HISTOIRE POÉTIQUE DES MÉROVINGIENS

LIVRE II. — Clovis et ses fils.

CHAPITRE VII. — La guerre de Frise ou l’invasion danoise.

 

 

LE roi Théodoric d’Austrasie, fils aîné de Clovis, a été, comme son père, le héros de plus d’une chanson épique. C’est ce qu’affirme formellement l’anonyme du IXe siècle mentionnant le nom de Théodoric parmi ceux des ancêtres de Charles que la voix populaire est habituée à célébrer. Et ce nom a acquis de bonne heure une telle célébrité poétique, que le Chant du voyageur, poème anglo-saxon du VIIe siècle, le mentionne, seul de tous les rois francs, au milieu des héros les plus fameux de la légende et de l’histoire[1]. D’autre part, il n’était pas moins répandu dans les souvenirs poétiques des Saxons du continent, et, au Xe siècle, Widukind, leur premier chroniqueur, le met en scène comme un personnage parfaitement connu de son peuple[2]. Seulement, il était exposé à être confondu plus d’une fois avec son illustre homonyme, le héros de l’épopée ostrogothique. Aussi se préoccupa-t-on de bonne heure de le désigner par une épithète qui permit de distinguer ces deux personnages. Comme Théodoric l’Ostrogoth restait naturellement le Théodoric par excellence, qui n’avait pas besoin d’épithète, il fut, lui, Théodoric le Franc, ou comme disaient les barbares, Théodoric le Hugue (Huga Theodoricus). Huga ou Hugo était en effet, dès le VIIe siècle, le nom sous lequel la poésie barbare se plaisait à désigner les Francs[3]. Sous ce nom de Hugo-Theodoricus, ou, selon la forme allemande, de Hug-Dietrich, Théodoric d’Australie est entré dans l’épopée germanique, et y a occupé une position pleine d’éclat et de gloire. Pendant que son souvenir se perdait parmi les populations de langue romane, qui n’avaient eu avec lui que des rapports lointains, il retentissait de proche en proche parmi toutes les tribus germaniques[4]. Si défigurée que puisse être son histoire dans le poème de Hug-Dietrich, dont nous avons conservé la rédaction du XIIIe le siècle[5], elle y est toutefois comme, le germe fécond duquel est sortie toute la riche efflorescence de l’imagination populaire.

Si donc, de très bonne heure, les Francs ont chanté leur roi Théodoric, ne sommes-nous pas fondés à supposer qu’un écho de leurs chants pourrait bien avoir passé dans les récits de leurs chroniqueurs ? Cela est d’autant plus probable que Grégoire et ses successeurs ne possédaient aucun renseignement écrit sur le règne de ce prince, non plus que sur celui de son fils. Ils devaient donc forcément recourir à la tradition orale. Et celle-ci, sans doute, avait déjà revêtu la forme rythmique, car, est-il besoin de le répéter ? c’est au lendemain des événements que naissent les chansons épiques, et si elles n’apparaissaient immédiatement après eux, le souvenir s’en perdrait, et elles ne pourraient plus éclore par la suite. Voyons ce que nous apprenons à cet égard dans la chronique de Grégoire[6].

Théodoric d’Austrasie y figure dans deux épisodes poétiques. Le premier, c’est la guerre qu’il eut à soutenir en Frise contre les pirates danois.

En 515, nous dit Grégoire, les Danois, sous la conduite de leur roi Chochilaicus, vinrent avec une flotte attaquer les Gaules. Ayant débarqué, ils ravagèrent un pagus du royaume de Théodoric, et firent un grand nombre de captifs qu’ils entassèrent dans leurs vaisseaux avec le reste du butin, puis ils se préparèrent à regagner leur patrie. Assis sur le rivage, le roi attendait que la flotte pet le large pour la suivre. Mais, la nouvelle du désastre étant parvenue à Théodoric, il envoya son fils Théodebert avec une forte armée et bien équipé. Théodebert tua le roi, vainquit les pirates dans une bataille navale, et leur reprit leur butin, qu’il rendit aux indigènes[7].

