HISTOIRE DE FRANCE

TOME QUATRIÈME — CHARLES VII. LOUIS XI ET LES PREMIÈRES ANNÉES DE CHARLES VIII (1422-1492).

LIVRE PREMIER. — CHARLES VII. FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS.

CHAPITRE PREMIER. — LE GOUVERNEMENT DU DUC DE BEDFORD AU NORD DE LA LOIRE.

 

 

I. — LES ORGANES DU GOUVERNEMENT ANGLAIS[1].

POUR que l'établissement des Anglais en France fût durable, il fallait d'abord qu'ils eussent un chef capable de remplacer Henry V, et une armée solide. Pendant les premières années du nouveau règne, ils eurent cette armée et ce chef. Jean de Lancastre, duc de Bedford, avait trente-trois ans à la mort de son frère. C'était un homme de haute stature, aux traits énergiques et durs[2]. Il avait les qualités et les défauts de sa race et de sa famille. Administrateur exact et équitable, fin politique, il sut toujours être affable et conciliant quand il le jugea à propos ; mais c'était un froid calculateur, très avide, arrogant et capable de cruauté. Il menait à Paris et à Rouen un train vraiment royal. Il s'était fait allouer une pension de plus de cent mille livres tournois, et il accumulait en France et en Angleterre hôtels, terres et seigneuries. Il faisait main basse sur tout ce qui lui plaisait. Les magnifiques vitraux du château de Coucy et les débris de la librairie du Louvre, achetés par lui à vil prix, furent expédiés en Angleterre. Aidé de ses favoris, il dilapida en quelques années la collection de tapisseries de Charles VI, une des plus riches qui aient jamais existé : il n'en resta rien. Ces satisfactions personnelles qu'il trouvait dans la conquête anglaise, et l'intérêt qu'il avait à la maintenir, joints à ses talents de politique et d'homme de guerre, faisaient de Bedford l'homme le plus capable de recueillir la succession de Henry V. La fortune des Lancastres était en bonnes mains.

Jusqu'au moment où les victoires de Jeanne d'Arc amenèrent la dislocation du gouvernement anglais en France, Bedford réussit à maintenir intacte l'excellente organisation de son armée. Cette armée consistait en retenues, compagnies d'effectif variable, souvent très petites. La retenue était recrutée, à l'aide d'engagements volontaires, par un capitaine anglais, qui la commandait et l'administrait. Elle comprenait, en grande majorité, des Anglais, et un certain nombre de sujets français, venus surtout des domaines bourguignons.

La solde était élevée. Un banneret touchait 4 sols sterling par jour ; un chevalier 2 sols. L'homme d'armes, qui était généralement un noble, avait 8 deniers s'il combattait à pied, et 12 s'il était monté. Les archers, trois fois plus nombreux que les hommes d'armes, avaient 6 deniers[3]. À cette solde, payée intégralement et sans retards, se joignait le produit des rançons et du butin. Mais il était interdit aux gens de guerre de vivre sur l'habitant. Le capitaine d'une retenue, quand il passait contrat avec le duc de Bedford, promettait de faire garder les peupples et sugiez obéissanz au roy, de toutes forces, violences, pilleries, roberies, prinses de vivres, chevaulx et austres bestiaulx et de toutes exactions quelconques. Il est vrai qu'il ne faut pas se fier absolument à ce texte officiel, auquel on peut opposer plusieurs documents, notamment un bail passé à Hauville en 1423 : S'il advient que dedans ledit terme les bœufs baillés au fermier pour le labour ou le harnois fussent perdus par Anglois, gens d'armes, brigans ou autres gens, le preneur n'en rendra rien[4]. Mais c'était beaucoup que les Anglais reçussent une solde et ne fussent pas, comme les Armagnacs, contraints à voler pour vivre. Plus tard, quand leur solde cessa de leur être allouée régulièrement, ils devinrent pillards comme les autres.

Avant le paiement de la solde, des revues d'effectif et de matériel étaient passées par des commissaires royaux, qui étaient le plus souvent des fonctionnaires civils. C'étaient aussi des juges civils qui connaissaient des délits commis par les soldats anglais.

Les retenues étaient dispersées en petites garnisons sur toute l'étendue des pays conquis. Lorsqu'on entreprenait une campagne importante, des renforts venus d'Outre-Manche formaient ordinairement le noyau de l'armée d'opérations ; pour achever de la constituer, les garnisons anglaises de France envoyaient des détachements. On affaiblissait ainsi la défense des places ; mais cet expédient était commandé par les circonstances : le budget du roi de France et d'Angleterre ne pouvait suffire à la levée de nombreuses armées. L'effectif des troupes anglaises résidant en France fut toujours très restreint : la garnison de Cherbourg était de 160 hommes, celle de Rouen de 75, celle d'Évreux de 12. Pour des opérations de premier ordre, comme le siège d'Orléans, on ne parvenait à rassembler que quelques milliers de combattants. Mais la tenue et la discipline de ces troupes, sans être parfaites, étaient très supérieures à celles des armées armagnaques.

