HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME III – L’EMPIRE DE PÉNÉTRATION LATINE (1081-1453)

 

CHAPITRE PREMIER. — CHEVALERIE BYZANTINE.

 

 

I. — BYZANCE ET SES VASSAUX DE CROISADE.

 

A la fin du onzième siècle, si mouvementé, le Pape Urbain Ier proclamait au Concile de Clermont, devant la multitude assemblée sur la place, une expédition générale des chrétiens catholiques pour la délivrance du Saint-Sépulcre. Des croix de drap rouge furent distribuées aux assistants, qui, saisis d'un enthousiasme religieux explicable par la propagande incessante que faisaient les Papes dans les derniers temps de guerre contre l'Empire, s'écrièrent : « Dieu le veut ! » (novembre 1095). Tel est au moins le récit « officiel », arrangé plus tard et employé comme incitation à la croisade.

Il n'y eut aucune organisation de ce mouvement. Le Pape s'était borné à en indiquer le but. Il ajouta une « indulgence générale » pour les croisés,[1] et leur promit la protection du Siège apostolique, ce qui produisit, dans cet âge de grande anxiété sur le sort des âmes, une forte impression. Un moine, Pierre l'Ermite, qui avait fait le pèlerinage de Jérusalem,[2] aurait été l'orateur populaire pour mettre en branle l'expédition[3] ; de fait il parcourut seulement une partie de la France mais il dut avoir des imitateurs. Le comte de Flandre, Robert, ancien pèlerin lui-même, avait promis à l'empereur byzantin un secours de ces bonnes lances françaises qui combattaient maintenant dans cette guerre turque et dans les autres que soutenait l'Empire. Il décida de revenir en Orient, et son exemple gagna le comte de Normandie, frère du roi d'Angleterre, son beau-frère Etienne de Blois et de Chartres et Godefroi de Bouillon, duc de Lorraine ; Hugues de France arriva plus tard, par Durazzo.

Le comte de Provence, Raymond, reçut d'une autre manière le nouvel évangile de la « guerre sacrée » : il l'écouta et parut en Orient sans en avoir averti le maître,[4] comme il en lut, du reste, avec la plupart des pèlerins ; il se refusera avec opiniâtreté à faire l'hommage, demandant qu'Alexis lui soit, par sa présence personnelle, un simple camarade ; à peine promit-il à l'empereur « la vie et l'honneur ».[5] Les autres croisés considérèrent avec envie la situation particulière qu'il s'était gagnée ainsi.[6] Mais Godefroi de Bouillon, puis Robert de Flandre ne tarderont guère à accomplir toutes les cérémonies de l'hommage.[7] Le point de vue exact de l'Empire envers les pèlerins en train de faire des conquêtes sur un Territoire qu'il n'avait jamais cédé, à personne, est noté par Foucher de Chartres, le plus acclimaté des écrivains de la première croisade : « C'était pour tous une nécessité que de confirmer leur amitié avec l'empereur, sans le conseil et l'aide duquel nous n'aurions pas pu mener à bonne fin notre voyage, et ceux qui nous ont suivi par ce chemin, pas plus. Et, en échange, l'empereur leur offrit de ses ducats et des pièces de soie autant qu'ils en voulurent, sans compter les chevaux et les subsides dont ils avaient grand besoin pour accomplir un tel voyage ».[8]

Bohémond ne pouvait manquer d'être de la compagnie : il était bâtard, et son père avait laissé son héritage à un fils légitime : il avait donc dû se contenter du titre de duc de Tarente et de la tâche de guerroyer au profit de son oncle Roger, qui venait de se saisir de la Sicile. C'était une situation impossible pour un homme de son tempérament, qui d'ailleurs était sûr que l'on pouvait toujours se tailler un royaume en Orient au dépens de qui que ce fût : l'empereur, les Turcs, ou même ses propres compagnons, les croisés.

Ainsi fut organisée une série d'expéditions ayant un caractère vraiment militaire, qui partirent lentement par la Hongrie, bien qu'elle dût tenir à conserver pour elle-même la croisade, ou par mer, après les grandes migrations de pauvres diables et de pillards, d'humbles, de déclassés, que conduisirent au début des chefs populaires entre lesquels Pierre l'Ermite lui-même, le Koukoupétros des Byzantins,[9] prend nécessairement la première place.

L'empereur byzantin, comme il n'y eut jamais de lettre exposant la détresse de l'Empire, n'avait pas demandé cela. A un moment où Alexis était sur le point de nettoyer les nids turcs de la rive asiatique, sur laquelle ils s'étaient fourrés, dans les temples et dans les églises, ce n'était pas contre les anciens auxiliaires prêts à servir qu'il aurait invité cet Occident toujours vu avec défiance, d'où venait plus de danger que de secours.[10] Le Botaniate lui-même s'était cru, du reste, assez fort « pour délivrer de Turcs l'Orient[11] ». Dans la lettre au comte de Flandre l'empereur ne pouvait pas se plaindre en même temps des Turcs et des Petchénègues, qui, ceux-là, étaient depuis longtemps au service de l'Empire.[12] Il ne pouvait pas vouloir les pauvres paysans venant chargés de famille, panoiki,[13] ni ces grands princes gênants, ni surtout l'ancien ennemi normand. A mauvais jeu cependant il tâcha de faire bonne figure. Très correct, il donna aux croisés, sans distinction de rang ou de provenance, le libre passage, des vivres et des guides. La gendarmerie petchénègue reçut l'ordre de défendre seulement les biens et les personnes des sujets de l'Empire. Dans les villes convoitées par Bohémond furent placées des garnisons.[14] Ceux qui demandèrent de passer sur des vaisseaux byzantins l'obtinrent, mais ceux qui s'approchaient trop des murs de Constantinople pendant le séjour que fit Godefroi aux abords de la Capitale, furent éloignés, naturellement, par la force. La flotte impériale croisa contre les pirates.

Après avoir demandé aux chefs le serment d'homme lige pour les conquêtes qu'ils voulaient faire en terre d'Empire, et seulement pour ces conquêtes, Alexis employa les plus grands efforts pour maintenir en même temps la paix chrétienne si la dignité impériale avec des hôtes aussi rudes que ces petits seigneurs de campagne qui ne voulaient pas quitter le Palais et osaient même s'asseoir sur le trône sacré des basileis, sur la chaise de Constantin le Grand, provoquant au combat singulier quiconque s'aviserait de trouver ces manières insolites et blâmables.[15]

Du reste les témoignages immédiats de ces hôtes indésirables sont concluants. Etienne de Chartres déclare avoir été reçu par Alexis « comme un fils » ; l'empereur est incomparable.[16] Après de longs mois de discussions et de conflits, il s'était enfin débarrassé de tout ce monde désordonné et tapageur ; les « comtes » avaient prêté le serment, Bohémond un des premiers qui aurait demandé le « domesticat de l'Orient[17] ». Alexis consentait aussi, à la façon de l'Orient, à les traiter comme ses « fils ».[18] Les premiers contingents avaient passé en Asie, avaient pris Xérigordon,[19] et n'avaient pas tardé à succomber bientôt sous les flèches de la première armée turque accourue sous les ordres d'un émir. Ce ne fut qu'au printemps suivant que les princes eux-mêmes se transportèrent en terre d'Asie. L'empereur les y suivit, et prit les seules mesures qu'il pouvait prendre dans sa situation : surveiller attentivement les opérations d'une armée qui excluait de toute manière sa collaboration et réclamer le cas échéant ses droits sur les conquêtes qu'elle pourrait réaliser.

Le grand nombre des lourds cavaliers armés de lances eut bientôt raison des Turcs de Nicée, qui perdirent leur ville. Le Sultan Khilidch Arslan avait conduit lui-même la bataille. Le siège de Nicée, qui conservait, d'après l'aveu d'Etienne de Chartres, « ses trois cents hautes tours et ses murs admirables[20] » et où se trouvait la Sultane, fille de Tzachas,[21] aurait traîné, sans l'intervention des Byzantins. Ils firent en sorte que la ville, perdue depuis trois quarts de siècle, leur fût attribuée,[22] les croisés n'ayant que la pleine propriété de leur proie.[23]

Après avoir atteint ce résultat, Alexis n'avait plus rien à faire avec les croisés. Ceux-ci allaient attaquer la Cilicie, la Syrie, et y créer des seigneuries franques que l'Empire devait considérer comme ses vassales.

Son devoir était cependant de tirer les conséquences de la prise de Nicée et de la défaite totale du Sultan à Dorylée, qui suivit immédiatement, et de reconquérir l'Asie Mineure, où la Smyrne de Tzachas, l'Éphèse de Mourad et de « Tangriberdi » (et, dans le voisinage, Chios et Rhodes) étaient musulmanes.[24] Dans ce but il devait épargner ses forces, fût-ce même contre cet honneur chevaleresque dont la notion n'avait pas encore été reconnue et adoptée dans Byzance, réaliste des ruses et des négociations tortueuses.

Les croisés, qui reconnaissaient pour leur chef ce comte de Blois qui est la plus belle figure parmi leurs chefs, arrivèrent, après de douloureuses épreuves, au milieu des montagnes glacées du Taurus, dans la plaine d'Antioche, ville encore récemment (jusqu'en 1084) byzantine,[25] où Isaac Comnène, son commandant, avait eu des démêlés avec le patriarche ; on y fabriquait encore des étoffes d'or, très prisées à la Cour[26] ; une plèbe de Grecs, de Syriens et d'Arméniens était prête à accepter n'importe quel maître entre ses murs encore debout : des exactions comme celles, récentes, de l'eunuque Nicomède, n'étaient pas faites pour gagner les cœurs flétris de cette population lâche.[27] La ville était riche en blé, vin et huile.

Toutouk, le chef de cette marche du Châm, venait de mourir, et le pouvoir était partagé entre les émirs de Damas, d'Alep, d'Antioche même, de Jérusalem, qui étaient poulies Francs de vrais « rois », et l'atabek, le « vicaire », Kerboghâ, qui représentait de la façon la plus nettement autonome, en Mésopotamie, à Mossoul, l'autorité du calife déchu.

L'armée chrétienne eut la ville, après de longs efforts, pour y être ensuite assiégée elle-même par l'atabek. L'envoyé grec était parti, le Sultan d'Egypte, que les croisés nommeront le Soudan, avait déclaré vouloir rester neutre.[28] La découverte, dans l'église de Saint Pierre d'Antioche, de la lance qui était l'un des instruments de la Passion du Christ, donna aux assiégés l'énergie nécessaire pour rompre la ceinture d'ennemis qui entourait la ville. Bohémond avait su se faire reconnaître la possession d'Antioche, que les croisés, écartant les droits de l'empereur, considéraient comme « l’héritage de St. Pierre ».[29]

Tancrède deviendra maître d'Édesse, l'ancienne conquête d'Héraclius, ville aux « trois cents églises », d'un grand passé et d'une importance particulière pour les Syriens, où fut remanié leur alphabet et où le patriarche Jacob traduisit les « deux livres du poète Homère sur la conquête de la cité d'Ilion », Byzantine entre 1031 et 1040, elle était envahie par une population arménienne que les Turcs y avait colonisée.[30]

Le légat du Pape, Adhémar du Puy, simple évêque de Clermont en Auvergne, était mort. Les autres croisés demandèrent à un miracle la prise de Jérusalem, et l'obtinrent, La ville avait beaucoup souffert de la persécution du calife égyptien Abou Ali al Mansour, qui, le premier, avait voulu unifier sous le rapport de la foi tous ses sujets et qui s'attaqua à l'église même du Saint Sépulcre (1010). Dès 1058 les Fatimides, qui, réconciliés avec le califat de Bagdad, avaient réussi un moment à voir leur nom mentionné dans les prières de cette capitale, s'étaient aperçus que dans la Syrie, où des usurpateurs gouvernaient à Alep, Jérusalem même devait leur échapper : des Arméniens commandaient au Caire, où la mère du Soudan était une négresse et un Juif avait été son tuteur ; un Turc s'était saisi même de la capitale en 1068. Le régime de l'Arménien Badr et celui de son fils al-Afdal Chahinchah continuèrent après l'avènement du calife Mostali, qui, au moment de la descente des croisés en Palestine, était aux prises avec le frère qu'il avait remplacé. Le « Soudan » assistera donc à la prise de la ville sainte sur ces Ortokides turcs dont la possession n'avait jamais été reconnue par le calife fatimide.[31] Le régime des Arméniens continuera ensuite avec le fils d'al-Afdal.

Le point de vue des Égyptiens apparaît, très net, dans Raymond d'Agiles. Ils n'entendent pas céder Damas et considèrent toute cette guerre comme tendant à faciliter l'accès des pèlerins. Aussitôt que les Turcs quitteront leur hérésie sounite, principale raison pour la haine du calife, et qu'ils accepteront sa monnaie et paieront le tribut dû, il y aura un retour, et l'Egypte livrera aux croisés la bataille d'Ascalon.[32]

De son côté, par égard à Jérusalem, Alexis offrit aux croisés de les accompagner jusqu'au bout, mais la conquête serait faite pour lui, et les pèlerins, une fois leur mission accomplie, repartiraient.[33] C'est-à-dire qu'on voulait traiter en simples mercenaires les « guerriers de Dieu ». Il paraît même avoir cherché à régler cette question à l'amiable avec le babylonien », et c'aurait été le but de la lettre qu'on lui mit à charge comme un acte de trahison.[34] Après un massacre affreux des Musulmans, il y eut un chef latin, bientôt roi, auprès du Saint-Sépulcre. Ce fut Godefroi de Bouillon, duc de Lorraine.

Des succès contre les armées égyptiennes assurèrent en quelque sorte ce lointain rejeton de la féodalité française, organisé, d'abord, tout à fait à la manière de l'Occident. Pour la protection des pèlerins, qui venaient sans cesse, en désordre, au grand désespoir des Impériaux, des Ordres de chevalerie furent organisés, comme une armée permanente du roi de Jérusalem des marchands de Pise voulurent, premiers parmi les Italiens, monopoliser à leur profit, sans s'adresser à Byzance, le commerce de la Syrie.

Pendant ce temps Alexis reprenait la côte anatolienne, brisant comme il a été déjà dit, le petit « royaume » de Tzachas et la principauté d'Éphèse. Quelques villes de l'intérieur, Sardes, Philadelphie, furent rattachées à l'Empire.[35] L'empereur vit avec plaisir la conduite de Raymond de Provence, qui crut devoir s'entendre avec lui pour organiser à Tripolis, fortifiée par le duc de Chypre, un nouveau comté franc, appuyé sur la Cilicie, que venaient d'envahir, une dizaine d'années auparavant, des princes arméniens, tributaires des Turcs, descendus de leurs montagnes.[36] Les Provençaux avaient Maraclée, Balanée, Antarade et prenaient pied, ainsi, dans la Phénicie.[37] A la mort de Raymond, le serment sera imposé à son successeur.[38]

Mais, en dehors du fait inquiétant que les croisés, comme Etienne de Chartres, considéraient leurs conquêtes dans la « Romanie » entière comme appartenant à Dieu,[39] et à aucun prince du monde, avec Bohémond, Tancrède et leurs alliés toute entente était décidément impossible. Ils se soumirent en quelque sorte ces Arméniens du Taurus,[40] dans lesquels Alexis ne pouvait voir que des rebelles, puis ils reprirent aux Impériaux Laodicée-Latikieh (1102). Les flottes pisane et génoise, qui venaient à leur secours, procédaient hostilement envers les Grecs, protecteurs de Venise, qui durent combattre contre ces vaisseaux de croisés.

A la fin il fallut frapper vite et fort. Les Byzantins entrèrent à Laodicée[41] et reprirent la Cilicie arménienne, pendant qu'un groupe de Flamands nouvellement arrivés poussaient, avec les Provençaux, jusqu'à Angora et Amasie.[42] Après quoi Bohémond s'enfuit en Europe pour dénoncer aux Occidentaux la « trahison » du basileus, pendant que son lieutenant, Tancrède, reprenait la guerre au Taurus.

Devant cette activité fébrile et désordonnée de la part de chevaliers qui ne connaissaient pas le pays et suivaient toute suggestion capable d'attirer leur avidité, l'empereur appuyait une résistance ferme sur l'île de Chypre, où il envoya tour à tour un Bardas, un Boutoumitès, jadis commandant à Nicée, un Philokalès Eumathios ; Marach, Korykos (Gorigos), le principal port futur de l'Arménie et Séleucie furent fortifiées.[43]

Pendant tout un hiver, l'empereur resta à Thessalonique,[44] guettant les mouvements de Bohémond, qui fut très fêté par les siens. L'ingouvernable Normand battit bientôt la flotte byzantine d'Isaac Kontostéphanos, qui devait lui couper le passage,[45] et arriva donc à Durazzo, où il brûla ses vaisseaux,[46] manifestant ainsi sa décision irrévocable de ne pas se retirer. Dans son armée, « il n'y avait pas une femme ».

Cependant, une petite guerre opiniâtre vint à bout de sa résolution et il dut conclure de sang froid un traité humiliant, qui le faisait homme lige de l'empereur. On put le voir dans la tente du basileus, par lequel il voulait être reçu en égal,[47] assis sur un siège bas, dans l'attitude d'un vaincu ; mais il en obtenait la Cilicie à titre viager, et reconnaissait que sa principauté latine n'était que la continuation à la franque du duché grec d'Antioche, qu'il détiendra désormais avec le grand titre de sébastos (1009).

Anne Comnène donne d'après l'acte officiel (septembre 1017) l'étendue de ses possessions, avec les stratégies des Turcs Ortach et Télouch, mais sans les domaines des Roupénides arméniens.[48] Elles pourront s'étendre jusqu'à Alep et aux environs d'Édesse, où la frontière est marquée avec le même soin, ce qui montre que pour Byzance toute occupation barbare était considérée comme purement passagère. Si le duché est seulement à vie, pour Edesse l'hérédité est admise. Un subside de 200 livres de « michaïlates » permettra au Normand de poursuivre ses conquêtes.[49]

Ainsi il comptait recommencer sa carrière en Asie, mais la mort le cueillit au milieu de ses préparatifs, en Italie. Tancrède, son successeur, acceptera le traité, mais plus tard seulement, et de très mauvaise grâce.[50]

La frontière du Danube avait été aussi rétablie, sur les traces d'Isaac Comnène,[51] contre une attaque coumane très sérieuse, en rapport avec les anciennes tendances séparatistes de ces régions, sur les deux rives du fleuve. De nouveau les vaisseaux impériaux traversèrent ses eaux. Les troupes byzantines attaquent l'ancienne capitale bulgare de Pliska, le Grand Preslav, Ozolimné, « le lac des Ouzes », la tour de Justinien, devenue pour ces Touraniens une « Koula » (la Turnu roumaine), Rhousion, qui conservait le souvenir des Russes, ainsi que Vitzina-Vicina sur le Bas Danube, pendant que des raids petchénègues brûlaient près de Constantinople l'église de St. Théodore.[52] La guérilla sera continuée sous Alexis et sous Manuel Comnène, qui, en guerre contre le chef couman Lazare, passera de Demnitzikos (Zimnicea) dans la direction des Carpates.[53]

Alexis, que la podagre rendait lourd,[54] crut devoir entreprendre alors une nouvelle campagne en Asie.[55] Malgré une victoire remportée sur Kilidch, qui était revenu, elle n'aurait arrivé à rien si le hasard d'une trahison n'aurait écarté le Sultan.

