HISTOIRE DE FRANCE

TOME CINQUIÈME — LES GUERRES D'ITALIE - LA FRANCE SOUS CHARLES VIII, LOUIS XII ET FRANÇOIS Ier (1492-1547).

LIVRE VI. — L'ÉVOLUTION RELIGIEUSE[1].

CHAPITRE PREMIER. — LES TENTATIVES DE RÉFORME PACIFIQUE[2].

 

 

I. — LA QUESTION DE LA RÉFORME.

AU début du XVIe siècle, en France, un grand nombre d'esprits furent préoccupés d'une réforme de l'Église. Profondément religieux, avec une recrudescence de foi et d'amour divin, ils voulaient concilier le respect des grandes vérités du dogme avec les lumières de la Renaissance. Élargir le christianisme, moraliser l'humanisme[3], les fondre en une grande religion, qui satisfit aux besoins des intelligences et des âmes, tel fut l'idéal de ces hommes, qui reprenaient les conceptions des grands chrétiens du XVe siècle, de Gerson, des Frères de la Vie commune, de Nicolas de Cues.

A ces tendances résista la théologie officielle. Attachée aux traditions des docteurs du XVIe siècle, elle avait eu le tort de substituer peu à peu leur autorité à celle des textes sacrés : le christianisme menaçait de dater de saint Thomas d'Aquin. Encore même l'esprit des grands docteurs était-il dénaturé. La scolastique donnait l'habitude redoutable de l'étude formaliste du texte et du commentaire sur les mots, fait avec tous les raffinements de l'esprit ecclésiastique et de l'esprit juridique ; ainsi le livre engendrait le livre, et l'exégèse devenait doctrine ; l'École finissait par remplacer l'Église.

Le Clergé était, comme la théologie elle-même, dévoyé de son institution primitive. Très mêlé, du haut en bas, à la société laïque, il y gagnait de rester en contact avec elle, mais il risquait de s'y absorber. Un grand nombre de prêtres ou de moines abandonnaient peu à peu la règle du célibat ; ils avaient des enfants qu'ils reconnaissaient officiellement et sans scandale[4]. La coutume s'introduisant de plus en plus, chez beaucoup de membres de la bourgeoisie devenus veufs, d'entrer dans le Clergé, après une première carrière faite dans le monde, le vœu de chasteté ne semblait plus être la loi fondamentale de la prêtrise. Même dans l'Église, la question était discutée.

En outre, les moines, prêtres, évêques avaient toutes sortes d'intérêts et de devoirs séculiers. Ils possédaient à titre corporatif ou privé, ils exerçaient des fonctions. Enfin les deux sociétés cléricale et laïque se pénétraient, se confondaient presque par les ordres intermédiaires des tonsurés et des clercs, population flottante entre l'une et l'autre. En tout cela consistait en partie ce qu'on a appelé au XVe siècle la Corruption de l'Église : une déviation de son état normal.

Mais il y avait aussi la corruption par les vices ; des évêques, des prêtres, des moines vivaient d'une vie scandaleuse : débauchés, ivrognes, passionnés de luxe. Beaucoup ne prêchaient plus ou ne confessaient plus, si ce n'est à prix d'argent. Le Clergé ne recevait pas d'instruction véritablement religieuse, les hauts dignitaires se laissant prendre aux charmes de la Renaissance et de la culture purement intellectuelle[5] ; les autres dédaignant tout ce qui était œuvre d'esprit et se complaisant dans l'ignorance. Pour toutes ces raisons, la plupart des membres de l'Église étaient précisément disposés à s'attacher étroitement aux formules, aux opinions acquises et officielles, si commodes pour les indifférents. Ils avaient une répulsion instinctive à l'égard de toutes les nouveautés, de toutes les idées qui pouvaient obliger à un effort ou troubler l'état de choses dont ils profitaient.

Depuis la fin du XVe siècle cependant la réforme des monastères et du Clergé fut à l'ordre du jour. Elle s'accomplit en partie avec Louis XII et le cardinal d'Amboise et au cours même du règne de François Ier. En 1521, 1522, 1525, réforme des Frères mineurs de Toulouse, des monastères de Saint-Sauveur d'Orléans, de Saint-Victor de Paris, de l'Abbaye de Jouarre ; celle de Fontevrault occupe près d'un siècle[6] ; en 1543 encore, on essaiera de corriger les abus dans l'ordre des Franciscains. On aboutit ainsi à quelques résultats, mais fort minces. Les tentatives plus générales échouèrent.

Beaucoup, par les mots imposants de réforme de l'Église, n'entendaient que la correction de certaines pratiques ou l'amélioration des mœurs ; on le voit par les règles édictées : que les prêtres préparent mieux le sacrifice de la messe, qu'ils aient soin de lire leur bréviaire, que les séculiers et les réguliers s'abstiennent du jeu, des femmes, de la boisson. Sans nier l'importance et la sincérité de ces tentatives, elles semblent aussi avoir été, pour partie au moins, un moyen de détourner l'attention et d'éviter d'aller au fond des choses.

Des questions bien plus hautes se posaient dans presque toute l'Europe ; la France ne pouvait y rester indifférente et les premiers réformateurs français abordèrent tous les grands problèmes de la foi et de la morale. Le mouvement sortit de l'Université elle-même, qui conservait encore, au début du XVIe siècle, presque tout son prestige, puisque Luther en appellera à sa décision, lors de ses premiers démêlés avec le Pape. Sans doute, la majorité de ses membres et surtout la Faculté de théologie tenaient pour les opinions conservatrices et les doctrines romaines, ou continuaient à se perdre dans la scolastique. Mais il y avait chez quelques autres une activité et même une hardiesse d'esprit, qui expliquent que la plupart des réformateurs du premier et même du second âge soient nés de l'enseignement universitaire.

 

II. — LEFÈVRE D'ÉTAPLES ET SES DISCIPLES.

LEFÈVRE d'Etaples exprime admirablement l'esprit de la Réforme française avant Calvin[7].

Ce savant fut avant tout un croyant, attaché de cœur au christianisme ; une intelligence tendre et forte, conciliant dans une exquise simplicité d'âme le mysticisme et la science.

Il se trouve déjà tout entier dans la préface de son Psautier quintuple, composé en 1508, publié en 1509, et dans celle du Commentaire sur les Épures de saint Paul, écrit en 1512. Pendant longtemps, je me suis attaché aux études humaines, écrivait-il, et j'ai à peine goûté du bord des lèvres les études divines : car elles sont augustes et ne doivent pas être approchées témérairement. Mais déjà, dans le lointain, une lumière si brillante a frappé mes regards que les doctrines humaines m'ont semblé des ténèbres, en comparaison des études divines, tandis que celles-ci m'ont paru exhaler un parfum dont rien sur la terre n'égale la douceur. Voilà tout l'accent moral de la première Réforme ; en voici maintenant quelques idées fondamentales : C'est dans l'Écriture Sainte que se trouve la doctrine de Christ. — Ne suivons pas les dogmes des hommes, qui n'ont pas de fondement dans la lumière qui a brillé d'en haut. — Attachons-nous donc au seul Christ et à la doctrine apostolique ; le reste est peut-être plus superstitieux que religieux. — Ce que nous faisons n'est point notre œuvre, mais celle de la bénédiction divine. — Attribuer un mérite aux œuvres, c'est presque avoir l'opinion de ceux qui croient que nous pouvons être justifiés par les œuvres.