L'armée anglaise n'avait ni connétable, ni maréchaux. Elle était placée sous l'autorité d'un lieutenant du roi, qui donnait immédiatement ses ordres aux capitaines de retenues. Ces lieutenants du roi d'Angleterre étaient souvent des stratégistes de valeur. Charles VII, durant les premières années de son règne, n'eut pas un seul homme de guerre comparable aux chefs des armées anglaises.

Mais il ne suffisait pas de conquérir les domaines de Charles VII. Le difficile était de les gouverner.

En 1422, outre les sénéchaussées du Bordelais, du Bazadais et des Landes, qu'ils tenaient depuis de longues années, des Anglais avaient à gouverner en France la Normandie et l'Île-de-France, une grande partie de la Picardie et de la Champagne ; les pays entre Seine et Loire étaient entamés, et le flot de l'invasion pénétrera vite jusqu'aux rives de la Loire. À l'ouest de ces pays de domination anglaise, les Bretons vivaient à l'écart, comme désintéressés de la lutte ; à l'est, le duc de Bourgogne reconnaissait la souveraineté de Henry VI pour ses fiefs français : Bourgogne, Artois, Flandre française.

La région occupée par les Anglais au nord de la Loire était la plus riche du royaume ; mais leur domination n'y était point partout assurée et sans partage. Ils n'avaient pas réussi à exterminer les bandes des capitaines armagnacs ; en Champagne surtout, elles tenaient encore les champs. Dans les pays contigus aux domaines de Philippe le Bon, il avait fallu faire une part au duc de Bourgogne et à ses fidèles : le Bourguignon Antoine de Vergy était gouverneur de Champagne, et Jean de Luxembourg était capitaine-général de Picardie. Dans une partie de l'Île-de-France elle-même, les gouverneurs des villes étaient des capitaines bourguignons. L'administration anglaise ne régissait vraiment — bien qu'ici encore elle eût à compter avec des résistances — que Paris, l'ouest de l'Île-de-France, la Normandie et le bailliage d'Alençon. C'est dans cette contrée surtout qu'il convient d'étudier la méthode et les procédés du gouvernement anglais.

Deux principes présidèrent à l'organisation du gouvernement anglais au nord de la Loire : laisser intacts les coutumes des Français, les organes et les procédés administratifs de la royauté capétienne, les corps politiques et judiciaires, les fonctions civiles, depuis les plus relevées jusqu'aux plus humbles, depuis l'office de chancelier jusqu'à la charge de procureur de paroisse ; en second lieu, réserver le plus grand nombre possible de ces fonctions civiles à des Français. Ce système était conforme aux idées politiques du temps, et les Anglais auraient pu difficilement en pratiquer un autre, vu les faibles ressources dont ils disposaient pour conquérir et conserver un pays trois fois plus grand que le leur. Enfin il était dit dans le traité de Troyes que le roi de France et d'Angleterre devait garder à l'un et à l'autre royaume ses droiz, libertez ou coustumes, usaiges et loix. L'adoption de ces principes par Bedford était donc naturelle ; elle n'en mérite pas moins d'être remarquée, car elle prouve que le succès de l'entreprise anglaise n'aurait point bouleversé le cours des destinées de la France, et n'aurait pas assuré, en deçà de la Manche, la propagation des libertés politiques dont jouissaient les Anglais[5].

Le régent ne changea même pas le personnel des officiers. Par ordonnance du 5 décembre 1422, il les maintint dans l'exercice de leurs charges. II le pouvait, parce que le duc de Bourgogne Jean sans Peur, après son entrée à Paris, en 1418, puis le roi Henry V, après la conclusion du traité de Troyes, avaient peuplé les administrations de créatures dévouées à la cause anglo-bourguignonne. Les offices civils vacants furent presque toujours donnés par Bedford à des Français. Il choisit pour prévôt de Paris Simon Morhier, chevalier du pays chartrain, et pour chancelier de France l'évêque de Thérouanne, Louis de Luxembourg. Dans le Grand Conseil de la régence, siégeant à Paris, et qui comprenait, vers 1428, seize membres, il n'y avait que deux Anglais : l'évêque de Chichester, et le fameux John Falstaff, qui a dû sa célébrité non à ses talents militaires ou à ses goûts d'amateur d'art, mais au ridicule jeté abusivement sur son nom par la fantaisie de Shakespeare. — Par contre le régent, comme avait fait avant lui Henry V, réservait à des Anglais la plupart des emplois militaires. En Normandie, tous les baillis, tous les gouverneurs de places étaient Anglais