Jean (1118-1143), fils et successeur d'Alexis,[56] mais, non sans difficulté, car on voulait faire passer à sa place Bryennios, mari de la princesse Anne,[57] recommencera donc la lente conquête des villes d'Asie, mettant à profit les discordes entre les émirs et le nouveau Sultan. Kastémouni passa du côté des Impériaux. Mais, au lieu d'essayer une attaque d'Iconium-Konieh ou la fortification d'une nouvelle frontière, ce troisième Comnène s'en prit aux pauvres Arméniens de Cilicie qui, il est vrai, étaient maîtres des défilés de la Syrie. Les ayant soumis, il s'en prit à Laodicée[58] et se présenta devant Antioche, dont le nouveau prince, Raymond, gendre de Bohémond, fut contraint de lui faire l'hommage.[59] A Jérusalem le nom du basileus précédait dans les inscriptions ceux du roi qu'était devenu Godefroi et de son patriarche.[60] Traversant la plaine syrienne, Jean tenta même la reprise d'Alep.

Mais ses regards se portaient aussi sur ce nouveau royaume de Jérusalem, fondé « à la franque » sur l'idée que son souverain est le « vicaire de Dieu » et pas, comme l'aurait désiré Urbain II, un suppôt de l'Eglise romaine. Dans une nouvelle société, où toutes les nations de l'Occident, les marins de Gênes 1110), de Venise (1122) s'ajoutant aux autres, se rencontraient, se confondaient même parfois, avec les Syriens, les Arméniens, les Grecs, avec les Musulmans eux-mêmes, au moins par les relations d'amitié, le grec était sur les lèvres des Latins et sur les coutumes venant de l'ancienne législation byzantine tombée en folklore se grefferont maintenant les « Assises » de caractère féodal, la nécessité même du code écrit venant de la tradition « romaine ». Aussi la population mixte de la Syrie, trouvera-t-elle, sous le successeur de Jean, tout naturel que le duc d'Antioche paraisse tenant par la bride le cheval de son suzerain, le basileus, qui était pour eux, à Antioche, le maître d'hier.[61]

Jean, naturellement mécontent de l'attitude de tous ces Occidentaux nichés sur ses terres à lui,[62] rêvait maintenant d'un nouveau duché du Sud, composé d'Antioche, d'Attalie et de Chypre, qu'il aurait confié à son cadet, Manuel.[63] Transportant, comme à Gangres, les Turcs, il colonisait des « Romains ».[64] Il ne pensait pas à sa mort prochaine, qui l'atteignit au cours de cette expédition nouvelle, ni à la mort de son aîné et de son puîné, à l'absence du troisième fils, retenu à Constantinople, et à l'avènement de ce même prince Manuel comme empereur.[65]

 

II — L'EMPIRE DES BONS CHEVALIERS.

 

Si le but d'Alexis, du reste un « bon chevalier », avait été de « mater les ennemis sans combattre[66] », Manuel Ier est une apparition originale dans l'empire byzantin. Il est le fils d'une princesse hongroise, et son tempérament est absolument celui d'un Latin, jusqu'au costume, car il défend de porter la barbe.[67] Si Alexis déjà est présenté par sa fille, qui aime l'aventure chevaleresque pour elle-même, pour le cliquetis du glaive, cherchant à se faire personnellement valoir, si l’aqlitis gennaioz est pour elle un idéal masculin,[68] Manuel a au plus haut degré le sentiment de l'honneur, jusqu'à s'exposer au danger cent fois au cours d'une campagne pour faire hommage de ses prouesses à sa jeune femme allemande, Berthe de Sulzbach, — que d'ailleurs il trompe souvent[69] —, ou à sa seconde femme, une Latine, Marie, fille du prince Raymond d'Antioche.[70] La bénédiction de sa couronne est donnée par les patriarches de Constantinople d'Alexandrie et d'Antioche, et des jeux sont donnés au peuple avec des cadeaux en argent.[71]

Il change plusieurs fois de cheval pendant le combat et fait lui-même des prisonniers qu'il saisit par les cheveux, en fondant sur eux. Son coursier Arrimis,[72] car les chevaux arabes sont à la mode, est connu dans toute l'armée. Battu par les Turcs à Myrioképhalon, il rentre avec trente flèches fichées dans son bouclier, A la place de l'arc et des petits écus, de mode asiatique, il introduit les armes chevaleresques des Latins. C'est un grand chasseur et il introduit les joutes, le jeu de balle par des cavaliers (le polo) à la place des anciennes distractions orientales.

Pendant ses campagnes, il lance un défi aux Turcs avant son arrivée[73] : on le voit poursuivre l'ennemi l'étendard à la main et, changeant en chemin les chevaux ; il se saisit lui-même de tel Turc qui, l'ayant blessé d'une flèche au pied, veut s'enfuir.[74] On entend, au moment du danger, son cri : « En avant ». Il prétend monter le premier sur les murs d'une ville prise d'assaut et demande la faveur de tenir le drapeau.[75] Si on lui offre un écu à la place de celui[76] qu'il a perdu, il le refuse. Il se blesse dans une querelle, et on l'entend dire qu'il est honteux de quitter la bataille sans avoir versé un peu son sang pour l'honneur du pays.[77] Ne faisant pas d'autres distinctions que celles fondées sur la vaillance, il aura comme grand domestique un Turc, baptisé Jean, Axouch.[78] Rien ne lui est cependant plus odieux que de raconter ses exploits : bien que ces guerres trouvèrent des descripteurs par le pinceau, il n'a cependant pas eu de chroniqueur officiel.[79]

Il parle le tchèque,[80] même sans doute le hongrois, et probablement un peu le français et l'italien celui qui combat à la franque, envoie ces lettres de défi et n'abhorre rien autant que la fuite, malgré toutes les règles de prudence et les stratagèmes consignés dans les anciens traités sur l'art militaire et malgré l'exemple donné plus d'un fois par Alexis. Son frère partage ses sentiments[81] : au lieu de vouloir prendre sa place, selon la coutume byzantine, il lui offre de mourir pour lui dans la mêlée. Manuel est heureux de pouvoir combler de présents aussi ses ennemis, de pouvoir leur faire les honneurs de Constantinople. Suivant l'exemple de son grand-père, qui avait offert à Aboul Kassim des courses de chevaux, des spectacles de cirque au théâtre de Constantin et l'avait créé sébaste,[82] il y invite une fois même le Sultan Kilidj Arslan, auquel il offre des banquets, des spectacles de chevalerie, des distractions de toute sorte ; s'il n'y avait pas eu le patriarche pour s'en scandaliser, il l'aurait mené peut-être à Sainte-Sophie.[83] Devant cet hôte si rare il parait en habit romain, vêtu de pourpre, la chaîne d'or au cou, avec le vain Sénat autour de lui.[84]

En échange, il gagne de celui que déjà Alexis intitulait megalodoxwtatoz[85] un magnifique traité qui fait de cet ennemi dangereux « l’ami de ses amis et l'ennemi de ses ennemis », s'engageant à conquérir dorénavant pour le basileus, à lui soumettre tous les actes de sa politique extérieure, à lui donner des contingents en Occident même.[86] Mais, combattant avec l'argent byzantin, on ne voit pas le Turc tenir parole quant à ses conquêtes[87] qu'après l'intervention énergique de Manuel, qui envoya aussitôt 6.000 soldats dans ces régions. Sur les territoires obtenus ainsi l'empereur colonise des chrétiens, comme l'avait fait son père.[88] Un de ses beaux-frères est le César Roger de Capoue,[89] Normand, qui paraît avoir eu, à la nouvelle de la mort de son beau-père Jean, l'idée de se faire proclamer par les Latins de l'armée empereur à Constantinople ; Alexandre, comte de Gravina, est chargé à plusieurs reprises de missions importantes.

Même dans le passé de sa propre famille Manuel devait trouver des exemples de chevalerie. Un prince Jean, fils d'Isaac, provoque en combat singulier un Latin auquel, d'après l'ordre de son oncle l'empereur, il devait céder son cheval arabe ; comme ce combat lui est défendu, il aime mieux passer aux Turcs que vivre parmi les siens sous le coup de cette offense.[90] Marie, fille de Manuel, la Tzisména, est fiancée d'abord à un prince hongrois. Il fut question même de la marier au fils du roi Guillaume de Sicile, et elle devint enfin la femme d'un marquis de Montferrat.[91] Baudouin, le frère de l'impératrice Marie, combattit aux côtés de l'empereur à Myrioképhalon.

Toute la politique de Manuel, dessinant mieux la tendance qui s'affirme déjà sous Alexis, s'inspire de sentiments et d'idées qui ne ressemblent guère à ce qui régissait depuis six cents ans ce vieux monde byzantin, tandis qu'ils ne se distinguent en rien de ce qui forme la base, l'esprit, le but de la vie dans les fiefs d'Occident.[92] Même cette idée fondamentale de l'éternité, de la supériorité incomparable de l'Empire, forme naturelle du monde civilisé, se manifeste parfois d'une manière qui montre le caractère sérieux et profond du changement qui a été accompli.

Manuel ne veut plus reconquérir l'Orient ; il ne croit pas que ce soit son devoir de le tenter. Il aspire seulement à faire reconnaître partout et par chacun des maîtres de l'Asie morcelée ses anciens droits, incontestables, naturels, de souverain, dans la forme nouvelle de suzeraineté féodale. Cette suzeraineté lui suffit ; il n'entend pas aller au-delà.

Ainsi, il attaque aussitôt après son avènement Antioche,[93] le prince Raymond vient cependant à Constantinople et reconnaît sa dépendance : c'est tout ce qu'il fallait à celui qui allait être lui-même duc d'Antioche, s'il n'avait pas eu la fortune de devenir empereur.

Les Turcs des émirs d'Asie Mineure recommencent leurs pillages : Manuel s'en venge cruellement en faisant tuer tous ceux des leurs qu'il retenait prisonniers. Il frappe aux portes d'Iconium, envoyant un défi au Sultan et demandant qu'on lui fixe le lieu du combat ; il poursuit de railleries le Turc, qui s'enfuit, vaincu. La femme du Sultan avait déjà préparé des vivres pour recevoir les gens de « Roum », et on voit la fille de Massoud, qui avait épousé un parent fuyard de l’empereur, paraître sur les murs comme une jeune châtelaine et présenter des excuses au vainqueur, qui en ressemblait à Saint Georges de la légende devant la fille d'empereur : les Impériaux se contentèrent de ravager les alentours de la capitale turque, mais leur chef défendit de toucher au tombeau de la mère de son ennemi, et même aux autres tombes du cimetière musulman.[94]

Cependant, des renforts arrivant aux Turcs, les Byzantins furent battus. Mais Manuel refusa la paix qui lui fut offerte dans ces conditions. Il ne l'accepta qu'après une nouvelle campagne contre Iconium : la restitution des places récemment occupées par l'ennemi lui suffit. L'Arménien Thoros, du Tarse, se révolte : il bat le vicaire impérial et s'allie aux Turcs. Le nouveau prince d'Antioche envahit l'île de Chypre, la base de la domination « romaine » dans ces régions. C'est une offense. Manuel arrive, met en fuite Thoros ; il entre à Antioche, juge le différend entre Renaud et son patriarche, impose au prince un autre chef d'Église grec et somme le roi de Jérusalem de comparaître devant lui. Les Antiochéniens n'oublièrent pas de sitôt le spectacle splendide de l'entrée triomphale de cet empereur vêtu d'or, couronné, étincelant de pierreries, que précédaient, à pied, deux princes et qui avait dans sa suite le roi des Francs, simplement monté et chevauchant comme un chevalier quelconque.[95] Manuel resta huit jours à Antioche, et, pendant ce temps, en vertu de son droit suprême, aucun tribunal ne fonctionna auprès du sien. Le Soudan délivre des prisonniers et lui envoie des présents. Sur la route, les Turcs offrent des vivres.[96]

Bientôt l'empereur demanda à tous ses vassaux les contingents qu'ils doivent lui fournir, pour punir lés Turcs parce qu'ils lui ont pris Laodicée. Alors le Sultan se soumet ; il vient à Constantinople et goûte les plaisirs de la grande ville, où, pour lui, Manuel exhibe toutes ses pompes : la pourpre impériale, les ornements d'or, les pierreries de la couronne. Il éblouit le barbare et ses « mégistans ». Une grande réconciliation entre les dynastes d'Asie Mineure a lieu ainsi dans la Capitale impériale, qui est pour Manuel celle du monde.[97]

Quand le Soudan se montre félon, l'empereur chevalier descend en Egypte, touchant cette terre perdue depuis presque cinq cents ans, et, accompagné des Hiérosolymitains, ses vassaux, il met le siège devant Damiette, où le chroniqueur de ses exploits n'oublie pas de noter l'église de la Vierge, à la place où elle s'était reposée pendant sa fuite dans ce pays égyptien.[98] Lorsque les Turcs se soulèvent, en Asie, il marche en personne contre eux, au risque d'essuyer la honte d'une terrible défaite, celle de Myrioképhalon.[99] Mais pour un homme de cette façon la guerre ne peut pas s'arrêter là. Manuel fera malgré son âge une nouvelle campagne ; il est vainqueur cette fois, et conclut, la paix généreusement, sans rien réclamer.

Mais dans tout cela, à travers toutes ces cavalcades presque impossibles à suivre, il n'y a pas de haine. L'ensemble n'est qu'une brillante succession de tournois. Après Myrioképhalon, le Sultan envoie à l'empereur un cheval de Nisse aux freins d'argent[100] et une épée, et l'empereur répond par une somme d'or et un vêtement de pourpre. Manuel fit supprimer par l'Eglise la sentence contre le dieu de l'Islam,[101] mais sans épargner le Prophète et ses descendants. On se rappelle la lettre adressée par le « Sultan de Perse » à Alexis, demandant la fille de l'empereur pour son fils et offrant l'Asie Mineure et Antioche.[102]

Voici maintenant, un peu en arrière de ces événements, les chefs de la seconde croisade[103] qui arrivent ; Conrad, qui se dit empereur, et Louis, qu'on appelle roi de France. Ce sont des « barbares chrétiens » qui sont reçus selon leur qualité. Le Turc Prosouch les accompagnera, comme jadis les Petchénègues pour les premiers croisés, pour préserver les villages de l'Empire de leurs pillages. Si un différend surgit, et le sang est versé, le turcopoule marche, suivant ses ordres, contre Frédéric de Hohenstaufen, le neveu même de l'« empereur » occidental, Si des pluies mettent en danger ces hôtes acariâtres, aussitôt Manuel leur prête secours. Il invite Conrad à Constantinople, puis, comme celui-ci regimbe, il le bat, et le fait enfin passer le Détroit. De son côté le roi de France, Louis VII, est reçu au Palais, mais il doit s'y contenter d'un siège inférieur à celui de l'empereur vraiment « romain ». Encore une fois, Constantinople peut voir un hôte de distinction auquel on montre orgueilleusement la ville merveilleuse. En vain Odon de Deuil déverse-t-il son fiel sur cette capitale, une ville incomparable, où Godefroi de Bouillon avait révéré Alexis vêtu de pourpre et de brocart d'or.[104] Celui qui présente le beau parc au-delà des murs, ses grottes, ses lacs, ses villas d'été, qui s'arrête sur Sainte-Sophie, sur le Palais de Constantin, sur celui, en marbre, des Blachernes, tout enserré de murs, « avec de l'or et des peintures de tous côtés », relève sans raison, nouveau Liutprand, le caractère vulgaire de l'ensemble, la pauvreté des masses, le manque de sécurité : « Une ville sale, infecte et condamnée dans plusieurs quartiers à l'éternelle nuit. Car les riches couvrent les rues de leurs bâtiments et ne laissent aux pauvres et aux étrangers que des immondices et de l'obscurité. Les assassinats, les larcins et autres crimes qui fuient la lumière y sont fréquents, et il doit en être ainsi, car il y a presque autant de maîtres que de riches et de brigands que de pauvres ; chaque misérable a abandonné toute crainte et toute pudeur, car le crime n'est pas puni et les ténèbres sauvent quelqu'un de la vengeance publique ».[105] Les protestations anglaises contre la réception des croisés futurs[106] seront tout aussi peu fondées.

Lorsque Conrad revient, désabusé, il trouve une réception semblable, et des vaisseaux de l'Empire le portent en Terre Sainte comme un simple pèlerin. Lorsque Louis, à son retour, use de vaisseaux normands, il est attaqué sans scrupules par la flotte impériale.[107] Roger de Sicile, roi par la grâce du Pape, se fait roi d'Italie,[108] mais en même temps contrefaçon d'empereur byzantin, ayant sa chancellerie grecque et cultivant dans ses fondations l'art qui s'était formé en Orient,[109] avait demandé en mariage la fille de Jean Comnène pour son fils, dans des conditions d'égalité.[110] On la refuse. Son successeur Guillaume prend Corfou, se présente devant Monembasie, pille Corinthe, Eubée, Thèbes, et revient chargé de butin, ramenant de nombreux prisonniers, des ouvriers surtout et des fileuses de soie, qu'il établit dans son royaume.[111] L'amiral Kontostéphanos meurt en essayant de reprendre Corfou, qui sera cependant conquise.[112]

Les Vénitiens, qui veulent la Dalmatie, eux qui se sont querellés, puis raccommodés avec l'empereur Jean et que Manuel chassera bien vite de ses États,[113] ne sont plus les esclaves fidèles de l'Empire. Cependant il faut punir l'affront. Bien qu'une flotte sicilienne se fût présentée devant Constantinople, les vaisseaux byzantins, conduits par Manuel lui-même, vont reprendre Corfou.

Les Normands soulèvent alors le grand joupan serbe. Ce prince représente bien autre chose que ses congénères groupés sur la « Primorié », la « Maritime », en face de l'Italie et autour du Siège archiépiscopal d'Antivari. Une « joupa », celle de Ras, au bas des montagnes du Pinde, s'est émancipée et rassemble sous l'autorité d'une dynastie entreprenante tout ce qu'elle peut atteindre de terre serbe.[114] La suprématie byzantine est, naturellement, reconnue, et des guerriers de ce chef, Némania, combattront, avec leurs lances et leurs longs écus, contre les Hongrois du Nord, dont on verra bientôt les immenses progrès.[115] L'ivrogne Némania, qui se fait appeler, sous l'influence du voisinage hongrois, Etienne, alors que l'autre dynastie avait pris à la Rome pontificale le nom de St Pierre, a épousé la princesse « romaine » Eudocie, fille d'Alexis, qu'il laissera plus tard, pour des soupçons d'adultère, en chemise déchirée, selon les coutumes de sa nation, pour que son frère ennemi, Vlkan, la rapporte chez les Grecs de Durazzo.[116] La capitale d'Etienne fut alors brûlée par l'empereur[117] et Niche assurée à l'Empire.[118] On pense déjà à la Croatie et, plus près, à Cattaro, un port d'issue.[119] Dans une autre série d'expéditions serbes, Manuel aura à faire avec un Primislas, un Béloch, ami des Hongrois, un Désa, imposé par Byzance et qui prête serment à Niche. Ce dernier prince pense à un mariage en Allemagne et provoque ainsi la colère de son suzerain, qui se saisit de sa personne. L'« archi-joupan », dont l'autorité s'arrête à la frontière de la Bosnie,[120] a maintenant un patron assuré chez les Normands, mais ne les désire pas cependant dans son Balkan à lui.[121] On verra à Constantinople le même chef serbe demander le pardon, bras et pieds nus, la corde au cou.[122]

L'empereur, brûlant la capitale de ce rebelle, le contraint à se soumettre, s'engageant à envoyer le contingent de ses guerriers dans les guerres de l'Occident comme dans celles de l'Orient.[123]

Plus que cela, dépassant les limites de ce foyer byzantin des Balkans, des officiers impériaux se rendront, plus tard, contre les Normands, en Italie ; ils y rassembleront des mercenaires, prendront une place après l'autre, emploieront tous les moyens, et, s'ils finiront par essuyer une défaite, ce sera seulement après avoir épuisé et ruiné le pays de l'ennemi. Jusqu'au bout la flotte impériale restera intacte, à proximité du vieil ennemi irréconciliable.

