit le chevalier Cavriana, agent florentin, furent traînés par les rues, attachés à des cordes, comme bêtes mortes.

La cloche du Palais (de justice), comme aux jours d'émeute, sonnait le glas. Le massacre s'étendit à tous les quartiers. La population se joignit aux soldats. Ce n'étaient pas seulement les chefs, c'étaient tous les huguenots sans distinction qu'elle traquait ; elle les tirait hors des maisons, les précipitait par les fenêtres, les tuait à coups de piques et de poignards, les arquebusait. Elle mettait nus les corps, raconte le secrétaire de l'ambassadeur d'Espagne, Olaegui, et les jetait à la Seine. Avant midi ils avaient dépêché deux mille personnes. Le sang et la mort courent les rues en telle horreur que Leurs Majestés mesmes qui en estoient les auteurs ne se pouvoient garder de peur dans le Louvre.

Le quartier de l'Université fut, malgré ses privilèges, envahi par les égorgeurs. Quelques étrangers, des Allemands, beaucoup de Flamands, furent tués. Les libraires furent massacrés, leurs livres brûlés. Ramus, quatre fois pris et quatre fois mis à rançon, fut enfin précipité de l'étage supérieur du collège de Presle. Peu de protestants notables échappèrent ; Jean de Ferrières et Montgomery, qui logeaient au faubourg Saint-Germain, avertis à temps, purent se sauver.

Les assassins se mirent à piller. Les gardes du duc d'Anjou faisaient main basse sur les perles des étrangers. A onze heures du matin, la municipalité, épouvantée des meurtres et plus encore des vols, suppliait le Roi d'arrêter ces fureurs, mais le Roi était impuissant. La rage fut entretenue plusieurs jours par des manifestations miraculeuses. Près de l'église Saint-Hilaire, une madone pleurait. C'étaient assurément les impiétés et les profanations commises par les hérétiques qui lui tiraient des larmes. Le lundi, 23, au Cimetière des Innocents, une aubépine desséchée se couvrit tout d'un coup de fleurs. N'était-ce pas la preuve que le royaume retrouverait une nouvelle vitalité dans ce bain de sang ? On se reprit à tuer avec fureur.

Le Roi hésitait à assumer la responsabilité du massacre. Ses lettres du 24 août, adressées aux ambassadeurs et aux gouverneurs, ne parlaient que d'une lutte entre les partisans du duc de Guise et de l'Amiral où le Roi ne serait intervenu que pour rétablir l'ordre. Mais des témoins enthousiastes portaient la vérité dans les provinces. Le Roi lui-même fit partir des messagers avec l'ordre verbal de tuer les protestants les plus marquants ; puis, le 28 août, il interdit les exécutions. C'était une succession d'ordres et de contre-ordres qui laissait toute liberté aux passions. Là où l'autorité hésitait, les protestants étaient perdus ; du 25 août au 3 octobre, des massacres eurent lieu en différents points du royaume.

A Meaux, deux cents protestants, arrêtés le 23 août, furent égorgés le 26. La tuerie d'Orléans dura trois jours et fit cinq cents victimes (27-30 août). A Troyes, à Rouen, des bandes envahirent les prisons et dépêchèrent les huguenots qu'on y avait enfermés. A Lyon, la population remplaça le bourreau qui répugnait à ces exécutions en masse et massacra 7 à 800 personnes. A Toulouse, deux conseillers au Parlement guidèrent les assassins aux prisons. Ce fut le gouverneur du Château-Trompette, Montferrand, qui, à Bordeaux, organisa l'égorgement de concert avec les jurats et les capitaines de la milice bourgeoise. Mais il y eut des lieutenants du roi qui se montrèrent humains ; ils emprisonnèrent les protestants pour les sauver, Le duc de Longueville en Picardie, Chabot-Charny à Dijon, Saint-Herem en Auvergne, Tende en Provence, Matignon en Normandie. Gordes en Dauphiné, le vicomte d'Orthe à Bayonne, réussirent à empêcher les tueries[7].

Le 26 août, Charles IX s'était rendu au Parlement ; il avait avoué l'acte. S'il ne s'était pas décidé à frapper, il aurait été victime de ces malheureux conjurés qui avaient comploté de le tuer, lui, sa mère, ses frères, le roi de Navarre et le prince de Condé. Il ordonna de faire leur procès à l'Amiral, qui avait reçu le châtiment de ses crimes, à Bricquemault et à Cavagnes, qui avaient échappé au massacre, mais n'échapperaient pas à l'échafaud. Ce capitaine et ce conseiller protestants, condamnés pour crime de lèse-majesté, furent exécutés en place de Grève, la nuit, à la lumière des flambeaux, et le Roi voulut être témoin de leur supplice.