Tel est le récit de Grégoire de Tours, auquel je me suis borné à ajouter la date de l’événement. Frédégaire et le Liber Historiæ le reproduisent en le résumant ; de plus, le Liber, toujours préoccupé de la précision géographique, désigne le pagus Hattuarius comme le théâtre de la lutte[8].

C’était un sujet hautement épique, cette rencontre à main armée des deux peuples sur les rivages de la Frise, et il était bien fait pour ne pas tomber dans l’oubli d’un peuple belliqueux et ami de la gloire. Rentrés dans leur patrie, après les sanglantes aventures qu’ils avaient eues en pays franc, les aventuriers scandinaves ont eu à répondre aux épouses et aux vierges qui s’informaient des héros aimés. On devine avec quels accents ils auront raconté la fin- de ces braves. D’emblée, les narrateurs étaient en pleine épopée, et le rythme devait accourir de lui-même à des récits qui le sollicitaient avec tant d’énergie. Dès le lendemain, la gloire de Hygelac était sur toutes les bouches, et l’imagination se portait avec un intérêt passionné vers les vaillants qui dormaient là-bas sur la côte étrangère, après avoir offert un large festin de cadavres aux loups du combat et aux corbeaux d’Odin ! Ainsi naquit, chez les Scandinaves, le chant d’Hygelac, et il était achevé depuis longtemps lorsque, à la fin du VIIe siècle, le Beowulf fut mis par écrit en Angleterre. Voici de quelle manière on en peut reconstituer les lignes principales, grâce aux allusions qui y sont faites à plusieurs reprises dans le vieux poème :

Hygelac, roi des Goths de la Suède, avait fait une descente en Frise, dans le pays des Hetvares[9]. Dans le combat qui s’engagea entre lui et les guerriers francs, le sort des armes lui fut contraire. Ses guerriers jonchèrent le champ de bataille, et lui-même succomba dans la mêlée, pendant que sa cuirasse et son collier tombaient entre les mains des Francs. Son vainqueur, qui s’appelait Daeghrefn ne se réjouit pas de sa victoire ni des dépouilles du roi, car un des guerriers de celui-ci, Beowulf, se jeta sur lui, et, sans se servir de l’épée, le fit périr en lui broyant les os de la poitrine sous sa cotte de mailles. Lorsque les débris des vaincus regagnèrent leur flotte, Beowulf avait trente blessures ; mais les Hetvares avaient pâti autant que leurs ennemis, et il n’y en eut pas beaucoup d’entre eux qui revirent leur foyer[10].

Ce récit s’accorde trait pour trait avec celui de nos sources franques, et les complète sous quelques rapports. A la vérité, il fait de Hygelac un roi des Goths et non des Danois ; mais en cela, il se borne à préciser ce qui est vague chez Grégoire : en effet, sous le nom collectif de Dani ou de Nordmanni, les écrivains francs, même au IXe siècle encore, étaient habitués à désigner indistinctement tous les Scandinaves. Par contré, le poème anglo-saxon n’a pas plus de précision en parlant de l’ennemi étranger, puisqu’il se sert pour le désigner de quatre noms différents, Frisons, Hetvares, Francs et Hugas. Il s’agit ici d’un même peuple, pris tantôt dans son ensemble et tantôt dams sa partie. Le pages Hattuarius, indiqué par le Liber Historiæ comme le pays où eut lieu l’action, appartenait précisément à la Frise, qui, envisagée dans le sens large du mot, allait depuis les confins du Danemark jusqu’aux bouches de l’Escaut et jusqu’aux portes de Bruges. Ce pays faisait partie du royaume des Francs ripuaires, et c’est pourquoi les Hetvares sont ici mentionnés, d’un côté sous leur nom géographique de Frisons, de l’autre sous l’expression politique de Francs. Quant à Hugas, c’est, comme on l’a vu plus haut, l’appellation poétique sous lequel les peuples barbares voisins des Francs désignaient ce peuple.