Les Hongrois[124] avaient commencé par être, comme tous les autres barbares, des clients de Byzance. Après avoir pris aux Slaves du Danube moyen le système militaire et politique des voïvodes, et aux Avars celui des « bans », en slave « pan », ils cherchèrent à la Cour impériale les premiers convertisseurs. Comme Olga la Russe, qui y avait trouvé au même moment la vraie foi, deux chefs, Bolosoudès et Gylas (Gyula), y reçurent le baptême et apportèrent avec eux l'évêque grec Hiérothée.[125] Bientôt, sous l'influence des mêmes Slaves, leurs prédécesseurs, la nation eut un roi, qui d'après le kral morave, reproduisant le nom de Charlemagne, fut appelé kirâly. De l'armée conquérante, établie par bandes, on avait passé à la notion, d'origine franco-romaine, du territoire. La légitimité manquait encore : le Pape l'accorda à Vajk (de Vlk, slave, le loup), qui, pour être arraché à Byzance, comme on n'avait pas pu le faire pour Bogor-Boris, devint avec le baptême, sous le nom d'Etienne, roi apostolique, à mission de croisade. On ne saura jamais dans quelles conditions une nouvelle couronne byzantine fut accordée, pendant la fin de ce même onzième siècle, sous l'empereur Michel (1075), à un de ces rois chrétiens qui avaient eu à subir pendant tout un siècle la forte opposition des fidèles du vieux paganisme. Elle porte avec les portraits en émail de Michel et de son fils Constantin, celle du kral-kirâly Geysa, qui est qualifié de « Guéovitz le despote pieux roi de Turquie[126] ».

Mais, dès cette même époque, la royauté bénie par Rome remplaçait, après la mort du roi croate Démètre-Svonimir, la dynastie slave du Syrmium et se faisait couronner, avec l'assentiment d'Alexis Ier, pour la Dalmatie, par le clergé latin, à Biograd, la « cité blanche » de l'Adriatique.[127] Les rois hongrois ayant pris donc le titre de suzerains de la Croatie et de la Dalmatie, ils y ajouteront plus tard celui de « roi de Rama ». Les petits princes serbes du Danube et de la Bosnie préféreront leur appui à la tyrannie byzantine.

Déjà le troisième Comnène, Jean, s'était opposé à l'expansion de ces « Huns », employant le moyen habile d'abriter des prétendants comme Almos ; il finit par épouser la sœur de ce client, cette princesse de Hongrie qui devint la pieuse impératrice orthodoxe Irène, fondatrice du couvent du Pantokrator.[128] Pour s'en venger, le roi voisin attaqua Belgrade, qui ne put pas lui résister, et employa les pierres des murs pour se bâtir sur l'autre rive du Danube cette Zeugmé qui est le Zémoun, le Semlin d'aujourd'hui, destinée à être bientôt détruite par Manuel.[129]

Pour cette Dalmatie, pour le Syrmium, une guerre s'ouvre entre Manuel et ses parents de Hongrie. En vrai chevalier, il veut soutenir aussi la cause de ce membre de la dynastie arpadienne qui s'était réfugié dans ses États ; plus tard, il cherche à imposer le prince Bêla, qui a épousé la sœur de l'impératrice et porte, avec le titre de despote, le nouveau nom d'Alexis. Autour de Semlin, de Belgrade, de Branitchévo, et jusque par les lointaines vallées moldaves, habitées par les Roumains,[130] se produisent des attaques contre les Hongrois du roi.

Les princes russes de Halitch ont conclu, à cette occasion, des alliances avec l'empereur,[131] auquel ils restèrent fidèles. Car dans cette Russie chrétienne, fière de son église de Ste Sophie à Kiev, de son art d'emprunt, de sa bonne monnaie à inscription mi-slave, mi-grecque, autant que de la valeur de sa « droujina » militaire, l'Empire, qui se considère comme un suzerain, entend pénétrer aussi. On a observé avec raison que la politique du grand Comnène y reconnaît, après la création des nouveaux centres, comme ce Halitch et la lointaine Souzdal, des amis dans ces princes, et dans Kiev l'orgueilleuse une rivale, presque une ennemie, le grand knèze Vladimir le Monomaque se rappelant en 1116 du rôle joué en Bulgarie, un siècle auparavant, par Sviatoslav.[132] Sous Alexis encore, Mstislav, autre prince russe, aurait eu avec Byzance des rapports de parenté.[133] Le prince polonais qui combattit pour la possession de Kiev, le grand roi Boleslas Chrabry, avait feint jadis (1018) d'en faire hommage à l'Empire.[134] Au fond ce que voulait surtout Manuel ce fut d'empêcher la pénétration hongroise de côté des Carpates orientales, la prise de possession de ce qu'on a appelé en Occident « la Galicie », où le roi « apostolique » de Hongrie avait la mission de propager la foi latine.

Les anciens temps de la guerre des Avars pour la possession de Sirmium et de Singidunum paraissent revenir. Un duché de Niche et de Branitchévo fut créé pour défendre cette frontière,[135] où les narrateurs de la première croisade semblent présenter surtout, de Belgrade à Niche, des autonomies locales et, de fait, les Hongrois durent renoncer pour le moment à leurs rêves de domination sur le littoral adriatique. A chaque provocation de leur part l'empereur répondit par une nouvelle campagne.[136] Au gré de ces guerres de frontière les rois Etienne III, Ladislas et le partisan de Byzance monteront au pouvoir[137] et en descendront.[138] La guerre ne cessa qu'avec l'avènement de Béla, l'ancien despote et César Alexis, qui, lié envers l'Empire par le serment prêté au moment du départ, mari de la fille de Manuel, Marie,[139] fit cesser les incursions habituelles dans le Sirmium et la Dalmatie.[140]

Mais, pour comprendre cette politique à l'égard de la Hongrie, il ne faut pas perdre de vue l'origine hongroise par sa mère de celui qui, s'intitulant, à la façon romaine, « Hungaricus[141] », rêva de s'asservir la Hongrie entière, comme le voudra, partant de cette même Constantinople, Soliman le Magnifique, l'empereur osmanli. Ces prétendants qu'il abritait et soutenait c'étaient des parents dont il voulait faire ses vicaires, une espèce d'« exarques » couronnés. Et, en mêlant son sang avec celui des Arpadiens, il donnera à un André II des rêves de conquêtes en Orient.

Manuel joua même un certain rôle dans les affaires d'Italie, dans la lutte acharnée entre le Pape Alexandre III et le grand empereur d'Occident, un simple roi barbare d'après les Byzantins, Frédéric Barberousse. Il entretint une correspondance active avec les facteurs de ce conflit grandiose, envoya et reçut des émissaires ; à un certain moment, il mit une garnison byzantine dans la ville d'Ancône : c'est dans ce but que fut créé un « domestique de l'Orient et de l'Occident[142] ». Répondant à la visite guerrière des rois des Deux Siciles, il fit occuper, par de faux pèlerins, Bari, qui, comme punition, fut détruite par son maître, et il combattit pour Brindisi.[143]

On a cru à un échange de lettres avec Frédéric Barberousse, si empêtré dans ses guerres italiennes et parfois descendu au niveau militaire des villes contre lesquelles il combattait. Il faut voir un simple exercice de style dans celle, rapportée par Otto de Freisingen, où Frédéric aurait déclaré que ce « royaume de Grèce » lui appartient aussi. Il y eut, au contraire, une demande en mariage à Constantinople de la part de Frédéric (il s'agit de la fille du sébastocrator Isaac),[144] une autre, plus tard, pour son fils, et les « Annales de Cologne » prétendent que Manuel aurait demandé une princesse de ces régions pour son « petit-fils » Pierre. La nièce de Manuel, Théodora, fut demandée pour Henri, fils de Frédéric.[145]

Mais il y a de la réalité, beaucoup de réalité dans les négociations, plus politiques que sincères, avec le Pape. En fait de dogme, Manuel était complètement indifférent et demandait seulement que les clercs qui s'étaient pris de querelle veuillent bien s'apaiser, car autrement il convoquera un concile général[146] sous sa présidence avec participation du Pape.[147] Certaines personnalités politiques de l'Occident, même des cardinaux, crurent, ou plutôt feignirent de croire, que l'empereur de Rome la Nouvelle était le seul vrai. En tout cas, il devait être plus commode que l'autre pour les intérêts du Saint-Siège, auquel il aurait apporté le brillant cadeau et le gage rassurant de l'Union.[148] Cette intervention cependant, et ces projets ne pouvaient avoir qu'une très brève durée, car une réconciliation s'imposait entre les deux puissances suprêmes du monde latin, qui, malgré toutes les protestations des facteurs isolés ou intéressés, n'aimaient pas les « Grecs », peut-être aussi parce qu'elles ne pouvaient pas adopter leur point de vue, comprendre les conditions de leur existence et l'immuabilité d'un certain idéal.[149]

Pour accomplir une œuvre si vaste, Manuel employa non seulement les moyens militaires et financiers transmis par son père, si soigneux de ses « catalogues[150] » mais aussi ses propres créations. Des Serbes, des Hongrois sont envoyés contre les Turcs.[151]

Elle était donc très bigarrée l'armée du grand Comnène. Les races y étaient représentées sans distinction. L'empereur recourt jusqu'à des pèlerins qu'il trouva une fois à Rhodes.[152] La garnison de Thessalonique était composée même d'Ibères caucasiens et de ces Alains du Danube, parmi lesquels il y avait sans doute aussi des Roumains.[153] Dans les rangs des combattants contre les Turcs d'Asie on trouve des Latins et des « Scythes » du même Danube.[154] On rassemblait au moment du danger des Asiatiques, des « Paphlagoniens » et des paysans, de ces Rwmaioi opojoroi, qui seraient à titre d'« esclaves[155] ». Avec un empereur qui avait emprunté aux Hongrois leur Palatin,[156] il est explicable qu'on eût introduit les glaives des Latins,[157] en même temps que les barbares donnaient des drapeaux avec le dragon « à bouche d'airain » comme dans les armées du vieux roi dace Décébale.[158] On adopte, des Occidentaux, les longues lances et les boucliers larges. Une cavalerie à leur façon s'organise, dont Manuel ambitionne d'être lui-même le modèle, et dans ce but il ordonne ces joutes dans lesquelles un prince de la famille impériale, combattant contre un adversaire latin, perd un œil. Les grandes chasses de la Cour servent au même but. Des Latins, on imita jusqu'au costume.[159] Des τζουλούκονες, au nom étrange, fonctionnaient comme valets dans ces troupes envahies par des marchands d'Asie,[160] et il arrive parfois que ce ramassis se disperse de soi-même.[161]

Pour nourrir ces bandes de conquête dont les cavaliers avaient leur solde assignée sur des villages,[162] comme, plus tard, sous les Osmanlis, on recourait à des mesures d'une fiscalité excessive. Des registres d'une précision parfaite fixaient les revenus des fonctionnaires.[163] On distribuait aux mercenaires les « dons des parèques ».[164] Eustathe de Thessalonique, le panégyriste de Manuel, se plaint qu'on eût attaqué de nouveau, les biens de l'Église.[165] Au moment même où s'ouvrait la succession de Manuel on demandait à chaque maison comme « don de joyeux avènement » deux ducats (χρύσινοι).[166] Le « kapnikon » est si durement exigé que les gens de Corfou préfèrent se donner aux Normands.[167]

Mais ce qui anime tous ces éléments c'est un plaisir du danger, un sens de l'honneur qui n'existaient pas sous Alexis, quand les généraux vaincus pouvaient être fouettés ou promenés à travers Constantinople en habits de femme, à cheval sur un âne.[168] Le caractère religieux, même superstitieux, des campagnes a disparu : si on prend la bénédiction de la Vierge à Ste Sophie,[169] on ne verra plus, comme sous le pieux père de Manuel, la croix devant le char d'argent du basileus.[170] Et cependant c'est le même empereur qui apporte à Constantinople la pierre sur laquelle fut déposé le corps du Christ.[171]

Une flotte permanente devait stationner devant Bari, une autre vogue entre Épidame et l'Eubée.[172] Le Vestiaire Jean, un favori, qui porte des cothurnes verts, n'admet plus que les îles fournissent les vaisseaux et que les « straties de la marine » (πλεωστικα στρατεια) soient versées à l'Arsenal ; tout va au Trésor.[173] Appelés par un Normand, Basseville, qui voulait usurper le pouvoir, les Impériaux avaient occupé un château, y proclamant même le nom de Manuel. On était arrivé à entrer à Trani, à Giovenazzo, puis, employant les mêmes discordes normandes, à Montepeloro, à Gravina, à Monopoli et à San Germano. Tarente leur échappa cependant Mais cette tentative finit par la défaite, et le commandant byzantin Dukas resta même pris. Il fallut conclure une paix qui reconnaissait à Guillaume de Sicile le titre royal.[174]

Au fond cependant ce roi de Sicile qui se rêvait empereur n'était pour l'Empire qu'un vassal ne voulant pas se reg connaître comme tel. Les apparences étaient en effet dans ce sens.

Tel document grec accordé en 1132 à un couvent orthodoxe de son royaume par le « basileus Sikélias » (« Sikélias » est du reste ajouté au « Rougérios » θεο χάριτι), ne se distingue en rien des actes délivrés à la même époque par la chancellerie impériale de Byzance.[175] Les inscriptions sont en partie latines, en partie grecques. Bohémond II est tout aussi « byzantin » dans ses rapports avec ses fondations, à la même époque.[176]

Tout un monde d'églises, de skites se rassemblait à cette époque autour du centre de Carbona, sous la protection des Saints Elie et Anastase.[177]

Mais ce « latinophrone » doit tenir compte d'une opinion publique qui continue à être contre ces Latins, concurrents dans tous les domaines. On reconnaît ce sentiment dans les appréciations sur les armées de la seconde croisade, entreprise, dit Cinnamus, « pour piller au passage la terre des Romains ». Ces ‘Αλαμανο , ces Γερμανο  de Conrad ne sont au fond que des « barbares », capables de brûler les maisons des malades et les églises. Conrad aurait promis à son hôte byzantin, avec la main de sa parente, l'Italie comme dot.[178] On se moque des pèlerins de l'Occident, des mendiants, des clercs qui les accompagnent, des « moines qui ne sont pas des moines » (μόναχοι μόναχοι).[179] L'empereur d'Occident est aussi peu empereur que ses vassaux des rois ; de fait le maître du faux empereur c'est le Pape.[180] Les femmes à cheval qui accompagnent la seconde croisade effarouchent la pudeur byzantine.[181] Et, bien entendu, les Occidentaux leur répondront de la même façon.[182]

On entretient les anciens sentiments à l'égard des Vénitiens. Ce sont pour Cinnamus des rebelles, violant les traités, des esclaves révoltés ; leur orgueil envers les Grecs de Constantinople n'épargnait pas des sébastes. Ne se riront-ils pas de l'empereur lui-même en le présentant plus tard sur une des galères de combat comme une espèce de nègre ?[183] Aussi l'opinion publique approuva-t-elle la mesure de Manuel qui les expulsa de tout l'Empire.[184] Mais ils armèrent une flotte, prirent Chio, descendant en pillards à Rhodes, à Lesbos, et attaquèrent la ville de Tyr ; ils parurent à l'Euripe.[185]

L'empereur dut admettre leur retour. Mais ce sont les mêmes qu'auparavant. Ils en arrivent à frapper les Constantinopolitains ; ils dépassent même les limites de leur colonie et, épousant des Grecques, paraissent tendre à monopoliser les affaires, se confondant avec les vrais sujets de l'empereur. Ils veulent chasser leurs concurrents génois et démolissent leurs maisons. Ils sont si nombreux que, lorsque Manuel veut les en punir, les emprisonnant, il faut prendre aussi les couvents, et à peine peut-on les contenir. Ils s'échappent en partie. Pensant à une guerre, ils savent que leur vinaigre préparé d'une certaine façon peut éteindre le feu grégeois, Ils croient pouvoir compter aussi sur les Serbes et s'unissent aux Impériaux d'Occident contre Ancône.[186]

Avec les Latins en général les anciens sentiments d'aversion continuent. Nous avons vu de quelle façon ils avaient été servis dans la « Panoplie » de Zygabénos, dans les œuvres de Théophylacte le Bulgare. Et cependant on négocie avec eux, sans cesse, aussitôt que les intérêts politiques, les seuls qui décident, l'ont commandé. Ainsi, lorsque Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, lui-même, demande, vers 1122-1126, à Jean Comnène et même à son patriarche constantinopolitain leur secours pour les nouveaux États francs de Terre Sainte, on se rend mieux compte de la valeur très relative des ruptures et des excommunications.[187] Et presque au même moment la doctrine orthodoxe sur la procession du Saint Esprit était défendue contre l'archevêque de Milan, Pierre Chrysolanus, par Jean de Phurnes.[188]

Cependant la continuelle campagne contre les Latins a fait la réputation de cet évêque de Méthone (Modon), Nicolas, admirateur de Manuel, dans l'œuvre duquel on vient de découvrir la large part de découpage et de plagiat.[189] Ce qui n'empêche pas encore un concile de dogme, en 1157 (contre Sotérios),[190] puis celui de 1166, quand on discute aussi les opinions de Constantin de Corfou et de Nicétas l'Acominate,[191] ainsi que celles d'Andronic Kamatéros, auteur d'une « Hoplothèque sacrée[192] ».

Cette politique sera brisée par la mort de Manuel, par la succession d'un enfant, son fils Alexis, par l'usurpation de son parent Andronic, par l'avènement de la dynastie des Ange, Isaac, Alexis, le jeune Alexis, et par l'établissement à Constantinople des croisés latins en 1204.

Avant de poursuivre ces événements il nous paraît utile de fixer le milieu d'esprit dans lequel ils devaient se passer, en examinant la littérature de l'époque.

 

III — MOUVEMENT LITTÉRAIRE SOUS LES COMNÈNES

 

Le règne d'Alexis Comnène fut, en même temps qu'une série de luttes, une époque de recueillement culturel. On voit, à côté d'autres établissements de bienfaisance, comme les hôpitaux,[193] des écoles qui s'élèvent, comme celle pour les enfants étrangers et pauvres. L'εγκύκλίον domine l'éducation.[194] La personnification même de cette civilisation de la fin du onzième siècle est, du reste, Anne Comnène, la fille si douée, mais si ambitieuse, de l'empereur dont elle conserva fidèlement la mémoire.