C'est la rupture avec la théologie sorbonnique, le retour, par delà les docteurs, à l'Évangile et au Christ, la question du libre arbitre posée, la proclamation de la grâce divine comme unique moyen de salut, les œuvres, c'est-à-dire les aumônes ou les pèlerinages, n'étant que des manifestations extérieures et secondaires de la foi. Seulement cette doctrine, chez Lefèvre, se concilie encore avec presque toutes les croyances catholiques.

Mais précisément parce qu'il était croyant, il voulait débarrasser des fables anonymes, ridicules souvent, introduites peu à peu par les exégètes ou l'imagination populaire, l'histoire de la Vierge et du Christ. Il publia, en 1518, des dissertations sur Marie-Madeleine et sur sainte Anne, où il prouvait qu'il y avait eu trois femmes du nom de Marie, et que sainte Anne n'avait eu ni trois époux successifs, ni trois filles : assertions contraires à la tradition alors admise , il ne craignait pas de corriger des fautes de texte dans les Évangiles. Il considérait surtout — et ceci est capital — qu'il n'y a pas de piété sans intelligence. Clichtove[8], son disciple (il allait bientôt faire défection), exprimait très fortement la même pensée : L'ignorance s'est introduite dans l'Église de Dieu ; ceux qui sont employés à chanter les louanges divines sont tombés dans une telle ineptie qu'il s'en trouve un bien petit nombre à comprendre complètement et exactement ce qu'ils lisent ou ce qu'ils chantent. Loin de développer l'esprit religieux, cette inintelligence dessèche le cœur, refroidit l'aime, énerve le ministère sacré.

A ce grand travail de théologie et de science vulgarisées on peut rattacher les traductions françaises du Nouveau et de l'Ancien Testament, publiées par Lefèvre, l'une en 15513, l'autre après 1515, et qui rendaient accessibles aux fidèles les sources même de la foi.

En France, il groupait autour de lui quelques hommes de sa génération et de la génération nouvelle, sur lesquels il exerça une action incontestable : Budé, Vatable, Roussel, Farel, Clichtove, Cop, Étienne Poncher, Petit, qui plus tard divergèrent, les uns allant vers le luthéranisme, d'autres revenant par indifférence au culte officiel, mais qui presque tous cependant lui restèrent attachés de cœur. Farel, le réformateur si passionné et si entier, tout en prenant en pitié les superstitions, auxquelles Lefèvre selon lui n'avait pas su complètement se soustraire, n'a pas cessé de le représenter comme un précurseur, et reconnaissait que c'était de lui qu'il tenait la première annonce du nouvel Évangile.

Puis il y avait, en dehors des humanistes, beaucoup d'Aines éprises de vérité, qui sentaient confusément que la Renaissance intellectuelle ne suffisait pas à conduire la société, qui aspiraient à un idéal encore plus élevé, qui restaient religieuses au milieu de toutes les nouveautés dont la vie d'alors se compliquait. Ces hommes de bonne volonté se rencontraient dans toutes les classes ; on en comptait beaucoup dans le clergé même, surtout dans le clergé séculier.

Ainsi se forma le groupe de Meaux, sous la direction de Lefèvre d'Étaples et la protection de Briçonnet, qui fut nommé en 1516 évêque de la ville.

Briçonnet avait l'âme naturellement religieuse et même mystique. Sa correspondance avec Marguerite d'Angoulême est pleine d'effusions naïves, compliquées d'une théologie obscure, quintessenciée, exprimée dans un style amphigourique[9]. Il était honnête, sincère, avec un esprit assez ouvert pour se laisser persuader et entraîner, mais sans originalité et sans force : il subit toujours des influences. Il était naturellement disposé à n'être que l'homme des demi-mesures et à reculer, sinon devant les périls, au moins devant les excès, même devant les hardiesses ; il n'était pas de ceux qui renversent les ordres de choses établis. Il fut, pendant un temps, le représentant en vue des idées de Lefèvre d'Étaples, qu'il garda auprès de lui au monastère de Saint-Germain-des-Prés, dont il avait été abbé, en 1507, et qu'il emmena ensuite dans son évêché de Meaux.

Ce fut un moment exceptionnel et qu'on put croire décisif : Meaux semblait devenu le centre de la Réforme pacifique, le point de jonction entre Paris et Strasbourg, Bâle, même Wittenberg, les trois villes d'Allemagne, d'où les doctrines luthériennes prenaient leur expansion. Vatable, Roussel, Farel y fréquentèrent ; Lefèvre y fut nommé administrateur de la Léproserie en 1521 et vicaire général en 1523 ; il y composa la traduction du Nouveau Testament et les Épîtres et Évangiles des 52 dimanches, qui se répandirent rapidement. L'évêque obligea les curés à résider ; il établit 30 stations de prédication, où il envoyait des jeunes hommes pénétrés des nouvelles doctrines. Une lettre de Lefèvre dit : Notre évêque a confié à Gérard Roussel, actuellement chanoine et trésorier de notre Église, la mission d'interpréter chaque matin aux fidèles des deux sexes les Épitres de saint Paul, traduites dans notre langue ; il veut qu'il le fasse non dans un sermon mais dans un commentaire familier.

Avec Briçonnet et Lefèvre, Gérard Roussel fut un des artisans de cette première Réforme française[10]. Il souhaitait le retour à la sincérité de la religion, faussée par les superstitions romaines ; il était plein de bonne volonté, de foi, mais d'une timidité touchante, à force d'être naïve. Que peut faire un pauvre homme (homuncio), écrivait-il plus tard, qui n'est jamais entré dans la lice ?La chair est faible, disait-il, le martyre effrayant, il faut compter plus sur Dieu que sur les hommes pour assurer le triomphe de la vraie doctrine. C'est la doctrine de la grâce opposée à la valeur des œuvres, et qui vient très à propos justifier l'inaction de Roussel. Quand il fut dénoncé comme hérétique, Marguerite écrivait à Montmorency : J'espère que la fin bien congrue, le Roy trouvera qu'il est digne de mieux que du feu, et qu'il n'a jamais tenu opinion pour le mériter, n'y qui sente nulle chose hérétique. Il y a cinq ans que je le congnois, et croyés que se j'y eusse veu une chose doubteuse, je n'eusse pas voulu souffrir si longtemps une telle poison ny y employer mes amis. En effet, il finit dans la robe d'évêque à Oloron, où il fut nommé en 1536[11] : cette première réforme, décidément, n'impliquait pas nécessairement rupture avec l'Église.

Vers 1520, il était permis de croire au succès de l'œuvre tentée par Briçonnet, car elle trouvait faveur dans l'entourage du p9verain, et Marguerite d'Angoulême[12] y était passionnément attaché. Cette âme délicate et tendre, cette intelligence fine et quelque peu subtile s'était éprise surtout de l'humanisme de Nicolas de Cues[13] et d'une sorte de néoplatonisme chrétien. Ce qu'il y avait de généreux — et de vague — dans la pensée de Lefèvre ou de Briçonnet était pour la séduire.

