HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME II – L’EMPIRE MOYEN DE CIVILISATION HELLÉNIQUE (641-1081)

 

CHAPITRE QUATRIÈME. — FLUX ET REFLUX DE LA REVANCHE BYZANTINE.

 

 

I. — LES GUERRES DE RÉCUPÉRATION EN ASIE.

 

Comme idéal et sens de la légitimité, Byzance était même là où depuis longtemps aucun soldat de l'Empire n'avait remis le pied. Jusque dans la Syrie perdue quelque chose restait toujours de ce passé byzantin dans la création duquel sous le rapport de l'art en première ligne, elle avait eu une part si large. Ces patriarches qui plus d'une fois furent persécutés et tués restaient les maîtres spirituels de ceux des Syrieus qui étaient restés fidèles à l'ancienne foi. Mais les autres aussi, les renégats, témoignaient de l'intérêt et du respect à l'Empire, devenu étranger pour eux. On regardait souvent du côté de l'ancienne capitale surtout lorsque l'autorité fut exercée, de la lointaine Alep, par des parvenus turcs aux manières rudes. Pendant le dixième siècle on verra donc un chroniqueur, Yahia ibn Saïd[1] considérer avec une sympathie évidente les progrès d'un empereur comme Nicéphore Phokas, auquel personne des musulmans n'oserait résister. Il y a dans les lignes de ce croyant de l'Islam comme un sentiment national lorsqu'il parle des exploits de croisade accomplis par les « Grecs ». En Egypte seulement on répondait à la même époque aux provocations byzantines comme la prise de l'île de Crète par la plus nette opposition, mais, au Caire, des églises melchites et nestoriennes subsistaient à côté.[2] Lorsque, après l'interdiction du contact avec Byzance par ordre des Omeyyades, le patriarche de la ville impériale, Théophylacte, demandera, en 937-938, à ses collègues d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem d'être mentionné dans leurs prières, son vœu fut aussitôt exaucé.[3]

C'est dans ces conditions intérieures, assez satisfaisantes, que commencèrent, après la révolte des Slaves du Péloponnèse, Ézérites et Milinges (vers 940, 965),[4] les guerres de récupération en Asie.

Dans la série des guerriers qui se consacrèrent à la revanche byzantine contre les usurpateurs de toute lignée, Rhomanos Lécapène, le tuteur imposé au Porphyrogénète, avait disparu en 944. Cet homme « digne, humain, sage et pieux »[5] s'était associé son fils aîné, Christophe, qui mourut, laissant un héritier, Michel, puis ses deux autres fils, avec l'impératrice Zoé, sa fille Hélène étant mariée au Porphyrogénète,[6] Etienne et Constantin. Or, ces fils crurent que leur père occupait trop longtemps le Siège impérial dont ils attendaient impatiemment la succession. Ayant forcé l'empereur à quitter le palais (26 décembre 944), l'ayant envoyé ensuite dans l'île de Proté, ils rencontrèrent devant eux, après quarante jours de domination, des adversaires légitimistes qui les contraignirent à chercher eux-mêmes un refuge dans des monastères (27 janvier 945).[7] Rétabli sur son trône, après avoir si longtemps prié, les cheveux épars sur le dos comme un moine, ou bien compilé et fabriqué des icônes,[8] le restaurateur des bonnes mœurs,[9] Constantin Porphyrogénète[10] ordonna une expédition contre les pillards crétois, qui ne réussit pas (949). Rhomanos II, son fils (959-63),[11] en organisa une autre,[12] dont il donna le commandement à Nicéphore Phocas, domestique de l'Occident, qui devait bientôt lui succéder. L'île fut enfin (mars 961) soumise jusqu'à la forteresse de Chandax, la Canée des Vénitiens.[13]

Sous Rhomanos Lécapène, le général Jean Kourkoua avait gagné des succès importants sur les Arabes. Puis une armée byzantine, commandée par le même Nicéphore Phokas, débarqua heureusement, remporta plusieurs succès sur les guerriers désordonnés du nouvel émir d'Alep, lui prit Anazarbe et Marach (961-2) et mit le siège devant sa capitale. Elle ne se rendit qu'après plusieurs mois, en décembre, mais Phokas eut la persévérance de passer l'hiver entier sur le sol de l'ennemi (962).[14] Pendant ce temps un autre des Phokas, Léon, frère de Nicéphore,[15] chassait des envahisseurs arabes venus de la Cilicie.[16] Nicéphore, chef des armées d'Asie, généralissime des stratèges de l'Anatole, aurait ouvert un nouveau cycle d'exploits contre les Infidèles, si n'était survenue la mort de l'empereur.[17]

Ayant appris la mort de Rhomanos II (15 mars 963), Nicéphore se fit proclamer tuteur des enfants impériaux, Basile et Constantin, dont il épousera la mère, Théophano, puis Auguste par ses soldats, à Césarée d'Asie Mineure,[18] laissant le gouvernement supérieur de l'Asie à son camarade d'armes, un Asiatique, Arménien même, Jean, dit « le Petit », Tschémesgigh,[19] mot que les Grecs devaient prononcer Tzimiscès,[20] qui était « domestique de l'Orient ».[21] Le petit homme blond aux yeux bleus était un chef remuant et habile, qui entendra lui aussi se frayer par ses victoires la voie au trône, qu'occupait son frère d'armes Nicéphore, époux déjà vieux de la jeune et belle veuve de Rhomanos : de temps en temps il envoyait, dès 958, à Constantinople des prisonniers musulmans qui défilaient par les rues de la Capitale.[22] Léon, frère de Nicéphore, l'aidait honnêtement dans cette œuvre.[23]

Mais Nicéphore revint lui-même comme empereur à la tête de ses armées d'Orient. C'était, du reste, pour lui un devoir de famille. N'avait-il pas combattu sous les ordres de son père Bardas Phokas contre les troupes turques de Seïf ad-Daoulet, à côté de ce camarade arménien, étant tantôt vaincu, tantôt vainqueur dans ces conflits de frontière ?[24] Il prit dans une première expédition, en 964-5, Mopsueste de Cilicie, et dans une seconde Adana et Tarse elle-même, le nid de ces pirates et voleurs de grand chemin qui continuaient après plusieurs siècles l'ancienne guérilla des Ciliciens contre Rome.[25] On avait ainsi libre entrée dans les plaines de la Syrie. Aussi Césarée et Antioche virent-elles aussitôt les drapeaux du basileus.[26] La conquête de Chypre devait suivre (966). Si une armée envoyée de Sicile fut détruite pour n'avoir pas suivi les préceptes de prudence que Nicéphore avait fait rédiger à son intention par un de ses officiers, si elle ternit ainsi la gloire qu'elle s'était acquise à Syracuse et à Taormina,[27] l'empereur, qui continuait, sans se presser, l'exécution de ses projets, conquit, dans l'expédition de 968, Édesse.[28] Il se présenta devant le port de Tripolis, d'où étaient parties si souvent, les escadres dévastatrices des pirates,[29] et mit le siège devant Antioche, qu'il bloqua. La place se rendit, le 28 octobre 969, quelques jours après le retour de Nicéphore en Europe, et fut brûlée.[30] De nouveau Alep avait succombé à l'attaque de l'armée byzantine :[31] elle capitula, devenant tributaire.

Bien que la Syrie fût restée sans défense devant lui, Nicéphore ne pénétra pas plus loin. Tzimiscès, exilé dans ses terres, le tua, d'une manière féroce, dans son palais, pendant qu'il dormait, étendu par terre (décembre 969),[32] au moment même où l'empereur devait partir pour l'Orient.

On n'avait pas trop aimé ce guerrier incommode, toujours absent, cet homme rude qui laissait combattre au Cirque avec des armes vraies, qui se faisait garder étroitement dans un palais fortifié, qui donnait main libre à ses Arméniens, qui allait jusqu'à faire monter sur un bûcher une femme qui lui avait jeté des pierres.[33] La tradition des Macédoniens était sans doute plus douce. Seuls les patriotes, les lettrés, regrettèrent le maître inégalable qu'avait perdu l'Empire ».[34]

Un Occidental, qui connaissait les lettres grecques jusqu'à pouvoir citer les épithètes donnés par Homère aux dieux de l'Hellade et à présenter Nicéphore Phocas à la façon d'Agamemnon, roi d'Argos,[35] ce Liutprand, évêque de Crémone, décrit la Constantinople de la revanche asiatique, avec son palais des Blachernes, « supérieur à tous les autres en beauté et en puissance », gardé par de nombreux soldats d'où partent vers toutes les régions du monde des ambassadeurs, des « apocrisiaires » comme ce Salomon, qui, de son temps, se rendit, non seulement en « Saxe », mais jusqu'en Espagne. Des péribolia, où on peut voir toutes les bêtes rares de l'Orient, l'entourent. Un arbre doré, portant des oiseaux en métal, qui chantent, des lions gardant le trône impérial, qui s'élève et descend, un empereur changeant merveilleusement d'habits, dans sa litière soutenue par des eunuques, des repas de cérémonie dans le logis de l'Hippodrome, qui durent trois jours, des vases d'or très anciens étant employés, des spectacles pour le vulgaire, avec des gymnastes qui escaladent des pieux, des cérémonies d'un caractère invariable, pendant lesquelles la foule recueille les pièces d'or jetées dans la rue, alors que le « majordome », le « domestique de la mer », « le drongaire », les vingt-quatre patrices sont habillés de « scaramanges » à la façon des barbares auxquels on a l'habitude de les envoyer, ajoutent au prestige. Les accusations injustes et les lourdes ironies comprises dans le rapport aux deux Ottons pour la mission auprès de Nicéphore doivent être interprétées par l'attitude de dénégation que l'Empire conservait avec obstination à l'égard des prétentions de domination italienne et de parité de rang des Occidentaux avec la légitimité « romaine » de Constantinople. Il lui semble, à ce prélat latin, que cette Rome Nouvelle, si vantée et si sûre d'elle-même, est assez pauvre et encore plus mesquine, qu'on y est mal logé, mal nourri, mal défrayé en route, que les mendiants, même ceux de « langue latine », probablement des pèlerins, y abondent, que le formalisme, jusqu'à celui des vieux vêtements, tirés de la garde-robe impériale, envahit, retarde et encombre tout Liutprand est le quinzième après le Bulgare et les patrices au repas d'apparat, lui, l'homme des Césars par la valeur ! —, qu'on se perd dans de longs discours en langue « attique », qui masquent difficilement l'hypocrisie courante. Le portrait de l'empereur victorieux,[36] prêt à partir pour de nouvelles conquêtes en Asie, en devient une caricature haineuse : petit, gros, ventru, noir, poilu et barbu, la tête grosse, les yeux petits, les pieds courts, la marche plantigrade, et quel vêtement indigne d'un monarque ! Partout, à la « proéleusis », où on crie « Mort aux Sarrasins », « Longues années au maître », à Pégai, où il chevauche pour se distraire, à table, où, devant son vieux père, âgé de « cent cinquante ans », on lit les Homélies du Chrysostome, dans son camp en marche, il ne ressemblerait guère à ce lion d'Occident et à ce fils de lion qui sont les deux Ottons.[37]

Car, en Occident, l'Italie s'est créé depuis longtemps des rois à elle, héritiers heureux des anciens « antartes » et aussi de l'« Auguste » Charlemagne : un Bérenger, un Guy, qui réunissent, dans l'opinion des contemporains, le regnum Italiae à l’imperium romanum, le seul. Comme, par la Sicile grécisée, par Venise, restée en théorie partie intégrante de l'Empire, par Amalfi,[38] dont les citoyens sont bien venus à Byzance, par un commerce qui se reprend maintenant qu'il n'y a plus de pirates arabes dans la Méditerranée, on sait le grec, les écrivains donneront déjà à ces princes improvisés dans les marquisats franco-lombards le titre de basileuz anikhtoi, « empereurs invincibles ».

Le « Saxon » Otto, qui s'est gagné, par le mariage avec Adélaïde, Adelasia, héritière de l'Italie, la couronne des Carolingiens, a demandé à Constantinople qu'on reconnaisse cette succession. Or voici quel fut l'accueil, à la Cour de Nicéphore Phokas, de ces prétentions : « On disait en guise de défi non pas : empereur, c'est-à-dire basileuz, dans sa langue à lui, mais rhx dans la nôtre. Et, lui ayant dit que c'est la même chose, bien que dans des termes différents, il me répondit qu'on voit bien que je suis venu, non pas pour la paix, mais pour la querelle ». Nicéphore lui-même, qui avait déjà interdit à des ambassadeurs « saxons », « lombards » antérieurs qu'on usurpe le titre qui lui revient à lui seul, s'écrie indigné : « Peut-il y avoir de plus grand scandale que de se faire appeler empereur et d'usurper des thèmes de notre Empire ? ». « Vous n'êtes pas des Romains », dit-on à ces émissaires, traités à la légère, « mais des Lombards », appartenant à ce monde vague de Lombards, Saxons, Francs, Lotharingiens, Bavarois-Suèves qui occupent les provinces impériales de l'Occident, se moquant du nom sévère des Romains. Ont-ils, au moins, ces défenseurs de l'Église, des synodes « saxons » ? Une cavalerie noble ? Une flotte de l'Occident existe-t-elle comme en Orient byzantin ? Connaît-on l'art de prendre une ville fortifiée ? Ces gens encore barbares ont pris Rome, ont chassé les rois d'Italie, qui demandent le secours de leur maître légitime, ont chassé et aveuglé les clients de l'Empire. Il faut que Rome et Ravenne, « avec tout ce qui s'étend entre elles et nous », soient restituées ou, au moins, Rome, qui n'est de nul profit, restant libre, qu'on évacue Capoue et Bénévent, avec les « serfs » de l'Empire dans cette Italie méridionale, où ordre a été donné d'officier en grec, à Otrante. Autrement Otto sera brisé « comme un vase d'argile ». Déjà une flotte était envoyée avec des dromons et des « vaisseaux russes » pour accomplir l'œuvre de récupération.

Et la réponse se déclanche aussitôt, peut-être un peu plus fière dans le rapport officiel que dans la réalité des choses : en Occident on conserve la vraie foi, et, s'il est question de synodes, il y en a eu peut-être un, là, en Saxe, où « on a discuté et admis qu'il est plus convenable de combattre avec l'épée qu'avec la plume et de souffrir plutôt la mort que de fuir devant l'ennemi ». Nicéphore n'a qu'à en faire la preuve. Si on a pris Rome, on l'a fait pour la délivrer des « efféminés » et des « femmes de mauvaise vie » (Théodora, Marozia). Pourquoi ces empereurs orientaux n'ont-ils rien fait d'autre qu'exiler les Papes, dépouiller les édifices romains, accepter des usurpateurs de la trempe d'un Adalbert, alors qu'Otto est sur les traces d'un Valentinien, d'un Théodose, d'un Justinien ? Les Lombards du Midi italien sont des vassaux, à l'inféodation desquels ont assisté les envoyés même de Constantinople. Le Midi italien, que les Lombards avaient acquis par force, a été récupéré sur les Sarrasins par le Carolingien Louis, et Landulphe de Bénévent a repris par les armes Capoue, rachetée par Rhomanos à l'occasion du mariage de Berthe. Et, en fin de compte, « cette terre que tu réclames pour ton Empire, la nationalité des habitants et leur langue la déclarent appartenir au royaume d'Italie ».[39]

Dès la nouvelle du meurtre de Nicéphore, Bardas, fils du curopalate Léon Phokas et par conséquent neveu de l'assassiné, lèvera une armée dans ses vastes domaines et dans ceux de ses amis. Un autre grand « baron » d'Asie, Bardas Skléros, pourra seul mettre fin à cette tentative d'usurpation, car il avait pour cela largement distribué des fonctions et inscrit les noms des titulaires dans des décrets en blanc que lui avait remis son beau-frère l'empereur.[40]

Maître du pouvoir, Tzimiscès put commencer donc lui aussi sa guerre asiatique contre les émirs abandonnés par le calife et par son maître de la milice turc. De nouveau on fit des préparatifs méticuleux et, s'avançant avec une connaissance parfaite du pays et de la manière de combattre des ennemis, le nouveau souverain pénétra jusqu'à Ecbatane.[41] Puis, poursuivant ses succès, comparables à ceux d'Héraclius dans la première période, heureuse, de son règne, il promena à travers la Syrie ces drapeaux byzantins qu'on n'y avait pas vus depuis plus de trois cents ans. C'était une véritable croisade des Grecs, et les Sarrasins, qui mirent à mort le patriarche de Jérusalem comme complice de l'empereur Nicéphore, l'avaient compris ; une véritable croisade, moins la naïveté et l'imprévoyance, la grande valeur chevaleresque, plutôt vaine, des croisés d'Occident, qui devaient faire les mêmes campagnes un siècle plus tard.

Émèse, Apamée furent prises ; la splendide ville de Damas, sise dans son oasis comme dans un paradis terrestre, dut se racheter. Balanée, Béryte, Byblos, les ports malfaisants des Sarrasins, furent occupés par des garnisons de gens de Roum, dans ce reflux de victoire.[42] Encore une fois Tripolis, la plus importante de ces villes de Phénicie, fut en danger de succomber (974-5).[43] On disait que les Byzantins auraient vu Nazareth, seraient montés sur le Mont Thabor ; ils auraient reçu des ambassades de la part des gens de Ramleh et de Jérusalem, auraient recueilli partout des reliques pour les églises de Constantinople et soumis au tribut les émirs, grands et petits, de ces régions. Se vantant un peu, le petit Arménien qui avait fait ses preuves de grand capitaine pouvait écrire à son compatriote et allié d'Asie, le « roi » d'Arménie Achod : « Toute la Phénicie, la Palestine, la Syrie sont délivrées de la tyrannie musulmane, et obéissent aux Romains ».[44] En vrai croisé victorieux, Tzimiscès fut le premier empereur « romain » qui fit battre des monnaies d'or et de cuivre portant l'image du Christ.[45]

 

II. — LA RECONQUÊTE DU DANUBE

 

Une seconde œuvre de récupération fut accomplie du côté du Nord, où le Danube fut délivré ainsi que l'avaient été en quelque sorte en Asie, l'Euphrate et le Tigre.

Nicéphore avait rompu avec son « fils spirituel » de Preslav, qui lui avait demandé par une ambassade les « présents annuels » et qui ne voulait ou ne pouvait pas empêcher le passage des hordes hongroises pillardes.[46] Comme ses pensées étaient tournées surtout du côté de l'Orient, comme il comptait intervenir aussi dans les affaires de l'Italie, où la descente du roi germain Otto avait abouti à la création d'un nouvel empire d'Occident, qui détenait Rome et réclamait aussi la possession du thème byzantin de Longobardie, la suzeraineté sur les provinces de Capoue, Salerne et Bénévent, tributaires de l'empereur,[47] il voulut confier à des auxiliaires payés la tâche de châtier les « amis bulgares ». Il s'adressa aux Russes, aux « dromites », aux « vagabonds » païens, qui se présentaient souvent dès les jours d'Igor (Inger), dont parle Liutprand, sur des barques louées à d'autres barbares, comme marchands et ambassadeurs, à Constantinople que venait de visiter leur grande princesse Olga.[48] Leurs rapports de commerce avec les Chersonites les avaient, du reste, initiés aux choses de Byzance et de l'Orient.[49]

Sviatoslav, l'« archôn » Scandinave de ces barbares puissants et féroces, aux longs cheveux et aux vêtements crasseux, s'offrit volontiers ; il battit les Bulgares, leur prit Silistrie,[50] et même la capitale de Preslav. Mais ensuite il ne voulut pas vider la place, attendant peut-être pour lui et les siens des récompenses que l'Empire ne pouvait ou ne voulait accorder. Nicéphore ne se montrait pas si méprisant envers le prince de « Saxe » et les gens d'Occident, pour consentir à flatter des « Tauroscythes ».

Du reste, les Russes se tinrent tranquilles dans leurs nouveaux quartiers ; ils n'étaient pas assez sûrs des Bulgares pour pouvoir manifester des intentions ambitieuses, et ils n'entendaient pas abandonner encore leur ancienne patrie du Dnieper, parmi les villages des Létitches et Krivitches, dans la froide plaine aux lacs sans rivages.

Mais Byzance ne pouvait pas tolérer plus longtemps cette intrusion. Nicéphore eût balayé sans doute en quelques semaines cette engeance sauvage qui détenait une des provinces de l'héritage de Justinien. Quand les Russes apprirent la mort du vaillant empereur et la terrible révolte de l'Asie, ils se mirent en mouvement, et leurs bandes, qui comprenaient aussi des éléments bulgares, pénétrèrent jusqu'à Philippopolis, qu'ils prirent ; les prisonniers furent empalés, selon leur coutume cruelle.[51] Un poète du temps fit écrire sur le tombeau de Nicéphore, dans le mausolée de Constantin le Grand, des vers douloureux qui imploraient l'âme héroïque du vieux maître tué.

Bardas Skléros, qui employa aussi des troupes d'Asie, fit d'abord contre les Russes une campagne d'automne, qui réussit. Mais bientôt le grand danger apparu en Asie le rappela sur ce champ de guerre.[52] Les Russes parvinrent à repousser rudement le général chargé par Bardas de continuer les opérations contre eux.[53] La flotte danubienne ne put pas atteindre ses buts.[54]

Au printemps, Tzimiscès en personne partit cependant contre ces pirates audacieux. Il réussit à franchir les montagnes sans empêchement et se saisit après le combat de la capitale bulgare et du « basileus » Bogor (Boris) lui-même.[55] Sviatoslav livra une bataille décisive, qui fut acharnée, sous les murs de Silistrie. Tuant les Bulgares traîtres, la « droujina » kiévite, le cnèze en tête, vêtu de blanc, aux deux nattes de cheveux sur le dos et orné d'une boucle d'oreille, combattit à pied, fidèle à ses grandes traditions guerrières, avec un acharnement sans exemple. Dans leur désespoir, les Russes préférèrent la mort à la captivité. Les cadavres brûlèrent sur les bûchers, avec les esclaves, tandis que, d'après des rites sauvages et obscurs, enfants et coqs étaient jetés dans le Danube. On ne put déloger les restes de cette armée qu'en permettant à Sviatoslav une retraite honorable et en lui assurant que le commerce avec Constantinople pourra être continué.[56]

Mais les Petchénègues, qui d'habitude fournissaient de chevaux, de brebis et de bœufs leurs voisins,[57] le guettant au passage, le tuèrent. Le basileus légitime des Bulgares, Boris II, fut déposé. Deux cités byzantines s'élevèrent à la place où s'étaient livrés les deux combats : la cité de Jean et celle de Sainte Théodora, patronne des armes byzantines.[58]

L'État bulgare était par terre. Mais pas aussi l'Église.

Basile, dont la politique religieuse fut envahissante aussi à l'égard de l'Arménie[59] voulut la supprimer en réduisant à un simple archevêché, relégué dans une sauvage vallée macédonienne, à un Siège de langue grecque ce qui avait été un fier patriarcat slavon, pour tous les Slaves, car les Serbes, en tant qu'ils n'étaient pas catholiques sur la Primorié, n'avaient pas encore une organisation hiérarchique de leur Église, restée pendant longtemps, comme chez la population romane, simplement populaire.

Mais cette Église résista. C'est elle qui, bien qu'admise à nommer son chef, à le prendre momentanément parmi les Bulgares eux-mêmes, fomentera la révolte et la soutiendra de tous ses efforts.[60]

Il aurait fallu maintenant pénétrer dans cette Bulgarie occidentale, dans ces possessions de Macédoine où régnait depuis longtemps le chaos, l'usurpation de quelques riches maisons de boïars ; il aurait fallu fixer encore une fois les relations du côté de l'Adriatique. Mais Tzimiscès vainqueur fut pris bientôt par les affaires d'Asie, par cette « guerre sainte » qui devait l'absoudre d'un horrible assassinat. A son retour, il succomba rapidement, et on le crut assassiné. Sa mort prématurée signifiait une guerre civile, qui fut longue et difficile.

 

III. — ACCOMPLISSEMENT DE L'ŒUVRE DE RESTAURATION SOUS BASILE II.

 

La croisade de Syrie et l'expulsion des Russes, la conquête, la reconquista de la Bulgarie orientale, du vrai et ancien pays bulgare, ces grands exploits du nouvel Empire avaient été accomplis par des usurpateurs, par des empereurs-soldats qui occupaient auprès des petit-fils de Constantin le Porphyrogénète la place de mandataire général, orné du titre impérial entier, et non plus de celui, plus modeste, de César, que Rhomanos Lécapène avait occupée auprès de Constantin lui-même, de même que le fondateur de la dynastie, le premier Basile, auprès du pauvre Michel. Nicéphore Phokas, Jean Tzimiscès avaient gagné leurs titres au pouvoir suprême par leurs campagnes victorieuses contre les Sarrasins, par leurs exploits en Asie ou dans les îles, par leurs commandements heureux en Orient. Cet Orient, plus étendu, plus riche, plus cultivé jouissait depuis longtemps d'une paix et d'une sécurité que l'Occident byzantin, ravagé par les bandes bulgares, russes, hongroises, petchénègues, devait lui envier, paraissant désormais destiné à donner au « monde romain » réduit des chefs, choisis parmi les généraux les plus braves, et les plus grands propriétaires des vallées d'Asie Mineure.

