Encouragés
par le succès, enhardis par l'impunité, les coquins de la rue Beauregard et
de la rue de la Tannerie ne gardaient plus de mesure. Leur clientèle
augmentait. Ils travaillaient pour Mme du Roure, pour Mme de Polignac., et
toujours contre La Vallière. Au mois de mars, il se fit de grandes cérémonies
à l'intention de Mme de Polignac, et cela jusque dans la chapelle de
Saint-Germain. Deux cœurs de pigeon avaient été enterrés au bois de Boulogne,
incantation fameuse, qui devait produire un puissant effet au bout de
quarante jours[1]. On touchait au terme fixé par
les lois infaillibles de la magie, quand un fâcheux contretemps détruisit
tous les charmes et compromit jusqu'aux enchanteurs. Vers le 29 juin, Lesage
et Mariette furent arrêtés[2]. Quelle dut être à cette
nouvelle l'émotion de Mme de Montespan ! Dès le 30 juin, on interrogeait
Mariette sur ses relations avec la Voisin, sur certains placets passés sous
le calice, sur certains évangiles dits sur la tête de certaine grande dame.
Une question pressante, une réponse imprudente de ce misérable, et tout
l'édifice si habilement échafaudé par l'ambitieuse marquise croulait. Autre
tourment. A l'heure même où sa pensée anxieuse errait de la rue Beauregard
aux cachots de la Bastille et du Châtelet, la Montespan était tenue de rester
sereine et gaie, de sourire et d'amuser. Précisément,
le roi, comme compensation d'un carnaval écourté par sa campagne en
Franche-Comté, avait résolu de donner de grandes fêtes à Versailles. Elles
commencèrent le 18 juillet. La duchesse de La Vallière et sa belle-sœur la
marquise prirent place à la table royale. Madame de Montespan resta parmi les
dames de la reine ; mais les yeux de Louis la cherchaient et la trouvaient
partout. Ces fêtes durèrent huit jours. Molière, mari trop sûr de son sort,
semblable à ces malades qui tourmentent leur mal, continuait de divertir la
cour aux dépens des maris jaloux. Georges Dandin succédait à Amphitryon.
Après la comédie, la farce. On rapporte que le grand comique, pour détourner
les soupçons d'un personnage pris pour modèle, lui lut sa comédie et que
cette audacieuse impertinence réussit[3]. Toutefois pour hardi que fût
Molière, la peur l'aurait saisi s'il eût songé aux applications possibles de
sa pièce. Certes, Athénaïs, provoquant l'adultère, n'avait pas dû se
reconnaître sous les traits d'Alcmène, honnête femme abusée par un dieu. Mais
n'avait-elle pas pratiqué tous les artifices de la fille des Sottenville
courant aux rendez-vous du seigneur Clitandre ? De Georges Dandin, paysan
marié à la fille d'un hobereau, faites un noble de province, mari malheureux
d'une coquette de la cour, et vous aurez M. de Montespan. Suivant Molière,
Georges Dandin divertit beaucoup le roi et les courtisans. Passe pour le roi
; mais Montespan-Dandin enrageait de jalousie ; mais Athénaïs-Angélique, qui
de cette jalousie se souciait fort peu, avait l'esprit ailleurs. Malgré son
rare sang-froid, il lui était difficile de se divertir quand ses magiciens
emprisonnés subissaient l'interrogatoire des magistrats. Comme
un tourment n'arrive jamais seul, c'est précisément au fort de ces
inquiétudes que M. de Montespan se montra de plus en plus soupçonneux et
incommode. C'était
un homme de beaucoup d'esprit, mais, au dire des personnes ayant le plus
l'air de Versailles, un mari « fort extravagant et d'une conduite très
extraordinaire ». Qu'on en juge. Il « se déchaîna fort sur le bruit de
l'amitié du roi pour sa femme [4] ». Il en parlait à tout le
monde partout et faisait beau bruit. Telle caricature est souvent plus
ressemblante qu'un portrait sérieux. Un pamphlet du temps a imaginé une
conversation entre M. de Montespan et lord Castlemaine, mari d'une dame que
le roi Charles honorait aussi de son amitié ! Le lord est philosophe ; le
marquis, au contraire, jaloux et, pour dire comme Mademoiselle de
Montpensier, extravagant. Il n'est pas douteux qu'il fit tous les efforts
imaginables pour échapper au déshonneur. Sa femme lui avait offert de quitter
la cour, l'avait prié de l'arracher à la tentation, de l'emmener dans leur
château des Pyrénées[5]. Rien de moins vraisemblable.