Elle ne faisait encore qu'entrevoir les idées nouvelles, mais elle agissait déjà en disciple des réformistes. Elle écoutait Lefèvre et Roussel ; elle entretenait avec Briçonnet une correspondance intime ; elle lui demandait le service spirituel ; elle lui disait qu'elle désirait commencer d'entendre le chemin de salut. Elle lui écrivait : Ainsy que la brebis, en païs estrange errant, ignorant sa pasture, par mescongnoissance des nouveaux pasteurs, liève naturellement la teste pour prendre l'air qui vient du lieu où le grand berger, par ses bons ministres, luy a accoustumé donner doulce nourriture : en ceste sorte, comme trop indigente, par faulte d'avoir bien mis à proffit la réfection spirituelle que j'avais prinse en vostre dévote compaignie, suis contraincte de prier vostre charité... exercer par lettres son effect commencé par parolles...

Ses croyances paraissent être l'expression très exacte de ce qu'ont pensé les premiers réformateurs. Non pas qu'elle soit restée complètement enfermée dans leurs doctrines ; elle les a précisées et peut-être amplifiées. D'un autre côté, si elle a reçu à coup sûr des impressions assez fortes de Luther et de Calvin, elle ne les a vraiment subies qu'autant qu'elles s'accordaient avec sa propre pensée et ses propres sentiments. Ainsi, à étudier son œuvre théologique, depuis le premier jour jusqu'au dernier, c'est-à-dire de 1520 environ à 1549, date de sa mort, on y trouve l'unité dans la progression, et l'on se rend très bien compte de l'esprit de la Réforme française, de ce qu'il pouvait donner et du point où il devait s'arrêter pour ne pas tomber dans le protestantisme.

D'abord — ce qu'on n'a pas assez remarqué — elle a presque toujours exprimé ses croyances en vers. Son esprit était en effet bien plus poétique, plus philosophique, si l'on veut, que dogmatique. Cependant on arrive à saisir dans ses écrits, au milieu de toutes sortes de redites et à travers une diffusion qui est le trait déplorable de son style, quelques idées morales ou religieuses dominantes.

Elle s'attache à des vérités générales ou à des conceptions sentimentales, que le catholicisme officiel en était venu à trop négliger, mais qui ne se trouvaient pas en désaccord avec lui.

La puissance infinie de Dieu :

Seigneur, duquel le siège sont les cieux,

Le marchepied la terre et les bas lieux,

Qui en tes bras encloz le firmament,

Qui est toujours nouveau, antique et vieux,

Rien n'est caché au regard de tes yeux.

L'absorption en Dieu jusqu'à l'extrême mysticisme, et la passion du sacrifice :

Mon Dieu, mon Tout, dont ne peux me passer,

Car en toy sens et mon estre et ma vie[14].

Je cherche autant la croix et la désire,

Comme autrefois je l'ay voulu fuir ;

Je cherche autant par torment d'en jouir,

Comme autrefois j'ay craint son dur martyre.

Le mépris des joies terrestres :

Que trop aymé j'ay mon malheureux corps,

Pour qui j'ay tant chascun jour travaillé....

Et que j'en ay faict mon dieu, mon ydolle,

Trop plus aymant ma chair fragile et molle

Que mon salut.

Voici qui appartient davantage à la Réforme. Le Christ rédempteur unique suprême :

Mais connaissant que nostre sauvement

Vient de Jésus, rédempteur admirable,

Sauveur Jésus vous appelle humblement.

L'opposition (comme chez les Réformés) entre la Loy (l'ancienne), dure, et l'Évangile, miséricordieux. Dans l'ancienne Loi :

Je suis ton Dieu, qui cherche et examine

Tous tes péchés....

Dans la nouvelle :

Par Christ mourant, la sentence est esteinte

De dure loy, et la playe restreinte

Du viel péché....

Le monde régénéré :

Voici nouvelle joie,

La nuict pleine d'obscurité

Est passée ; et voicy le jour

Auquel marchons en seureté.

La réaction contre les raffinements de la scolastique :

Nul que l'humble et petit

N'y pelait prendre appétit (à l'Évangile)[15],

Celuy-là seul l'entend.

Jusque-là pourtant rien qui s'écarte des doctrines très modérées des premiers réformateurs français ; mais la Reine s'attache avec insistance aux idées sur la foi, sur la non-justification par les œuvres, sur la prédestination. Les œuvres sont bonnes, mais ce n'est pas par elles qu'on est sauvé, on ne l'est que par la grâce, qui est un don du Très Hault,

En Christ seul est seure salvation

Pour les esleuz qu'il luy a pieu choisir.

Enfin, elle ne donne à la Vierge qu'une place secondaire ; elle ne lui accorde pas

Louange plus grande que l'honneur

Que vous a fait le Souverain Seigneur.

Dans le Miroir de l'âme pécheresse, elle transposa le Salve Regina pour en faire une invocation au Christ, ce qui fut un des grands griefs de la Faculté de théologie. Et c'est à peine si, dans ses poésies, il est question des saints ou de la messe. On y trouve au contraire des attaques assez vives contre les superstitions de l'Église, contre les symagrées. Dans la comédie qu'elle fit jouer, en 1547, à Mont-de-Marsan, le personnage de la Superstitieuse rassemble tout ce qui a été écrit de plus hardi contre les pratiques du culte.

V Enfin, elle prend nettement parti pour les persécutés contre les persécuteurs. Aux supplices, elle oppose le beau cantique :

Resveille-toy, Seigneur Dieu,

Fais ton effort

De venger en chacun lieu

Des tiens la mort.

Tu veux que ton Évangile

Soit preschée par les tiens,

En chateau, bourgade et ville,

Sans que l'on en cèle riens.

Donne donc à tes servans

Cueur ferme et fort ;

Et que d'amour tous fervents

Ayment la mort.

Cependant, cet état d'âme n'est pas le pur Protestantisme, bien qu'on l'ait prétendu : c'est comme une adhésion d'esprit à la pensée générale et philosophique de la Réforme. Si la Reine a protégé les Réformés, ou les a reçus dans son royaume de Navarre, si elle a eu pour la plupart d'entre eux toutes sortes de sympathies, on ne voit pas qu'elle ait fait acte de foi véritable. Certainement il faut se refuser à l'évidence polir dire qu'elle resta pleinement catholique ; elle ne le fut jamais, depuis 1521, à la façon de la Sorbonne ou du Pape ; mais elle garda l'espoir d'une réforme pacifique, qui n'aurait pas rompu l'unité de l'Église[16].

On le voit, chez Marguerite, comme chez Briçonnet et les premiers précurseurs de la Réforme, il y a dans le vague des idées quelques sentiments très forts : une recrudescence d'amour, qui va tout droit au Christ rédempteur et le ressaisit dans l'Évangile, qui met la religion dans ce pur amour du Christ, le salut dans la foi. Il y a fatigue, dédain de la théologie accumulée ; détachement des pratiques traditionnelles : le Christ suffit ; détachement de l'autorité du prêtre : l'Évangile suffit. Il y a enfin une sorte de colère contre les scandales de l'Église présente, comparée toujours à l'Église primitive et idéale. Pourtant ces précurseurs gardent un respect profond pour le catholicisme en lui-même, pour la hiérarchie, pour le dogme : l'Église réformée par l'Église, tel fut leur espoir passionné.

