JEAN-BAPTISTE CARRIER

 

CHAPITRE XV. — LA SOCIÉTÉ VINCENT-LA-MONTAGNE.

 

 

Adhésion formelle de la Société populaire aux mesures cruelles de Carrier contre les royalistes. — Le premier mécontentement contre lui provoqué par son refus de recevoir des patriotes présentés par Champenois pour lui fournir les moyens de s'emparer de Charette. — Lettre de reproches à Carrier, du 12 pluviôse. — Fureur de Carrier contre Champenois et ordre d'arrêter cet officier municipal. — Entrevue de Carrier et de Champenois. — Mécontentement croissant de la Société populaire, et envoi à Paris de deux délégués pour demander le rappel du représentant. — Fureur de Carrier d'avoir été qualifié de despote par la Société ; son discours furibond à la tribune de la Société, et réponse de Forget. — Appréciations de Goupilleau le jeune sur la conduite de Carrier. — Les deux délégués envoyés à Paris. — Le départ de Carrier souhaité par tous les sans-culottes de Nantes. — Retour conciliant de Carrier à la Société populaire et baiser de paix fraternel au sein de la Société. — Envoi de députés chargés d'annuler la mission de ceux partis pour demander le rappel. — Demande de son rappel par Carrier lui-même. — La question d'humanité absolument étrangère à la cessation de la mission de Carrier.

 

En France, le peuple aime à s'entendre dire qu'il est le souverain, et la patience avec laquelle il supporte, sous la République, des abus qui le soulèveraient contre une monarchie, montre qu'il tient au mot encore plus qu'à la chose. La Société Vincent-la-Montagne qui, à vrai dire, était le peuple, puisqu'elle parlait et agissait en son nom, avait jusqu'alors supporté toutes les avanies de Carrier. Un de ses membres, député par elle auprès de lui, avait été bâtonné comme un simple valet[1], et elle n'avait pas plus protesté que lors de la suspension de ses séances. Ses meneurs avaient sans doute réussi à la persuader que, pour la première fois qu'on avait la République, il fallait apprendre à supporter les menus ennuis du régime, et payer sa bienvenue de quelque tolérance pour le sans-façon de ses fondateurs.

Les cruautés de Carrier à l'égard des catholiques, des royalistes et des modérés avaient, à ce moment, quoiqu'elle en pourra dire plus tard, sa complète approbation. Un point, en effet, qu'il importe de mettre en lumière, c'est qu'avant le procès de Carrier, qui eut lieu à une époque de réaction, aucun républicain de Nantes ou de Paris ne lui a fait le moindre grief de ses exécutions sans jugement. Cette Société lui aurait plutôt reproché de manquer d'énergie dans la lutte contre l'insurrection, et ce fut à l'occasion de hi guerre de Vendée qu'elle manifesta, pour la première fois, contre lui, un certain mécontentement, dans une lettre où elle lui reprochait sa tiédeur en ces termes :

Carrier, tu as dit aux patriotes de Vincent-la-Montagne qu'ils n'entendraient parler des brigands que par leur mort. On nous dit : l'armée des brigands occupe plusieurs communes ; Charette, dit-on, exerce des cruautés. Carrier, toi qui as la confiance des sans-culottes, toi qui as tant contribué aux succès de nos armées, il te reste à couronner ton ouvrage, fais finir enfin la guerre de la Vendée ; emploie toute ton énergie à terminer cette guerre affreuse, nous te le demandons au nom du salut public... Calme nos inquiétudes[2].