Certains des lettrés parmi les clercs byzantins de cette époque ne sont connus que par des dialogues, par des discours, comme celui de Basile d'Ochrida, archevêque de Thessalonique, à la mort de la « dame des Allemands » (δεσποίνα τν ‘Αλαμάνων), l'impératrice Irène,[195] par des vers, comme ceux de Jean Apokaukos, archevêque de Naupacte,[196] par des lettres comme celles de Georges Bardanès, Métropolite de Corfou,[197] par des travaux de jurisprudence, comme en rédige Jean Comnène, chef de l'Église bulgare.[198] Ainsi qu'on le voit le moine vivant dans le monastère ne donne plus rien, et la fabrication, même la moins sincère, des Vies des Saints a cessé.[199]

C'est plutôt avec cette tendance vers l'abstraction qui persiste à côté de celle des grandes entreprises chevaleresques d'un Manuel Comnène, lequel cultive plutôt l'astronomie, dans le sens byzantin, superstitieux, du mot, qu'il faut attribuer les grands travaux d'érudition et de technique littéraire qui seront accomplis dans la seconde moitié du douzième siècle.[200] Tel, avant tous les autres, le grand effort de Jean Tzetzès, un Caucasien (mort après 1158), poète et épistolographe, qui s'amuse, dans ses « Iliaques », à mettre en vers nouveaux le poème homérique pour l'interpréter ensuite dans les « allégories » : il peine pour donner des commentaires à des auteurs comme Lykophron et compile les douze mille vers des « Histoires » ou des « Chiliades » ; ses seules lettres ont un intérêt d'actualité.[201] Eustathe de Thessalonique même, qui écrit un opuscule pour la réforme de la vie monastique, s'appliquera à montrer son savoir en commentant le même Homère, mis à la mode peut-être aussi par le nouvel élan guerrier de la société byzantine, car dans Manuel il y aura aussi un reflet d'Achille, comme dans Alexandre le Grand qu'évidemment il chercha à imiter.[202]

Mais ce clerc, archevêque de Myre, puis de Thessalonique, cet auteur d'homélies et de recommandations pour la vie monacale, du dialogue Théophile et Hieroclès, en 1175, qui commenta aussi Pindare, fut en même temps un poète, comme dans la prière de la sécheresse, dans les vers pour la mort de l'empereur Manuel ou pour sa propre expulsion de la résidence thessalonicienne, et, à telle heure douloureuse de sa vie, avec le spectacle de la ville envahie par les Normands, un historien.[203]

Un rythme élégant, un ton biblique et, on pourrait le dire aussi, un sentiment réel, venant de l'érudition laïque, des qualités rares, distinguent ce beau discours de Basile d'Ochrida sur la mort de la femme de Manuel Comnène :[204] le voyage par mer, l'accueil chaleureux des populations, la visite des époux à Thessalonique sont présentés dans une forme qui intéresse, et touche même.[205] De même, le rhéteur qui magnifia les triomphes de Jean Comnène, nouvel Alexandre, sur les Gètes, les Massagètes, les Daces et les Scythes, les Ciliciens, les Isauriens, les Pamphyles, les Perses, les Assyriens et, en Europe, « les Dalmates, les Nomades », vivant sur leurs chars, du côté du Danube (les Coumans), touche, mêlant Homère à Hérodote et Tarquin à Salomon, à peine son sujet ; cependant la description de l'entrée du troisième Comnène à Antioche mérite un regard, bien que l'orateur n'eût pas assisté à la scène mémorable.

On reconnaît cependant le courant vers une littérature en langue parlée dans la forme de cette plainte contre les pillards normands à Thessalonique qui est due à un homme aussi savant que le Métropolite Eustathe.[206] On y trouve, du reste, le même personnalisme, la même vivacité, la même passion que dans les autres écrits de cet écrivain. Aussi la même poésie que celle qui, dans l'éloge de Ste Philothée, parle des abeilles qui « développent leurs ailes dans les vergers », ne s'arrêtant pas à une seule fleur.[207] C'est un homme qui se plaît à décrire les régions, comme pour le thème d'Opsikion, à interpréter d'une façon ingénieuse les noms. Il parle avec une profonde compréhension de l'agriculture : « sur la mer l'activité est surajoutée et peu sympathique pour ceux qui veulent vivre longuement et sans dangers, alors qu'on aime la terre comme une mère, car elle aime aussi et embrasse ceux qui travaillent pour elle ».[208] Il est animé d'un sentiment élevé pour sa patrie et pour la civilisation lorsqu'il écrit : de même que l'Océan a ses monstres, « cet autre océan, de la vie, a les peuples barbares, les hommes de la guerre et du sang, les ennemis de Dieu[209] ». Il y a comme une sociologie chrétienne dans ses considérations sur ce qu'on doit au magistrat.[210]

De fait, ce onzième siècle est partagé entre deux tendances : celle vers les besoins de la vie actuelle et celle qui s'en détache pour chercher les modèles de l'antiquité (Eustathe lui-même expliquera Pindare). La première a des attaches avec la popularité de l'Occident ; l'autre vaincra plus tard dans le refuge asiatique de Nicée.[211]

Mais ce que l'Église byzantine de cette époque a donné de plus noble dans la pensée, de plus distingué dans la forme, de plus classique par l'éducation et de plus « moderne » pour le sentiment c'est l'œuvre, récemment exhumée et mise en valeur, de Michel Akominatos de Chonai, élève d'Eustathe de Thessalonique, dont il plaignait la mort. Contemporain, adulateur pendant la vie, critique après la mort, de tous les empereurs de son époque avant la catastrophe de 1204, à laquelle il devait survivre, il écrivit jusqu'à sa mort dans la retraite de l'île de Kéos, vers 1220, après avoir détendu contre les appétits de l'usurpateur Léon Sgouros cette petite Athènes « barbarisée » dont il était devenu archevêque. En lisant ses discours prononcés devant la ville chantée par lui dans des vers qui sont beaux, ayant parfois tout le parfum antique, on peut oublier le sujet, qui est la contrition ou le jeûne ou la façon de célébrer les fêtes, pour apprécier seulement cette langue claire et douce, cette attitude souriante qu'imposent le ciel de la cité admirable et les souvenirs partout visibles de l'antiquité. L'eurythmie hellénique distingue les épîtres dans lesquelles il est question du roi Salomon et des ruses de Satan. Si le prédicateur critique les rapports défendus avec les femmes d'autrui, — μ βλέπεις κάλλος λλότριον ! — il recommande cette bonne vie de famille dont on voit la calme image sur les sarcophages du passé païen ; ces autres femmes il ne faut pas même les regarder, car le pieux archevêque sait que voir et désirer, ρν κα έρν, est au fond la même chose. Et il recourt, en rappelant David et Holopherne, qui ont péché, aux exemples de la petite semence qui donne l'arbre puissant, pour avertir contre ce qui peut sortir pour l'âme d'un regard ou d'un geste. Ceci malgré le principe qu'il doit recommander comme évêque : la purification par les larmes et par les jeûnes.

S’il se rapporte toujours aux personnages de la Bible, ils en perdent un peu la triste austérité. Mais il montre savoir aussi ce qu'ont été les rois de l'Orient dont parle Hérodote et il sent un vrai plaisir à mentionner le Céphise et l'Hisse, qui lui disent sans doute des paroles qu'il entend et des choses à se boucher les oreilles. Il montre un profond respect à la cité qui a donné au monde la plus belle des civilisations et il se sent heureux d'avoir devant les yeux l'Acropole, dont il se rappelle la vieille gloire.

Son vrai sentiment, celui que recouvre l'enseignement de l'Église, surgit lorsque le chef de la communauté spirituelle d'Athènes, déjà si diminuée de son ancien caractère vénérable déplore les souffrances que lui ont infligées ces « Lombards », ces « pirates », « le peuple le plus ennemi et le plus cruel de tous les barbares », capable de tout s'approprier et de tout détruire. Les épreuves auxquelles sont soumis ceux qui fuient devant la persécution sont rendues avec des accents qui viennent visiblement de très loin, et l'image de la femme portant sur ses bras le nouveau né qui se laisse mourir au bout de ses fatigues est d'une humanité dont on aperçoit facilement la source. La plainte pour cet enfant qui n'a pas pu vivre est particulièrement touchante : « O enfant, enfant de ma douleur, enfant venu malheureusement à la lumière comme tu n'aurais pas dû l'être, non pas pour vivre et être utile à ta mère, mais pour rencontrer la mort en même temps que la naissance et périr au même moment que ta venue au monde... A peine as-tu vu la lumière libre, et la nuit du départ t'a recouvert ! ». Il montre les survivants de la conquête barbare promenant par les rues leurs visages mutilés, leurs corps ensanglantés. Il demande à Dieu que lui, le pasteur de ce troupeau malheureux, puisse souffrir seul pour racheter ses ouailles. Il pense à ce que diraient les glorieux Athéniens de Thémistocle, qui ont résisté à la flotte du basileus de Perse en voyant qu'un groupe d'embarcations de corsaires, sortant du refuge de Salamine et d'Égine, du Pirée, devenu leur repaire, ou descendant des montagnes, a été capable de prendre et de profaner leur ville fière.

L'archevêque d'Athènes ne devait, du reste, même après avoir pris sa retraite, jamais quitter cet horizon athénien où il avait apporté une âme de clarté et d'amour.[212]

Lorsque la pensée de Michel l'Acominate se dirige vers les temps où florissait Athènes dans sa gloire classique, on se rappelle le culte des anciens souvenirs de la Thessalie qui distingue l'hommage rhétorique d'un moine inconnu, ayant dû recevoir une forte instruction hellénique, adressé à la mémoire de Photius, archevêque, à Thessalonique, du temps de l'empereur Rhomanos Lécapène,[213] pour ces mêmes Thessaliens. Il est question aussi, comme terme de comparaison, des jeux de l'Hellade. La situation de Thessalonique près de l'emplacement d'Amphipolis, de Pydna, de Potidée est exaltée par ce bon connaisseur du passé. Les guerres des Bulgares contre l'empereur paraîtront dans ce langage archaïsant comme des entreprises des Mysiens contre le basileus des Ausones. Si on pense que l'auteur mentionne le malheur qui a atteint ces régions on se trouve porté à attribuer à ce petit écrit la même date : conquête par les Lombards de Boniface.

A côté de Michel Acominate on peut placer aussi la figure, récemment reconstituée, d'un Euthyme Malakès, écrivain dans le même genre.[214]

Mais dans la province végètent des écrivains solitaires, comme ce Néophyte de Chypre qui fut aussi un poète, Dans la caverne de sa Nouvelle Sion ce bizarre ermite avait voulu créer une autre forme de la vie monacale. On s'imagine combien son esprit strictement orthodoxe et local se tourne indigné contre cet établissement des Francs en Terre Sainte qui lui était une profanation. On se demande comment dans son abri dont n'auraient pas voulu les bêtes il a pu composer ces panégyriques, ces lettres, ces interprétations et ces canons,[215] ces notes biographiques dont il aime à parler et auxquelles on a trouvé un charme de naïveté.[216]

Les historiens ne peuvent pas manquer pour un pareil tumulte guerrier, continué pendant tout son siècle. Il y en a de toute façon, mais tous devant, plus ou moins, tendre vers l'héroïque.

Le siècle s'ouvre par l'histoire universelle de Jean Zonaras, arrêtée en 1118, parce que l'auteur, qui a écrit aussi une exposition des canons et des consultations juridiques[217] ne trouve « ni nécessaire, ni convenable » de dépasser la date de la mort d'Alexis Ier. Pour le passé, cet ouvrage qui emploie Hérodote, la Cyropédie de Xénophon, directement ou par son prédécesseur au onzième siècle, Jean Xiphilin,[218] Dion Cassius, qu'on connaît en grande partie par lui, Plutarque, pour passer ensuite, par dessus les « Antiquités judaïques » de Josèphe, à Eusèbe, offre un grand intérêt, aussi parce que celui qui s'est proposé seulement d'abréger, de rattacher et d'harmoniser, est un savant formé à la bonne école. Mais dans la « petite île » de sa retraite, qui n'est pas nécessairement un couvent, l'ancien officier et secrétaire impérial se garde bien de revenir à la politique, qui probablement avait amené son exil, amèrement goûté, et pour son époque il ne fait que rendre le récit et l'opinion de ses prédécesseurs, jusqu'au plus récent, Skylitzès. Ce vieillard ne correspond comme direction d'esprit ni à la poésie farcie d'érudition de la princesse Anne, ni aux chantres de campagnes et de batailles. Du reste, il se défend même d'avoir voulu écrire une histoire dont la charge lui aurait été imposée par des amis auxquels le vieux Malalas paraissait naturellement trop vulgaire.[219]

La préface de Zonaras est toute nouvelle et hautement intéressante. Elle montre une individualité consciente d'elle-même, qui ose s'expliquer. Sollicité par ces amis, dans sa retraite, à écrire un ouvrage d'histoire, il déclare ne vouloir pas produire quelque chose d'inutile aux lecteurs en racontant des batailles, en rédigeant des discours. Il ne veut pas non plus donner des résumés sans vie et il dédaigne le langage des vulgarisateurs. Il promet donc une histoire universelle, brève, il est vrai, mais intéressante.

Dès le commencement, il ajoutera à l'histoire sainte des étymologies sémitiques et mêlera des extraits de Josèphe au témoignage de la Bible, Le passage de l'Ancien Testament à l'histoire des Perses est habilement ménagé. Les sources ne paraissent jamais, bien qu'il eût annoncé une compilation. Revenu aux Hébreux de Hérode, Zonaras passera aux Romains dans leurs rapports avec la Palestine pour commencer son septième livre avec la légende d'Énée et poursuivre par l'histoire de Rome pour elle-même : des vers de Sophocle y sont mêlés à l'histoire de Pompée ; Euripide paraîtra ensuite, à côté de Dion Cassius et de Plutarque. L'Histoire du christianisme est intercalée çà et là, sans que la vie de Jésus eût occupé la place qui aurait dû lui revenir dans une autre conception. La partie qui concerne l'histoire byzantine paraît brève pour devenir plus large à l'époque de Maurice, avec des laits nouveaux, A partir de la mort d'Héraclius souvent, on a, jusqu'à Théophile, une source de tout premier ordre, basée sur des récits contemporains ; Zonaras ne les quitte que pour se lancer dans une diatribe contre l'iconoclasme.

Après la mort du Copronyme, on sent des notes contemporaines, non reliées ensemble pour que le récit redevienne unitaire avec le règne d'Irène et surtout de ses successeurs : Platon et Théodore sont présentés, malgré le caractère sacré que leur attribue la tradition, comme des ambitieux.[220] Il y a une note personnelle lorsque le compilateur dit ne donner qu'un avant-goût de tout ce qu'il connaît.[221] Aucune critique n'est épargnée à Nicéphore, dont la mort sous les coups des Bulgares est considérée comme un événement heureux. Une large part est accordée constamment aux choses de l'Église, Zonaras étant un ennemi furieux des iconoclastes. Basile aussi est jugé sans trop de sympathie : ses origines humbles ne sont pas cachées, Pour le règne de son fils Léon, la source est visible : un écrit polémique contre Samonas, l'« Agarène », l'Arabe, favori de ce prince ; tout ce qui le touche est largement raconté. Le récit se tourne ensuite contre l'usurpateur Rhomanos ; au contraire il n'y aura que des louanges pour Nicéphore Phokas, l'autre usurpateur. Mais c'est pour Tzimiscès que commence le péan, alors que Basile II est traité d'un esprit critique. Cette époque une fois dépassée, on se trouve enfin devant le texte de Psellos, avec tout ce qu'il contient et recèle de descriptions alambiquées, de portraits artificiels, d'intrigues de Cour.

Bientôt un compilateur se présenta pour employer ce récit d'une impersonnalité générale voulue. Mais le condamné politique,[222] « aveuglé » par ordre de Manuel Comnène, qui fut Michel Glycas est avant tout un théologien et un écrivain populaire. Il a osé interpréter les passages difficiles de l'Écriture, et tout ce qui touche à la religion est, jusque dans la brève histoire qu'il a rédigée lui-même, son faible. Et, en même temps, il est dominé par un esprit vulgaire dont nous connaîtrons dans la suite le créateur et celui qui, par lui-même et par ses nombreux imitateurs, imposa le genre à une société qui n'était pas prise toute entière par la fureur des batailles. Son malheur l'amène à pleurer sur le seuil des puissants, comme Théodora, la nièce de Manuel, et on comprend combien peu il avait la liberté de juger les événements : c'est pourquoi lui aussi ne dépasse pas la mort de l'empereur Alexis. Il laissa donc une œuvre dans laquelle les Pères de l'Eglise sont à côté du « Physiologue » et les proverbes qu'il avait recueillis expriment la « moralité » des événements historiques.[223]

Cette œuvre bizarre de Michel Glycas réunit aussi l'histoire naturelle, mise en rapport avec la création du Monde, aux récits de la Bible. Le Buffon byzantin montre un intérêt très vif pour tous les problèmes de la vie des animaux. Les lecteurs durent dévorer ces pages, d'une si attachante lecture. Car c'est un homme qui a étudié lui-même les bêtes, qui les comprend et les aime : on sent bien l'origine occidentale de ce Sicilien. A chaque moment le narrateur se rapporte à l'homme et même à ses rapports avec la divinité. De longues explications théologiques accompagnent l'apparition du Adam et une tentative d'explication plus libre s'attache au témoignage des Évangiles. Constantin le Grand est présenté rapidement, contre toutes les coutumes de l'historiographie byzantine et Justinien n'est pas mieux traité : les quelques pages qui lui sont consacrées regardent surtout la fondation de Ste Sophie. Dans la suite les accidents sont préférés à l'histoire politique ou religieuse : Glycas déclare que sa source est, à partir du neuvième siècle, Skylitzès.

Les lettres du même n'ont rien de contemporain : elles forment de petits traités de théologie[224] et on y trouve aussi la discussion du problème si le ciel est ou non rond.

Si, Cédrénus n'a fait que récrire la chronique de Skylitzès, les événements des deux règnes après celui d'Alexis restaient encore sans historien.[225] Il faudra que l'histoire de Manuel soit racontée, avec un bref coup d'œil sur le règne de son père, par un secrétaire ayant accompagné à travers les vallées de l'Asie Mineure son maître, C'est Jean Kinnamos, auquel la seule vis pœtica manqua pour avoir pu nous donner non seulement des Mémoires de guerre d'un civil à l’arrière-garde, mais, pour le grand Comnène, l'épopée correspondante à celle qu'Anne avait écrite pour le créateur de la dynastie.[226]

Il déclare ne pas être à son aise pour donner les annales d'une époque antérieure à sa naissance et cependant passe habilement par dessus les vilaines querelles de famille dans la famille des Comnènes. Il connaît des campagnes comme celle d'Italie ou celles de Hongrie, auxquelles il a participé lui-même. Envers Manuel, qu'il compare à Nicéphore Phokas et à Jean Tzimiscès,[227] son attitude est celle d'un camarade plutôt que celle d'un courtisan.

