LOUISE DE LA VALLIÈRE ET LA JEUNESSE DE LOUIS XIV

TROISIÈME PARTIE. — 1667-1674

 

CHAPITRE III. — FÉVRIER 1668-FÉVRIER 1669.

 

 

Encouragés par le succès, enhardis par l'impunité, les coquins de la rue Beauregard et de la rue de la Tannerie ne gardaient plus de mesure. Leur clientèle augmentait. Ils travaillaient pour Mme du Roure, pour Mme de Polignac., et toujours contre La Vallière. Au mois de mars, il se fit de grandes cérémonies à l'intention de Mme de Polignac, et cela jusque dans la chapelle de Saint-Germain. Deux cœurs de pigeon avaient été enterrés au bois de Boulogne, incantation fameuse, qui devait produire un puissant effet au bout de quarante jours[1]. On touchait au terme fixé par les lois infaillibles de la magie, quand un fâcheux contretemps détruisit tous les charmes et compromit jusqu'aux enchanteurs. Vers le 29 juin, Lesage et Mariette furent arrêtés[2]. Quelle dut être à cette nouvelle l'émotion de Mme de Montespan ! Dès le 30 juin, on interrogeait Mariette sur ses relations avec la Voisin, sur certains placets passés sous le calice, sur certains évangiles dits sur la tête de certaine grande dame. Une question pressante, une réponse imprudente de ce misérable, et tout l'édifice si habilement échafaudé par l'ambitieuse marquise croulait. Autre tourment. A l'heure même où sa pensée anxieuse errait de la rue Beauregard aux cachots de la Bastille et du Châtelet, la Montespan était tenue de rester sereine et gaie, de sourire et d'amuser.

Précisément, le roi, comme compensation d'un carnaval écourté par sa campagne en Franche-Comté, avait résolu de donner de grandes fêtes à Versailles. Elles commencèrent le 18 juillet. La duchesse de La Vallière et sa belle-sœur la marquise prirent place à la table royale. Madame de Montespan resta parmi les dames de la reine ; mais les yeux de Louis la cherchaient et la trouvaient partout. Ces fêtes durèrent huit jours. Molière, mari trop sûr de son sort, semblable à ces malades qui tourmentent leur mal, continuait de divertir la cour aux dépens des maris jaloux. Georges Dandin succédait à Amphitryon. Après la comédie, la farce. On rapporte que le grand comique, pour détourner les soupçons d'un personnage pris pour modèle, lui lut sa comédie et que cette audacieuse impertinence réussit[3]. Toutefois pour hardi que fût Molière, la peur l'aurait saisi s'il eût songé aux applications possibles de sa pièce. Certes, Athénaïs, provoquant l'adultère, n'avait pas dû se reconnaître sous les traits d'Alcmène, honnête femme abusée par un dieu. Mais n'avait-elle pas pratiqué tous les artifices de la fille des Sottenville courant aux rendez-vous du seigneur Clitandre ? De Georges Dandin, paysan marié à la fille d'un hobereau, faites un noble de province, mari malheureux d'une coquette de la cour, et vous aurez M. de Montespan. Suivant Molière, Georges Dandin divertit beaucoup le roi et les courtisans. Passe pour le roi ; mais Montespan-Dandin enrageait de jalousie ; mais Athénaïs-Angélique, qui de cette jalousie se souciait fort peu, avait l'esprit ailleurs. Malgré son rare sang-froid, il lui était difficile de se divertir quand ses magiciens emprisonnés subissaient l'interrogatoire des magistrats.

Comme un tourment n'arrive jamais seul, c'est précisément au fort de ces inquiétudes que M. de Montespan se montra de plus en plus soupçonneux et incommode.

C'était un homme de beaucoup d'esprit, mais, au dire des personnes ayant le plus l'air de Versailles, un mari « fort extravagant et d'une conduite très extraordinaire ». Qu'on en juge. Il « se déchaîna fort sur le bruit de l'amitié du roi pour sa femme [4] ». Il en parlait à tout le monde partout et faisait beau bruit. Telle caricature est souvent plus ressemblante qu'un portrait sérieux. Un pamphlet du temps a imaginé une conversation entre M. de Montespan et lord Castlemaine, mari d'une dame que le roi Charles honorait aussi de son amitié ! Le lord est philosophe ; le marquis, au contraire, jaloux et, pour dire comme Mademoiselle de Montpensier, extravagant. Il n'est pas douteux qu'il fit tous les efforts imaginables pour échapper au déshonneur. Sa femme lui avait offert de quitter la cour, l'avait prié de l'arracher à la tentation, de l'emmener dans leur château des Pyrénées[5]. Rien de moins vraisemblable. Montespan seul eut le courage, bien rare alors, de disputer sa femme au roi.