On le vit bien après la mort de Tzimiscès. On avait attribué cette fin prématurée du vaillant croisé au poison versé par des conspirateurs, qu'aurait gagnés l'argent du richissime eunuque Basile, bâtard d'empereur, qui, orné du titre de « patakoiménos », grand cubiculaire, aspirait lui-même, malgré sa mutilation, à la couronne de son père et de son aïeul, Tzimiscès mort, les jeunes princes Basile et Constantin eurent nominalement le pouvoir, mais, pour le moment, tout se faisait par la volonté de l'eunuque. Dans une époque où le clergé supérieur comptait nombre d'eunuques parmi les archevêques et les patriarches, où, comme sous Justinien, ils jouaient aussi un rôle dans l'État, faut-il s'étonner que ce malheureux personnage, dont le nom même devait être un ferment d'ambition, osât aspirer à la couronne ?

Mais les généraux d'Asie ne l'entendaient pas de cette manière. Pendant de longues années, avant et après la disgrâce et la mort de Basile l'eunuque, ils réclamèrent l'héritage des deux empereurs stratèges, dont ils se croyaient dignes d'être les successeurs.

Voici d'abord Bardas Skléros, qui, sans chausser les cothurnes de pourpre, se soulève.[61] C'est en vain que l'empereur envoie contre lui à plusieurs reprises des troupes asiatiques restées fidèles et les contingents d'Europe. Il faut recourir, pour se défaire de lui, à son homonyme, Bardas, le parent de Nicéphore Phokas. Alors Skléros est réduit à s'enfuir sur le territoire du calife, à Ecbatane :[62] il embauchera contre les Turcs 3.000 brigands, qu'il avait fait tirer des prisons de Syrie.[63] Mais à peine a-t-on savouré à Constantinople la joie de la victoire, que ce Bardas Phokas,[64] aidé par les dynastes d'Asie et par les Ibères, (tandis que Skléros avait eu surtout des soldats, et, parmi les voisins de l'Empire, dans ces parages, des Arméniens et des Arabes), se proclame lui-même empereur. Il arrive jusqu'à Abydos, où vient le trouver le jeune Basile avec ses mercenaires russes, envoyés par le mari de sa sœur Anne, le prince de Kiev, Vladimir, successeur chrétien du vaillant Sviatoslav.[65] Un coup de soleil ou une attaque d'apoplexie terrasse Phokas (avril 989), au moment où il se précipitait contre l'empereur d'Europe, et on attribua cette mort subite à la protection que la Vierge accordait au maître légitime de sa ville de Constantinople.

A la nouvelle de la proclamation de Phokas, le fuyard Skléros, l'autre « Auguste » Bardas, était revenu de son exil. A la tête de soldats qu'il traitait en camarades,[66] il poursuivait maintenant une politique de duplicité qui devait lui assurer dans tous les cas des avantages. Mais, lorsqu'il vit que la fortune tournait décidément du côté du jeune Basile, il offrit de négocier. L'empereur le vit arriver devant lui et déposer tranquillement les insignes de la dignité qu'il avait usurpée. Il était vieux et avait même perdu la vue au cours de ces événements malheureux, Basile, qui le fit boire dans sa coupe, se fia à sa parole et, selon les sentiments, beaucoup adoucis, de son temps, il le laissa achever en paix sa vie à la campagne, sur une de ses propriétés.[67]

Les troubles en Asie étaient terminés. Il n'y avait plus de vrai danger à craindre de la part des anciens ennemis. L'œuvre de Tzimiscès restait entière. Une coalition des émirs de Phénicie avec celui de Damas ne fut pas en état de reprendre la belle et grande ville d'Antioche. Les musulmans d'Egypte se bornèrent à détruire l'église du Saint-Sépulcre et à persécuter les moines, qu'ils soupçonnaient d'être d'intelligence avec leur empereur chrétien. Des héritages s'offraient à l'Empire rajeuni, refait, réconforté dans son esprit et dans ses moyens d'action, en Ibérie, en Arménie, où dépérissait l'État du Vaspourakan,[68] qui a laissé les grandes ruines d'Ani, puis en Abasgie.

Basile ne se borna pas à accepter ces territoires qui s'offraient à lui. Infatigable à la guerre, comme aux affaires de l'État, qu'il résolvait rapidement, contre toutes les formes d'antique solennité, cet homme supérieur, surgi du milieu d'une famille de condition médiocre, alla partout recevoir lui-même la soumission des pays gagnés par sa diplomatie, rassurer ses nouveaux sujets, apaiser les mécontentements, fortifier les villes et les défilés, imposer à tous ce respect pour la personne impériale qui restait encore la principale base de l'action politique byzantine. Jusqu'aux Arabes du désert, tous les voisins asiatiques sentirent sa main. Jamais l'Asie n'avait eu une vie si tranquille, si quiètement heureuse, que celle dont elle jouit pendant ce règne de cinquante ans. Il faut ajouter que les abus des «puissants » furent, encore une fois, sévèrement défendus.

Les riches ne purent plus poursuivre leur lente acquisition de la terre,[69] et, malgré l'opposition des plus grands dignitaires et du patriarche lui-même, Basile rétablit la loi de l'allilengion, astreignant ces riches à payer la part d'impôt personnel des petits propriétaires de leur voisinage, réduits à la pauvreté notoire.[70]

En même temps, la Mer restait le domaine incontesté des Byzantins. Un prince russe, venu à l'improviste, essayait de se nicher à Lemnos : les officiers de l'Empire surent le tromper par leurs artifices, et le massacrèrent avec tous les siens.[71] Les fastes des pirates étaient désormais clos. Si les armées rhomaïques ne furent pas heureuses dans les conflits incessants avec les potentats de la Calabre.[72] Basile n'accordait pas une trop grande attention à ces choses de « Longobardie ». Le mariage du fils du doge de Venise avec Marie,[73] la fille d'un dignitaire byzantin, Argyropoulos, et de la sœur de l'empereur Rhomanos II, fut un événement politique important, et les contemporains en sentirent la portée.[74]

Revenant en arrière sur ces choses d'Italie, notons d'abord que, malgré les dures récriminations et les sanglantes offenses que reproduit Liutprand, Tzimiscès avait donné pour le fils de l'usurpateur «lombard », pour son associé au trône, Otto II, la princesse byzantine, de la lignée des Macédoniens, Théophano, « nièce » de l'empereur régnant. Et le chroniqueur allemand Thietmar présentera le mariage comme imposé à ces « Grecs » qui avaient refusé d'abord une fille d'empereur, tuant des ambassadeurs qui les avaient offensés, pour que, en guise de revanche, Siegfried, « marquis de Calabre », coupe des nez d'Orientaux.[75] Mais ce fut tout : aucun secours oriental ne vint soutenir, dans la lutte difficile contre les Arabes, ce fils d'Adélasia, qui combattait pour sa propre patrie italienne. Otto II († 983), le conquérant de Tarente, eut donc à subir des défaites humiliantes, pouvant à peine sauver sa vie par la fuite.

Otto III, le fils de Théophano, fut élevé de façon à devoir se considérer comme maître du monde entier. Celui qui faisait ouvrir à Aix-la-Chapelle la tombe de Charlemagne pour rendre hommage à l'ancêtre pouvait bien nourrir, même contre un parent aussi puissant que Basile, des rêves orientaux.[76] On a observé avec raison que le nouvel Empire, tout en empruntant à Byzance le titre de « couronné par Dieu », la bulle de plomb, la table séparée pour le souverain et tels détails du costume, comme les pendeloques de la couronne, en imitant les formules et la frappe des monnaies, en acceptant l'adoption de saints byzantins (Nicolas, Georges, Pantéléimon, Catherine), n'osa pas ajouter pendant longtemps au titre d'« empereur » le corollaire de « romain ».[77] Mais la mort d'Otto III écarta ce danger pour Byzance.

De son côté, bien avant que des empereurs germaniques descendent en Italie pour y chercher d'abord un simple titre impérial, Rome en était arrivée à se considérer autonome comme avant l'appel aux Francs. Elle paraît même se byzantiniser à nouveau avec des chefs à titres byzantins comme celui de « vestarius » (féminin grec : « vestarissa »), qu'on écrit, par ignorance, aussi « vestararius » et dont les noms mêmes sont grecs : Théophylacte, Théodora.[78] On osait demander pour ces potentats des princesses byzantines.[79] Dame Marozzia fut invitée donc à Constantinople, Cette famille, qui donna aussi des Papes de la qualité de Jean XIII, eut même, dans la lignée de Crescentius I, l'honneur du patriciat byzantin. Les Papes Benoît VIII et Benoît IX s'étaient appelés d'abord Théophylacte. L'ami des Byzantins, leur parent par alliance, le roi Hugues de Provence, s'était mêlé aussi de ces affaires romaines.[80]

On vit de nouveau des Papes à Constantinople, comme un de ces Benoît de piteuse mémoire. Un Jean XVI, Pape contesté, renversé et tué, était originaire de Calabre, où il avait été archevêque, et son premier nom avait été Philagathos, et nous avons vu que, au moment de son élection, il y avait un envoyé de Byzance à Rome.[81]

Parmi ces rois d'Allemagne, successeurs des Ottons, le second après Henri le Saint, le Franconien Conrad II (1024-1039), reprenant l'œuvre de restauration dans le Midi italien, où il pénétra jusqu'à Troia, demanda en mariage pour son fils, qui sera Henri III, la fille de Constantin VIII le Macédonien, puis celle de Rhomanos Argyre, en 1028.[82]

On suivait attentivement à Venise, habituée à dater d'après les règnes byzantins, et en Sicile, en Italie méridionale, la succession des maîtres légitimes, qu'on ne pouvait pas oublier. Par des mentions dans les chroniques des « Deux Siciles » on a pour les empereurs du onzième siècle des sobriquets inédits. Michel III est qualifié de « Catalectus » ; pour le onzième siècle, Michel le Paphlagonien sera intitulé chef des « hétairies » (« Etherarchis »), alors que son successeur, le « Parapinace », dont on signale les rapports avec les Varègues Scandinaves (« Garangi »), apparaîtra comme « Archontopathios » (« Arcontopathiu ») ; Michel le Stratiotique portera le nom de Michel le Nouveau (« Novicius ») et Constantin Ducas celui de « Diolizi » (Doukitzès).[83] Les fastes du Midi italien pendant ce onzième siècle seront écrits par ce Lupus qui se glorifie du titre byzantin de protospathaire.[84]

La chronique constantinopolitaine de Skylitzès n'oublie pas de raconter jusqu'aux derniers détails les expéditions personnelles de Basile contre les « Bulgares » de Macédoine. Elles furent longues et difficiles, mais intéressantes et profitables, sans qu'il soit besoin d'exagérer leur importance.

Lors de l'établissement de Sviatoslav à Preslav et à Silistrie, certains boïars avaient cherché un refuge dans les régions occidentales de l'Empire bulgare, qui menaient, depuis les insuccès du grand Siméon contre les Serbes et les Croates[85] une vie passablement indépendante. A leur tête se trouvaient les fils d'un certain Chichman, « baron » du village de Tirnovo en Thessalie. C'étaient déjà, à ce qu'il paraît, des bogomiles convertis au paulicianisme, à l'hérésie qu'avaient importée d'Asie des colons persécutés pour leur religion par les empereurs macédoniens. Le bogomilisme admettait un mauvais Dieu qui est et combat contre le bon Dieu qui sera ; ils mêlaient le culte de la douleur à des penchants orgiastiques ; ils faisaient leur choix dans les Livres de la Bible, croyant à l'esprit, et non aux formes sèches, écartant la tradition hébraïque,[86] gouvernés par des « synecdèmes » et des « notaires », ces rebelles contre la croix avaient, non pas des églises, mais de simples maisons de prière.[87] Malgré leur haine contre le Vieux Testament, les chefs bulgares, les Comitopoules des Byzantins, les « fils de boïars » s'appelaient David, Moïse, Aaron, Samuel. Leur archevêque, indépendant de Byzance, un patriarche schismatique, s'appelait lui-même David.[88]

Ils trouvèrent dans ces régions du Drin, dans ces montagnes de Macédoine, dans ces pays riverains de l'Adriatique, des princes serbes menant une vie pauvre, mal assurée et barbare, des clans d'Albanais et des descendants de l'ancienne population romaine d'Illyrie, ces Vlaques pasteurs, qui erraient avec leurs troupeaux des plaines de la Thessalie, tout autour de Larisse, jusque dans les Balkans — on trouve la mention de leur Long Champ, Câmpulung,[89] — arrivant à Tirnovo, à Triaditza ou Sofia.[90] Ces gens qu'incommodait le régime des taxes byzantines se rallièrent aux boïars de Bulgarie et leur constituèrent une armée. Les noms des officiers du nouvel État bulgare, qui reçut, paraît-il, du Pape, pour de vaines promesses, le titre royal, mais ne fut jamais reconnu en cette qualité par les Byzantins, sont d'un caractère tout nouveau, vlaque et serbe. Tous ces Nicolitza (de Serrés),[91] ces Nestoritza, ces Ivatzès, ces Ilitza, ces Zaritzès, ces Dragchane, ces Dobromirs, ces Vladislav, ces Krakras (au trente-trois châteaux près de Pernik),[92] ont un timbre inaccoutumé et étranger. Les doubles noms « rhomaïques »[93] ne manquent pas, comme d'habitude chez les Serbes,[94] pour certains de ces chefs, dont l'un s'appelait en même temps Gabriel et Rhomanos, mais l'influence byzantine était très faible au milieu de ces populations d'une grande énergie sauvage, d'une rare rapidité et élasticité guerrières.

Ainsi fut établi, sous Samuel, héritier de ses frères, morts ou tués par lui-même, avec, aussi, les fils d'un d'entre eux, Aaron, sauf Vladislav, un royaume de la révolte et de la déprédation,[95] qui avait son centre près du lac de Prespa,[96] ensuite dans la nouvelle ville d'Ochrida, cachée au fond d'un défilé, tandis que ses branches s'étendaient à l'Est jusqu'à Triaditza, jusqu'au Grand Preslav, arraché un moment aux Byzantins, à l'Ouest jusqu'à Durazzo, qui leur fut reprise par trahison, au Nord, jusqu'au Vidine du Danube,[97] au Sud, enfin, jusqu'à Thessalonique, qu'ils n'arrivèrent jamais à forcer, et jusqu'aux frontières de cette Thessalie qu'ils ravagèrent tant de fois dans tous les sens.[98] Des ententes avaient été établies à Andrinople.[99] Des chefs presque indépendants, très peu sûrs envers leur roi, commandaient dans des nids d'aigles perchés sur les montagnes à la bouche des défilés, anciens φρούρια des Romains, que les bandes bulgares avaient surpris et garnisonnés.[100]

Basile ne négligea aucun effort pour réduire ce pays de montagne,[101] qui cachait dans ses vallées et ses forteresses un danger perpétuel pour toutes les provinces de l'Occident et coupait les communications que le nouvel Empire voulait ouvrir du côté de l'Adriatique et de l'Italie voisine.[102] L'argent, les titres, la trahison, les supplices, l'aveuglement en masse[103] aidant, la fortification des points stratégiques et l'action militaire de l'empereur furent employés tour à tour. Rarement les Bulgares parvenaient à reprendre ce que les « Romains » leur avaient une fois arraché. Sofia,[104] puis Preslav furent bientôt reprises,[105] et les Impériaux ne perdirent pas cette Silistrie[106] qui surveillait et travaillait les Petchénègues.[107] Triaditza resta bloquée. Les châteaux furent pris avec une admirable persistance l'un après l'autre, œuvre extrêmement difficile, même pour une armée moderne.

La fortune s'y mit. Samuel, déjà blessé en Thessalie, avec un de ses fils,[108] mourut ;[109] des prétendants disputèrent sa succession à son fils, Gabriel, qui, né d'une Larissiote, était aussi un Rhomanos ;[110] le dernier, Vladislav Jean,[111] périt au siège de Durazzo,[112] et sa veuve, Marie, livra ce qui restait de l'héritage ; les trésors volés d'Achrida se déployèrent aux pieds de ce Basile que la postérité surnomma « le Tueur de Bulgares » : Boulgaroktonos.[113]

Partout l'administration grecque, la liturgie grecque, la langue grecque furent imposées. Le patriarche bulgare devint un simple archevêque grec à Achrida.[114] Comme la Croatie, le Sirmium se soumirent, comme les Hongrois faisaient encore leur crise religieuse (Saint Etienne, premier roi chrétien, avait reçu, de même que Samuel, de Rome son titre royal), et même sous une forte influence grecque, des moines de cette nation s'étant établis dans le nouveau royaume, y apportant cet art qu'on distingue pour ce onzième siècle dans les fresques de l'église de Feldebrô et le roi Etienne donnant ses documents en grec[115] l'Empire atteignait l'Adriatique ;[116] il avait le Danube, et la péninsule balkanique et ne connaissait pas d'autre maître (1019).[117]

C'est dans cette conviction que mourut, en 1025, Basile, âgé de soixante-douze ans, après avoir accompli tout seul, sans stratèges, sans auxiliaires, sans conseillers, cette grandiose œuvre de restauration politique.[118]

Il avait créé un nouvel ordre de choses dans la vie intérieure de l'Empire, comme dans les relations extérieures du monde romain. Il faut caractériser ce nouvel ordre avant de suivre le développement de l'État, de la société, des relations extérieures, jusqu'au moment où des conflits nouveaux, des institutions nouvellement établies créèrent, après la décadence de ce système basilien, une nouvelle époque.

Basile, qui finit dans le rêve de devenir aussi empereur en Occident, avait donc, malgré ses relations de famille avec les nouveaux Césars germaniques, certainement devant les yeux le grandiose idéal de Justinien. Ayant gagné sur le Danube la frontière naturelle, définitive, celle du sixième siècle, il avait soumis, en dépassant cette époque, tout le littoral balkanique de la Mer italienne. La Croatie lui était venue sans lutte, le Syrmium par trahison.[119]

Cependant une Serbie libre s'était formée, par dessus les organisations ducales de l'époque d'Héraclius,[120] dans l’Esclavonie du rivage adriatique, en face de l'Italie et derrière les « Romanies » florissantes de Raguse, de Cattaro, à côté des premières fondations albanaises et sous cette Dalmatie que depuis longtemps, avec ses villes autonomes, Zara, Traù (Troguir), Sebenico, Spalato (Split), se disputaient, pour le simple honneur de la suzeraineté, les formations slaves des Croates et Venise, elle-même une « Romanie », de tout point pareille.[121] Elle reposait sur des souvenirs francs, ce nouvel État n'étant que la partie du Sud, par égard à la Croatie, du duché fondé par Charlemagne, et sur des fondations avares.[122]

Les liens avec l'Empire furent d'abord très étroits. Après un Tcheslav et un Etienne Voïslav, le contemporain du premier roi croate Tomislav, Michel (1051-1081), est « duc (voïvode) des « gens des collines » (Chlm) (dux Chlmorum). Si Samuel tua son gendre serbe Vladimir, qui fut compté parmi les martyrs, c'est peut-être à cause de ces rapports.[123] Michel, ce chef des « joupans », dut sans doute reconnaître cette situation envers Byzance, qui accordait aux « rois de Croatie et de Dalmatie » eux-mêmes, pour les retenir dans sa clientèle, des titres comme ceux d'« éparques » et même de patrices. L'influence de l'Italie y soutenait cependant les droits de Rome, qui avait pour ces Esclavons l'ancien archevêché d'Antivari.

Mais il fallut le choc de la révolte bulgare en territoire « esclavon », albanais et roumain de l'Ouest pour amener une consolidation de la nouvelle fondation politique, de si anciennes racines.

Des officiers byzantins commandaient aussi dans les forteresses du Pinde, dans les nids d'aigle et de vautour des kleissoures. Les Albanais, les Vlaques de Thessalie, dont, nous l'avons dit, les troupeaux paissaient pendant l'été sur les plateaux herbeux du Pinde, les Slaves du Péloponnèse, disséminés dans leurs villages d'agriculteurs, lui obéissaient ; des « archontes » indigènes ou tirés de la noblesse agraire de la province[124] surveillaient et commandaient ces peuplades remuantes, toujours prêtes à prendre prétexte du plus léger conflit avec les collecteurs d'impôts pour se soulever en une révolte sauvage, un moultoz.[125]

Basile avait, sous un « chef de tout l'Occident »,[126] un duc à Durazzo, un autre à Thessalonique ; Constantinople envoyait un juge de l'Hellade.[127] Sur le rivage d'en face, Bari, Tarente, Reggio, Otrante, Brindisi, où il y avait un archidiacre, tous les grands ports du Sud italien se maintenaient encore sous la domination byzantine, et le conquérant aurait voulu finir son règne par une expédition de « Longobardie », destinée à recouvrer les droits de l'ancien et vrai Empire sur les pays qu'avait gouvernés autrefois la Rome laïque de l'Occident.

La Méditerranée méridionale était désormais byzantine, et il n'y avait plus de ces pirates hardis qui apparaissaient au dixième siècle dans les petites escales aux magasins en bois appartenant à quelque seigneur ou à quelque fondation pieuse aussi bien que dans les grands ports impériaux aux édifices de marbre et aux vieilles églises étincelantes d'or et de pierres précieuses. La flotte byzantine avait balayé les embarcations des voleurs. La Crète, Chypre (960-961) avaient été réunies à l'Empire.[128] On avait vu encore une seule fois les vaisseaux légers des Russes de Kiev se montrer en ennemis devant Constantinople, pour venger une offense. Les galères impériales, munies du célèbre « feu grec » (grégeois), avaient eu bientôt raison de ces pauvres barques de pêcheurs, qui sombrèrent sous les murailles colossales de la Capitale byzantine.[129] Une partie des Russes restèrent, après cette leçon comme auparavant, de bons soldats mal gouvernés de l'empereur, qui employait aussi bien à Otrante qu'au fond de l'Asie[130] ces doux Varègues, portant d'un bras assuré leurs énormes hallebardes. Mais déjà le knèze russe Vladimir, s'étant baptisé, avait obtenu, en 989, la main de la princesse byzantine Anne, et Kiev, dont on commençait à faire l'éloge, osant la mettre à côté de Constantinople même, vivait en paix avec les Byzantins de Cherson et de Sogdaïa.[131] On verra Oleg, fils de Sviatoslav, en 1079, à Byzance et à Rhodes.[132] Les Sarrasins, qui attaquèrent les Cyclades sous Constantin VIII,[133] n'eurent pas un meilleur sort que les pirates du grand prince du Dnieper ; les forces navales de Samos et de Chios les coulèrent bas. Plus d'une fois les officiers impériaux bordèrent le rivage de la mer de pirates sarrasins empalés.

Du côté de l'Orient régnait une bonne paix sans précédent. Les petits États tapageurs avaient disparu. Si une armée impériale envoyée contre les Sarrasins d'Alep, sous Rhomanos III, n'eut pas de succès, l'émir de cette ville, voisin du duc byzantin d'Antioche, offrit la paix. Édesse fut reprise.[134] Comme nous l'avons déjà dit, l'émir de Tripolis en arriva à trouver un refuge à Constantinople.[135] Alexandrie d'Egypte elle-même fut pillée une fois par des vaisseaux grecs.[136] Un traité formel permit la réparation du Saint Sépulcre.[137] Si Constantin le Monomaque (1042-1054) fera une expédition en Arménie, ce sera pour présider à un arrangement pacifique des affaires de ce pays, dont il créa magister le prétendant. La Persarménie, l’Alanie, d'où vint l'impératrice de Michel Ducas,[138] l'Abasgie furent pacifiées facilement grâce au même système d'habile diplomatie.

Le califat, dépouillé de son œuvre guerrière, moisissait à Bagdad dans les grandes salles d'apparat, dans l'arôme lourd des parfums. L'émir séparatiste de l'Egypte se vantait d'avoir le Mont Sinaï et la bande littorale palestinienne, avec la ville triplement sainte de Jérusalem ; il ne cherchait pas même à compléter sa frontière par l'annexion de la Phénicie voisine. Les forces jeunes, l'esprit confiant et aventureux, la puissance d'expansion, le sens de l'honneur chevaleresque, le goût des conquêtes brillantes manquaient depuis longtemps dans ces grands États musulmans vieillis.

