HISTOIRE DE LA GAULE

TOME IV. — LE GOUVERNEMENT DE ROME.

CHAPITRE XV. — LES EMPEREURS GALLO-ROMAINS[1].

 

 

I. — DE L’ORIGINE DE L’EMPIRE ROMAIN DES GAULES.

Ce qui avait sauvé l’Empire après la mort de Néron et après celle de Commode, c’était la puissance des armées, et surtout de celle du Danube, installée au centre du monde romain, en avant de la frontière d’Italie, unissant et maîtrisant les éléments rivaux de l’Orient et de l’Occident. Ce qui le sauva sous Gallien, ce fut la force de résistance propre aux grandes régions naturelles de ce monde, la vigueur des institutions et des habitudes que home leur avait données. Car il arriva alors ceci, que l’Empire fut coupé en plusieurs tronçons, que chacune de ces régions vécut séparée des autres, mais que cependant, réduite à ses seules ressources, chacune suffit à la tâche de se défendre contre l’ennemi et de se maintenir romaine jusqu’au jour de la restauration.

Depuis les désastres de 253, les généraux préposés par Valérien à la défense de la Gaule luttaient avec acharnement contre les bandes de Francs et d’Alamans qui vaguaient par toutes les provinces. On avait beau les chasser : d’autres revenaient aussitôt. Elles traversaient la frontière sans être aperçues des soldats qui la gardaient ; et ce n’était qu’à leur retour qu’on pouvait les atteindre, insouciantes et alourdies par le butin (253-255 ?).

On finit pourtant par avoir raison d’elles. Gallien fit lui-même (en 250) une campagne sur le haut Rhin, à la suite de laquelle il s’attribua le titre pompeux de restaurateur des Gaules[2] : il est bien probable qu’il dut ce titre aux victoires de ses lieu–tenants en Gaule, Aurélien[3] ou Postume[4].

Puis, il repartit pour le Danube, laissant dans le pays son fils aîné, le jeune César Valérien[5]. Du reste, celui-ci n’était qu’un adolescent, et l’autorité réelle sur les soldats et les provinces de Gaule resta confiée à un excellent homme de guerre, Postume, duc de la frontière du Rhin[6] (257[7]).

Quelques mois après, en 238[8], Postume et le prince se brouillèrent[9]. Des légions refusèrent d’obéir au jeune César, rompirent la foi due à Gallien, et acclamèrent leur général comme Auguste[10]. Jusque-là, rien que de très banal : c’est une armée d’Occident qui donne la pourpre à son chef, et Postume ne fait d’abord que ressembler à Albinus et à Vitellius[11].

Mais ensuite les choses changèrent. Postume, reconnu par l’Occident, se contente d’y régner. Et ceux qui lui succéderont, jusqu’au dernier, se refuseront également à toute ambition universelle, comme si la proclamation de 258 avait eu pour objet de fonder un Empire romain des Gaules.

 

II. — DES CAUSES DE CET EMPIRE.

(.due les légions du Rhin et les peuples de la Gaule aient voulu échanger Gallien contre Postume, cela était fort naturel : Postume ne ménageait point sa peine pour arriver à chasser les Barbares.

Mais les Gaulois et Postume comprirent qu’ils ne réussiraient à sauver la Gaule qu’à la condition de songer seulement à elle. Ce qui l’avait perdue dans ces dernières années. c’est qu’elle était demeurée solidaire du reste de l’Empire : pour combattre un prétendant ou pour repousser Perses ou Goths, les princes dégarnissaient sa frontière des troupes qui la gardaient ; ce qui l’ouvrait aussitôt aux Germains. Lorsqu’en 257 Gallien partit du côté du Danube, il est probable qu’il voulut emmener des soldats utiles à la Gaule.

Or la Gaule, chefs, soldats et cités, se sentit capable de se protéger elle-même. Elle pouvait, entre le Rhin et les Pyrénées, lever assez d’hommes pour faire sur le fleuve une barrière infranchissable. Si chaque région de l’Empire n’avait à défendre que la zone qui lui servait de couverture, elle suffirait à ce devoir.

Il fallait aussi, pour cela, qu’elle fût confiée à un seul chef, responsable de la tache, ayant pouvoir sur tous, soldats et civils. Déjà, les empereurs s’en étaient rendu compte, en modifiant l’ancien système de la défense : Valérien, par-dessus les légats et les provinces des deux Germanies, avait établi un commandant ou duc suprême de la frontière du Rhin, sans doute avec autorité militaire sur les gouverneurs de la Gaule intérieure. C’était quelque chose de semblable au proconsulat de César ou à l’imperium de Drusus : les nécessités de la guerre défensive ramenaient l’Empire aux pratiques des temps de la conquête.

Il n’était point difficile de prévoir que Gaulois et soldats en arriveraient très vite à faire un Auguste du duc de la frontière, et celui-ci à vouloir ce titre. Seule, la dignité d’empereur lui donnerait les pleins pouvoirs dont il avait besoin, lui épargnerait les conflits de juridiction et les craintes du lendemain. Cette usurpation de Postume ressemble à une mesure dictatoriale prise pour le salut des Gaules.

Mais il ne fallait pas qu’il regardât au delà des Alpes, qu’il convoitât Rome et le reste du monde. C’eût été recommencer la misérable histoire des dernières années. Que Postume ait eu parfois cette ambition, c’est possible[12]. En tout cas, il ne fit rien pour la réaliser, soit que ses sujets l’aient contraint à rester en Gaule, soit que les affaires de la frontière aient suffi à l’y retenir[13].

Ce qui faisait de cet empire gallo-romain un État possible et viable, c’est qu’il correspondait à la nature des choses. Il groupait, à l’ouest du Rhin, les pays dont la sécurité résultait du bon état de cette frontière. Toutes les Gaules avaient les mêmes intérêts, qui étaient sauvegardés par l’armée de Germanie. Armée et provinces, en face du danger barbare, devaient vivre d’une pensée commune. Ces provinces n’avaient, d’ailleurs, jamais cessé d’être unies étroitement entre elles : les conseils de Lyon et de Narbonne rapprochaient les chefs de leurs cités, le réseau de leurs routes multipliait les échanges, et, depuis trois siècles que les Gaules obéissaient à Rome, celle-ci n’avait rien imaginé pour rompre les liens historiques et les relations naturelles qui faisaient de la contrée une sorte de patrie. Le jour où l’État romain se disloqua, elle se trouva prête à former un nouvel empire.

 

III. — MAINTIEN DE L’UNITÉ ROMAINE.

Ces mots de Gaule et d’Empire, cet accord entre les armées et les cités de l’Occident celtique, l’unité morale et politique de cette grande contrée, rappelaient les temps d’avant César, ceux de Bituit, de Celtill et de Vercingétorix. Pour la première fois depuis les rois arvernes, le pays est maître de ses destinées. On peut donc s’attendre à ce que ces évènements réveillent les souvenirs du passé national.