Ce fut seulement après que cet édifice pesant de l'Empire chevaleresque, de l'offensive sans arrêt se fût écroulé dans la catastrophe de 1204, que, dans son abri de Nicée, recueillant des souvenirs personnels sur la fin du douzième siècle et des récits pour l'époque antérieure, Nicétas, le frère de l'archevêque d'Athènes et lui-même un maître de la forme savante des « logoi », entreprit de mener jusqu'à ce refuge grec en Asie Mineure les fastes de cette époque qui n'avait connu ni calme, ni équilibre.[228]

Maintenant on a à faire avec un homme riche, baptisé par l'évêque même de Chonai, sa patrie. Il servira le dernier des Comnènes même, le terrible Andronic, qu'il trouve à son goût parce qu'il est beau, intelligent, cultivé, doué de talents, comme sa concubine Eudocie, alors qu'il croit Manuel trop occupé de ses guerres, trop peu moral dans sa vie intime et trop sujet à l'influence du trésorier Jean, son fournisseur au moins, tout en le comparant à Thémistocle et à Jupiter lui-même, et il préfère les Ange, leurs successeurs, même l'usurpateur Alexis Dukas. Méprisant la superstition courante, aussi cette astronomie dans laquelle les empereurs trouvaient leur direction et indifférent à tout ce qui chez les historiens n'a pas un style châtié, il s'inspire de la meilleure antiquité, de Pindare à Ménandre, en homme qui s'est entouré d'œuvres d'art dont il ne pardonnera pas la destruction aux latins envahisseurs. Sa conception de l'histoire, « le livre des vivants », est haute et noble.[229]

Les belles comparaisons de Nicétas Choniate[230] dans son « Trésor de la foi orthodoxe » pour expliquer comment, Dieu étant partout, notre prière ne l'attire pas vers nous, qui sommes, au contraire, attirés vers lui,[231] appartiennent à ce même esprit. Et nous le retrouverons dans les Homélies et les lettres de Michel l'Acominate, qui prononça aussi le panégyrique d'Eustathe[232] ; son éloge de son frère a la même note de sentimentalité.[233]

A côté des historiens il y aura ceux qui, pour flatter le maître, décrivent, sous les Ange, successeurs des Comnènes, de simples incidents. Ainsi, pour la tentative d'usurpation de Jean Comnène le gros, ou la victoire impériale sur les nouveaux Bulgares, ou l'arrivée des croisés alliés, Nicéphore Chrysobergès, dont les fonctions commencent vers 1160, donnera, aux occasions solennelles, aux grandes fêtes de l'Église, de l'histoire sous la forme de ces discours d'éloges qui rentraient dans son devoir de rhéteur officiel. Une pareille éloquence commandée servira tour à tour le grand Comnène Manuel, Isaac, le premier des Ange, Alexis III, vainqueur quatre fois des rebelles et du « Mysien », du « Thrace » sur les bords du Strymon, c'est-à-dire Joannice le Vlaque, et le jeune fils d'Isaac l'Ange, dont on exaltera les relations avec les « Italiens alloglosses », rappelant pour son passage de la Mer vers l'Occident César lui-même : son cheval arabe est pareil au Bucéphale d'Alexandre et ses exploits de chasse pourraient même dépasser ceux du Macédonien ; son habileté aux jeux appris en Occident remplit d'enthousiasme le courtisan lettré. Les patriarches, les hauts dignitaires de l'Empire pourront s'entendre plus d'une fois les éloges de la bouche de cet habile « maître des orateurs ». Des commentaires aux classiques, des muqoi, s'ajoutent à son activité littéraire. Le ranger parmi les « sordides rhéteurs », tous du même type, est une injustice ; cet homme de talent ne faisait que bien remplir un office traditionnel.[234]

Le discours adressé à Isaac l'Ange, dont l'action de défense contre les Turcs en Asie est surtout exaltée, œuvre d'un autre « encomiaste » officiel, comme μαστωρ τν όητρων, mérite d'être mis à côté, aussi pour l'information que recouvre le style ampoulé et difficile,[235] alors que celui du protonotaire Serge Kolybas est vide et nu.[236] De même les consolations du grand drongaire Grégoire pour la mort de l'impératrice Euphrosyne.[237]

La description de la même révolution tentée par Jean Comnène le gros, qui se fit proclamer, sous Alexis III, à Ste Sophie et en fut aussitôt chassé et mis à mort, donne, à côté de quelques autres opuscules, une place dans cette même littérature de second ordre à Nicolas le Mésarite (né 1161-1162).[238]

Nicolas n'est pas seulement un rhéteur habile ; son récit est lui aussi plein d'esprit satyrique, de « blague » constantinopolitaine, de vigueur et de pittoresque. L'accumulation des mots rares, l'art de répéter l'interrogation ne gâtent pas le charme de ces pages d'histoire contemporaine qui conservent tout le mouvement, tout le caprice de la vie qui passe et qu'on observe sans que la perspective se fût encore fixée. Un sentiment de profond mépris à l'égard de la population turbulente des ivrognes de Constantinople ( μέθυσος, ονόφλυξ κα πάροινος) anime cette narration cinglante d'ironie. Les figures sont caricaturées, les scènes, saisies sous l'angle du ridicule. C'est vraiment du journal de parti. L'auteur a été présent, et ce sont ces impressions passionnées qu'il donne. Le cas de ces Mémoires instantanés est unique dans la littérature byzantine.[239]

L'« épitaphe » du Mésarite pour son frère Jean, discours funèbre de l'extension de toute une « Vie de Saint », donne une autobiographie de l'auteur, des renseignements sur la vie et les études du frère qu'il pleure et de toute cette famille, entremêlés de vraies notes de chronique sur l'époque d'Andronic Comnène et de ses successeurs, jusqu'à cette prise de Constantinople par les Latins qui est décrite avec horreur. L'auteur s'arrête longuement sur les discussions entre le cardinal légat et les moines grecs pour l'union des Églises, qu'il rend d'après des notes prises sur place, et il mentionne son contemporain, originaire de l'Italie méridionale, Nicolas d'Otrante, qui y prit une part active. Partisan de l'union, il l'entend dans le sens d'une adhésion des Latins à la profession de foi des Orientaux. Le Mésarite rédigea même la lettre au Pape qu'il fit entrer dans son opuscule.[240] Un récit de voyage du côté de Nicée, dans lequel il y a beaucoup de choses prises sur le vif, Mésaritès ayant un crayon habile pour croquer au passage les personnes qu'il rencontrait, une présentation de sa querelle avec le cardinal Pelage, au cothurne rouge duquel Nicolas, archevêque d'Éphèse et exarque d'Asie, opposa la doublure rouge de ses souliers, font partie aussi de cette œuvre, marquée sans doute d'une originalité d'écrivain qui force la couleur et souligne le dessin.

Dans son coin d'Asie, Trébizonde avait déjà eu au douzième siècle un historien, Théonas, dont on ne connaît pas les écrits.[241]

Des renseignements archéologiques de différentes sources, dont telle appartient à celle de l'empereur Zénon, avaient paru déjà.[242] La préface aux Patria Constantinopoleos contient, maintenant, une masse de renseignements historiques touchant l'antiquité : comme on parle d'une date du règne d'Alexis Comnène, elle montre l'époque à laquelle le recueil a été rédigé. La description elle-même ne cite après Rhomanos Lécapène, qui semble appartenir à un passé déjà éloigné,[243] aucun autre empereur que Tzimiscès[244] et Basile II, qualifié de παιδίον, l'enfant.[245] L'auteur inconnu emploie Jean d'Antioche et des sources plus anciennes.

Enfin, dans les régions, doublement perdues, de l'Asie, la fin du douzième siècle donne cette grande chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite d'Antioche († 1199), qui montre combien la croisade avait réveillé l'ancien esprit de la race.[246]

On avait aussi, dans ce milieu très dynastique, le souci de l'éducation des princes. Les recommandations d'Alexis Comnène, fils de Jean, au « fils du prince, du César Bryennios », un bien-aimé fils,[247] νοούτσικος, ce recueil de vers qu'on appelle « Spanéas » un caractère banal dans un style très familier. Malgré ce nom dans l'épigraphe, on ne peut découvrir par aucun détail, par aucune allusion que le bon conseiller, « empereur des Ausones », dont il est question eût été le père de la princesse Anne. Les noms mêmes des ennemis de l'Empire sont présentés dans une forme archaïque non datable. A la base il y a le discours d'Isocrate à Démonikos ; comme style, on trouve la même tournure que dans le poème,[248] « domestique » et moral, de « Lapithès », qui n'est que du quatorzième siècle. Mais l'exhortation aux combats, aux chasses cadre avec l'époque de Manuel. C'est dans ce sens qu'est donnée la recommandation de garder l'honneur, de payer de sa personne dans les combats. Aussi le mélange de mots turcs, comme l'alaï (λλάγι).

. Les conseils désordonnés de « Spanéas » ne se distinguent, du reste, ni par l'idée, ni par la forme, et c'est précisément à cause de leur caractère médiocre qu'ils se gagnèrent une large popularité. Sur la même voie on arrivera, très tard, au poème d'Etienne Sachliki,[249] qui est le « Charon des politiciens », les envoyant en Turquie ; c'est un Crétois familiarisé avec son monde musulman.

La naissance du malheureux Alexis II fut glorifiée par la « didascale œcuménique », Skizénos dans des termes hyperboliques, avec des souhaits qu'un avenir prochain devait montrer inopérants.[250] Le prétendu hommage poétique de ce jeune prince à son père n'est qu'un maigre exercice de rhétorique populaire et surtout enfantine.[251] Mais on a sauvé par hasard un questionnaire de l'époque dans lequel on demande à l'élève d'une école s'« il a lu Denys », s'il désire une autre lecture, s'il connaît le sens de l'hellénisme, enfin ce qu'il faut savoir pour ne pas rester « barbare[252] ».

La prédilection pour la fable et le souci de la moralisation se trouvent réunies dans les exercices de rhétorique d'un Nicéphore Chrysobergès.[253] Déjà dans tel écrit de Glycas et, en fin de compte, dans tout ce qu'il a donné, nous avons constaté une tendance vers la plaisanterie à bon marché, vers la scurrilité et la blague, qui paraissent avoir été très prisées dans l'entourage d'un empereur lutteur, chasseur et jouteur comme Manuel, resté étranger à ce souci de l'érudition et de la bonne tenue qui avait caractérisé le règne de son grand-père, Alexis. Un écrit de Tzétzès et un autre de celui qui l'imite dans son « petit drame », Michel Haploucheir, où à côté des Muses figurent un simple paysan et une vieille femme qui gronde, pour que le sage se plaigne de son mauvais sort de perpétuel famélique, appartiennent au même genre, pas trop estimable, mais distractif et donc très apprécié.[254]

Cet esprit cabriolant et caricatural, uni avec une grande facilité de forme et une rare variété de sujets, pour flatter et pour faire rire, pour retirer du gain personnel en faisant sourire distinguent l'œuvre, beaucoup prisée et, sous un certain rapport, non sans raison, aussi patiemment étudiée pour sa nouveauté verbale, de Théodore Prodrome, de celui qui a été le « pauvre Prodrome », Ptochoprodromos, comme, à notre époque, quelqu'un qui, avec du génie, vécut une vie pareille : Verlaine, le « pauvre Lilian[255] ».

A côté d'épigrammes qui flattent ou remercient, dans une forme décalquée sur les produits similaires de l'antiquité, le Prodrome exerce son talent dans des commentaires versifiés à l'Ancien Testament, et l'histoire des Hébreux prend un curieux aspect dans ce vêtement d'une coupure si classique. Les Évangiles, les Actes des Apôtres lui fournissent la matière à une autre série de morceaux finement travaillés, et il mettra en vers, aussi des invocations pour les fêtes de l'Église. Ses lettres, d'une facture impeccable, pleines de souvenirs anciens, n'ont guère de fond.

Mais ce qu'il a donné de mieux en dehors des scènes parfois triviales, de la vie contemporaine c'est le brillant tableau des luttes et des fêtes sous les trois premiers Comnènes ; des renseignements historiques y sont mêlés qui ne manquent pas de prix.[256] Dans tel morceau plus étendu, il fait parler l'Amitié chassée par son mari, le Monde.

Il ne faut pas, bien entendu, le croire lorsqu'il se présente comme « illettré », incapable de revêtir de poésie les fables anciennes ou de célébrer les victoires impériales, de rivaliser avec les « savants » et les « rhéteurs ». Ce qu'il donne dans ses scénettes satyriques, est bien une réalité bruyante et vulgaire, à laquelle il applique un traitement aristophanesque, mais lui aussi il est nourri des bonnes lettres et le montre par sa forme, quel que soit le nombre de termes vulgaires qu'il ajoute, comme, du reste, à son époque, le faisait Aristophane lui-même. Certains de ses dialogues, comme celui de l'hégoumène, qu'on a réussi à bien traduire en français, ressemblent à ceux dans lesquels Érasme a si bien fixé la vie courante de son temps, les propos d'auberge et les conversations de moines.[257]

Beaucoup de ce qui a été attribué au Prodrome peut, bien entendu, ne pas être de lui. Ainsi on ne pourrait pas lui mettre à charge, à un esprit si vif, le poème ennuyeux, d'une facture très archaïque, pour la prise de Kastamouné et de Gangres par Jean Comnène. On l'accepterait plutôt comme auteur pour la lamentation de la princesse Théodora, d'un ton plus naturel et non sans une certaine sincérité d'émotion chrétienne, et les morceaux où il est parlé au nom d'Isaac Comnène ou pour lui et l'empereur Jean.[258] Car c'était un homme qui rédigeait, moyennant finances, pour d'autres, pour n'importe quels autres.

On l'a trop considéré surtout sous le rapport de sa moralité, de son attitude de parasite ou plutôt sous l'aspect que cet Arétin de Byzance cherche à se donner. Mais sous cette apparence trompeuse il y a une âme sensible, une compréhension étonnante de l'antiquité classique, de laquelle il s'inspire plus qu'il ne l'imite. Il y a une harmonie du verbe grec que tous les hymnographes de l'orthodoxie ensemble ne pourraient rêver d'atteindre. Tels épithalames où les Muses et les Grâces sont appelées pour que la beauté des vers, les πανηγυρικα φαιδρότητες το λόγου, corresponde à la musique de la πρόκυψις de la présentation de la princesse mariée, nous renvoient aux meilleures pages de l'Anthologie, de laquelle il s'était sans doute nourri, pour y trouver cette similitude spirituelle qui ne peut pas descendre à la copie.[259] Le rude dème de Constantinople devait être reconnaissant à celui qui mettait sur son compte ce péan ressuscité des temps classiques.

Il y a donc, en face de telles gentillesses de provinces, empruntées en partie au inonde franc avec lequel on se mêle de plus en plus intimement, ce que ne pourra faire disparaître aucune influence étrangère, aucune mode : le souvenir tout puissant d'un passé qui peut à chaque moment devenir actuel.

Toute une poésie devait éclore sous cette influence. Le poète dont l'œuvre a été découverte par S. Papadimitriou est un maître du vers à la fluence harmonieuse ; il y a dans telle pièce demandant du secours à la princesse, τ θαυμαστν τς ακίντου χρμα,, un accent de réelle sincérité ; il y a une douleur réelle dans le morceau qui plaint le commencement de la vieillesse et l'approche de la mort. Ce client de Manuel Comnène aurait pu parler d'une façon plus touchante pour nous si le goût de son époque lui avait permis de se détacher des deux catégories de sujets imposées par la mode : l'hommage à la dynastie et l'offrande à Dieu. On le sent, lorsque, parlant de sa Byzance aimée, il exclame que la fumée elle-même du lieu natal lui serait une joie, — καὶ τῆς πατρίδος τν καπνόν δύ τι χρηματίζει. Il y a aussi un élan d'éloquence dans la confession écrite au nom de sa patronne, la sébastokratorissa disgraciée par l'empereur.

Celui qui déclare « avoir fleuri au milieu des sources sacrées de l'antiquité » ne s'ingénie pas à montrer combien il peut vaincre les difficultés du style archaïque : il écrit une langue ferme et claire, dans laquelle vibre le mouvement de la vie réelle. Bien qu'il confesse ne pas avoir « la phrase attique », son grec est d'une excellente qualité. S'il ne savait pas l'histoire mieux que, jadis, Malalas, c'est qu'on ne l'enseignait pas dans les écoles de rhétorique : ainsi Léonidas en arrivera à commander des Thébains. C'est un maître du vers, qu'il s'entend à varier selon les circonstances.[260]

On a traité de flagornerie l'attitude de ces poètes à l'égard de l'empereur. Mais, en ce faisant, on néglige la conception même de l'empereur byzantin, qui, par dessus les défauts et les vices, l'indignité ou le penchant au crime de ceux qui portaient la couronne, s'adressait à la notion impériale même, attenant à la divinité. De pareils actes d'hommage passaient à côté des hymnes adressés à Dieu et aux saints vénérés.

Si des poèmes comme le Ptocholéon, un récit oriental où il est question de pierres précieuses et de sagesse, d'esclaves,[261] ne fait pas partie de cette littérature, qui ne s'arrêtera pas de sitôt, on trouve chez un prélat comme Michel Italikos, évêque de Philippopolis, rhéteur et ambassadeur à l'époque de la deuxième croisade, des plaisanteries qui sont sans doute du cru de Prodrome, qu'il cite, du reste.[262]

Mais surtout c'est, dans un genre beaucoup plus élevé, le dialogue anonyme Timarion qui reflète cette tendance à tourner tout au ridicule, jusqu'aux princes de la littérature imitée par l'auteur et au Christ lui-même. Cette fois, si on emprunte à Lucien, il n'y a pas de tendance : on veut tout simplement faire rire aussi bien sur le compte de Psellos que sur celui du tragique philosophe Italos, dans le voyage à Thessalonique, dans la descente aux Enfers, dans le grand jugement devant l'empereur Théophile.[263]

Dans son imitation d'Achille Tatius « Rhodanthe et Dosiclée », le bon poète qu'était Théodore Prodrome avait bien montré qu'il est capable de traiter d'autres sujets qu'une cérémonie officielle ou un cloître famélique. Mais le grand mérite d'un autre chef de file parmi les poètes de l'époque, Constantin Manasse, qui fera aussi l'histoire en vers depuis la Création du Monde, est d'avoir échappé, dans une production littéraire châtiée et noble, à tout ce qui sentait les bas-fonds de la société.

S'il ose s'attaquer aux vices de son temps, car on a de lui le portrait du malheureux empereur Michel l'Ivrogne écoutant pendant ces orgies bacchiques des chansons indécentes et chantant lui-même aux carrefours, θεατρομανν comme Néron, de cet ami des mimes et des cochers du Cirque, devenant le parrain de leurs enfants, le poète aime plutôt la présentation calme et sereine de ses sujets.