Montespan seul eut le courage, bien rare alors, de disputer sa femme au roi. Un jour
de septembre 1669, à Saint-Germain, il osa faire à Louis XIV un sermon où il
alléguait mille passages de la sainte Écriture, citait David et force choses
pour l'obliger à lui rendre la marquise et à craindre le jugement de Dieu. «
La harangue étoit admirable. » Le soir, à Paris, il la débita de nouveau à
Mademoiselle de Montpensier. « Je lui dis (c'est elle qui parle), je lui dis : Vous êtes fou, il
ne faut point faire tous ces contes. On ne croira jamais que vous avez fait
cette harangue ; elle tombera sur l'archevêque de Sens, qui est votre oncle
et mal avec Mme de Montespan. » Objection médiocre. L'archevêque, malgré sa
réputation de sévérité, n'avait qu'un souci, montrer qu'il n'était pour rien
dans la revendication outrecuidante de son neveu. Montespan le savait et
poursuivait ses discours. Mademoiselle comprit qu'elle n'apaiserait pas ce
malheureux, et, comme il était quelque peu son parent et pouvait aussi bien
la compromettre que l'archevêque, dès le lendemain, elle courut à
Saint-Germain. Là, prenant à part Mme de Montespan : « J'ai vu votre mari à
Paris, qui est plus fou que jamais. Je l'ai fort grondé et lui ai dit que,
s'il ne se taisait, il mériterait qu'on le fît enfermer. » Et la favorite de
reprendre, avec une apparence de calme : « Il est ici qui fait des contes
dans la cour. J'en suis si honteuse de voir que mon perroquet et lui amusent
la canaille ! Il fait des relations épouvantables dans lesquelles il
mêle Mme de Montausier[6]. » Pendant
que la fière Athénaïs affectait ce calme dédaigneux, le jeu se changeait en
querelle, le bruit en esclandre. Montespan, oubliant l'effet et recherchant
la cause, accusait de son malheur l'austère Mme de Montausier. Il ne se
trompait pas de beaucoup. Un si grand succès toutefois avait passé sur ses
petites condescendances, que l'incomparable Julie ne songeait même plus à de
telles misères. Son mari venait d'être nommé gouverneur du dauphin,
l'emportant sur M. de Navailles, mari de la sévère duchesse, sur M. de
Bellefonds, l'ami et le conseiller de la duchesse de La Vallière. Les
félicitations accablaient la dame d'honneur. Tout à coup un homme pénètre
chez elle, se répand en injures, la traite d'entremetteuse, lui reproche en
termes très crus d'avoir favorisé l'inconduite de sa femme. C'est Montespan
qui extravague. On s'agite, on court prévenir le roi, on revient en hâte.
Mais le farouche marquis, ayant fini son prône et soulagé sa colère, s'est
déjà retiré. La
Montespan, prévenue, se rendit chez son amie. Mme de Montausier était sur son
lit, toute tremblante et si émue qu'elle ne pouvait parler. Enfin, elle
raconte à la Grande Mademoiselle, qui avait vite rejoint la favorite,
l'entrée furieuse du « mari », ses propos enragés : « Il m'a dit toutes les
insolences imaginables. J'ai loué Dieu (il faut louer Dieu en toutes
circonstances) qu'il n'y ait eu que des femmes ici ; car si j'avois eu
quelqu'un, je crois qu'on l'auroit jeté par les fenêtres ![7] » En
somme, la principale victime de l'algarade fut Mme de Montausier. Revenue de
la première surprise, elle insinua que cela faisait souvenir des
triomphateurs anciens et des esclaves qui suivaient leur char en les
injuriant. Cette pompeuse comparaison, dans le goût un peu suranné de l'hôtel
de Rambouillet, ne ferma point la bouche à la critique. Une bonne amie dit
une chose qu'on trouva bien, que le Montespan avait mis de la cendre sur la
tête de Mme de Montausier. Une autre amie, Mme de Longueville, sentit sa
dévotion agitée par quelques soubresauts de méchanceté. Elle écrivit à la
duchesse, en manière de condoléances, « trois lignes de galimatias », et à
Mme de Sablé, en style très clair, une appréciation cruelle de ce désagrément
: « De toutes les aventures qui peuvent arriver à une vieille dame d'honneur,
voilà la plus humiliante de toutes[8]. » La dame
n'était pas si vieille que son amie voulait bien le dire ; mais cette
mortification la vieillit beaucoup. On ne saurait la plaindre. Elle expiait
du même coup une double faute. Celle qu'elle avait pu commettre envers
Montespan était assurément la plus légère et n'excédait pas les limites d'une
complaisance peu honnête. L'autre, la véritable, elle s'en était rendue
coupable contre des reines sans défense, dans leur propre demeure, quand elle
les contraignit de recevoir Louise de La Vallière, au château de Vincennes. Montausier
prit philosophiquement l'aventure de madame sa femme. Il revenait de son
gouvernement de Normandie où la peste sévissait alors, et le roi lui avait
imposé une sorte de quarantaine à Rambouillet. A son arrivée a la cour, on ne
lui dit rien de l'affront, et il a fit semblant de ne pas le savoir[9] ». Louis, qui ne pouvait
ignorer rien, fit arrêter Montespan, et l'on tenta d'égarer l'opinion sur les
causes de cette arrestation. Guy-Patin, écrivant à un de ses correspondants,
lui disait : « Aujourd'hui au matin, ce 22 septembre, M. de Montespan, gendre