Pourtant, rien de semblable ne se produisit, du moins à notre connaissance. Si l’on parla à nouveau de Teutatès et des druides, si la langue celtique reprit vigueur sous ce régime, si des pratiques gauloises inspirèrent les discours ou les actes de Postume et de ses héritiers, nous l’ignorons, et aucun document ne nous autorise à le croire[14]. Dans ce qu’ils ont laissé de leur œuvre, dans ce que les historiens ont raconté d’eux, nous ne trouvons pas le moindre vestige des pensées de l’antique indépendance. Inscriptions, monnaies, titres, formules, images, gestes et actions, tout est marqué à l’empreinte romaine, et, sauf le contraste entre les chefs, l’Empire de Postume ne diffère pas de celui de Gallien.

Il n’est pas certain que Postume fût originaire de Gaule[15]. Une fois Auguste, il prit, sans rien omettre et sans rien ajouter, les titres habituels aux empereurs ; il se fit consul, père de la patrie, et le reste[16] ; il donna à son fils le nom de César[17]. Toutes les légendes et tous les emblèmes consacrés restèrent sur les innombrables monnaies qu’il fit frapper pendant son règne[18]. Il eut des légats[19], des cohortes prétoriennes[20]. Les provinces de la Gaule subsistèrent avec leurs bureaux et sans doute leurs deux conseils. La seule chose qui distingue un peu Postume des autres empereurs, c’est son culte pour Hercule, dont il multiplia les figures sur les pièces de monnaie[21]. Mais cet Hercule est le héros classique, et si Postume a fait de lui son dieu favori, c’est que dans ce siècle de luttes indéfinies contre les Barbares, un empereur devait prendre pour modèle le vainqueur de l’Hydre et de Géryon[22]

Je doute que personne en Gaule, à ce moment, ait cru à une ère nouvelle, à la fin de l’ancien Empire. Les Gaulois, et Postume le premier, ne pensaient pas qu’ils fussent détachés de lui. Ils continuaient à admirer son unité et sa grandeur. Les monnaies du temps, avec leurs devises de Rome Éternelle, d’Espoir Public, témoignent de la même confiance en son éternité[23]. Il est probable que les clarissimes de la Gaule se considéraient toujours comme membres du sénat[24]. Postume était séparé de Gallien, et non pas de Rome. Son empire ne fut pas un retour au passé, mais l’essai d’une forme nouvelle à donner à l’État impérial : au lieu d’un seul maître ou au lieu de deux princes commandant conjointement à l’État[25], on partagerait le monde entre plusieurs souverains égaux, chacun faisant son devoir dans la part qui lui serait assignée, tous unis dans le nom et le culte de Rome. Marc-Aurèle[26] et d’autres après lui[27] avaient eu l’idée d’une division de ce genre. Postume en Gaule, Odenath en Orient[28], réalisèrent ce projet à l’encontre de Gallien et pour le bien de l’Empire[29].

 

IV. — GOUVERNEMENT DE POSTUME.

De fait, Postume fut bien le restaurateur des Gaules, ainsi qu’on disait alors[30].

Il commença son règne en assiégeant Cologne, où s’était réfugié le fils de Gallien. Le jeune Valérien une fois pris et tué (259 ?)[31], il lui fallut aussi guerroyer contre l’empereur. Celui-ci ne se résigna jamais à la perte de ses provinces ; il conservait quelques partisans en Narbonnaise, du côté de Lyon ou de Grenoble : ce qui lui maintenait ouvertes les routes des Alpes, et lui permit, par deux ou trois fois, d’aller attaquer Postume en Gaule même[32]. Mais il ne tira jamais profit des avantages que le hasard put lui donner[33] : les principaux mérites de son rival étaient, semble-t-il, d’ordre militaire[34]

Les Barbares l’éprouvèrent. Pas une seule fois, tant qu’ils n’eurent que Postume devant eux, ils ne réussirent à franchir le Rhin[35]. Il est même à croire qu’ils s’en tinrent de plus en plus éloignés, et que l’empereur réussit à recouvrer la Souabe, et à remettre en état la ligne des forts qui défendaient les approches de ce pays[36].

Postume résidait sans doute près de la frontière, à portée de l’ennemi, à Mayence, Cologne ou Trèves. Ces trois villes gagnaient chaque jour en importance[37]. Dans un empire d’allures militaires, elles devaient prendre le premier rang. Trèves, surtout, devenait une vraie capitale de la Gaule[38] : elle offrait sur les deux autres villes l’avantage de ne point toucher à la frontière même, et d’en être cependant toute voisine ; de là, on surveillait soldats et Barbares, sans être à la merci des uns ou des autres. On y installa une Monnaie[39], peut-être les services généraux du nouvel État[40]. Lyon voyait croître en elle une rivale autrement redoutable qu’Autun ou Vienne.

A l’intérieur, la vie normale reprenait partout : car on se confiait en Postume, qui était un bon prince, sérieux, ferme et appliqué[41]. On répara les routes[42], qui avaient dû fort souffrir des dernières invasions. Les ateliers monétaires frappèrent des pièces de bon aloi[43]. Peut-être construisit-on quelques amphithéâtres ou autres grands édifices[44]. C’était à coup sûr exagérer que de vanter la joie, la gaieté des temps, ainsi que le faisaient les dessinateurs de médailles[45]. Mais enfin on goûtait à nouveau la paix romaine, après de sombres journées d’angoisse.

Aussi Postume fut-il fort populaire dans les pays qu’il gouverna. Les soldats seuls se plaignaient de lui : car, habitués au laisser aller par les derniers princes, ils trouvaient qu’il exigeait trop[46]. Les Gaulois, eux, l’aimèrent d’une affection rare[47].

Cette prospérité qu’il leur rendit fit sans doute que les provinces voisines le désirèrent à leur tour comme Auguste. L’Espagne se donna à lui[48] ; l’armée et les cités de Bretagne l’acclamèrent[49]. Dix légions relevèrent bientôt de son autorité[50]. Il commandait la plus grande force militaire du monde. L’Empire des Gaules s’agrandissait en Empire d’Occident.

 

V. — VICTORINUS ET LÉLIANUS.

Mais en demeurant romains, les Gaulois avaient gardé les déplorables habitudes du Romain de cette époque, son incapacité d’obéir longtemps au même empereur. Les historiens latins leur ont reproché, à ce propos, leur tempérament brouillon et leur esprit révolutionnaire[51]. Mais aucune province de l’Empire, l’Espagne exceptée, n’était alors indemne de ces défauts.

Postume eut beau multiplier les victoires : dès la huitième année de son règne (265), il n’a plus ses peuples en main et il lui faut pactiser avec des ambitions rivales. Il voulait sans doute donner le nom de César à son fils, ce qui montre son espérance de fonder une dynastie. Mais, sous le coup d’une guerre avec Gallien, il dut y renoncer, et il accepta[52] comme Auguste un de ses généraux[53], Victorinus (265 ?)[54].

Cela n’empêcha pas sa chute. Ses soldats lui en voulaient constamment de leur imposer trop de travail et de leur accorder trop peu de butin. Les plus mécontents donnèrent la pourpre à un officier de Mayence, Lélianus. Postume, toujours bon général, vainquit le rebelle, mais il refusa de livrer la ville au pillage. Cette fois, ses troupes se retournèrent contre lui, l’égorgèrent, et passèrent à Lélianus[55] (fin 267 ?). Postume n’avait commandé que dix ans.