Un jour de septembre 1669, à Saint-Germain, il osa faire à Louis XIV un sermon où il alléguait mille passages de la sainte Écriture, citait David et force choses pour l'obliger à lui rendre la marquise et à craindre le jugement de Dieu. « La harangue étoit admirable. » Le soir, à Paris, il la débita de nouveau à Mademoiselle de Montpensier. « Je lui dis (c'est elle qui parle), je lui dis : Vous êtes fou, il ne faut point faire tous ces contes. On ne croira jamais que vous avez fait cette harangue ; elle tombera sur l'archevêque de Sens, qui est votre oncle et mal avec Mme de Montespan. » Objection médiocre. L'archevêque, malgré sa réputation de sévérité, n'avait qu'un souci, montrer qu'il n'était pour rien dans la revendication outrecuidante de son neveu. Montespan le savait et poursuivait ses discours. Mademoiselle comprit qu'elle n'apaiserait pas ce malheureux, et, comme il était quelque peu son parent et pouvait aussi bien la compromettre que l'archevêque, dès le lendemain, elle courut à Saint-Germain. Là, prenant à part Mme de Montespan : « J'ai vu votre mari à Paris, qui est plus fou que jamais. Je l'ai fort grondé et lui ai dit que, s'il ne se taisait, il mériterait qu'on le fît enfermer. » Et la favorite de reprendre, avec une apparence de calme : « Il est ici qui fait des contes dans la cour. J'en suis si honteuse de voir que mon perroquet et lui amusent la canaille ! Il fait des relations épouvantables dans lesquelles il mêle Mme de Montausier[6]. »

Pendant que la fière Athénaïs affectait ce calme dédaigneux, le jeu se changeait en querelle, le bruit en esclandre. Montespan, oubliant l'effet et recherchant la cause, accusait de son malheur l'austère Mme de Montausier. Il ne se trompait pas de beaucoup. Un si grand succès toutefois avait passé sur ses petites condescendances, que l'incomparable Julie ne songeait même plus à de telles misères. Son mari venait d'être nommé gouverneur du dauphin, l'emportant sur M. de Navailles, mari de la sévère duchesse, sur M. de Bellefonds, l'ami et le conseiller de la duchesse de La Vallière. Les félicitations accablaient la dame d'honneur. Tout à coup un homme pénètre chez elle, se répand en injures, la traite d'entremetteuse, lui reproche en termes très crus d'avoir favorisé l'inconduite de sa femme. C'est Montespan qui extravague. On s'agite, on court prévenir le roi, on revient en hâte. Mais le farouche marquis, ayant fini son prône et soulagé sa colère, s'est déjà retiré.

La Montespan, prévenue, se rendit chez son amie. Mme de Montausier était sur son lit, toute tremblante et si émue qu'elle ne pouvait parler. Enfin, elle raconte à la Grande Mademoiselle, qui avait vite rejoint la favorite, l'entrée furieuse du « mari », ses propos enragés : « Il m'a dit toutes les insolences imaginables. J'ai loué Dieu (il faut louer Dieu en toutes circonstances) qu'il n'y ait eu que des femmes ici ; car si j'avois eu quelqu'un, je crois qu'on l'auroit jeté par les fenêtres ![7] »

En somme, la principale victime de l'algarade fut Mme de Montausier. Revenue de la première surprise, elle insinua que cela faisait souvenir des triomphateurs anciens et des esclaves qui suivaient leur char en les injuriant. Cette pompeuse comparaison, dans le goût un peu suranné de l'hôtel de Rambouillet, ne ferma point la bouche à la critique. Une bonne amie dit une chose qu'on trouva bien, que le Montespan avait mis de la cendre sur la tête de Mme de Montausier. Une autre amie, Mme de Longueville, sentit sa dévotion agitée par quelques soubresauts de méchanceté. Elle écrivit à la duchesse, en manière de condoléances, « trois lignes de galimatias », et à Mme de Sablé, en style très clair, une appréciation cruelle de ce désagrément : « De toutes les aventures qui peuvent arriver à une vieille dame d'honneur, voilà la plus humiliante de toutes[8]. »

La dame n'était pas si vieille que son amie voulait bien le dire ; mais cette mortification la vieillit beaucoup. On ne saurait la plaindre. Elle expiait du même coup une double faute. Celle qu'elle avait pu commettre envers Montespan était assurément la plus légère et n'excédait pas les limites d'une complaisance peu honnête. L'autre, la véritable, elle s'en était rendue coupable contre des reines sans défense, dans leur propre demeure, quand elle les contraignit de recevoir Louise de La Vallière, au château de Vincennes.

Montausier prit philosophiquement l'aventure de madame sa femme. Il revenait de son gouvernement de Normandie où la peste sévissait alors, et le roi lui avait imposé une sorte de quarantaine à Rambouillet. A son arrivée a la cour, on ne lui dit rien de l'affront, et il a fit semblant de ne pas le savoir[9] ». Louis, qui ne pouvait ignorer rien, fit arrêter Montespan, et l'on tenta d'égarer l'opinion sur les causes de cette arrestation. Guy-Patin, écrivant à un de ses correspondants, lui disait : « Aujourd'hui au matin, ce 22 septembre, M. de Montespan, gendre de M. de Mortemart, a été, par le commandement du roi, mené prisonnier dans le For-l'Évêque, pour avoir désapprouvé le choix que le roi a fait de M. de Montausier[10]. » En somme, il était difficile d'incriminer le mari de la favorite. Louis ordonna donc de le relâcher ; mais, en même temps, il jugea bon d'emmener la cour dans quelque endroit d'accès moins facile que Saint-Germain, et le 22 septembre on partit pour Chambord.

