L’HÉRITAGE DE DARIUS

 

CHAPITRE XXIII. — LES SCYTHES ET SPITAMÈNE

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

L’année 328 avant Jésus-Christ devait voir à la fois la pacification complète de la Sogdiane et la sédition presque ouverte de l’armée, lassée de vaincre pour le seul avantage des populations vaincues. C’est chez la jeunesse d’ordinaire que se rencontrent les sentiments les plus exaltés et les plus généreux, quand ses instincts n’ont pas été pervertis par le funeste orgueil d’une suffisance outrée. L’œuvre d’Alexandre ne pouvait se soutenir et surtout s’achever qu’avec le secours de dévouements enthousiastes ; on ne s’étonnera donc pas qu’au milieu des dégoûts dont l’abreuvait une obéissance maussade et à tout propos marchandée, le roi de Macédoine, en quête de serviteurs moins fantasques, regardât avec complaisance grandir sous ses yeux et en quelque sorte sous sa tente la jeune élite qui porte dans l’histoire le nom de corps des adolescents. Créé, comme beaucoup d’autres institutions excellentes, par Philippe, recruté dans les plus nobles familles du pays, ce corps assez nombreux remplissait près de la personne royale les doubles fonctions de pages et d’écuyers. C’était là qu’Alexandre se réservait de puiser un jour de nouveaux lieutenants. Ne confondons pas cependant les adolescents d’Alexandre avec les icoglans de Soliman le Grand ou d’Ali-Pacha, bien que les icoglans aient été, eux aussi, une pépinière féconde de pachas et de généraux. L’empereur Napoléon III a vengé la mémoire de César d’injurieux soupçons ; Plutarque ne nous laisse aucun doute sur les mœurs d’Alexandre. Ni les esclaves de Tarente, ni les beaux garçons de Corinthe n’eurent jamais accès dans ces palais que le fils de Philippe laissait sans scrupule se remplir de tous les bruits de l’orgie. Agnon et Polyxène, deux amis d’Alexandre, avaient à ce sujet de tout autres idées ; la verte réprimande qu’ils s’attirèrent dut les corriger à jamais du zèle officieux dont le roi, avec une indignation éloquente, repoussa les offres.

Etait-ce un hétaire ou un adolescent, cet Excipinus qui fut envoyé chez les Scythes d’Europe pour les confirmer dans leur neutralité ? Quinte-Curce nous représente le jeune ambassadeur (admodum juvenem) sous des traits qui convenaient mieux à un messager de paix qu’à un héraut de guerre. Il était, nous dit l’historien romain, dans la fleur de l’âge, aussi beau qu’Éphestion, mais d’une beauté qui n’avait rien de viril. Secondé par le grand nom de son maître, Excipinus réussit à convaincre et à charmer les Scythes. Il arrivait au moment où un nouveau roi venait, comme Tamerlan, de s’asseoir sur la pierre verte ; il ramena au camp d’Alexandre une députation chargée d’apporter au conquérant de l’Asie les plus riches présents que des tribus nomades pussent offrir. Le chef barbare, à qui l’on ne demandait que la neutralité, se déclarait prêt à contracter une alliance. Pour la cimenter, il voulait donner au roi de Macédoine sa fille en mariage, donner également aux officiers grecs des épouses choisies dans les premières familles de la Scythie. Alexandre fit le meilleur accueil à ces députés ; il crut pourtant devoir se refuser à l’hymen auquel le roi des Scythes, dans sa naïveté à demi sauvage, le conviait. La polygamie avait trop nui à l’antique monarchie des Perses pour que le fils de Philippe n’éprouvât pas quelque répugnance à la rétablir. Nous le verrons cependant bientôt chercher une épouse parmi ses captives ; mais, remarquons-le bien, ce ne sera pas un mariage politique qu’il contractera ; l’élan de son cœur le conduira seul, dans cette circonstance, à l’autel : il aimera. Ces tempéraments contenus nous font constamment assister à de semblables surprises ; on sait de quelle chaste et jalouse tendresse le vainqueur d’Arcole et de Rivoli entoura longtemps la femme à laquelle il avait donné son nom et son amour. Dans l’absence même, au milieu des enivrements de la Péninsule, Bonaparte ne songeait qu’à Joséphine et ne voulait vivre que de son souvenir. Il me paraît difficile de croire à la transmigration des âmes : d’où vient donc que je rencontre à chaque pas de si prodigieuses ressemblances entre Alexandre et Napoléon ? La nature n’a-t-elle su créer qu’un seul moule pour la vraie grandeur, et est-elle obligée de le reproduire quand elle veut de nouveau donner un maître au j monde ? Comme on comprend bien qu’Alexandre ait été le héros favori des chevaliers et des troubadours ! Tout, dans sa vie, semble appartenir au roman.