La description d'une chasse[264] est riche en couleurs, et on peut recueillir des informations historiques utiles dans l'éloge de Manuel Comnène victorieux sur les Hongrois et sur le Serbe Dessa.[265] Son roman « Les Amours d'Aristandre et de Kallithée » compris en partie dans les 'Ροδωνιά de Macarius le Chrysocéphale, montre combien avait pénétré ce goût du roman versifié.[266]

Ceux qui parlent du manque de sens pour la beauté de la part des Byzantins n'ont qu'à lire le joli morceau de Manasse, dans son récit de chasse, qui présente les charmes de ce rivage de la Propontide où « la mer solitaire se joue avec les berges et sourit doucement au rivage[267] », « une fête pour les yeux, une joie pour les sens ». Le spectacle dans la nuit embaumée rappelle les plus belles pages de Tourgueniev sur la beauté des orées russes dans l'obscurité. L'aspect du vieillard qui dirige, son impatience envers les enfants qu'il emploie est un tableau de vie populaire comme celui qu'aiment à peindre les petits Flamands. Dans le même morceau, les vers sur l’στρόγληνος, le chardonneret, l'oiseau chanteur ami qu'il a perdu, sont empreints de la sensibilité la plus délicate.[268] A ceux qui dénient aussi toute spontanéité à la poésie byzantine on pourrait demander ce qui manque au morceau qui est l'Hodoiporikon de Manasse, avec tout ce qu'il contient d'imagination, de talent à rendre le milieu (voyez sa description de la tempête), de sens pour la nature

Ής μεν πέλαμπεν ρτι φαιδχρους,

Ό δ’ἀστεράρχης καὶ φεραυγὴς φωσφόρος

Έκ γῆς ἀναβάς τοῖς ἄνω προσωμίλει...,

avec les grillons qui s'abreuvent de rosée et dorment pendant le dur hiver, avec la nouveauté des épithètes pour les villes qu'il traverse dans son voyage à Jérusalem comme membre de l'ambassade qui allait demander pour Manuel Comnène la princesse franque Mélissende, avec les couleurs du portrait qu'il donne de la princesse « descendante de César », qui ne devait pas arriver jusqu'à l'autel ; il faut y signaler aussi la ferveur avec laquelle il parle de la Ville Sainte, le souvenir ému qu'il dirige de ces régions âpres vers sa « Byzantis », la θεόδμητος πόλις « qui l'a fait voir la lumière du jour et l'a élevé », son patriotisme pour la « Rhomaïs », « ornement de toute la terre », ainsi que l'enjouement avec lequel il décrit les désavantages d'un voyage à côté de camarades qui sentent mauvais, la réalité de ses plaintes de malade au retour, la joie exubérante d'avoir revu sa cité chérie. Le rythme vivace de l'endécasyllabe donne du mouvement à ce morceau d'anthologie.[269] La description est tout aussi large et sûre pour une autre chasse, aux oiseaux, qui a le même charme.[270]

Le poème historique a une vraie majesté dans les vers par lesquels le poète présente la formation du monde :

Ό τοῦ θεοῦ παντέλειος καὶ κοσμοκτήτωρ λόγος

Τν ορανν τν ναστρον παργαγεν ρχθεν.

C'est sans doute de la meilleure poésie, qui n'est pas inférieure à celle d'un Milton.

L'histoire romaine est présentée largement, dans cette œuvre, et le poète s'arrête avec plaisir aux épisodes et aux anecdotes. Rarement Rome a été considérée avec tant d'intérêt et de sympathie et présentée avec tant de talent. Des comparaisons d'épopée s'y ajoutent, comme pour l'injustice faite par Théodose I à sa femme Eudocie, Un sentiment de « patriotisme » fait dire au poète, au sujet de Marcien, que les bêtes elles-mêmes respectent la dignité de l'Empire. Le règne de Justin II malade, incapable de surveiller les exacteurs, est caractérisé dans de belles pages littéraires ; une déclamation contre la puissance de l'or s'y ajoute. Des vers d'une autre facture plaindront la mort de la femme de Maurice. En bon Byzantin, l'auteur critiquera Constant, qui voulait, revenant à Rome, remplacer une jeune fille par une vieille femme, par une γρας τρικόδωνος.

. Il attaque violemment Léon l'iconoclaste et montre son indignation de lettré contre l'incendie supposé de la bibliothèque. Le couronnement de Charlemagne paraît comme une usurpation, et l'acte de cruauté d'Irène envers son fils est anathématisé. Bien que savant lui-même, Manasse défend Ignace contre Photius. La grande œuvre accomplie par Basile Ier sera pleinement reconnue, et, et plus loin, le patriarche Nicolas soutenu contre l'empereur Léon le pécheur. Rhomanos Ier est considéré sous le rapport de l'usurpation seule, alors que Nicéphore Phocas est décrit comme un héros. Le crime de Tzimiscès est racheté par les grands services rendus à l'Empire ; Basile II l'égale, et la sympathie du poète s'étend sur toute la dynastie, le Monomaque s'y ajoutant. Rhomanos Digénès est propre à être présenté en Achille, et le Botaniate ne lui cède pas en valeur. Le même sens pour l'épopée fait célébrer par Manasse les Comnènes.[271]

Pour la sébastokratorissa Irène, on trouve dans ses vers, découverts et publiés par M. Manuel J. Gédéon, des accents aussi beaux que lorsqu'elle demande aux enfants de chanter :

Ασατε, παῖδες, ἀντὶ λευκόχρων κύκνων

Όδνην λιγυρν πενθικς τραγδίας[272]

L'époque de Manasse a, du reste, le vers facile ; il servira aussi pour revêtir le dialogue entre l'âme et le corps qui forme la « Dioptra » de Philippe le Solitaire.[273]

Enfin, vers 1150 tout le monde s'amusait à faire des épigrammes, et le canoniste du temps, Théodore Balsamon, n'échappe pas à la règle.[274]

On peut enfin attribuer une place honorable parmi les rhéteurs de l'époque à Jean Italikos, déjà mentionné, qui fit l'éloge de Jean Comnène vainqueur et s'amusa, en même temps, à déplorer la mort de sa perdrix, mais, malgré son savoir et en dépit de sa coquetterie de vouloir paraître spirituel, il est ampoulé et monotone.[275]

Pendant ce temps, une littérature presque grecque, une poésie savante fleurissait chez les demi Grecs de Palerme, des concurrents à l'Empire, dans ce cadre, orné, à la Chapelle Palatine, à la Martorana, par toutes les splendeurs de l'art constantinopolitain. C'est là qu'écrivit sur des sujets de religion, mais surtout de moralité, traitant des vices et de la virginité et adressant ses morceaux finement travaillés à la mémoire du Chrysostôme ou à ses amis vivants, Eugène, « neveu de l'amiral ».[276] Basile, lui-même plus tard amiral au service de ce roi Guillaume dont il fit l'éloge ; c'est aussi un traducteur de l'arabe en grec et du grec en latin.[277] Poète très doué, d'une forme impeccable, il réunit à ses réminiscences classiques, qu'il présente avec discrétion, un sens de l'actualité et un souci de l'analyse qui sont bien occidentaux. A côté, un Roger d'Otrante fait l'éloge de celui qui fut peut-être son maître : dans cette ville regardant la mer d'Orient on rédigeait en grec aussi tard que 1377-8 l'inscription sur les tours de défense.[278] Et pendant ce même treizième siècle on a les vers de Théodore de Gallipoli.[279] Ceux qui sont très vraisemblablement de Roger (pas de Robert) d'Otrante, « notaire royal », présentent la dispute en vers entre Otrante et Tarente.[280]

L'art chôme à cette époque où les armées mangent l'argent. L'architecture byzantine compte pour le règne de Manuel seulement la réfection de la Porte Dorée, à laquelle furent ajoutées deux tours de marbre blanc, mais ce travail médiocre a été accompli au prix de la destruction d'une fondation de Constantin même, St Mocius, d'une église de Maurice, les Quarante Saints, d'une troisième, due à Léon le Sage.

 

 

 



[1] Lettre aux Bolognais, dans Hagenmayer, Kreuzzugsbriefe, n° III.

[2] Hagenmayer, Peter der Eremite, Leipzig 1879.

[3] Sur la lettre que lui aurait adressée Alexis, présentant dans des termes d'une profonde humiliation le désastre, non existant, de son Empire et lui en promettant la proie en guise de récompense,Cf. P. Riant, Alexis I Comneni ad Robertum I, comitem Flandriae, epistola spuria, Gênes 1879 ; le même, dans la Revue critique, 1879 ; Gaston Paris, dans la Revue de l'Orient latin ; Hagenmayer, Epistolae et chartae ad historiam primi belli sacri spectantes, Innsbruck 1901 ; Pirenne, dans la Revue de l'Instruction Publique en Belgique, L (1907) ; Dölger, Regesten, n° 1152. Sur une lettre tout aussi fausse qu'Alexis aurait adressée aux moines du Mont Cassin, Riant, loc. cit.

[4] Anne Comnène, II, p. 42-43.

[5] Raymond d'Agiles, ch. 2.

[6] Albert d'Aix.

[7] Le même, et Foucher de Chartres. Cf. nos Chroniqueurs de la première croisade, Paris 1928 (extrait de la Revue historique du Sud-Est européen, V).

[8] « Erat enim omnibus hoc necesse ut sic cum imperatore amicitiam consolidarent ; sine cujus consilio et auxilio nostrum iter nequivimus expedire, neque illi qui nos erant subsecuturi eodem tramite. Quibus ideo praebuit ipse imperator de numismatibus suis et de pannis sericeis quantum placuit, et de equis et pecunia qua nimis indigebant ad tantum iter explendum. » Les appréciations haineuses, les attaques contre l'empereur, qui a fait aveugler son prédécesseur, qui s'entoure d'eunuques, qui a une mère vraie sorcière, qui vit au milieu des esclaves et des femmes, ne viendront que plus tard, par la plume de Baudry de Dôle. Cf. le jugement de l'archevêque de Mayence, Siegfried (1064), dans les Annales d'Altaich. les d'Altaich. Cf. B. Kugler, Kaiser Alexius und Albert von Aachen, dans les Forschungen zur deutschen Geschichte, XXIII (1882), pp, 481-500 ; C. Caro, Die Berichterstattung auf dem ersten Kreuzzuge, dans les Neue Jahrbücher fur das klassische Altertum, XXIX (1912), pp. 50-62. Cf. l'opinion, juste, de M. Diehl : « C'est une erreur en effet, et qu'on n'a point assez évitée, de considérer toujours et de juger les croisades au seul point de vue de l'Occident ». Aussi « L'Empire, tout compte fait, souffrit plus qu'il ne profita ».

[9] Κουκου (de cuculla) paraît être un sobriquet, hérité des iconoclastes pour les moines ; Anne Comnène, II.

[10]Cf. aussi notre Brève histoire des croisades, Paris 1924.

[11] Attaliate, p. 307.

[12] Cependant Hagenmayer la reproduit dans sa collection citée, no. I. Mais Anne Comnène présente Robert, retour de croisade, qui prête serment à l'empereur (τὸν συνήθη τος Λατίνοιςρκον) et lui envoie les 500 chevaliers promis, qui combattent à Nicomédie ; I. La lettre du patriarche de Jérusalem, au nom de tous « les évêques, aussi bien grecs que latins », à « l’Eglise d'Ocident » (ibid., n° ix), est tout aussi peu authentique. Un Grec ne pouvait pas mettre ensemble comme « saints stratèges » : Georges, Théodore, Démètre et Blaise (qui est un évêque).

[13] Celle pour Raoul de Pontoise, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[14] Anne Comnène, II pp. 31-32.

[15]Cf. nos Narrateurs de la première croisade, loc. cit. ; Cf. B. Kugler, Komnenen und Kreuzfahret, dans Byz. Zeitschrift, XIV, pp 295-318 ; W. B. Stevenson, The crusaders in the East, Cambridge 1907 ; Hagenmayer, Chronique de la première croisade, dans la Revue de l'Orient Latin, VI-VIII ; Iorga, Brève histoire des croisades ; Schlumberger, Byzance et les croisades, Paris 1927.

[16] « Hodie talis vivens homo non est sub cœlo » ; Hagenmayer, op. cit

[17] Anne Comnène, II, p. 65.

[18] Sa lettre dans Hagenmayer, op. cit., no. X. L’empereur avait donné comme otages son gendre et son neveu ; ibid., n° XI.

[19] Anne Comnène, II, p. 33.

[20] Hagenmayer, op. cit., p. 139.

[21] Anne Comnène, II, p. 75.

[22] Hagenmayer, op. cit., pp. 140, 145. Les croisés durent combattre aussi avec eux ; ibid., n° X.

[23] Plus tard Raymond d'Agiles se plaint que cette proie eût été entamée (probablement l'empereur prit-il son pentamerium), qu'on n'eût pas fait le don promis à l'armée, qu'on eût refusé un hospice de Latins. Tatikios le camus, délégué de l'empereur, est accablé d'injures ; ch. 3. Mais le témoignage de rectitude que donne Foucher de Chartres est formel et décisif : les tartarones, la menue monnaie byzantine, furent largement distribués aux conquérants.

[24] Anne Comnène, II.

[25] Récupérée en 969.

[26] Bryennius, pp. 25-29, 165-157.

[27] Attaliate, p. 181. Cf. Hagenmayer, op. cit., p. 145. Sur le « pons ferreus », ibid.

[28] Sur le rôle rempli en Syrie sous Rhomanos III par son envoyé Tousper, Cédrène-Skylitzès, II.

[29] Lettre XV, dans Hagenmayer, op. cit.

[30] H. W. H., dans l'Encyclopaedia britannica (d'après des sources arabes).

[31]Cf. l'excellent récit de M. David Samuel Margoliouth, dans l’Encyclopaedia Britannica. Les croisés parlent dans leurs lettres de l'inquiétude que leur causaient les bruits sur la descente du « roi de Babylone » (le Caire).

[32] Sur la bataille, surtout Foucher de Chartres.

[33] Raymond d'Agiles, ch. 18.

[34] Ibid. Cf. Iorga, Les narrateurs. J. L. La Monte, dans le Byzantion, VII (il croit qu'en se retirant d'Antioche, les Byzantins auraient rendu nuls les engagements pris à leur égard) ; Rey, Résumé chronologique de l'histoire des princes d'Antioche, dans la Revue de l'Orient latin, IV (1896) ; la belle thèse américaine de Yewdale, Bohemund ; Morgan, dans les Mélanges Schlumberger XI. — Pour Édesse, Chabot, dans les Mélanges Schlumberger. —Sur Jérusalem : Max von Berchem, Notes sur les croisades. I. Le royaume de Jérusalem et le livre de M. Röhricht, dans le Journal Asiatique, 1902 ; John La Monte, Feudal monarchy in the Latin kingdom of Jerusalem, 1100 to 1291, Cambridge Mass., 1932 ; cf. C. R. Conder, The Latin kingdom of Jérusalem, 1099-1291, Londres 1897. (Pourquoi Godefroi n'a-t-il pas pris la couronne ?) ; J. B. La Monte, To what extent was the Byzantine Empire the suzerain of the Latin crusading States (Les Papes aussi), dans le Byzantion, VIII ; Gen. Angelini, Le tombe dei rè latini a Gerusalemme, Pérouse 1902.

[35] Anne Comnène, II, pp. 95-96.

[36]Cf. notre Histoire de la Petite Arménie.

[37] Anne Comnène, II, pp. 105-106.

[38] Ibid., pp. 111, 262.

[39] « Totius Romanae partes Deo acquisivimus » ; Hagenmayer, n° X.

[40] Mariage de la riche fille de Taphmouz, frère de Constantin ; Albert d'Aix, dans nos Narrateurs. Les critiques d'Albert d'Aix contre Pancrace-Bagrat et Constantin. Sur Ochine, Raoul de Caen.

[41] Anne Comnène, II, pp. 96, 107-108, 122-126, 138.

[42] Ibid., 110-111.

[43] Ibid., II, pp. 113, 115, 118-121, 126.

[44] Ibid., pp. 141, 177, 184.

[45] Ibid., pp. 148, 165, 167-168, 171-172.

[46] Ibid., p. 184. Sur cette expédition, cf. aussi le témoignage important de Foucher de Chartres.

[47] Ibid., pp. 219, 226-228, 231, 237.

[48] ‘Η τῶν Ρουπενίων διακράτησις. Léon et Théodore, les chefs du pays, restaient vassaux byzantins.

[49] Ibid., pp. 241-246 ; cf. Dölger, Regesten, n° 1243. Parmi les témoins les évêques d'Amalfi et de Tarente, l'hégoumène de St. André de Brindisi, etc.

[50] Cf. Yewdale, Bohemund I, prince of Antioch, Princeton 1924.

[51]Cf. Anne Comnène, I, p. 166 et suiv.

[52] Ibid., II pp. 166, 254-255,323 et suiv., 330 et suiv. (rivière de Skoteinos), 337-338 (la flotte), 340, 343-344, 353-354, 369, 373-374, 390-391, 393, 409, 424 ; II, pp 7 et suiv., 12 et suiv., 295-297, 302 (l'empereur à Vidine).

[53] Cinnamus, pp. 7 et suiv., 93 et suiv. Cf. ibid., p. 201 et suiv ; Choniate, pp. 19 et suiv, 104.

[54] Ibid., pp. 272-274. Les Turcs s'en moquent dans leurs comédies ; Anne Comnène, II.

[55]Cf. ses recommandations pour ses fils, les Μοῦσαι, dans Maas, Die Musen des Kaisers Alexios I, dans la Byz. Zeitschrift, XXII (1913). Cf. Caro, dans les Neue Jahrbücher für das klassische Alterthum, XXIX ; Pirenne, dans la Revue de l'Instruction publique en Belgique, L. Munro, dans l'American Historical Review, XXVII.

[56] Cf. Chalandon, Jean Comnène, et The earlier Comneni, dans la Cambridge Mediaeval History, IV. Sa fille Marie, dans Regel, Kurtz et Korablev, Acta Zographi, p. 12. Des hymnes en l'honneur de Jean, 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, pp. 484-485

[57] Choniate, pp. 8-13, 14 et suiv., 23-24 (son fils). Isaac, son frère, lui fut presque imposé comme corégent (ibid.).

[58] Ibid., p. 17.

[59] Ibid., p. 36 et suiv., résumé par Cinnamus, p. 5 et suiv.

[60] Corpus inscriptionum graecarum, IV, n° 8736.

[61] Choniate, p. 56 ; Cinnamus, p. 280 (visite du roi Amaury, comme vassal, à Constantinople) ; Guillaume de Tyr, p. 691. Cf. Regel, Fontes rerum byzantinarum, II, pp. 358-359, dans Vasiliev, op. cit., II, pp. 54-55.

[62]Cf. la lettre de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, adressée à Jean et à son patriarche, J. Gay, dans les Échos d’Orient, 19, II, p. 84 et suiv.

[63] Cinnamus, p. 23.

[64] Choniate, p. 29 (au nombre de 2.000.

[65] Ibid., pp. 24-25. Sur les affaires de Syrie à cette époque, Chronique de Michel le Syrien, Patriarche jacobite (1166-1199), éd. J. B. Chabot, I-IV, Paris 1899-1910 ; son compilateur, Abu’l Faraj, Bar Hebraeus, trad. P. J. Bruns et Kirsch, Leipzig 1788 ; Historia compendiosa dynastiarum, éd. Pococke, Oxford 1663 ; Libri Calipharum, dans Laud, Anecdota Syriaca, I, Leyde 1862.

[66] Άμαχεῖ τῶν έχθρῶν κρατεῖν ; Anne Comnène, I, pp. 318-319.

[67] Ibid., p. 64.

[68] Cf. les passages que nous avons rassemblés dans l’Orient et l'Occident au moyen-âge, pp. 171-172, et tout ce chapitre.

[69] Choniate, p. 73. Cinnamus, p. 47. Les habitants d'Antioche lui avaient proposé la fille de Bohémond ; ibid.. p. 16.

[70] Ibid.

[71] Ibid., pp. 210-211.

[72] Ibid., p. 60.

[73] Ibid., pp. 196-197.

[74] Ibid., pp. 56, 59, 61-63, 189, 193-194. Il a aussi des connaissances médicales ; Ibid., p. 190.

[75] Ibid., pp. 108, 116.

[76] Ibid., p. 178.

[77] Ibid., pp. 128, 133. Il était possédé de cette λατινική κορόζα, dont parle Choniate, qui est le courroux.

[78] Ibid., p. 65.

[79] Cinnamus, la καὑχησίς ἀγεννής ; Cinnamus, p. 62.

[80] Ibid., p. 219.

[81] Ibid., pp. 51, 62.

[82] Anne Comnène, I, p. 310.

[83] On a attribué au fils du Turc Azzeddin, Constantin, le couvent de Koutloumouz au Mont Athos ; Langlois, Mont Athos, p. 23.

[84] Cinnamus, pp. 204-208.

[85] Anne Comnène, I, p. 433.