Le Parlement de Paris avait été épuré au moment du triomphe des Bourguignons, en 1418. Réduite à un petit nombre de conseillers triés sur le volet par Jean Sans-Peur et Philippe le Bon et par Henry V, la Cour souveraine s'était faite la zélatrice empressée de la politique anglaise. Conduite par son premier président, Philippe de Morvilliers, jadis conseiller intime du duc de Bourgogne, elle assistait à toutes les processions qu'on organisait à Paris pour célébrer les défaites infligées à Charles VII. Pourtant le régent ne fut à son égard ni généreux ni confiant. Elle ne reçut pas ses gages plus régulièrement qu'au temps de Charles VI. À plusieurs reprises, Bedford refusa de laisser les conseillers exercer leur droit d'élection et pourvut aux postes vacants. C'est que ces fervents Bourguignons conservaient malgré tout les traditions du Parlement. Ils firent obstacle aux évocations par lesquelles Bedford voulait réserver à son Grand Conseil une foule de causes civiles et criminelles ; en 1424, ils osèrent rendre un arrêt dans un de ces procès. L'année suivante, le régent dut prodiguer les menaces et les prières pour leur faire accepter une ordonnance qui sacrifiait les libertés de l'église gallicane ; de guerre lasse, le Parlement la promulgua, mais sous correction. L'irritation que cette indocilité provoquait chez Bedford montre combien il se souciait peu de respecter et de développer les rares organes de contrôle que la monarchie capétienne avait laissés maître en France.

Henry V avait établi une organisation provisoire dans les pays conquis par lui avant la conclusion du traité de Troyes. La Normandie était administrée par un conseil spécial, et une Chambre des comptes siégeait à Caen. Le Pays de Conquête, c'est-à-dire les prévôtés situées entre Saint-Germain-en-Laye et les frontières de la Normandie, formait comme une annexe de la grande province. Maintenant que Henry VI avait succédé à Charles VI, il semblait que cette organisation spéciale n'eût plus de raison d'être. Bedford réunit la Chambre des comptes de Caen à celle de Paris, mais il conserva le Conseil de Normandie. Il songeait à un retour possible de la fortune ; le beau pays si longtemps possédé par les Plantagenets devait être prêt à vivre de sa vie propre, si les Armagnacs réussissaient à reprendre le reste. Henry V n'avait-il pas dit à son lit de mort qu'il ne faudrait jamais abandonner la Normandie ? C'était le centre des opérations de la conquête ; c'était le refuge possible en cas de revers ; enfin c'était le pays de prédilection des barons anglais, qui retrouvaient là le berceau de leurs familles.

Le Conseil de Normandie comprenait, vers 1429, dix-sept conseillers ; sauf deux ou trois, tous étaient Français. Bedford leur confiait les plus délicates missions ; c'étaient eux qui étaient chargés de parcourir le pays pour surveiller la population. On verra que la tâche n'était pas facile.

 

II. — ADMINISTRATION DU DUC DE BEDFORD. MISÈRE DE LA FRANCE ANGLAISE[6].

UN Parisien écrivait dans son journal, peu après l'entrée des troupes de Charles VII dans la capitale : Les Angloys furent moult long temps gouverneurs de Paris, mais je cuide (je crois) en ma conscience que oncques nulz (jamais aucun) ne fisc semer ne blé ne advoyne, ne faire une cheminée en hostel qui y fust, ce ne fut (excepté) le régent duc de Bedfort, lequel faisoit touzjours maçonner, en quelque païs qu'il fust ; et estoit sa nature toute contraire aux Angloys, car il ne vouloit avoir guerre à quelque personne ; et les Angloys, de leur droicte nature, veullent touzjours guerreer leurs voisins sans cause.

Ce Parisien était bon observateur. La plupart des Anglais ne voyaient dans la conquête qu'un moyen de satisfaire leur appétit de gloire et une occasion de s'enrichir rapidement. Le duc de Bedford, sans négliger ses propres intérêts, avait un idéal plus élevé, la paix. Il prétendait établir la dynastie des Lancastres en France. Il voulait fonder et maçonner.

Rien ne montre mieux ce souci que la réforme des monnaies. Tandis que Charles VII, pour se procurer les ressources dont il usait si mal, recourait aux tristes artifices du règne précédent, Bedford tâchait de mettre en circulation au nord de la Loire une bonne monnaie d'or et d'argent. Jusqu'en 1427, tous les ateliers des pays conquis et ceux des domaines que le duc de Bourgogne possédait en France fabriquèrent des pièces à l'effigie de Henry VI et, dès que le Mans fut pris, en 1425, la frappe des monnaies anglo-françaises y commença. Les maîtres, les ouvriers, les changeurs, furent étroitement surveillés, les pièces de mauvais aloi du soi-disant dauphin décriées en de multiples ordonnances, qui d'ailleurs ne réussirent pas à empêcher la circulation de la monnaie faible.

