JEAN-BAPTISTE CARRIER

 

CHAPITRE XI. — LES GRANDES EXÉCUTIONS.

 

 

Incertitudes sur l'époque où commencèrent les grandes noyades. Fusillades nombreuses à Nantes à la fin de frimaire, avant la bataille de Savenay. — Fusillades ordonnées par les généraux, dont l'une accomplie avec une cruauté particulière au témoignage de Benaben. — Récit fait à la Convention, par un messager, de fusillades dont il avait été le témoin à son passage à Ancenis. — Bataille de Savenay. — Hommage rendu par Beaupuy à la bravoure des vaincus. — Six mille morts enterrés dans la banlieue de Savenay, selon Westermann. — Deux mille fusillés après la bataille, selon Benaben. — Nombreuses fusillades à Nantes après la bataille de Savenay. — Démarche de la Municipalité de Nantes en faveur des prisonniers demandant à se rendre. — Accueil fait par Carrier à cette démarche. — Les deux grandes exécutions par la guillotine, sur la place du Bouffay, comprenant quatre enfants. — Divers témoignages sur les grandes noyades, dont celui de Carrier lui-même. Scène du représentant avec Gonchon, président de la Commission militaire. — Qui a payé les noyades ? — Les mariages républicains. — La noyade proposée ailleurs qu'à Nantes comme moyen d'exécution des contre-révolutionnaires.

 

Les preuves des grandes noyades de prisonniers, exécutées à Nantes, en nivôse et pluviôse, sont si nettes, si variées et si concluantes, que je négligerai, comme étant d'ordre secondaire, la question de savoir si la destruction, par ce moyen, des débris de l'armée royaliste amenés à Nantes, a, ou n'a pas commencé dès les premiers jours de frimaire. Pour l'affirmative, il y a le nombre des témoignages ; pour la négative, il y a le défaut de précision de ces mêmes témoignages, l'attitude hésitante de Carrier auprès des Corps administratifs en frimaire, et enfin les nombreuses fusillades qui ensanglantèrent les derniers jours de ce mois et les premiers du mois suivant.

La bataille de Savenay qui eut lieu, comme nous le verrons tout à l'heure, le 3 nivôse (23 décembre), avait été une date assez importante pour se fixer dans les mémoires, et permettre, aux moins attentifs, de classer, avec précision, les faits contemporains de cet événement, en faits d'avant et d'après Savenay.

C'est ainsi que les membres du Département de la Loire-Inférieure ont affirmé, sans hésitation, que sept à huit cents prisonniers, non jugés, furent, par ordre de Carrier, fusillés à Nantes, en frimaire, avant Savenay[1]. Nulle protestation ne s'éleva des bancs de la Convention, quand, à la séance du 6 nivôse (26 décembre), lecture fut donnée d'une lettre de Carrier, datée de Nantes le 30 frimaire (20 décembre), dans laquelle il disait : La défaite des brigands est si complète que nos postes les tuent, les prennent, et les amènent à Nantes par centaines ; la guillotine ne peut suffire ; j'ai pris le parti de les faire fusiller. Ils se rendent ici et à Angers par centaines ; j'assure à ceux-ci le même sort qu'aux autres. J'invite mon collègue Francastel à ne pas s'écarter de cette salutaire et expéditive méthode. C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres[2].

Une autre lettre de Nantes, anonyme celle-là facile à dater du 29 frimaire, parce qu'elle mentionne la capture des demoiselles de la Métairie, insérée aux Nouvelles des départements dans le Journal de la Montagne, mande, sans commentaires : Les débris de l'armée catholique nous arrivent à force. Hier, on a fusillé deux cent soixante-dix-neuf brigands, dont cent soixante-dix avaient été pris à Ancenis, et les autres du côté de Vannes. Il y avait parmi eux plusieurs petits chefs[3].

De leur propre autorité, les généraux procédaient aussi à ces exécutions en masse, et les faisaient avec des raffinements de cruauté que l'on n'a point eu à reprocher à Carrier.

C'était encore avant Savenay. Benaben, commissaire du Département de Maine-et-Loire, qui assistera à la bataille, était en route pour rejoindre l'armée républicaine. Envoyant à son ami Vial, de Chalonnes, ses impressions de voyage, voici ce qu'il lui racontait : Comme je revenais de Mones[4], où j'avais été chercher des chevaux pour traîner l'artillerie que nous avions prise aux brigarnds, je rencontrai différents détachements de volontaires qui conduisaient des prisonniers à la mort en chantant : Le jour de gloire est arrivé ! Je ne sais si les brigands étaient de l'avis des soldats. A peine avais-je quitté Carpentier, pour me rendre à Savenay, que cinq à six cents brigands mirent bas les armes, en criant, comme à l'ordinaire : Vive la Nation ! Vive la République ! Un général leur joua un bon tour. Il les fit envelopper par deux bataillons, et fit faire sur eux une décharge générale. Il y en eut autant à tomber de peur. Mais, comme il y en avait beaucoup qui remuaient, celui qui avait commandé le feu cria : Que ceux qui ne sont pas blessés se lèvent. Ceux qui n'étaient pas blessés, croyant qu'on voulait leur sauver la vie, s'empressèrent de se lever ; mais ils retombèrent bientôt, car on avait fait sur eux une seconde décharge ; on acheva ensuite de les tuer à coups de sabre, à coups de baïonnettes et à coups de crosses de fusils[5].