Les Scythes d’Europe ne furent pas seuls à saluer l’astre grandissant de cette éclatante fortune. Les Cimmériens, s’il en faut croire Quinte-Curce, autorité, je l’accorde, de peu de valeur en fait de géographie, auraient été eux-mêmes séduits par Péridas, un autre Excipinus. Des rives de leur Bosphore, à peine entrevu par les Grecs, ils députèrent vers ce roi, dont le nom retentissait dans tout l’univers, une ambassade qui, venant de Crimée, dut avoir à contourner toute la mer Caspienne. Comme les Scythes d’Europe, les Cimmériens avaient, eux aussi, une fille de sang royal à offrir ; comme les Scythes, ils furent courtoisement éconduits.

Si les caravanes du moyen âge n’avaient jamais porté les marchandises de l’Inde et de la Chine à Novogorod, nous serions peut-être fondés à rejeter au nombre des audacieux mensonges dont l’antiquité s’est montrée si prodigue, tous ces hommages émanés du pays fabuleux des Arimaspes et des Issédons ; le souvenir du courant commercial qui se dirigea, du cinquième au dixième siècle de notre ère, vers la grande république marchande des Slaves, doit rendre nos scrupules et notre scepticisme circonspects : entre les bords de l’Oxus et les rives du Volga l’abîme n’a jamais été infranchissable. Le doute, s’il se prenait indistinctement à tout ce qui semble étrange, pourrait finir par tourner au vandalisme ; il ne resterait plus rien des annales mutilées du genre humain.

Je consens volontiers à passer l’histoire d’Alexandre au crible ; je demande seulement que ce crible ne soit pas celui dont nous nous servirions pour l’histoire de Bacchus : avec Alexandre, nous ne sommes plus aux jours de la fable. Aristobule et Ptolémée m’affirment que Pharasmane, le roi des Chorasmiens, vint trouver le roi de Macédoine avec 1,500 chevaux ; je n’éprouve nulle hésitation à les croire sur parole. Les États de Pharasmane s’étendaient-ils, ainsi que la tradition recueillie par Arrien nous l’atteste, jusqu’à la Colchide et jusqu’à la contrée qu’habitaient les Amazones ? Ceci est un autre point : le khan de Khiva ne me paraît, à aucune époque, avoir été en mesure de commander aux Cosaques du Don et aux montagnards du Caucase ; Pharasmane se sera probablement donné le facile plaisir d’exagérer sa puissance, ou les Grecs l’auront mal compris. Voulez-vous, disait le roi du Kharesm au héros macédonien, tourner vos armes du côté du nord et aller subjuguer les nations qui confinent au Pont-Euxin ? Je me charge de vous servir de guide et de défrayer au besoin votre armée sur la route. Alexandre heureusement était doué de plus de prudence que le don Quichotte du Nord ; il ne s’abandonnait pas au premier Mazeppa venu. Je le loue d’avoir reculé devant les glacés du pôle et d’avoir décliné les offres de Pharasmane ; de pareilles entreprises ne conviennent pas à des armées régulières ; il faut les laisser aux hordes de Gengis-Khan. Venir du Volga et du Don sur l’Oxus, la chose se comprend ; on marche vers le soleil ; se porter de Balkh et de Khodjend chez les Sarmates, cela ne s’est vu qu’une fois, et Ton peut affirmer que cela ne se verra plus. La réponse d’Alexandre à Pharasmane est trop vraisemblable, trop sensée pour que nous ne l’admettions pas comme authentique. C’est par l’Hellespont et par la Propontide, aurait dit, à cette occasion, le fils de Philippe, que je prétends rentrer un jour en Grèce. Ce retour opéré, il n’est pas impossible que je songe au Pont-Euxin ; je vous rappellerai alors vos promesses. Restez, en attendant, chargé de la garde de nos frontières, et, pour les protéger, associez vos efforts à ceux d’Artabaze, que j’ai nommé gouverneur de la Bactriane.