Charette, en effet, n'était qu'à quelques lieues de Nantes. Récemment blessé, il s'était retiré, dans une ferme de la commune de Saint-Colombin, pour se faire soigner par une femme dont le mari, au mépris des lois de l'hospitalité, avait conçu le projet de le livrer. Comme, pour le succès de cette expédition, quelques troupes étaient nécessaires, ce paysan était venu à Nantes pour les obtenir et offrir ses services à Carrier. Il avait essayé vainement, pendant trois jours, d'être introduit auprès du représentant, lorsqu'il conta son affaire à un potier d'étain nommé Champenois[3], patriote influent à la Société populaire. L'officier municipal Champenois s'était empressé de conduire ce paysan chez Carrier ; mais son secrétaire les avait reçus fort mal en leur disant : F... ne savez-vous, pas que Carrier est malade ? retirez-vous, il ne veut pas être interrompu. Ce secrétaire, parent de Carrier, était un nommé Bonneval[4] ; Champenois, ayant inutilement insisté, pria Bonneval de faire au moins passer une lettre qu'il laissa et dont il alla attendre la réponse à la Société populaire. Aucune réponse n'étant arrivée, il fut décidé, dans la soirée ; que cinq patriotes zélés, qui étaient Thomas, Mouquet, Léger, Forget, et le même Champenois, feraient de suite une nouvelle démarche auprès du représentant. La députation ne fut pas mieux accueillie ; la porte resta fermée, et le secrétaire leur répondit que, fussent-ils des citoyens enragés, sortis du diable ou de l'enfer, ils ne seraient pas reçus ; que, d'ailleurs, Carrier ne recevait même pas les généraux.

Très froissée, la Société écrivit, dès le retour de la députation, une lettre à Carrier où elle se plaignait du traitement infligé à des amis et à des frères, qu'un secrétaire indigne avait repoussé, au risque de laisser échapper l'heureuse occasion de s'emparer de Charette. La Société veut que les brigands soient totalement détruits et exterminés, et c'est pour cela qu'elle a chargé des commissaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour y parvenir[5].

Cette lettre, qui porte la date du 12 pluviôse, an II (31 janvier 1794), n'était pas parvenue à son adresse, que Carrier, informé de son contenu, signait l'ordre au premier officier de la force publique de lui amener Champenois. Celui-ci, le lendemain dans la matinée, était appréhendé, et, malgré la promesse de se rendre de bonne volonté, conduit à travers la ville, entre quatre fusiliers, jusqu'à la maison de Bourg-Fumé. L'entrevue fut des plus animées ; les propos les plus vifs furent échangés. Carrier reprocha à Champenois d'avoir cherché à avilir en lui la représentation nationale, d'avoir fait la motion de décacheter ses lettres, et ne parla de rien moins que de le faire guillotiner. Champenois, à l'en croire, car nous n'avons sur cette scène d'autres affirmations que la sienne, répondit avec beaucoup de courage qu'il demandait des témoins pour s'expliquer devant eux, et qu'il était prêt à le faire sur la place publique, mais qu'il était faux qu'il eût parlé de décacheter ses lettres. Carrier répliqua par une bordée de jurements grossiers, puis, s'amadouant tout à coup, exprima à Champenois le désir de se faire de lui un ami. Celui-ci rompit brusquement avec le serpent dangereux et se retira[6].

Dans la journée, 13 pluviôse (1er février), le maire Renard convoqua le Conseil général de la Commune. Neuf officiers municipaux et sept notables seulement avaient répondu à son appel. Champenois déposa sur le bureau l'ordre de Carrier et donna de longs détails sur l'entrevue qu'il avait eue le matin avec lui. Aux reproches que Carrier lui avait adressés d'être l'ami de Pitt, et d'avoir demandé son rappel, il dit avoir répondu que rien n'était plus faux, et que, ni lui, ni d'autres, n'avaient demandé son rappel, mais qu'il avait, à la vérité, appuyé la motion qu'un autre représentant fût demandé pour l'aider.

Le Conseil, dans une suite de considérants, exprima le regret que Carrier fût mal entouré, et, affirmant que Champenois avait toujours manifesté les sentiments d'un vrai sans-culotte, il arrêta que Carrier serait prié de donner des explications, et de déclarer que les membres du Corps municipal n'avaient rien perdu de sa confiance[7].