Toujours avant Savenay. A la séance de la Convention du 6 nivôse (25 décembre), un messager venant de Nantes fut entendu. Il parla de cinq cents brigands qui avaient demandé grâce, et qui reçurent une prompte mort. En passant à Ancenis, à Angers et à Saumur, il avait rencontré des troupes de prisonniers qu'on conduisait à Nantes pour y subir la peine due à leurs crimes[6].

Quelques chefs seulement de l'armée royaliste, dont Henri de la Rochejaquelein, avaient pu, suivis d'un petit nombre d'hommes, repasser la Loire à Ancenis. Le gros de l'armée s'était dirigé vers Savenay, et c'est dans cette ville que, le 3 nivôse (23 décembre), les survivants de la grande armée se trouvèrent réunis une dernière fois pour faire tête à l'ennemi et tenter le suprême effort. Les soldats de la foi succombèrent en héros. Rien n'est comparable à l'opiniâtreté qu'ils montrèrent, porte une adresse de l'armée de l'Ouest à la Convention, — la certitude qu'ils avaient, que nous ne ferions aucune grâce aux ennemis de la République, leur avait donné cette bravoure que l'on ne voit presque jamais que dans le désespoir. — Je les ai bien vus, bien examinés, écrivait de son côté le général Beaupuy — j'ai reconnu même de mes figures de Cholet et de Laval — ; à leur contenance, à leur mine, je t'assure qu'il ne leur manquait du soldat que l'habit... Il me semble à présent qu'avec nos autres ennemis nous ne ferons que peloter[7].

Ce n'est pas, dans cette rencontre, l'héroïsme des vaincus, c'est leur écrasement qui a ému Westermann : Nous fîmes, rapporte-t-il, une boucherie horrible ; les dernières six pièces de canon, quelques caissons, équipages, tout tomba en notre pouvoir. Marceau et les autres généraux, avec les représentants du peuple, Prieur et Terreau, suivirent l'armée sur la droite ; très peu leur échappèrent. Partout on ne voyait que des monceaux de morts... Les brigands qui échappèrent, cette journée, à la mort, furent traqués, tués, ou ramenés par les habitants des environs. Dans la banlieue de Savenay seule, plus de six mille ont été enterrés[8].

Les 3, 5 et 6 nivôse, la Commission Bignon, attachée à la suite de l'armée, tint dans cette petite ville ses premières grandes assises de la Loire-Inférieure, et envoya à la mort, en ces trois séances, six cent soixante et un prisonniers, dont on a les noms[9]. Il est permis de croire cependant que la Commission n'a point mentionné toutes ses victimes : J'avais écrit, lit-on dans une lettre de Benaben, de Nantes, le 6.nivôse, qu'on avait fusillé, à Savenay, plus de douze cents brigands ; mais, par des renseignements que j'ai appris depuis, et que je ne puis révoquer en doute, il paraît qu'on en a fusillé plus de deux mille[10].

Ainsi travaillaient à Savenay, où n'était pas Carrier, des représentants qui n'ont jamais perdu les bonnes grâces du Comité de Salut public et de la Convention.

Sur d'autres points, pareils massacres. On écrivait d'Angers, au Comité de Salut public, le 5 nivôse (25 décembre 1793) : Plus de brigands en deçà de la Loire. Tout se prépare pour que tous ceux de la Vendée subissent enfin le sort des rebelles, la mort. Des milliers sont ramassés dans différentes communes et expient promptement leurs forfaits[11].

Ce n'est pas davantage par le fait de Carrier que la Commission Bignon, établie par arrêté de Bourbotte, Prieur de la Marne, siégea à l'Entrepôt, et envoya à la mort, en quinze jours, dix-neuf cent quarante-six personnes dont une centaine de femmes.

Les charges qui pèsent sur Carrier sont assez lourdes pour que l'on se borne à mettre à son compte les seuls massacres ordonnés par lui.