Dans les steppes de l'Asie Centrale, dans le désert de sable qui s'étend entre l'Iran blanc et la Chine jaune, rôdaient les brigands turcs, sous des chefs de genre patriarcal, des begs aux mœurs simples. Quelques-uns des leurs avaient quitté le pays barbare où le pasteur menait ses troupeaux, où le chasseur cherchait sa proie et le bandit poursuivait les caravanes, pour venir à Bagdad se faire soldats du calife magnifique. Ces aventuriers heureux n'étaient cependant que l'exception ; bien que devenus musulmans, la masse des Turcs vivait encore la bonne vie traditionnelle entre les dangers fascinateurs des combats et la paix douce de l'aoui pastoral, plein de marmaille et de troupeaux bêlants. L'heure n'était pas encore venue où ils devaient se jeter sur la Perse, où un Turc avait établi sa dynastie à la place de celle du chah arabe, et faire de l'Iran riche en villes le patrimoine des begs nés pour les guerres sans relâche. Les gardes du maître de la Perse défendaient aux Turcs le passage du pont de fer bâti sur l'Araxe. Les Byzantins ne connaissaient ces Turcs que par des bandes qu'engageaient contre eux les émirs de Syrie.[139]

Cet Empire était défendu par une flotte et une armée de premier ordre, que Basile n'avait guère laissée déchoir dans l'inaction. Il fit toutes ses guerres avec des « Romains », employant seulement d'une manière subsidiaire les barbares du Danube, les Petchénègues, ou quelques cadets de famille du monde latin, échoués sur les plages « grecques ».[140] Une surveillance rigoureuse avait maintenu les fonctionnaires dans les bornes de leurs devoirs.

L'autorité impériale, très ébranlée par les usurpations des Césars et des Augustes précédents, avait été vraiment remise à neuf. L'empereur redevint un être hors pair, au-dessus de toute influence, de toute pression, de tout danger. Il n'y eut plus de tuteurs, de collègues, de « successeurs désignés » ; on ne vit plus de mentors, de favoris et de parasites, qui entretenaient les suspicions et organisaient les complots. On ne trouvait même plus le type du rhéteur, du philosophe, du logios pareil à l'« abbé de Cour » ou au philosophe à la mode du dix-huitième siècle occidental, à l'homme de lettres courtisan. Basile ne permit même pas à son frère et héritier présomptif[141] de marier ses trois filles, dont l'aînée prit le voile, pendant que les deux autres, Zoé et Théodora, confinées dans leur gynécée, menaient une vie aussi recluse que celle du cloître. Quelques misérables eunuques, qui ne pouvaient pas avoir d'ambitions supérieures, furent seuls admis dans l'intimité impériale.

L'autocrator est renseigné par une surveillance qui ne se laisse pas tromper : celui qui se rend suspect de vouloir usurper le trône est aussitôt puni par la perte de la vue : on lui arrache les yeux.

 

IV. — ÉTAT INTÉRIEUR DE L'EMPIRE APRÈS LA REVANCHE

 

Grâce à cette discipline de fer imposée à tout le monde, à la Cour, à l'armée, à la plèbe même, autrefois redoutée, Basile put transmettre le pouvoir à ce frère Constantin, doux vieillard, peureux et goûteux, large de dons, occupé de Cirque et de dés[142] ainsi qu'à rêver des nombreuses amours de sa jeunesse, alors que cette police impériale poursuivait la recherche des suspects qu'il fallait aveugler. En mourant,[143] Constantin, l'homonyme de son aïeul, le philosophique Porphyrogénète, maria Zoé, sa fille aînée, qui héritait de l'Empire, à Rhomanos, dit Argyropoulos, de la famille patricienne des Argyri : il avait attendu son agonie pour décider de ce mariage.

On eut donc, de 1029 à 1034, après les deux années du règne de Constantin, une nouvelle ère de paix, Rhomanos[144] était un philosophe, influencé par les nouvelles idées du temps : il savait le latin et avait devant ses yeux le modèle des Antonins.[145] Car l'école de Bardas, l'activité littéraire de Photios avaient eu leurs conséquences, créant à Byzance un véritable esprit nouveau, qui devait amener bientôt la fondation du grand « Musée » de Constantin le Monomaque (1042-1054), école de droit et de philosophie qui surpassait de beaucoup l'ancienne.[146] Le directeur de cette école, le « président des philosophes », était le très savant lettré, maître des « logoi », Constantin ou Michel Psellos, la gloire littéraire de son siècle.[147]

Les plus grands éloges s'adressaient à ceux des empereurs qui, comme le vieux Rhomanos, avaient goûté à la philosophie hellénique remise au jour. Cette société, confiante dans l'éternité de la durée de l'édifice impérial remis à neuf, semblait croire que le temps était venu maintenant de se livrer, comme dans une nouvelle Athènes, à la vie molle, riche, occupée à des discussions fines, de ces cités antiques que l'on ne pouvait admirer assez. Une fraîche brise de renaissance soufflait sur les miasmes de ce vieux Byzance.

Rhomanos III ne s'était guère soucié d'associer au pouvoir suprême la princesse. Zoé, épousée à l'âge de cinquante ans. Il avait éloigné du Palais et enfermé dans un monastère Théodora, sœur de Zoé et héritière de l'Empire au même titre de porphyrogénète. On vit dans la maladie de l'empereur une vengeance de Zoé, et, lorsqu'il fut trouvé mort dans son bain, l'opinion publique crut à un crime, qui, du reste, n'eût abrégé sa vie que de quelques mois peut-être. L'assassin aurait été le beau courtisan Michel, originaire de Paphlagonie, et d'abord simple artisan, que son frère avait su faire attacher à la Cour.[148] Le patriarche Jean fut contraint de venir célébrer, pendant cette nuit du Jeudi Saint où arriva la mort du vieil empereur, le mariage de sa veuve, la sexagénaire Zoé, avec le jeune favori.

Ces vilaines choses ouvrent une ère de déchéance pour l'autorité impériale, par suite de l'avilissement ou de l'insignifiance des personnages qui l'exercent. Le principe dynastique, si puissamment établi par Basile, eut cette conséquence désastreuse : le règne dissolu de Zoé, le règne timide de Théodora et, après leur disparition, la rapide série malheureuse des empereurs « adoptés », qui ne finissent pas toujours sur le trône.

Le Paphlagonien épileptique[149] tomba bientôt dans le marasme et finit avant la vieillesse (décembre 1041). On le vit à Constantinople passer dans les fêtes, comme un fantôme déplorable du robuste et florissant gaillard qu'il avait été, et les gens pieux croyaient reconnaître dans son malheur la punition de son crime. Il fit adopter par Zoé le fils de sa sœur, un autre Michel, auquel le peuple donnait le sobriquet de Kalaphatès : le Poisseur, à cause du métier qu'avait exercé son père.

Cet adolescent, devenu César, voulut éloigner Zoé, et la fit même sortir du Palais. Mais le sentiment dynastique de la populace se révolta ; et il se trouva un patriarche, des nobles du Sénat et de l'armée, pour organiser la révolte, car Zoé représentant le principe de légitimité, devait avoir des prétendants pour de nouvelles noces. Michel, abandonné de ses amis, fut pris, et pour la troisième fois depuis bien longtemps un empereur fut aveuglé dans Constantinople, sous les regards d'une foule sauvage, qui se repaissait de ce spectacle des souffrances de son maître de la veille.[150] C'était pour le prestige impérial un degré de déchéance de plus.

Théodora, tirée de son monastère par une bande de rebelles, avait été proclamée, elle aussi, impératrice. Mais Zoé sut l'écarter, et, aussitôt, prit un troisième mari dans la personne de Constantin X, dit le Monomaque (12 juin 1042-1054). C'était encore un des politai, des sénateurs ; il débuta par des largesses au peuple, et ne tarda pas à rogner sur les dépenses de l'armée.

Le nouveau régime des économies militaires et des taxes lourdes qui devaient permettre de faire des largesses au peuple et d'édifier des églises somptueuses, le système des empereurs strictement constantinopolitains, des souverains orientaux enfermés dans leur capitale et dans leur Palais sacré, avait déjà produit des conséquences. Vers l'an 1040, avant même qu'une vingtaine d'années se fût écoulée après la mort du grand Bulgaroctone, avaient commencé les révoltes des provinces, n'ayant plus à leur tête des chefs indigènes, mais des hôtes, des pupilles, des fonctionnaires d'origine étrangère de la Cour de Byzance.

La Serbie en donna le signal. Dès environ 1034 Etienne Voïslav s'était soulevé dans la région dalmatine delà Zenta et du Stagno,[151] près de la ville de commerce, alors florissante, de Raguse : il fut pris par les Impériaux, mais put revenir dans son royaume et s'y maintenir. Une armée byzantine, surprise dans les défilés, fut détruite dans la Dioclée, sous Michel ou Michaïlas, son fils, qui conclut avec l'empereur une paix lui laissant la possession de cette Serbie du Sud.[152]

Les boïars bulgares d'autrefois étaient maintenant disséminés presque partout avec leurs familles. Ils n'avaient pas gardé d'attaches dans leur pays, et ne pensaient pas tout d'abord qu'il dût y avoir une révolution dans leur empire national, On dut donc apprendre avec surprise à Byzance que Pierre, dit Délianos, petit-fils de l.'« empereur » Samuel, ayant quitté la capitale, avait suscité des troubles du côté de Belgrade et de la Morava, dans la Serbie danubienne actuelle.[153] Il avait probablement l'appui des Vlaques[154] et des Hongrois.

Délianos entretenait des relations amicales avec les gens de la Zenta, avec ces Vlaques des montagnes qui durent être, cette fois aussi, parmi les combattants du restaurateur barbare. La garnison de Durazzo ne put pas empêcher l'extension des troubles ; après quelque temps cette résidence de duc byzantin tomba au pouvoir des Bulgares. D'autres chefs s'arrogèrent l'indépendance : un Tichomir, qui fut tué, un Ivatzès,[155] un Alousianos, ce « célèbre guerrier »[156] fonctionnaire byzantin honoré, lui aussi, du titre de patrice, qui habitait Théodosiopolis et se targuait d'être le fils puîné du « Comitopoule » Aaron.[157] Délianos promettait le rétablissement des anciennes prestations du temps de la liberté, où les sujets du prince bulgare donnaient seulement à titre d'impôt un muid de blé, un muid de millet et une mesure de vin pour chaque paire de bœufs qu'ils employaient et, conséquemment, pour le zygos de terre qu'ils labouraient. L'empereur Constantin le Monomaque, qui se trouvait à Thessalonique, s'enfuit devant les mutins, et la grande ville fut assiégée par les Bulgares.[158] Mais, à la fin, des dissensions éclatèrent. Délianos eut les yeux arrachés par ses adversaires, alors qu'Alousianos, battu par le Franc Crispin, se soumit aux Impériaux à Mosynopolis et Ivatzès tomba en leur pouvoir.[159]

L'Occident balkanique était regagné. Le sort paraissait vouloir rendre à l'Empire, dirigé vers l'Occident, du moment qu'il n'y avait plus à l'heure présente un péril arabe, l'Italie. Lorsque le même empereur fut associé au trône par Zoé, c'est-à-dire lorsque l'impératrice se résigna à abdiquer le pouvoir entre les mains de cet homme de Cour, de ce Constantinopolitain, il y eut sans doute dans les provinces des mécontentements parmi les officiers.

Constantin fut assez imprudent pour pousser à bout le meilleur homme de guerre que l'Empire possédait à cette époque, Georges Maniakès,[160] le conquérant d'Edesse,[161] un Asiatique que Zoé avait nommé stratège plénipotentiaire de la Sicile et de l'Italie méridionale, envahie récemment par des aventuriers normands venus de France.[162] Il réunit des Italiens, et même un fils de roi norvégien, futur roi lui-même, Harald Handrada,[163] et défendit énergiquement la terre de l'empereur ; il put même reconquérir Messine. Constantin le Monomaque craignait la réputation et les talents de ce général ; il le rappela. Alors Maniakès chaussa les brodequins de pourpre, et on le vit débarquer à Durazzo avec ses cadets de famille francs, ses francopoules.[164] Il mourut au milieu de sa victoire sur l'armée envoyée pour le combattre.[165] Mais, pendant que les Normands poussaient opiniâtrement leur œuvre de conquête dans les « Deux-Siciles », où on les acceptait volontiers, pourvu qu'ils n'entrent pas dans les villes, prêtes à se racheter, les « Maniakites » errèrent pendant longtemps dans ces régions de l'Occident où leur brillant chef était tombé dans la mêlée.

Maintenant, dans l'Italie méridionale, envahie par les Normands, l'Empire conservait seulement Brindisi, Otrante, Tarente et Bari, La Sicile même fut en danger d'être perdue par l'incapacité ou le manque de moyens d'Etienne, successeur de Maniakès. Les habitants préféraient les Sarrasins aux Grecs de Byzance. A peine Katakalon « le Brûlé » (Kékauménos), « archonte du thème des Arméniaques », put-il sauver cette belle cité de Messine.[166]

Et voilà maintenant que les Ouzes ou Coumans arrivent sur le Danube[167] et les Petchénègues détalent devant le danger qui les menace de la part de ces parents laissés jadis dans la steppe. Le khan Kégen, qui avait soumis à ses ordres tous les chefs petchénègues, trouve un concurrent dans Tyrach, qui commandait une des tribus. Tour à tour, dans leur lutte acharnée, les gens du rebelle et ceux du khan passent le Danube du côté de la Dobrogea.

Byzance vit dans l'arrivée de ces soldats d'avant-garde, peu coûteux, une bonne fortune. On fit baptiser les barbares, encore tout dépaysés dans ce milieu nouveau, qu'ils avaient connu seulement par leurs anciennes expéditions ; les chefs furent affublés de beaux habits de soie et de grands titres byzantins ; ils durent obtenir des terres par des privilèges solennels, des chrysobulles. Mais, lorsqu'on les envoya en Asie contre les Turcs, ils firent volte-face avant même d'avoir vu l'ennemi, et, repassant la mer sur des barques, ils se mirent à dévaster d'une manière effrayante la contrée du côté du Pont. Les Coumans, de leur côté, ne tardèrent pas à arriver par Vidine, et ils traversèrent la péninsule jusqu'à Thessalonique.[168]

L'Empire dut se résoudre encore une fois à négocier, à corrompre, à soudoyer et à conclure des traités avec ces barbares incorrigibles, dont un christianisme superficiel n'avait pas changé l'âme,[169] Ils restèrent maîtres de régions entières qui figuraient encore pour la forme dans les registres de l'administration et des finances. Leur poussée alla jusqu'à Andrinople.[170] Des chefs petchénègues résidèrent ainsi pendant longtemps à Preslav, la capitale de l'ancien « empire » de Bulgarie,[171] dont ces nouveaux barbares paraissaient entendre être les héritiers, Grâce à leur voisinage, et à leur concours, des chefs de la population romaine, qui se conservait de ce côté aussi, dans cette région bien peuplée,[172] se saisirent des villes danubiennes, encore florissantes, se détachant encore une fois delà « Romania ». Un de ces toparques, Tatos, puis Satzas, dont le nom se conserve dans la ville d'Isaccea, sise au gué du Danube, à l'entrée de l'ancienne Scythie Mineure,[173] se maintinrent longtemps dans une situation prépondérante. A côté, dans cette même région, un Sesthlav, un Chalis au nom petchénègue apparaissent dans les mêmes sources, alors que le Danube, fortifié par l'Empire, était défendu par un duc du Paristrion.[174] Soutenu aussi par les Coumans, par les Hongrois.

Tatos ne ut même pas être délogé par l'expédition que l'empereur Isaac Comnène mena en personne contre lui.[175] Le fonctionnaire byzantin Nestor, qui fut envoyé pour détruire le Silistriote et ses alliés, finit par faire cause commune avec eux.[176]

Sous le règne de Michel Ducas (1071-1078), fils de l'empereur Constantin,[177] éclata une nouvelle révolte bulgare. Des chefs de cette nation, autres que ceux qui gouvernaient à proximité des Petchénègues danubiens, demandèrent un empereur à Michel ou Michaïlas, le souverain des Serbes de l'Adriatique, qui avait étendu, à ce qu'il paraît, ses frontières jusque vers le royaume hongrois. Michaïlas leur donna son propre fils, Constantin Bodine, proclamé à Skopi, qui prit, comme empereur bulgare, le nom du fondateur de cette « Esclavonie », Pierre.[178] La révolte gagna Kastoria, Prespa, l'ancienne résidence de Samuel : elle se propageait donc le long de la montagne, soutenue certainement par les Vlaques, les Albanais et ce qu'il restait de « Maniakites ». Des bandes paraissaient à Niche. L'hiver favorisait leurs progrès. Ce ne fut que grâce aux francopoules que l'Empire put recouvrer ses droits dans ces régions. Bodine fut pris et interné à Antioche, d'où il sera délivré par des marchands vénitiens ; il sera plus tard le successeur de son père et de son oncle Radoslav en Serbie.[179] Comme roi serbe, Bodine n'oublia pas, du reste, son ancienne ambition, et, appuyé par les Croates, dont le pays prospérait, par les pirates de Dioclée, par les Petchénègues et Coumans et sûr des Hongrois, il osa tenter par deux fois, jusqu'à l'époque de l'avènement d'Alexis Comnène (1081), d'enlever les villes de Niche et Skopi, tout en avançant du côté de Syrmium et de Vidine.[180] Comme chef serbe, Rome l'avait reconnu roi : « Bodinus, rex Slavorum gloriosissimus ».[181] Il avait épousé une Italienne de Bari, « la reine Jacinthe ».[182] Quelques années après la révolte de Bodine, Nicéphore Bryennios, duc de Durazzo, qui avait été rappelé, se dirigea avec des troupes vers Andrinople, où l'attendait une femme d'une grande influence, la Batatzène, et fut proclamé à Traïanoupolis, étant reconnu par les villes voisines, Rhodostos, Panion ; Héraclée, qui refusa de l'accepter, fut brûlée. Il put passer tranquillement l'hiver dans son camp d'Atira (1078). Mais, au printemps, le jeune Alexis Comnène, employant des bandes petchénègues[183] et des vaisseaux russes, put en finir avec lui.[184]

Puis un autre prétendant byzantin, Nicéphore Basilakios, de Durazzo lui aussi, refit la carrière de rebelle de Maniakès et vint, avec ses alliés petchénègues, échouer du côté de Thessalonique, où il avait mené ses francopoules, ses Albanais et ses Valaques. Alexis, maintenant « sébaste », le vainquit, lui aussi.[185] A cette époque, peu avant l'ère nouvelle ouverte par la dynastie des Comnènes, il y avait à Philippopolis aussi un révolté de religion paulicienne qui portait le nom albanais de Lékas, — c'est l'avènement d'une nouvelle race —, et Mésembrie, désobéissante envers l'empereur, avait pris pour chef un Bulgare du nom de Dobromir.[186]

Une conscience provinciale séparatiste s'était formée aussi en Macédoine, parmi les « Rhomées » du côté de Philippopolis, d'Andrinople, des villes du littoral, Sélymbrie, Rhodostos, Panion, qui soutiendront plus tard ce prétendant Nicéphore Bryennios.[187] Un officier d'origine asiatique, Léon Tornikios, avait été disgracié et tondu comme moine. De grands propriétaires du thème macédonien, gens très riches et puissants — une ville entière, Rhodostos, était, pour ainsi dire, la propriété de la puissante famille des Batatzés —, le prirent avec eux et l'enlevèrent de Constantinople. Bientôt Léon, proclamé empereur, eut pour lui la Macédoine entière. Il n'hésita pas alors à assiéger Constantinople et les habitants de la ville impériale eurent pendant des semaines d'anxiété le loisir de voir l'usurpateur, magnifiquement vêtu et armé, faire le tour des murs, accompagné d'un cortège luxueux, pendant que son armée couvrait d'injures et d'imprécations le pauvre vieux Monomaque, qui, tout transi, tellement il était malade et usé, grâce à des agréments du pouvoir tels que la belle Skléraina, les esclaves ibères[188] de sang royal et autres, paraissait comprendre à peine ce qu'on lui disait.

Il y eut un moment où Constantinople devait forcément et nécessairement succomber, mais la fortune préféra au somptueux Léon ce goutteux Constantin IX. L'usurpateur, que défendaient jusqu'à des Sarrasins et des Bulgares,[189] et son principal appui, Batatzés, furent aveuglés, et le dernier fit entendre pendant cet affreux supplice ces seules paroles, dignes des temps les plus beaux de l'antiquité : « l'Empire romain perd en moi un bon soldat ! ».[190] Le principe s'établit ainsi que tout rebelle contre le « basileus de Romanie », « qui cherche à détruire la paix », « doit périr lui-même » (1047).[191] Une seconde fois la Macédoine manifesta ses préférences et ses intentions en proclamant contre Michel Dukas Nicéphore Bryennios. Ce second usurpateur macédonien se maintint aussi contre le prétendant, venu d'Asie, Nicéphore Botaniate, « le Jardinier », et fut enfin aveuglé par ordre de ce dernier.[192] Cependant lorsqu'on apprit la mutilation de ce bon général, une partie de la garnison de Constantinople se leva contre le vainqueur, qui échappa difficilement à la colère des soldats (1078).

Mais ce qui rendait impossible les gouvernements de Capitale, de Palais et d'antichambre, c'était l'état dans lequel se trouvait cette Asie qui formait depuis longtemps la partie la plus florissante et la plus digne d'intérêt de l'Empire.

 

V. — LA NOUVELLE LUTTE POUR L'ASIE MINEURE

 

Vers le milieu du onzième siècle les Turcs avaient enfin passé le « pont de fer » de l'Araxe.[193] Ils étaient devenus, par une grande victoire, les maîtres de la Perse. Leur beg, Toghroul, fils de Seldjouk,[194] se faisait appeler Sultan iranien.[195] Le calife de Bagdad était à ses ordres. Seigneurs de champs étendus et de nombreux villages, les anciens chefs de larrons du désert étaient devenus les conducteurs de maintes petites armées, toujours prêtes à combattre pour l'honneur, pour le butin, ou simplement pour le plaisir.

Ces armées, avec un autre tempérament national, avec l'élan d'un peuple jeune, sans retenue et sans intérêt durable, d'un peuple chevaleresque et impatient de toute organisation étroite et de toute contrainte, devaient rouvrir l'ère des guerres entre l'Asie Mineure et l'Iran, pour la domination des pays intermédiaires du Caucase et de la Mésopotamie.[196]

Le Vaspourakan arménien,[197] la Persarménie, l'Ibérie, encore toute florissante,[198] avaient été annexées par les Byzantins. Le roi arménien Gaghik fut amené à se retirer dans l'Empire avec un titre de magister sur les terres qu'on lui avait données. Les Byzantins intervinrent aussi dans l'Arménie perse, dans les pays où un Liparite et un Bagrat combattaient pour la possession de l'Abasgie.[199] Elles furent attaquées bientôt pas les Turcs. La grande place de repos des caravanes, Erz, près de Théodosiopolis, sera détruite. Le commandant byzantin Aaron, fils de Vladislav et frère de Proussian, et Kékauménos, puis Isaac Comnène aussi, avaient cependant fait tous leurs efforts.[200] Le satrape Liparite, pris, fut par la suite délivré par le Sultan, qui se montrait toujours parfait gentilhomme envers les vaincus. Ani sera conquise plus tard par ce Sultan en personne.[201] Mais ce dernier n'intervenait que très rarement et il avait déjà offert aux gens de « Roum » la paix s'ils voulaient condescendre à lui payer un tribut, ce qui fut d'abord refusé.[202]

Les bandes pillardes agissaient surtout pour leur propre compte. On les vit bientôt en Mésopotamie, Sous Eudocie, veuve de Constantin Ducas, elles arrivèrent en Syrie, où elles nouèrent des relations d'amitié fraternelle avec les chefs sarrasins, jusqu'ici soumis aux Impériaux, de ces contrées.[203] Césarée fut prise et Antioche se vit souvent en danger.[204]

L'Empire, contre la politique fiscale duquel se levaient ces provinces, appelant les nouveaux barbares,[205] ne pouvait plus leur opposer une armée apte à fermer les passages, à traquer les bandes, à faire de longues marches pour se porter rapidement au secours des places menacées. Des Petchénègues envoyés en Asie sous leurs propres chefs trahissaient.[206] Il aurait fallu des provinciaux dévoués, bien armés, bien équipés, pourvus de bons chevaux, des « stratiotes » disciplinés, intéressés à mener une guerre perpétuelle pour la défense de leurs propres terres.

Mais, pour avoir de l'argent destiné à gorger les favoris, à nourrir l'oisiveté de la plèbe constantinopolitaine, des apgoi et des penhtes qui se traînaient sous les portiques de la grande ville,[207] on avait eu recours non seulement au monopole de la vente des blés, qui valut à Michel Ducas le sobriquet de « Parapinakès »[208] mais aussi aux dédommagements que chaque propriétaire de terre stratiotique était libre de payer pour s'exempter du service militaire.[209] Il en résulta que ceux-là seuls qui ne pouvaient pas verser au Trésor cette stratia, cette taxe militaire, apparaissaient, après la proclamation du ban impérial, sous la conduite des stratèges, qu'on ne laissait jamais vieillir à la même place, par crainte des usurpations.