C’est donc bien, comme le dit notre source neustrienne, dans le Pagus Hattuarius, alors compris dans le royaume de Théodoric I, que fut livrée la bataille, et nous devons nous figurer les Scandinaves comme ayant pénétré assez loin dans les terres en remontant le cours de la Meuse, selon le procédé que nous les voyons employer au IXe siècle. Ainsi s’explique le récit de Grégoire, d’après lequel Théodoric, apprenant leur descente dans son pays, envoie contre eux son fils Théodebert, qui leur inflige une défaite, et leur reprend le butin ; et les captifs entassés sur leur flotte. Une fois les pirates taillés en pièces, cette flotte était en réalité prisonnière sur le cours : du fleuve, à une distance assez considérable de la mer, et il suffisait de mettre la main dessus.

Le poème anglo-saxon nous donne sur- la bataille elle-même des indications qui laissent deviner un tableau fort dramatisé. Naturellement, il diminue autant que possible le désastre subi par les Scandinaves, et, s’il ne peut nier la mort de Hygelac, ni la fuite de son armée, il répand -du moins sur cos tristes souvenirs un rayon de gloire. Il veut, que Beowulf ait vengé son maître, et que les ennemis aient payé cher leur succès. Cela est dans l’ordre, et nous devons reconnaître ici la constance des lois épiques chez tous les peuples.

Je ferai remarquer que le nom de Daeghrefn, donné au meurtrier de Hygelac, est le corrélatif saxon du franc Dagoramn, et qu’il désigne peut-être un personnage historique[11]. A la vérité, nos sources franques, si laconiques dans la mention de cet épisode, ne nous parlent pas de lui et laissent au jeune Théodebert toute la gloire de la journée, mais leur silence est loin d’être une preuve, et il est fort peu probable que l’auteur du Beowulf ait inventé le nom de Dagoramn.

On voudrait posséder encore le chant danois sur l’invasion de la Frise : il serait un des plus intéressants parmi ceux que nous fournit la littérature scandinave. Malheureusement, nous ne le connaissons plus que par les allusions du Beowulf, et il n’y a pas lieu d’espérer qu’on en retrouvera jamais autre chose. Aussi, au lieu de continuer lues recherches du côté de la poésie du nord, me retournerai-je vers nos chroniqueurs francs pour voir si je n’y trouverai pas quelque trace de l’existence d’un chant épique sur ce sUJet.

Il n’est pas probable qu’un épisode pareil ait passé inaperçu de la poésie franque. Quoi de plus émouvant que cette descente de la flotte ennemie, et ce pillage opéré par des aventuriers que les eaux du fleuve amenaient jusqu’au cœur du pays ? Et, d’autre part, quoi’ de plus glorieux que la libération du sol et la reprise du butin et dés captifs aux pirates ? Les poètes populaires n’avaient pas tous les jours un si beau sujet à traiter, et les poètes ne manquaient pas en Frise, témoin ce vieil aède aveugle du nom de Bernlef, qui chantait les exploits et les guerres des rois du temps passé, et qui, guéri de sa cécité par saint Luidger, devint désormais le catéchiste de son peuple[12].

Ce qui est certain, c’est que Grégoire de Tours n’a pu avoir connaissance de l’événement que par la voix populaire, puisque, comme je l’ai montré plusieurs fois, il ne possédait aucune tradition écrite sur le règne des fils de Clovis. Que cette tradition populaire se fût déjà fixée dans un chant épique, cela n’est pas seulement fort vraisemblable en soi, cela est également suggéré par le récit même de notre chroniqueur. D’où, sinon d’une narration poétique, serait tiré ce détail si pittoresque et si vivant : oneratis navibus... rex eorum in litus resedebat, donec navis alto mare compræhenderent ipse deinceps secuturus. Il y a là tout un tableau. Ce roi surpris au milieu des agréables préparatifs du retour victorieux a manifestement passé sous les yeux du narrateur ecclésiastique dans cette vive et saisissante image, et Grégoire ne nous l’aurait pas peint avec ce relief énergique sil ne l’avait vu, en quelque sorte, vivre et agir dans sa source populaire.