Disons aussi, pour l'honneur bien compromis des membres des Administrations de cette époque, que la Municipalité essaya, un jour, d'obtenir de Carrier qu'il suspendit une de ses grandes exécutions. Après la bataille de Savenay, dit Champenois dans sa déposition, il vint à Nantes huit brigands qui se disaient chargés de réclamer le pardon de plusieurs communes, et notamment de six cents cavaliers qui offraient de se rendre avec armes et bagages, et de rendre au giron de la République les communes qui avaient été égarées par les chefs des rebelles, et ils offraient encore de livrer leurs chefs. La Municipalité en référa à Carrier qui répondit : Je n'ai point d'ordres du Comité de Salut public. Je ne veux pas me faire guillotiner[12]. Au moment même où la Municipalité intercédait pour ces brigands, arrivait à Carrier une lettre de Westermann, dans laquelle ce général lui mandait : Enfin les brigands sont aux abois. Ils viennent de toutes parts demander grâce. Je puis les vaincre ; mais ne vaudrait-il pas mieux leur accorder une amnistie et, par ce moyen, ménager le sang de braves républicains que nous pourrions employer plus utilement ailleurs. On avait parfaitement expliqué à Carrier de quoi il s'agissait. La députation était composée des Corps constitués qui avaient prié Carrier d'en référer à la Convention. Ce qu'il ne fit pas. Sur cette déposition, le président du tribunal, Dobsent, fit observer que les débats avaient prouvé que ces brigands avaient été fusillés le lendemain[13]. Le fait de grandes fusillades, ordonnées par Carrier avant l'arrivée de la Commission militaire qui ne commença ses travaux que le 9 nivôse à Nantes est aussi établi par un passage de l'Histoire lapidaire de Fournier ainsi conçu : La garde nationale de cette ville, du 21 au 29 décembre 1793 (1er-9 nivôse), fournit chaque jour deux bataillons pour les travaux des fortifications, et pour enterrer des cadavres des malheureux que Carrier faisait fusiller[14].

Il est impossible de supputer exactement le nombre de fusillés. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'il fut considérable. Si, d'une part, il a pu arriver que certaines exécutions aient été comptées pour deux, à raison de divergences dans le détail des déclarations, il est certain aussi que les listes des Commissions ne peuvent être regardées que comme un appoint du nombre des victimes et en donnent une idée très incomplète. Je citais tout à l'heure Benaben, qui comptait deux mille fusillés à Savenay, après la bataille, quand le registre de la Commission Bignon n'en mentionne que six cent soixante et un. Pas plus que Francastel. Carrier ne se souciait de noter les massacres qu'il ordonnait, et voici quel était, à ce sujet, la conduite de Francastel : Du temps que j'étais au Comité révolutionnaire d'Angers, rapporte un nommé Toussaint Cordier, il fut envoyé, par le Comité, à la Commission militaire, beaucoup d'individus que le Comité ne consigna pas sur ses registres, et cela par ordre de Francastel, qui ne voulait pas que l'on gardât par écrit ce qui avait rapport aux brigands. La majeure partie de ces individus furent fusillés par ordre de la Commission militaire aux Ponts-de-Cé. Après le siège d'Angers, tous les brigands qui furent arrêtés, et conduits dans le temple de la Raison, et dans la ci-devant église des Petits-Pères, furent également fusillés, sans être portés sur les registres, et cela par ordre de Francastel[15].

Les deux tribunaux révolutionnaires, que Carrier avait contribué à instituer dans les premiers temps de son séjour à Nantes, continuaient de fonctionner et condamnaient chaque jour, selon les affaires qui leur étaient envoyées, une, deux, quelquefois trois personnes à mort, hommes ou femmes. C'était peu à son gré ; aussi ne dissimulait-t-il pas son dédain de ce moyen de répression. Il disait un jour à Phelippes : Bah ! Bah ! à vous autres juges, il faut cent témoins, cent preuves, pour juger les accusés... faut-il donc tant de preuves, c'est bien plus tôt fait de les jeter à l'eau. Bientôt tu verras sans-culottiser les femmes[16].

C'est pour la même raison qu'il faisait li de la la guillotine, qui ne tuait qu'une personne à la fois. H ne laissa pas cependant tout à fait d'avoir recours à cet instrument, à deux reprises différentes, pour des exécutions qui sont demeurées célèbres à raison du nombre des victimes, et de l'âge et de la qualité de quelques-unes d'entre elles. C'était à la fin de frimaire, au moment des grandes fusillades attestées par les membres du Département. L'arrivée de bandes de prisonniers à Nantes n'était pas un événement ; chaque jour il en arrivait quelques-unes que l'on conduisait à l'Entrepôt. Mais le 27 frimaire (17 décembre), Carrier, atteint d'une recrudescence de frénésie meurtrière, voulut que le sang inondât la place du Bouffay, sous les yeux d'une population glacée d'effroi. Jusqu'alors la guillotine n'avait atteint que des condamnés des Tribunaux révolutionnaires. Le 27 frimaire, la bande de prisonniers se composait de vingt jeunes gens et de quatre enfants de treize à quatorze ans. Carrier exigea que le tribunal dont Phelippes était le président donnât, sans même les interroger, et de suite, l'ordre de les exécuter tous. Vainement Phelippes offrit de les juger sans retard, et peut-être même de les condamner ; vainement Crespin, membre de la Compagnie Marat, alla, sur l'ordre de Phelippes, faire observer au représentant que, parmi ceux qu'il voulait qu'on guillotinât, se trouvaient deux enfants de treize ans et deux de quatorze ans. Il s'écria avec fureur, en se retournant contre la cheminée : Dans quel pays suis-je ? Tout comme les autres. Carrier ayant remis à Phelippes un ordre d'exécution signé de lui, celui-ci rédigea une sorte de procès-verbal[17], où il inséra le texte de cet ordre, et à bourreau obéit. L'un de ces pauvres petits prisonniers, dans son ignorance des choses de la mort, lui fit cette question d'une naïveté déchirante : Me feras-tu bien du mal ? La planche de la guillotine s'étant trouvée trop courte pour sa taille, le couperet lui fendit le crâne au lieu de lui couper le cou.