 

III. — LES RÉSISTANCES DES THÉOLOGIENS.

MARGUERITE était à peu près d'accord avec son frère et sa mère. Louise de Savoie appartenait bien à la génération de la fin du XVe siècle, où les esprits, même les plus secs, les âmes les plus dures et les caractères les moins scrupuleux restaient toujours préoccupés des questions religieuses et revenaient, comme par un penchant naturel, à la foi de leur enfance. Quant au Roi, il gardait, au milieu des incartades ou des folies de l'âge, quelques instincts généreux : il était capable d'élans, ami des nouveautés et en outre irrité contre le Parlement et l'Université, à cause de leur opposition récente au Concordat. Des évêques, des prêtres, des moines manifestaient aussi des sympathies pour les essais de réforme.

Aussi Marguerite pouvait écrire : Le Roy et Madame ont bien deslibéré de donner à congnoistre que la vérité de Dieu n'est point hérésie. Elle ajoutait, dans une lettre postérieure, que sa mère et son frère étaient plus que jamais affectionnez à la réformation de l'Église.

Pourtant cette première réforme ne devait pas aboutir : elle était à la fois trop modérée et trop exigeante. Elle n'excitait pas les passions violentes qui entraînent les cœurs ; d'autre part, elle se préoccupait trop du perfectionnement moral pour se concilier avec les habitudes de la société de Cour et avec l'esprit de la Renaissance, qui concédait tant aux joies de la vie. On ne voit vraiment pas le François Ier de Madame de Châteaubriant suivre jusqu'au bout Lefèvre d'Étaples : il lui fallait une religion plus accommodante, et le catholicisme officiel la lui offrait. A vrai dire, il n'eut jamais, dans ces questions religieuses, que des curiosités ou des velléités.

Tandis que les premiers réformistes ne voulaient combattre que par la piété ou la raison, les théologiens de l'Université, qui pendant vingt ans au moins absorbèrent en eux l'Église française, poussaient avec vigueur la lutte violente où ils s'étaient engagés dès le premier

jour. Lefèvre était l'objet principal de leurs attaques. Ils lui reprochaient de vouloir traiter des questions auxquelles il n'était pas préparé, n'étant pas un théologien d'éducation ni de profession ; de mêler la science nouvelle à la connaissance des choses saintes, où elle n'avait que faire ; de mettre en doute les vérités traditionnelles. Ce dernier grief suffisait ; il était fondamental.

A ce moment avait déjà commencé le rôle d'un personnage étrange, Béda[17] (Beyde ou Bédier). Cet homme médiocre, dont on ne saisit la trace dans aucune œuvre vivante, s'est acharné avec une passion farouche à enrayer la marche de toutes les idées. Il avait un tempérament de lutteur, un désintéressement absolu, une conviction profonde autant que mesquine, une hardiesse que rien n'effrayait. Il lutta contre le Roi avec autant d'énergie que contre les novateurs. C'est un vrai ligueur démocrate avant la Ligue : il yen avait déjà plus d'un de ce tempérament dans le Clergé et l'Université. Béda ne manquait pas de lettres, il avait été effleuré par la Renaissance, il avait entretenu des rapports amicaux avec Érasme. Dans sa correspondance et même dans ses ouvrages de polémique, il est moins violent, moins brutal que ne l'a fait sa réputation. Mais il était de ces hommes qui n'admettent aucune transaction sur la doctrine : dès que le catholicisme traditionnel lui parut menacé, il ne voulut plus rien connaître ni accepter en dehors de la plus stricte orthodoxie.

Principal du collège de Montaigu depuis 1502 et déjà représentant de l'esprit pédagogique conservateur, il s'engagea dans les querelles religieuses, à propos des traités de Lefèvre sur les Trois Madeleines et sur sainte Anne, et publia, en 1519, une Déclaration scolastique de l'avis et des rites de l'Église sur la Madeleine unique, contre l'opinion de Lefèvre et de Christophe (probablement Clichtove). La Faculté de théologie marchait d'accord avec lui. En 1520, il y fut pourvu de la charge de syndic ; il devait la garder jusqu'en 1533 et elle lui assurait un pouvoir de direction.

Les adversaires de toute réforme furent servis indirectement par les événements qui se passaient au dehors de la France, et c'est peut-être la Réforme allemande qui a compromis l'œuvre pacifique entreprise par Lefèvre d'Étaples.

Luther, en Allemagne, et Zwingli, en Suisse, avaient en effet entamé la lutte contre l'Église officielle et ils lui avaient bientôt donné une allure de révolte. Le 31 octobre 1517, Luther avait affiché à la porte de l'église de Wittenberg les quatre-vingt-quinze propositions d'où la révolution religieuse devait sortir. En 1520, il avait rompu avec le Pape, et, en 1521, à la diète de Worms, avec l'Église et avec l'Empereur. Mélanchton, un des humanistes les plus respectés de l'Allemagne, s'était uni à lui ; des princes allemands soutenaient sa cause. La première diète de Spire, en 1526, allait reconnaître le fait de la Réforme, en autorisant les princes à se conduire comme ils croiraient pouvoir en répondre devant Dieu. En 1529, le nom de Protestants apparaît, lorsque les luthériens protestent contre les décisions impériales.

D'assez bonne heure se précisèrent les doctrines fondamentales, qui furent formulées à la diète d'Augsbourg, en 1530. Retour à l'Évangile, source de toute croyance ; suppression de la plupart des sacrements ; le dogme de la transsubstantiation dans le sacrifice de la messe accepté seulement sous réserves ; le culte de la Vierge et des Saints proscrit ; le salut par les œuvres nié ; l'autorité du Pape rejetée ; les vœux monastiques et la nécessité du célibat des prêtres abolis ; tel se constitua le luthéranisme entre 1520 et. 1530.

Or, dès 1518, le nom de Luther était parvenu en France ; assez vite ses écrits y furent lus, au moins par les érudits et les théologiens, plusieurs lettres du commencement de 1519 le constatent. En 1520, on dit que ses livres se vendent par centaines et que les savants pensent beaucoup de bien de sa doctrine.

La doctrine de Zwingli, que la France connut aussi à peu près au même temps, se rapprochait par beaucoup de côtés de celle de Luther ; elle en différait par les idées sur la messe, puisque Zwingli niait absolument la présence réelle dans l'Eucharistie. Plus résolue que celle de Luther, la Réforme, telle que Zwingli la prêcha et telle que ses disciples, groupés à Zurich, à Neuchâtel, à Berne, la répandirent, devait exciter bien plus encore les défiances du pouvoir et les colères du Clergé.

Il résulta de ces faits que le parti des réformistes français fut peu à peu coupé en deux. Non pas que Luther et Lefèvre d'Étaples n'aient été d'accord pendant quelque temps sur les points fondamentaux. Le premier, en 1521, qualifie Lefèvre de eruditionis et integritatis columen[18], et celui-ci comptait Luther au nombre de ceux qu'il chérissait dans le Christ. Mais, pendant que les doctrines des Allemands se précisaient et tandis qu'ils passaient de l'idée à l'action, Lefèvre resta fixé irréductiblement dans la ligne de conduite qu'il s'était tracée : la réforme sans révolution, la réforme par l'Église, dans l'Église et avec l'Église ; il perdit ainsi un assez grand nombre d'adhérents, qui allèrent au protestantisme. D'autre part, la Sorbonne, qui ne voulait pas même d'une réforme modérée, s'empressa, pour la combattre, de la confondre avec la révolution luthérienne.