Ce fut l'armée[210] que l'empereur Rhomanos Digénès mena par trois fois contre les Turcs, du côté d'Erz, du côté de Sivas, dans les montagnes de la Tephriké, vers Germanicée et vers Alep, à Césarée, à Rhomanopolis, dans le Taurus, à Sébaste, conquérant Hiérapolis, comme chef de bandes errantes parfois, contre les chefs d'autres bandes errantes, étant devenu, lui-même, une espèce de guerrier « à l'arabe » ; mais le Turc qui se soumettait pouvait devenir un « proèdre ».[211] La troisième fois, ses soldats, les Francs à côté des Coumans, le trahirent de toute façon, grâce aussi à des intrigues qui avaient leur point de départ à Constantinople, où l'impératrice et son fils, Michel Dukas, voulaient se débarrasser d'un époux, d'un tuteur, gênant.

A Mantzikert, reprise, Rhomanos combattit longtemps tout seul, entouré de son alaï à la sarrasine (allagion)[212] puis tomba au pouvoir du Sultan. Ce dernier le reçut comme un prince, le fit son commensal, et, après avoir conclu avec lui une paix éternelle, le renvoya revêtu de riches vêtements orientaux.

Cependant les Byzantins lui firent une réception digne de leur abaissement moral. Ils s'armèrent contre lui et lui arrachèrent les yeux d'une manière si cruelle qu'il en mourut.[213]

Une des conséquences de ce crime grossier fut la rupture du traité avec les Turcs, et, bientôt, après quelques nouvelles victoires sur les médiocres armées impériales, on vit les Turcs partout, sur toutes les routes, à Iconium, à Nicée, à Chrysopolis,[214] à Chalcédoine en face de Constantinople, qui se maintenaient grecques seulement grâce aux accommodements conclus avec les chefs de bandes. Du reste, ces ennemis étaient pleins de révérence envers l'empereur du « Roum » : ils le recevaient à Nicée les mains sur la poitrine comme des esclaves, ils ployaient les genoux devant lui. Les titres impériaux alléchaient leurs chefs et les simples brigands étaient désireux d'être engagés comme mercenaires de l'Empire.[215] Bryennios comme prétendant fut battu par les archers des deux fils de Coutloumouz, et les Turcs aidèrent, en 1079, la révolte de Nicéphore Mélissénos, époux d'Eudocie, la sœur des Comnènes, et il leur confia la garde des places qui le reconnaissaient.[216]

Toute l'Ibérie, toute l'Arménie,[217] tout le rivage de Trébizonde, appartenaient maintenant aux routiers. Pour avoir le trône, Nicéphore Botaniate, à court d'argent,[218] dut s'allier à eux, et les habitants de Constantinople soumise au nouvel empereur entendaient chaque nuit le bruit des grossiers tambours turcs qui célébraient dans le camp barbare de Chrysopolis leurs succès guerriers.

Pendant ce temps, les chefs de la nation, Mansour et Soliman, fils de Coutloumouz, étaient peut-être encore en Europe, où ils avaient aidé à battre les Impériaux, commandés par un eunuque, devant Nicée, qui, comme les autres villes asiatiques, payait tribut aux barbares. Il n'y avait pas encore d'État turc de Roum ; les bandes pillardes, qui essaimaient sans cesse de la Perse, ne cultivaient pas de relations entre elles ; elles n'aimaient pas le séjour des villes, qu'elles ne prenaient que pour en tirer des revenus ; les émirs menaient la vie errante et ne reconnaissaient pas un Sultan établi dans sa capitale. L'organisation turque en Asie Mineure ne devait venir que plus tard.[219]

Nicéphore espérait encore pouvoir chasser ces hôtes impérieux ; mais les troupes qu'il envoya contre eux se révoltèrent et cette tentative contre les gens de Seldjouk fut la dernière. Quelque temps auparavant, le duc d'Antioche, Isaac Comnène, était tombé au pouvoir des Turcs qui rôdaient en Syrie et dut se racheter au prix d'une grosse somme de besants d'or.[220]

Des généraux avaient tâché de sauver l'Empire, tout en satisfaisant leur propre ambition. Encore une fois on vit les stratèges d'Orient, pareils à Phokas et à Tzimiscès, briguer la couronne et l'obtenir. Après la mort du Monomaque et les quelques mois du règne de sa belle-sœur, Théodora, Isaac Comnène, d'une grande famille d'Asie Mineure, remplaça le vieillard Michel Stratiotikos[221] (1056-1057), qui, regardant ses cothurnes rouges, soupira : « Ce n'est pas pour ceci que Michel versera du sang », et abdiqua.[222]

Mais Isaac, qui se fit représenter en soldat sur les monnaies, selon une coutume nouvelle,[223] n'eut pas un long règne. Après une expédition jusqu'au Danube, mal conçue et mal exécutée, il abdiqua (1059) et mourut bientôt des suites d'un refroidissement pris à la chasse, car il était un passionné Nemrod.[224]

Il avait désigné pour son successeur un homme très compétent en matière de droit, Constantin Dukas, et celui-ci fit ensuite régner sa femme, Eudocie. Cette dernière, devenue veuve, se vit contrainte de s'assurer, en l'épousant, cet officier qui avait lui-même combattu sur le Danube, Rhomanos Digénis, dit, à la manière hellénique Diogène, le futur vaincu de Mantzikert, et c'est Michel, le fils aine d'Eudocie, qui donna l'ordre d'arracher les yeux à son tuteur (1071).

On a vu aussi qu'un autre général asiatique, Nicéphore le Botaniate, qui se prétendait descendant des Phokas et des Fabii même, chassa (en 1078) du pouvoir ce jeune monstre, prit son trône et sa femme et fit de lui un moine, plus tard un archevêque.

Il trouva lui-même des rivaux dans deux collègues. L'un, déjà mentionné, ce Mélissénos, errant en Asie dans des provinces qui, dévastées et occupées par les Turcs, ne pouvaient plus imposer un empereur. L'autre, le jeune Comnène, Alexis, originaire de Castémouni,[225] ancien sébaste,[226] qui avait commencé par faire la besogne de son empereur contre les prétendants, et qui enfin, faisant passer traîtreusement dans Constantinople une armée de Macédoniens et de barbares d'Europe, gagna le pouvoir, le 1er avril 1081. Une chronique italienne nous présente d'une façon circonstanciée cet avènement plus que clandestin. Le Grand Domestique, chargé de rassembler une armée à Andrinople, en agit comme, jadis, Bélisaire. Il se fait prêter serment par les soldats et les paie de sa poche de riche propriétaire asiatique. Aussitôt il s'entend avec un des chefs des « mauvais Allemands », Arno, qui lui ouvre « la porte qu'on appelle : des Bulgares ». La horde se livre au pillage de trois jours, coutume « sarrasine », que respecteront les Turcs osmanlis ; rien n'est épargné, des biens et des personnes ; on dépouille les églises, on viole les nonnes, on se moque du Saint Sacrement. Alexis a, du reste, beaucoup de Turcs sous ses ordres. Pardonnant à Nicéphore, qui s'offre à être tondu, il écarte Michel Dukas, mais prétend avoir travaillé pour le fils homonyme de ce dernier, qu'il s'associe de forme.[227]

L'Empire avait cru trouver dans ces circonstances difficiles une nouvelle catégorie de défenseurs dans les « cadets francs », les « francopoules » dont il a été déjà fait mention. Sauf quelque rare aventurier de très haute lignée, qui faisait son métier de viking avant de porter une couronne, c'étaient, comme Hervé et Oursel ou Roussel, des Normands de famille médiocre, qui, ayant connu les Grecs en Italie, ayant appris leur langue et s'étant initiés à leurs coutumes, passaient la mer et venaient s'offrir comme mercenaires étrangers, aux Byzantins. Mais dans la seconde moitié de ce siècle arrivèrent aussi des Allemands, des Alamanoi Nemitzoi [228] (parfois ces Kako-Alémani ou « mauvais Allemands »), des Italiens, qui étaient appelés communément Lombards ou « longobardopoules ».[229] Ainsi un Randolphe le Franc assiste à la proclamation de l'empereur Isaac, un « Latin » introduit le système de guérilla dans la lutte avec les Petchénègues.[230]

Leur pauvreté, le manque d'occupations dans l'Occident, qui commençait à avoir un excédant dans sa classe de chevaliers, les rendaient très modestes quant aux conditions : ils ne recevaient ordinairement que la nourriture et l'habillement.[231]

Tout au plus leurs chefs étaient-ils promus à la dignité de spathaire ou seulement de spatharo-candidat ; quelques-uns restaient à Constantinople même ; on envoyait les autres dans les pays infestés par l'ennemi, et ils étaient répartis dans les petites garnisons. Ils y portaient les coutumes, la manière de vivre et de se comporter des Occidentaux, les coutumes féodales.

Ces Francs ressemblaient, malgré une notable différence de civilisation, et malgré l'influence du christianisme, dont ils étaient les très dévots fidèles, à ces Turcs qu'on les envoyait combattre. Comme eux, ils aimaient l'aventure, les grands coups d'épée, sans dédaigner le butin ; comme les Turcs, ils mettaient avant tout l'honneur, sans pour cela savoir résister à la tentation d'une trahison habile ; comme eux, ils étaient hardis, fiers et inconstants.[232] « Pour un liard ils vendent ce qu'ils ont de plus cher », dit Anne Comnène. C'est pourquoi ils n'arrivaient, comme les Varègues aussi, qu'à ce rang de spathaire.[233] On en arrivait à leur préférer, comme l'aurait déclaré l'empereur Michel, les Turcs eux-mêmes. Ils étaient, dit Bryennius, bien inférieurs comme loyauté aux Scandinaves, l'engeance venue de « l'île près de l'Océan », « depuis longtemps fidèle aux empereurs romains, qui porte des écus et des hallebardes sur les épaules ».[234] Mais il arrivait que les Varègues s'ajoutent aux Francs.[235] On voit l'un d'eux, Crispin, indigné de ce que le Bulgare Alousianos l'avait attaqué le jour même de Pâques.[236] D'un camp à l'autre ils s'interpellent en français, et s'entendent.[237]

Aussi l'Empire ne retirait-il pas de leur concours un trop grand profit. Si, en Bulgarie, ils prirent et saccagèrent, jusqu'aux saintes images, à Prespa, s'ils écartèrent quelques prétendants, ils se firent en Asie les camarades de prouesses de quelques Turcs de noble lignée et de large bravoure ; ils négligèrent les ordres reçus et firent la guerre pour leur propre compte. Ils s'établirent sans demander permission à personne dans des châteaux[238] lointains qu'ils étaient prêts à défendre contre quiconque aurait osé faire mine de les attaquer. Ils firent des prisonniers et se laissèrent prendre, reçurent et partagèrent des rançons ; ils furent enfermés un peu partout, torturés, puis appelés au secours ; à tel moment ce même Oursel de Bailleul, le camarade de Hervé[239] et de Crispin, mit le siège devant Constantinople avec ses trois mille Francs, et proclama un empereur. Les Grecs les haïssaient et devaient cependant recourir à eux.[240]

Ils allèrent même plus loin. Pour se défaire des Turcs, ils proposèrent une alliance à leur grand ennemi, Robert, le duc de Sicile. Un mariage entre les deux dynasties avait même été arrangé par Michel Ducas pour son fils Constantin avec la fille de Robert.[241] On parlait dans les régions vers l'Adriatique d'une prochaine descente du « grand Lombard ».

Un chapitre important dans les relations internationales de l'Empire commençait. Il devait trouver une suite naturelle dans les Croisades, qui allaient mettre aux prises les ennemis d'Occident et ceux d'Orient des Byzantins et changer maintes conditions dans la vie de l'Empire.

 

VI. — L'ESPRIT BYZANTIN À LA VEILLE DES CROISADES

 

L'esprit nouveau de cette époque se retrouve dans cette personnalité riche et remuante, très habile, qui n'a cependant rien de grand ni de noble qu'est Constantin ou, comme moine, Michel, Psellos. Car la simple rhétorique, la curiosité pour les sciences naturelles, la fabrication des vers d'occasion, la dialectique mise au service de la théologie ne sont que des occupations de l'esprit subsidiaires ou préparatoires.

Le but principal du logios, comme lui, qui doit être un grand rhéteur, un naturaliste, un théologien passable et quelque peu un médecin, est de connaître d'une manière intime le commerce des idées de l'antiquité hellénique, qui jouit maintenant d'un respect universel parmi les gens cultivés, « ayant fait des études », et de montrer sa virtù. Aristote, commenté, entre autres, par Eustrate, Métropolite de Nicée[242] ne suffit pas : il est trop formaliste, et on l'a trop compromis en le mêlant sans cesse aux différends des écoles théologiques ; le onzième siècle de l'ère chrétienne ose contempler à Byzance le « divin Platon » lui-même. Le dogme chrétien, dont il n'est pas permis de s'émanciper, reste de côté, et on emprunte à Platon, dont on suit le système jusque dans les écrits des mystiques, toute la tournure de la pensée, tout l'élan idéaliste, un peu vague et mièvre.

Tel fut, à force de persistance, Psellos ; tels étaient, dans une moindre mesure, les autres lettrés de son temps.

Mais l'école de Bardas, où ce polygraphe fit ses études, sous le règne du Porphyrogénète[243] n'a pas produit quelqu'un que, de loin, on puisse placer à côté de l'homme, sans conscience et sans moralité, capable de flatter et de dénigrer tour à tour, qui connaissait tous les raffinements de la pensée antique, qu'il chercha non seulement chez Platon lui-même, mais aussi chez ses continuateurs, Plotin, Porphyre, Jamblique, et tous les moyens d'un style qu'il imite avec le plus grand soin et avec les résultats les plus satisfaisants pour le plus exigeant même des puristes de son époque. Il fut, ainsi, le maître des récits et le plus habile des portraitistes.

Très Constantinopolitain, mais d'origine obscure, réussissant « par la langue plus que par le sang », sans intérêt pour la vie des provinces, il méprise les philosophes étrangers à la vie,[244] s'attache avant tout à la Cour, seul milieu dans lequel, avec ses voluptés et ses tragédies, ses pompes vaines et ses mensonges cyniques, il croyait pouvoir vivre. L'impératrice Zoé donne un peu de son auréole à tous ceux auxquels elle offrit sa main jusqu'à ce que sa beauté sexagénaire arracha encore des hommages au flagorneur attitré du palais byzantin ; si le regard de l'empereur se tourne cependant vers une courtisane, elle bénéficiera des mêmes compliments du « proèdre » des « gens de lettres » de son époque. Aucun des détenteurs du pouvoir n'échappe à une sympathie qui ne s'arrête que devant des malheurs comme celui de l'aveuglé Rhomanos III, le « Diogène » de cet archaïsant. Ceux qui ont joui de la paideia ellhnikh passent, bien entendu, devant les autres.[245]

On voit Psellos expliquer en vulgaire, d'après le désir de l'empereur, son maître, le Cantique des Cantiques ; il y ajoute des vers faciles de sa façon : on croit y découvrir un fragment oublié de la poésie populaire, mais il emploie le langage classique pour donner des explications théologiques au basileus Michel Dukas : on y trouve aussi toute une psychologie originale et profonde, pareille à celle du traité sur l'âme et du commentaire sur Platon, et, à côté, des gloses naïves sur des questions d'histoire naturelle et de physique, d'astronomie : ainsi l'empereur voulait savoir quelle sera la fin du monde et pourquoi l'eau de la mer est salée, pourquoi les bergers donnent du sel à leurs troupeaux, pourquoi les larmes des sangliers sont douces et celles des cerfs amères, Cet esprit universel connaît les vertus des pierres ; il met aussi en vers pour l'usage du même maître une profession de foi et un résumé des lois, et ce n'est pas sa seule contribution à la jurisprudence. Il écrit un dialogue de coupure platonicienne pour renseigner l'empereur sur les œuvres des démons, qui savent parler « grec, chaldéen, persan ou syrien » il s'intéresse, du reste, aux oracles de la Chaldée. Et, en même temps, sa critique sur les œuvres des grands Pères de l'Église sont libres de ton et dénuées de rhétorique, avec des distinctions subtiles.

Au fond, et quoi qu'il eût été déjà dit, et d'excellent, sur lui, on ne pourra jamais définir complètement une âme comme celle de Psellos, où il y a en même temps tant de délicatesse et de bassesse aussi. Il s'admire, parle de son bel accent, du « charme naturel de ses propos », pleins de grâce ; la nature l'avait fait, dit-il, tel que l'admiration s'imposait d'elle-même. Il a oublié de dire qu'il était beau, peut-être parce qu'on se moquait de son nez. Il cherche à montrer à chaque occasion sa valeur, et la sincérité est presque toujours bannie de son exposition historique aussi bien que de ses lettres. Ses portraits du physique et du moral des personnages de son temps sont faits d'après des modèles à peu près dans la même mesure que d'après sa riche expérience de courtisan.

La vigueur manque cependant dans ces pages pourléchées, où on sent à chaque moment le « m'as-tu vu » d'un vaniteux incorrigible. On peut être fier d'avoir passé à travers toute cette rhétorique opulente et forcée pour arriver à un grain de réalité discutable ; mais pour quiconque cherche un homme aux prises avec les adversités et capable de réagir contre l'esprit faux de son époque, mieux vaut chercher ailleurs : chez des « barbares » qui valent infiniment mieux.[246]

On ne peut plus attendre à une efflorescence des Vies de Saints. A peine a-t-on celles de St Photius de Thessalonique, de St Lazare le Galériote († 1054) et de St Philarète († 1070).[247] Le clergé laisse le soin de prêcher la morale à des laïcs ou à des imitateurs de l'antiquité comme, à la fin de ce siècle, le « solitaire » qui écrivit la Dioptra, le « Miroir », présentant l'éternel combat entre le corps et l'âme.[248] Ce clergé s'emploie maintenant à battre en brèche l'hérésie, surtout celle des bogomiles, qui viennent de rédiger leur « clé de la vérité ».[249] Euthyme Zygabénos, originaire de Phrygie, moine du couvent de Périblepte et écrivain connu par d'autres travaux, se lève pour donner la réponse, dans son « Arsenal dogmatique » (Panoplia dogmatikh), qui ne s'arrête pas à ces seuls adversaires.[250] Contre les Latins, à l'époque du second schisme, dont il sera question dans la suite, il y a comme combattant l'archevêque d'Ochrida, Léon, qui écrivit sur les azymes.[251]

L'évêque est parfois un Byzantin sorti des écoles nouvelles, qui sent toujours le besoin de vivre dans un milieu hautement cultivé, parmi des hommes capables de le comprendre. Tel ce Théophylacte, adversaire, lui aussi, des Latins, auquel fut confié le siège d'Ochrida, après avoir été le précepteur de Constantin, fils de l'empereur Michel Dukas. Alors qu'on a oublié ses traités et ses vers, son commentaire des Écritures est resté célèbre, étant préféré le long des siècles par les traducteurs à tout autre travail pareil d'exégèse. Ses lettres présentent l'état où se trouvaient les provinces regagnées dans l'Ouest de la péninsule des Balkans,[252] Le livre d'éducation de Théophylacte à l'usage de Constantin Dukas, son élève, est conçu, ainsi que le dit ce prélat, « à la façon dorienne » sévère. C'est un beau travail littéraire, qui commence par la description des avantages et des charmes de la Capitale, par un portrait du prince orné de tous les dons de la nature ; l'éloge des parents, et surtout de la mère, ne manque pas. Les caractères de la tyrannie sont énergiquement combattus. Le flagorneur croira plus tard retrouver le type du prince idéal, pareil à Adrien, à Marc-Aurèle et à Commode (sic), dans Alexis Comnène.[253] Il y a dans ce prélat constantinopolitain, si amoureux de ce milieu élevé, quelque chose de St Jérôme, sauf la disposition à chercher le désert. Car il abhorre Ochrida, son Siège archiépiscopal, avec tout ce qu'elle contient. On ne l'y comprend pas, et il en est furieux. Lorsque l'invasion des Francs s'y ajoute, il est au désespoir. Il console son collègue de Vidine, troublé par les Coumans, en lui montrant combien il souffre lui-même de la rudesse des paysans, de la brutalité des Bulgares, de l'insolence des exacteurs envoyés par Constantinople, qui emmènent un enfant sur cinq pour les dettes des parents.[254]

Ou bien on a à faire avec quelqu'un qui, comme Jean Mauropous, Métropolite des Euchaites, est franchement poète, et poète d'une certaine élévation, j'allais dire aussi : d'une relative sincérité. Auteur d'Homélies et de biographies hagiographiques, mais aussi professeur de philosophie sous le Monomaque, l'« Euchaite » a du sens pour ce qui touche à la vie environnante, et on trouve dans ses morceaux variés une pointe contre ceux qui veulent faire des vers sans s'y entendre.[255] Il n'est pas seulement, dans ses iambes savants, un glorificateur de ses patrons célestes, un prôneur de son empereur, Constantin le Monomaque, qui conquiert d'un regard, et des deux sœurs, les Augustes, les oissai anassai, et l'auteur d'épitaphes pour les courtisans du maître, vestarques, charto-philaques ; il est en même temps un donneur de préceptes techniques, un critique sévère de ceux qui s'embrouillent dans les « mesures ». Il a devant lui le modèle de Pindare et la mystique le charme. Il pense bien aux Pères de l'Église, mais l'image de la mort, du caractère passager des choses humaines ne se présente pas à lui comme à un chrétien. L'esprit des anciens épigrammatistes revit en celui qui dispose en maître de leur forme.[256] Aussi l'a-t-on placé très haut à côté de Psellos, à cause de la beauté de ses hymnes et canons.

Élevé par ses oncles, dont l'un aida à convertir les Bulgares, cet écrivain de race, qui arriva sans passer par un couvent à un siège d'évêque, a son âme à lui, et il la montre en chantant le départ de sa maison vendue.

Il y sera donc le locataire des autres au lieu du maître d'hier, un pauvre intrus au lieu de l’« indigène ». Pourtant Constantin le Monomaque le relèvera de sa misère, et les deux porphyrogénètes l'aident aussi. Ami de Constantin Lichoudès et de Jean Xiphilin, celui qui fut le maître de Psellos finit, à cause de son amour pour la vérité, en exil dans cet évêché lointain, dont il décrit l'aspect sauvage. Rappelé à Constantinople au moment où Tornikios l'assiège, il lance à la ville corrompue son anathème.[257] Il lui fut donné ensuite d'assister à la victoire de l'empereur, à la querelle de Michel Kéroularios avec Rome, pour finir en travaillant dans son modeste diocèse.

Ce poète-évêque avait pris comme modèle un autre auteur de vers, qui vivait dans la première moitié de ce même onzième siècle (jusque vers 1050), Christophe de Mytilène, qui, proconsul, patrice, secrétaire impérial, juge, dédaigna d'entrer dans les ordres, représentant, comme Psellos, le type nouveau du haut fonctionnaire, du client impérial et du courtisan qui s'impose par des travaux littéraires. Sa poésie s'attache, comme de coutume dans ce milieu byzantin, à tout ce qui autour de lui attire sa curiosité ou sollicite nécessairement son attention.[258] Ce dilettante connaissait aussi bien que Psellos lui-même la technique de style des anciens, mais ses vers, d'une facture compliquée, dédiés aux empereurs qui règnent, à la tragédie de Rhomanos Digénis, à des amis parmi les lettrés du monde et les moines, ses énigmes ne montrent que l'habileté à imiter ses modèles.

C'est aussi l'époque où Constantin Képhalas recueillit les matériaux païens de goût hellénique de son Anthologie Palatine.[259] Nous avons déjà mentionné l'œuvre littéraire de ce Siméon dit le Mystique, Paphlagonien, du couvent de St Marnant à Constantinople,[260] qui finit seulement en 1040 une vie commencée en 960.

Les historiens qui appartiennent à cette époque font montre d'érudition, autant que leurs moyens le leur permettent, mais leur but, et leur mission, de même que leur disposition d'esprit, est de donner des mémoires. C'est ce qui rapproche un Léon le Diacre, historien des campagnes sur le Danube, contre les Russes, et Michel d'Attalie, même Jean Skylitzès, alors que le provincial Kékauménos, dans sa vallée balkanique, espèce de Xénophon borné, inaugure une historiographie populaire dans une prose dont la qualité correspond à celle des vers, dont il sera question plus loin, de la célèbre épopée de l'Akritas.

La littérature historique devient donc savante et individuelle pour une époque héroïque, où de grandes personnalités surgissent et veulent que leurs gestes soient proclamés par des écrivains participant à leurs campagnes, comme jadis Procope auprès de Bélisaire, et vivant dans leur entourage.

Si rien n'est caché à Psellos, hôte et commensal du Palais, dont il est aussi l'ornement, si l'historiographie d'antichambre et de boudoir commence avec lui, il y a maintenant des historiens qu'on charge d'écrire et d'autres que la vie mouvementée de cette société ressuscitée par le succès attire,

Certains font de l'histoire comme ils feraient, dans la multiplicité de leurs occupations littéraires, une homélie, une Vie de Saint, un commentaire, une collection de lettres, un petit poème. Tout leur agrée, parce que tout leur est également facile, à ces experts, parfois à ces maîtres de la technique.