Ces terribles événements ont fait de Charles IX un autre homme. De bénin et gracieux, son accueil est devenu sévère. Il ne regarde jamais en face, il est renfrogné, mélancolique, parlant peu. On a craint, dit l'ambassadeur vénitien, que de sévère il ne devienne cruel. Il l'était devenu. Il ne lui suffit pas d'avoir fait ou laissé tuer les huguenots dans son royaume, il lui faut le sang de ceux qui, avec son approbation, sont allés prendre Mons et la défendent. L'idée que le duc d'Albe puisse leur faire grâce lui est insupportable. Il s'abaisse jusqu'à demander leur mort comme une faveur à Philippe II, à Diego de Çuñiga, au duc d'Albe. L'organisateur du tribunal du sang, pour lui faire honte, accorda aux assiégés de Mons des conditions généreuses et laissa au roi de France le soin d'égorger ses sujets. Quand ces malheureux rentrèrent en Picardie, ils furent traqués. Il n'y eut guère d'épargné que La Noue.

Catherine de Médicis, l'inspiratrice de la Saint-Barthélemy, passa pour le plus ferme appui du catholicisme. Le peuple de Paris la proclamait la mère du royaume et la conservatrice du nom chrétien ; le Pape, qui avait fait allumer des feux de joie et frapper une médaille en souvenir de cette grande journée, envoya le cardinal Orsini porter au Roi très chrétien et à sa mère ses félicitations et celles du sacré Collège. Quand Philippe II apprit la nouvelle, il montra contre son naturel et coustume tant d'allégrie qu'il l'a faict plus magnifeste que de toutes les bonnes advantures et fortunes qui luy vinrent jamais. Il se prist à rire ; il louait tantôt le fils d'avoir une telle mère... puis la mère d'[avoir] un tel fils. Catherine triomphait de l'étonnement du Roi catholique : Suis-je aussi mauvaise chrétienne que le prétendait don Francès de Alava, demandait-elle à un envoyé du duc d'Albe.

Dans cette effroyable journée, elle et son fils sont peut-être les seuls qui n'aient pas l'excuse du fanatisme. Elle avait voulu tuer Coligny pour se débarrasser d'un rival ; le coup manqué, elle avait été poussée par la peur à anéantir le parti. Mais elle n'a pas songé un instant à substituer une politique catholique à une politique protestante. Ces grands projets dépassaient ses conceptions et son pouvoir. Tout de suite elle revint à ses petits calculs, à ses projets de mariage, intriguant avec tout le monde, coquetant avec Élisabeth d'Angleterre aussi bien qu'avec Philippe II. Elle était si étrangère aux passions religieuses qu'elle ne soupçonnait pas qu'on pût avoir de la répugnance à traiter avec elle après son crime. En même temps qu'elle demandait à Philippe II le prix de son grand service, elle reprenait les relations avec Ludovic de Nassau, qui venait de sortir de Mons, et continuait à négocier avec les protestants d'Allemagne. Elle recommandait à Schomberg de ne pas laisser entrer en l'entendement des princes que ce qui a été faict à l'admirai et à ses complices soyt faict en haine de la nouvelle religion ni pour son extirpation, mais seullement pour la pugnition de la scelere conspiration qu'ils avoient faicte. Le Légat, qui apportait les compliments de la Cour de Rome, attendit longtemps à Avignon la permission de pousser plus avant, et, à son entrée à Paris, il ne reçut pas les honneurs accoutumés. Il ne put obtenir du Roi ni son adhésion à la Ligue contre le Turc ni la réception du Concile de Trente. Ces mortifications étaient destinées à convaincre les souverains et les peuples protestants qu'ils s'étaient mépris sur le caractère de la Saint-Barthélemy. Monluc, envoyé en Pologne pour y soutenir la candidature du duc d'Anjou, faisait les mêmes déclarations et Catherine ne doutait pas que les protestants polonais ne votassent pour son fils. Elle avait oublié la Saint-Barthélemy.

Tout semblait lui réussir. Elle conduisait les affaires avec une pleine et tranquille autorité sans crainte d'une rivalité possible. Elle avait bien compté, en mariant sa fille au roi de Navarre, énerver l'opposition protestante. Mais l'événement dépassait ses espérances ; Henri de Bourbon, menacé de mort s'il n'abjurait, s'était converti. Les hommes comme Coligny, qu'il aurait été impossible de gagner, avaient disparu. Les huguenots restaient sans chefs, sans conseillers, presque sans capitaines. Que pourraient les simples gentilshommes, les bourgeois et les soldats du parti contre toutes les forces de la royauté ? Catherine goûtait pleinement le bonheur du triomphe. Lorsqu'à la fête d'investiture des chevaliers de Saint-Michel (29 septembre), elle vit passer son gendre, devenu catholique, parmi les nouveaux promus, elle ne put se contenir. Elle le regarda longtemps, et, quand il se fut incliné avec beaucoup de bonne grâce devant l'autel et devant les dames, elle se tourna vers les ambassadeurs et partit d'un joyeux éclat de rire.