La bulle d'excommunication lancée contre Luther par le Pape en 1520 et l'avortement du colloque de Worms en 1521 ne permirent plus les hésitations.

Alors, les défections commencèrent à se produire dans le groupe de Meaux. La plus douloureuse et la plus grosse de conséquences fut celle de Clichtove[19], qui avait été un des plus dévoués disciples de Lefèvre, un des premiers ouvriers de la Renaissance et de la Réforme française[20]. Béda s'écriait alors : Il (Clichtove) montre une audace stupéfiante en parlant du Christ et des faits du Christ, et il faisait entendre que sa foi pouvait bien être suspecte. Ces objurgations, les menaces, les craintes excitées par le luthéranisme ramenèrent Clichtove à l'Église, dès 1520, par une brusque conversion, et dans le Culte des Saints (1523), l'Anti-Luther (1524), le Sacrement de l'Eucharistie (1527), il rétracta toutes les opinions qu'il avait d'abord soutenues ou acceptées.

D'ailleurs, un arrêt de condamnation fut prononcé par la Faculté de théologie, en avril 1521, contre les doctrines luthériennes. Les principaux auteurs de la décision étaient, parait-il, Béda (non pas le vénérable, écrivait plaisamment un Réformé, par allusion au vieux Bède le Vénérable), Duchesne et peut-être Clichtove[21]. Elle souleva en Allemagne une vive émotion, et Mélanchton publia une protestation contre le furieux décret des théologastres parisiens.

C'est qu'en effet le jugement était le manifeste du conservatisme catholique, qu'il constituait très puissamment en face de tous les novateurs : en énumérant les doctrines hérétiques qu'il répudiait[22], il contenait par cela même la définition de l'orthodoxie. L'acte d'avril annonce le concile de Sens de 1528 et la délibération de 1543, où la Faculté de théologie fixera de façon définitive les points fondamentaux du dogme. Et les théologiens de 1521 ne se limitèrent pas aux questions de foi, ils entreprirent de défendre Aristote et la scolastique, en même temps que la religion traditionnelle, faisant un grand effort pour ressaisir tout le passé universitaire.

Presque en même temps, le 1er décembre, la Faculté de théologie condamnait le livre des Trois Madeleine, ce qui prouve à quel point on cherchait à confondre les deux réformes, et l'on commençait à organiser un pouvoir de police universitaire à l'égard des livres réputés dangereux. La place se faisait de plus en plus étroite pour les idées modérées et les partis intermédiaires.

Cependant François Ier resta pendant longtemps encore hésitant et surtout il agit peu ; s'il ne demeura pas attaché à la conception de la Réforme française, s'il n'adhéra jamais à la Réforme germanique, ce n'est pas lui, à aucun moment, qui a mené la campagne contre l'une ou l'autre : elle a été conduite jusqu'au bout par la Faculté de théologie et le Parlement, auxquels s'unit la majorité du Clergé français restée catholique. On a dit jadis que les deux premiers corps s'étaient faits les serviles instruments du despotisme et du fanatisme royal. C'est une erreur complète ; ils ont agi dans leur pleine indépendance, bien plus en opposants qu'en complaisants ; ils ont soutenu avec fanatisme la cause du catholicisme. François Ier, si fort contre toute résistance politique, a senti par instinct que l'opposition des catholiques exaltés était bien plus redoutable. Il a cédé, parce que, à certains moments, il a eu peur.

Malgré tout, Lefèvre continuait avec la même mesure et la même fermeté son œuvre de restauration de la foi. Il écrivait dans une Épistre exhortatoire à tous les chrestiens et chrestiennes : Aussi, maintenant le temps est venu que nostre Seigneur Jésus-Christ, seul salut, vérité et vie, veult que son Évangile soit purement annoncé par tout le monde, affin que on ne se desvoye plus par autres doctrines des hommes. — Donoques, mes frères, cheminons en la lumière de la Saincte Évangile... Laissons la chair, prenons l'esprit. Laissons la mort, prenons la vie. Et, en 1529, dans la Manière de lire  : Prescher l'Évangile n'est autre chose, sinon Jésus-Christ venir à nous, et nous entre amenez à lui. Alors le fidèle est enflammé de grand feu de dilection divine, par lequel nostre cœur et nostre conscience sont esjouis et reçoivent paix, repos et seureté. L'âme des premiers réformés est là tout entière.

A ces émouvantes paroles Clichtove opposait la doctrine de la Faculté : L'intelligence des laïques ne pourra jamais comprendre le sens sublime enfermé dans les livres divins. Si des hommes, versés depuis leur enfance dans l'étude du latin et aidés par les commentaires des docteurs orthodoxes, peuvent à peine saisir ce sens sublime, comment pourraient y parvenir des esprits vulgaires et inexpérimentés, qui n'ont jamais pratiqué la lecture des textes sacrés et n'en ont jamais reçu l'explication ?

Les deux doctrines étaient nettement en présence.

A Meaux, Briçonnet commençait à se troubler ; il sentait que le terrain manquait peu à peu, s'il en faut croire sa correspondance avec Marguerite : La sagesse consiste à caller. Il vous plaira couvrir le feu pendant quelque temps. Le bois que voulez faire brusler est si vert qu'il estaindroit le feu. C'est que la Faculté de théologie engageait la lutte contre lui et qu'il avait été dénoncé à la Sorbonne, à la fin de 1521 Et puis Briçonnet avait certaines idées conservatrices très arrêtées. Il écrivait, en 1525, cette phrase où se révèle son caractère : Veu que la parole de Dieu nous apprend qu'il nous faut mesmes abstenir des choses bonnes et. licites, quand l'usage en peut apporter du scandale au prochain... Or, les passions s'étaient très vite excitées chez quelques croyants de son diocèse et elles débordaient les doctrines de Lefèvre d'Étaples. Des fidèles de Meaux[23] déchirèrent dans l'église des placards où étaient affichées des prières en l'honneur de la Vierge et des Saints. Tout cela sentait un luthéranisme révolutionnaire dont Briçonnet ne voulait pas, et c'est peut-être à cette date qu'il écrivait ses mandements contre Luther[24].

Nul, disait-il, ne s'est montré plus téméraire et n'a plus fortement porté la hache contre sa racine (de l'Église) que Martin Luther, qui en renverse tout l'ordre hiérarchique, bouleverse et détruit l'état qui contient tous les autres dans le devoir (le Clergé), s'efforce d'effacer le souvenir de la passion du très excellent Jésus et qui, tenant pour rien le mariage spirituel (le sacerdoce)... y admet sans choix le premier venu pour flatter le populaire Or, comme le monde presque entier est rempli de ses livres... craignant qu'une plante si vénéneuse ne pousse ses racines dans le champ qui nous est confié, nous interdisons d'acheter, lire, posséder, colporter, ou d'approuver, justifier et communiquer dans les réunions publiques et les conversations privées les livres du dit Martin. Puis il défendait à son clergé de permettre la prédication à des luthériens et à tous autres de quelque degré, prééminences et qualité qu'ils soient, faisant profession de leurs doctrines, ou qui vous seraient inconnus.