Le château de Chambord est aujourd'hui considéré comme l'un des plus magnifiques spécimens de l'architecture de la Renaissance. La grandeur s'y marie à la grâce, et les ornements les plus délicats y sont supportés par une solide structure. Peu épris des beautés qui nous touchent, les hommes du dix-septième siècle l'appréciaient comme un palais très ancien, mais bien bâti et situé dans un très bon pays de chasse[11], « assez ample pour loger tous les princes de l'Europe[12] ». Autre avantage 1 Point de grande ville très voisine, point même de village où pussent s'abattre les importuns et les extravagants. Le parc immense était parfaitement clos, très facile à surveiller. Bref, si le roi se trouvait partout chez lui, là on était chez le roi, et l'on n'y entrait que par sa formelle volonté.

A Louise de La Vallière, hôte invitée ou plutôt réquisitionnée, Chambord offrait l'aimable vue des rives de la Loire. De ses fenêtres, elle apercevait Blois et cet autre palais, asile de son enfance. Elle l'avait quitté ignorante et curieuse de la vie, sans titre, presque sans nom ; elle y revenait expérimentée et désenchantée, duchesse sans duc, dame sans mari, mère sans enfants. Sur la verrière d'une' des fenêtres de Chambord, un roi, critique peu autorisé, avait écrit ces deux vers si connus :

Souvent femme varie,

Mal habil qui s'y fie.

On raconte qu'un jour La Vallière les montra du doigt à Louis XIV : allusion délicate à l'inconstance du roi, muet reproche, digne de cette femme qui ne varia jamais, si ce n'est pour devenir meilleure. Louis comprit, et fit disparaître ou déplacer la devise, contre-vérité trop manifeste. Puis, il continua de varier[13].

Le distique de François Ier était, dans le public de la cour, remplacé par le couplet de plus en plus à la mode :

On dit que La Vallière

S'en va sur son déclin.

Montespan prend sa place ;

Il faut que tout y passe

Ainsi de main en main.

Montespan prend sa place ! Qui eût connu le fond des choses eût préféré le déclin de La Vallière au succès de sa rivale. La marquise avait dû quitter Paris le 24 septembre, laissant Mariette et Lesage en prison. Ces hardis coquins avaient fait appel devant le Parlement de la sentence des premiers juges. On devait les interroger à nouveau le 26. Chaque tour de roue du carrosse royal augmentait l'éloignement, et l'éloignement accroît l'anxiété. Qu'allait-il arriver ? Mais les ignobles complices de la Montespan tenaient autant à leur vie sordide que l'ambitieuse marquise à sa haute situation. La Voisin aimait Lesage, qui aimait la Voisin. Le magicien savant avait même commencé une sorte d'envoûtement de Voisin mari, et, dans ce monde-là, quand on travaillait pour soi, on obtenait de la magie des résultats certains. Enfin, par amour ou par crainte, la Voisin se remua. Elle connaissait beaucoup de monde, même dans la magistrature[14]. Mariette était apparentée à la femme du juge qui instruisait son procès. Nos scélérats répondirent évasivement. On feignit de ne pas avoir entendu le nom de Mme de Montespan, et le président de Mesme étouffa l'affaire. Lesage, sous le nom de Dubuisson, se laissa, sans trop murmurer, crainte de pis, condamner aux galères. On se contenta de bannir le prêtre Mariette. La sentence, toutefois, n'intervint que dans les premiers jours d'octobre. Pour Mme de Montespan, cette sorte de supplice de la question avait duré trois mois. Quelle compensation d'ailleurs ! Si les magiciens éprouvaient quelques désagréments, la magie triomphait. La favorite adultère sentait qu'un lien nouveau, un lien vivant, allait lui rattacher Je roi.

Si douce et si bonne que fût La Vallière, il lui était impossible, après l'esclandre de Saint-Germain, de se contenter d'une protestation muette. Son amour était trop profond pour s'avouer si vite vaincu. Elle essaya de se défendre. Sur cette heure de crise les renseignements sont rares. La Vallière, à son ordinaire, n'a rien dit. Le roi, on le devine, s'est tu dans ses Mémoires. Peu ou point de correspondances. Bussy-Rabutin sollicitait la Montespan[15] ; Mme de Sévigné gardait ses sourires pour la nouvelle favorite. Le monde recherche les heureux. Seul, un contemporain anonyme a retracé la scène d'explication avec beaucoup de vraisemblance.