de M. de Mortemart, a été, par le commandement du roi, mené prisonnier dans
le For-l'Évêque, pour avoir désapprouvé le choix que le roi a fait de M. de
Montausier[10]. » En somme, il était
difficile d'incriminer le mari de la favorite. Louis ordonna donc de le
relâcher ; mais, en même temps, il jugea bon d'emmener la cour dans quelque
endroit d'accès moins facile que Saint-Germain, et le 22 septembre on partit
pour Chambord. Le
château de Chambord est aujourd'hui considéré comme l'un des plus magnifiques
spécimens de l'architecture de la Renaissance. La grandeur s'y marie à la
grâce, et les ornements les plus délicats y sont supportés par une solide
structure. Peu épris des beautés qui nous touchent, les hommes du
dix-septième siècle l'appréciaient comme un palais très ancien, mais bien
bâti et situé dans un très bon pays de chasse[11], « assez ample pour loger tous
les princes de l'Europe[12] ». Autre avantage 1 Point de
grande ville très voisine, point même de village où pussent s'abattre les
importuns et les extravagants. Le parc immense était parfaitement clos, très
facile à surveiller. Bref, si le roi se trouvait partout chez lui, là on était
chez le roi, et l'on n'y entrait que par sa formelle volonté. A
Louise de La Vallière, hôte invitée ou plutôt réquisitionnée, Chambord
offrait l'aimable vue des rives de la Loire. De ses fenêtres, elle apercevait
Blois et cet autre palais, asile de son enfance. Elle l'avait quitté
ignorante et curieuse de la vie, sans titre, presque sans nom ; elle y
revenait expérimentée et désenchantée, duchesse sans duc, dame sans mari,
mère sans enfants. Sur la verrière d'une' des fenêtres de Chambord, un roi,
critique peu autorisé, avait écrit ces deux vers si connus : Souvent
femme varie, Mal
habil qui s'y fie. On
raconte qu'un jour La Vallière les montra du doigt à Louis XIV : allusion
délicate à l'inconstance du roi, muet reproche, digne de cette femme qui ne
varia jamais, si ce n'est pour devenir meilleure. Louis comprit, et fit
disparaître ou déplacer la devise, contre-vérité trop manifeste. Puis, il
continua de varier[13]. Le
distique de François Ier était, dans le public de la cour, remplacé par le
couplet de plus en plus à la mode : On
dit que La Vallière S'en
va sur son déclin. Montespan
prend sa place ; Il
faut que tout y passe Ainsi
de main en main. Montespan
prend sa place ! Qui eût connu le fond des choses eût préféré le déclin de La
Vallière au succès de sa rivale. La marquise avait dû quitter Paris le 24
septembre, laissant Mariette et Lesage en prison. Ces hardis coquins avaient
fait appel devant le Parlement de la sentence des premiers juges. On devait
les interroger à nouveau le 26. Chaque tour de roue du carrosse royal
augmentait l'éloignement, et l'éloignement accroît l'anxiété. Qu'allait-il
arriver ? Mais les ignobles complices de la Montespan tenaient autant à leur
vie sordide que l'ambitieuse marquise à sa haute situation. La Voisin aimait
Lesage, qui aimait la Voisin. Le magicien savant avait même commencé une
sorte d'envoûtement de Voisin mari, et, dans ce monde-là, quand on
travaillait pour soi, on obtenait de la magie des résultats certains. Enfin,
par amour ou par crainte, la Voisin se remua. Elle connaissait beaucoup de
monde, même dans la magistrature[14]. Mariette était apparentée à la
femme du juge qui instruisait son procès. Nos scélérats répondirent
évasivement. On feignit de ne pas avoir entendu le nom de Mme de Montespan,
et le président de Mesme étouffa l'affaire. Lesage, sous le nom de Dubuisson,
se laissa, sans trop murmurer, crainte de pis, condamner aux galères. On se
contenta de bannir le prêtre Mariette. La sentence, toutefois, n'intervint
que dans les premiers jours d'octobre. Pour Mme de Montespan, cette sorte de
supplice de la question avait duré trois mois. Quelle compensation d'ailleurs
! Si les magiciens éprouvaient quelques désagréments, la magie triomphait. La
favorite adultère sentait qu'un lien nouveau, un lien vivant, allait lui
rattacher Je roi. Si
douce et si bonne que fût La Vallière, il lui était impossible, après
l'esclandre de Saint-Germain, de se contenter d'une protestation muette. Son
amour était trop profond pour s'avouer si vite vaincu. Elle essaya de se
défendre. Sur cette heure de crise les renseignements sont rares. La
Vallière, à son ordinaire, n'a rien dit. Le roi, on le devine, s'est tu dans
ses Mémoires. Peu ou point de correspondances. Bussy-Rabutin sollicitait la
Montespan[15] ; Mme de Sévigné gardait ses
sourires pour la nouvelle favorite. Le monde recherche les heureux. Seul, un
contemporain anonyme a retracé la scène d'explication avec beaucoup de
vraisemblance. La
Vallière « se plaignit obligeamment au roy. Il lui répondit froidement qu'il
étoit trop sincère pour l'abuser plus longtemps ; qu'il étoit vray qu'il
aimoit Mme de Montespan ; mais qu'il ne laissoit pas d'avoir pour elle tout
l'amour qu'il devoit ; qu'il faisoit pour elle des choses dont elle avoit