De son côté, la Société populaire tenait une séance extraordinaire. Un de ses membres osa déclarer que la Société ne pouvait être tranquille sur un événement qui rappelait le despotisme de l'ancien régime. Champenois y fut mandé et complimenté sur son civisme courageux. Il fut décidé que la Société, n'ayant plus de liberté et la sûreté de ses membres étant compromise, elle s'abstiendrait de toutes discussions, mais continuerait néanmoins de surveiller les malveillants[8].

Si l'on en croit Dugast-Matifeux, la Société populaire aurait fait davantage. Elle aurait signé dans la journée du 14 pluviôse (2 février), une adresse au Comité de Salut public pour demander le rappel de Carrier en se fondant sur l'état de débauche dans lequel il vivait, son défaut de soin, ses fureurs, la dissolution de la Société sous le plus léger motif, les mauvais traitements envers les patriotes[9]. La signature d'une pareille adresse eût été un acte de courage de la Société, et jusqu'à preuve du contraire, il est permis de douter qu'elle l'ait fait ; mais on ne saurait nier que plusieurs de ses membres se soient entendus pour députer à Paris deuk d'entre eux, auxquels ils remirent des pièces et des procès-verbaux qui leur permettraient de justifier leur demande de rappel ; au premier rang de ces pièces se trouvait le dossier de l'affaire Champenois.

Il résulte d'ailleurs d'une lettre de J.-V. Goupilleau, publiée par Dugast-Matifeux dans le Précis de la conduite patriotique des citoyens de Nantes, et qui sera citée tout à l'heure, que l'envoi des pièces au Comité de Salut public n'avait pas été décidé en séance publique, puisque certains membres des tribunes n'en avaient pas eu connaissance.

Carrier, soit qu'il se doutât qu'on intriguait contre lui, soit qu'il connût seulement le procès-verbal qui avait qualifié sa conduite envers Champenois d'acte de despotisme de l'ancien régime, vint tout en fureur, à la séance de la Société du 14 au soir, et y parla avec une extrême violence. Il tira son sabre, et hurla comme un taureau, disant que, si la Société ne rapportait pas son procès-verbal de la veille, il allait déclarer la ville de Nantes en rébellion, et qu'il y ferait venir soixante mille hommes pour la détruire comme on avait fait à Lyon[10]. — Il monta à la tribune, écrivait, le lendemain 15 pluviôse (3 février), le jeune Goupilleau à son frère le représentant, et nous fit les menaces les plus fortes, en s'exprimant contre la Société selon son langage ordinaire, disant que nous étions tous un tas de gredins, de gueux, de scélérats, de contre-révolutionnaires. Forget[11] prit la parole après lui ; il parla avec une force et une énergie vraiment républicaines. Il y eut entre eux un colloque qui dura longtemps. Carrier se calma, et finit par dire qu'il fallait : surveillance, énergie, fermeté ; que nous étions entourés de mauvais citoyens, qui ne cherchaient qu'à diviser les patriotes. Nous reconnaissons tous que Carrier a fait beaucoup de bien à Nantes, par conséquent à toute la République, mais nous reprocherons sa dureté... d'être inabordable pour les bons patriotes... d'accorder ses préférences à des femmes... d'avoir menacé le premier magistrat du peuple (Renard)... d'avoir mal reçu une députation de la Société populaire... d'avoir frappé un membre de cette Société. Goupilleau ajoutait : Nos députés sont partis avec double expédition de toutes les pièces au soutien de notre dénonciation[12]. Les deux députés étaient un médecin, Paul Métayer, et un marchand, Samuel (Michel). D'après cette lettre, ils étaient partis pour Paris, soit dans la soirée du 14, soit dans la matinée du 15 pluviôse (3 février)[13].

Nous les retrouverons bientôt à Angers et à Paris. Les patriotes initiés au but de leur démarche faisaient pour son succès les vœux les plus ardents.