La Vallière « se plaignit obligeamment au roy. Il lui répondit froidement qu'il étoit trop sincère pour l'abuser plus longtemps ; qu'il étoit vray qu'il aimoit Mme de Montespan ; mais qu'il ne laissoit pas d'avoir pour elle tout l'amour qu'il devoit ; qu'il faisoit pour elle des choses dont elle avoit lieu d'être contente ; qu'il ne croyoit pas qu'elle dût désirer rien de plus, et qu'elle étoit trop habile pour ne pas savoir qu'un roy de son caractère n'aimoit pas être contraint. Une réponse aussi sèche et aussi dure, faite avec cet air d'autorité, jeta Mme de La Vallière dans un accablement qu'on ne peut exprimer. Elle pleura, elle se plaignit. Tout cela ne fut pas capable d'attendrir le roy. Son party étoit pris, et il l'interrompit pour lui dire en un mot : que si elle vouloit qu'il continue à l'aimer, elle ne devoit exiger de luy que ce qu'il voudroit lui donner de son pur mouvement ; qu'il souhaitoit au reste qu'elle vécût avec Mme de Montespan comme elle avoit fait jusqu'alors, et finit par la menacer de prendre d'autres mesures, en cas qu'elle fit à cette dame quelque chose de désobligeant.

« Mme de La Vallière, qui est la meilleure âme du monde, paya d'obéissance, et regarda la volonté du roy comme la règle de la sienne. Elle vécut avec Mme de Montespan d'une manière qu'on ne devoit point vraisemblablement espérer d'une rivale. Et comme personne ne doutoit alors que le roy ne fût dégoûté de La Vallière, et qu'il ne songeât à rompre tout à fait avec elle, et à se donner tout entier à Mme de Montespan, tout le monde admira sa douceur et sa soumission.

« Mme de La Vallière résolut enfin de faire un dernier effort, soit qu'elle eût encore quelque rayon d'espérance, ou qu'elle crût diminuer son déplaisir en se plaignant, et envoya ce sonnet au rov :

Tout se détruit, tout passe, et le cœur le plus tendre

Ne peut du même objet se contenter toujours ;

Le passé n'a point eu d'éternelles amours,

Et les siècles suivants n'en doivent point entendre.

La constance a des lois qu'on ne veut point attendre ;

Des désirs d'un grand roi rien n'arrête le cours :

Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours ;

Cette inégalité ne sauroit se comprendre.

Tous ces défauts, grand roi, font tort à vos vertus ;

Vous m'aimiez autrefois, mais vous ne m'aimez plus.

Mes sentiments, hélas ! différent bien des vôtres !

Amour, à qui je dois et mon mal et mon bien,

Que ne luy donniez-vous un cœur comme le mien,

Ou que n'avez-vous fait le mien comme les autres ![16]

« Ce sonnet fut trouvé fort bon. Le roy le loua publiquement : n'étoit-ce pas assez pour le faire admirer ? Cependant il n'apporta aucun changement dans les affaires de son auteur, et tout ce que Mme de La Vallière en eut, fut de nouvelles assurances qu'il auroit toujours de l'estime pour elle[17]. »

On regrette de ne pas connaître le nom du poète qui voulut bien prêter à La Vallière les grâces de sa muse attendrie. Racine. La Fontaine, Molière, n'ont célébré que Faîtière Montespan. On n'ose penser à Benserade. Quoi qu'il en soit, ce sonnet, délicat de pensée, heureux d'expression, restera comme le chant du cygne de cet amour sincère et désintéressé. Bientôt l'abandonnée elle-même remerciera Dieu de n'avoir pas permis qu'elle trouvât rien dans le cœur de la créature qui pût contenter la délicatesse du sien, mais au contraire une extrême ingratitude et des dégoûts tout particuliers[18].

Pourquoi demeurer alors ? Pourquoi subir cette vie commune avec une rivale qui l'obligeait à la parer de ses propres mains ? Cette condescendance de Louise pour la Montespan, ses biographes les plus sympathiques la lui ont sévèrement reprochée[19]. Est-il donc si difficile d'en deviner les causes ? Pour excuser la pauvre femme, il suffit de se reporter aux lettres patentes de mai 1667.

Le roi tenait La Vallière enchaînée par un lien plus fort que celui de la passion d'une femme pour un homme, par l'amour d'une mère pour son fils. Le petit garçon né à Saint-Germain en 1667 ne fut reconnu qu'en février 1669[20], et comme à regret. Il ne fut même pourvu à son avenir qu'à la fin de l'année, quand le roi se décida à lui conférer la charge d'amiral de France, vacante par la mort présumée de M. de Beaufort. C'était d'ailleurs un habile moyen de la refuser à tout autre. Au préalable, on fit rédiger un Mémoire pour sçavoir quel nom il est besoin de donner à M. le comte de Fermandois, amiral de France. « Voicy, dit l'auteur, probablement le savant Baluze, les différents noms qui pourroient luy estre donnés : Louis, bastard de Bourbon, comte de Vermandois, amiral de France ? Louis, bastard de France, amiral de France ? Louis, bastard, comte de Vermandois ? Louis, légitimé de France ? Louis, fils naturel du roy ? ou bien seulement, Louis, comte de Vermandois, amiral de France ? » La dernière formule fut adoptée. C'était un progrès, a dit quelqu'un ; la bâtardise ne s'affichait plus. Erreur, a répliqué un autre, on affectait de la confondre avec la légitimité. La raison déterminante, ce fut que le roi avait déjà un autre enfant qui ne pouvait même pas être déclaré bâtard[21].