lieu d'être contente ; qu'il ne croyoit pas qu'elle dût désirer rien de plus,
et qu'elle étoit trop habile pour ne pas savoir qu'un roy de son caractère
n'aimoit pas être contraint. Une réponse aussi sèche et aussi dure, faite
avec cet air d'autorité, jeta Mme de La Vallière dans un accablement qu'on ne
peut exprimer. Elle pleura, elle se plaignit. Tout cela ne fut pas capable
d'attendrir le roy. Son party étoit pris, et il l'interrompit pour lui dire
en un mot : que si elle vouloit qu'il continue à l'aimer, elle ne devoit
exiger de luy que ce qu'il voudroit lui donner de son pur mouvement ; qu'il
souhaitoit au reste qu'elle vécût avec Mme de Montespan comme elle avoit fait
jusqu'alors, et finit par la menacer de prendre d'autres mesures, en cas
qu'elle fit à cette dame quelque chose de désobligeant. « Mme
de La Vallière, qui est la meilleure âme du monde, paya d'obéissance, et
regarda la volonté du roy comme la règle de la sienne. Elle vécut avec Mme de
Montespan d'une manière qu'on ne devoit point vraisemblablement espérer d'une
rivale. Et comme personne ne doutoit alors que le roy ne fût dégoûté de La
Vallière, et qu'il ne songeât à rompre tout à fait avec elle, et à se donner
tout entier à Mme de Montespan, tout le monde admira sa douceur et sa
soumission. « Mme
de La Vallière résolut enfin de faire un dernier effort, soit qu'elle eût
encore quelque rayon d'espérance, ou qu'elle crût diminuer son déplaisir en
se plaignant, et envoya ce sonnet au rov : Tout
se détruit, tout passe, et le cœur le plus tendre Ne
peut du même objet se contenter toujours ; Le
passé n'a point eu d'éternelles amours, Et
les siècles suivants n'en doivent point entendre. La
constance a des lois qu'on ne veut point attendre ; Des
désirs d'un grand roi rien n'arrête le cours : Ce
qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours ; Cette
inégalité ne sauroit se comprendre. Tous
ces défauts, grand roi, font tort à vos vertus ; Vous
m'aimiez autrefois, mais vous ne m'aimez plus. Mes
sentiments, hélas ! différent bien des vôtres ! Amour,
à qui je dois et mon mal et mon bien, Que
ne luy donniez-vous un cœur comme le mien, Ou
que n'avez-vous fait le mien comme les autres ![16] « Ce
sonnet fut trouvé fort bon. Le roy le loua publiquement : n'étoit-ce pas
assez pour le faire admirer ? Cependant il n'apporta aucun changement dans
les affaires de son auteur, et tout ce que Mme de La Vallière en eut, fut de
nouvelles assurances qu'il auroit toujours de l'estime pour elle[17]. » On
regrette de ne pas connaître le nom du poète qui voulut bien prêter à La
Vallière les grâces de sa muse attendrie. Racine. La Fontaine, Molière, n'ont
célébré que Faîtière Montespan. On n'ose penser à Benserade. Quoi qu'il en
soit, ce sonnet, délicat de pensée, heureux d'expression, restera comme le
chant du cygne de cet amour sincère et désintéressé. Bientôt l'abandonnée
elle-même remerciera Dieu de n'avoir pas permis qu'elle
trouvât rien dans le cœur de la créature qui pût contenter la
délicatesse du sien, mais au contraire une extrême ingratitude et des dégoûts
tout particuliers[18]. Pourquoi
demeurer alors ? Pourquoi subir cette vie commune avec une rivale qui
l'obligeait à la parer de ses propres mains ? Cette condescendance de Louise
pour la Montespan, ses biographes les plus sympathiques la lui ont sévèrement
reprochée[19]. Est-il donc si difficile d'en
deviner les causes ? Pour excuser la pauvre femme, il suffit de se reporter
aux lettres patentes de mai 1667. Le roi
tenait La Vallière enchaînée par un lien plus fort que celui de la passion
d'une femme pour un homme, par l'amour d'une mère pour son fils. Le petit
garçon né à Saint-Germain en 1667 ne fut reconnu qu'en février 1669[20], et comme à regret. Il ne fut
même pourvu à son avenir qu'à la fin de l'année, quand le roi se décida à lui
conférer la charge d'amiral de France, vacante par la mort présumée de M. de
Beaufort. C'était d'ailleurs un habile moyen de la refuser à tout autre. Au
préalable, on fit rédiger un Mémoire pour sçavoir quel nom il est besoin
de donner à M. le comte de Fermandois, amiral de France. « Voicy, dit
l'auteur, probablement le savant Baluze, les différents noms qui pourroient
luy estre donnés : Louis, bastard de Bourbon, comte de Vermandois, amiral de
France ? Louis, bastard de France, amiral de France ? Louis, bastard, comte
de Vermandois ? Louis, légitimé de France ? Louis, fils naturel du roy ? ou
bien seulement, Louis, comte de Vermandois, amiral de France ? » La dernière
formule fut adoptée. C'était un progrès, a dit quelqu'un ; la bâtardise ne
s'affichait plus. Erreur, a répliqué un autre, on affectait de la confondre
avec la légitimité. La raison déterminante, ce fut que le roi avait déjà un
autre enfant qui ne pouvait même pas être déclaré bâtard[21]. La
charge d'amiral donnée au jeune Louis n'apportait aucun avantage d'usufruit à
sa mère. La fortune de Mme de La Vallière restait toujours plus apparente que
réelle. Vaujours produisait peu. Nombre d'habitants étaient misérables, et la