La seconde campagne de la Sogdiane ne sera pas moins active que la première, elle nous fera passer incessamment du désert sans eau à la montagne couronnée de neige. Tout le plateau de l’Asie centrale est en mouvement, et nous devons nous figurer Alexandre courant jusqu’à Merv, pour revenir soudain au massif montagneux où prennent naissance le Polytimète, le Jaxartes et l’Oxus. Contre un ennemi qui n’est vraiment à craindre que parce qu’il se dérobe et se multiplie à l’improviste, il serait superflu d’agir avec de grandes masses ; c’est le système des colonnes mobiles qu’il convient d’employer. Les convois en deviendront moins lourds, et la subsistance sera plus facilement assurée. Alexandre partage son armée en cinq corps : il se réserve d’en conduire un lui-même ; les quatre autres seront commandés par Éphestion, par Ptolémée, par Perdiccas, par Cœnus. Les convalescents, les malades, laissés sous les ordres de Polysperchon, d’Attalus, de Gorgias, de Méléagre, garderont la Bactriane. De même qu’en Algérie la résistance s’appela longtemps Abd-el-Kader, ici elle a pris corps avec Spitamène : c’est donc Spitamène qu’il faut avant tout rencontrer et détruire. Le farouche Sogdien a lassé la sympathie des Scythes du Nord et perdu le secours des Scythes de l’Orient ; on affirme qu’il cherche à soulever les tribus qui errent des bords de l’Oxus à la mer Caspienne. Les colonnes qu’Alexandre fait partir de Balkh commencent par remonter le long de l’Oxus jusqu’à la hauteur de Merv ; elles se déploient ensuite pour balayer devant elles les solitudes de l’Ouest. En quatre jours elles arrivent sur les bords du Margus. Le Margus, que les Persans appellent aujourd’hui le Mourgh-Ab, coule du sud au nord, après avoir longtemps suivi vers l’occident une direction parallèle à celle de l’Arius. Ce fleuve limoneux et dont l’eau, s’il fallait s’en rapporter à Quinte-Curce, devrait être considérée comme malsaine, n’était pas une ressource pour l’armée altérée ; un heureux hasard voulut qu’au premier sondage la pioche fît jaillir une onde claire et limpide. Le prétendu prodige s’est souvent répété en faveur des Russes : chaque fois qu’ils ont foré des puits dans le désert, soit aux abords des fleuves, absorbés, comme le Margus, le Polytimète, le Dehas et l’Anus, par les sables, soit au pied des collines rocheuses dont la plaine est semée, ils ont eu la satisfaction de rencontrer à une faible profondeur de l’eau en abondance.

Le Margus est franchi, et l’armée grecque arrive devant Merv, si l’emplacement de Merv est bien celui qu’occupait alors Marginie. Voilà donc les Macédoniens campés près du point stratégique sur lequel la diplomatie tient avec anxiété, depuis quelques années, les yeux constamment ouverts. La diplomatie attribue aux Russes la pensée de descendre un jour de Merv à Hérat, en évitant ainsi les défilés du Paropamisus ; mais les Macédoniens ne cherchent pas un chemin plus facile vers l’Arie ; l’Hindou-Kouch ne les effraye guère ; ce qui les préoccupe, c’est de tenir en bride les Dahiens. Us veulent opposer à ces hordes dangereuses une barrière : voilà pourquoi, non loin de Marginie, l’armée s’empresse de tourmenter le sol. Six forteresses surgissent comme par enchantement ; deux font face au midi, quatre regardent l’ouest. Inutile boulevard ! vous imaginez-vous pouvoir fermer ainsi la route de la Bactriane à Spitamène ? Vous étendriez votre mur de Merv à la mer d’Aral que Spitamène trouverait encore moyen de le franchir. Le grand agitateur du désert n’est plus chez les Dahiens, vous le chercheriez en vain dans la Margiane ; il est, en ce moment, chez les Massagètes. Ces nouveaux alliés accordent à ses instances six cents chevaux ; fier de ce renfort, Spitamène se jette sur le territoire d’où vous prétendiez l’exclure. Attinas commandait de ce côté une des places frontières ; la vue des Barbares chassant devant eux les troupeaux qu’ils viennent d’enlever lui fait perdre tout sang-froid ; il sort de sa forteresse à la tête de trois cents cavaliers, et va donner dans une embuscade. Le désert est nu, mais les bords des fleuves qui le limitent sont couverts de bois où il est toujours facile à une troupe peu nombreuse de dissimuler sa présence. Attaqués à l’improviste, Attinas el ses compagnons sont massacrés sans qu’un seul échappe.

On comprend qu’un pareil succès ait enflé l’orgueil de Spitamène ; ce qu’on s’explique moins, c’est que la leçon n’ait pas profité aux Macédoniens. A quelques jours de là, Spitamène paraît devant Bactres. Alexandre n’avait laissé dans cette place importante que peu d’hommes valides : il savait que les Scythes, bons pour ravager les campagnes, n’étaient point gens à escalader ou à renverser des murailles. Quatre-vingts cavaliers stipendiés et une trentaine d’adolescents composaient toute la force active dont pouvait disposer le commandant de Bactres. Un certain nombre de malades était cependant entré en convalescence, mais des convalescents deviennent un embarras plutôt qu’un secours aux premières fatigues. Parmi eux se trouvaient, outre plusieurs hétaïres, Pithon, fils de Sosile, préposé à la garde du harem des anciens rois de la Bactriane, et le citharède Aristonicus, dont nos bardes gaulois auraient pu envier la vaillance. Ce sont ces guerriers, trop affaiblis encore pour qu’on osât les appeler dans le rang, pour que l’on songeât même à leur assigner un poste sur la muraille, qui courent les premiers aux armes. Ils montent à cheval et font ouvrir les portes. La bande intrépide se précipite sur les Massagètes. L’ennemi fuit sans essayer de défendre son butin ; il fuit et entraîne les Grecs à sa suite. Spitamène attendait caché dans un pli de terrain : sa troupe fond tout à coup sur les Grecs dispersés. Sept hétaires et soixante cavaliers ont, en quelques instants, mordu la poussière. Aristonicus se conduisit, dans cette occasion, en soldat ; aussi fut-il au nombre des victimes. Pithon, blessé, tomba vivant au pouvoir des Scythes.