Jean Xiphilin, de Trébizonde, ami intime de Psellos, est d'abord professeur de droit, puis moine dans une retraite du Mont Olympe, pour revenir à Constantinople et y devenir patriarche, en 1064 ; Psellos prononça en 1075 son discours funèbre. Il écrivit le Martyre des Saints de Trébizonde et abrégea en même temps Dion Cassius.[261] A la même époque le patrice Théodore Daphnopatès, auteur aussi de lettres officielles, fait un recueil des Homélies du Chrysostome, écrit des vers et met ensemble une chronique de son époque, qui n'a pas été conservée.[262]

Georges Skylitzès, haut fonctionnaire, curopalate, protovestiaire, auquel on doit un grand ouvrage d'histoire allant de 841 à 1079, est en même temps auteur de canons.[263]

On n'aura jamais la biographie de ce « caniche » (Skylitzès), du thème des Thrakésioi, qui croit que cette époque de hauts faits mérite qu'on lui présente d'une autre façon qu'avant lui l'histoire intégrale du monde. Il s'agit maintenant d'une chose toute nouvelle, car on ne peut plus s'arrêter uniquement aux « miracles mosaïques », laissant de côté ce que racontent les historiens profanes et même les poètes dans leurs fables, qui doivent contenir un grain de vérité. A côté de Nemrod il y aura donc Saturne, à côté d'Assur, le Thur biblique, Mars confondu avec Baal ; les dieux, de Jupiter-Picus à Vénus, sont des rois d'Italie dont les filles sont libres de se marier à Adonis. Avec cela, beaucoup d'aversion contre les juifs et une orthodoxie qui ne pardonne à aucun hérétique.

Un moine Georges, dit Kédrénos, continua, copia, abrégea cette chronique, d'une belle tenue, en appuyant un récit plus maigre sur le texte de Michel d'Attalie.[264]

Cet Asiatique Michel d'Attalie, établi à Constantinople comme juge, mais qui, lui aussi, en arrive à suivre les armées de l'Empire, met ensemble un Manuel de droit et rédige pour l'empereur Nicéphore le Botaniate un autre livre d'histoire, qui va de 1034 à 1079.[265]

C'est, comme Léon le Diacre, un ancien officier, mais après avoir été juge à Constantinople. Élève de l'Académie qui créait les savants et que son protecteur impérial favorisa tant, il ne manque pas de citer Hésiode, mais, à côté, il y a Saint Paul ; Psellos est son modèle aussi quant à l'esprit de flatterie qui lui fait accorder au pauvre Nicéphore, excusé dans toutes ses erreurs et dans tous ses actes de cruauté, les Fabii comme ancêtres.

Quant à l'officier thessalien, qui est en même temps un riche propriétaire rural[266] apparenté non seulement à des dignitaires byzantins, dont l'un du même nom, mais aussi au chef des Roumains de cette région, Nikolitza,[267] il se borne à donner des directions au fils en bas âge dont il veut faire un digne héritier sur ses terres, l'engageant à servir n'importe qui aura Constantinople et, pour le reste, à se méfier de tout le monde. Il a lu Dion Cassius, et son jugement est assez impartial pour faire l'éloge des qualités militaires de Samuel.[268]

Ajoutons que les rapports littéraires continuaient aussi pendant ce onzième siècle avec les territoires perdus. Pour preuve, la traduction, par le moine Artène, de Georges le Moine en langue grusine et la version dans cette même langue d'une Vie de St Hilarion d'Ibérie.[269]

Tout autre est le cas pour les personnages appartenant à une dynastie, comme Anne Comnène, ou représentant une candidature au trône vaincue, comme Nicéphore Bryennios, qui sentent le devoir, un devoir politique, envers leur famille, de commémorer des événements qui les intéressent au plus haut degré.

Bryennios, regrettant de ne pas être un Thucydide, ni un Démosthène, ne peut donner que des mémoires, de facture assez simple.[270]

Le fils d'un candidat au trône qui avait payé de sa vie une si grande ambition avait été élevé, comme futur mari de la princesse Anne, à la Cour, y étant introduit dans le cercle d'études que nous connaissons par ses prédécesseurs, ce qui lui permet de mêler dans son travail, bien écrit, mais sans horizon et sans élan, Homère, Thucydide et Démosthène. Il a ce qu'il faut d'habileté pour y faire entrer le souvenir de son père et celui des Dukas remplacés à la loyauté envers le nouvel empereur, dont il vante l'« ancienne généalogie »,[271] par égard aussi pour la femme qu'il appelle « son âme et sa pensée très sage ».[272]

La princesse Anne, femme extraordinairement cultivée,[273] experte aussi bien en fait de philosophie, celle de Platon et aussi celle d'Aristote, que de physique, de géométrie, d'astrologie, de géographie, de tactique et de médecine, connaissant toutes les ressources de style de l'antiquité et, en même temps, esprit fin, capable de compulser des pièces d'archives, a une ambition infiniment plus haute, dépassant tout ce que jusque là on a cherché à vouloir accomplir dans l’historiographie. Elle veut faire en même temps un plaidoyer juridique pour son père[274] et un poème épique à sa mémoire. Influencée par cet Occident dont plus d'une fois nous découvrirons dans la suite l'envahissement de tout côté, elle a avant tout, avec une poésie dans les portraits qu'on dirait prise aux chansons de geste de la France,[275] tout le sens des grandes personnalités qui se dégagent du milieu, des hauts faits qui dépassent la mesure moyenne, des entreprises hardies qui n'ont pas d'autre but, des gestes de chevalerie, quelle que soit la nation et le caractère social de ceux qui les accomplissent, la même admiration leur étant due de la part d'une âme romantique.[276]

Nous avons déjà remarqué que, comme en Occident, le texte sacré pouvait être présenté ou transformé en dialogue. Des traces de ce « théâtre », de ces « mystères » se sont même conservées. On y trouve l'ordonnance de la scène, en même temps que les éléments du dialogue. Sans doute, les apocryphes y sont mis largement à contribution. Il faudrait cependant avoir la date approximative de ces représentations, et alors on se rendrait compte s'il ne s'agit pas de l'imitation, dans une ville de Syrie ou d'Europe même, où résidaient des marchands occidentaux, d'une dramatisation si familière aux Occidentaux.[277]

Cette littérature n'était pas délimitée par le territoire que l'Empire avait conservé ou reconquis. Elle était recherchée en Occident par dessus la Mer, car dans le Midi italien entre la moitié du onzième siècle et la troisième décade du douzième vivait même tel « scholarios » Sabbas, riche propriétaire, qui avait réuni une bibliothèque grecque.[278]

Du reste, avec le nouvel idéal que les « Francs » de toute nation apportaient dans les plis de leurs drapeaux devait finir aussi la civilisation que les iconoclastes avaient contribué à fonder, civilisation basée exclusivement sur l'antiquité, passionnée pour le costume et le décor archaïque, habile aux contrefaçons et aux placages ; au fond, dénuée d'originalité et un peu sèche dans la perfection de ses formes.

Dès le commencement du onzième siècle, si l'Asie, sans cesse ravagée et bientôt occupée même, çà et là, par les Turcs envahisseurs, ne donne rien de nouveau, l'Europe s'orne de bâtiments religieux de proportions très modestes, d'un appareillage peu coûteux, de simple placage, mais percés de grandes fenêtres et recouverts d'arcades aveugles sur plusieurs rangs ou agrémentés par des lignes de dents de scie et surtout par la polychromie des applications de marbres colorés ou sculptés, de fragments cueillis au hasard ou des combinaisons, pleines d'un caprice charmant, de briques et de moellons, ayant en plus l'accent du tambour de plus en plus élevé, sous l'obsession des clochers de l'Occident, — un art qui se distingue surtout par le sens de l'harmonie antique.

Si, à Constantinople même, il n'y a, en fait de nouvelles constructions, que la Parigoritissa, création de l'empereur Nicéphore III, et la Kécharitoméné, due à l'impératrice Irène, qui s'y retirera avec sa fille Anne Comnène, la Saint Georges du Monomaque vint s'y ajouter,[279] ce n'est pas non plus, — sauf pour l'architecture des trois églises plus anciennes—, au Mont Athos, très rigoriste en fait d'innovations et dont les édifices ont été, du reste, si souvent refaits et transformés, qu'il faut chercher cette note du temps.[280] Elle est très sensible dans les menues églises de l'ancienne Grèce, Athènes y comprise, qui revient instinctivement à la grâce des petites proportions, s'opposant nettement à la parade des marbres et de l'or, habituelle dans la Capitale, profondément orientalisée.

Car en province seulement les petites églises à plan triconque s'accumulent depuis deux siècles. Celle du Cynège, celle « des philosophes » sur l'Hymette, celle de Skripou, due au protospathaire Léon (874). Déjà le premier Basile avait élevé la maison de Prousos dans le Péloponnèse, celle de St Grégoire le Théologue à Thèbes (866-867).[281] C'est de la même époque que vient le charmant édicule de Daphné, « attique » dans le choix du site, dans les lignes de son architecture délicate, dans ses mosaïques, qui sont un hommage à la grâce et à la vie.[282] De la ville de l'immortelle beauté vient aux fresques de ce vrai petit temple hellénique aux lignes si pures la vie puissante unie à l'élégance des attitudes, à la flexibilité des mouvements, à la sérénité qui domine les scènes tirées des épisodes d'une religion aimant la souffrance et s'agenouillant devant le martyre. On voit bien non seulement l'influence de l'inégalable atmosphère, mais aussi, chez les artistes inconnus, la permanence de la race. Au même niveau, l'édifice de proportions plus étendues, mais à juste titre célèbre par une ornementation pareille, de St Luc de Phocide.[283] Il ne faut pas oublier non plus la Nea Monh, le « nouveau couvent » de Chios.[284]

Le type basilical est désormais abandonné, sauf dans des édifices secondaires, surtout en province : à Nicée, par exemple, et à l'étranger. Maintenant on enferme les lignes de la croix dans un carré, le tout surplombé par la grande coupole centrale et celles qui, aux quatre angles, la gardent.

Il n'y a pas de doute que par les pèlerins et aussi par les marchands qui menaient une vie double : en Orient pour le gain, en Occident auprès de leurs familles, par les artistes mêmes, la forte architecture dite romane passe, avec ses ouvertures en plein cintre, avec ses voûtes basses, avec ses arcades aveugles et ses chapiteaux fantastiques, une sculpture prise sur les sarcophages s'y ajoutant, jusqu'au fond de l'Occident.[285] Mais l'esprit n'est plus le même ; les contours se précisent, un air de liberté anime les figures.[286] Dès le onzième siècle l'art byzantin de la mosaïque pénètre lui aussi en Occident. Les rois normands des Deux Siciles l'adoptent, pour les églises splendides de Palerme : la Chapelle Palatine, avec les princes latins a genoux comme des empereurs devant le même Christ et la Vierge de pitié, la Martorana. Plus tard on verra le même chose dans les peintures byzantines des rois de Pologne, comme à Lublin :[287] il y a là plus que l'inspiration, double, des mosaïques de la Kahrié et des fresques de l'Eglise Princière d'Arges ; le scénario vient de Constantinople ou des Slaves byzantinisés, mais les personnages ont visiblement une autre origine, et, dans la peinture des Roumains de Transylvanie et même dans celle de l'Église Épiscopale d'Arges, qui est du seizième siècle commençant, on observera le même phénomène : les maîtres étaient des Saxons ou formés chez les Saxons, mais la psychologie de l'exécuteur passe aussi dans la peinture.

Maintenant, à une époque de laïcisme affiché, le Grand Palais de Constantinople et les fondations qui s'y sont ajoutées rencontrent la rivalité des nouveaux édifices impériaux, empreints d'antiquité dans leurs ornements.

On a d'abord, au commencement même de cette époque qui part, pour l'architecture civile surtout, de la fin du neuvième siècle, l'ensemble de bâtiments dû à Basile Ier, à son sens de la splendeur impériale, nécessaire pour relever le prestige déchu de l'État.

D'abord l'ensemble touffu dû au Macédonien : ses fondations personnelles, comprenant la « Nouvelle Église » et le « Nouveau Palais », la « Néa » et le « Kénourgion », l'édifice à cinq coupoles où sont logés, séparément, le Trésor, le Vestiaire, les bains, le Jeu de Paume » (Tzykanestérion). Le Porphyrogénète travaille ensuite au chrysotriclinium, à la salle du Trône à cinq coupoles, avec le même extraordinaire luxe des matériaux précieux, d'après l'exemple de Ste Sophie. Mais, sous Nicéphore Phokas, malgré les belles statues d'animaux regardant la Mer, au Boukoléon (cf. les « Bous »), c'est, la forteresse qu'on a eu surtout en vue.[288]

Dans les nouveaux palais les mosaïques, qui restent à la mode,[289] présentent, sous l'impulsion du courant vers les actions d'éclat sur les champs de bataille, à côté des ornements habituels pour les iconoclastes, les portraits de l'empereur victorieux et, aussi, ses œuvres, surtout dans le domaine militaire, de même que le beau Psautier de la Marcienne nous fait voir Basile armé, couvert d'une côte de mailles, la lance à la main, foulant aux pieds les ennemis qu'il a terrassés.

Les arts mineurs seront cultivés avec passion et avec goût, On a, de cette époque, des reliquaires, des bijoux[290] et telle couverture de livre en ivoire avec les portraits, d'un réalisme impressionnant, des empereurs régnants.

Car à cette époque de bibliophiles c'est au livre qu'on pense avant tout, à ce livre aimé qu'on veut avoir toujours à côté, propriété individuelle, élément presque de l'âme pour celui qui le possède. Alors que les peintures de l’Athos qui se forme tardent encore,[291] la miniature, d'un trait délicat, sans plus rien de la gaucherie de celle qui imite la peinture murale des anciens et de la dureté des écoles asiatiques, comme celle de Syrie, fleurit ; on regrette de ne pas pouvoir seulement fixer la localité et le maître.

Car cette miniature byzantine mérite sans doute une étude plus précise que celles qui lui ont été consacrées, et sous un rapport moins influencé par les considérations théoriques, d'autant plus fausses qu'elles cherchent à serrer de plus près une matière aussi fuyante.[292]

Pour le onzième siècle on est mieux fourni sous ce rapport. A Pétrograde, à Moscou[293] de beaux manuscrits présentent, dans les frontispices et dans les majuscules mêmes, des figures humaines d'un travail soigné, qu'on peut au moins dater sinon localiser, car il y a eu sans doute plus d'une école, et l'existence des individualités même dans l'école ne doit pas être totalement exclue. On voit, par exemple, dans le ms. II de Pétrograde, en dehors de l'ornement floral, cette belle figure de l'apôtre écrivant qui contient la majuscule du chapitre. Un autre manuscrit du même onzième siècle et dans la même collection, le Psautier n° 267, présente toute une scène où on voit le roi David agenouillé à côté du mur où un écrivain recueille ses prières. Dès le même onzième siècle, le ms. 382 (9/IX) du Synode de Moscou rend d'une façon dramatique les Vies des Saints. L'illustration entreprend aussi les Actes des apôtres (ms. 2 de l'Université de Moscou), la miniature figurant en même temps dans le frontispice et dans les majuscules.[294]

 

VII — ÉPILOGUE DES GUERRES DE RESTAURATION

 

Le règne d'Alexis Comnène prépare un nouvel état de choses qui sera fixé sous son second successeur, Manuel, produira une réaction violente, criminelle sous l'indigne Andronic Comnène et amènera enfin la création de cet Empire latin de Constantinople dont l'apparition fut moins inattendue qu'on ne s'accorde généralement à le croire,

Ce qui caractérisera cette époque, ce sera le déversement, lent ou saccadé, pacifique ou guerrier, de l'Occident, dans ses forces d'action, masses aussi bien que monde restreint des chevaliers : il déborde sur l'Orient affaibli, appauvri, décimé par les longues guerres turques et petchénègues du onzième siècle et par l'action délétère de la centralisation impériale.

Pour comprendre ce grand influx transformateur, il faut se rendre compte d'abord de l'état dans lequel se trouvait alors, à l'avènement des Comnènes, le « Moyen Empire » de la Thrace et de l'Asie Mineure, l'État macédo anatolien constitué au cours des trois derniers siècles.

Il y a, sans doute, un ralentissement de la vie dans les provinces. C'est une conséquence naturelle des récentes invasions et du caractère persistant de volerie qu'elles revêtaient. Les peuples brigands ont en effet pris la place des anciens peuples migrateurs, qui se cherchaient sans cesse un nouveau champ d'activité, de nouveaux foyers. Petchénègues, Coumans[295] ou Ouzes, Turcomans, ces différents représentants de la race « nomade » des Turcs, ces petits Scythes laids se ressemblent parfaitement sur ce point : ils ne veulent pas «s'établir » ; leur territoire de conquête c'est uniquement la zone dans laquelle ils peuvent dépouiller les sujets de l'Empire, rançonner les bourgeois, pressurer, au moyen du tribut, du kharadj, les indigènes qui ont fait leur soumission et admis la nécessité du gouvernement « barbare ».

Les Petchénègues, d'abord, s'approchent de leur fin. Ils sont dans un état d'agitation perpétuelle, qui s'explique quand on pense que leur ancienne hégémonie sur les laboureurs du Danube, sur les pâtres des Carpates a passé à leurs congénères, plus frais et plus nouveaux, les Coumans. Les deux « nations » se coalisent, du reste, une tribu petchénègue suivant à la guerre une tribu coumane. Ils peuvent très bien se distinguer entre eux malgré cet amalgame guerrier, cette camaraderie dans le pillage ; pour les Byzantins cependant, même pour ceux qui ont la pratique de ces rivages danubiens, c'est chose impossible. Ils assistent avec un étonnement craintif à cette incessante agrégation et désagrégation des unités « scythes » que sont les barbares trans-danubiens. Pour les provinciaux, il est bien indifférent de payer la rançon au vieux Turc ou au nouveau, Quelquefois des officiers d'expérience se retrouvent dans ce chaos hostile qui tombe en avalanche de Silistrie et de Vidine jusque vers Andrinople, jusqu'aux abords de Constantinople même, qui vit à plusieurs reprises se renouveler le temps des Avars, et alors ils attisent la jalousie entre les chefs qui se partagent le pouvoir.

C'est une des bonnes manières de combattre le danger. Car, après l'apparition d'Isaac Ier sur la frontière du Nord, périclitée, les brillantes campagnes d'Alexis et de Jean Comnène finiront d'une manière malheureuse, donnant parfois aux barbares le spectacle d'un basileus qui s'enfuit, devant leurs cavaliers menus, tenant à la main, comme une vieille défroque gênante, le grand étendart de l'Empire. Les razzias habiles, la longue guerre des petites bandes de cavalerie, atteignent beaucoup mieux le but. Après avoir ainsi affaibli par l'or et par les embûches ces ennemis infatigables, on put enfin leur tomber dessus dans une grande bataille meurtrière, à Lébounion (29 avril 1091). « Il s'en fallut d'un jour », chantèrent les femmes du peuple dans les villages grecs, si souvent dévastés, « pour que les Petchénègues vissent eux aussi le mois de mai ». Beaucoup de Coumans partagèrent sans doute le sort de leurs frères ennemis.

Si Manuel Comnène fera encore des campagnes contre les Scythes, jusqu'au-delà du Danube, une fois même jusqu'aux Carpates[296] les Coumans ne seront plus une perpétuelle menace à la frontière du Nord. Comme un de leurs chefs porte le nom de Lazare,[297] il faudrait admettre que le christianisme, la religion de leurs sujets roumains avait pénétré enfin parmi eux. Dans la phase où ils étaient, ce changement de religion devait plutôt hâter leur dissolution. Mais on peut s'imaginer dans quel état se trouvaient, vers l'an 1100, ces villages de la Mœsie et de la Thrace, ces villes si souvent menacées, jusqu'à la Philippopolis des Pauliciens, que l'empereur Alexis venait de dévaster en la purifiant de l'hérésie manichéenne.

Débarrassées dorénavant des pillards, ces régions n'obtinrent aucun répit de la part des agents du fisc, qui venaient pour le kapnikon, pour la stratia, pour la dîme, pour les corvées et les prestations, car l'Empire était trop serré de toutes parts pour pouvoir accorder une trêve d'humanité, de pitié, à tant de souffrances.

Cependant la misère était parfois si atroce qu'on voyait des gens se vendre aux puissants pour échapper aux charges qu'imposait l'État. Ces gumnoi, ces « nus », qu'on rencontrait par masses dans tout l'Empire, préféraient à cette oppression fiscale la domination des Normands, et d'autant plus celle des Turcs, qui donnaient aux terres abandonnées des maîtres beaucoup plus humains.

A l'avènement d'Alexis Comnène, les Turcs étaient répandus sur toute l'Asie Mineure, sur toute la Syrie, de même qu'ils tenaient la Perse et le désert, la Mésopotamie sinon l'Egypte, restée arabe. Un grand nombre de villes leur obéissaient, Nicée étant, depuis longtemps, leur tributaire.

Dans les derniers jours de son règne, le Botaniate reçut la mauvaise nouvelle que Cyzique avait suivi cet exemple. Des chefs de bandits s'étaient nichés même dans les ruines qui bordaient la mer en face de Constantinople. Ces « maîtres de l'Asie » étaient les routiers de tous les grands chemins, et on ne voyageait guère qu'en se rachetant sans cesse. Ils avaient des chefs qu'on honorait du titre d'émirs et étaient pour les écrivains savants de Byzance des « satrapes », des « archi-satrapes ». Certaines tribus avaient même proclamé un Sultan, dans la personne de Soliman, qui « habitait » à Nicée, c'est-à-dire avait des quartiers dans cette ville. Ce Sultan dépendait néanmoins du Grand Sultan de la Perse, et, lorsque l'émir de Syrie, vicaire de ce prince, Toutouch, marcha contre lui, Soliman, abandonné par les siens, succomba.

Ce Soliman, « Sultan de Nicée », fils de Coutloumouz et descendant de l'ancêtre glorieux Seldjouk. fut appelé même à Antioche de Syrie, par les fils du gouverneur, un Arménien, ce fut cette nouvelle conquête qui le mit aux prises avec le puissant Toutouch et amena sa mort.

Avant de partir pour sa dernière campagne, Soliman avait laissé un lieutenant à Nicée. D'autres émirs commandaient à Smyrne, à Nicomédie et ailleurs, sans se soucier trop de ce que désirait le Sultan. Un certain Tzachas, ancien turcopoule, un des mercenaires turcs au service de Byzance, et il y en avait tant, portant le costume et les armes et parlant la langue de la nation, s'était établi dans Smyrne, où il avait fait construire par des Grecs à ses ordres une flotte qui le rendait redoutable. Il s'était taillé un petit royaume de la côte et des îles voisines. Celui-ci restait toujours dans sa capitale, où il tenait sa famille et ses richesses, et il gouvernait à la romaine, comme il l'avait vu faire lorsqu'il se battait pour l'empereur ;[298] quant aux autres, ils menaient la vie nomade de leurs ancêtres, gagnant et perdant alternativement les villes qui restaient grecques, quant à leur population et où il n'y avait pas de garnison stable, intriguant les uns contre les autres, se repaissant de mangeailles, s'enivrant tant que durait la paix et se targuant d'avoir de belles dames dans leur harem.

De temps en temps un mandataire du Grand Sultan, ou bien le fils du Sultan Soliman, quelque prince seldjouk ou quelque officier seldjoukide, apparaissait avec une petite armée brillante de vigoureux Turcomans qui ne savaient pas ce qu'étaient les charmes de la civilisation du Roum. Puis il s'en allaient en quête de prouesses nouvelles, et l'Asie Mineure restait ce qu'elle avait été depuis un demi-siècle : le royaume des voleurs errants, ou milieu duquel se maintenaient encore certaines villes plus ou moins fidèles, certains stratèges plus ou moins soumis qui n'envoyaient pas de revenus à Byzance et un nombre de châteaux appartenant à des chevaliers occidentaux.

La population s'était habituée à la longue, comme l'avait fait, quatre siècles auparavant, celle de Syrie avec les Arabes, et peut-être payait-on moins en cadeaux au chef turc le plus voisin qu'en impôts au basileus que l'on ne tenait guère à revoir : parfois même son apparition amenait une révolte contre l'Empire oppresseur.[299]

On n'a pas de preuves que les Turcs aient tenté d'imposer leur religion aux sujets qu'ils se gagnaient ainsi ; et, comme le paysan « romain » gardait son Christ et ses Saints, il avait tout ce qu'il lui fallait. C'était comme une réplique de la féodalité occidentale, avec des villes payant des droits seigneuriaux, avec des châteaux, des serfs taillables et corvéables à merci et des seigneurs qui ne restaient jamais chez eux, occupés qu'ils étaient sans cesse à moissonner sur les grandes routes.