Victorinus[56] ne fut pas atteint par la révolte[57]. Il résidait sans doute à Cologne[58], il y continua son règne, concédant Mayence à Lélianus[59]. En fait ou par suite d’un accord, les deux chefs se partagèrent la Gaule. — La voilà donc divisée entre deux empereurs, et cette histoire de l’Empire gallo-romain, qui aurait pu être une si belle chose, sombre dans les lamentables banalités de l’anarchie militaire.

La conséquence fut le retour immédiat des Barbares : Francs et Alamans ne se laissaient pas décourager aussi vite qu’au temps de Maximin. Ils se tenaient aux aguets, prêts à saisir les occasions. Tandis qu’on se battait à Mayence, les Germains franchissaient les lignes de la Souabe, emportaient les redoutes, arrivaient jusqu’au Rhin, poussaient au delà[60].

Lélianus fit bien son nouveau métier d’empereur : les chefs, en ces temps étranges, avaient plus que leurs hommes le sentiment du devoir. Il courut sus aux Barbares, et, quand il les eut détruits ou refoulés[61], il s’apprêta à tout remettre en l’état, construisant des murailles, obligeant les soldats, comme autrefois César, à se faire charpentiers, terrassiers et maçons. Ce rappel à la discipline romaine ne pouvait que provoquer une révolte. Lélianus fut massacré, moins d’un an après Postume (268)[62].

 

VI. — VICTORIA.

Cette fois Victorinus était seul maître en Occident[63]. Il associa son fils à l’empire[64], il donna une grande part du pouvoir à sa mère, une Gallo-romaine appelée Victoria, qui parait avoir été une femme de grande valeur, riche, intelligente, énergique[65].

Mais la nouvelle dynastie ne dura guère plus que le principat de Lélianus. Victorinus et son fils périrent à Cologne dans une misérable intrigue (268)[66]. On les remplaça par un officier de peu, ancien ouvrier d’armée, Marius[67] : trois jours après, on se défit également de lui[68].

Mais Victoria restait, aussi puissante qu’autrefois, et l’on peut se demander si elle n’a pas dirigé elle-même quelqu’une de ces rapides tragédies. On racontait qu’elle eût pu prendre pour elle l’autorité suprême, mais qu’elle la dédaigna, et la fit donner à Tetricus son parent. Celui-ci l’accepta et put la garder[69] : et cela prouve que cette Victoria, qui faisait et maintenait des empereurs, fut vraiment alors une sorte de souveraine des Gaules, une mère des camps respectée et obéie, l’émule en gloire de la Zénobie d’Orient[70].

Quelle époque singulière que celle-là, où des femmes gouvernent et sauvent l’Empire ! C’est aussi celle où la Terre, Mère des Dieux et des Hommes, enchaîne le plus fortement à son culte les peuples de nom romain. On dirait qu’en obéissant à des reines, les hommes ne faisaient qu’accepter pour l’État la loi qu’ils établissaient dans le monde des dieux. Jamais, dans les temps de culture classique, la souveraineté de la femme ne montera plus haut.

 

VII. — TETRICUS.

En un an, la Gaule avait donc vu sept empereurs, dont six avaient été égorgés[71]. Livrée à elle-même, elle égalait Rome en folie du changement. — Mais après ces excès, elle s’assagit tout d’un coup, et son histoire redevient honnête et calme.

Le choix de Tetricus[72] fut sans doute provoqué par une réaction des populations civiles contre les désordres militaires. Il appartenait par son origine à une société toute différente de cette soldatesque où on avait pris Lélianus et Marius. Sa famille était noble, et lui-même portait le titre de sénateur romain, ce qui suppose un bel état de fortune[73]. Victoria, son alliée et sa protectrice, était également très riche. On peut donc croire à un réveil de l’aristocratie foncière, et qu’elle s’empara du pouvoir après les tragédies de Mayence et de Cologne[74].

Lorsque Tetricus fut pris pour empereur, il se trouvait loin des camps, à Bordeaux, où il résidait en qualité de gouverneur de l’Aquitaine[75]. La fonction était purement civile ; et Bordeaux, où il revêtit la pourpre[76], était la ville de Gaule la plus éloignée de la frontière, absorbée uniquement par la culture de ses terres et les affaires de son commerce, aussi différente d’une cité militaire qu’on le pût imaginer[77].

Le peu que nous savons du règne de Tetricus nous fait également voir en lui une humeur pacifique[78]. On le représente sur ses monnaies non pas seulement en imperator, recouvert du manteau de guerre et armé de la lance de combat, mais aussi en sénateur ou en prince civil, habillé de la toge, à la main le sceptre ou la branche de laurier[79]. Les formules qu’il aime sont celles d’Abondance, d’Équité, et, plus encore, de Bonheur et d’Allégresse[80]. Au bruit des camps, j’imagine qu’il préférait la lecture de Virgile.

Tetricus dut se rendre de Bordeaux à la frontière pour se montrer aux armées du Rhin[81]. Résida-t-il à Trèves, Cologne ou Mayence ? eut-il à faire contre les Barbares son office d’empereur[82] ? Les historiens de ce temps sont si brefs et si insipides qu’ils ne permettent aucune bonne réponse à ces questions capitales. Nous savons seulement que l’Empire des Gaules continua sous Tetricus, d’une vie obscure et monotone[83] : ce qui indique, après tout, que la frontière fut assez bien gardée par ce paisible sénateur.

 

VIII. — LE DÉSASTRE D’AUTUN.

Tetricus ne tenait pas au pouvoir. Il l’avait reçu de Victoria, elle l’obligea sans doute à le garder, et lorsque l’impérieuse femme fut morte[84], il semble qu’il ait aussitôt cherché à le quitter.

Ni lui ni personne peut-être en Gaule n’avaient plus foi en l’avenir de cet Empire provincial. Aucune institution originale, aucune passion nationale n’animaient son existence. Des séditions continues prouvaient qu’il portait en lui les mêmes germes d’indiscipline que le reste du monde romain. Alors, à quoi bon se séparer de l’Italie ?

Or, l’année même où Tetricus fut proclamé (268)[85], Gallien disparaissait enfin. Et son armée et le sénat s’accordèrent pour donner l’empire au plus brave et au plus digne des hommes, Claude, le vainqueur des Goths. En Gaule, alors, on souhaita plus vivement le retour à l’unité.

L’une des plus grandes villes, Autun, se sépara de Tetricus et acclama le nouvel Auguste[86]. Il fut impossible à l’empereur gaulois de ne pas laisser partir une armée pour assiéger la ville rebelle[87] (269 ?[88]).

Le siège dura sept mois[89], et fut le plus triste épisode de cette fastidieuse histoire de l’Empire des Gaules. L’armée qui y prit part s’était associée à des bandes de vagabonds et à des ramassis de paysans[90]. Elle cherchait à Autun cette occasion d’un grand pillage qui lui avait manqué à Mayence. L’exemple donné par les Francs et les Alamans gagnait toute la terre. Une sorte de jacquerie moitié rurale et moitié militaire enveloppa Autun d’une atroce convoitise.

Les assiégeants durent couper les aqueducs pour mettre fin à la résistance[91]. Quand la ville succomba, ce fut la catastrophe des grands assauts : les maisons pillées, les édifices détruits, les principaux citoyens égorgés, les autres en fuite. Un demi-siècle plus tard, on se heurtait encore, dans Autun, à de lamentables décombres[92]. Pour lui, comme pour Lyon, les temps de gloire étaient finis. La Gaule créée par les premiers empereurs s’acheminait à la ruine.