Deux jours après, le 29 frimaire (19 décembre), arrivait une nouvelle troupe de vingt-sept prisonniers, dont sept femmes, et, parmi elles, les quatre sœurs de la Métairie. La plus jeune avait dix-sept ans. Ces vingt-sept eurent le même sort que les vingt-quatre. C'en était trop pour un bourreau de province ; il tomba malade et mourut peu après[18].

Entre ces deux journées, Carrier avait fait l'honneur au Conseil général de la Commune d'assister à sa séance, et il s'y était occupé de la forme des insignes destinés aux commissaires dits bienveillants[19].

A Dieu ne plaise que je prétende atténuer l'horreur de pareils faits. Mais il est permis de se demander si la Convention n'exploita pas, outre mesure, le vulgaire préjugé de la forme l'emportant sur le fond, quand elle fit de cet ordre l'un des chefs les plus retentissants de son acte d'accusation. Elle avait trouvé parfait, qu'aux temps de leurs missions, Carrier et autres, noyassent, fusillassent sans jugement, par centaines, des hommes désarmés, des femmes et des enfants, et son indignation débordera quand on lui exposera que Carrier, à quelques pas d'un tribunal, a fait exécuter, sans jugement, des gens voués au supplice, comme Si un jugement dérisoire leur eût fait. un sort si différent de celui des autres. Carrier n'avait pourtant pas fait mystère de ces exécutions d'enfants. Dans son rapport, lu à la séance de la Convention du 3 ventôse (21 février 1794), il disait : Les enfants de treize et quatorze ans portent les armes contre nous, et des enfants en plus bas âge sont les espions des brigands. Beaucoup de ces petits scélérats ont été jugés et condamnés par la Commission militaire[20].

Tout en reconnaissant comme constant le crime des noyades, imputable au seul Carrier, à l'exclusion de la complicité du Comité de Salut public et de la Convention, certains auteurs ont prétendu induire, de la confusion des dates et des faits dans les témoignages produits au procès, que le nombre des noyades avait été fort exagéré. Selon Michelet et Berriat Saint-Prix, on ne pourrait dater que sept noyades, et ni l'un ni l'autre n'a essayé de les dater. Louis Blanc consent à reconnaître qu'il y eut plusieurs noyades.

Ce genre de supplice, que, dans l'ancienne Rome, on réservait aux parricides, avait été employé par les Anglais pour détruire les proscrits de la population française de la Nouvelle-Ecosse, au milieu du XVIIIe siècle. On coula en pleine mer les vieux vaisseaux sur lesquels on les avait entassés comme un vil bétail[21].

Je ne reproduirai pas ici les détails minutieux que j'ai classés dans un ouvrage spécial sur les Noyades de Nantes. Cet ouvrage contient les pièces justificatives et les preuves. Je citerai seulement les affirmations de quelques témoins oculaires dont l'authenticité est incontestable.

Lorsque le représentant Dubois-Crancé alla visiter les fonderies d'Indret, après le départ de Carrier (après le 28 pluviôse, 16 février 1794), il eut sous les yeux le spectacle d'une foule de fossoyeurs rangés le long de la rivière, et qui n'étaient occupés qu'à enterrer des monceaux de cadavres[22]. Favreau, directeur général de l'artillerie à Paris, qui habitait Indret pendant la mission de Carrier, a vu les bords de la Loire et la rivière chargée de cadavres, parmi lesquels il y avait beaucoup d'hommes et de femmes tout nus[23]. Le nombre d'une vingtaine de noyades a été donné à diverses reprises, comme celui qui se rapprochait le plus de la vérité, et l'accusateur public a pu dire, sans être contredit : Suivant le sixième chef, Carrier est accusé d'avoir ordonné ou toléré les noyades que les débats ont portées au chiffre de vingt-trois. Les preuves, comme vous vous le rappellerez, citoyens jurés, fourmillent de toutes parts sur ce chef[24].

Ces noyades ont eu lieu au moyen de chalands, ou sapines. On y pratiquait des trous, que l'on bouchait au moyen de planches légères, et qu'on enlevait au moment où le bateau était arrivé à l'endroit désigné pour sa submersion. Il fallait un chaland pour chaque noyade[25]. Une au moins de ces noyades fit périr à la fois environ huit cents individus, hommes et femmes[26].

Il y eut aussi des noyades de prisonniers jetés à l'eau un à un du bord des chaloupes. Un jour qu'il n'y avait pas assez d'eau pour les faire périr, on les tua à coups de fusils et autres instruments, et cette opération dura une heure et demie[27].

Les noyades, qui d'abord avaient lieu la nuit, se firent à diverses reprises en plein jour. Pour tirer un bénéfice des vêtements (les prisonniers, on les obligea souvent à se déshabiller ; et c'est ainsi que Favreau vit sur les bords de la Loire tant de cadavres nus.

En admettant que les grandes noyades de prisonniers, pris à l'Entrepôt, n'aient commencé qu'en nivôse, elles durèrent au-delà du milieu de pluviôse, c'est-à-dire pendant six semaines au moins.