[86] Ibid., pp. 207-208. Des Turcs demandent le baptême, comme un certain Jean Isès ; ibid., p. 238. Aussi Manuel-Isaac ; ibid., pp. 298-299. Cf. ibid., II, p. 200. Sur le Turc Poupakis, Cinnamus. Dans l'« Alexiade », I, p. 321, baptême d'« Elchanès » (Ikhan). Beaucoup de Turcs connaissent le grec et le parlent, ῥομαἶζοντες, ibid., p. 361 et suiv. Ils saluent l'empereur dans le camp ; ibid., II, p. 337.

[87] Ibid., p. 290. Il prend, aussi, contre son frère « Sanisan » (Chahinchah), Gangres et Angora, puis aussi Amasie (ibid., p. 291). Manuel finira par soutenir Chahinchah. (ibid., p. 295)

[88] Ibid., p. 297. Néocésarée s'ajoute aux terres reconquises ; ibid., p. 299.

[89] Cinnamus, pp. 36-37.

[90] Ibid., p. 67.

[91] Choniate, pp. 48-49 ; Cinnamus, p. 56. Sa femme turque combat sur les créneaux d'une ville assiégée ; Choniate, p. 72.

[92] Ibid., pp. 221-222

[93] Cinnamus, p. 30 et suiv.

[94] Ibid., pp. 45-46.

[95] Ibid., p. 183 et suiv.

[96] Cinnamus et Choniate. Cf. Iorga, Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[97] Choniate, pp. 154-157.

[98] Cinnamus, pp. 278 et suiv ; Choniate, pp. 212-218.

[99] Choniate, p. 231 et suiv. D'autres sources dans Vasiliev, op. cit., II, p. 72.

[100] ’Αργοροχάληνον Νισαὶον ; Choniate, p. 245. Mais il est vrai que les Turcs mutilent les morts ; ibid., p. 247.

[101] Ibid., pp. 278-279, 284-285. 4 5

[102] Anne Comnène, I, p. 314.

[103] Sur laquelle Cinnamus, p. 67 et suiv.

[104] Albert d'Aix-la-Chapelle.

[105] Dans Bouquet, XII ; Migne, Patr. Lat., LXXXV, c. 1201 ; cf. ibid., pp. 996-998.

[106] Guillaume de Newbridge, éd. d'Oxford 1719, p. 68 et suiv.

[107] Choniate, pp. 178-179. Cf. B. Kugler, Studien zur Geschichte des 2. Kreuzzuges, Stuttgart 1866 ; le même, Analekten zur Geschichte des zweiten Kreuzzuges, Tubingue 1883 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, p. 112 et suiv.

[108] Περινοών καὶ Ίταλίαν πᾶσαν ; Cinnamus, p. 96.Cf. F. Holzach, Die auswärtige Politik des Königreichs Sicilien vom Tode Rogers IL bis zum Frieden von Venedig, 1154-77, thèse, Bâle 1892.

[109] Notre Orient et Occident au moyen-âge.

[110] Cinnamus, pp. 91-96.

[111] Mais ce même Roger donne des Nouvelles en grec.Cf. Antoine Monferratos, Η ελληνική νεαρὰ τοῦ βασιλέως τῶν Νορμάννων `Ρογήρου τοῦ δευτέρον ἐν . 1150, dans l'Έπετηρὶς de l'Université d'Athènes, 1912.

[112] Cinnamus, pp. 96-101, 115 et suiv.

[113]Cf. notre Venise citée.

[114] Albéric, dans les Mon. Germ. Hist., XXIII ; Vie de Némania par Domentien ; Vie de St. Sabbas, éd. Danicic ; Vie de St. Siméon, éd. Šafarik ; Allatius, Vie de St. Démètre par Jean Stavracius ; Stanojevic, Vizantia i Srbi, I, Novisad 1903 ; Vladan Georgevic, Srbiia i Greka, Belgrade 1923 ; Radojcic, dans le Glasnik de Belgrade, II (1906), pp. 1-13.

[115] Cinnamus, pp 12, 27 ; Choniate, p. 23.

[116] Cf. la thèse, en serbe, de M. J. Laskaris sur les princesses byzantines mariées en Serbie.

[117] Cinnamus, p. 103.

[118] Ibid.

[119] Choniate, p. 206 et suiv.

[120] Cinnamus, pp. 204, 214.

[121] Ibid., p. 104. Pour des secours que lui demande Manuel en Asie ibid., p. 199.

[122] Ibid., pp. 287-238.

[123] Ibid., pp. 109-113.

[124] Théophylacte Symokattas déjà mentionne, sous Maurice, les « Ogor » soumis par les Turcs. Pour les Annales Carolingiennes, en 896, il est question des « Avari qui dicuntur Ungari », avec lesquels l'Empire fait la paix les faisant passer, à travers le Danube, « in regnum Bulgarorum ».

[125] Cédrène-Skylitzès, II, p. 328. Cf. ibid., p. 329. Ce sont les Sarmates de l'Attaliate, les Gètes de Psellos.

[126] Γεωβίτζ Δο πιστός κράλης Τουρκίας, dans Marczali, loc. cit., p. 105 (cf. la planche colorée en face du titre) ; Adamantios, 'Ιστορία τῆς βυζαντινῆς αὐτοκρατορίας, 2e édition, Athènes 1920, p. 168.

[127] Le roi Coloman écrit lui-même : « Postquam coronatus fui Belgradi, supra mare, in urbe regia », Smičiklas, Codex diplomaticus regni Croatiae, Dalmatiae et Slavoniae, II, Agram 1904, p. 9. Cf. Iorga, Formes byzantines et réalités balkaniques, p. 115 et note 2.Cf. Šišic, Dalmacija i ugars-kohrovatski kralj Koloman, Zagreb 1909.

[128]Cf. Hergès, dans les Échos d’Orient, II, p. 70 et suiv.

[129] Cinnamus, pp. 9-13. Nouvelle reprise de Zeugmé, ibid., p. 115.

[130] Ibid., p. 260.

[131] Ibid., pp. 115, 232 et suiv. Pour le « Tauroscythe » russe Vladislav sur le Danube, à la place d'un βασιλίκας, fils de Georges, ibid., pp. 236-237.

[132]Cf. Vernadski, Relations byzantino-russes au XIIe siècle, dans le Byzantion, IV, p. 269 et suiv.

[133] Sur la Mstislavna cf. K[urtz], dans la Byz. Zeitschrift, XII, pp. 686-687 ; S. Papadimitriou, dans le Viz. Vréménik, XI (1904), pp. 73-98.

[134]Cf. Thietmar, éd. Kurze, p. 258 ; Halecki, dans le Byzantion. VII, p. 44 et suiv.

[135] Ibid., pp. 113-121, 124, 131 ; Choniate, pp. 133, 177-178.

[136] Cinnamus, p. 132 et suiv. ; Choniate, p. 134.

[137]Cf. Thallôczy, Béla III es a magyar irodalom, Budapest 1907.

[138] Cinnamus, pp. 202-203, 204, 214, 221, 224, 227, 231, 236-237, 241, 245, 248-249, 257 et suiv. ; 263, 265, 270 et suiv. ; Choniate, pp. 164-165, 168 et suiv.

[139] Cinnamus, pp. 214-215. Cf. la communication de M. Moravcsik dans les résumés publiés par le comité du Congrès d'études historiques de Varsovie en 1833.

[140] Cinnamus, pp. 286-287 ; Choniate, p. 221.

[141] Zacharia von Lingenthal, ouvr, cité, III, p. 485 : οὐγγρικὸς.

[142] Cinnamus, p. 102. Cf. le récit de l'entreprise d'Ancône, publié par Muratori, et Choniate, p. 125 et suiv.

[143] Cf. , à côté des ouvrages de E. Curtis (en anglais) et de E. Caspar (en allemand) sur Roger II, Chalandon, Histoire de la domination normande en Italie, 1907, 2 vol.

[144] Cinnamus, p. 135.

[145] Cinnamus, p. 236. Une nièce par son frère est devenue la femme du roi de Jérusalem. Baudouin ; ibid., p. 238. Philippa, sœur de l'impératrice, épousa Andronic Comnène ; ibid., p. 259. Le roi de Jérusalem à Constantinople, ibid., p. 280.

[146] Cf. Dräseke, Bischof Anselm von Havelsberg und seine Gesandtschaftsreise nach Byzanz (1176), dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 1909, pp. 154, 160-181 ; Petit, Documents inédits sur le concile de 1166, dans le Viz. Vréménik, XI (1904), pp. 465-493 ; Loparev, ibid., XIV (1907), pp. 334-357 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI (1904), pp. 94-128, 241-254.

[147] Cinnamus, 275-278.

[148] Pour la politique religieuse de Manuel, aussi son diplôme publié dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIII, p. 322 et suiv.

[149]Cf. Kap Herr, Die abendländische Politik Kaiser Manuels, Strasbourg 1881.

[150] Choniate, p. 103. 2 3 4 5

[151] Cinnamus, p. 199.

[152] Ibid., p. 312.

[153] Choniate, p. 446.

[154] Ibid., p. 230.

[155] Ως ὑπηρετοῦν ν οχήματι δούλων ; ibid., p. 273. Sur leurs φόροι, ibid. Sur les Paphlagoniens, ibid., p. 319 ; Anne Comnène, III, p. 236.

[156] Choniate, p. 312.

[157] Ibid., p. 458.

[158] Ibid., p. 519.

[159] Cinnamus, pp. 125-126, 129.

[160] Ibid., p. 49.

[161] Cinnamus, pp. 298-299.

[162] Ibid., p. 273.

[163] Δημόσια τόμοι ; ibid., p. 306.

[164] Τῶν παροίκων δωρεαὶ, ibid., p. 272. Les Alains contre les Normands, ibid., p. 471.

[165] De Thessalonica capta, p. 510.

[166] Anne Comnène, III, p. 33.

[167] Choniate, p. 97.   

[168] Anne Comnène, III, p. 12.

[169] Choniate, p. 230.

[170] Anne Comnène, III, pp. 13-14. Manuel échange une terre avec un couvent, ibid., p. 32. Il fait des dons, même annuels, aux églises, ibid., p. 23. Il défend les moines contre leurs persécuteurs (ibid., p. 276), mais permet qu'on juge dans l'après-midi des fêtes (ibid.). La promesse donnée au début au clergé de Ste Sophie de leur servir une rente annuelle ; Choniate, pp. 66-67.

[171] Cinnamus, pp. 289-290.

[172] Choniate, p. 208. Sur son σιτηρέσιον, ibid., p. 210.

[173] Ibid., pp. 66-67.

[174] Cinnamus, pp. 137-157, 162-175.

[175] Gertrude Robinson, dans les Orientalia christiana XI5 (mai 1928) (extrait), à la page 316 (48).

[176] Ibid., dans la suite.

[177] Ibid., pp. 327-329. — Haskins a signalé, dans les Harvard studies in classical philology, XXIII (1912), pp. 155-156, ce que le Midi italien a donné en fait de traductions du grec ancien.

[178] Cinnamus, pp. 69, 87.

[179] Ibid., pp. 180, 182-183.

[180] Ibid., p. 219.

[181] Choniate, p. 80. Cf., pour la croisade, p. 84 et suiv.

[182] Guillaume de Newbridge, loc. cit.

[183] Ibid., p. 115.

[184] Ibid., p. 281.

[185] Ibid., p. 223.

[186] Notre Venise citée.Cf. aussi Enrico Besta, La cattura dei Veneziani in Oriente per ordine dell’ imperatore Emmanuele Comneno e le sue conseguenze nella politica interna ed esterna dei commune di Venezia, Feltre 1902. Cl. Dölger, Regesten, n° 1365. Pour Gênes, ibid., nos 1402, 1488. Pour Pise, ibid., n° 1499. Cinnamus, pp. 282-298. Cf. Choniate, pp. 225-226.Cf. aussi les sources vénitiennes, dans notre Venise citée.

[187] Migne, Patr. Lat., CLXXXIX, c. 260-262 ; Gay, dans les Échos d’Orient, 1931, p. 84 et suiv.

[188] L'écrit de Pierre Chrysolanus, archevêque de Milan, adressé à Alexis Comnène sur la procession du Saint Esprit, dans Migne. Patr. Gr., CXXVII, c. 911 et suiv. Sur les progrès du droit sous Alexis : E. M. Rhallis, Zwei unedierte Novellen des Kaisers Alexios Komnenos, Athènes 1898 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XVII, p. 373 et suiv. Cf. Dräseke, dans la Zeitschrift fur wissenschaftliche Théologie, XLIII (1900), pp. 237-257.

[189] Avec Krumbacher, Byz. Litt., pp. 85-88, C. Simonidis, Νικολάου τοῦ γιοτάτου ἐπισκόπου Μεθόνης λόγος πρὸς τὸν Λατίνον περί τοῦ Αγίου Πνεύματος, Londres 1858 ; Byz. Zeitschrift, II, p. 309 ; Dräseke, ibid., I, p. 438 et suiv. ; le même, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1895, pp. 589-621 ; le même, dans la Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XVIII (1898), pp. 546-571 ; XLI, p. 3 et suiv. ; XLIII (1900), p. 104 et suiv. ; le même, dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, VIII, 4, IX ; Lambros, dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. 363 et suiv.

[190] Petit, Documents inédits sur le concile de 1156 et ses derniers adversaires, dans le Viz. Vréménik, XI, p. 465 et suiv..

[191]Cf. Byz. Zeitschrift, XV, pp. 599-602. Cf. Duchesne, La propagande romaine au XIIe siècle, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École de Rome, XXIV (1903), pp. 75-123 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, p. 106 et suiv. ; Loparev, dans le Viz. Vréménik, XIV, p. 334 et suiv.

[192] Migne, Patr. Gr. CXII Cf. Krumbacher, Byz. Litt., pp. 90-91.

[193]Cf. Diehl, dans la Revue historique du Sud-Est européen, 1929.

[194] Bryennius, p.25.

[195] Cf. Regel, Fontes rerum byzantinarum, p. 311 et suiv. ; Vasiliewski, dans le Viz. Vréménik, I, pp. 55, 132 ; Joseph Schmidt, Des Basilius ans Achrida, Erzbischofs von Thessalonich bisher unedierte Dialoge, Munich 1901.

[196] P. K. Polakis, 'I. Άποκαύκος, Μητροπολίτης τοῦ Ναυπάκτου, Jérusalem 1923 ; Pétridés, J. Apokaukos, Lettres et autres documents inédits, extrait des Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, XIV (1909), pp. 69-100 ; Papadopoulos-Kérameus, dans lαθηνᾶ, XV (1903), pp. 463-478 ; Gerland, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, I, pp. 181-183 ; Al. de Stefani, dans les Studi italiani di filologia classica, 1900, pp. 489-496.

[197] L. Baronius a publié onze lettres, datant de 1176-88 ; cf. Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift, XV, p. 603 et suiv.

[198] Viz. Vréménik, XXII, p. 41 et suiv. — Mention d'Andronic Comnène, dans Théophylacte, Migne, Patr. Gr. CXXVI. c. 432, 453 et suiv. Andronic contre les Juifs, ibid., CXXXIII, c. 797 et suiv.

[199] Sur la vie religieuse à cette époque aussi Pétridès, Le chrysobulle de Manuel Comnène (1148) sur les biens d'église, dans la Revue de l'Orient chrétien, 1909, pp. 203 208 ; sur l'élection et déposition des hégoumènes au XIIe siècle, Échos d’Orient, III, p. 40 et suiv. ; J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, Paris 1914.

[200] Mais aussi le discours du patriarche Jean d'Antioche sur la vie monacale (Chalandon, op. cit.).

[201] Les « Chiliades » ont été publiées en 1826 par Kiessling ; le nouvel Homère par Lehr et Dübner, après Hésiode, dans la collection Didot ; l'Interprétation, par Matranga, dans les Anecdota graeca, II (1850), pp. 577-598 ; le Commentaire par C. G. Müller, 1811 ; la Théogonie, dans les « Abhand-lungen » de l'Académie de Berlin, 1842. Des études par Spelthahn, Studien zu den Chiliaden des Johannes Tzetzes, Munich 1904, par Harder, De J. Tzetzae historiarum fontibus, Kiel 1886. ; cf. G. Hart, dans le Supplément aux Jahrbücher fur klassische Philologie, XII (1881). Aussi Krumbacher, Byz. Litt., p. 526 et suiv. Gustav Hait, De Tzetzarum nomine, vitis, scriptis (il y a aussi Isaac Tzétzes), thèse. Leipzig 1880 ; Zuretti, Frustula tzetziana, dans les Miscellanea Salinas, Païenne 1907, pp. 216-222 ; le Commentaire à Porphyre, dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. 314 et suiv. ; sur ses vers, Pétridés, ibid., XII, pp. 568-570 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XVI, p. 191 et suiv. Sur Isaac Tzétzés, De metris pindaricis commentâtius, éd. A. B. Drachmann, Copenhague 1925.

[202] L'opuscule dans Migne, Patr. Gr. CXXXV ; Koukoulés, dans l’Έπετηρὶς τῶν βυζαντινῶν σπουδῶν, I.

[203] Éd. Migne, Patr. Gr., CXXXV ; éd. de Tafel : Eustathii Metropolitae Thessalonicensis opuscula, Francfort-s.'M. 1832.Cf. Max Neumann, Estathius als kritische Quelle fur den Iliastext, dans les Jahrbüchet für Philologie, XX, Suppl. (1893), pp. 145-340 ; Mercati, dans le Rheinisches Muséum, LXII (1907), p. 483 ; L. Cohn, dans l’Encyclopédie ; Pauly-Wissowa, VI, pp. 1452-1489. Monodies (avec celle de Constantin Manasse), dans les Viz. Vréménik, XVI, p. 283 et suiv. — On a eu tort de le confondre avec le Macrembolite et d'en faire un auteur de roman ; voyez Heisenberg, dans le Rheinisches Muséum, LVIII (1903), pp. 427-435, et les observations de Krumbacher, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, pp. 224-225.

[204] Le discours adressé, à une autre occasion, à Manuel par Jean Diogène, est banal (Regel, op. cit., pp. 304-311).

[205] Ibid., p. 330 et suiv. — Il cite aussi le Pseudo-Callisthène, p. 303.

[206] Ses œuvres de théologie, dans Migne, Patr. Gr., CXXXV-CXXXVI.

[207] Ibid., CXXXVI, c. 141.

[208] Ibid., c. 156.

[209] Ibid., c 261.

[210] Ibid., c. 301 et suiv.

[211] Ibid., c 359 et suiv.

[212] Édition de Migne, Patr. Gr. CXL ; édition partielle par l'évêque russe Arsène, Novgorod 1901 ; édition complète par Sp. Lambros, 2 vol. (Μιχαήλ Ακομινάτου τοῦ Χωνιάτοο τὰ σωζόμενα),Athènes 1846-80. Cf. Ellissen, Michael Akominatos von Chonâ, Erzbischof von Athen, Göttingue 1846. Aussi Krumbacher, Byz. Litt., pp. 468-470 ; Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, XX, p. 101 et suiv. ; Papadopoulos-Kérameus, dans l"Αρμονία, Athènes, 1902, pp. 209-224, 273-293 ; A. J. Sonny (sur la « Prosopopée », atribuée à Palamas) ; Viz. Obozrénié, I (1915), pp. 104-116 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VI, p. 3 et suiv. (oraison catéchétique) ; XIV, pp. 305-306 (inédits) ; Dyobouniotés, dans Έπετηρὶς τῶν βυζαντινῶν σπουδῶν, V, p. 19 et suiv. (interprétation de 1 Apocalypse) ; Revue Byzantine, I, p. 104 et suiv.