Ne rendons pas Tetricus responsable de ces horreurs. Il n’était le maître ni de ses troupes ni de ses peuples. Les soldats le harcelaient de leurs révoltes et de leurs criminelles exigences[93]. Il avait l’âme d’un administrateur diligent et non pas d’un coureur d’aventures et d’un harangueur de foules. S’il garda le pouvoir, ce fut sans doute pour empêcher qu’un autre n’en usât plus mal que lui. Mais ce pouvoir lui devenait chaque jour plus odieux. L’ancien gouverneur de l’Aquitaine n’attendait qu’un motif honorable pour se décharger de son fardeau, rendre l’autorité à un plus digne et la Gaule au peuple romain. Et ce fut le fait le plus intéressant de l’histoire de cet Empire provincial, que le désir de son dernier chef, d’y mettre enfin un terme et de retourner à la vie latine[94].

 

 

 



[1] Cannegieter, Postumus Bataviæ adsertor, Utrecht, 1758 (le premier à avoir dégrossi le sujet) ; de Brequigny, Histoire de Postume, dans les Mémoires de l’Acad. des Inscriptions, XXX [lu en 1760] ; Eckhel, Doctrina numorum veterum, VII, 1797, p. 437-460 ; Düntzer, Bonner Jahrb., IV, 1844, p. 45-58 ; XLIII, 1867, p. 212-9 ; Bernhardt, Geschichte Roms von Valerian, I, 1867 ; de Witte, Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules, 1868 (cf. Revue num., n. s., IV, 1859, p. 429-439) ; Zévort, De Gallicanis imperatoribus, Paris, 1880 ; Schiller, I, p. 827 et s. ; Mowat, Les Ateliers impériaux en Gaule principalement de Postume à Tetricus (Rev. numism., 1895) ; Roger, Fragments d’histoire, [1896] ; Stein dans la Real-Encyclopädie, III, II, 1899, c. 1656 et s. ; VI, I, 1907, c. 696 et s. ; Klebs, Prosopographia, I, 1897, p. 210, 309-311 ; Dessau, id., II, 1897, p. 39-40 ; von Rohden et Dessau, id., III, 1898, p. 38, 432-3 ; Blanchet, Manuel de numismatique française, I, 1912, p. 107-133 ; Homo (article cité, chap. XIV, avant dernière note).

[2] Eutrope, IX, 8 ; Aurelius Victor, Cæsaribus, 33, 1 ; Zosime, I, 30. 3-8 ; 37, 3 ; Zonaras, XII, 24 ; Cohen, 2e éd, n° 901-9, 895-900. La date de ce voyage est peut-être antérieure, à moins qu’il ne soit venu une première fois en Gaule entre 253-5. Cf. Tillemont, Hist., Valérien, art. 4. — Gallien fit venir à ce propos des vexillationes de Bretagne (C. I. L., III, 3228), en particulier de la IIe légion (inscription de 255, à Mayence, C. I. L., XIII, 6780). Et c’est alors, sans doute, qu’il fit réparer les routes sur la rive droite du Rhin (XIII, 9103, 9111). — Homo (p. 13-4) rapporte à ce séjour de Gallien la mise en état de la frontière ; et il a raison en principe. Mais la plupart des faits archéologiques qu’il signale sont peut-être d’avant ou d’après ce séjour. L’inscription d’une porte de Cologne, Valerian]a Gallien[a (XIII, 8261), prouve tout au plus qu’on a réparé les remparts de la ville sous Gallien. — Il m’est difficile de rattacher la dea Segetia des monnaies de Gallien (Salonine, Cohen, 2e éd., n° 35-6, cf. n° 23 ; cf. Blanchet, Mémoires de Numismatique, 1909, p. 284-294) à la déesse Segeta des Ségusiaves (C. I. L., XIII, 1641 et 1616) ; c’est la déesse italienne des moissons. — Sur les pièces de ce règne qu’on essaye d’attribuer à l’atelier de Lyon, outre ce mémoire, voyez Voetter, dans la Num. Zeitschrift de Vienne, n. s., X [XLI], 1908, p. 92-5. Il est possible, si cette attribution est fondée, que ces pièces soient postérieures à 258, et que Postume ne se soit rendu maître de Lyon qu’après cette date, et même après 253, au cours d’une expédition vers les Alpes.

[3] Entre 253 et 257 ? — On attribuait à Valérien l’intention d’avoir songé à Aurélien pour la tutelle de son petit-fils (Aurel., 8, 2), et je ne vois aucune difficulté à admettre cette tradition.

[4] Dès 257 ou même plus tôt. — On a supposé que les Germanies avaient été partagées entre Postume et Aurélien (Homo, p. 12). J’inclinerais plutôt à croire que Postume a remplacé Aurélien à Mayence. Mais les indices manquent pour l’une ou l’autre hypothèse.

[5] C’est celui que des Anciens ont, peut-être par erreur, appelé Saloninus (Triginta tyranni, 3, 1 ; Zosime, I, 38, 3), mais qui était en réalité P. Licinius Cornelius Valerianus Cæsar, fils aîné de Gallien (Prosop., II, p. 273-5), le vrai Saloninus étant son second fils (P. Licinius Cornelius Saloninus Valerianus junior Cæsar), qui, semble-t-il, remplaça l’autre comme César en 259 (?). Il n’est du reste pas impossible que l’aîné se soit aussi appelé Saloninus, ce qui rend les deux princes fort difficiles à distinguer sur les monuments. Sur ces difficultés, cf. les articles parus dans la Numism. Zeitschrift de Vienne, n. s., I [XLI], 1908, p. 78-120, et V, 1912, p. 163-8 (Voetter).

[6] Lettre de Valérien, qui semble avoir conservé la haute main sur l’Occident (Triginta, 3, 8 et s.) : Transrhenani limitis duceni et Galliæ præsidem ; Zonaras, XII, 24 ; Zosime, 1, 38, 3. Il est d’ailleurs possible que l’Histoire Auguste ne transmette pas exactement le titre de Postume. Je crois cependant, d’après l’ensemble de ces expressions, que Postume avait la Germanie Supérieure, celle de Mayence, avec la surveillance des Champs Décumates, et tout ou partie de la Belgique : au moins ce qui sera plus tard la Ire Belgique, celle de Trèves.

[7] Ou peut-être 256.

[8] La chronologie du règne de Postume présente une double difficulté :

I. Aucune certitude pour les dates extrêmes. — Pour le début, les sources latines semblent rattacher le soulèvement de Postume à celui d’Ingenuus sur le Danube (Aurelius Victor, De Cæsar., 33, 1-2 ; Orose, VII, 22, 10 ; Eutrope, IX, 8-9). L’usurpation d’Ingenuus parait être de 258 (Trig. tyr., 9, 1). — Pour la fin, on hésite entre deux groupes de témoignages : 1° celui de Zonaras (III, 26), qui le fait vivre encore au moment de l’avènement de Claude, peu avant le 24 mars 268 ; 2° ceux de l’Histoire Auguste, qui, par trois fois (Claud., 4, 4 ; 7, 5 ; Gall., 21, 5), montre Postume remplacé par Lélianus, Victorinus, Marius et Tetricus avant la mort de Gallien ; ceux d’Aurelius Victor (De Cæsar., 33, 14) et d’Eutrope (IX, 10), qui font pareille chose. Il me parait difficile de ne pas sacrifier Zonaras, source bien postérieure et souvent bien confuse, coutumière d’erreur sur les noms propres. Mais on peut, pour l’excuser, rapprocher de cette date la mort de Postume, et placer celle-ci à la fin de 267 ou au début de 268. D’ailleurs, tous les règnes après Postume et jusqu’à Tetricus, se sont succédé très rapidement.