Pour une noyade de trois cent soixante prisonniers, le 1er nivôse (21 décembre), je signalerai tout d'abord le témoignage de Carrier lui-même. A la date du 2, il écrivait, au Comité de Salut public, une lettre dont l'original est perdu, mais dont l'analyse a été conservée, et est ainsi conçue : Carrier ajoute un mot des miracles de la Loire, gui vient encore d'engloutir trois cent soixante contre-révolutionnaires[28].

Benaben, dans la même lettre du 6 nivôse, où il parlait des fusillades dont il avait été le témoin à Savenay, ajoutait : Ici, on a une tout autre manière de nous débarrasser de cette maudite engeance : on met tous ces coquins-là dans des bateaux qu'on fait ensuite couler à fond. On appelle cela envoyer au Château d'Eau. En vérité, si les brigands se sont plaints quelquefois de mourir de faim, ils ne pourront pas se plaindre au moins de mourir de soif. On en a fait boire aujourd'hui environ douze cents. Je ne sais qui a imaginé cette espèce de supplice ; mais il est plus prompt que celui de la guillotine, qui ne me parait destinée, désormais, qu'à faire tomber les têtes des nobles, des prêtres et de tous ceux qui, par le rang qu'ils occupaient autrefois, avaient une grande influence sur la multitude[29].

Admettons que les membres du Comité de Salut public n'avaient pas une ouverture d'esprit suffisante pour comprendre la périphrase de Carrier sur les Miracles de la Loire, et qu'aucun deux n'avait reçu de lettres semblables à celle de Benaben, Il est impossible de supposer qu'ils ne lisaient pas les journaux ; or tous les journaux de Paris de la première quinzaine de nivôse ont reproduit ce passage d'une lettre de Nantes, lue le 11 nivôse, à la séance de la Commune de Paris ;

Le nombre des brigands qu'on a amenés ici depuis dix jours est incalculable. Il en arrive à tout moment. La guillotine étant trop lente, et attendu qu'on dépense de la poudre et des balles en les fusillant, on a pris le parti d'en mettre un certain nombre dans de grands bateaux, de les conduire au milieu de la rivière, à une demi-lieue de la ville, et, là on coule le bateau à fond. CETTE OPÉRATION SE FAIT CONTINUELLEMENT[30].

Un messager de la Vendée, chargé d'apporter des nouvelles du théâtre de la guerre, présenté par Barère à la Convention, dans la séance du 8 nivôse (28 décembre), dit : Trois maux incurables poursuivent les brigands : la Loire, la guillotine et les armées de Westermann et de Marceau. La Loire est citée la première ; la guillotine et les soldats de Westermann et de Marceau ne viennent qu'au second rang. Va, répondit le président de la Convention à ce messager, retourne auprès de tes frères d'armes. Dis-leur qu'ils ont bien mérité de la patrie... (On applaudit)[31].

Le 20 nivôse (9 janvier 1791), un nommé Loyvet, garde-magasin des vivres de l'armée à Ancenis, écrivait à Lecointre de Versailles : On continue ici de fusiller, guillotiner et noyer hommes et femmes des rebelles qu'on a ramassés depuis leur défaite[32].

Un ouvrier tourneur, nommé Depois, qui fut emprisonné aux Saintes-Claires, le 10 nivôse, et y resta huit mois sous la prévention d'avoir fait évader un brigand de l'Entrepôt où Depois était employé à la distribution du pain, est le seul témoin qui ait parlé de la présence de Carrier au bord de la Loire pendant les noyades. II vit, dit-il, deux fois, le soir, Fouquet et Lamberty venir à l'Entrepôt prendre des prisonniers qu'ils conduisaient à la Piperie pour les noyer. Il ne les a suivis que jusqu'aux Salorges ; mais il se rappelle avoir, une des deux nuits, reconnu là, à la lueur des réverbères, le représentant Carrier, revêtu d'une roquelaure qui lui a paru brune, et d'un chapeau rond, qui leur disait : Dépêchez-vous, marchez en ligne[33].

Le système de Carrier était de laisser faire ses agents. L'impulsion une fois donnée aux mesures qu'il avait décidées, il ne s'occupait plus de leurs opérations. Le Comité révolutionnaire emprisonnait et rançonnait les habitants ; les tribunaux révolutionnaires jugeaient, condamnaient et même acquittaient les accusés. Deux seules fois, il intervint pour imposer à celui de Phelippes les deux exécutions qui ont été racontées. H laissait de même, sans s'en occuper, la Commission militaire, présidée effectivement par Bignon, et nominalement par Gonchon, partager avec Lamberty le soin de faire périr les prisonniers de l'Entrepôt.

Jusqu'au 9 pluviôse (28 janvier), la Commission militaire avait laissé s'écouler plus d'un mois sans jalouser les attributions homicides de Lamberty. Ce jour-là pour une raison qui m'échappe, elle contesta à l'ami de Carrier le droit d'enlever des prisonniers. Celui-ci, mécontent de voir ses pouvoirs entravés, dénonça la Commission, et Carrier fit venir le président.