La charge d'amiral donnée au jeune Louis n'apportait aucun avantage d'usufruit à sa mère. La fortune de Mme de La Vallière restait toujours plus apparente que réelle. Vaujours produisait peu. Nombre d'habitants étaient misérables, et la duchesse avait l'âme ouverte à la pitié. Loin de pressurer ses vassaux, elle intercédait pour eux. D'ailleurs, ce domaine devait revenir à sa fille, à l'exclusion de son fils. Voilà la situation intolérable que Louise subit pendant deux longues années. Voilà pourquoi La Vallière restait.

Maintenant, pourquoi la gardaient-ils à la cour ?

Un observateur, tout particulièrement expert en ces matières, Bussy-Rabutin, a bien précisé le mobile du roi : « Il a besoin d'un prétexte pour Mme de Montespan[22]. » Tout est là.

Ceux qui parlent de puissance absolue ne savent pas ce qu'un mari peu complaisant a pu donner de souci au plus grand roi du monde. Le marquis s'était, autant qu'il est possible à un simple mortel, refusé au partage avec Jupiter. Homme bizarre si l'on veut, « mais qui avoit bien de l'esprit », il imagina une très originale vengeance. Le poète avait donné à l'innocente Alcmène un double Amphitryon. Le marquis, au contraire, de sa femme unique fit deux femmes. Il laissa au roi l'adultère, qu'il n'avait pu lui enlever ; l'autre, la marquise, il l'enterra en effigie. Par son ordre, les funérailles de Mme de Montespan furent pompeusement célébrées ; il annonça officiellement sa mort ; il en porta le deuil[23]. Cette façon trop lugubrement plaisante de subir la loi de la force ne rassura ni le roi, ni sa maîtresse. Autant que possible on supprimait le nom de cet homme désagréable[24]. On avait bien pu introduire une demande en séparation contre le mari outragé, et, par un renversement audacieux des rôles, l'accuser d'injures, de sévices, de la dissipation d'une fortune qu'il n'avait pas reçue. Si puissant que fût le protecteur de la plaignante, la justice royale fermait l'oreille, et l'affaire n'avançait pas. Pour éviter un scandale plus grand, Louise resta publiquement la maîtresse du roi, et quand ce dernier allait chez Mme de Montespan, il passait par la chambre de Mme de La Vallière. Bientôt la cour eut un mot pour peindre cette situation. On dit que Louis XIV allait chez les Dames[25]. Il allait chez l'une ou l'autre, chez les Dames enfin. C'était très ingénieux.

L'ingéniosité toutefois ne suffisait plus. Vers le mois de mars 1669, Mme de Montespan avait mis au monde un garçon doublement adultérin. Louis aperçut alors à quelle profondeur il était descendu dans cet abîme des amours coupables. Lorsque autrefois il envoyait Colbert prendre la nuit les enfants de La Vallière, son unique souci était de ménager la réputation de sa maîtresse, de garder lui-même une respectueuse réserve vis-à-vis des deux reines. Plus tard, il avait toléré, ou plutôt ordonné que Louise accouchât à Vincennes ou à Saint-Germain. Conduite inconvenante, mais prouvant du moins qu'on ne craignait rien pour la sécurité des enfants. Marie-Thérèse, malgré sa jalousie, ne se fût vengée qu'en prodiguant à ces innocents des soins maternels. Mais que ferait un Montespan ? A cette idée, on tremblait.

Mme de La Vallière, contrainte et forcée, couvrait par sa présence à la cour les relations du roi et de la marquise. On ne pouvait lui demander plus, de prendre avec les siens les enfants de sa rivale. L'ex-demoiselle de Pons, devenue Mme de Heudicourt, cette personne qu'on a vue mêlée à la première intimité du roi et de la Montespan[26], offrait bien ses services. Mais Louis, tout en se servant des entremetteuses, les méprisait. Sa maîtresse savait par expérience qu'il est parfois dangereux de produire ses amies. D'un commun accord, on chercha quelque personne moins compromise et moins inquiétante. La suite de l'histoire montrera si l'habileté d'Athénaïs eut de plus heureux résultats que la confiance de La Vallière.