Le Normand Thomas Basin nous dit que le duc de Bedford était humain et juste, et aimé des Français de son parti. Ce souci de justice et de mansuétude lui a inspiré son œuvre la plus belle, la réforme du Châtelet de Paris. Ému des plaintes qui s'élevaient contre l'administration de la justice dans cette cour et contre le régime de la prison, il chargea son Conseil et le Parlement de Paris d'étudier ensemble la question et de remédier aux exactions, tromperies et mengeries. De la grant et meure deliberacion de l'assemblée sortit une longue ordonnance en 185 articles. Ce remarquable règlement garantit le public contre la corruption, l'avidité et la paresse des gens de loi. Les écritures, dont on abusait tant au XVe siècle, les dépens et les dommages-intérêts, les salaires des divers officiers sont limités et taxés avec soin et détail. Les abus dans l'exécution des sentences sont réprimés sévèrement. Les sommes que le geôlier reçoit des prisonniers, pour leur entretien, sont fixées dans un tarif, variable selon la condition sociale du captif. Les prisons doivent être tenues proprement, et chaque lundi le prévôt visitera les prisonniers pour écouter leurs plaintes.

Les privilèges des villes et des corporations furent l'objet de nombreuses chartes confirmatives. Les rigoureux statuts qui pesaient sur les travailleurs anglais et fixaient le taux de leurs salaires ne pénétrèrent pas en France. Le régent laissa même se multiplier les confréries, dont le gouvernement avait si peur en Angleterre.

En Normandie surtout, Bedford se montra un maître équitable et conciliant. Il respecta scrupuleusement les vieilles institutions et la coutume du pays ; il fit bonne justice et punit sévèrement les méfaits des soldats ; il tâcha d'oublier et de faire oublier les résistances acharnées que Henry V avait rencontrées et brisées, en particulier à Caen et à Rouen. Le régent réduisit la rançon des Rouennais et leur rendit les clefs de leur ville ; il accorda aux habitants de Caen la confirmation de leurs franchises et leur donna une Faculté de droit, malgré les réclamations de l'Université de Paris. En pratique, d'ailleurs, les privilèges municipaux furent souvent violés par les capitaines anglais, mais il semble que ce fut toujours contre la volonté du régent.

Enfin il laissa s'écrouler le système de colonisation, odieux à la population française, que son frère avait essayé de pratiquer en Normandie. Henry V s'était cru assez fort pour donner à certaines villes, comme Harfleur, une population exclusivement anglaise, et pour constituer dans la campagne normande une féodalité nouvelle et obéissante, en attribuant à sa noblesse la plus grande partie des terres. Il avait édicté la peine de mort contre les immigrés coupables d'avoir repassé la Manche sans sa permission. Cette mesure atroce prouve assez que les colons anglais étaient vite las de leur nouveau séjour, de l'insécurité où il leur fallait vivre et de l'hostilité qu'ils lisaient sur les visages. Tout en continuant à récompenser par des donations de terres françaises les services de ses capitaines, Bedford renonça à ces inutiles rigueurs. Bon nombre d'Anglais retournèrent en Angleterre, abandonnant les terres incultes et les maisons délabrées qu'on leur avait données et qu'il ne fallait guère songer à remettre en état, dans ce pays ruiné par la guerre de partisans.

Ainsi Bedford voulait être juste et il avait, semble-t-il, l'ambition de devenir populaire. Il avait la vue exacte de la politique qu'il fallait suivre pour habituer le pays conquis à la domination anglaise et pour la faire aimer. Mais la tâche était au-dessus de ses forces et de son habileté. La guerre et la nécessité d'achever la conquête l'obligeaient à élargir les plaies dont souffrait la France du nord, désolée déjà par la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, et par les rudes campagnes de Henry V. Les opérations qu'il ordonnait aboutissaient inévitablement à la dévastation. Puis les pays soumis aux Anglais étaient ravagés par les partisans du roi de Bourges. Bedford n'a jamais pu nulle part assurer la sécurité des routes, ni celle des propriétés ; jamais il n'a pu empêcher, même au cœur de la Normandie, ni les incursions des capitaines de Charles VII, ni les coups de main des rebelles.

Pour nous dépeindre la misère de la France anglaise, tous les documents concordent. Les riches voient leurs revenus s'anéantir. Ouvriers, marchands, paysans, chôment et crient misère. Les villes sont pleines d'édifices et de maisons en ruines. Les champs sont envahis par les ronces et les arbustes, et les laboureurs ne se croient en sécurité qu'autour des places fortes. Bedford a beau distribuer à ses fidèles, Anglais ou Français, chasteaulx, maisons, fours, moulins, estangs, bois, héritages, terres, seigneuries ; il a beau leur recommander de les remettre en état et de les entretenir ; malgré toutes les ordonnances du monde, ils laissent, déclare le régent, les choses dessusdites, à eulx ainsy données, en grant ruine, gast et désolation. Ils démolissent les maisons pour vendre les pierres, les poutres et les châssis, coupent les arbres, et puis s'en vont, car la campagne est inhabitable.