duchesse avait l'âme ouverte à la pitié. Loin de pressurer ses vassaux, elle
intercédait pour eux. D'ailleurs, ce domaine devait revenir à sa fille, à
l'exclusion de son fils. Voilà la situation intolérable que Louise subit
pendant deux longues années. Voilà pourquoi La Vallière restait. Maintenant,
pourquoi la gardaient-ils à la cour ? Un
observateur, tout particulièrement expert en ces matières, Bussy-Rabutin, a
bien précisé le mobile du roi : « Il a besoin d'un prétexte pour Mme de
Montespan[22]. » Tout est là. Ceux
qui parlent de puissance absolue ne savent pas ce qu'un mari peu complaisant
a pu donner de souci au plus grand roi du monde. Le marquis s'était, autant
qu'il est possible à un simple mortel, refusé au partage avec Jupiter. Homme
bizarre si l'on veut, « mais qui avoit bien de l'esprit », il imagina une
très originale vengeance. Le poète avait donné à l'innocente Alcmène un
double Amphitryon. Le marquis, au contraire, de sa femme unique fit deux
femmes. Il laissa au roi l'adultère, qu'il n'avait pu lui enlever ; l'autre,
la marquise, il l'enterra en effigie. Par son ordre, les funérailles de Mme
de Montespan furent pompeusement célébrées ; il annonça officiellement sa
mort ; il en porta le deuil[23]. Cette façon trop lugubrement
plaisante de subir la loi de la force ne rassura ni le roi, ni sa maîtresse.
Autant que possible on supprimait le nom de cet homme désagréable[24]. On avait bien pu introduire
une demande en séparation contre le mari outragé, et, par un renversement
audacieux des rôles, l'accuser d'injures, de sévices, de la dissipation d'une
fortune qu'il n'avait pas reçue. Si puissant que fût le protecteur de la
plaignante, la justice royale fermait l'oreille, et l'affaire n'avançait pas.
Pour éviter un scandale plus grand, Louise resta publiquement la maîtresse du
roi, et quand ce dernier allait chez Mme de Montespan, il passait par la
chambre de Mme de La Vallière. Bientôt la cour eut un mot pour peindre cette
situation. On dit que Louis XIV allait chez les Dames[25]. Il allait chez l'une ou
l'autre, chez les Dames enfin. C'était très ingénieux. L'ingéniosité
toutefois ne suffisait plus. Vers le mois de mars 1669, Mme de Montespan
avait mis au monde un garçon doublement adultérin. Louis aperçut alors à
quelle profondeur il était descendu dans cet abîme des amours coupables. Lorsque autrefois il envoyait Colbert prendre la nuit les
enfants de La Vallière, son unique souci était de ménager la réputation de sa
maîtresse, de garder lui-même une respectueuse réserve vis-à-vis des deux
reines. Plus tard, il avait toléré, ou plutôt ordonné que Louise accouchât à
Vincennes ou à Saint-Germain. Conduite inconvenante, mais prouvant du moins
qu'on ne craignait rien pour la sécurité des enfants. Marie-Thérèse, malgré
sa jalousie, ne se fût vengée qu'en prodiguant à ces innocents des soins
maternels. Mais que ferait un Montespan ? A cette idée, on tremblait. Mme de
La Vallière, contrainte et forcée, couvrait par sa présence à la cour les
relations du roi et de la marquise. On ne pouvait lui demander plus, de
prendre avec les siens les enfants de sa rivale. L'ex-demoiselle de Pons,
devenue Mme de Heudicourt, cette personne qu'on a vue mêlée à la première
intimité du roi et de la Montespan[26], offrait bien ses services.
Mais Louis, tout en se servant des entremetteuses, les méprisait. Sa
maîtresse savait par expérience qu'il est parfois dangereux de produire ses
amies. D'un commun accord, on chercha quelque personne moins compromise et
moins inquiétante. La suite de l'histoire montrera si l'habileté d'Athénaïs
eut de plus heureux résultats que la confiance de La Vallière. Mme de
Heudicourt connaissait une femme approchant de la trentaine, très bien douée
de la nature, très maltraitée de la fortune et vivant d'une petite pension de
la cour, assez noble d'origine, embourgeoisée par son mariage avec une
manière d'homme de lettres, comme on disait alors. Elle s'appelait Françoise
d'Aubigné, veuve Scarron. On la connaissait infatigable et (c'est elle qui
l'affirme) de bonne
foi, discrète et sûre. Besogneuse et chargée d'un frère dépensier,
prétentieux, incapable, elle avait dans le temps sollicité Mlle de La
Vallière[27], mais sans négliger la marquise
de Montespan, qu'elle voyait souvent à l'hôtel d'Albret. En somme, c'était
une maîtresse femme. On proposa donc à Mme Scarron d'élever en secret les
petits adultérins Si l'on
s'en rapportait à ce qu'elle a dit plus tard, cette femme prudente, loin de
se jeter sur la proposition de « cet honneur assez singulier[28] », l'aurait au contraire
refusé, « disant qu'il ne lui convenoit pas d'élever les enfants de Mme de
Montespan ; que si c'étoient ceux du roi et qu'il le voulût, il falloit qu'il
l'en priât[29] ». Le roi, toujours à l'en
croire, l'en aurait priée, et c'est alors « qu'elle les prit avec elle[30] ». Quoi qu'elle en dise, on
resta, en 1669, bien en deçà de ces négociations de puissance à puissance.