II. Aucune certitude non plus pour la durée. — Les monnaies indiquent dix puissances tribunices, ce qui suppose neuf à dix ans. Ce chiffre de dix se retrouve chez Orose (CII, 22, 10) et Eutrope (IX, 9). — Mais d’autre part, l’Histoire Auguste insiste pour lui attribuer sept ans de règne (Gall., 4, 5 ; Triginta, 3, 4 ; 5, 4). — Je crois plus vraisemblable le chiffre de dix, à cause des monnaies : donc, par exemple de janvier 258 à décembre 267 (à janvier 268, si l’on admet que les vota vicennalia, VO XX, de la monnaie n° 240, annoncent le début d’un second decennium, ce qui est d’ailleurs contesté). Mais il est probable que l’Histoire Auguste ne veut compter le règne qu’à partir de la captivité de Valérien, dans le milieu de 260 : soit par mégarde, soit peut-être parce que Postume ne se sera séparé qu’alors de Gallien par quelque acte décisif. — Nous connaissons si mal cette époque qu’il faut, avant de subordonner un document à un autre, voir s’il n’y a pas moyen de les concilier. — Stein propose déc. 258-déc. 268, la Prosopographia, 259-269.

[9] Querelle qui s’explique par le fait que Gallien avait placé pour la garde de son fils à Cologne un chef militaire (Silvanus, Zosime, I, 38, 5 ; Albanus, Zonaras, XII, 24), qui entra en compétition avec Postume. — Dans cette lutte, comme dans celles qui vont suivre, j’entrevois un conflit d’attributions entre les deux chefs de Cologne et de Mayence, celui-ci avant peut-être été celui des deux anciens gouverneurs de la Germanie auquel on aura attribué la direction des affaires.

[10] Gall., 4, 3 ; Trig. tyr., 3, 2-3 ; Zosime, I, 38, 3-5 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 8 ; Epit., 32, 3 ; Zonaras, XII, 24 ; Eutrope, II, 9 ; Orose, VII, 22, 10 ; Continuateur de Dion, Didot, Fr. hist. Gr., IV, p. 194-5.

[11] Sur cet avènement, Blanchet, L’Avènement de Postume, dans la Rev. des Ét. anc., 1912.

[12] Zosime, I, 40, 1. Il avait des partisans à Rome (Gall., 9, 1).

[13] Tout ce qui précède est le développement des paroles adressées par Postume à Gallien (Continuateur de Dion, fr. 6, Didot, Fr. hist. Gr., IV, p. 191). Texte capital.

[14] Les seuls vestiges sont dans le fait que, le jour du triomphe d’Aurélien, on parait avoir affublé Tetricus d’un costume gaulois, et dans l’origine celtique du gentilice de Tetricus. Or, Tetricus est sans contredit le plus dévoué à Rome de cette série de princes.

[15] On dit seulement de lui qu’il était d’infime extraction (Eutrope, IX, 9). — On vient de lui supposer une origine belge (Blanchet, Rev. des Ét. anc., 1913).

[16] Imperator Cæsar M. Cassianius Latinius Postumus, pius, felix, invictus, Augustus, Germanicus Maximus, pontifex maximus, tribunicia potestate, consul, pater patriæ, proconsul ; cf. C. I. L., II, 4943.

[17] Triginta tyranni, 4, 1. On a révoqué en doute ce témoignage, vu l’absence de monnaies au nom de Postume jeune (Prosop., I, p. 310).

[18] De Witte, p. 5 et s.

[19] Tetricus.

[20] M. Piaonius Victorinus, tribunes prætorianorum, à Trèves (C. I. L., XIII, 3679). Cf., sur cette inscription, Hübner, Bonner Jahrb., XXXII-XL, 1866, p. 1-9.

[21] De Witte, p. 22 et s. (légendes Herculi Arcadio, Argivo, etc.). Les seuls Hercules indigènes mentionnés sont (n° 73-90) Hercules Deusoniensis et (n° 98-9) Hercules Magusanus : mais l’image figurée est celle du dieu classique. Il s’agit, je crois, de deux sanctuaires locaux de la Germanie Inférieure, et peut-être du pays des Bataves (C. I. L., XIII, 8771 ; Dessau, n° 2188). Mais il me parait plus que hardi d’en induire que Postume voulut fonder un empire à la manière germanique sur sol gaulois (von Domaszewski, G. d. r. K., II, p. 303 ; Real-Enc., VIII, I, 1912, c. 611) : Postume et Arioviste sont le contraire l’un de l’autre.

[22] Déjà Commode s’était fait passer pour Hercule (H. Auguste, Diadum., 7, 3 ; cf. Riewald, De imp. Romanorum cum certis dis, etc., Halle, 1912, p. 283 et s.) ; Caracalla fut assimilé à ce dieu (Caracalla, 5, 9). Et nous avons cent indices des progrès du culte impérial d’Hercule depuis Hadrien.

[23] Romæ Æternæ, de Witte, n° 264-6 ; Spes Publica, n° 299 ; Spei Perpetuæ, n° 297-8.

[24] Voyez le cas de Tetricus.

[25] Encore est-il possible que Valérien et Gallien aient songé au partage entre Orient et Occident (cf. Zosime, I, 30, 1-2).

[26] En confiant à Lucius Verus les affaires d’Asie (Verus, 7, 9).

[27] Sous Caracalla, Hérodien, IV, 3, 5 et s. Sous Valérien ?

[28] Cf. Eutrope, IX, fi ; Hist. Auguste, Gall., 3, 2-5 ; etc.

[29] La seule trace d’institutions séparées est dans le fait, chez Postume, d’avoir refusé de reconnaître les consuls de Rome, soit en se faisant seul consul (cf. C. I. L., XIII, 633 ; cinq fois : je suppose 258, 259, 260, 266, 267), soit en choisissant deux consuls pour ses États (Censor et Lepidus, l’un et l’autre ensemble deux fois, peut-être entre 261 et 265 ; C. I. L., VII, 287 ; XIII, 6779) ; cf. Dessau, Mélanges Boissier, 1903, p. 165-8. — Il y a, dans ce règne et les suivants, quantité de mystères, qui pourraient s’expliquer si nous connaissions les négociations de Postume avec le sénat et Valérien : car je crois que, comme d’ailleurs bien d’autres usurpateurs, Postume n’a pas cessé de négocier (Continuateur de Dion, fr. 5).

[30] Restitutor Galliarum, de Witte, n° 256-261 ; Restitutor Orbis, n° 262-3 ; Eutrope, IX, 9 ; Orose, VII, 22, 10 ; Triginta tyranni, 3 ; Zonaras, XV, 24.