A Paris, la misère et l'émigration dépeuplent peu à peu la ville. Les loyers ont baissé des deux tiers ; même à ce prix, on ne trouve que difficilement des locataires solvables : ceux à qui les louages ont été faits s'en vont chascun jour, sans rien payer, et mettent les clefs dessoubs l'huis, sans dire adieu à leur hoste[7]. Des milliers de maisons sont abandonnées par leurs propriétaires, qui ne peuvent plus payer les rentes hypothécaires dont elles sont grevées. Maints édifices religieux tombent en ruines. Le chapitre de Notre-Dame, dont les domaines ne rapportent plus rien, doit vendre, morceau par morceau, les pièces d'orfèvrerie de son trésor, et ne trouve qu'à grand'peine des acquéreurs. À l'Hôtel-Dieu, à la léproserie de Saint-Lazare, on ne sait où trouver de l'argent pour soigner et nourrir les pauvres.

A Rouen, dans la banlieue, dans tout le diocèse, dans toute la Normandie, on n'entend parler que d'églises effondrées ou incendiées, de couvents abandonnés par les moines, d'hôpitaux et de maladreries où l'on ne peut plus continuer les œuvres de charité. Le pays de Caux est inculte et infesté par les loups. En Basse-Normandie, Pontorson, dans un acte de 1434, est appelée la feue ville de Pontorson. Pour définir l'état de la province, il suffira de dire qu'elle est obligée de s'approvisionner de blé en Angleterre. Aussi bon nombre de paroisses n'ont plus d'habitants ; les uns ont péri de misère, et les autres ont émigré en Bretagne, en Flandre, à l'étranger.

Dans toute la Picardie, les faubourgs et les environs des villes sont ravagés par les routiers. Quantité d'églises et de monastères sont en ruines. Les paysans du Beauvaisis et du Valois n'ont même plus assez de grains pour faire les semailles. Dans cette région, la résistance des Armagnacs, comme le vicomte de Breteuil, qui tenait bon dans le château de Chantilly, exaspérait la cruauté des Anglais. Ils détruisirent le fameux monastère de la Victoire, qui rappelait la victoire de Philippe-Auguste à Bouvines. Une autre abbaye célèbre. Saint-Germer, n'avait plus aucune ressource, et les moines allaient quêter leur pain dans les environs. Soissons, trois fois assiégée pendant les luttes entre Armagnacs et Bourguignons, ne pouvait se relever de ses désastres. À Laon, le doyenné de l'église Saint-Pierre restait vacant, les revenus étant anéantis.

En Champagne et en Brie, on dénonce vainement au régent les brigandages des soldats bourguignons et même des Anglais, et les exactions des possesseurs d'offices. L'assemblée générale des habitants.de Troyes élit en 1423 un comité de trente membres, chargé d'organiser l'approvisionnement de la ville, devenu très malaisé. Au dire des Rémois, leur pays est presque tout inhabité, désert et désolé. Et, en effet, dans toute la Champagne, des villages entiers sont dépeuplés ; les cultivateurs sont morts de faim ou bien sont partis pour l'Allemagne. Sur les bords de l'Yonne et de la Vanne, la désolation est telle que les domaines du chapitre de Sens ne rapportent plus un denier. À Sens, quantité de maisons sont vides ; les deux antiques monastères de Sainte-Colombe et de Saint-Pierre-le-Vif tombent en ruines. Beaucoup d'autres abbayes, dans la Champagne et la Brie, ont été abandonnées par leurs moines, réduits au vagabondage et à la mendicité.

Dans les comtés avoisinant la Loire, les Anglais ne peuvent même pas établir une apparence de gouvernement régulier, car il leur faut se battre chaque jour. Pour les habitants, c'est un régime de terreur perpétuelle. L'évêque de Chartres calcule qu'il ne lui reste plus que sept livres de revenus, sur dix mille ; les bénéfices de son diocèse ne valent plus rien, et personne n'en veut. Les habitants du Maine sont écrasés par les Anglais de contributions de toutes sortes ; bienheureux encore s'ils ne sont pas rançonnés en même temps par les Français. Le prieuré de Solesmes n'a plus que cinq moines. Le monastère de Saint-Calais est réduit en cendres. Au Mans, l'abbaye de Saint-Pierre de la Couture est dévastée : celle de Saint-Vincent ne touche pas le dixième de ses revenus, et son église est démolie.

Dans ces pays que Bedford avait rêvé de pacifier et d'attacher pour toujours à la dynastie des Lancastres, le désordre et la détresse dureront autant que la domination anglaise.

 

III. — LES EXIGENCES DU GOUVERNEMENT ANGLAIS[8].

DE ce peuple exaspéré par la misère, le duc de Bedford exigea deux choses : une fidélité stricte et de l'argent.