Les circonstances générales n'étaient guère favorables aux mouvements d'idées. Les années 1523, 1524, I525, I5t6 furent pleines de périls : conspiration du Connétable, échecs en Italie, invasion de la Provence, défaite de Pavie, captivité de Madrid et, à l'intérieur, même après l'avortement du complot de Bourbon, toutes sortes de troubles et de menaces. Dès 1523, les aventuriers multipliaient leurs pilleries, cruautés et meschancetez, jusqu'à vouloir assaillir les villes closes, les aucunes desquelles ils ont prises d'assaut, saccagées. En 1524, un incendie terrible détruisit presque en entier la ville de Troyes ; on l'attribua aux boutefeux ; on racontait que les ennemis avaient envoyé des gens déguisés, qui en pèlerins, qui en voyageurs, pour Mettre le feu partout. A Paris même on était très inquiet, les étrangers furent expulsés, un guet spécial fut organisé qui dura deux ans.

Dans ces conditions, Louise de Savoie, Régente pendant la captivité de François Ier, tendit les ressorts du gouvernement : elle avait besoin de l'opinion publique, dans la capitale surtout ; or le Parlement et l'Université en disposaient presque entièrement et il fallait leur donner quelques satisfactions.

Le grand danger pour l'orthodoxie venait des livres, et particulièrement des traductions. Les écrits allemands de Luther ou de ses amis étant inaccessibles à l'immense majorité des lecteurs français, on les fit passer d'abord dans la langue alors presque universelle : le latin. En 1525, l'Allemand Bucer disait dans une lettre aux frères de France initiés à l'Évangile : Déjà plusieurs ont commencé à traduire en latin les écrits allemands de Luther, afin qu'ils vous soient intelligibles à vous et à ceux qui parlent d'autres langues (que l'allemand) ; sous cette forme latine, ils pénétraient de plus en plus nombreux dans le royaume. En même temps commençaient à se répandre les traductions françaises de l'Écriture. Aussi les décisions de la Faculté de théologie et les ordonnances royales pour entraver la publication des livres suspects se multiplièrent.

En 1525, il se fit comme une concentration des forces destinées à combattre l'hérésie luthérienne, sans préjudice des autres. Une bulle du pape Clément VII, promulguée en mai, à la demande de la Régente, attribua à trois membres du Parlement et à un des curés de Paris la charge de rechercher les sectateurs d'hérésies. Ils devaient procéder sans qu'il pût y avoir appel, même à la Cour de Rome, contre tous les suspects, de quelque dignité qu'ils fussent illustrés : ecclésiastique, épiscopale ou même archiépiscopale, laïque, même ducale. La Régente s'empressa de rendre la bulle exécutoire, voulans tenir la main à ce que une si bonne, si sainte et si salutaire œuvre sorte son plain et entier effect. L'effet ne fut ni plein ni entier, car cette ordonnance marque le début d'une série de mesures, qu'il faudra sans cesse répéter, presque dans les mêmes termes, jusqu'à la fin du règne. Cependant Gérard Roussel écrivait le 27 septembre : La captivité de notre Roi a fait dresser la crête à nos adversaires, à ce point qu'ils sont convaincus de triompher... Il ajoutait, en parlant des actes des commissaires, tous quatre de la même farine : Si ce régime de rigueur doit durer, personne n'osera plus en sûreté annoncer le règne du Christ.

En effet les persécutions commencèrent de bonne heure. Jean Vallière, de Falaise, fut peut-être le premier des martyrs ; il fut brûlé à Paris, le 8 août 1523. Aimé Maigret, qui avait prêché à Grenoble et à Lyon en 1524, fut dénoncé à la Sorbonne et arrêté par l'ordre de la Régente et du Chancelier. La Faculté de théologie eut mission de déterminer et décider tout le dit affaire, en l'honneur de Dieu, exaltation de la foi catholique et extirpation de cette hérésie luthérienne, qui commence fort à pulluler par deça. On rencontrera plus d'une fois encore ce mot de pulluler, qui est un aveu. Maigret fut condamné à l'exil. A Grenoble, un cordelier fut supplicié en 1525 ; à Paris, un réformé nommé Pavannes. En février 1526, Guillaume Joubert, fils de l'avocat du Roi à la Rochelle, fut par le bourreau mené en ung tombereau, devant l'Église Nostre Dame de Paris et devant l'Église Sainte-Geneviève et ce, pour avoir tenu la doctrine de Luther et mesdit de Dieu, de Nostre-Dame et des Sainctz et Sainctes de Paradis. De là fut mené à la Place Maubert, où il eust la langue coupée, puis fust étranglé et bruslé. Exécutions d'autant plus odieuses qu'elles frappaient des croyants inoffensifs. Le Parlement et la Faculté de théologie ouvraient la voie à l'orthodoxie sanglante.

Pourtant ni François Ier, ni Marguerite, ni même la Régente ne s'abandonnaient sans réserve au parti sorbonnique. Avant d'être revenu de Madrid, le Roi avait écrit au Parlement : Nos amés et féaux, nous avons entendu que par devant vous s'est fait aucune procédure à l'encontre de Maistre Jacques Fabri (Lefèvre), Pierre Caroli et Gérard Ruffi (Roussel), personnages de grand sçavoir et doctrine, à la persuasion et instigacion des théologiens de nostre Université de Paris, quoique ce soit d'aucuns d'eulx qu'on dist estre leurs malveillans. Il rappelait que Lefèvre, accusé une première fois, avait été proclamé innocent par une commission de théologiens ; et il ajoutait, dans des termes qui montrent combien il sentait la nécessité de ménager le Parlement en matière de foi : Vous prions et mandons, sur tout le service que vous voudriez nous faire, et pour cause qu'encore ne pouvons escrire, surseoir et tenir en suspens les dittes procédures, en l'estat qu'elles sont, sans plus y faire et innover jusqu'à nostre retour en France.

A Meaux, Briçonnet, au moment peut-être où il commençait à réagir contre le luthéranisme, avait eu à combattre les Cordeliers, soutenus indirectement par la Sorbonne ; cités par lui devant Lefèvre d'Étaples, qui était alors son official, ceux-ci en appelèrent au Parlement. De là un procès, qui mettait en cause la réforme modérée, et où la Faculté de théologie, conduite par Béda, s'empressa d'intervenir[25]. Ce fut surtout la question des traductions des Écritures qui fut agitée. Le Procureur général requérait de déposer, jusqu'à nouvel ordre, les livres de ce genre dans une chambre fermée à deux clefs, l'une remise à l'évêque de Meaux, l'autre au Parlement, proposant en outre de renvoyer les ouvrages de Lefèvre à l'examen de la Faculté de théologie. La Cour tint quelque compte de la lettre précédemment reçue du Roi, en surséant à trois reprises, par des arrêts interlocutoires d'août 1525, janvier et avril 1526 ; mais le fait même du procès et les conditions dans lesquelles il s'était passé étaient de nature à inquiéter Briçonnet et ses amis.