[31] Zosime, I, 38, 3-5 ; Triginta, 3, 2 ; cf. C. I. L., XI, 826. Si la fin de ce siège et cette mort doivent être reculées jusqu’en 259, on peut s’expliquer par là qu’on ait placé bien après 258 l’avènement de Postume. — Il est également possible que Postume et le jeune Valérien se soient un instant partagé la frontière, Postume à Mayence et Valérien à Cologne.

[32] Cela me paraît résulter de C. I. L., XII, 2228 (Grenoble), 1352 (Vaison), 171 (Antibes), 93 (Briançon), 12 (Vence), 57 (Briançonnet), qui montrent l’attachement des Alpes Cottiennes et Maritimes et de la Narbonnaise alpestre à la famille de Valérien ; et cela résulte aussi du fait que Gallien paraît avoir toujours franchi les Alpes sans difficulté. Pourtant, le texte du Continuateur de Dion, fr. 6 (Didot, IV, p. 194) et peut-être celui de Zosime (I, 40, 1) semblent indiquer que Postume fut un instant maître des passages des Alpes (entre 260 et 265 ?).

[33] Je suppose une guerre vers 259-260, pour sauver ou venger son fils : guerre où il assiégea Postume (dans une ville qui n’est point nommée) et fut blessé (Gall., 4, 4 ; Triginta tyr., 3, 5 ; Zonaras, XII, 24). — Je doute fort d’une expédition en 262-3, avant l’affaire de Byzance (Gall., 7, 1), et j’ai rapporté à la suivante les détails donnés à cette date. — Je suppose une autre guerre en 265, assez importante, avec Auréolus et Claude comme généraux de Gallien, Victorinus du côté de Postume ; Gall., 4, 6 ; 7, 1 ; 21, 5 ; Triginta, 6, 1-2 ; 11, 3 ; Zonaras, XII, 24 (semble intervertir les deux guerres) ; Zosime, I, 40, 1 ; Continuateur de Dion, fr. 6, Didot, IV, p. 194-5 (texte très difficile à placer).

[34] Ingenti virtute, Eutrope, IX, 9, et Orose, VII, 22, 10 ; Triginta tyranni, 3, 1 ; 5, 1 ; belli scientia, Aurelius Victor, 33, 12.

[35] Un premier succès sérieux paraît avoir eu lieu en 258, avant la rupture avec Valérien, sur une bande revenant de l’intérieur (Zonaras, XII, 24). D’autres, entre 260-262, et surtout en 262 (de Witte, n° 332-333). Summotis omnibus Germanicis gentibus (Triginta, 3, 6 : Gall., 4, 5).

[36] Triginta tyranni, 5, 4 (in solo barbarico ne peut guère signifier que le pays transrhénan). — Il fut, sans aucun doute, le premier des empereurs à prendre des Francs à sa solde (Gall., 7, 1 ; Trig. tyr., 6, 2). — L’Histoire Auguste (Gall., 7, 1) ajoute qu’il enrôla Celtica auxilia ; ce ne sont pas des Gaulois, mais des Germains (cf. Cl., 6, 2), que nous retrouverons dans l’armée romaine du IVe siècle (tome VI).

[37] Cela résulte du fait que là se passent les principaux évènements historiques de cette époque.

[38] Tacitus, 18, 5 ; Triginta tyr., 31, 3 ; Polemii Sylvii laterculus, I, 49, p. 522, Mommsen. On peut attribuer à ces règnes les parties reventes des remparts et la Porte Noire (Lehner, Westdeutsche Zeitschrift, XV, 1896, p. 265-6).

[39] La Monnaie de Trèves parait dater de ce temps (Trig, tyr., 31, 3). Proc.] Monetæ Triverice (C. I. L., VI, 1641).

[40] Par exemple, le prétoire.

[41] Moderatione, Eutrope, IX, 9, et Orose, VII, 22, 10 ; constantissimus, gravis, Trig. tyr., 3, 1.

[42] C. I. L., XIII, 9023 (route d’Autun à Auxerre, avec les distances marquées en milles) ; cf. 8972 ; 8879, 8882, 8883 (Velay et Gévaudan), 8955-7 (Armorique), 9092 (Rhin).

[43] Outre la Monnaie de Trèves et celle de Lyon, on eut celle de Cologne (installée peut-être en 266 ; de Witte, n° 16-17), peut-être celle de Vienne (Mowat, Rev. num., 1895, p. 167. Le monnayage de Postume comporte, par exemple, des aurei d’un poids sensiblement supérieur à celui des aurei de Gallien (Blanchet, Manuel, I, p. 109).

[44] Si du moins on songe à Gallien, c’est-à-dire au temps de Postume, pour les édifices auxquels la tradition (vers 1200 ou plus tôt) a donné le nom de Galien : l’amphithéâtre de Poitiers (palays Galienne dans un titre de 1367, plus ancien texte connu ; communication de Richard, archiviste de la Vienne) ; l’amphithéâtre de Bordeaux ou Palais Galien (Drouyn, Bordeaux vers 1450, 1874, p. 421) ; la route de Bordeaux à Bazas ou chemin Galien (cf. Inscr. rom. de Bord., II, p. 218) ; cf. Revue des Et. anc., 1913, p. 285-9. Le mode de construction de ces bâtisses confirmerait assez cette date. Mais il est probable que le vulgaire a attaché à ces ruines, non le nom de l’empereur, mais celui de la reine Galiène, épouse légendaire de Charlemagne ; cf., je crois en premier lieu, Rodrigue de Tolède [début du XIIIe siècle], l. IV, ch. II (Hispaniæ illustratæ... Scriptores, II, 1603, p. 75) : In Gallias est reversus ducens secum Galienam... Fama est et apud Burdegalam ei palatia construxisse. Il s’agirait de savoir quelle est l’origine de ce nom de Galiène.

[45] Pax Augusta (de Witte, n° 178-192), Lætitia (n° 132-149).

[46] Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 8 ; Eutrope, IX, 9 ; Orose, VII, 22, 10.

[47] Triginta tyranni, 3, 6. — Un nouveau mystère de l’histoire de Postume et de ces empereurs gaulois, est qu’ils n’ont laissé aucune trace dans les traditions chrétiennes, ni en bien ni en mal. Faut-il leur attribuer quelques-uns des martyres mis sur le compte de Valérien ? faut-il croire, ce qui est plus vraisemblable, qu’ils n’ont pas appliqué l’édit du dernier empereur ?

[48] C. I. L., II, 4919, 4943 ; monnaies de Tarragone, Markl, Numismatische Zeitschrift, XVI, 1884, p. 413 ; Blanchet, Manuel, I, p. 116.

[49] C. I. L., VII, 1161-2, 820 et 822. Les pièces NEPTVNO COMITI, REDVCI (n° 170-3) indiquent peut-être un voyage en Bretagne.