Gonchon arriva seul tout effrayé. Le représentant lui dit en le voyant : Te voilà donc j... f... de président qui t'opposes à mes ordres. Eh bien ! j... f..., juge donc dès que tu veux juger. Si, dans deux heures, tous les prisonniers de l'Entrepôt ne sont pas jugés, je te fais fusiller[34]. Gonchon fut tellement ému de cette scène qu'en rentrant il se mit au lit et mourut peu de jours après. Un commissaire bienveillant nommé Allard, qui a fait de cette scène un récit conforme à celui de David-Vaugeois ajoute : Les noyades n'en continuèrent pas moins[35].

Des centaines d'enfants de tout âge, venus d'Angers et de Savenay, avaient été placés à l'Entrepôt où on les avait laissés croupir dans l'ordure. De bons citoyens en avaient adopté un certain nombre. Il avait été question de confier, au commissaire ordonnateur de la marine, ceux qui paraîtraient propres à ce service. Gonchon, Bignon, le Comité révolutionnaire, avaient été d'avis différents sur la destination à leur donner, et deux choses bien certaines, c'est qu'à la fin de nivôse il y avait de nombreux enfants dans la partie de l'Entrepôt appelée la Cayenne, parce qu'on y déposait les marchandises de cette colonie, et que les témoins et même les accusés ont été unanimes à reconnaître qu'ils avaient disparu. Sont-ils morts de maladie ou y eut-il une noyade spéciale d'enfants ordonnée par Carrier ? Michelet le croit et attribue sans raison le fait à Robin, avec cette réflexion que Robin était lui-même un enfant, et que nul âge n'est plus cruel pour l'enfance[36]. M. Berriat-Saint-Prix, qui, dit-il, ne peut ajouter foi à une pareille horreur, présume que les enfants sont morts de maladie et que leurs cadavres, ayant été jetés à la Loire, le bruit avait couru qu'ils avaient été noyés[37].

J'ai, dans les Noyades de Nantes[38], reproduit de nombreux témoignages, empruntés aux divers comptes rendus du procès, qui, malgré quelques divergences sur le nombre des enfants, et sur la date du fait, autoriseraient à dire que les enfants, enfermés à l'Entrepôt, ont péri dans la Loire. Dans le doute, je m'abstenais de conclure. Quelques écrits contemporains des jours mêmes et d'une authenticité certaine, dont j'ai récemment pris connaissance, ont détruit tous mes doutes. Ces pièces sont : 1° une copie, signée par Even, agent de la marine et écrite par lui, de la déposition d'un nommé Moutier, forgeron, dans laquelle il reconnaît que Carrier l'a menacé de le faire guillotiner pour avoir voulu sauver ces enfants ; 2° une lettre de Dumais, gardien de l'Entrepôt, mort peu après victime de son séjour dans cette maison. Cette lettre, en date du 15 pluviôse (3 février), adressée aux membres de la Commission militaire, c'est-à-dire à Bignon et à David-Vaugeois, commence ainsi : Tous les enfants de l'Entrepôt ont été enlevés, ainsi que toutes les femmes, dont environ une douzaine n'ont point paru devant vous ; tous ces individus ont été conduits dans un bateau[39].

Le nombre des noyés restera toujours aussi incertain que celui des fusillés. Ce qu'on peut affirmer, c'est qu'à l'exception de quelques unités tous les prisonniers amenés à Nantes, au nombre d'environ huit à dix mille, y sont morts de misère ou ont été guillotinés, ou noyés, ou fusillés. Nous avons sur ce point l'attestation du jeune Jullien, qui, revenant de Nantes, écrit de Tours à Robespierre :

Carrier a fait prendre indistinctement, puis conduire dans des bateaux, et submerger dans la Loire, tous ceux qui remplissaient les prisons de Nantes. Il m'a dit, à moi-même, qu'on ne révolutionnait que par de semblables mesures[40]. En évaluant à quatre ou cinq mille le nombre des noyés, on reste fort au-dessous du nombre véritable.

Du produit de ses rapines, autant qu'il est possible de le savoir, le Comité révolutionnaire a contribué dans une assez faible proportion à l'achat des bateaux et au payement des mariniers auxiliaires de Lamberty, mais Carrier a directement employé à ce service, qu'il regardait comme un service public, les sommes mises à sa disposition pour les mesures extraordinaires qu'il aurait à prendre dans l'intérêt de la République. Chaux, dans un mémoire manuscrit qui existe aux archives départementales de la Loire-Inférieure, déclare se rappeler avoir entendu dire à Carrier qu'il avait à sa disposition plus ou moins de cinq cent mille livres à lui remises par la Convention pour ces mesures[41]. Chaux avait-il mal entendu, ou bien Carrier avait-il exagéré la somme ? Ce qui parait certain, c'est que Bourbotte et Carrier disposèrent d'un crédit de deux cent mille livres. Je te préviens, écrivait Bourbotte à Carrier, dans une lettre datée d'Angers, le huitième jour de la deuxième décade du deuxième mois (8 novembre 1793), que.les deux cent mille livres que Prieur de la Côte-d'Or et Hentz nous avaient proposé de demander au Comité de Salut public, pour les dépenses extraordinaires relatives à notre mission, ont été versées, il y a quelque temps, dans la caisse du payeur général de l'armée, et que tu peux, quand tu voudras, faire usage de ces fonds pour l'utilité publique[42]. Avec deux cent mille livres on pouvait acheter bien des bateaux, car ceux qui furent employés étaient des sapines construites en vue de faire seulement descendre à Nantes, au moyen du courant de la rivière, des marchandises encombrantes. Ces sapines, à rai-sonde leur peu de valeur, ne servaient qu'une fois ; elles étaient dépecées après leur déchargement et les planches étaient vendues à bas prix. Quelquefois on les employait à faire des cercueils pour les indigents.