Les prises d'armes, les complots, et même les témoignages de sympathie pour la cause de Charles VII furent châtiés avec cruauté. Les grandes villes furent étroitement surveillées par une police secrète. Les voyageurs étaient épiés. les correspondances saisies. À Paris, André Boisseau reçoit chez lui son père, âgé et presque aveugle, qui vient de Tours, ville armagnaque : ils sont tous deux mis en prison. Jean du Pré, boulanger, héberge son frère, qui arrive aussi du pays armagnac, souffrant de froidure et de pauvreté ; il est arrêté, comme coupable de n'avoir pas livré son frère à la justice. Jeannette Bonfils est bannie quelque temps, pour avoir entretenu une correspondance avec un maitre des monnaies de Charles VII, Jean Ronfler, son amoureux. À Troyes, la police s'enquiert de l'opinion que chaque bourgeois professe à l'égard des Anglais ; les suspects sont obligés de fournir des répondants. Autant que possible, on exige de chaque individu un serment : au début de la régence, tous les Parisiens, même les vachers et porchers des abbayes, durent jurer d'être bons et loyaux au duc de Belfort, et de nuire de tout leur povoir à Charles, qui se disoit roy de France. Tous ceux qui refusaient le serment étaient expulsés et privés de leurs biens. Les terres et les maisons abandonnées au nord de la Loire par les compagnons de Charles VII furent également confisquées. Bedford put ainsi, comme Henry V, se montrer généreux envers les capitaines anglais, les chevaliers et les officiers du duc de Bourgogne, et les Français qui s'étaient ralliés à la cause anglaise.

Ces Français reniés furent comblés de faveurs. On leur prodigua les fonctions grassement payées. Perrinet Leclerc fut fait monnayer en la Monnaie de Paris, pour avoir jadis ouvert la capitale aux massacreurs bourguignons. Un modeste officier de finances, Pierre Surreau, devint receveur général de Normandie; il amassa en peu de temps une grosse fortune et son hôtel de Rouen regorgeait d'objets précieux. Les bouchers de la Grande Boucherie de Paris obtinrent la confirmation de leurs privilèges, rétablis depuis peu. Un d'eux, Jean de Saint-Yon, devint trésorier et gouverneur général des finances de Henry VI pour le royaume de France, et conseiller du régent. Les privilèges des boucliers de Chartres, jadis abolis par le dauphin, furent remis en vigueur. Ces corporations, par la violence de leur ferveur bourguignonne, paraissaient mériter une faveur spéciale.

Tirer de l'argent d'un pays si misérable, était malaisé, mais nécessaire. La Chambre des Communes déliait difficilement les cordons de sa bourse. Si la classe guerrière anglaise désirait la continuation d'une lutte qui satisfaisait son amour-propre et son avidité, le peuple, en revanche, se souciait peu de gloire militaire. Voir ses princes régner à Paris aussi bien qu'à Londres l'inquiétait et lui déplaisait, et il ne faisait pas volontiers de sacrifices d'hommes et d'argent. La plupart des Anglais ne désirèrent l'annexion de la France que le jour où leurs armées commencèrent à en être chassées, parce que l'orgueil national humilié réclama une revanche.

Pour conquérir la France, Bedford devait donc trouver de l'argent en France même. Le domaine royal, ruiné par la guerre, donnait de maigres revenus. En Champagne, et dans un grand nombre de terres normandes, il ne rapportait rien. Le produit de la gabelle était mince. H fallait en conséquence recourir aux impôts extraordinaires. Le régent les fit voter, la plupart du temps, par des États Provinciaux.

Les États de Normandie étaient convoqués au moins une fois par an, tantôt dans une ville normande, tantôt dans une ville du Pays de conquête, tantôt même à Paris. Les sessions d'États, en Normandie et ailleurs, étaient courtes et le subside voté docilement. Rarement les assemblées posèrent des conditions ou obtinrent des réductions. Les instructions données par les habitants de Reims aux députés qui devaient les représenter dans une réunion d'États de Champagne et de Picardie, tenue à Amiens en 1424, montrent fort bien dans quelle mesure on croyait pouvoir modifier les volontés du régent. Les Rémois craignaient que les Anglais n'exigeassent le rétablissement des aides, impôts indirects abolis par Jean sans Peur en 1418. Le mandat des députés était donc de représenter aux commissaires du roi, tout en protestant de leur obéissance et de leur loyauté, que, selon le traité de Troyes, les sujets du royaume de France devaient être tenus en leurs franchises et libertés anciennes ; que, pour avoir aboli les aides, Jean sans Peur avait eu la faveur et l'amour de la plus grande partie du peuple ; que cette sorte d'impôt était ruineuse pour les sujets, sans beaucoup profiter au roi ; et qu'un impôt direct, une taille, serait préférable. Si les aides étaient rétablies, qu'au moins les vivres à bas prix fussent exempts de toute charge, vu la détresse des classes pauvres ; qu'une partie de l'impôt fût donnée à la ville pour ses dépenses, et qu'enfin la justice des aides fût administrée avec exactitude, sans frais excessifs, par de bonnes personnes que les habitants éliraient.

Moyennant quelques rares concessions, le régent put obtenir le vote de sommes considérables. Dans les pays dévastés par la guerre ou peu soumis, la perception, il est vrai, était souvent impossible. On ne pouvait presque rien tirer de la Champagne : les paroisses appartenant à des seigneurs bourguignons ne voulaient rien payer ; d'autres étaient ruinées et désertes ; d'autres étaient si souvent visitées par les Armagnacs que les sergents du roi Henry VI n'osaient s'y risquer. La Normandie et la région parisienne supportèrent presque seules le poids de ces impôts extraordinaires, qui pouvaient y être perçus assez régulièrement. Ce furent les Normands qui payèrent les frais du siège d'Orléans.