C'est qu'en effet l'attitude de Carrier devenait inquiétante pour eux. Au commencement de pluviôse, il avait fort avancé son œuvre d'extermination des prisonniers vendéens, et ils craignaient que, les victimes royalistes commençant à lui manquer. il n'en vint à assouvir ses colères et ses rancunes sans regarder aux opinions des gens. Le 9 pluviôse, il avait menacé Gonchon, le président de la Commission militaire, de le faire guillotiner ; le 10 et le 11 du même mois, il avait pris contre le commerce les arrêtés absurdes dont l'effet inévitable avait été d'accroître la disette, et qui avaient indisposé toute la population ; le 12, il avait ordonné l'arrestation de Champenois ; à la Société populaire, il avait parlé de proclamer la ville de Nantes en état de rébellion. Cette série d'extravagances n'atteignait guère que des patriotes, et elle pouvait parfaitement continuer.

Pour être plus ancien, le ressentiment des membres du Comité révolutionnaire n'en était pas moins vif. Ils ne pardonnaient point à Carrier une scène qu'il leur avait faite le 11 nivôse, en présence de Kléber, lorsqu'il leur avait reproché, contre leur attente, l'arrêté inhumain interdisant aux citoyens de recueillir chez eux les enfants des prisonniers, et la menace de les faire guillotiner si cet arrêté n'était pas de suite retiré[14]. Ils souhaitaient surtout son départ, parce qu'ils redoutaient qu'il ne mît à exécution le projet, dont il parlait quelquefois, de les destituer de leurs fonctions, et de les remplacer par Lamberty, Robin, et autres agents de cette sorte[15].

La Société populaire, qui faisait cause commune avec le Comité révolutionnaire, et qui comptait parmi ses membres tout le personnel des diverses administrations, avait contre Carrier le grief de ses mauvais traitements, de ses mépris, de ses dédains, et de ses menaces, qui, pour être demeurées sans effet jusqu'à ce moment, n'étaient pas sans causer quelques craintes de la part d'un homme si fantasque et si disposé à se jouer de la vie humaine. Les royalistes et les modérés étaient certainement les moins intéressés au départ de Carrier : les derniers prisonniers de l'Entrepôt avaient été noyés ou fusillés, et les modérés, riches ou pauvres, mais surtout les riches, avaient autant à redouter du Comité révolutionnaire que de Carrier lui-même.

Malgré son mécontentement, la Société Vincent-la-Montagne évitait de rompre en visière avec Carrier. Les deux membres, qu'elle avait sournoisement chargés de le dénoncer au Comité de Salut public, n'avaient pas dépassé Saumur qu'elle regrettait déjà de les avoir fait partir. Carrier avait, par un arrêté du 16 pluviôse (4 février)[16], destitué Champenois de ses fonctions d'officier municipal, et cette mesure qui, après ce qui s'était passé, avait le caractère d'un véritable défi, n'empêcha pas la Société de lui faire bon accueil, lorsqu'il se présenta, dans la soirée, en compagnie de son collègue Lequinio. Il y parut, lisons-nous dans une lettre de J.-V. Goupilleau, dans les meilleures dispositions, manifesta ses intentions conciliantes, et parla dans des termes fort doux, en paraissant reconnaître ses torts envers la Société. Un membre prit ensuite la parole, et, après s'être exprimé en termes de paix, proposa le baiser fraternel. Plusieurs membres et les tribunes, qui ne connaissaient pas nos premières démarches, appuyèrent la proposition du baiser fraternel, qui fut adoptée, et Carrier le reçut du président... Ce n'est pas tout : après la séance, plusieurs membres s'assemblèrent extraordinairement, et arrêtèrent de nouveau d'envoyer deux députés à Paris pour engager les premiers à ne faire aucune démarche[17]. Ces députés partirent ; le jeune Goupilleau, dans une autre lettre à son frère, exprime le très vif désir qu'ils n'arrivent pas à temps pour empêcher les premiers d'agir. Dugast-Matifeux a même accusé les seconds envoyés, qui avaient accepté, de porter le contre-ordre, d'avoir détruit les registres de la Société populaire, afin de faire disparaître la preuve de leur mission 2. Si cela est vrai, ils ont parfaitement réussi, car leurs noms sont demeurés inconnus.