Le gouvernement de l'Empire assistait impuissant à ce spectacle ; il ne pouvait que faire des razzias contre les faiseurs de razzias, poursuivre les bandits par des bandits, reprendre des villes aujourd'hui pour les reperdre demain. S'il eût été possible de détruire l'armée d'un prince seldjouk, l'on en eût vu arriver le jour suivant une autre, du Khorassan, de la Mésopotamie ou de la Syrie, car cette race de brigands paraissait inépuisable. Le seul succès notable remporté par l'Empire avant l'arrivée des croisés fut la reprise des îles occupées par Tzachas[300] et la soumission de quelques autres qui s'étaient révoltées et, par suite, le rétablissement de la « thalassocratie » orientale.

Avec la retraite des armées d'Orient s'éteignit la race des généraux-prétendants au trône : Le principe dynastique, im posé par Basile II, en revint à la surface. Nicéphore le Botaniate avait compris la nécessité de légitimer son usurpation par cette légende qui le faisait descendre des Phokas, et même, comme nous l'avons aussi dit, des Fabii de Rome. Alexis Comnène était le neveu d'un empereur, le fils d'un prince qu'on avait considéré quelque temps comme l'héritier du trône ; il était apparenté aussi aux Ducas, et sa femme, Irène, était une enfant de cette famille ; il avait été préféré à son frère aîné, Isaac, à cause de cette supériorité de ses titres dynastiques, et un des conjurés ne se gêna pas de dire que c'était pour Irène Ducas qu'il avait travaillé, et qu'il fallait la proclamer Augusta sur le champ.

S'il y eut dorénavant des conspirations dans le but de s'emparer du trône, elles n'étaient guère que de méprisables complots dont on devinait bientôt les instigateurs parmi les membres de la famille impériale même. Alexis aura beaucoup à souffrir jusqu'au bout, par le fait de ces parents ; il ne fera cependant jamais mettre à mort, ni aveugler personne, se bornant à envoyer promener ignominieusement par les rues les coupables qu'on pouvait poursuivre ; on rasait les cheveux et la barbe, on entourait les têtes ambitieuses de couronnes de boyaux, et on s'arrêtait là. Il n'y aura même plus de moines malgré eux. Cela prouve que le sentiment dynastique était bien établi.

Les empereurs vont maintenant conduire en personne leurs petites armées ; ils peuvent s'enfuir même sans que leur défaite ait des conséquences funestes pour leur vie ou pour leur pouvoir. Après une époque où Nicéphore le Botaniate paraissait comme une contrefaçon de roi oriental, — et les monnaies du Paphlagonien et du Monomaque ont le même caractère pompeux, alors que les Comnènes se font représenter debout, entre les eunuques aux longs bonnets de feutre et d'autres serviteurs, portant le vêtement de cérémonie parsemé de lions de l'Orient,[301] après la mode lâche d'une Cour où les vestai passaient au- dessus des patrices et le chef de l'Empire vivait au milieu des qalamhpolai, des pages, comme sous le même Monomaque,[302] il y a une nouvelle armée, et cette armée appartient à l'empereur.

Alexis doit en être regardé comme le créateur. Il garda les auxiliaires étrangers, les fidèles Varègues, les Némitzes, les « Lombards » normands, les « Celtes » de France, les aventuriers anglais ; il usa largement des turcopoules, baptisés ou non, qui lui gagnèrent nombre de succès. Il eut toujours à son service des corps de Petchénègues légers, qui faisaient un peu la police des camps. Il y eut même, sous son règne, des levées de Vlaques. Mais, à côté de ces étrangers, il organisa des corps d'élite, composés uniquement de Grecs. Auprès des Chomatianes, des « immortels », les uns et les autres de provenance asiatique, derniers débris de l'armée d'Orient, et de la cavalerie thessalienne,[303] il y a sous ce règne et grâce à ces empereurs une milice d'enfants de soldats, élevés dans l'enceinte du Palais, parfaitement préparés à la guerre, absolument dévoués à l'empereur, qui est leur général et les exhorte dans les combats, en les appelant par leur nom. Ce sont les 2.000 « cadets grecs », les « archontopoules », le noyau de l'armée nouvelle et son principal soutien.[304] Il paraît que la troupe d'élite composée des fils de soldats morts pour l'empereur s'en distingue en quelque sorte.[305]

De nouveaux titres brillants, des couronnes même, mais sans l’πισφαρωμα et les boucles d'oreille, sont décernés à certains membres de la famille impériale, aux généraux et aux fonctionnaires de marque pour les retenir dans le devoir, pour les garder fidèles dans la conduite des années. Etre sébastocrator, titre créé déjà pour Isaac Comnène, panypersébaste, droungaire-sébaste[306] suffisait à la plupart des ambitieux qui, autrement, auraient trahi et pris les armes.[307]

En attendant, sous Alexis lui-même et ses deux premiers successeurs, un nouveau courant religieux viendra animer cette société que les empereurs constantinopolitains, les lettrés, les philosophes, les juristes du onzième siècle semblaient vouloir ramener au paganisme éclairé de Platon et aux mystiques, allant jusqu'à un regain d'iconoclasme, car sous le Botaniate un évêque avait soulevé la question du sens de l'adoration des images et un synode avait été rassemblé pour admettre que l'argenterie des églises peut suppléer aux besoins d'un Trésor presque vide.[308] On prend de nouveau des mesures contre les hérétiques. Toute une école procédant de Psellos, celle du moine Italos, le second « proèdre des philosophes », un peu idéologue et iconoclaste, fut poursuivie par le gouvernement, et fermée.[309] Une nouvelle ordonnance impériale fixa strictement le dogme. Un patriarche simple et opiniâtre, Eustrate Garidas (1081-4), fut installé pour faire la police des hérésies. Les bogomiles — dont la doctrine avait gagné de nombreux adeptes grâce à la puissance de la dialectique qu'employait leur chef, Basile, — se virent interdire leur propagande,

Des bûchers s'allumèrent même à Constantinople, comme à Rome, comme en Espagne. Niphon, qui attaquait le Dieu des Juifs, eut à pâtir pour ses idées ; et, comme le patriarche Cosmas (1075-81) s'était laissé séduire, il fut chassé de son Siège.[310] Un patriarche élu d'Antioche eut le même sort. Le dernier représentant du néoplatonicisme byzantin, Démétrios, se vit clore la bouche par ordre de la Cour. Il fut proclamé que l'empereur seul, « à cause de sa dignité », avait le droit de prononcer sur les questions concernant le dogme.[311] Eustrate, commentateur d'Aristote, présentant des opinions contraires aux dogmes, dut rétracter.[312]

Un ton de piété, de gratitude envers ses parents, d'amour pour son mari, pour ses enfants distingue le prologue du testament d'Anne Comnène, qui y rappelle modestement ses études et son activité littéraire.[313] L'empereur Alexis lui-même fonda le monastère du « Sauveur aimant les hommes » (Sotêr Philanthropos) ;[314] le couvent des « Autels d'Hélie » est de la même époque, et on accorde un soin particulier aux nouveaux typiques qui règlent la vie monastique.[315]

Encore une fois l'image de la Vierge mère figure dans les processions triomphales sur le char d'argent, devant lequel marche à pied l'empereur victorieux. Manuel Comnène portera sur ses épaules la pierre, rapportée d'Éphèse, sur laquelle se distinguaient les larmes figées de Marie.[316] L'armée ne partait pas pour une campagne sans demander à la Panagia des Blachernes le miracle accoutumé. Des présages sur le sort des batailles étaient tirés par l'empereur, la veille d'un combat, du livre des Évangiles, après une nuit passée en prières, tandis que les cierges brillaient à la pointe des lances.[317]

Mais une autre force, un autre esprit, une autre direction pénétreront lentement dans cette société qui veut se renouveler pour pouvoir vivre : ceux des Latins.

La première des guerres contre les Bulgares avait dévasté les bords du Pont ; les campagnes d'anéantissement contre les rebelles de Macédoine avaient laissé l'Occident de la péninsule dans un état d'encore plus lamentable ruine. Restait, avec les îles à peine regagnées et qu'il fallait d'abord restaurer, l'Asie Mineure.

Depuis Romain Lécapène, et malgré les scrupules religieux de Basile II à l'égard des monastères, on avait cherché à conserver avec la liberté paysanne et les fiefs des soldats la prospérité à cette vaste région sur laquelle, maintenant, tombait l'Empire de tout son poids. On a eu peut-être raison de croire que dans l'idée de la responsabilité collective poulies impôts, l’allilengion, qui faisait des riches les garants des pauvres, il y avait la même intention de « démocratie » sociale.

Mais, comme dans chaque pays où on prend de pareilles mesures contre l'extension de la grande propriété, ceci a dû mener les « puissants » asiatiques dans les offices militaires, dans le monde d'intrigues et d'ambitions de la Capitale. De là ces tendances vers la couronne de la part des latifundiaires évincés voyant désormais de loin entre les mains des Turcs, favorables aux ruraux, ces exploitations agricoles qui avaient été pour eux une source de revenus et la base même de leur situation.

Les relations de Byzance avec l'Occident étaient représentées depuis longtemps surtout par la domination grecque en Italie, et par ces mercenaires, ces aventuriers francs qui servaient dans les armées impériales, La coiffure des Occidentaux aux longs cheveux, leur habillement étriqué, qui paraissait mesquin et_ indécent, leurs chaussures aux longues mèches, leur lourde armure tissée en anneaux de fer, leurs lances puissantes, leurs grands boucliers en pointe, leur pétulance, leur loquacité, leur amour naïf pour les belles choses d'or et d'argent, pour les brillants numismata des empereurs, leur langue, « germaine » (française) ou « allemande », leur caractère national même étaient connus de tout le monde.

Déjà depuis longtemps, grâce à la domination en « Longobardie » des Impériaux, des bourgeois d'Amalfi s'étaient établis dans les villes de l'Empire, et même à Constantinople. Après eux, les Vénitiens, des « bourgeois de l'Empire » en dépit de leur exterritorialité, firent valoir en Orient leur richesse, leur talent pour les affaires, leur vaillante hardiesse.[318] Sous Alexis I, Durazzo, résidence des ducs d'Occident, appartenait plutôt à ces hôtes, qui étaient considérés comme des « esclaves », des douloi de la majesté de l'empereur, de leur empereur à eux, de longue tradition. La Capitale recelait aussi une nombreuse population de marchands de cette nation. Pour le moment, les Vénitiens rendaient de grands services et n'étaient nullement envahissants. Leur doge, décoré de titres byzantins, avait, malgré ses aspirations en Dalmatie, son rôle assigné dans les guerres qui devaient porter du côté de l'Occident les flottes de l'Empire.[319] Les Génois, les Pisans arrivèrent à leur tour, beaucoup moins partagés en fait de privilèges.[320]

Nous avons déjà dit qu'on appréciait les vertus des Latins, leur intrépidité, leur faculté de se contenter de peu, leur esprit inventif, la supériorité de leur armement et leur caractère indomptable, — mais sans les aimer. Ils apparaissaient aux Byzantins comme des gens sans éducation et sans savoir-vivre, des soldats sans connaissances stratégiques et sans direction, des « Lombards », qui ne pouvaient pas se ployer aux règles de l'étiquette ; bref, des barbares comme les Turcs ou les Petchénègues, aussi faux et avides de gain que les gens de ces peuplades.

Leur « empereur », leurs « rois » (imperatwr, phgez) n'étaient que des usurpateurs, comme les anciens « basileis » perses et surtout les Sultans actuels.

Mais c'étaient des chrétiens. Malgré la différence du rite, de la langue liturgique, de certains dogmes qu'on conservait des deux côtés sans les discuter trop et en dépit de la querelle de Photius avec Rome, une certaine unité religieuse fut maintenue pendant tout ce temps entre Rome et Byzance, ou plutôt entre l'Occident latin et l'Orient grec. La collaboration était entretenue par l'adoration fervente des mêmes reliques, par le même désir de revoir Jérusalem — on se rappelle les croisades byzantines de Tzimiscès et de Phokas, et plus tard Jean Comnène expiera en Cilicie avec la douleur de ne pas avoir pu accomplir son pèlerinage —, enfin par l'ennemi commun, le « Sarrasin », le Turc.

On ne peut pas accorder, si l'on se place au point de vue des contemporains, une trop grande importance au « grand schisme », déclaré au temps du patriarche Michel Kéroularios (1043-58). Des envoyés du Pape vinrent à Constantinople pendant le règne de Constantin le Monomaque, un empereur de cabinet, très faible. Ils n'avaient certainement pas de mission religieuse. Constantinople ne pouvait songer à imposer aux Latins une nouvelle organisation ou un nouveau dogme. Rome, même dans cette période agressive de sa politique, n'allait pas baser des espérances sur ces points. D'un côté et de l'autre, on faisait une politique d'opportunisme, dans le désir de trouver des alliés, et on n'avait aucun intérêt à rouvrir d'anciens débats pénibles. Il arriva cependant que les envoyés romains, gens imprudents, eurent envie de discuter ; ils trouvèrent en Kéroularios un patriarche peu ordinaire, qui se targuait de faire les empereurs et proclamait, en chaussant ses cothurnes de pourpre, « qu'il n'y a aucune différence essentielle entre l'Église et l'Empire et que l'Eglise surpasse même l'autre en ce qui concerne l'honneur ».[321] Comme on le voit, il avait, grâce à l'échange d'idées incessant entre l'Empire et l'Italie méridionale, les mêmes idées que les Clunistes et que Grégoire VII concernant les rapports entre le pouvoir civil et la dignité suprême de l'Église ; il devait avoir aussi la même ambition hiérarchique universelle.[322]

Il y eut donc ainsi une nouvelle querelle entre Latins et Grecs, à coups d'excommunications, comme de coutume. Le fait n'avait pas une trop grande portée : c'était de la part du clergé une manière d'interrompre les négociations, quitte à laisser l'empereur les reprendre aussitôt qu'un besoin politique les imposera.[323]

Car tous les souverains qui succédèrent au Monomaque entretinrent des relations politiques avec les Papes, et parmi les envoyés étrangers on dut voir de temps en temps à Constantinople ceux du Pontife romain. La « vieille Rome » appela à son secours le « basileus » contre l'« imperator », et Constantinople s'adressa au Pape pour avoir des auxiliaires contre les Turcs, Du reste, Isaac Comnène avait fait arrêter Kéroularios parce qu'il ne lui convenait pas à lui, et l'avait fait conduire par ses Varègues dans un couvent du Proconèse,[324] où il mourut. L'Église grecque ne manifesta plus de prétentions envers l'Empire.[325] Au contraire, des bénéficiaires laïques envahirent les couvents. Les patriarches durent se contenter des « centenaires » d'or que leur servait la Cour et des cadeaux laissés sur l'autel de Ste Sophie par les empereurs qu'ils couronnaient ou dont ils célébraient le mariage. Un tel chef d'Église n'est guère fait pour réclamer la souveraineté spirituelle du monde entier, et les chefs d'Etat avaient autre chose à faire que de prendre à leur compte les revendications de la Byzance cléricale.

On n'arrivera pas à mettre le conflit de Kéroularios avec le Pape en rapport avec tel projet politique byzantin dirigé contre l'invasion normande dans l'Italie méridionale, alors qu'il n'y eut que quelques incidents de la querelle traditionnelle. Une lettre contre les Latins fut envoyée en Italie sous le nom de l'archevêque d'Ochrida, Léon, et un synode constantinopolitain devait approuver bientôt l'attitude du patriarche. Mais l'existence de bons rapports politiques ne fut guère empêchée par ces vieilles discussions qui traînaient quelque temps pour que les passions de tel moment amènent ensuite un nouvel éclat. L'Église byzantine conservait envers Rome l'ancienne attitude de méfiance, facilement transformée en inimitié. Un exclusiviste occidental comme le cardinal français Humbert était tout fait pour le produire le conflit et un Pape comme Léon IX pour l'approuver pleinement.[326] En vain Antioche, sous le joug turc, qui pensait à une aide latine, intervint-elle pour la pacification. Mais parler d'une rupture dans le vrai sens du mot est une erreur. On pouvait reprendre à chaque moment des discussions dans lesquelles des esprits naïfs seuls pouvaient voir un moyen de rétablir l'unité dont l'existence a été toujours purement théorique.

Ce ne fut donc pas le « grand schisme » qui créa à Constantinople une atmosphère défavorable aux Latins à la veille des croisades, mais l'invasion normande.

On ne pourra jamais raconter dans les détails la conquête, lente, mais définitive, de l'Italie méridionale par le groupe d'aventuriers normands, appelés contre les Arabes pour que, dès le lendemain, sous le patronage du Pape, ils s'attaquassent aux garnisons byzantines, chassant en même temps, sans distinction, les « Grecs » et les rebelles de la façon d'un Maniakès. Nous avons déjà dit que les villes ne leur opposèrent jamais la moindre résistance et que beaucoup d'évêques orthodoxes consentirent à transiger avec ces Latins. Pour la population il n'y avait, du reste, qu'un changement dans le caractère national des étrangers qu'ils nourrissaient et payaient pour cette défense contre les Musulmans, qui eux-mêmes n'étaient pas considérés comme des ennemis avec lesquels on ne puisse pas s'entendre.[327] Leurs chefs, Robert, son fils Bohémond, Tancrède, cousin de celui-ci, remplacent donc tout simplement les anciens dynastes locaux de l'espèce d'un Mélos, d'un Argyros, qui, à la tête des milices locales, avaient pris plus d'une fois des attitudes d'indépendance. Argyros, patrice et vestis, avait été même, en vertu de son succès, « duc, et prince d'Italie ». Or, pour de pareils chefs de l'Italie méridionale le premier devoir d'une ambition naissante était de prendre le plus possible de terre byzantine et de s'ouvrir le chemin vers Constantinople.

Mais, pendant la première période de la nouvelle invasion, les Normands étaient encore des Latins d'apparence irréductible, et il leur faudra du temps pour s'assimiler aux indigènes, devant former plus tard avec ceux-ci et avec leurs souvenirs arabes une civilisation de triple essence qui est un des éléments les plus précieux dans la vie morale de l'humanité.[328]

Déjà sous l'empereur Michel Ducas les Normands avaient risqué des attaques de pirates, qui furent affrontées par les trirèmes d'un Bryennios.[329] Le vieux Robert Guiscard, duc, — dans le sens byzantin du mot : duc d'Empire, d'origine usurpatrice, — de la « Longobardie » qu'il avait patiemment arrachée à l'empereur, voulut être aussi « duc de Dalmatie ». Il avait des chevaliers disponibles, une flotte, et ne trouvait pas d'issue en Italie, où il se fût heurté au Pape, qu'il voulait ménager. Et il connaissait parfaitement les choses byzantines.

Nous avons déjà parlé de l'alliance de famille entre sa fille, qui avait pris à Constantinople le nom d'Hélène, et Constantin, le fils de Michel Ducas,[330] une alliance pour pouvoir s'immiscer ensuite dans les affaires de l'Empire. Arrivé au pouvoir, Alexis avait dû rompre le traité. C'était un bon prétexte pour la guerre que le « Guiscard » qu'était Robert préparait depuis longtemps au su des Dalmates et des provinciaux du voisinage. Le duc italien fit donc semblant de reconnaître dans un moine mystérieux l'empereur détrôné qui avait dû être son parent.

Il l'embarqua sur sa flotte, espérant faire impression sur les sujets de l'Empire dont plusieurs adorèrent en effet le charlatan ivrogne qui chevauchait vêtu de brocart d'or entre des doryphores normands.[331] Aulona, Canina, les petits ports en face de Bari furent pris, et Durazzo assiégée.[332] Les chefs serbes du continent s'unirent à l'envahisseur,[333] pendant que l'Empire cherchait des mercenaires parmi les Manichéens bulgares ayant leur centre à Béliatova,[334] et les Vlaques nomades.[335]

Sa flotte fut cependant battue par les Vénitiens, qui s'étaient empressés d'envoyer leurs galères.[336] Les hostilités traînèrent en longueur, malgré les victoires manifestes remportées par les colosses normands sur les petits Petchénègues et Turcs et les quelques soldats constantinopolitains d'Alexis, apparu lui-même seulement pour donner le spectacle de sa fuite. Les  bourgezioi italiens de Durazzo livrèrent enfin la ville.[337]

Mais le duc normand fut rappelé par l'invasion du César allemand,[338] que Byzance avait su gagner. Son fils, Bohémond, un autre colosse roux, indomptable et « guiscard », avisé, plus que personne parmi ses contemporains, prit la conduite de l'armée. Il paraît avoir voulu gagner Thessalonique. Maître de Durazzo et de cette seconde capitale de l'Occident, il n'aurait plus eu rien à craindre : la Macédoine entière lui aurait soumis ses vallées et ses kleissoures ; l’« empire » bulgare de Samuel, de Délianos et d'Alousianos, celui que Maniakès avait de nouveau esquissé, aurait ressuscité, vêtu en latin, sous une armure normande.

Le nouveau chef prit en passant l'Ochrida «impériale » et Skopi, puis le pays de Méglen, où habitaient des colons petchénègues, et Castoria. Partout, la population acclamait cette conquête chevaleresque.[339] Bohémond descendit en Thessalie, au milieu des Vlaques : son but n'était plus éloigné. Mais il ne put pas l'atteindre, car ses soldats, travaillés habilement par les Grecs de l'empereur, qui était accouru (et avait même remporté quelques succès qu'il ne faut pas exagérer) se mutinèrent. Bohémond revint donc à Aulona, où il s'embarqua pour Salerne, vaincu sans avoir été battu.[340] Car il fallait une armée autre que celle de ces compagnons féodaux, de ces aventuriers et des mercenaires à bon marché du pays italien pour accomplir une œuvre de cette importance ; et, malheureusement pour lui, Bohémond partît sans emporter cette conviction salutaire.

Robert voulut reprendre aussitôt la guerre.[341] Il retrouva devant lui les Vénitiens, qui furent trois fois vainqueurs, avec un seul succès maritime du côté des Normands. Le vieux duc avait attaqué Céphalonie et paraissait maintenant vouloir se tenir dans un autre cercle d'action, poursuivant la conquête des îles Ioniennes et de la Morée. Durazzo restait, du reste, en sa possession. Il ne vit pas la perte de sa brillante conquête, car il mourut dans l'île qu'il avait envahie.[342]

Mais de nouveaux horizons de contact entre les nations s'ouvraient au milieu de ce désordre et de cette misère.

Ce monde byzantin n'était guère aussi fermé qu'on se l'imagine. On s'intéressait même au calendrier des Perses, sur lequel écrivent Théodore de Mélitène et Georges Chrysokokkès, Isaac Argyros et un anonyme.[343] Et des rapports avec la poésie persane ont été constatés dans l'épopée populaire grecque du onzième et du douzième siècles.[344] De l'Orient lointain, des régions de l'Inde était venu ce Stéphanite et Ichnélate (« Kalilah et Dimnah ») sur l'éducation des princes,[345] et de Mélitène, donc d'Arménie, par Michel Andréopoulos, le « livre de Sagesse » de Syntipas.[346]

L'image même de la vie journellement commune entre Byzantins grecs, Francs d'aventure et Turcs ressemblant à cette chevalerie d'exploits et de rapines nous est donnée par l'épopée à demi populaire, tant de fois remaniée, brisée en morceaux, transformée, comme « le Cid », en épisodes, mais gardant quand même son caractère premier, chevaleresque, désordonné, sentimental et romantique à l'occidentale, qui est le « Digénis Akritas », poème sur Basile Digénis, nom réunissant celui de deux empereurs guerriers, Basile II et Rhomanos Digénis, que des commentaires ingénieux ont voulu fixer à une époque antérieure, précisant jusqu'aux derniers détails de l'action qu'elle représente.

Il est question d'un vaillant chevalier, d'un preux, qui s'en va chercher fortune de guerre et fortune d'amour. Il les trouvera grâce à sa bravoure et à un appui céleste qui ne l'abandonne jamais. C'est un Achille — et l'histoire même d'Achille sera assaisonnée de cette façon, l'ancien nom seul surnageant après la destruction de tous les souvenirs qui s'y rattachent—, mais un Achille chrétien.[347] Sa foi réelle et profonde ne lui interdit pas cependant les rapports avec ce monde des émirs environnants où il y a des guerriers qui le provoquent et des jeunes princesses qui l'attendent.[348]

C'est par l'action de ces aventuriers que surgit en Occident aussi ce cycle des chansons de geste qui concerne les emprises orientales de Charlemagne, dont le souvenir des guerres sarrasines d'Espagne ressuscitait ainsi. Cette façon d'être, et de combattre, cette fierté de l'aventure, ce mélange d'amours et de prouesses ne nous paraît guère pouvoir être rapporté à une époque comme celle des conquérants d'État, tels Nicéphore Phokas et Jean Tzimiscès, ni à celle où on traînait à Constantinople une pauvre vie veule, occupée des amours de deux vieilles femmes héritières de l'Empire,

N'oublions pas aussi que le terme même d'Akritas ne paraît que pendant ce onzième siècle,[349] dans le sens des Normands, qui eux seuls introduisent la notion du château dont partent tout au tour et jusqu'au fond des possibilités de pillage et d'exploits[350] les raids de gloire et de pillage, et que Rhomanos est un « Digénis », non pas à cause de sa famille, mais à cause de ce héros de légende toute récente et éminemment populaire.