Aux tailles accordées par les États venaient se joindre les subsides levés d'urgence, et les sommes que des assemblées régionales votaient pour fortifier une place ou assiéger un château. Bedford recourait donc aux procédés que les rois de France avaient employés depuis le XIVe siècle. Ajoutez à tout cet argent le produit du butin et des rançons et les énormes contributions levées dans les pays frontières, comme le Maine, sur les habitants restés fidèles à Charles VII. L'or ainsi arraché à une population décimée et appauvrie était d'ailleurs dépensé avec économie et régularité. Les Anglais apportaient dans leur comptabilité financière les mêmes qualités d'ordre et de précision que dans leurs entreprises militaires.

Le clergé de France fut l'objet des mêmes séductions, de la même surveillance et des mêmes exigences que la société laïque. Bedford fit de nombreux dons aux couvents et aux églises de Rouen et sollicita l'honneur d'être reçu chanoine de la cathédrale. Dans les dépouilles des Armagnacs, une part importante fut faite aux prélats qui embrassèrent résolument la cause anglaise. Tel Robert Jollivet, qui avait abandonné, dès 141.9, son abbaye du Mont-Saint-Michel, énergiquement défendue contre les Anglais par une troupe de nobles normands. Bedford lui donna la jouissance de tous les revenus que le monastère possédait en Normandie. Le bon apôtre, laissant ses moines jeûner dans l'abbaye assiégée, se mettait en règle avec sa conscience en déclarant que, s'il occupait tous les biens du couvent, c'était pour les lui conserver dans leur intégrité. Les Anglais étaient si sûrs de lui qu'en 1424 ils le chargèrent de diriger le siège du Mont-Saint-Michel.

Mais ils ne trouvaient point partout la même docilité. Plusieurs évêques et beaucoup de curés, au temps de Henry V, avaient émigré plutôt que de se soumettre. D'autres étaient suspects. Le conquérant, quelques semaines avant de mourir, avait décidé que tous les bénéficiers du royaume devaient jurer l'observation du traité de Troyes, et Bedford nomma des commissaires chargés de recueillir ce serment.

Le régent trouva dans la collation des bénéfices un moyen plus efficace pour dompter le clergé. Il avait cru d'abord habile d'adopter les doctrines gallicanes, et, dans une assemblée d'États tenue à Parie, en 1424, il avait déclaré qu'il voulait maintenir l'Église de France dans ses franchises anciennes, et empêcher les entreprises des papes contre les ordonnances des saints conciles et des rois ; mais un an s'était à peine écoulé qu'il signait une ordonnance sacrifiant les libertés gallicanes. Bien qu'amendées par le Parlement de Paris, ces lettres du 26 novembre 1425 ne laissaient à la nomination des ordinaires et des patrons que les bénéfices qui viendraient à vaquer en mars, juin, septembre et décembre ; le reste, c'est-à-dire environ les deux tiers, était abandonné au bon plaisir du pape. Il n'était pas question, dans ces lettres, d'abroger les élections épiscopales ; mais Bedford montra bientôt comment il entendait la liberté des élections et de quelle façon il comptait mettre à profit la reconnaissance de la papauté. Lorsque le siège épiscopal de Paris vint à vaquer, en 1426, il força les chanoines de Notre-Dame à lui demander l'autorisation d'élire un nouvel évêque, sous peine d'une amende de deux mille marcs d'argent, et il présenta un candidat officiel. Les chanoines portèrent leurs suffrages sur un autre ; mais devant les menaces du régent, l'élu n'osa prendre possession de sa dignité, et le chapitre dut installer bientôt le candidat des Anglais, nommé par bulle pontificale. Dès 1423, un concile de la province de Reims, tenu à Noyon, se plaignait des prélats insouciants et simoniaques auxquels le gouvernement confiait les évêchés. Il les accusait de se faire les instruments du régent pour la destruction des libertés ecclésiastiques.

Enfin le duc de Bedford obtint du pape Martin V une bulle invitant le clergé de France à payer les subsides que lui demanderait le roi Henry VI, dans les cas de nécessité. Les décimes succédèrent aux décimes ; dans la seule année 1428, le régent en demanda deux. Les juges apostoliques, choisis par le Saint-Siège pour connaître des questions contentieuses que soulevaient ces écrasantes impositions, étaient les auxiliaires les plus dévoués de la politique anglaise : l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, l'évêque de Thérouanne Louis de Luxembourg, chancelier de Henry VI, et l'archevêque de Sens, qui devait son siège au régent.