8

[213] Évêque Arsène, Pochvalnoé slovo Sv. Fotiiou Thessaliiskomou, Novgorod 1897, p. 14.

[214] Papadopoulos-Kérameus, dans Έπετηρὶς τοῦ Παρνασσοῦ, VII (1903) pp. 13-38. Cf. Krumbacher, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, pp. 225-226) et Papadopoulos-Kérameus, dans l"αθηνᾶ, XV (1903), pp. 479-483.

[215] Sur ceux de Georges Skylitzés, Pétridés, dans le Viz. Vréménik, X (1903), pp. 460, 494.

[216] Son Typique a été édité par Glykys à Venise, en 1779.Cf. sur tout ce qui le concerne, L. Petit, dans les Échos d’Orient, II, pp. 257-268.

[217] Sous Alexis et Jean Comnène le nomophylax en titre était Alexis Aresténos.

[218]Cf. Krumbacher, Byz. Litt., pp. 369-70 ; Papadopoulos-Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, XI, p. 74 et suiv.

[219] Éd. Bonn.Cf. L. Dindorf, Επιτομὴ ἰστοριῶν des Zonaras, Leipzig 1868-75 ; Johannis Zonarae epitome historiarum libri XVIII, éd. Theodor Büttner-Wobst, 3 vol., 1897.Cf. Krumbacher, Byz. Litt., p. 370 et suiv. ; W. Christ, Beiträge zur kirchlichen Litteratur der Byzantiner, Munich 1870 ; Büttner-Wobst, dans la Byz. Zeitschrift, I, pp. 202 et suiv, 594 et suiv. ; IV, pp. 250 et suiv., 513 ; Patzig, ibid., V, p. 24 et suiv. ; Zeitschrift fur wissenschaftliche Théologie, XXXVII. Traduction latine : Teza, dans les Atti dell' Istituto veneto, février 1901. Traductions slaves : Lavrov, dans le Viz. Vréménik, IV (1897), pp. 457-460.

[220] Éd. Migne, c. 1357.

[221] Ιν' ὡς ἐκ πλήρους πίθου γεῦμα ταῦτα τοῖς τῇ ἰστορίᾳ ἑντυγχάνουσιν ἔσοιτο ; ibid. Il prétend avoir raconté la révolte de Bardanès ; c. 1369.

[222]Cf. Hubert Pernot, dans les Mélanges Diehl, I, pp. 263-276.

[223] Sathas, Μεσαιωνική Βιβλιοθήχη, V, pp. 54-63 ; Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, I, p. XV et suiv. ; Krumbacher, Mittelgriechische-Sprichwörter, pp. 112-116 ; Kurtz, dans le Gymnasialblatta de Munich, 30 ; Krumbacher, Michael Glykas, Munich 1895 ; Sophronius Eustratiadis, Mιχαήλ τοῦ Γλυκᾶ εἰς τὰς ἀπορίας τῆς θείας γραφῆς κεφάλαια, Athènes, I, 1906 (cf. Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift, de cette année, pp. 166-172) ; Krumbacher, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1894-5, pp. 389-460 (cf. Byz. Litt., pp. 80, 380 et suiv., 806) ; Byz. Zeitschrift, V, pp. 54 et suiv., 210-211 ; Lambros, ibid., VII, pp. 586-587 ; XVIII, pp. 422-423 ; Viz. Vréménik, VI, p. 524 et suiv. ; P. N. Papaguéorguiou, dans la Νέα Ήμέρα, 1899, no. 1297 ; Εκκλησιαστική 'Αλήθεια, XVIII (1898), pp. 443-444. Glykas a donné aussi des scènes populaires d’un ton de mélancolique mépris pour les biens de ce monde, refusés au poète, mais avec la consolation que, si tout passe, tout change aussi ; Legrand, loc. cit., I, p. 18 et suiv.

[224] Migne, Patr. Gr. CLVIII.

[225] Sur Cédréne, aussi Mommsen, Gesammelte Schriften, VII p. 753 ; K. Praechter, Quellenkritische Studien zu Kedrenos, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, II (1897), pp. 3-107 ; Byz. Zeitschrift, VIII, p. 65 et -suiv. ; Praechter, ibid., p. 224 et suiv. ; Kurt Schweinburg, ibid., XXX, p. 68 et suiv. (première forme de la compilation). Cf. Krumbacher, Byz. Litt, pp. 368-369.

[226] Cf. , en dehors de la bibliographie dans Krumbacher, Byz. Litt., p. 281, 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 3 et suiv. Cf. aussi Dölger, Regesten, fasc. 2, pp. v-vi.

[227] P. 192.

[228] Cf. Neumann, Griechische Geschichtschreiber und Geschichtsquellen im 12. Jahrbundert, Leipzig 1880 ; Nicetae Acominati Choniatae narratio de statuts antïquis quas Franci a. 1204 destruxerunt, Leipzig 1830.

[229] Βίβλος ζώντων ἡ ἱστορία ; p. 5.

[230] Il écrivit aussi des vers de circonstance.Cf. Moravcsik, Der Hochzeitgedicht des Niketas Akominatos, dans l’« Egyetemes Philologiai Közlöny », XLVII (1923), p. 47 et suiv.

[231] Migne, Patr. Gr., CXXXIV, c. 1142.

[232] Ibid., CXL, c. 337 et suiv.

[233] Ibid., c. 361 et suiv. Cf. ibid., c. 1247 et suiv.

[234] M. Treu, Nicephori Chrysobergae ad Angelos orationes tres ; dans le programme du Gymnase Frédéric de Breslau, 1893. Cf. Byz. Zeitschrift, XV, p. 125 et suiv. Il cite d'après Alfred Dove (Die Doppelchronik von Reggio und die Quellen Sàlimbene’s, thèse de Leipzig, 1873) le passage de Salimbene dei Salimbeni de Parme, dans lequel il est parlé de la révolte de Jean Comnène, tué par les « Guaragni » (Varègues). ajoutant que grâce à ces troubles le jeune Alexis regagna sa liberté. — Cf. encore Lambros, Ecthesis Chronica and Chronicon Athenarum, Londres 1902. — Sur Etienne Tornikés, maître des rhéteurs9 sous Isaac, Regel, op. cit., p. 254 et suiv.

[235] Regel, Fontes rerum byzantinarum, p. 254 et suiv.

[236] Ibid., pp. 280-300.

[237] Ibid., pp. 300-304.

[238] Cf. Heisenberg, Analecta, pp. 19 et suiv., 34-35 ; E. Martini et D. Bassi, Un codice di Niccolo Mesarita, dans les Rendiconti de l'Académie de Naples, 1903 (cf. Heisenberg, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, pp. 226-227) ; Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift, XVII, pp. 172-178 ; Papadopoulos-Kérameus, dans le Viz. Vréménik, XI, pp. 389-391 ; Kurtz, ibid., XII, p. 99 et suiv. (trois lettres synodales adressées à lui par le Métropolite d'Épbése) ; Pargoire, dans les Échos d’Orient, VII, p. 219 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, pp. 412-415 ; Heisenberg, Die Modestosle gende des Misantes, dans la Festschrift Eberhard, p. 218 et suiv. ; Byzantion, II, pp. 619-628,

[239] La description de certains édifices de Constantinople, influencés par l'art perse, comme le Μουχρουτᾶς, est particulièrement précieuse. — Éd. Heisenberg, Nikolaos Mésaritès, pp. 19-49.

[240] Heisenberg, Neue Quellen zur Geschichte des lateinischen Kaisertums und der Kirchenunion. I. Der Epitapbios des Nikolaos Mesarites auf seinen Bruder Johannes, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1923, II-III ; Der Bericht des Nikolaos Mesarites uber die politischen und kirchlichen Ereignisse des Jahres 1214 ; ibid.

[241] Lampros. dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, p. 191 et suiv.

[242] Migne, Patr. Gr., CLVII, c. 685..

[243] Ibid., CLIV, c. 564.

[244] Ibid., c. 612.

[245] Ibid.

[246] Sur un évêque jacobite, Denis bar Salibi, qui explique à la même époque la Liturgie de St. Jacques,Cf. Chabot, Corpus scriptorum orientalium, Scriptores syri, 2e série, XCIII, Paris 1903. — Sur la politique orientale de Manuel, le Bulletin de la société russe palestinienne, XXIX (1926). Sur son contemporain Bar Hebraeus, éd. Abelloos et Lamy, Chronicon ecclesiasticum, Paris 1872-7.

[247] Maas, XXII, p. 348 et suiv ; Jagic, dans les Mémoires de l'Académie de Vienne, 1892 ; Fr. Hanna, Seria harteliana, Vienne 1896 ; le même, dans les Jahrbücher des kk. akademischen Gymnasiums in Wien, 1896 ; Wagner, Carmina graeca medii aevi, Leipzig-Hambourg 1874 ; Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, I ; Εκλογή μνημείων τῆς νεωτέρας ἑλληνικῆς γλώσσης, Athènes 1866 ; Hanna, Das byzantinische Lehrgedicht Spanias, Vienne, 1898 ; J. Schmitt, dans la Byz. Zeitschrift, I, p. 316 et suiv. ; ibid., VII, p. 623 ; VIII, p. 217 ; X, pp. 197-198 (d'après un travail russe de S. Papadimitriou) ; XIV, p. 314 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIV, p. 353 et suiv. ; Bänescu, dans les Mélanges Kondakov, p. 77 et suiv. ; V. Sacharov, dans le Viz. Vréménik, XI, p. 99 et suiv.

[248] Krumbacher, Byz. litt, pp. 781-782.

[249] Wagner, ouvr. cit., p. 62 et suiv.

[250] Regel, ouvr. cit., pp. 362-369.

[251] Vilh. Lundström, Kejsar Alexios II : ‘ sorgekväde öfver sin fader Kejsar Manuel, dans l’Eranos, VIII (1908), pp. 11-15 ; cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, XII, p. 439 et suiv. ; Maas, dans la Byz. Zeitschrift, XVIII,pp. 244-245.

[252]Cf. Treu, dans la Byz. Zeitschrift, II, p. 96 et suiv.

[253]Cf. plus haut, note 234.

[254] Krumbacher, Byz. Litt., pp. 540, 766 et suiv.

[255] Petrus Lazeri, Clarorum virorum Theodori Prodromi, Dantis Alighieri epistulae, Rome, 1754 ; Ellissen, Analecten der mittel und neugriechiscben Litteratur, Leipzig 1860 ; Dräseke, Byzantinische Hadesfahrten, dans le Neues Jahrbuch für das klassische Altertum, XXIX. CL Tozer, dans le Journal of hellenic studies, III ; Diehl, Figures byzantines, III ; Miller, dans les Mélanges de philologie et d'épigraphie, Paris 1876 ; Legrand, Bibliothèque grecque vulgaire, I, 1880 ; Hesseling et Pernot, Poèmes prodromiques, Amsterdam 1910 ; Historiens grecs des croisades, II, p. 742 et suiv. ; Achille Beltrami, Teodoro Prodromo, Brescia 1893 ; Frid. Grosshaupt, De Theodori Prodromi in Rhodanthe elocutione, thèse, Leipzig 1897 ; S. P. Papadimitriou, dans les Mémoires de la Société d'Odessa, 1899 ; Bekštrem, Katyomachia, dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, octobre 1899 ; L. Petit, dans le Viz. Vréménik, IX (19C2), pp. 446-463 (monodie à Nicétas Eugénianos) ; S. P. Papadimitriou, Jean II, Métropolite de Kiev, et Théodore Prodrome (en russe), Odessa 1902 ; Petit, Monodie de Théodore Prodrome sur Et. Skylitzès, Métropolitain de Trébizonde, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, VIII (1902), pp. 1-14 ; Sternbach, Spicilegium Prodromeum (dans les Mémoires de l'Académie de Cracovie, 1904, pp. 336-339 ; S. D. Papadimitriou, Théodore Prodrome (en russe), Odessa 1905 ; Oskar Höger, De Theodori Prodromi in fabula erotica 'Ροδάνθη καὶ Δοσικλῆς fontibus, thèse, Göttingue 1908 ; Cardus Welz, Analecta byzantina, Carmina inedita Theodori Prodromi et Stephani Physopalamitae, thèse, Strasbourg 1910 ; A. Hausrath, dans la Byz. Zeitschrift, X, p. 103, note 2 ; Kurtz, ibid., XVI, p. 289 et suiv. ; XIX, p. 314 et suiv. ; XX, pp. 223-227 (Dieterich sur l'éd. Pernot et Hesseling) ; J. Papadimitriou, dans le Viz. Vréménik, V, pp. 91-130 (les Prodromes) ; Hatzidakis, ibid., III, pp. 580-581 ; IV, p. 100 et suiv. ; V, p. 91 et suiv., 446 et suiv. ; S. Papadimitriou, ibid., p. 102 et suiv. (pour l'auteur ce serait un autre Prodrome, celui qu'il appelle : « des Manganes ») ; le même, ibid., p. 102 et suiv. (avec toute la bibliographie) ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, pp. 337 (lettres), 497 ; V, p. 332 et suiv. ; XVI, p. 474 et suiv. ; Anecdota prodromea dal Vat. gr. 305t dans les Rendiconti de l'Académie des Lincei, XVII, pp. 518-584 ; Mercati, Sulle pœsie anacreontiche di Teodoro Prodromo, ibid., XXVIII, p. 426 et suiv. Cf. aussi K. Lake, The Greek monasteries in South Italy dans le Journal of Theological Studies, IV (1903), p. 345 et suiv.

[256] Migne, Patr. Gr., CXXXIII.

[257]Cf. cette belle traduction que donnent MM. N. Jeanselme et L. Oeconomos, dans la Byzantion, I, pp. 321-339.

[258] Éd. Kurtz, dans le Byz. Zeitschrift, XVI, p. 69 et suiv.

[259]

[260] Cf. aussi E. Miller, dans la Revue politique et littéraire, 1874, p. 410 et suiv.

[261] Legrand, Collection de monuments, I. Cf. Krumbacher, Byz. Litt, p. 8.

[262] 1 Avec Krumbacher, Byz. Litt„ pp. 465-466, Treu, dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. 1 et suiv.

[263] Cf Krumbacher, Byz. Litt., pp. 467-468 ; Kirpitchnikov, dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, 1903, mars, 1-15.

[264] Konstantin Horna, Analekten zur byz. Literatur, programme du gymnase Sophie, Vienne 1905.

[265] S. Kurtz, dans le Viz. Vréménik, XII (1906), pp. 69-98.

[266] Westermann, Vitarum scriptores graeci minores (1845) (sa vie d'Oppien). Cf. aussi son prétendu poème didactique, édité par E. Miller, dans l'Annuaire de l'association pour l'encouragement des études grecques en France, IX, 1875.Cf. aussi Horna, dans les Wiener Studien, XXVIIl (1906), pp. 171-204 (cf. Byz. Zeitschrift, XVI, pp. 674-675).

[267] θάλασσα τοῖς ἠῖόσιν ἠρέμα προσπαίζει καὶ ταῖς ἠπείροις ἡμέρψ κύματι προσγελ ; Horna, Analekten zur byzantinischen Literatur, p. 6.

[268] Le même, Einige unedierte Stücke des Manasses und Italikos, Vienne 1902, p. 3 et suiv.

[269] Publié par Horna, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, p. 313 et suiv. Cf. Ibid., XIV, pp. 236-237.

[270] Éd. Ed. Kurtz, dans le Viz. Vréménik, XII, p. 79 et suiv.

[271] Cf. Bées, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, VII, p, 119 et suiv. (Manasse est le même que Manasse de Naupacte) ; Sternbach, Constantini Manassae ecphrasis medita (Mélanges Čwlinski, Lwow 1901, pp. 11-20 : discours sur le nom de Chios) ; Konst Horna, Einige unedierte Stücke des Mariasses und Italikos ; le même sur l'Hodoiporikon, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, p. 313 et suiv. ; le même, dans les Wiener Studien ; Βυζαντινά χρονικά, VII, p. 630 (poème pour Théodore Kontostéphanos) ; Stembach, dans les Wiener Studien, XXIV (1902), pp. 1-5 ; Petit, dans la Byz. Zeitschrift, VII, pp. 597-598 ; XI, p. 505 et suiv., XII, p. 258 et suiv. ; XIX, p. 338 et suiv. ; Papadopoulos-Kérameus, dans le Viz. Vréménik, V, pp. 671-677 ; Kurtz, ibid., VI, p. 62 (sur le poème à Théodore) ; ibid., VII, p. 631 et suiv. ; Kurtz, ibid., XII, pp. 69-98 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XVI, p. 60 et suiv. ; Sternbach, dans les Jahreshefte des österreichischen archäologischen Instituts, V (1,902) ; le même, dans l'Eos, VII, pp, 180-194. Sur la paraphrase néo-grecque, Praechter, dans la Byz. Zeitschrift, IV ; le même, ibid., VII, p. 588 et suiv. Cf. Filov, Les miniatures de la Chronique de Manassès à la bibliothèque du Vatican, Sofia 1927 ; Grégoire, Un continuateur de Manassès, dans les Mélanges Schlumberger, p. 272 et suiv. Sur Manasse comme historien, Mystakidés, dans les Byzantinisch-deutsche Beziehungen, pp. 45, 90-91. La traduction bulgare, éditée par J. Bogdan à Bucarest, a été reprise récemment à Sofia. — Sur des vers de Georges Skylitzés, Pétridés, dans le Viz. Vréménik, X.

[272]Cf. Cremer, Analecta Graeca, II ; Treu, dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. I et suiv. ; Mercati, ibid., VI, p. 126 et suiv.

[273] Une poésie d'Isaac Comnène, dans les Byz. neugr. Jahrbücher, 1926, p. 44 et suiv.

[274] Forme latine dans Migne, Patr. Gr., CXXVII.

[275] Elles ont été publiées par Konstantin Horna, dans les Wiener Studien, XXV (1903), pp. 165-217. Cf. Heisenberg, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, pp. 584-585. Constantin Stilbès écrivit sur les incendies de Constantinople, ajourant à ce qu'on pourrait appeler le journal en vers de la Capitale.Cf. Krumbacher, Byz. Litt. pp. 762-763. Des vers d'explication pour des sujets archéologiques 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIII, p. 71.

[276] Il ne peut pas s'agir d'émir.

[277] Il a été découvert par M. Sternbach, qui a publié plus de 1300 vers de lui ; Byz. Zeitschrift, XI, p. 406 et suiv.

[278] Papadopoulos-Kérameus, ibid., pp. 518-519. Sur ses défauts de métrique, Sternbach, dans les Wiener Studien, VIII, p. 292 ; Horna, dans la Byz. Zeitschrift, XIV, p. 468 et suiv. ; XVI, p. 454 et suiv. ; XVII, pp. 430-431. Cf. Krumbacher, Byz. Litt., p. 768 et suiv.

[279] Ed. Kurtz, dans le Viz. Vréménik, XIV (1907), pp. 1-11. Pour l'art byzantin en Sicile, P. Orsi, dans la Byz. Zeitschrift, XIX, pp. 63 et suiv., 462 et suiv.

[280] Zuretti, dans les 'Iταλοελληνικὰ, Palerme 1910, pp. 165-184. On trouvera dans le même volume une inscription grecque de 1121, pour un pont à Bronto. Cf. Mercati, dans la Rivista degli studi orientali, IX