[50] On peut songer aux dix légions dont on trouve des pièces d’or au nom de Victorinus (de Witte, n° 34-46). Parmi elles, on constate la Ire la XXIIe, la XXXe, qui nous sont connues en Germanie (la VIII manque jusqu’ici), la XXe, qui a pu y venir sous Gallien ; les autres sont les IIe Trajana d’Égypte, IVe Flavia de Mésie, Ve de Dacie, Xe Fretensis de Judée, XIIIe de Dacie, XIVe de Pannonie. — On a supposé (de Brequigny, p. 354) que Victorinus avait amené ces dernières à Postume. Mais cela est fort difficile, vu la dispersion de leurs lieux de garnison. Et qui sait si cette série de monnaies, d’ailleurs exceptionnelle, n’indique pas, soit une réorganisation de l’armée des Gaules, soit un simple hommage à toutes les légions de l’Empire, soit n’importe quelle manifestation à nous inconnue ? — D’ailleurs, avec les armées du Rhin, d’Espagne et de Bretagne, Postume avait au moins huit légions.

[51] More illo quo Galli novarum rerum semper sunt cupidi (Trig. tyr., 3, 7).

[52] Gall., 7, 1 ; Triginta tyr., 6. — On a douté de cette association (Prosop., I, p. 310), dont parle seulement l’Histoire Auguste, et on a considéré Victorinus comme un successeur de Postume : opinion qu’autorisent les témoignages concordants d’Eutrope (IX, 9), Orose (VII, 22, 11) et Aurelius Victor (De Cæsaribus, 33, 12), lesquels, d’ailleurs, placent Victorinus après Lélianus et Marius, tous trois copiant sans doute une source commune. Et il est de fait que les inscriptions ne mentionnent pas ces deux Augustes ensemble, que les monnaies ne montrent pas leurs images accolées, et qu’il n’est peut-être pas nécessaire de tenir compte des monnaies de Victorinus ou de Postume à la marque AVGG (de Witte, p. 66, n° 267, p. 112, n° 86, p. 116, n° 99 et 100). — J’ai préféré cependant m’en tenir au récit de l’Histoire Auguste : d’abord, parce qu’on ne s’expliquerait pas l’origine de ce récit, s’il n’y avait pas eu un règne simultané de deux princes ; ensuite, parce qu’il parait préférable de compter avant 268 les trois ans de règne de Victorinus. — Peut-être Postume a-t-il simplement toléré l’usurpation de Victorinus à Cologne, et accepté le parage de l’empire avec lui.

[53] Peut-être son préfet ou tribun du prétoire. — On a essayé d’en faire un général venu d’ailleurs avec de nouvelles légions.

[54] La date résulte du calcul suivant. Il est préférable de mettre en 268 la mort de Victorinus. Or, il fut trois fois consul (de Witte, n° 71). Ses trois consulats doivent donc se placer en 266, 267, 268. Comme, d’autre part, il parait avoir reçu la potestas tribunicia avant son premier consulat (cf. n° 68 b), il a pu être nommé Auguste en décembre 265. — Mais ces calculs, on le voit, ne reposent que sur de fragiles documents. Et si la date de 268 pour la mort est fausse, il y a un motif de plus pour faire de Victorinus le successeur de Postume, et le faire régner en 268-270 ou 267-269.

[55] Eutrope, II, 9 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 8 ; Orose, VII, 22, 11 ; Triginta tyr., 5, 1 ; 3, 7 ; 4, 1 ; Jean d’Antioche, fr. 152, Didot, IV, p. 598. C’est sans doute dans ses derniers jours de règne que Postume, dit-on, fit un Auguste de son fils, qui, du reste, périt avec lui (Trig. tyr., 4, 1). — Peut-être Postume était-il alors brouillé avec Victorinus.

[56] Imp. Cæsar M. Piavonius [Piaonius, Piavvonius] Victorinus Augustus.

[57] Soit, comme je le crois, qu’il ait été empereur dès la fin de 265, soit qu’il ait seulement, à la mort de Postume, partagé l’empire avec Lélianus.

[58] Victorinus fut aussi reconnu en Armorique (C. I. L., XIII, 8999, 9006, 9012), chez les Rèmes (9040), en Bretagne (Eph. epigr., VII, 1097 ; II, 1254 ; C. I. L., VII, 1160), régions où on trouve un nombre assez singulier de bornes milliaires à son nom.

[59] Imp. Cæsar Ulpius Cornelius Lælianus Augustus. — On peut supposer qu’il a été accepté quelque part en Espagne (de Witte, p. 119, n° 1).

[60] Trig. tyr., 5, 4. — On peut, sans certitude, rapporter à ces incursions des Francs en 268, et peut-être à une arrivée de Saxons par la mer, l’enfouissement des trésors de monnaies qui ne renferment que des pièces de Postume : trésors qui sont innombrables au nord de la Loire (Blanchet, Trésors, p. 39-41).

[61] Trig. tyr., 5, 4 ; de Witte, p. 119-120, n° 2-7.

[62] Trig. tyr., 5, 4. Vers mars 268 ? Il parait en effet difficile, d’après l’ensemble des titres de Lélianus, qu’il ait régné plus d’un an. Chose singulière ! l’épigraphie est muette à son sujet.

[63] Trig, tyr., 6, 3. — A moins de supposer, ce qui est fort possible, que Marius ait remplacé tout de suite Lélianus à Mayence, Victorinus restant empereur à Cologne et n’arrivant à l’empire unique qu’après la mort de Marius : ce qui pourrait être la version de l’auteur que suivent Eutrope (IX, 9), Aurelius Victor (De Cæsaribus, 33, 9-12), Orose (VII, 22, 11), et Jean d’Antioche, fr. 152 (Didot, IV, p. 598).

[64] La tradition racontait que la mort de Victorinus, l’adoption et la mort de son fils avaient eu lieu sub eadem hora (Trig. tyr., 7).

[65] On l’appelait Vitruvia sive Victoria ou Victoria sive Vitruvia, et il est possible que Vitruvia fût son nom de famille, Victoria son cognomen ou, plutôt, son sobriquet. Trig. tyr., 7 ; 6, 3 ; 5, 3 ; 30, 23 ; 24, 1 ; Claudius, 1, 1 ; 4 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 14.

[66] Trig, tyr., 7 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 12-14 ; Eutrope, LX, 9 ; Orose, VII, 22, 11 ; Jean d’Antioche, fr. 152. Vers mars 268 ? — Si cette date est fausse, on le fera régner de 267 ou 268 à 269 ou 270.

[67] Imp. Cæsar M. Aurelius Marius Augustus. — Trig. tyr., 5, 3 ; 8. Voir une autre tradition, qui fait de Marius le successeur de Lélianus [à Mayence ?] et le prédécesseur de Victorinus.

[68] Secundo die, Eutrope, II, 9 ; post biduum, Aurelius Victor, 33, 12 ; triduo, Triginta tyranni, 8, 1 ; Orose, VII, 22, 11. — On s’étonne à bon droit de cette brièveté de son règne, et on tendrait à le prolonger de beaucoup, vu l’abondance de son monnayage (Eckhel, VII, p. 454). Mais remarquons que cette période est peut-être, de l’histoire romaine, celle où le monnayage a atteint en Gaule sa plus grande intensité. Et on a pu, après la mort de Marius, frapper des pièces à son nom. Il n’est même pas impossible, si on accepte qu’il ait remplacé Lélianus à Mayence, qu’il ait régné plus longtemps dans cette ville et seulement deux jours à Cologne. — Comme pour Lélianus, les témoignages épigraphiques manquent. — Sur les efforts faits à l’aide des monnaies pour trancher la question des dates respectives de Victorinus et de Marius, von Sallet et Erman dans la Zeitschrift für Numismatik de Berlin, VI, 1879, p. 63-66, et VII, 1880, p. 349-351.