Mme de Heudicourt connaissait une femme approchant de la trentaine, très bien douée de la nature, très maltraitée de la fortune et vivant d'une petite pension de la cour, assez noble d'origine, embourgeoisée par son mariage avec une manière d'homme de lettres, comme on disait alors. Elle s'appelait Françoise d'Aubigné, veuve Scarron. On la connaissait infatigable et (c'est elle qui l'affirme) de bonne foi, discrète et sûre. Besogneuse et chargée d'un frère dépensier, prétentieux, incapable, elle avait dans le temps sollicité Mlle de La Vallière[27], mais sans négliger la marquise de Montespan, qu'elle voyait souvent à l'hôtel d'Albret. En somme, c'était une maîtresse femme. On proposa donc à Mme Scarron d'élever en secret les petits adultérins

Si l'on s'en rapportait à ce qu'elle a dit plus tard, cette femme prudente, loin de se jeter sur la proposition de « cet honneur assez singulier[28] », l'aurait au contraire refusé, « disant qu'il ne lui convenoit pas d'élever les enfants de Mme de Montespan ; que si c'étoient ceux du roi et qu'il le voulût, il falloit qu'il l'en priât[29] ». Le roi, toujours à l'en croire, l'en aurait priée, et c'est alors « qu'elle les prit avec elle[30] ». Quoi qu'elle en dise, on resta, en 1669, bien en deçà de ces négociations de puissance à puissance. Plus vraisemblablement, l'habile personne s'assura que le roi tenait pour sien l'enfant à naître de la marquise et dont il fallait soigneusement cacher la naissance[31]. Mme Scarron, entrée en fonction vers mars 1669, alla se confiner au bout de la rue de Vaugirard, bien décidée à ne rien répondre aux questions des curieux. C'était effectivement un honneur singulier pour une jeune veuve, très courtisée par des hommes fort entreprenants, d'élever, comme une mère et sans avoir mot d'explication à fournir, un enfant nouveau-né, de l'élever dans une grande maison, environnée d'un grand jardin, avec un nombreux domestique, chevaux, voitures. L'entrée du mystérieux domaine était défendue même aux intimes, même aux amies[32]. Qui donc y entrait ? Il fallait, comme on dit, que cette jeune femme se moquât du qu'en-dira-t-on.

Eût-elle éprouvé des scrupules, que certains exemples d'en haut lui auraient permis de ne pas s'en embarrasser trop longtemps.

Au commencement de cette même année, M. de Mortemart, père de Mme de Montespan, avait vendu sa charge de premier gentilhomme de la chambre 800.000 livres, dont il reçut 400.000 « pour payer ses dettes » et 400.000 pour acheter à M. de Vivonne, son fils, le généralat des galères[33]. En outre, une compensation toute gratuite lui était assurée, celle du gouvernement de Paris[34]. D'autre part, la malignité publique prêtait au père de Montespan un terrible mot. On lui fit dire en parlant des succès de sa bru auprès de l'homme qui n'était pas son fils : « Dieu soit loué ; la fortune est enfin entrée dans notre maison ! » Au fait, il avait pu, ce digne père, redouter le même accident, avec moins de profits[35].

Tout se trouvait enfin ordonné au gré et à la volonté du roi. Louis désormais avait réponse à tout. Où allait-il ? — Chez les Dames. D'où sortait ce nouveau-né ? — De chez ces Dames. En effet, Louise et Mme de Montespan occupaient le même appartement[36]. Dans ce qu'on a pris longtemps pour un caprice du roi. tout était calcul et crainte, comme tout 'était contrainte et abnégation maternelle dans la conduite de La Vallière, si généralement taxée de faiblesse et de lâcheté.

En fait, depuis le commencement de i669, Louise était installée dans cette vie étrange qu'elle subissait et acceptait à la fois. L'étude d'un notaire de Paris, Me Pérard, dont la culture littéraire égalait le savoir juridique, nous a conservé un monument bien curieux de cette servitude volontaire :

« Premier febvrier 1669

« Fut présent Jean Marot, architecte du roy, demeurant faubourg Saint-Germain des Prez, rue Guisard (sic), lequel a fait marché, promis et promet par les présentes à Mmes la duchesse de La Vallière et marquise de Montespan à ce présentes, demeurantes au pavillon du château des Thuilleryes, de faire et parfaire bien et duement comme il appartient quatre grottes, sçavoir, deux pour lad. dame duchesse de La Vallière et deux pour Mme de Montespan, le tout en leurs appartements au Chasteau Viel de Saint-Germain en Laye. Ce marché faict moyennant la somme de quatre mil livres. led. sieur Marot confesse avoir receu desdites Dames la somme de troys cens trente-trois livres six sols huits deniers, chacune pour moitié, dont quittance., etc. Aud. pavillon desdites Dames, l'an MVIe soixante-neuf, le premier jour de février. Ont signé :

« L. DE LA VALLIÈRE. LA M. DE MONTESPAN.

« Jean MAROT, — DE LOUVOIS, CHUPPIN (notaires). »

Est-ce hasard ? est-ce effet des habitudes d'esprit ? mais les deux signatures semblent porter l'empreinte du caractère de leurs auteurs. Athénaïs de Rochechouart y prend sa qualité : la Marquise de Montespan, la duchesse de Vaujours signe simplement de son nom : Louise de La Vallière. Voilà bien la petite violette, honteuse d'être duchesse. Il est d'ailleurs visible qu'elle n'intervenait à cet acte que pour rendre valable l'engagement pris par Mme de Montespan, femme en puissance de mari[37].