Ce résumé des charges de Carrier dans le crime des noyades serait incomplet si je ne disais un mot des mariages républicains, dont l'abomination a contribué, peut-être plus que tous ses autres forfaits, àla flétrissure indélébile de son nom. Homme semble y avoir cru, et, comme rapporteur de la Commission des Vingt et Un, il ne cache pas que de nombreuses lettres de Nantes parlent de cette horreur[43]. Chaux a positivement accusé Fouquet et Lamberty de l'avoir pratiquée[44].

D'autre part. Tronçon-Ducoudray a dit dans sa plaidoirie : Je ne parle pas de ces atrocités plus révoltantes encore, appelées mariages républicains, qui n'ont pas été suffisamment constatées dans les débats, mais dont l'infâme dénomination suppose toujours la plus infâme des barbaries[45]. Le jugement n'en dit rien : et, ce qui est plus significatif, c'est que. sur la feuille des questions à poser au jury, le président en avait inscrit une relative à ce fait et qu'il l'a bâtonnée. Un témoin a raconté qu'on attachait les victimes deux à deux, afin qu'il leur fût impossible de se sauver à la nage et que le nom de mariage républicain avait servi à qualifier cette précaution des bourreaux[46]. Comme toutes les légendes, où se rencontrent quelques parcelles de vérité, celle des mariages républicains me semble trop enracinée dans l'opinion pour avoir été inventée de toutes pièces. L'imagination toute seule ne trouve pas ces choses-là. Il a pu très bien venir à l'idée de scélérats, d'une perversité inouïe, de mêler l'obscénité aux horreurs d'un supplice infligé à la fois à des hommes et à des femmes, et le récit, plus ou moins exagéré de quelques scènes de cette nature, aura donné naissance au bruit, grossi par l'opinion, qu'on les avait intentionnellement et systématiquement renouvelées sous le nom de mariages républicains[47].

Carrier et Francastel n'ont pas été les seuls à considérer le supplice de la noyade comme un moyen de se débarrasser des contre-révolutionnaires. M. Wallon a relevé, dans les témoignages produits au procès de Fouquier-Tinville, ce propos, cité comme ayant été tenu par l'un de ses collaborateurs : On se gardera bien d'exposer des vaisseaux pour appliquer la déportation à ceux qui auront été condamnés à cette peine ; on les embarquera aux lies Sainte-Marguerite, et puis, à une demi-lieue de là ils boiront[48].

 

 

 



[1] Voir les pièces justificatives dans les Fusillades de Nantes, par A. Lallié (Revue de Bretagne el de Vendée, février 1882).

[2] Séance du fi nivôse an II (Réimpression du Moniteur, XIX, 57). — L'humanité de Carrier ressemblait à la sensibilité de Collot d'Herbois disant aux Jacobins : Nous en avons fait foudroyer à Lyon deux cents d'un coup, et on nous en fait un crime ! Ne sait-on pas que c'est encore une marque de sensibilité ? Lorsqu'on guillotine vingt coupables, le dernier exécuté meurt vingt fois, tandis que deux cents conspirateurs périssent ensemble. On parle de sensibilité ! Et nous aussi, nous sommes sensibles. Les Jacobins ont toutes les vertus. Ils sont compatissants, humains, généreux. (Réimpression du Moniteur, numéro dut nivôse an II, XIX, 26}. Cette théorie de la sensibilité, à propos du même fait, avait été déjà développée par lui dans son rapport à la Convention du 1er nivôse (Réimpression du Moniteur. XIX, 189).

[3] Journal de la Montagne, n° 52, du 16 nivôse an II.

[4] L'éditeur de Benaben croit qu'on devrait lire Maures, commune située sur la rive droite de la Loire, à quatre lieues de Nantes.

[5] Correspondance inédite de Benaben (Revue de la Révolution, 1885, t. VI, 2e, p. 407).

[6] Première page du numéro du Moniteur du 8 nivôse an II. Voir aussi Mémoires inédits d'un ancien administrateur des armées républicaines, Paris, Baudouin, 1823, p. 120.

[7] Réimpression du Moniteur, 9 nivôse an II, XIX, 68.

[8] Campagnes de Westermann, p. 41. Les importants services de Westermann ne le préservèrent pas de la guillotine, où il fut envoyé par le Tribunal révolutionnaire de Paris, le 16 germinal an II, 5 avril 1794.

[9] La Justice révolutionnaire à Nantes et dans la Loire-Inférieure, par A. Lallié. Nantes, Cier, 1896, p. 257.