Ainsi le duc de Bedford était un homme d'état et un homme de guerre. Il avait la meilleure armée de son temps et il avait adopté la politique la plus habile, qui était de conquérir la France avec l'aide des Français et par leur argent, et d'avoir, outre l'alliance du puissant duc de Bourgogne, celle du pape, mais l'œuvre qu'il avait entreprise était d'une difficulté immense, car le royaume de Bourges, la moitié de la France, était encore à conquérir, et il s'en fallait que l'autre moitié, depuis si peu de temps conquise, fût déjà résignée.

 

 

 



[1] SOURCES. Ordonnances, t. XIII. Stevenson, Letters and papers illustrative of the wars of the English in France, 1861-1864, 3 vol. Jarry, Le compte de l'armée anglaise au siège d'Orléans, Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, t. XXIII. Joubert, Documents inédits sur la guerre de Cent Ans dans le Maine, Revue du Maine, 1889.

OUVRAGES À CONSULTER. Longnon, Étendue de la domination anglaise à l'époque de Jeanne d'Arc, Revue des Questions historiques, t. XVIII. Ch. de Beaurepaire, Administration de la Normandie sous la domination anglaise, Mém. de la Soc. des Antiquaires de Normandie, t. XXIV. Boucher de Molandon et de Beaucorps, L'armée anglaise vaincue par Jeanne d'Arc, Mémoires de la Soc. archéologique de l'Orléanais, t. XXIII. Mlle de Villaret, Campagnes des Anglais dans l'Orléanais, 1893. Aubert, Histoire du Parlement de Paris, t. I, 1894. Du Motey, Exmes pendant l'occupation anglaise, Bull. de la Soc. historique de l'Orne, t. VIII.

[2] On voit son portrait dans le Livre d'heures de la duchesse de Bedford (British Museum).

[3] La livre sterling, divisée en 20sols de 12 deniers chacun, valait alors près du double de la livre sterling actuelle, en valeur intrinsèque. D'autre part, les métaux précieux étant bien plus rares que de nos jours, leur pouvoir d'achat était plus considérable ; cette valeur relative ne peut d'ailleurs être fixée avec précision. Un sol sterling valait donc, en poids, 2 fr. 50 de notre monnaie, et avait une valeur relative notablement supérieure.

[4] De Beaurepaire, État des campagnes de la Haute-Normandie, p. 22.

[5] L'historien anglais Stubbs (Constitutional History of England, t. III, p. 124-125, éd.) a émis sur ce point une opinion qui nous parait radicalement démentie par les faits.

[6] SOURCES. Outre les sources indiquées au § 1 : Journal d'un bourgeois de Paris, édit. Tuetey, Thomas Basin, Histoire de Charles VII, livre II, dans : Œuvres, édit. Quicherat, t. I, 1855. Monstrelet, Chronique, édit. Douët d'Arcq, t. IV, 1860. Longnon, Paris pendant la domination anglaise, documents publiés par la Société d'Histoire de Paris, 1878. Denifle, La désolation des églises en France pendant la guerre de Cent Ans, t. I, 1897. Parfouru, Compte du temporel de l'évêché de Meaux, 1900, extrait du Bull. de la Confer. d'hist. de Meaux.

OUVRAGES À CONSULTER. Outre ceux indiqués au § 1 : De Saulcy, Histoire numismatique de Henri V et de Henri VI, 1878. André Joubert, Les monnaies anglo-françaises du Mans, 1887. L. Batiffol, Le Châtelet de Paris, Revue historique, t. LXI à LXIII, 1896-1897. De Bourmont, Fondation de l'Université de Caen, 1883. Puiseux, L'émigration normande et la colonisation anglaise en Normandie au XVe siècle, Mémoires lus en Sorbonne en 1865. Chéruel, Rouen sous la domination anglaise, 1840. Flammermont, Senlis pendant la guerre de Cent Ans, Mémoires de la Société de l'Hist. de Paris. t. V. Pagel, Noyon au XVe siècle, Thèses de l'École des Chartes, 1897. D'Arbois de Jubainville, Inventaire des Archives de l'Aube, XIe livraison, Introduction, 1872. Lapierre, La guerre de Cent Ans dans l'Argonne, 1900. Travaux de Quentin et de l'abbé Charles : Mémoires lus en Sorbonne en 1885, et Revue du Maine, 1889. S. Luce, La France pendant la guerre de Cent Ans, 1890 et 1893.

[7] Document judiciaire de 1432 : Revue des Sociétés savantes, 1863, t. I, p. 206.

[8] SOURCES. Outre les sources indiquées aux § 1 et 2 : Pierre Cochon, Chronique normande, éd. Beaurepaire, 1870. Demoison, Une assemblée d'États en 1424, Travaux de l'Académie de Reims, t. LXXIII. J. Félix, Inventaire de Pierre Surreau, 1892.

OUVRAGES À CONSULTER. Ch. de Beaurepaire, Les États de Normandie sous la domination anglaise, 1859. - Sur Bedford et le clergé, études de Grassoreille dans les Mémoires de la Soc. de l'Histoire de Paris, 1882, et de Soullié, dans la Revue de Champagne, 1890.