Pendant cette immolation morale, on faisait, sur l'air d'une des fêtes de Versailles, de ces chansons qu'on appelait des contre-vérités. Une, entre autres, disait en parlant de M. le Grand (le grand écuyer Louis d'Armagnac), qui avait une réputation d'excessive naïveté :

Pour monsieur le Grand Il est tout mystère

Quand il est galant.

Il a comme La Vallière

L'esprit pénétrant[38].

Et qui chansonnait Louise ? La femme qui n'avait pas réussi l'empoisonner, la vipère Mazarine, Mme de Soissons.

 

 

 



[1] Aveux de Lesage, 28 octobre 1679. — Archives de la Bastille, t. VI, p. 33.

[2] « On parle fort ici d'un prêtre de Saint-Séverin que l'on a' dans la Bastille. On dit, mais je ne crois pas, qu'il est sorcier. » GUY-PATIN, Lettres, 17 juillet 1668, t. III, p. 283, éd. 1707. Dans sa lettre du 27 suivant, Guy Patin répète qu'il ne croit pas à ces bagatelles : « Le lieutenant criminel travaille au procès d'un prêtre accusé de sorcellerie. »

[3] La Vie de monsieur de Molière, par GRIMAREST, p. 193 et 56, éd. 1718. D'après le récit intitulé Fête de Versailles, Georges Dandin serait un impromptu ; mais il est avéré aujourd'hui que Molière réimprovisait. Voir Œuvres de Molière, VI, 473, éd. Despois, dans les Grands Ecrivains de la France. Notice sur la Jalousie du Barbouillé.

[4] Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. IV, p. 152.

[5] SAINT-SIMON, notes sur Dangeau. (V. Mémoires de Dangeau, t. XVI, p. 50.) Saint-Simon dit seulement que Montespan, cent fois pressé par sa femme, ne voulut pas l'emmener par une folle confiance.

[6] Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. IV, p. 153. Il faut toujours comparer les deux versions des Mémoires de Mademoiselle.

Un portrait du musée de Cassel représente la marquise avec son perroquet. De La Vallière à Montespan.

[7] On peut ici comparer ces deux rédactions des Mémoires de Mademoiselle de Montpensier. Première rédaction : « Cela fit un bruit épouvantable dans le monde, mais on l'apaisa tant qu'on put. » Deuxième rédaction : « Cette affaire fit un bruit épouvantable dans le monde, parce que l'outrage étoit extraordinaire à supporter, pour une femme qu jusque-là avoit en bonne réputation. »

[8] La lettre a été publiée par COUSIN, Madame de Sablé, p. 410. « Que dites-vous -du gouvernement de M. le dauphin, et que dites-vous de la mortification qui est venue troubler cette joie, j'entends l'affaire de M. de Montespan ? Avez-vous fait des compliments là-dessus à Mme de Montausier ? Pour moi, ma pente alloit à ne lui en pas faire, car à mon sens il ne faut pas la faire souvenir jamais d'un tel désagrément. Mais pourtant on m'a dit qu'elle prendroit peut-estre mal mon silence : ainsi je lui ai escrit trois lignes de galimatias. »

Mayolas, un des continuateurs de Loret, a sur ce sujet un couplet charmant :

Il court un bruit que je tiens singulier,

Que l'on fait changer à Dame Montausier,

Qui n'en syaura la cause en d'autres termes l'apreine

Des affaires des Grands je n'empestre ma veine

20 sept. 1669, t. III, p. 933.

[9] Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. IV, p. 154. — Œuvres de Louis XIV, t. IV, p. 436.

[10] GUY-PATIN, Lettres, t. III, p. 290.

[11] Mémoires de Marinier, commis des bâtiments du roi, à la suite des Mémoires de Saint-Simon, t. VIII, p. 469, éd. 1865. -

[12] DUCHESNE, les Antiquitez et recherches des villes et chasteaux de toute la France, 1629, p. 267.

[13] Si l'on admet la tradition, on ne peut mieux le rattacher qu'à l'année 1668. Deux ans plus tard, au second voyage de la cour, ce reproche eût perdu de sa délicatesse et de son à-propos.

[14] Lesage, dans une de ces déclarations, a donné sur les aboutissants de la Voisin dans le monde de justice et de police de curieux détails. La Boutier dit que la Voisin « traîne après elle une grande chaîne de personnes de toutes les conditions ». Archives de la Bastille, t. IV, p. 41.