Mais à ces conjectures, qui n’ont d’autre base que leur propre vraisemblance, nous sommes en état d’ajouter la preuve positive que la poésie populaire, chez les Francs des Pays-Bas, s’était réellement occupée de l’histoire de Chochilaïc. Au IXe et au Xe siècle, dans une île située vers l’embouchure du Rhin, on montrait des ossements d’une grandeur prodigieuse qu’on disait être ceux du roi Hunglac. Les populations accouraient de loin pour les voir, et racontaient des merveilles de ce souverain, qui, à l’âge de douze ans, était déjà tellement fort, que son cheval ne pouvait plus le porter[13].

Cette tradition, qui nous serait entièrement inconnue si le hasard ne l’avait fait retrouver dans un vieux manuscrit fort étranger à notre sujet, fournit, à mon sens, l’explication de la couleur poétique revêtue par le récit de Grégoire. Elle confirme la supposition que Chochilaïc était de bonne heure entré dans le domaine de la chanson épique. Il doit y avoir eu la vie longue, puisqu’à plusieurs siècles de distance il n’était pas encore oublié, et se trouvait même transformé en un personnage gigantesque, dont l’imagination aurait fait un monstre ou un demi-dieu, si la religion chrétienne ne l’avait confiné dans le monde des réalités. Grégoire de Tours, cela va sans dire, avait entendu la tradition sous une forme bien moins altérée, et nous n’avons aucune raison de croire qu’elle eût déjà abandonné le terrain de l’histoire pure au moment où il la mit par écrit. Le ton seul était celui de la poésie héroïque, le récit lui-même était la fidèle reproduction de l’événement. Mais, au fur et à mesure qu’il se répandit, il alla en s’altérant dans le sens indiqué par les lois de l’épopée. Si, selon l’ingénieuse conjecture de M. Rajna[14], il a fait partie du répertoire de Bernlef, l’aède frison du IXe siècle, nul doute qu’il n’y ait déjà revêtu une forme plus poétique et plus riche que dans le résumé de Grégoire.

Quoi qu’il en soit, la chanson franque sur Chochilaïc n’est pas la seule trace de la vie poétique aux Pays-Bas. Trois siècles et demi plus tard, une même inspiration devait dicter le Ludwigslied aux habitants de la même contrée, visités par le même ennemi et vainqueurs dans les mêmes conditions. Mais le Ludwigslied, lui aussi, avait disparu, de telle sorte qu’il a fallu un hasard aussi rare qu’heureux pour le rendre au monde savant[15]. Que d’autres chants ont cessé de retentir sans avoir laissé la moindre trace, et quelle richesse ne doit pas avoir eue le répertoire épique des Francs, à en juger d’après le flot abondant de poésie populaire qui jaillit sur nos pas, chaque fois qu’en remuant le sol des traditions anciennes, nous parvenons jusqu’aux sources vives de l’histoire !

 

 

 



[1] Theodoric weold Froncum. Widsyth o. 24 (Grein-Wülcker, Bibliothek der angelsuechsischen Pœsie, Kassel, 1883, t. I, p. 2.)

[2] Widukind, I, 9 (Pertz, Scriptor., III, 420).

[3] Hugo Theodoricus iste dicitur, id est Francus, quia olim omnes Franci Hugones vocabantur a suo quodam duce Hugone (Annal. Quedlinburg., dans Pertz, Script., III, p. 31). On pourrait être tenté de rapporter l’origine de ce nom à Hugues Capet, duc des Francs, et à son père Hugues le Grand, et peut-être est-ce en effet la pensée de l’auteur des Annales, qui écrivait au XIe siècle. Mais c’est une erreur. Non seulement, dès le Xe siècle, Widukind donne le nom de Huga à Clovis (Widukind, I, 9), mais déjà le Beowulf, qui est du VIIIe siècle, nomme les Francs Hugas, v. 2195 et 2503.

[4] K. Müllenhoff, Die Austrasiche Dietrichssage.

[5] Publié dans le t. III du Heldenbuch de K. Müllenhoff par Jannicke, où il constitue proprement l’introduction du Woifdietrich B.