Pour braver Carrier, il fallait peut-être un certain courage, quoi qu'on ait pu remarquer dans le cours de ce récit que, toutes les fois qu'il rencontrait une résistance un peu soutenue, il se calmait et cédait ; mais il n'était pas besoin d'être brave pour demander secrètement son rappel. surtout si l'on considère que les patriotes de Nantes ne s'engagèrent dans cette affaire qu'avec l'appui et les encouragements du petit Jullien, venu à Nantes fort à propos, et dans un moment où Carrier lui-même ne demandait qu'à s'en aller.

On lit, en effet, sur un des registres du Comité de Salut public : Il sera proposé à la Convention de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel, par un autre représentant. Prieur de la Marne sera chargé de le remplacer (18 pluviôse an II, 6 février 1794)[18].

L'indignation des patriotes de Nantes contre les cruautés de Carrier, dont ils se sont beaucoup trop loués, fut une indignation rétrospective qu'ils n'éprouvèrent que huit mois plus tard, au commencement de brumaire an lll, lorsque l'opinion du pays tout entier se prononça contre ce représentant, à la suite des révélations des témoins du procès des 132 Nantais et du Comité révolutionnaire de Nantes. En pluviôse an II, les citations des lettres de Goupilleau et des procès-verbaux de la Société populaire le démontrent, les patriotes n'incriminaient en aucune façon Carrier pour sa conduite envers les royalistes ; ils lui auraient plutôt, comme ils l'ont fait, reproché sa tiédeur et sa négligence. Leurs seuls griefs contre lui étaient sa morgue et son despotisme dans ses rapports avec les membres de la Société populaire et ceux des diverses administrations. Voilà ce qu'on ne saurait trop dire et répéter en présence des allégations si différentes, qui viendront accabler Carrier assis sur le banc des accusés.

Si la question d'humanité fut étrangère à l'envoi des plaintes et des doléances des patriotes de Nantes au Comité de Salut public, ce n'est pas davantage sous l'influence d'un sentiment de pitié que les hommes d'Etat, qui présidaient aux destinées de la France, ont rappelé Carrier. Lorsque ses cruautés leur avaient été signalées, bien auparavant et en temps utile pour les arrêter, par Lofficial et Meignen, ces représentants avaient été éconduits et traités de modérés, de protecteurs des brigands[19].

Est-il besoin de citer un autre fait, qui fut affirmé à la tribune par Laignelot, et que personne n'essaya de démentir ? Le général Huché, dont les cruels exploits en Vendée avaient indigné les patriotes, avait été dénoncé par eux, amené à Paris et emprisonné. On lui reprochait d'avoir continué Carrier. Robespierre prit sa défense et le renvoya dans la Vendée avec un grade supérieur à celui qu'il avait[20].

Il n'est, dit-on, pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre. Les membres du Comité de Salut public étaient mieux placés que qui que ce fût pour connaître ce que n'ignorait aucun habitué des Chambres de lecture. Robespierre rappelant tout à coup Carrier, à la première nouvelle de ses cruautés, est donc tout simplement un conte inventé pour apitoyer sur l'ogre, et il n'est pas bien sûr que les historiens de l'école de Buchez, qui l'ont propagé, y. aient jamais cru eux-mêmes.

 

 

 



[1] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, n° 97, 398.

[2] Lettre datée du 9 pluviôse an II, 28 janvier 1794, Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 40.

[3] Champenois avait été élevé aux fonctions d'officier municipal, sans élection, par un simple arrêté de Gillet et Ruelle, le 10 octobre 1793, lors de la destitution des corps administratifs suspects de fédéralisme.

[4] Il est souvent question, dans le compte rendu du procès du Journal des Lois, d'un autre secrétaire nommé Coquin, qui s'était affublé du surnom de Marat.

[5] Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 41.

[6] Projet de lettre de Champenois au Moniteur, Dugast-Matifeux, Précis de la Conduite patriotique des citoyens de Nantes, Vier, Nantes, p. 30. — Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, 303.