[10] Correspondance de Benaben (Revue de la Révolution, 1884, t. IV, 2e partie, p. 143).

[11] Aulard, Recueil des Actes. IX, 639.

[12] S'il fallait des ordres spéciaux en faveur de la clémence, c'est donc que l'ordre général était l'extermination complète des prisonniers.

[13] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VII. 33 et 34.

[14] Bibliothèque de Nantes, minute n° 1, f° 337.

[15] Poitou, les Représentants du peuple dans le Département de Maine-et-Loire (Revue de l'Anjou, septembre-octobre 1852, p. 302).

[16] Sans-culottiser était un des synonymes de noyer. — Compte rendu du procès (Réimpression du Moniteur, XXIII, 4 et 50. Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, 235).

[17] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, 335. Carrier n'est pas le seul représentant en mission qui ait tait guillotiner des enfants. A Orange, Maignet e fait guillotiner des enfants de dix à dix-huit ans (Déclaration de Goupilleau de Montaigu). Séance de la Convention du 15 frimaire an III (Réimpression du Moniteur, XXII, 675). Maignet, amnistié en l'an IV, retourna dans sa ville natale, a Ambert (Puy-de-Dôme), où il exerça la profession d'avocat. Il fut élu, en 1815, à la Chambre des Cent-Jours ; exilé en Belgique, il adressa, en 1818, au roi, pour obtenir sa rentrée en France, une pétition qui fut apostillée par tous les ecclésiastiques de la ville et du canton d'Ambert. Rentré en France en 4830, il mourut dans son lit, à Ambert, en 1834.

[18] Voir la Guillotine et le Bourreau à Nantes, par A. Lallié, (Revue de l'Ouest, mars 1896). Les procès-verbaux rédigés par Phelippes, à l'occasion de ces exécutions, ont été maintes fois réimprimés. V. aussi, dans les Chroniques paroissiales du diocèse de Luçon, n° du 27 octobre 1900, p. 73, d'intéressants détails sur les demoiselles de la Métairie.

[19] Procès-verbal du Conseil de la Commune de Nantes (Archives municipales).

[20] Réimpression du Moniteur, XIX, 537.

[21] La Renaissance de la Population française en Acadie, par Camille Derouet (Correspondant du 10 septembre 1899, p. 919). Cette cruauté n'a rien d'invraisemblable de la part d'un peuple qui ne recule devant aucun moyen pour détruire ses ennemis, et qui, dans la guerre contre les indigènes d'Amérique, leur faisait distribuer des couvertures imprégnées du virus de la petite vérole (Voir Revue des Deux Mondes, 1er février 1900, p. 495).

[22] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, 235.

[23] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VI, 382.

[24] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, VII, supplément au n° 19, p. 86 et 87.

[25] Bulletin du Tribunal révolutionnaire. Déposition de la femme Pichot, VI, 283.

[26] Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 25, 89 et 101.

[27] Déposition de Fonteneau et de Chevalier (Journal des Lois, numéros des 22 et 26 brumaire an III).

[28] Aulard, Recueil des actes du Comité de Salut public et des représentants en mission, t. IX, p. 589.

[29] Revue de la Révolution, 1884, IV, I1e partie, p. 143. Voir aussi le Rapport de Benaben, commissaire du département de Maine-et-Loire, Angers, Mame, an III, p. 92.

[30] Journal de la Montagne du 13 nivôse an II, p. 394, et la plupart des autres journaux.

[31] Moniteur du 10 nivôse an II (Réimpression. XIX, 81).

[32] Les Crimes des sept membres des anciens Comités, par Laurent Lecointre, p. 164.

[33] Dossier du procès de Carrier (Archives nationales, W, 493).

[34] Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 3.

[35] Pièces remises à la Commission des vainqueurs, p. 80.

[36] Histoire de la Révolution, édition Lacroix, VIII, 336.

[37] La Justice révolutionnaire, Levy, 1810, p. 79.

[38] Nantes, Libaros, 1879, p. 71, et suiv.

[39] Collection Dugast-Matifeux. Bibliothèque publique de Nantes.

[40] Lockroy, Une mission en Vendée, Paris. 1893, p. 228.

[41] Liasses de la police générale et correspondances (Archives départementales).

[42] Lettre originale de Bourbotte (Bibliothèque de Nantes ; Collection Dugast-Matheux). V. aussi Desmé de Chavigny, Saumur pendant la Révolution, p. 332.

[43] Moniteur du 23 brumaire an III (Réimpression, XXII, 482). Rapport de Courtois sur les papiers de Robespierre, p. 57.

[44] Lettre de Leblois, accusateur public, Pièces remises à la Commission des Vingt et Un, p. 67.

[45] Plaidoyer de Tronçon-Ducoudray pour les membres du Comité révolutionnaire de Nantes, p. 27.

[46] Notes d'audience de Villenave (Collection G. Bord).

[47] Boutel, capitaine de navire, a déclaré cependant avoir trouvé dans des chalands une dizaine de cadavres attachés l'un à l'autre. et avoir entendu parler des mariages républicains. Compte rendu du procès dans le Moniteur (Réimpression, XXII, 775).

[48] Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris, IV, 114.