Ce double échec exigeait une réparation prompte. Cratère accourt, les Massagètes ont déjà recule jusqu’à leur désert. Dès qu’ils le touchent, ils reprennent, comme Antée, des forces ; mille chevaux leur viennent sur-le-champ en aide. Atteints par Cratère, ils font tête ; la lutte est aussi sanglante qu’opiniâtre. Cent cinquante cavaliers scythes restent sur le terrain, le reste est sauvé par cette mer de sable au milieu de laquelle les nomades peuvent seuls se diriger et vivre.

La persistance de Spitamène n’a d’égale dans l’histoire que celle de Jugurtha. Ce chef de partisans ne se réfugia jamais dans l’asile inviolable des arides plateaux du Turkestan que pour y méditer quelque incursion nouvelle. Échappé des mains de Cratère, il se porte presque aussitôt sur les troupes de Cœnus ; trois mille chevaux scythes se sont joints à sa bande décimée. La rencontre qu’il cherchait eut lieu près de Gabès, un de ces fortins que les Perses avaient élevés, dès le temps de Cyrus, pour garder contre les Massagètes les frontières de la Sogdiane. L’avantage resta aux Macédoniens : les cavaliers grecs étaient, à cette époque, invincibles. Les Scythes prirent la fuite, laissant sur le champ de bataille huit cents hommes ; les Macédoniens ne perdirent que vingt-cinq chevaux et douze fantassins.

La foi des Sogdiens ne résista pas à ce dernier coup ; ils demandèrent l’aman, et Cœnus les reçut à merci. Quant à Spitamène, il voulut recourir encore aux Massagètes. Abandonné des compagnons qui jusqu’alors lui avaient fait escorte, pouvait-il se promettre une longue sécurité au près de ces Barbares que tentaient le prix mis à la trahison et les riches dépouilles du vaincu ? Alexandre s’apprêtait à passer chez les Scythes, quand on lui apporta la tête de, Spitamène. Quinte-Curce raconte que ce fut la propre femme du grand fugitif qui le frappa pendant son sommeil. Depuis longtemps elle pressait Spitamène de s’en remettre à la clémence d’Alexandre ; ses instances importunes avaient failli lui coûter la vie ; elle dissimula, feignit le repentir et attendit une occasion favorable pour se débarrasser à la fois des périlleuses violences de son mari et du supplice intolérable de cette vie errante. L’ivresse ne tarda pas à lui livrer l’imprudent qui, après l’avoir outragée, osait encore se fier à son amour. Elle arriva dans le camp d’Alexandre, couverte de sang et suivie d’un esclave qui tenait la tête de Spitamène cachée sous ses vêtements. C’était le gage d’une paix longtemps poursuivie que l’atroce forfait venait déposer aux pieds du vainqueur. Alexandre cependant, à la vue de ce visage éteint, de ces traits convulsés par la mort, recula d’horreur. Que deviendraient les mœurs de la Grèce, son esprit incliné par les arts à la mansuétude, si ses soldats se laissaient gagner par de pareils exemples et rapportaient jamais dans la vieille patrie la férocité d’une race étrangère à tout sentiment de pitié ? La politique défendait au roi de méconnaître l’importance du service rendu ; l’humanité ne lui permettait pas d’absoudre, ne fût-ce que par son silence, un tel crime. L’épouse aux mains sanglantes reçut Tordre de sortir du camp. Arrien a rejeté ce récit, qui lui parut sans doute d’une invraisemblance trop choquante. Son incrédulité fait peut-être honneur aux matrones romaines ; elle se comprendrait moins si Arrien eût été le compatriote d’Holopherne. De Darius à Spitamène, c’est toujours la trahison asiatique qui fait son chemin ; c’est toujours aussi une providence vengeresse qui inflige au traître la peine du talion : Bessus expie le meurtre de son roi ; Spitamène, les chaînes dont il a chargé Bessus.

Restait un dernier complice de cette cruelle infidélité au malheur. Datapherne avait pris la part la plus active à l’arrestation du satrape de la Bactriane ; il fut, à son tour, arrêté par les Dahiens et conduit enchaîné à Bactres. L’histoire reste muette sur le sort qui l’y attendait.