Plus vraisemblablement, l'habile personne s'assura que le roi tenait pour
sien l'enfant à naître de la marquise et dont il fallait soigneusement cacher
la naissance[31]. Mme Scarron, entrée en
fonction vers mars 1669, alla se confiner au bout de la rue de Vaugirard,
bien décidée à ne rien répondre aux questions des curieux. C'était
effectivement un honneur singulier pour une jeune veuve, très courtisée par
des hommes fort entreprenants, d'élever, comme une mère et sans avoir mot
d'explication à fournir, un enfant nouveau-né, de l'élever dans une grande
maison, environnée d'un grand jardin, avec un nombreux domestique, chevaux,
voitures. L'entrée du mystérieux domaine était défendue même aux intimes,
même aux amies[32]. Qui donc y entrait ? Il
fallait, comme on dit, que cette jeune femme se moquât du qu'en-dira-t-on. Eût-elle
éprouvé des scrupules, que certains exemples d'en haut lui auraient permis de
ne pas s'en embarrasser trop longtemps. Au
commencement de cette même année, M. de Mortemart, père de Mme de Montespan,
avait vendu sa charge de premier gentilhomme de la chambre 800.000 livres,
dont il reçut 400.000 « pour payer ses dettes » et 400.000 pour acheter à M.
de Vivonne, son fils, le généralat des galères[33]. En outre, une compensation
toute gratuite lui était assurée, celle du gouvernement de Paris[34]. D'autre part, la malignité
publique prêtait au père de Montespan un terrible mot. On lui fit dire en
parlant des succès de sa bru auprès de l'homme qui n'était pas son fils : «
Dieu soit loué ; la fortune est enfin entrée dans notre maison ! » Au
fait, il avait pu, ce digne père, redouter le même accident, avec moins de
profits[35]. Tout se
trouvait enfin ordonné au gré et à la volonté du roi. Louis désormais avait
réponse à tout. Où allait-il ? — Chez les Dames. D'où sortait ce nouveau-né ?
— De chez ces Dames. En effet, Louise et Mme de Montespan occupaient le même
appartement[36]. Dans ce qu'on a pris longtemps
pour un caprice du roi. tout était calcul et
crainte, comme tout 'était contrainte et abnégation maternelle dans la
conduite de La Vallière, si généralement taxée de faiblesse et de lâcheté. En
fait, depuis le commencement de i669, Louise était installée dans cette vie
étrange qu'elle subissait et acceptait à la fois. L'étude d'un notaire de
Paris, Me Pérard, dont la culture littéraire égalait le savoir juridique,
nous a conservé un monument bien curieux de cette servitude volontaire : « Premier febvrier 1669 « Fut
présent Jean Marot, architecte du roy, demeurant faubourg Saint-Germain des
Prez, rue Guisard (sic), lequel a fait marché, promis et promet par les
présentes à Mmes la duchesse de La Vallière et marquise de Montespan à ce
présentes, demeurantes au pavillon du château des Thuilleryes, de faire et
parfaire bien et duement comme il appartient quatre grottes, sçavoir, deux
pour lad. dame duchesse de La Vallière et deux pour
Mme de Montespan, le tout en leurs appartements au Chasteau Viel de
Saint-Germain en Laye. Ce marché faict moyennant la somme de quatre mil
livres. led. sieur Marot
confesse avoir receu desdites Dames la somme de troys cens trente-trois
livres six sols huits deniers, chacune pour moitié, dont quittance., etc. Aud.
pavillon desdites Dames, l'an MVIe soixante-neuf, le
premier jour de février. Ont signé : « L. DE LA VALLIÈRE. LA M. DE MONTESPAN. « Jean MAROT, — DE LOUVOIS, CHUPPIN (notaires). » Est-ce
hasard ? est-ce effet des habitudes d'esprit ? mais les deux signatures
semblent porter l'empreinte du caractère de leurs auteurs. Athénaïs de
Rochechouart y prend sa qualité : la Marquise de Montespan, la duchesse de
Vaujours signe simplement de son nom : Louise de La Vallière. Voilà bien la
petite violette, honteuse d'être duchesse. Il est d'ailleurs visible qu'elle
n'intervenait à cet acte que pour rendre valable l'engagement pris par Mme de
Montespan, femme en puissance de mari[37]. Pendant
cette immolation morale, on faisait, sur l'air d'une des fêtes de Versailles,
de ces chansons qu'on appelait des contre-vérités. Une, entre autres, disait
en parlant de M. le Grand (le grand écuyer Louis d'Armagnac), qui avait une réputation
d'excessive naïveté : Pour
monsieur le Grand Il est tout mystère Quand
il est galant. Il
a comme La Vallière L'esprit
pénétrant[38]. Et qui chansonnait Louise ? La femme qui n'avait pas réussi l'empoisonner, la vipère Mazarine, Mme de Soissons. |
[1]
Aveux de Lesage, 28 octobre 1679. — Archives de la Bastille, t. VI, p.