[7] Mellinet, dans la Commune et la Milice de Nantes, VIII, 409 : — et Verger, dans les Archives curieuses, I, 49 et 57, donnent le texte entier de cette délibération.

[8] Dugast-Matifeux, Précis de la conduite patriotique des citoyens de Nantes, p. 28 ; séance du 13 pluviôse au matin.

[9] Dugast-Matifeux, Bibliographie révolutionnaire, n° 99. Lettre de la Société populaire de Nantes à celle de Tours ; Pièces remises à la Commission des Vingt et un, p. 29 ; Précis de la conduite patriotique des citoyens de Nantes, lettre de Goupilleau, p. 36.

[10] Lettre du citoyen Le Baupin (Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 34).

[11] Sur l'attitude de Forget ce jour-là voir les Mémoires de Blanchard, Clubs et Clubistes du Morbihan, Nantes, Grimaud, 1885, p. 19.

[12] Lettre de J.-V. Goupilleau. Dugast-Matifeux, Précis de la conduite patriotique, p. 36.

[13] Les deux envoyés auprès du Comité de Salut public ont eu une assez triste destinée. L'importance de la mission marquait bien la haute considération qui les entourait à la Société populaire. L'un d'eux, pourtant, était loin de la mériter.

Samuel (Michel), marchand de blanc et de bijoux, rue Contrescarpe, 28, près le Bon-Pasteur, était Juif, et il avait été désigné maintes fois, par la Société, pour présider à des recensements de marchandises à Nantes et à Paimbœuf. Juif et sans-culotte, une seule de ces qualités aurait suffi à lui donner appétit du bien d'autrui, et il les avait toutes les deux. Il ne sut pas résister à cette prédisposition. Au retour de sa mission, il fut arrêté et emprisonné le 26 ventôse, sous la prévention d'un vol de peaux, et condamné, le 16 germinal an II, à seize ans de fers par le Tribunal criminel de la Loire-Inférieure.

Dans une étude intitulée : les Juifs en Bretagne au XVIIIe siècle, p. 17, M. Brunschvicg, reproduit tous les arguments de la défense de Samuel, qui aurait été condamné injustement, par des amis de Carrier, comme agent de Robespierre. Les Juifs sont toujours innocents aux yeux de leurs coreligionnaires. En germinal, l'influence des amis de Carrier était nulle à Nantes. La condamnation de Fouquet et Lamberty, qui eut lieu quelques jours plus tard, en est la preuve ; Robespierre était au contraire à l'apogée de sa puissance. Samuel fut condamné par des jurés, et il fallait qu'il fût deux fois coupable pour que sa qualité de membre influent de la Société Vincent-la-Montagne n'ait pas réussi à le sauver. Samuel fut gracié de quatre années de sa peine par décision impériale du 6 août 1806.

Métayer (Paul-Alexis) se suicida d'un coup de pistolet, dans un petit bois situé auprès de la ville de Paimbœuf (Notes de la main de Dugast-Matifeux, Bibliothèque publique de Nantes). La déposition de Métayer figure au Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VII, 70, et dans la plupart des journaux du 22 frimaire en III. Samuel ne fut pas appelé à déposer.

[14] Voir les Noyades de Nantes, 2e édit., p. 73.

[15] Déposition de Lenoir, Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, n° 97. p. 398. — Michelet, Histoire de la Révolution, édit. Lacroix, VIII, 342.

[16] Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 43.

[17] Précis de la conduite patriotique des citoyens de Nantes, p. 39. Lettre du 17 pluviôse an II.

[18] Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, III, 152. Une note manuscrite de Dugast-Matifeux nous apprend que Michelet a vérifié l'exactitude de la citation de Savary.

[19] Séance du 8 vendémiaire an III (Réimpression du Moniteur, XXII. 114). Lofficial et Meignen ne sont pas nommés au Moniteur, mais ils le sont dans d'autres journaux, notamment, le Républicain français, n° 675, p. 2275.

[20] Journal de la Montagne, vendémiaire an III, p. 1253.