Digénis porte le nom de Basile, mais il s'agit du souvenir du grand Basile, « le tueur de Bulgares », infiniment mieux connu que le premier ; même le chef des pauliciens sous Alexis Comnène s'appelle ainsi. Le héros est né d'un père musulman et d'une mère chrétienne ; or, pour que les masses byzantines adoptassent un paladin de cette origine il fallait que les rapports fussent devenus très étroits, non pas avec les Arabes, pour le temps desquels on ne connaît aucun cas semblable, mais avec les Turcs, qui, venant de l'Iran, apportaient la vieille coutume persane de la guerre pour le plaisir de la guerre, C'est aussi maintenant que, paraissent les turcopoules, les guerriers nés turcs de l'Empire, et Digénis Akritas en est un. Je ne crois pas non plus que les « apélates », ses adversaires, soient des voleurs de bétails ; leur nom peut signifier fuorusciti, de l'espèce du vieux Manuel le Persan. Enfin jusqu'aux rencontres en Cappadoce et du côté d'Edesse, où sont placées par les quatre formes du poème les preuves de vaillance de ce « Cid byzantin » on n'aurait pas eu l'idée de localiser l'action de ce vaillant Oriental.[351] Lorsqu'on examine la monnaie du chef de croisés Tancrède, devenu baron d'Orient, on reconnaît dans la croix entourée de la formule « Tankre[édos] », dans l'invocation au Seigneur et surtout dans sa figure barbue, coiffée du turban, alors que la main tient un court glaive, bien différent de l'épée des Occidentaux,[352] la même synthèse, qui ne se produisit qu'à cette époque.

Un chercheur allemand, M, Wartenberg,[353] avait déjà observé que la rencontre entre le « Cid » byzantin et l'empereur Basile car seuls les manuscrits plus récents substituent le nom d'un empereur Rhomanos, — l'égalité de ton entre le représentant de la vaillance et celui du pouvoir, les conseils que celui-ci doit recevoir de la part de l'autre fixent le poème à l'époque des Comnènes, d'autant plus qu'il est question de conquêtes à faire dans le Sultanat d'Iconion. Le même critique a remarqué l'indication chronologique qui réside dans la mention des Turcs et dans l'emploi, pour ces nouveaux ennemis, du terme archéologique de « Perses ».[354]

Un passage extrêmement précieux d'un écrit d'Aréthas de Césarée montre, il est vrai, que dès le dixième, le neuvième siècle même, il y avait une épopée populaire, de petits poèmes, des wdai chantées « de maison en maison » par des Paphlagoniens qui en avaient fait un métier,[355] et M. Grégoire, auquel ces études sur le « Digénis » doivent et devront tant, a eu raison d'insister sur l'ancienneté et les qualités de forme de la « geste d'Armouris »,[356] d'origine orientale, sans doute persane. Dans le second prologue d'une des rédactions du « Digénis Akritas » il y a la mention des gestes du « vieillard Philopappos », de Kinnamos et de Ioannakis comme déjà anciennes, non authentiques et de nulle valeur.[357] Mais ce qu'on ne pourra pas contester — alors que tout effort de fixer dans ce poème ce qui est historique doit rester aléatoire, même lorsqu'on y apporte l'extraordinaire érudition et la subtilité employées par M. Grégoire pour identifier le héros avec le tourmarque Diogène, mort en 788[358] — c'est l'atmosphère toute « latine », toute « franque » et occidentale du poème, qui est animé du sentiment de la bravoure individuelle, du respect pour la femme.

Les passages mêmes qui regardent l'art à l'époque de l'aède byzantin nous empêchent d'aller trop loin dans le passé. En effet, si sur le palais d'Akritas à côté des guerres d'Alexandre le Grand on voit les combats victorieux d'Achille et la lutte entre Bellérophon et la chimère, c'est que, jusque dans le milieu auquel appartient le poète, avait pénétré le courant créé par l'école de Bardas, mais qui ne pouvait pas porter ses fruits d'un jour à l'autre.

Mais on ne peut pas souligner assez que, comme les auteurs de chansons de geste en Occident, le poète du « Digénis Akritas » est un lettré, qui, — on l'a prouvé — emploie des chroniques byzantines, en en mêlant un peu les données.[359]

Du reste, n'y a-t-il pas une vague ressemblance d'attitude entre Digénis et Alexis Comnène, tel qu'il est présenté par la princesse Anne, qui veut en faire un héros d'épopée, et même ce portrait par Ordéric Vital, historien bien renseigné, par l'intérêt pour les Normands, sur les choses de Byzance ? C'est « un homme très sage et charitable pour les pauvres, guerrier énergique et magnanime, affable avec ses soldats et généreux distributeur de récompenses, et en plus très pieux ». Et il cite des faits : la prétendue libération du fils, qui aurait été aveuglé par le Botaniate, de l'empereur Michel, dont il aurait fait ensuite l'abbé du couvent de St Cyr, et surtout ses égards envers les filles de Robert Guiscard enfermées jadis par le même (l'une devant épouser le fils de Michel) et qu'il traite pendant vingt ans comme ses propres enfants, leur seul devoir étant de lui donner le matin, à sa toilette, l'essuie-main, le peigne d'ivoire qui lui sert pour arranger sa barbe et elles finirent par être rendues à leur parent, le roi Robert.[360] Et l’» Alexiade », l'œuvre de la princesse Anne, fille d'Alexis, ne sera-t-elle pas le produit du même courant d'individualisme chevaleresque ?

Toute cette histoire de beaux jeunes hommes qui chantent et jouent de la lyre pour gagner les jeunes filles confiées à la garde des ballie à l'italienne, sent l'épopée persane — il est question aussi de « l’épée de Chosroès » et le conte de fées venu de l'Inde. Elle serait non datable s'il n'y avait en même temps un monde mixte de chrétiens et de Musulmans, de renégats, si l'aventure occidentale n'en faisait la trame, toujours renouvelée, de cette « Romanie » qui se forme alors en Asie. Mais, examinant de près, on découvre, dans le milieu et le décor, notre époque, avec les chevaux bais des chevaliers, portant des noms arabes, avec la mention des « exarques de toute la Syrie », des stratèges qui sont des émirs, des magistroi, avec l'infiltration de mots italiens[361] et arabes, de la τέντα à l’γουρος. La version en prose vulgaire présente même les rapports de l’Akrite avec l'empereur Rhomanos. Tous les détails concordent avec l'époque, jusqu'à la ῥῶγα, jusqu'aux « centenaires d'or » de la dot de l'amante de Digénis. Même, la mention répétée des Mongols dans cette même version renvoie au treizième siècle.[362]

Toute cette chevalerie est venue par les Francs et par les Turcs aussi, dont les Sultans délivrent sans rançon leurs prisonniers, les engageant seulement « à se rappeler de ce jour ».[363] Les sources byzantines le montrent bien. Le Sultan victorieux contre Rhomanos Digénis met à table à côté de lui l'empereur qui avait la coutume d'extirper les Turcs et lui rappelle les doux préceptes du Christ.[364] Il le fait accompagner d'une suite d'honneur.[365] Pour la vie commune entre Turcs et Francs l'exemple de Hervé, qui, dans son château, noue des relations d'amitié avec le Turc Samouch pour se tourner ensuite contre lui et devenir son prisonnier, est instructif.[366] On s'amuse ainsi à prendre et à délivrer les captifs, comme ce fut le cas pour Isaac Comnéne, pour le César Jean, pris par Roussel, qui veut en faire un empereur.[367] Le fils même de l'empereur Rhomanos aurait passé entre les rangs des « Persans »,[368] et Manuel Comnène le curopalate, commandant de l'Orient, un vrai Digénis Akritas,[369] a affaire avec un Turc de haute lignée, Chrysoskoulos, qu'il s'associe contre les autres Turcs après avoir été son prisonnier.[370] La carrière même en Asie des frères Alexis et Isaac Comnène, leur camp dans les ruines de Césarée, leurs aventures en chemin rappellent le héros de l'épopée byzantine.[371] On voit Alexis lutter contre Oursel, qui demande l'aide du Turc Toutach, lequel se saisira du Franc.[372]

L'Achilléide anonyme, le poème du « despote Achille », publié dans trois versions différentes par Sathas,[373] Bikélas[374] et Benedikt Haag,[375] ne porte, ainsi qu'il a été dit, que le nom de l'ami de Patrocle, qui, celui-ci, est devenu un Pantourklos, sous l'influence des Turcs. Pour le reste, c'est encore la « damoiselle », la kori que pourchasse l'amour larmoyant du chevalier capable de réciter à sa fenêtre les « tragoudia », ce talent accompagnant celui du bon lutteur, c'est le même cheval « noir », compagnon dudit chevalier, le même riche costume, parfois « franc », détaillé longuement, le même milieu de chasses et d'aventures, la même rencontre des agouroi, des « alaïs »,[376] le même plaisir à présenter les longues fêtes et les duels dans lesquels se montre l'art du vainqueur prédestiné, enfin la même richesse des qualificatifs et des comparaisons, un peu doucereuses, qui ne manquent pas d'une certaine fraîcheur. En plus, la correspondance d'Achille avec sa belle contient des morceaux lyriques qui sont vraiment beaux. Les notions byzantines s'allient, du reste, à celles que les Latins ont introduites, comme la mention de l'homme lige à côté de celle des « archontopoules », les « pages » de l'époque, du palajje (palefroi) et de l'akra des « akrites », du « kastélli » et du « kastron ». Un francopoule aussi doit y être et à côté le lion qu'il doit combattre. Les termes turcs ne manquent pas, comme « foudoul » pour « fier ». Une nouvelle langue, vivante, variée, capable de nuances douces et d'accents qui touchent s'était formée donc, à Constantinople même, pour la création de ces œuvres de réalité, dans le « vers politique », si facile à écrire.[377]

Et le monde de ces romans de guerre et d'amour continuera.

Dans Lybistros et Rhodamne,[378] l'histoire d'un Latin et d'une princesse de l'Inde, demandée en mariage par son rival qui est Égyptien, avec les lettres d'amour qu'échangent les héros du poème, rappelle la correspondance de Digénis lui-même. La présence des allégories qui dominent la littérature de l'Occident, dès le Roman de la Rose : Agapé, Pothos, Krémasmos fixent une date qui ne peut pas être plus récente que le treizième siècle ou bien, s'il s'agit des modèles de l'œuvre de Guillaume de Lorris, qui, cependant, il ne faut pas l'oublier, n'eurent pas de diffusion, le douzième. Les « songes », dont l'un joue un si grand rôle dans ce poème, sont un moyen favori de créer des situations pour les mêmes écrivains français, Les tentatives de réclamer cette œuvre pour l'esprit hellénique auraient dû s'en tenir à la forme seule, qui est gracieuse.

Une analyse non prévenue de Callimachus et Chrysorrhoé, qui est de ce treizième siècle, mène au même résultat.[379]

Dans le roman de Bertrandros et Chrysantza,[380] l'aventurier qui s'en va chercher fortune reste cependant sur le sol byzantin. Il traverse l'Asie Mineure, arrive à Tarse, et c'est là qu'il trouve son château d'amour, tout plein de beautés d'art pareilles à celles qu'on pouvait admirer à Constantinople. La bien-aimée du fils de l'empereur Rhodophilos, nom qui rappelle sans doute Rodolphe, de « celui qui aime les roses » a pour frère le « roi d'Antioche ». Mais l'« empereur des amours » qui présente au chevalier les quarante nobles dames dont il dispose vient certainement de l'Occident. Bury a observé avec raison qu'on n'a fait que rendre ainsi la coutume de la sélection d'une fiancée. Si Belthandros devient le « lige » du dhya c'est qu'Antioche a déjà eu son duc normand, ce qui fixe une date. Encore une fois, comme dans le poème de Digénis, l'amoureux s'enfuit avec celle qui lui a déclaré son amour. Le mariage final ne manque pas.[381]

Phloria et Platziaphlora montre facilement sa provenance de la « Blanchefleur » française.[382] Dans Imbérios et Margarona, où il est question de la Provence et tel personnage s'appelle Edouard, on a affaire aussi avec un thème visiblement occidental.[383] En transformant en grec le roman de Maguelonne, l'auteur grec y a introduit pourtant des changements, l'accommodant sensiblement aux coutumes de l'Orient, entre lesquelles les riches noces magnifiques ; un fort sentiment de famille, tel qu'on le trouve dans le monde grec jusqu'à nos jours, a été avec raison souligné. Il y a même un souci de l'instruction, religieuse aussi, du héros et de la bonne tenue des amoureux.[384] On y trouve jusqu'au souvenir de ces tournois de l'époque de Manuel Comnène où un Grec quasi-occidentalisé pouvait combattre dans les tournois des « Alamans ».[385]

En échange, dans l'histoire occidentale d'Apollonius de Tyr, rédigée par Heinrich de Neustadt, on a réussi à découvrir un original byzantin : il aurait suffi de l'incident de la guerre contre les Bulgares pour le prouver. De nouveau Antioche apparaît comme un royaume, gouverné par celui dont Apollonius demande en mariage la fille. Le roi Ladomer des Baléares est évidemment un Vladimir. A côté il y a un roi de « Turquie », Rangolt, et un « Admirat von Halep » qui nous renvoient à l'époque des croisades. On a observé avec raison que l'Arménie, un royaume, est l'État de Cilicie, qui n'eut un roi couronné qu'au début du treizième siècle. Et, quant au « Nochey von Bulgarie »,[386] c'est le khan tatar de la Bulgarie, à la fin de même siècle. « Crisanda », une ville, a une étrange ressemblance avec l'héroïne du roman dont il est question ci-dessus. Pour les détails il y a les mêmes palais aux merveilles mécaniques,[387] le même sentiment d'un amour à toute épreuve, la même passion des aventures à travers terres et mers.

On a prétendu que pour tous ces petits poèmes, les « Iliades » populaires in 12[388] de la société byzantine, le modèle aurait été dans les œuvres, beaucoup plus importantes, d'une autre allure et d'un autre essor, de l'antiquité classique, Mais, si ces auteurs de vers politiques, destinés sans doute à la lecture et pas à la récitation, avaient connu Achille Tatius, ils se seraient servi de la langue châtiée et pas de celle qui était à la portée de tout le monde.[389]

De l'Occident surtout, avec des souvenirs d'antiquité, vient, à la même époque, ce chant d'amour de la Grèce byzantine qui nous resterait inconnu sans la centaine de morceaux en style populaire que W. Wagner publiait en 1879 sous le titre d'« Alphabet de l'amour ». Ils ne se distinguent en rien de ce que la passion dit depuis des milleniums, mais ils servent à montrer que, si à Constantinople on s'en tenait à l'Église et à l'antiquité, la province, surtout la lointaine province insulaire, était capable de manifester des sentiments sincères et profonds dans une forme généralement intelligible.[390] La mention de la Fragaia, même des chevaliers, montre la date tardive, au moins pour certains de ces chants. Le sens est parfois touchant, comme lorsque la jeune fille désire que sa « skouphia » sur la tête de son bien-aimé le caresse en son nom.

 

FIN DU DEUXIÈME VOLUME

 

 

 



[1] Traduction Kratchkowski et A. Vasiliev (dans la Patrologia Orientalis, XVIIIa), Paris 1924.

[2] Ibid. Voyez aussi Eutychios, Migne, Patr. Gr., CXI, c. 1156. Sur les rapports de la Syrie avec Byzance Monachi Epiphanii enarratio Syriae, ibid., CXX. Sur ceux avec l'Occident même, G, Jacob, Arabische Berichte von Gesandten an germaniscbe Fürstenhöfe aus dem 9. und 10. ]ahrhundert, Berlin 1927. Cf. les annales de Tabari, trad. Zotenberg, Paris 1869-74. Sur l'ouvrage de Moïse bat Cépha, « le Paradis », Migne, Patr. Gr., CXI, c. 482 et suiv.

[3] Yahya ibn Saïd.

[4] Dölger, Regesten, nos 636, 637 ; Westberg, dans les Mémoires de l'Académie de Pétersbourg, 1898.

[5] Liutprand. Son portrait physique par cet écrivain latin n'est pas non plus flatteur. L'évêque de Crémone fournit aussi des dates sur l'époque où le futur basilewpatwr (il écrit : « pater vasilleos ») était seulement droungaire de la flotte. Il le présente comme amant de l'impératrice Zoé, qu'il finit par épouser. Voyez surtout, pour la carrière de celui qui, après avoir été droungaire, ensuite magister, puis hétairiarque, devint empereur, Constantin Porphyrogénète. — Romuald de Salerne l'appelle « Heliopolitanus ».

[6] Leur frère, Théophylacte, devint patriarche.

[7] Yahya ibn Saïd, traduction citée.

[8] Liutprand : « crines solutus per umellos..., libris incumbentem ». Aussi sur le mariage de ce prince avec Berthe de Provence, ibid. Il demandera pour son fils la sœur du roi Lothaire ; ibid.

[9] Constantin Porphyrogénète.

[10] Le 23 février il associait son fils, Rhomanos ; Yahya ibn Saïd. Plus tard les complots des deux fils de Lécapène, qui eurent nez et oreilles coupées, ne réussirent pas plus que les agissements de leur frère, le patriarche Théophylacte, et du patrice Théophane ; ibid. Constantin fut tué ; Rhomanos lui-même mourut en juillet 948 (ibid.). Sur ses succès, Constantin Porphyrogénète.

[11] Constantin mourut le 2 novembre 959 ; Yahya ibn Saïd.

[12] Léon le Diacre.

[13] Ibid. Liutprand recueille le bruit d'après lequel il aurait voulu passer à l'ennemi.

[14] Yahya ibn Saïd.

[15] Ibid. Liutprand mentionne ce logothète.

[16] Cédrénus ; Yahya ibn Saïd.

[17] Léon le Diacre ; Constantin Porphyrogénète.

[18] Yahya ibn Saïd. Il fut couronné le 16 août ; Gelzer, dans Krumbacher, Byz. Litt.

[19] Léon le Diacre. Pour Yahya ibn Saïd, il est « le fils de Tzimiscès ».

[20] Ibid.

[21] Léon le Diacre.

[22] Yahya ibn Saïd.

[23] Ibid.

[24] Ibid (ann. 954-955, 956-957). Cf. A. Vasiliev, dans le Viz. Vréménnik, XI. (Chronique arabe d'Agapius de Manboug) ; V. Léonhardt, Kaiser Nikephoros II. und die Hamdaniden, thèse, Halle 1887.

[25] Léon le Diacre ; Yahya ibn Saïd (ann. 964).

[26] Yahya ibn Saïd.

[27] Léon le Diacre ; Yahya ibn Saïd (novembre 968).

[28] Léon le Diacre.

[29] Yahya ibn Saïd ; Léon le Diacre. Pour Édesse et l'image du Christ, Dölger, Regesten, nos 641,644.

[30] Léon le Diacre ; Yahya ibn Saïd.

[31] Le traité, dans Léon le Diacre ; Yahya ibn Saïd.

[32] Voyez, avec Léon le Diacre, Yahya ibn Saïd.

[33] Léon le Diacre.

[34] Ibid. : il montre avec indignation comment le corps de l'assassiné fut jeté dans la neige. Sur son successeur, ibid. et suiv.

[35] En échange, dès le VIe siècle, il n'y avait plus à Constantinople des connaisseurs du latin ; Jafté, Regesta, année 596.

[36] Sur le portrait de Nicéphore Phokas, Νέος Έλληνουνήμων, I, pp. 57-71.

[37] Liutprand, pp. 919, 920-921, 923, 925-926, 926-928, 930-931.

[38] Nicolas le Mystique écrit au duc d'Amalfi pour un rachat de captifs ; Migne, Patr. Gr., CXI, c. 372.

[39] « Terram quam imperii tui esse narras, gens incola et lingua italici esse declarat ».

[40] Voyez plus loin, etLéon le Diacre, X ; Psellos, éd. Sathas, dans la Bibliotheca medii aevi, IV ; Yahya ibn Saïd.

[41] Léon le Diacre.

[42] Ibid.

[43] Sur la chronologie, Anastasiévitch, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[44] Matthieu d'Édesse, dans la Bibliothèque arménienne de Dulaurier, Paris 1858. Sur l'opinion, récemment émise, que la lettre est fausse, voyez Vasiliev, op. cit., I. Cf. Ioannésov, dans le Viz. Vréménik, X ; Hagob Thopdschian, Politische und kirchliche Geschichte Arméniens unter Asot I. und Sembat I., Berlin 1901. Pour les années 976-986 voyez Vasiliewski, dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, 1876.

[45] Pour son manteau et sa couronne (ainsi que ceux de Nicéphore), voyez Échos d’Orient, XVII.

[46] Cependant Byzance avait traité le mariage des fils de Rhomanos avec des princesses bulgares ; Léon le Diacre.

[47] Sur la décision de Nicéphore de ne plus payer le tribut aux Arabes de Sicile, qui le vainquirent, Cédrénus, II.

[48] Voyez Constantin Porphyrogénète, De adm. imp.

[49] Ibid.

[50] Voyez aussi la chronique de Yahya ibn Saïd.

[51] Léon le Diacre.

[52] Combat entre Bardas Skléros et un Petchénègue, Zonaras, éd. Migne, c. 136.

[53] Léon le Diacre.

[54] Ibid.

[55] Ibid. Cf. Échos d’Orient, 1928 ; William Miller, The rise and fall of the first Bulgarian Empire, dans la Cambridge Mediaeval History, III. Cf. Anastasiévitch, dans les Byzantinoslavica, III—Pour la formation d'un second Empire, F. L. Ouspenski, dans les Zapiski de l'Université de la Nouvelle Russie, XXVII, Odessa, 1879.

[56] Léon le Diacre. Cf. Anastasiévitch, La chronique de la guerre russe de Tzimiscès, dans le Byzantion, VI (la bibliographie des travaux de cet auteur relatifs à la guerre contre les Russes, dans la même revue, VII) ; Journal du Ministère de l'Instruction bulgare, décembre 1908 (par N. Znoiko).

[57] Constantin Porphyrogénète, De adm. imp.

[58] Léon le Diacre ; Yahya ibn Saïd. Cf. Iorga, Notes d'un historien, loc. cit.

[59] Voyez la lettre qu'adressa par son ordre le patriarche œcuménique Nicétas au roi d'Arménie, traité de simple « archon », Migne, Pair, Gr., CV, c. 587 et suiv.

[60] Cf. Gelzer, dans la Byz. Zeitschrift, II.

[61] Dölger, Regesten, nos 761-765, 769, 773.

[62] Léon le Diacre.

[63] Cédrénus-Skylitzès, II.

[64] Dölger, Regesten, n° 771.

[65] Cédrénus-Skylitzès. — Cf., pour le passé chrétien des Russes Aurelio Palmieri, La conversione dei Russï al cristianesimo e le testimonianze di Fozio, dans les Studi religiosi, mars-avril 1901 ; G. Bonnet-Maury, Les premiers témoignages de l'introduction du christianisme en Russie, dans la Revue historique des religions, XXII (1901).

[66] Dölger, Regesten, n° 759.

[67] Cf. Léon le Diacre ; Cédrénus-Skylitzès ; Psellos, éd. citée.

[68] Dölger, Regesten, nos 791-792, 809 (le roi Sénakerim), 796-797, 813 (le roi d'Arménie Jean Smbat), 801, 810-811. 814-816 (le roi Georges d'Abcasie), 760-761, 780 (Ibérie). Voyez la chronique d'Aristarque Lastivertzi, dans la Revue de l'Orient, XV.

[69] Cédrénus-Skylitzès II.

[70] Ibid. Cf. Dölger, Regesten, n° 783.

[71] Cédrénus-Skylitzès.

[72] Cf. Palmieri, dans le Viz. Vréménik, X.

[73] Cédrénus-Skylitzès. Voyez nos Commencements de Venise.

[74] Cf. pour ce mariage et le privilège de 992 notre Venise et Dölger Regesten, n° 781. Cf. Lenz, Der allmähliche Ubergang Venedigs von faktischer zur nominellen Abhängigkeit von Byzanz, dans la Byz. Zeitschrift, III.

[75] Sur les négociations du mariage, aussi la continuation de la chronique de Réginon ; Hugues de Flavigny, Mon. Germ. Hist.,SS.,VIII. Avant tout, Mystakidès, Byzantinisch-deutsche Beziehungen zur Zeit der Ottonen (déjà cité). Cf. John Moltmann, Théophano, die Gemahlin Ottos II, und ihre Bedeutung für die Politik Ottos I. und Ottos II., Schwerin 1878 ; Fr. Harrison, Théophano, Londres 1904 ; Karl Uhlirz, dans la Byz. Zeitschrift, IV. Otto II s'intitulait, à la byzantine, « invictissimus, magnus, pacificus, perenniter augustus ». Cf. Steinberger, Kaiserin Théophano. Une église de Ste Théophano bâtie par le Porphyrogénète, Patria, loc. cit., c. 609.