33.
[2]
« On parle fort ici d'un prêtre de Saint-Séverin que l'on a' dans la Bastille.
On dit, mais je ne crois pas, qu'il est sorcier. » GUY-PATIN, Lettres, 17 juillet 1668, t.
III, p. 283, éd. 1707. Dans sa lettre du 27 suivant, Guy Patin répète qu'il ne
croit pas à ces bagatelles : « Le lieutenant criminel travaille au procès d'un
prêtre accusé de sorcellerie. »
[3]
La Vie de monsieur de Molière, par GRIMAREST, p. 193 et 56, éd. 1718. D'après le
récit intitulé Fête de Versailles, Georges Dandin serait un impromptu ; mais il
est avéré aujourd'hui que Molière réimprovisait. Voir Œuvres de Molière,
VI, 473, éd. Despois, dans les Grands Ecrivains de la France. Notice sur
la Jalousie du Barbouillé.
[4]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 152.
[5]
SAINT-SIMON, notes sur
Dangeau. (V. Mémoires de Dangeau, t. XVI, p. 50.) Saint-Simon dit
seulement que Montespan, cent fois pressé par sa femme, ne voulut pas l'emmener
par une folle confiance.
[6]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 153. Il faut toujours comparer les deux versions des Mémoires de
Mademoiselle.
Un portrait du musée de Cassel représente la marquise
avec son perroquet. De La Vallière à Montespan.
[7]
On peut ici comparer ces deux rédactions des Mémoires de Mademoiselle de
Montpensier. Première rédaction : « Cela fit un bruit épouvantable dans le
monde, mais on l'apaisa tant qu'on put. » Deuxième rédaction : « Cette affaire
fit un bruit épouvantable dans le monde, parce que l'outrage étoit
extraordinaire à supporter, pour une femme qu jusque-là avoit en bonne
réputation. »
[8]
La lettre a été publiée par COUSIN, Madame de Sablé, p. 410. « Que dites-vous -du
gouvernement de M. le dauphin, et que dites-vous de la mortification qui est
venue troubler cette joie, j'entends l'affaire de M. de Montespan ? Avez-vous
fait des compliments là-dessus à Mme de Montausier ? Pour moi, ma pente alloit
à ne lui en pas faire, car à mon sens il ne faut pas la faire souvenir jamais
d'un tel désagrément. Mais pourtant on m'a dit qu'elle prendroit peut-estre mal
mon silence : ainsi je lui ai escrit trois lignes de galimatias. »
Mayolas, un des continuateurs de Loret, a sur ce sujet
un couplet charmant :
Il court un
bruit que je tiens singulier,
Que l'on fait
changer à Dame Montausier,
Qui n'en syaura
la cause en d'autres termes l'apreine
Des affaires des
Grands je n'empestre ma veine
20 sept. 1669, t. III, p. 933.
[9]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 154. — Œuvres de Louis XIV, t. IV, p. 436.
[10]
GUY-PATIN, Lettres,
t. III, p. 290.
[11]
Mémoires de Marinier, commis des bâtiments du roi, à la suite des Mémoires
de Saint-Simon, t. VIII, p. 469, éd. 1865. -
[12]
DUCHESNE, les
Antiquitez et recherches des villes et chasteaux de toute la France, 1629,
p. 267.
[13]
Si l'on admet la tradition, on ne peut mieux le rattacher qu'à l'année 1668.
Deux ans plus tard, au second voyage de la cour, ce reproche eût perdu de sa
délicatesse et de son à-propos.
[14]
Lesage, dans une de ces déclarations, a donné sur les aboutissants de la Voisin
dans le monde de justice et de police de curieux détails. La Boutier dit que la
Voisin « traîne après elle une grande chaîne de personnes de toutes les
conditions ». Archives de la Bastille, t. IV, p. 41.
[15]
Lettre du 1er août 1669, Correspondance de Roger de Rabutin, t. I, p.