[6] C’est le cas de rappeler ici les judicieuses paroles de M. O. Paris : A mon sens, il n’y a pas de tradition historique orale. Les faits les plus importants s’oublient s’ils ne sont pas conservés par des récits poétiques. (Romania, t. XIII (1884), p. 602.) Cf. Darmesteter, Revue critique, t. XVIII (1884), p. 301 : Les plus grands événements historiques passent sur le peuple sans laisser de traces dans sa mémoire. La génération contemporaine en emporte avec elle le souvenir dans l’oubli de la tombe, à moins qu’un poème dicté à son auteur par l’impression immédiate des faits, devenu ensuite populaire, non transmette la tradition aux générations futures.

[7] Grégoire de Tours, III, 3.

[8] Frédégaire, III, 30-31. Liber Hist. Franc., 19. Sur la part qui reviendrait dans l’expédition de Hygelac à un prétendu fils de Ragnacaire de Cambrai, comme le soutient Depping dans son Hist. des expéd. marit. des Normands, I, p. 60, voir livre II, chapitre V, note 28.

[9] C’est Grundtvig qui a le mérite d’avoir le premier établi l’identité de Chochilaicus avec Hygelac et des Hetvares du Beowulf avec les Hattuarii (Dannevirke, 1817, t. II, p. 284, cité par K. Müllenhoff, Z. f. d. A., VI, p. 437).

[10] Beowulf (éd. Heyne, Paderborn, 1873) 1206-1215, 2355-2367, 2502-2509, 2911-2922.

[11] Le nom de Dagoramnus fait défaut dans le répertoire de l’onomastique franque, tel du moins qu’il est dressé par Fœrstemann dans son Altdeutsches Namenbuch. Cependant, il est composé de la manière la plus régulière, et correspond à une idée poétique que nous retrouvons précisément dans le Beowulf. Dagoramnus c’est le corbeau du jour, c’est-à-dire le corbeau qui annonce le jour, voyez Beowulf, 1802, éd. Heyne : Od that refn blaca heofenes wynne Blid-heord bodode, c’est-à-dire : jusqu’à ce que le noir corbeau annonçât d’un cœur allègre la joie du ciel (= le soleil).

[12] Vita Luidgeri dans Pertz, Script., III, p. 412.

[13] Voir la notice conservée dans un ms. de Phédre du Xe siècle, ayant appartenu à Pierre Pithou. Elle a été reproduite, après Berger de Xivrey, Traditions tératologiques, Paris 1836, et d’autres, par Haupt, Zeitschrift für deutsches Altertheim, t. V (1845), p. 10. Müllenhoff (ibid., t. XII, p. 287) conjecture avec raison que c’étaient sans doute les ossements de quelque baleine ou autre cétacé qui avaient été pris pour ceux d’un homme gigantesque. Rien de plus fréquent qu’une méprise de ce genre. V. saint Augustin, De civitate Dei, XV, 9 : Vidi ipse non solus, sed aliquot mecum in Uticensi litore molarem hominis dentem taro ingentem, ut si in nostrorum dentium modulos minutatim concideretur, centum nobis videretur facere potuisse. Sed ilium gigantis alicujus fuisse crediderim. Sur quoi Poujoulat, Hist. de saint Augustin (5e édit. Tours 1866, t. II, p. 283) fait observer qu’il s’agissait sans doute d’une dent de quelque animal antédiluvien. J’ajouterai que rien, à mon sens, n’a plus contribué à répandre la créance aux géants de l’antiquité que les découvertes faites à diverses reprises d’ossements fossiles gigantesques, qu’on était toujours disposé à attribuer à des êtres humains.

[14] Rajna, p. 110.

[15] On sait que le manuscrit de ce document, trouvé par Mabillon à l’abbaye de Saint-Amand, et publié d’après sa copie par Schilter en 1696 à Strasbourg, a été retrouvé de nos jours par Hoffmann von Faltersleben, qui en a donné une nouvelle édition dans Etnonensia, publié par lui et par Willems, Gand, 1837.