La Faculté de théologie attaquait également Érasme, qui cependant, lui aussi, se séparait de plus en plus des luthériens, même des partisans par trop décidés des simples réformes, et regrettait le tumulte excité par Luther, où il consentait tout au plus à voir un de ces remèdes violents, qui forcent à se soigner et peuvent rendre ainsi la santé. A vrai dire, ajoutait-il, quelques Français sont encore plus fous que tous les Germains. Mais Béda et la Sorbonne ne lui pardonnaient ni ses traductions de l'Écriture Sainte, ni le Traité du mariage, l'Oraison dominicale et le Symbole, que précisément Berquin venait de mettre en français, et Béda suppliait Érasme de renoncer à cette œuvre mauvaise. Érasme lui répondait que les théologiens de Paris, avec leurs excès, en viendraient au même point que les théologiens allemands, à qui il suffisait de condamner une opinion pour la faire acclamer par le peuple. Puis il s'adressait directement à François Ier, lui dénonçant certains esprits de Paris, nés pour le malheur des lettres et de la tranquillité publique, parmi lesquels au premier rang Béda et Couturier, qui donnent à rire par leurs ineptes écrits. Chez Béda, on relèverait plus de cent mensonges manifestes ! Et ce sont là les hommes, ajoutait-il, qui prononcent sur l'hérésie et sur la délation de qui les honnêtes gens sont tramés en prison et jetés aux flammes. Il suppliait le Roi d'arrêter de pareilles violences. Celui-ci répondait en déférant à l'Université douze propositions extraites des écrits de Béda contre Érasme et Lefèvre d'Etaples.

Mais avec les années 1528 et 1529 allait se fermer une première phase dans l'histoire religieuse de la France au XVIe siècle, lorsque se réunit le Concile dit de Sens, qu'on a pu considérer presque comme un précurseur du Concile de Trente[26]. Ses actes résument les principaux points de divergence entre le luthéranisme, tel qu'on le concevait en France, et le catholicisme.

Luther et ses partisans prétendent, y est-il dit, que tous les chrétiens peuvent être prêtres, que les clercs revêtus des ordres sacrés ne sont pas obligés au célibat, que les vœux monastiques et autres sont révocables. Ils s'efforcent d'énerver les décrets pontificaux et conciliaires ; ils tournent en dérision les antiques cérémonies ; pour comble d'impiété, ils corrigent et remanient l'Écriture Sainte ; enfin ils proclament toutes sortes de hardiesses scandaleuses el blasphématoires. Ces hommes nauséabonds vomissent des outrages si répugnants et si fétides qu'ils semblent s'être donné pour but de souiller et contaminer la face de l'Église, jusque-là sans tache. En réponse, le Concile affirme la doctrine orthodoxe sur les seize points suivants : l'unité et l'infaillibilité de l'Église, son existence visible, l'autorité des conciles, le droit de l'Église de déterminer les ordres canoniques, la nécessité de croire des choses qui ne sont pas expressément dans l'Écriture, la légalité des constitutions établies par l'Église, les jeûnes, le célibat des prêtres, les vœux, les sept sacrements, la messe, le purgatoire, la vénération des saints, le culte des images, le libre arbitre, la foi et les œuvres.

Ensuite, les membres du Concile rappellent que Constantin, Théodose, Clovis, Charlemagne et Louis, père de saint Louis, ont châtié les hérétiques, ce qui leur a valu la grâce de Dieu, pendant que Licinius, Julien l'Apostat, Valens ont éprouvé sa colère : exemple pour les princes d'aujourd'hui.

Enfin viennent quarante articles sur la réforme des abus, telle que l'entendait le clergé théologique : choix des prêtres et des bénéficiers, résidence des curés, police des églises, observation des statuts dans les monastères, amélioration des mœurs chez les ecclésiastiques, règles de prédication, avec défense de lire aux fidèles, sans l'autorisation du diocésain, les livres sur la foi écrits en langue vulgaire.

Au cours des délibérations du Concile, s'était produite la première manifestation révolutionnaire de la Réforme. Le lendemain de la Pentecôte (31 mai 1528)[27], par quelque ung, pire que un chien mauldit de Dieu, fut rompue et couppée la teste à une ymaige de la Vierge Marie, tenant l'ymaige de Jésus entre ses bras, estant contre une muraille, derrière le petit Saint-Anthoine, qui fut une grosse horreur à la chrestienté. Immédiatement les passions catholiques se déchaînèrent. Le Roi fit crier qu'il donnerait 1.000 écus au dénonciateur et il commanda une nouvelle statue en argent[28]. Un batelier de Meaux fut supplicié pour avoir dit que la Vierge n'avait pas plus de puissance qu'une image, car cette question du culte de la Vierge était une de celles sur lesquelles catholiques et réformés se comptaient, précisément parce qu'elle était très simple.

C'est alors (en 1529) que Berquin fut supplicié[29] ; il avait déjà comparu devant le Parlement, à deux reprises, en 1523 et 1526, et n'avait été sauvé que par l'intervention du Roi. On l'accusait d'être luthérien, et aussi libre penseur, mais la Sorbonne lui en voulait surtout de ses liaisons avec Érasme et des sarcasmes qu'il avait dirigés contre elle. Esprit énergique, entier, il n'acceptait pas d'user de ménagements ; il considérait comme iniques les deux instances engagées contre lui et il commit l'imprudence de demander réparation du procès de 1526 et de déférer au Parlement douze propositions extraites des livres de Béda contre Érasme et Luther. Tout d'abord, le Parlement le ménagea : Berquin alloit et venoit par le préau de la Conciergerie, comme s'il n'eust été prisonnier que pour matière civille ; mais quand on eut saisi sur un de ses serviteurs des lettres compromettantes, qui furent livrées à Béda, il fut soumis à une plus dure contrainte. Puis le Pape se déclara contre lui, au moment où les échecs en Italie abattaient le Roi. Condamné à l'amende honorable et à la prison entre deux murs de pierre, Berquin en appela. Le lendemain même, la Cour se réunissait à 9 heures du matin et, au bout d'une heure, elle prononçait contre lui la peine capitale. Ce qui fut faict et expédié ce mesme jour, en grande diligence, affin qu'il ne fust secouru du Roy ne de Madame la Régente, qui estoit lors à Blois.

Le Parlement et la Sorbonne, pour la première fois, osaient se rendre nettement indépendants de François Ier : en réalité, ils lui montraient qu'il était lui-même en leur dépendance. A partir de ce moment, s'il reste encore des idées et des doctrines modérées, il n'y a plus guère de parti pour les soutenir ni de gouvernement pour les protéger. Plus de milieu entre la soumission entière et la révolte déclarée.

 

 

 



[1] SOURCES POUR LE LIVRE VI. Herminjard, Correspondance des réformateurs de langue française (1513-1548), 8 volumes in-18°. Du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, t. VI. D'Argentré, Collectio judiciorum de novis erroribus, t. I et II, 1724, 1728. Jourdain, Index chartarum pertinentiam ad historiam Universitatis. Th. de Bèze, Histoire ecclésiastique des églises réformées au royaume de France, in édit., 1580 ; éd. Baume et Cunitz, 8 vol., 1888-1889. J. Crespin, Histoire des martyrs persécutez et mis à mort pour la vérité de l'Évangile, 1608. Florimond de Rémond, Histoire de la naissance, progrès et décadence de l'hérésie de ce siècle, 1610. Journal d'un Bourgeois de Paris, cité ci-dessus à la p. 185.