[69] Trig. tyr., 5, 3. — On l’appela cependant mater castrorum et Augusta, et la Monnaie de Trèves frappa en son nom des pièces d’or, d’argent et de bronze, quorum hodieque forma exstat (Trig. tyr., 5, 3 ; 31, 1-3 ; il n’en reste aucune).

[70] On disait que Zénobie souhaita de partager le pouvoir avec elle (Trig. tyr., 30, 23 ; Claud., 4, 4).

[71] En acceptant la tradition des écrivains anciens.

[72] Imp. Cæsar Caius Pius Esuvius Tetricus Augustus. — Mêmes noms pour son fils, qui fut fait Cæsar. — Le gentilice Pius est étonnant. De même, celui d’Esuvius, qui parait rappeler, non Ésus le dieu, mais la peuplade de Normandie les Esuvii. Tetricus est donc peut-être d’origine celtique. Ce qu’on ne peut dire d’aucun autre empereur romain.

[73] Trig. tyr., 24, 1 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 14 ; Eutrope, II, 10 ; Jean d’Antioche, fr. 152.

[74] Remarquez que l’avènement de Tetricus est, à quelques semaines près, contemporain de celui de Claude le Gothique (vers le 24 mars 268), qui marque également le réveil de l’autorité sénatoriale (Claudius, 18). J’ai peine à ne pas voir un lien entre ces deux faits. — Il est vrai que, si on place le règne de Victorinus en 268-270, il faut rejeter et limiter entre 270 et 273 le règne de Tetricus : ce qu’on pourrait également appuyer sur ce fait, que les monnaies de Tetricus ne citent que trois de ses puissances tribunices. Mais la mention de ces puissances est une chose si rare dans son monnayage qu’on ne peut en tirer argument.

[75] Trig. tyr., 24, 1 ; Eutrope, IX, 10 : Aquitaniam honore præsidis administrans absens a militibus imperator electus est et apud Burdigalam purpuram sumpsit ; Orose, VII, 22, 12 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 33, 14 ; Jean d’Antioche, fr. 152.

[76] Note précédente.

[77] Voyez tome V.

[78] Bien vu par Stein, R.-Enc., VI, c. 700.

[79] De Witte, n° 102-105 ; cf. n° 106, 109, 117.

[80] D’après le recueil de de Witte : Abundantia, Æquitas, Caritas, Felicitas, Liberalitas, Pax Æterna, Pax Augusta, les deux suivantes de beaucoup les plus fréquentes, Hilaritas et Lætitia.

[81] Cet éloignement du nouvel empereur pourrait expliquer la durée du monnayage de Marius.

[82] Il le semble d’après certaines monnaies (de Witte, n° 51-5) et un texte assez vague, cum multa Tetricus feliciterque gessisset (Trig. tyr., 24, 2).

[83] Il y eut un extraordinaire monnayage de bronze. — On répara un peu partout les routes : Normandie (C. I. L., XIII, 8977) ; vers Dijon (9041) ; Armorique (8962-70, 9000) ; Poitou et Limousin (8927, 8925) ; même, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps, Languedoc (Dessau, n° 561). — Tetricus fut reconnu en Bretagne (C. I. L.., VII, 823, 1150-1 ; Eph. epigr., IX, 1249-50).

[84] Les uns croyaient qu’elle mourut de mort naturelle ; beaucoup la dirent assassinée. Trig. tyr., 31, 4.

[85] J’accepte la version des écrivains, Victorinus mort en 268, Marius tué aussitôt, et Tetricus proclamé ensuite. Cela donne cinq ans de règne à Tetricus, 268-273. Les évènements d’Autun sont à la fois contemporains de Tetricus et de Claude (ici, les deux notes suivantes), le nom de Claude est prononcé à propos de Tetricus (Hist. Auguste, Claudius, 4, 4 ; 7, 5). J’hésite à croire que la mention VOTIS DECENNALIBVS dans une monnaie (de Witte, n° 174) n’indique pas le voisinage ou le début d’un second quinquennium. Pour ces motifs, il me semble difficile, mais non impossible, de ne placer son règne que sous Aurélien, de 270 à 273 (Stein, R.-Enc., VI, c., 703-4).

[86] Claudium ad recuperandas Gallias soli vocaverunt (Panegyrici, VIII [V], 2 et 4 ; IV [IX], 4). La présence à Grenoble, en ce moment, d’un détachement militaire (tendentes in Narbonensi provincia) sous les ordres du préfet des vigiles de Rome (C. I. L., XII, 2228), s’explique sans doute par l’envoi de troupes destinées au secours d’Autun.

[87] Panegyrici, ibid. — A vrai dire, le nom de Tetricus n’est pas prononcé dans cette affaire, telle que la raconte le Panégyriste d’Autun : mais il est difficile de ne pas la reconnaître dans ces scelera exercitus et seditiones multas dont se plaignait Tetricus. Et Ausone semble bien rattacher les évènements d’Autun à l’avènement des Tetricus, regnum cum Victorinus haberet, Victor et [incompréhensible ; ductor ??] in Tetricos recidit imperium (Parentalia, 6, 8-10).

[88] En tout cas après mars 268, date de l’avènement de Claude.

[89] Septem mensibus clausi ; Panegyrici, VIII [V], 4.

[90] Si du moins on accepte la correction Bagaudicæ pour Batavicæ (Pan., IV [IX], 4). Mais il peut s’agir de Bataves ou de Francs venus de l’armée de Germanie Inférieure : on sait les relations des empereurs gallo-romains avec ce pays ou ces peuples. On a aussi conjecturé Aquitanicæ, en songeant à l’origine de Tetricus.

[91] Cela peut être tiré de Panegyrici, IV [IX], 4 (resides aquas et novos amnes).

[92] Panegyrici, IV [IX], 4 ; VIII [V], 4 ; Ausone, Parentalia, 6, 8 et s. (il s’agit peut-être de proscriptions prononcées par les gens d’Autun eux-mêmes).

[93] Scelera (exercitus) ferre non posset, Aurelianus, 32, 3 ; seditiones multas, Eutrope, IX, 10 ; Triginta tyranni, 24, 2 ; Aurelius Victor, De Cæsaribus, 35, 4.

[94] Je crois que, dès son avènement, contemporain de celui de Claude, Tetricus a souhaité ce retour. Remarquez : 1° que Tetricus cause fort peu d’inquiétude à Claude (Claudius, 4, 4 ; cf. Zonaras, XII, 26) ; 2° l’absence assez fréquente, dans les monnaies de Tetricus, des mentions de consulats, puissances tribunices, etc. (apparaissent peut-être surtout vers le temps de la mort de Claude, en 270 ?, de Witte, p. 148-9, 179) ; 3° que l’Histoire Auguste s’acharne contre Victoria et non contre lui (Claudius, 1, 1 ; 4, 4) ; 4° l’insistance avec laquelle on l’a qualité de sénateur. — Je le répète : toutes ces singularités s’expliqueraient, si nous connaissions les négociations entre Tetricus, Claude et le sénat.