191. — On ne sait pas pourquoi on a voulu douter de l'authenticité de ce
fragment d'une lettre de La Vallière, où elle décrit avec autant de force que
de sincérité l'état de son âme :
« Ah ! mon père, no me grondez pas de ce cilice ; c'est
bien peu de chose. Il ne mortifie que ma chair parce qu'elle a péché, mais
n'atteint pas mon âme qui a plus péché encore. Ce n'est pas lui qui me tue, ce
n'est pas lui qui m'ôte tout sommeil, tout repos : ce sont mes remords. C'est
surtout le lâche désir d'en ajouter d'autres à ceux que j'ai déjà. Et puis, ne
les vois-je pas chaque jour ? Mes yeux ne suivent-ils pas leurs yeux ? Ne
suis-je pas assise à côté de ma rivale, tandis que lui est à côté d'elle aussi,
mais loin de moi ? N'ai-je pas vu ? N'ai-je pas entendu ? Ah ! mon père, que
Dieu me punisse si je blasphème. Je ne sais ce qu'est l'enfer, mais je ne
saurois en imaginer un plus terrible que celui où est mon cœur, où il reste
néanmoins, où il se complait, car ne plus le voir seroit un autre enfer auquel
il ne s'accoutumeroit point. »
Fragment d'une lettre citée dans les Mémoires de la
baronne d'Oberkirck, t. II, p. 223, et reproduit à la suite des Réflexions
sur la miséricorde de Dieu, par la duchesse DE LA VALLIÈRE, nouvelle édition, revue, annotée et
précédée d'une étude biographique, par Pierre CLÉMENT, de l'Institut. Paris, J. Techener,
1890, t. II, p. 226.
[16]
On a dit que ce sonnet n'avait pas paru avant 1695. Dès 1688, il fut oublié
avec des variantes dans les Remarques sur le gouvernement du royaume durant les
règnes de Henri IV et de Louis XIV, surnommé Dieudonné, le Grand et
l'Invincible. Cologne, P. Marteau, 1688, p. 120. Il en existe de nombreuses
copies manuscrites.
[17]
La Vie de la duchesse de La Vallière, où l'on voit une relation curieuse
de ses amours et de sa pénitence, par XXX. A Cologne, chez Jean de la Vérité,
1695, p. 295 et 298. Comparez la France galante ou Histoire amoureuse de la
Cour : Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p. 372, 373. Ce dernier
pamphlet est de même date que la Vie, et l'un des deux ouvrages a eu de
l'influence sur l'autre. Vraisemblablement, la Vie est postérieure à la
France galante.
[18]
Réflexions, t. I, chap. XII, p. 50.
[19]
P. CLÉMENT, la
Duchesse de La Vallière, p. XCII, Préface de son édition des Réflexions.
[20]
Les lettres de légitimation du comte de Vermandois n'ont pas été publiées
jusqu'ici. Elles sont datées du 20 février 1669.
[21]
COLBERT, Lettres,
Instructions, Mémoires, t. VI, p. 272 M. Clément date cette pièce de
décembre 1669 ; erreur manifeste, puisqu'elle est antérieure au 12 novembre. -
[22]
Correspondance, t. I, p. 382, éd. Lalanne.
[23]
R. RAPIN, Mémoires,
t. III, p. 491.
[24]
Dans l'État de la France pour 1669, p. 69, on énumère les filles de M.
de Mortemart, et l'on cite Françoise de Rochechouart sans nommer Montespan.
Cependant, à l'état de la maison de la reine, force est de donner son nom légal
à Mme de Montespan.
[25]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 101.
[26]
Cette Mme de Heudicourt eut plus tard une assez fâcheuse aventure, où elle
révéla au grand jour son génie malhonnête. Pour le point précis qui nous
occupe, voici ce qu'en dit Mme de Maintenon : « Mme de Heudicourt étoit de leur
confidence, et pour rien au monde je n'aurois voulu y être comme elle y étoit.
» Mme DE MAINTENON, Lettres
historiques et édifiantes, t. II, p. 461. Or, Mme de Maintenon se chargeait
d'élever les enfants du roi et de la Montespan. On peut donc qualifier son amie
d'entremetteuse.
[27]
MAINTENON, Correspondance
générale, t. I, p. 108.
[28]
Le mot est de Mme de Maintenon, mais quand a-t-il été écrit ?
[29]
Mlle D'AUMALE, Correspondance
générale, t. I, p. 143.
[30]
Mme DE CAYLUS, Mémoires,
p. 27.
[31]
Ce point est mis hors de doute par le Mémoire d'une dame de Saint-Louis : « On
n'a pas de date sûre de la commission ordonnée par le roi pour se charger des
enfants de Mme de Montespan, mais ce fut pour cacher la naissance du premier. »
MAINTENON, Correspondance
générale, t. I, p. 144. — Mémoires de La Fare, p. 229.
[32]
M. Lemoine a découvert l'emplacement exact de cette maison, qu'il ne tardera
pas à faire connaître aux curieux.
[33]
D'ORMESSON, Journal,
t. II, p. 566.
[34]
D'ORMESSON, Journal,
t. II, p. 562.
[35]
CLÉMENT, Madame
de Montespan, p, 11.
[36]
GUIFFREY, Comptes
de la maison du Roi, t. I, p. 389.
[37]
G. GUIFFREY, Comptes
de la maison du Roi, t. 1, p. 344, 349. J'ai, non sans peine, reconstitué
le plan de ce petit appartement de Saint-Germain, où le Roi s'était ménagé un
discret accès, par un escalier dont il avait lui seul la clef. Il était situé à
l'Est, et regardait du côté du pavillon d'Henri IV. V. à l'appendice, une note
à ce sujet et une série de plans contemporains.
[38]
Mémoires de Mademoiselle, t. IV, p. 68.