OUVRAGES. Les Réformés français ont constitué sur l'histoire du protestantisme en France une littérature très importante. Ils ont mis au jour de nombreux documents et appliqué dans leurs ouvrages les règles de la critique moderne ; tous n'ont pas cependant réussi toujours à échapper aux préoccupations confessionnelles. La littérature catholique française sur la Réforme est assez peu ample et doit être lue avec quelque précaution. En fait d'ouvrages, on consultera avant tout pour le livre VI : Haag, La France protestante, 8 vol. (nouvelle édition revue par H. Bordier, 1877-1892). Lichtenberger, Encyclopédie des Sciences religieuses, 18 vol., 1877-1882. Doumergue, Jean Calvin, les hommes et les choses de son temps, t. I, II et III, 1899, 1909. C'est une histoire de Calvin, qui sera, en réalité, un essai d'histoire du protestantisme français dans la première moitié du XVIe siècle.

La publication périodique la plus importante est le Bulletin historique et littéraire de la Société de l'Histoire du Protestantisme français dirigé par M. Weiss.

[2] Pour le chapitre I, c'est-à-dire pour les événements qui se sont passés entre 1505 environ et 1530, le Registre de la Faculté de théologie, récemment mis au jour, est une source considérable. Voir L. Belote, Notice sur un registre de la Faculté de théologie, pendant les années 1505-1533. Notices et extr. des mss de la Bibl. nat., 1899. Le registre se complète par un autre, sur lequel on consultera A. Lefranc, Un nouveau registre de la Faculté de théologie, Bullet. de la Soc. du Protest., 1902.

[3] Sur cette question, voir les trois premiers chapitres de F. Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre (1515-1583), 1891. H. Hauser, L'humanisme et la Réforme en France, Rev. histor., 1897.

[4] Voir le Catalogue des actes, où les légitimations de ce genre sont multipliées.

[5] Et puis ils étaient, par leur situation et leurs relations mondaines, plus attachés encore aux intérêts matériels. Jean du Bellay, dans une lettre fort curieuse, fait le procès du cardinalat. Il montre tout ce que cette situation brillante a de faux : La pourpre vous fait perdre le sens, etc.

[6] Bernard Palustre, La réforme de l'ordre de Fontevrault (Posit. des thèses de l'École des Chartes), 1897.

[7] Voir sur lui le chap. II du livre II. Graf, Lefèvre d'Étaples, ouvrage cité. Douen, Un Nouveau Testament de Lefèvre ignoré, Bull. de la Soc. d'hist. du Protestantisme, 1896. Doumergue, ouvrage cité, p. 79-112.

[8] Abbé Clerval, De Jadoci Clichlovei neoportuenvis vita et operibus, 1894 (thèse de Paris).

[9] A. Becker, Marguerite, duchesse d'Alençon, et Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux (1521-1524), Bullet. de la soc. d'histoire du protestantisme français, 1900. Doumergue, ouvrage cité.

[10] Ch. Schmidt, Gérard Roussel, prédicateur de la reine de Navarre, 1845.

[11] Ce qui n'empêcha pas la Sorbonne de condamner un de ses livres en 1543.

[12] A. Lefranc, Les idées religieuses de Marguerite de Navarre, d'après son œuvre poétique, 1898.

[13] Voir sur elle le chapitre II du livre V.

[14] Elle met cette prière dans la bouche de la Vierge, mais ce sont ses propres sentiments qu'elle exprime.

[15] Cette Écriture Sainte, elle en est remplie. Non seulement elle cannait à fond les Évangélistes et particulièrement saint Paul (le Triomphe de l'Agneau est inspiré d'une de ses Épîtres), mais encore, dans l'accent de sa poésie, on retrouve bien souvent celui de l'Ancien Testament.

[16] En applaudissant à l'alliance de Charles-Quint et de François Ier, elle écrivait (en 1545) :

Car par eulx veult que la foi confirmée

Soit, et aussy l'Église réformée,

Et d'une part oustées les hérésies,

De l'autre aussy les vaines fantaisies,

Et que la foi nous fasse en toute guise

En triomphant triompher saincte Église.

En admettant même qu'il faille donner au mot hérésie un sens particulier, la Reine ne pouvait ignorer que la paix de Crespy, signée en 1544, avait été dirigée contre le Protestantisme : les supplices qui la suivirent le marquaient assez. Elle continuait donc à vouloir, comme croyante, la simple réforme canonique, que sa philosophie un peu nuageuse avait depuis longtemps dépassée.

[17] P. Caron, Noël Béda, principal du collège de Montaigu, syndic de la Faculté de théologie de Paris (?-1537). Positions des Mém. pour le diplôme d'études de la Faculté des lettres de Paris, 1896.

[18] Pilier d'érudition et d'intégrité.

[19] Clerval, ouvrage cité.

[20] A propos des Trois Madeleine, il écrivait encore, en 1518 : J'avoue franchement que la chose a paru nouvelle à plusieurs, surtout à notre époque, où l'on se plait à conserver les opinions admises et où les opinions nouvelles, même vraies, ne sont pas acceptées facilement... Mais j'ai lu le livre et par lui j'ai été amené à recourir aux auteurs anciens. Or, j'ai constaté que la croyance à une seule Madeleine aurait été, avant l'époque de Grégoire (Saint-Grégoire le Grand), une chose aussi nouvelle et paradoxale que l'affirmation faite aujourd'hui qu'il y en eut trois.

[21] Le Registre de la Faculté ne cite que Béda et Barthélemi.

[22] Les propositions visées portent sur les sacrements, les constitutions de l'Église, les œuvres, les vœux, la pénitence, la confession, le Purgatoire, les conciles, le libre arbitre, la théologie, etc.

[23] L'opinion populaire, si exagérée peut-être qu'elle fut, montre du moins que Meaux était bien considéré comme un centre actif d'idées de réforme. Le Bourgeois de Paris dit : La plus grande partie de Meaux estoit infectée de la fausse doctrine de Luther ; il parle, non sans dédain, de pauvres gens suspects, à côté des savants : un garçon, un foulon de laine.

[24] On hésite entre les dates de 1528 et 1526. Voir sur la question : S. Berger, Le Procès de G. Briçonnet, cité ci-dessous, Soc. d'hist. du protest., 1895.

[25] S. Berger, Le procès de G. Briçonnet, évêque de Meaux, au Parlement de Paris, Bullet. de la Soc. du protestantisme français, t. XLIV, 1895.

[26] Ce concile se tint en réalité à Paris et délibéra sous la présidence de Duprat, du 8 février au 9 octobre 1528.

[27] Voir Bourgeois de Paris, 347-351, et Cronique de Françoys premier, p. 66.

[28] En réalité, elle n'était qu'en bois recouvert d'une plaque d'argent.

[29] R. Rolland, Le dernier procès de Berquin, Mélanges d'arch. et d'hist. des Écoles de Rome et d'Athènes, t. XII, 1892.