[15] Lettre du 1er août 1669, Correspondance de Roger de Rabutin, t. I, p. 191. — On ne sait pas pourquoi on a voulu douter de l'authenticité de ce fragment d'une lettre de La Vallière, où elle décrit avec autant de force que de sincérité l'état de son âme :

« Ah ! mon père, no me grondez pas de ce cilice ; c'est bien peu de chose. Il ne mortifie que ma chair parce qu'elle a péché, mais n'atteint pas mon âme qui a plus péché encore. Ce n'est pas lui qui me tue, ce n'est pas lui qui m'ôte tout sommeil, tout repos : ce sont mes remords. C'est surtout le lâche désir d'en ajouter d'autres à ceux que j'ai déjà. Et puis, ne les vois-je pas chaque jour ? Mes yeux ne suivent-ils pas leurs yeux ? Ne suis-je pas assise à côté de ma rivale, tandis que lui est à côté d'elle aussi, mais loin de moi ? N'ai-je pas vu ? N'ai-je pas entendu ? Ah ! mon père, que Dieu me punisse si je blasphème. Je ne sais ce qu'est l'enfer, mais je ne saurois en imaginer un plus terrible que celui où est mon cœur, où il reste néanmoins, où il se complait, car ne plus le voir seroit un autre enfer auquel il ne s'accoutumeroit point. »

Fragment d'une lettre citée dans les Mémoires de la baronne d'Oberkirck, t. II, p. 223, et reproduit à la suite des Réflexions sur la miséricorde de Dieu, par la duchesse DE LA VALLIÈRE, nouvelle édition, revue, annotée et précédée d'une étude biographique, par Pierre CLÉMENT, de l'Institut. Paris, J. Techener, 1890, t. II, p. 226.

[16] On a dit que ce sonnet n'avait pas paru avant 1695. Dès 1688, il fut oublié avec des variantes dans les Remarques sur le gouvernement du royaume durant les règnes de Henri IV et de Louis XIV, surnommé Dieudonné, le Grand et l'Invincible. Cologne, P. Marteau, 1688, p. 120. Il en existe de nombreuses copies manuscrites.

[17] La Vie de la duchesse de La Vallière, où l'on voit une relation curieuse de ses amours et de sa pénitence, par XXX. A Cologne, chez Jean de la Vérité, 1695, p. 295 et 298. Comparez la France galante ou Histoire amoureuse de la Cour : Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p. 372, 373. Ce dernier pamphlet est de même date que la Vie, et l'un des deux ouvrages a eu de l'influence sur l'autre. Vraisemblablement, la Vie est postérieure à la France galante.

[18] Réflexions, t. I, chap. XII, p. 50.

[19] P. CLÉMENT, la Duchesse de La Vallière, p. XCII, Préface de son édition des Réflexions.

[20] Les lettres de légitimation du comte de Vermandois n'ont pas été publiées jusqu'ici. Elles sont datées du 20 février 1669.

[21] COLBERT, Lettres, Instructions, Mémoires, t. VI, p. 272 M. Clément date cette pièce de décembre 1669 ; erreur manifeste, puisqu'elle est antérieure au 12 novembre. -

[22] Correspondance, t. I, p. 382, éd. Lalanne.

[23] R. RAPIN, Mémoires, t. III, p. 491.

[24] Dans l'État de la France pour 1669, p. 69, on énumère les filles de M. de Mortemart, et l'on cite Françoise de Rochechouart sans nommer Montespan. Cependant, à l'état de la maison de la reine, force est de donner son nom légal à Mme de Montespan.

[25] Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. IV, p. 101.

[26] Cette Mme de Heudicourt eut plus tard une assez fâcheuse aventure, où elle révéla au grand jour son génie malhonnête. Pour le point précis qui nous occupe, voici ce qu'en dit Mme de Maintenon : « Mme de Heudicourt étoit de leur confidence, et pour rien au monde je n'aurois voulu y être comme elle y étoit. » Mme DE MAINTENON, Lettres historiques et édifiantes, t. II, p. 461. Or, Mme de Maintenon se chargeait d'élever les enfants du roi et de la Montespan. On peut donc qualifier son amie d'entremetteuse.

[27] MAINTENON, Correspondance générale, t. I, p. 108.

[28] Le mot est de Mme de Maintenon, mais quand a-t-il été écrit ?

[29] Mlle D'AUMALE, Correspondance générale, t. I, p. 143.

[30] Mme DE CAYLUS, Mémoires, p. 27.

[31] Ce point est mis hors de doute par le Mémoire d'une dame de Saint-Louis : « On n'a pas de date sûre de la commission ordonnée par le roi pour se charger des enfants de Mme de Montespan, mais ce fut pour cacher la naissance du premier. » MAINTENON, Correspondance générale, t. I, p. 144. — Mémoires de La Fare, p. 229.

[32] M. Lemoine a découvert l'emplacement exact de cette maison, qu'il ne tardera pas à faire connaître aux curieux.

[33] D'ORMESSON, Journal, t. II, p. 566.

[34] D'ORMESSON, Journal, t. II, p. 562.

[35] CLÉMENT, Madame de Montespan, p, 11.

[36] GUIFFREY, Comptes de la maison du Roi, t. I, p. 389.

[37] G. GUIFFREY, Comptes de la maison du Roi, t. 1, p. 344, 349. J'ai, non sans peine, reconstitué le plan de ce petit appartement de Saint-Germain, où le Roi s'était ménagé un discret accès, par un escalier dont il avait lui seul la clef. Il était situé à l'Est, et regardait du côté du pavillon d'Henri IV. V. à l'appendice, une note à ce sujet et une série de plans contemporains.

[38] Mémoires de Mademoiselle, t. IV, p. 68.