 

 

 



[1] SOURCES : Lettres de Catherine de Médicis, IV. Teulet, Corresp. de la Mothe Fénelon, III-V et VII. Charrière, Négociations de la France dans le Levant, III, 1re, Coll. Doc. inédits. Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, III, Coll. Doc. inédits. Alberi, Relazioni dagli ambasciatori Veneti al senato, série, IV. Groen van Prinsterer, Archives de la maison de Nassau, 1re série, III, 1838, et Supplément, 1847. Gachard, Correspondance de Philippe II sur les affaires de Pays-Bas, II, 1851. Piot, Correspondance de Granvelle faisant suite aux papiers d'État, IV, 1884. Mémoires et ambassades de Walsingham, Amsterdam, 1700 et plus complètement dans Digges, The Compleat Ambassador, 1665. Mgr Douais, Dépêches de M. de Fourquevaux, ambassadeur du roi Charles IX en Espagne, 1565-1571, t. II, 1900. L. Didier, Lettres et négociations de Mondoucet, résident de Francs aux Pays-Bas, I, 1892. Registres des Délibérations du Bureau de la ville de Paris (1568-1571), VII, édité et annoté par Bonnardot, 1893. Les lettres de Corbinelli publiées par Pio Rajna, Jacopo Corbinelli e la strage di S. Bartolommeo, 1898. Mémoires de l'Estat de France sous le Roy Charles IX depuis le troisiesme Edict de pacification fait au mois d'aoust 1570 jusques au commencement du règne de Henry III, 1578, I. Le récit de Juan de Olaegui, publié par Gachard, Bulletin de l'Académie royale de Belgique, XVI, Ve partie, 1849. Hungerbahler, Zwei Kabinetstacke aber die Bartholomdasnacht, Saint-Gall, 1858. Th. de Liebenau, Documents relatifs à la Saint-Barthélemy, Indicateur d'histoire suisse, 1876. Mémoires de Tavannes ; de Marguerite, publ. par Guessard, Soc. Hist. France, 1842 ; du duc de la Force, p. p. le mte La Grange, 1843, I ; de Mergey, M. et P., IX. Mémoires des sages et royalles Œconomies d'Estat, de Sully, Amstelredam, [1638]. Mémoires de Madame Du Plessis-Mornay, publ. par Mme de Witt, S. H. F., 1868, I. Mémoires de Luc Geïzkofier, tyrolien, traduits par Édouard Fick, Genève, 1892. Discours du roi Henri III à un personnage d'honneur, Mémoires d'Estat de Villeroy, II, 1625. Mémoires et correspondance de Du Plessis-Mornay, 1824, II. De Thou, Histoire universelle, 1734, VI. D'Aubigné, Histoire universelle, Ruble, S. H. F., III, 1889. Correspondance de Mandelot, gouverneur de Lyon avec Charles IX et Henri III, Monfalcon, Histoire monumentale de Lyon, II. Archives curieuses de Cimber et Danjon, série, VII. Papire Masson, Historia vitæ Caroli Valesii Galliarum regis ejus nominis noni, éd. Le Laboureur des Mémoires de Castelnau, 1731, III.

OUVRAGES À CONSULTER : Abel Desjardins, Charles IX ; deux années de règne, 1873. De La Ferrière, Le XVIe siècle et les Valois, 1879. Theiner, Annales ecclesiastici, I, 1856. Baumgarten, Vor der Bartholomäusnacht, 1882. Soldan, La France et la Saint-Barthélemy (trad. Schmidt), 1855. Bordier, La Saint-Barthélemy et la critique moderne, 1879. Loiseleur, Trois énigmes historiques. La Saint-Barthélemy..., 1888. Fr. Combes, Les présidents Lagebaton et Daffis ou Bordeaux pendant la Saint-Barthélemy et la Sainte Ligue, Lectures historiques. II, 1885. Forneron, Histoire de Philippe II, 1881, II ; des ducs de Guise, II. D'Aumale, Princes de Condé, II. Delaborde, Coligny, III. Baguenault de Puchesse, Jean de Morvilliers, évêque d'Orléans, garde des sceaux de France, 1870. Froude, History of England, 1887, IX-X.

[2] Pie V nomma Cosme grand-duc de Toscane le 27 août 1569 et le couronna solennellement au Vatican le 18 février 1570. A. von Reumont, Geschichte Toscana's..., I, 243, 1876.

[3] Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, III, p. 722.

[4] Charriere, Négociations de la France dans le Levant, III, p. 283.

[5] Mémoires et correspondance de Du Plessis-Mornay, 1824, II, p. 20-37.

[6] Registres des délibérations du Bureau de la Ville de Paris, VII, p. 10-11.

[7] L'Hôpital, depuis 1568 retiré dans son domaine du Vignay, eut peine à échapper à la fureur des paysans d'alentour. Catherine lui envoya, pour le protéger, quelques soldats de sa garde. Mais elle l'invita à donner sa démission de chancelier ; ce qu'il fit (fév. 1573). Il mourut le 13 mars.