[76] Cf. Ganshof, dans le Byzantion, VI.

[77] Voyez R. Salomon, dans le Sachwörteibuch des Deutschtums de Hofpfaetter et Peters (1930), s. v. Byzanz. Voyez Ganshof, loc. cit. — Dans Sakkélios offre de mariage entre Otto III et une fille du Porphyrogénète (les Annales de Quedlinbourg et de Magdebourg, Mon. Germ. Hist, SS., III ; XVI), confirment.

[78] Duchesne, Les premiers temps de l'État pontifical, dans les Mélanges d'histoire et d'archéologie de l'Ecole de Rome.

[79] Pitra, Analecta novissima, I ; Duchesne, loc. cit.

[80] Sur une proposition de mariage en Italie de Léon VI, Constantin Porphyrogénète, De adm. imp., chap. 26. Il s'agit de celui de sa fille avec Louis l'Aveugle, « le neveu de Berthe ». Cf. Gay, L'Italie méridionale.

[81] Voyez plus haut.

[82] Cf. Gay, L'Italie méridionale.

[83] Romuald de Salerne. De même dans Ricobald de Ferrare Léon l'Arménien est « Macazenus ». Son fils Michel aurait envoyé à un Carolingien le célèbre livre de Denis l'Aréopagite sur les « Hiérarchies des Anges ».

[84] Muratori, V.

[85] Sur le roi croate Trpimir, Dandolo, dans Muratori, XII ; cf. Dölger, Regesten, n° 789.

[86] Migne, Patr. Gr., CII, c. 24. Voyez notre Création religieuse dans le Sud-Est de l'Europe (extrait de la Revue historique du Sud-Est européen).

[87] Sur les bogomiles et les pauliciens, Ter Mkkrtschian, Die Paulikianer im byzantinischen Kaiserreicbe und verwandte kelzeriscbe Erscheinungen in Arménien, Leipzig 1893 ; G. Ficker, Die Pbundagiagiten, Leipzig 1908 ; Byz. Zeitschrift, V ; IX ; Thallöczy, dans les Wissenschaftliche Mitteilungen aus Bosnien und der Herzegowina, III ; Papadopoulos-Kérameus, dans le Viz. Vréménik, II ; Jugie, Phoundagiagites et Bogomiles, dans les Échos d’Orient, XII. Un acte de résipiscence d'un bogomile, dans Giannino Ferrari, Formulen (Byz. Archiv), n° 9. Cf. notre Création religieuse dans le Sud-Est européen,

[88] Cédrénus-Skylitzès. Un Aaron Ducas, ibid.

[89] Ibid.

[90] Léon le Diacre ; Cecaumeni strategicon et incerti scriptoris de officiis regiis libellus, éd. Vasiliewki et V. Jernstedt, Pétersbourg 1896. Cf. Vasiliewski, dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, 1880 ; 1881.

[91] Voyez V. Valdenberg, dans le Byzantion, III.

[92] Cédrénus-Skylitzès.

[93] Cf. plus tard ce Radomir Aaron, beau-frère de l'empereur Isaac Comnène ; Byzantinoslavica, III.

[94] Voyez notre ouvrage Formes byzantines et réalités balkaniques.

[95] Des fils de Bogor-Boris II, l'un avait été tué ; l'autre, Rhomanos, dit aussi Siméon, était eunuque ; Cédrénus-Skylitzès.

[96] Voyez Ivanov, dans le Bulletin de la Société Archéologique bulgare, I (1910).

[97] Cédrénus-Skylitzès.

[98] Le chroniqueur contemporain de Byzance appelle leur chef monarxoz Boulgariaz apashz, ses subordonnés, à la façon des joupans serbes, étant les loipoi toparcai ; ibid. Seul Bryennius l'appellera basileuz ; p. 19. Voyez Presbyter Diocleas : « qui imperatorem vocari jussit ».

[99] Cédrénus-Skylitzès.

[100] Sur Prosek, voyez Radojcic, dans le Létopis mat. srpské, LXXXV (1909),

[101] Pour les Moglena, Meglen, Migne, Patr. Gr., CXXVI, c. 216.

[102] Sur l'occupation de Durazzo, Dölger, Regesten, n° 786.

[103] Sur le défilé de 15.000 aveugles, ibid.

[104] Cédrénus-Skylitzès.

[105] Ibid.

[106] Voyez Yahya ben Saïd, loc. cit., Cf. Bojidar A. Prokitch, dans le Glas de Belgrade, LXIV ; Gelzer, Byzantinische Inschriften aus Westmakedonien, dans les Mitteilungen des kais. deutchen archäelogischen Instituts in Athen, XXVII (1902).

[107] Vasiliewski, Byzance et les Petchénègues (1084-1094), dans le Journal du Ministère de l'Instruction » russe, 1872.

[108] Cédrénus-Skylitzès.

[109] Ibid. — Pour la date de sa mort cf. aussi la chronique italienne, Muratori, V : « Mill. XV, ind. XIII, obiit Samuil rex. Reg[navit] post filius ejus ». Celle de son fils, tué, est datée 1016.

[110] Cédrénus-Skylitzès. Un fils Troïan, Bryennius, éd. de Bonn.

[111] Cédrénus-Skylitzès.

[112] Ibid. Sa femme, Marie, ibid. Une nièce de Samuel épousa Isaac Comnène, le futur empereur (Bryennius).

[113] Une tentative d'établir tous les incidents de cette longue guérilla, dans Hurmuzaki, Fragmente zur Geschichte der Rumänen. I. Cf. nos Notes d'un historien, loc. cit.

[114] Mais le premier archevêque fut un Bulgare de Dibra, élu par ses suffragants ; Zlatarski, dans la Byz. Zeitschrift, XXX. Cf Snégarov, Histoire de l'archevêché d'Ochrida (en russe), Sofia 1924. Cf. Zlatarski, L'archevêché de Bulgarie (en bulgare), dans l'Izvestia istor-drouz, Sofia, VI (1924) ; Gelzer, Achrida ; Novakovitch, dans le Glas de Belgrade, LXXVl (1908).

[115] Voyez Marczali, Magyarorszâg története az Arpâdok korâban (1038-1301), Budapest 1896, à la p. 282 ; G. Fehér, A bolgâr egyhâz kisérletei es sikerei hazânkban, dans le Szâzadok LXI. Cf. Moravcsik, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, VIII ; A Péter, A magyar müvészet története, Budapest 1930. — Pour le caractère byzantin de la couronne de St Etienne voyez surtout Otto von Falke, dans l'Ärchaeologiai Értesitö, XLIII (1929) ; cf. Delà Czobor et E. de Radisich, Les insignes royaux de Hongrie, Budapest 1896. Aussi Darkô, dans l'Ärch. Értesitö, 1907. La donation en grec, Byz. Zeitschrift, X.

[116] Sur les rapports très étroits de l'Empire avec la Dalmatie cf. Jos. Srebrnic, Le Pape Jean X et ses relations avec Byzance et les Slaves des Balkans (en slovène), Bogoslovni Vestnic II (1922) ; Novak, dans les Actes du IIIe congrès d'études byzantines.

[117] Des Bulgares en Occident contre Tornikios ; Michel Attaliate, éd. de Bonn.

[118] Cédrénus-Skylitzès. Voyez W.Fischer, Studien zur byzantinischen Geschichte des XL Jahrbunderts, « Programm », Plauen, 1883 ; Rosen, Basile le Bulgaroctone (en russe), Pétersbourg 18S3. Cf. Anastasiévic, dans les Mélanges Ouspenski.

[119] Cédrénus-Skylitzès.

[120] Jirecek, Geschichte der Serben, I ; Iorga, Formes byzantines et réalités balcaniques. Sur les Slaves au Mont Gargano (642) et à Siponto (926), ibid., p. 84, note 1.

[121] Cf. notre Raguse et Les commencements de Venise. Les renseignements du prêtre de Dioclée (Popa Dukljanina létopis po latinsku. éd. Ivan Crncic, Kraljevici 1874) n'est qu'une collection de légendes, mais rédigée pendant ce onzième siècle

[122] Formes byzantines, p. 82 et note 2. Les « joupes » sont le rayon du bourg hérité des Carolingiens ; ibid.

[123] Thomas de Salerne, éd. Racki, 1894.

[124] Cf. A. Soloviev, Les archontes grecs dans l'Empire serbe au XlVe siècle dans les Byzantinoslavica, II (1930.

[125] Voyez notre Geschichte des rumänischen Volkes, I.

[126] Cédrénus-Skylitzès.

[127] Cédrénus-Skylitzès.

[128] Yahya ibn Saïd.

[129] Cédrénus-Skylitzès ; Psellos.

[130] Cédrénus-Skylitzès.

[131] Voyez Dölger, Regesten, nos 776-778 (pour le mariage, année 989). Voyez l'éloge de Kiev dans Adam de Brème. Surtout Leib, Rome, Kiev et Byzance à la fin du XIe siècle (déjà cité). L'inscription de Cherson, 1055 ou 1059, pour un patrice et stratège dans la Byz. Zeitschrift, V ; Latychev, dans le Viz. Vréménik, II.

[132] Sur Théophane, « archontissa de Russie, femme de Mouzalonfr, Loparev, dans la Byz. Zeitschrift, IV ; Viz. Vréménik, I.

[133] Voyez aussi Cédrénus-Skylitzès.

[134]Ibid. ; Aristarque, loc. cit., et Mathieu d'Édesse. Voyez R. Duval, Histoire politique, religieuse et littéraire d'Édesse jusqu'à la première croisade, Paris, 1892 (extrait du Journal Asiatique, XIX, 1892) ; J. Laurent, Des Grecs aux croisés, Étude sur l'histoire d'Édesse entre 1071 et 1098, dans le Byzantion, I ; la chronique de Mathieu d'Edesse dans Dulaurier, Bibliothèque des historiens arméniens, Paris 1858-9 et dans les Historiens arméniens des croisades ; L. Hallier, Vntersuchungen über die edessenische Chronik, Leipzig 1892. Cf. Albert Harrent, Les écoles d'Antioche, Paris 1898.

[135] Ibid.

[136] Ibid.

[137] Ibid. Cf. Dölger, Regesten, n° 824.

[138] Gelzer, Ochrida

[139] Voyez notre Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[140] Voyez sur « Pierre, le neveu du roi allemand », Dölger, Regesten, n° 766.

[141] Voyez Bury, Roman emperors from Basil II to Isaac Comnenus, dans l'English Histoncal Review, IV (1889).

[142] Psellos ; Cédrénus-Skylitzès.

[143] La date précise de sa mort, dans la chronique italienne de Lupus le Protospathaire (Muratori, V) : à la veille de St Martin 1029.

[144] Constantin avait pensé d'abord au patcice Constantin Dalassénos, qu'il voulait faire son gendre ; Cédrénus-Skylitzès, II.

[145] Psellos.

[146] Attaliate. Sur les registres de sentences, ibid.

[147] Voyez plus bas.

[148] Une chronique italienne, déjà citée, l'appelle « Bringa » (le Phrygien), son successeur devant être « Utringa ». Dans une chronique vénitienne citée par Iorga, Venise, le premier est nommé « Brica ».

[149] Psellos ; Guillaume de Pouille (De rebus Normannorum) le dit aussi.

[150] Cédrénus-Skylitzès. Cf. Schlumberger, Une révolution de palais en l'an 1042 à Byzance.

[151] « La plage ». La forme byzantine est Stamnoz.

[152] Voyez Cédrénus-Skylitzès, II ; Kékauménos. Il épousa une Byzantine, et ses fils de ce mariage s'appellent : Nicéphore et Théodore ; Presbyter Diocleas. Cf. Miklosich, Monumenta Serbica.

[153] Cédrénus-Skylitzès, I ; Psellos (sur ce Dolianos).

[154] Entre les siens on trouve un Litovoiu de Diavol (Kékauménos). Un Litovoiu fut, au XIIIe siècle, le créateur de l'État olténien de la Valachie.

[155] Cédrénus-Skylitzès.

[156] Kékauménos.

[157] Cédrénus-Skylitzès, I.

[158] Ibid.

[159] Ibid.

[160] Sources italiennes, dans Dölger, Regesten, n° 856.

[161] Cédréne-Skylitzès.

[162] Voyez Gabotto, La leggenda di Maniace, dans l'Archivio storico messinense, 1 ; Amari, Biblioteca Arabo-Sicula, Turin-Rome 1880-9 ; Documenti per servire alla storia di Sicilia, quatre séries.

[163] Voyez G. Storm, dans la Historisk Tidskrift, 1884 ; Lujo Brentano, Die byzantinische Volkswirtschaft, p. 25, note 2 (les richesses qu'il rapporte, en 1047, de Constantinople). Cf. Michel A. Dendias, Athènes 1925 ; Vasiliewski, dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, 1874-5. Cf. sur les « Kulpingues », C. Neumann, dans la Byz. Zeitschrift, III ; ibid., IV (des Kylfingar du Nord), Église des Varègues à Constantinople, Échos d’Orient, 1924.

[164] Lupus le Protosparhaire le présente fuyant devant les « Longobards », c'est-à-dire les Normands, qui voulurent se saisir de lui ; Muratori, V, c. 151.

[165] Ibid ; Attaliote ; Psellos. Voyez aussi Bréhier, Hommes de guerre byzantins : Georges Maniakès, Tours 1902.

[166] Cédrénus-Skylitzès.

[167] Cédrénus-Skylitzès, c’est la région valaque de la Borcea.

[168] Cédrénus-Skylitzès ; Attaliote.

[169] Cédrénus-Skylitzès.

[170] Ibid.

[171] Ibid. Aussi Fsellos ; Attaliate. Cf. notre Gesch. des rumänischen Volkes, I. Kékauménos est vaincu par eux ; Cédrénus-Skylitzès.

[172] Anne Comnène. Elles recevaient, dans leur complète autonomie, des subsides annuels de l'Empire et fournissaient des denrées aux Scythes » (Petchénègues). Prises par le logothète Nicéphore, elles admirent le patronage des Petchénègues (ibid.). — Sur Silistrie byzantine voyez lorga, dans la Revue historique du Sud-Est européen, année 1931.

[173] Nommé aussi Tatroz dans Anne Comnène. En roumain Tatul. On a proposé aussi une étymologie arménienne.

[174] Voyez Cédrénus-Skylitzès ; Attaliate. Notre article dans la Revista Istorica, V, et les travaux ultérieurs de M. N. Bânescu, Ein ethnographisches Problem am Unterlauf der Donau aus dem XI Jahrhundert, dans la Byz. Zeitschrift, XXX ; Les premiers témoignages byzantins sur les Roumains du Bas Danube, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, II ; Nouveaux duchés byzantins : Bulgarie et Paris trion, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, 1923 ; cf. le même, Parisirion, dans les Analele Dobrogei, II (1921).

[175] Voyez Anne Comnène, I, p. 57.

[176] Cédrénus-Skylitzès ; Attaliate, L'empereur Nicéphore le Botaniate pacifia, un moment, le Danube ; ibid.

[177] Cédrénus-Skylitzès.

[178] Un chef Πέτριλος ; ibid., I, p. 716.

[179] Ibid.

[180] Bryennius.

[181] Voyez dans le recueil de Smiciklas, Codex diplomaticus regni Croatiae, etc. II, Agram 1904, les « filii régis Bodiru ». Il y eut aussi des com bats contre le Serbe Vlkan ; Cédrénus-Skylitzès ; cf. Attaliate

[182] Il participe au combat de Durazzo (Bryennius).

[183] Attaliate ; cf. Kékauménos.

[184] Cédrénus-Skylitzès ; Attaliate.

[185] Cédrénus-Skylitzès. Sur la 6pt>atc. toû BaaiXaxiou ; ibid. Aussi Attaliate ; Bryennius.

[186] Cédrénus-Skylitzèset suiv. ; Attaliate.

[187] Cédrénus-Skylitzès.

[188] Cf. Attaliate.

[189] Attaliate et Bryennius. Cf., pour la participation des Sarrasins à la vie de l'Empire, Attaliate.

[190] Psellos ; Cédrénus-Skylitzès.

[191] Kékauménos, p. 73.

[192] Sur cette révolte voyez Robert Schütte, Der Aufstand des Leon Tornikes im Jahre 1047, Programm de Plauen, 1896. Cf. Gfrörer, Byz. Geschichtcn, III (1877).

[193] Attaliate ; Cédrénus-Skylitzès : Psellos. Sur son couronnement par lui-même, Bury, History, 1913, I.

[194] Sur ces débuts Cédrénus-Skylitzès, II ; le pont ibid., pp. 567, 569-570.

[195] Sur ses origines ibid., p. 567.

[196] Cf. avec Quelques chapitres de l'abrégé du Seldjouq Namèh compose par l'émir Nassir Eddin lahia, Publications de l'Ecole des langues orientales vivantes, série 3, V ; J. Laurent, Byzance et les Turcs seldjoucides dans l'Asie Occidentale jusqu'en 1081, Nancy-Paris-Strasbourg, 1914-1919 ; le même, Byzance et les Turcs Seldjoucides en Asie Mineure, dans la Buzantiz , II ; E. H. Parker, dans l'English Historical Review, juillet 1896, et dans l'Academy du 21 décembre 1895 ; Mélioranski, Seldjouk-Nameh, dans le Viz. Vréménik, I. Cf. De Morgan, dans les Mélanges Schlumberger, II.

[197] Voyez Cédrénus-Skylitzès, II ; cf. Iorga, Brève Histoire de la Petite Arménie (déjà citée).

[198] Psellos, p. 653. Sur la mort du roi David et son frère Georges dans l'ένδοτέρω Ίβηρία ; Cédrénus-Skylitzès.

[199] Ibid.

[200] Ibid.

[201] Ibid.

[202] Ibid.

[203] Psellos.

[204] Des détails dans notre Geschichtc des osmanischen Reiches, I. Cf. J. Laurent, Byzance et les origines du Sultanat de Roum, dans les Mélanges Diehl, I, Sur le « pont de fer » près de la ville, aussi Kékauménos.

[205] Ibid.

[206] Cédrénus-Skylitzès, II. On y envoie un eunuque, moine défroqué, comme raiktwr et stratopédarque (ibid.).

[207] Attaliate. Voyez, sur l'état de la capitale au Xe siècle, Nicole, Le livre du Préfet, Genève 1893.

[208] Cédrénus-Skylitzès. Sur les joundakes et les joundakapoi du logothète Nicéphore, la révolte de Bryennios devant les détruire, sur les échelles de bois appartenant aux puissants, aux couvents, aux hôpitaux, auxquels, contre l'ordonnance de Michel, le Botaniate les restitua, ibid.

[209] Cédrénus-Skylitzès.

[210] Pour l'armée et le système proniaire, voyez aussi Baynes, History. Sur les donations de terres, Giannino Ferrari, op. cit. Sur les antiducs, ibid., p. 20, n° 32.

[211] Psellos. Cf. Attaliate.

[212] Attaliate. Pour les Immortels, atanatoi, ibid. Cf. Cédrénus-Skylitzès, II. Sur les soldats de Constantinople, ivres le soir, Attaliate.

[213] Attaliate ; Psellos, Cf. Bryennios, et Guillaume de Pouille, De rebus Normannorum. On l'enterra à Proté (Attaliate, loc. cit.).

[214] Attaliate. Mais des Turcs aidèrent le même empereur contre Bryennius (ibid.).

[215] Attaliate.

[216] Bryennius.

[217] Cédrénus-Skylitzès ; Attaliate.

[218] Anne Comnène.

[219] Notre Gesch. des osm. Reiches, I.

[220] Ibid.

[221] Sur lequel Cédrénus-Skylitzès (aussi révolte du proèdre Théodose).

[222] Ibid., p. 726. Voyez Heinrich Mädler, Theodora, Michael Siratiotikos, Isaak Komnenos, Programm, Plauen. 1894 ; Diehl, Figures byzantines, 1ère série (sur Zoé) ; BeneSevic, portraits de Zoé, Theodora et Constantin le Monomaque, dans les Sinaitica, I. La monnaie de Theodora, Revue numismatique, 3e série, XIII.

[223] Attaliate. Il nomma couropalates son frère Jean et Kékauménos (ibid.)

[224] Psellos.

[225] Cédrénus-Skylitzès.

[226] Attaliate. Cf. Bryennios.

[227] Romuald de Salerne, c. 173-174. Cf. Anne Comnène, I. L'impératrice aurait voulu son fils, Constantin Ducas, ibid. Nicéphore avait pensé à adopter Synadénos (ibid.). Andrinople, se rappelant qu'Alexis avait battu Bryennios le Macédonien (Nicétas Choniate, éd. de Bonn), resta contre lui (Anne Comnène loc. cit.). Les fils du César, Jean et Michel, représentaient eux aussi des concurrents (ibid.). Ceux de Rhomanos Digénis, Léon et Nicéphore, aux noms impériaux, étaient vivants (ibid.), et Nicéphore conspirera contre l'« usurpateur », d'entente aussi avec le jeune Ducas (ibid. ; II : le faux Léon Digénis ; conspiration des frères Anémas). Mais Thessalonïque s'offre à Alexis ; Mélissénos lui promettait de partager l'Empire ; ibid. On lui imposa de couronner en même temps l'impératrice Irène (ibid.), et il dut accepter comme collègue Constantin Ducas (ibid.).

[228] Psellos ; Cédrénus-Skylitzès. Ce sont pour l'Attaliate de vieux Sarmates. Un Pierre est présenté comme neveu de l'empereur germanique ; Kékauménos. Leur chef Gilpraktoz (Gilbrecht), Bryennius.

[229] Cédrénus-Skylitzès. On en fait venir par l'évêque de Diavol ; ibid. Cf. Attaliate ; Bryennius. Des Francs maniakites, ibid. Cf. Anne Comnène, I.

[230] Cédrénus-Skylitzès ; Attaliate.

[231] Kékauménos.

[232] Voyez Cédrénus-Skylitzès, II.

[233] Kékauménos.

[234] Kékauménos. — Sur Harald Handrada et ses cinq cents, envoyés en Sicile, ibid. — Des Varègues à Durazzo, Bryennius.

[235] Ibid. Aussi Cinnamus. Cf. Geoffroi Malaterra sur les « Angli quos Warengos appellant » et leurs « caudati bidentes ». Sur des Espagnols, ibid., II. Voyez aussi Tanin, Les Francs au service des Byzantins, dans les. Échos d’Orient, 1930.

[236] Attaliate.

[237] Ibid. Oursel les rassemble de partout jusqu'à 3.000.

[238] Comme celui de Maurokastron en Arménie pour Crispin ; Cédréne-Skylitzés, p. 679. Les siens pillent jusqu'en Mésopotamie (ibid., p. 680), où s'enfuit Oursel (ibid., p. 695). Cf. Psellos, p. 285. Sur Oursel aussi Cedréne-Skylitzès, pp. 702-703, 708, 710,710-711,713-714 (les Turcs le battent avec des nerfs de bœuf), 734 ; Attaliate, pp. 158,253 ; Bryennius, pp. 58-59, 83, 85, 89, 127-128 ; Anne Comnène, I, pp. 14-15.

[239] Sur lequel voy. surtout Cédréne-Skylitzès, pp. 618-619.

[240] Aussi notre Gesch. des osm. Reiches, I, passim.

[241] Voy. le document, signé aussi par les deux fils (le second s'appelait Andronic ; il mourut avant le changement de règne) et par le patriarche de Constantinople, dans Bézobrazov, Viz. Vréménik, VI (1899), pp. 140-143. Voy. Sathas, Deux lettres inédites de l'empereur Michel Ducas Parapinace à Robert Guiscard, rédigées par Michel Psellos, dans les Annales de l'association pour l’encouragement des études grecques, VIII (1874), pp. 193-221. Sur le remplacement de Michel et l'aveuglement de son fils, le renvoi de la petite Normande (cf. aussi Arthur Pusch, Das Χρόνικον έπίτομον, thèse Iena, 1907) Ordéric Vital, éd. Auguste Le Prevest, Paris 1838-55, III, pp. 166-168. Cf. Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift, III, p. 630 et suiv

[242] Cf. L. Tafel, Komnenen und Normannen, 2e édition, 1870 ; Heinemann, Geschichte des Normannen in Unteritalien und Sicilien, I, Leipzig 1894 ; C. Neumann, Die Weltstelhmg des byzantinischen Reiches vor den Kreuzzügen, Mannheim 1894 (traduction française, Paris 1905 ; extrait de la Revue de l'Orient Latin) ; K. Schwartz, Die Feldzüge Robert Guiskards gegen das byzantinische Reich, Programm, Fulda, 1854 ; Wilken, Rerum ab Alexio I, Johanne, Manuele et Alexio Comnenis, etc., gestarum libri II, Heidelberg 1811 ; J. Chalandon, Essai sur le règne de Alexis I Comnène (1081-1118), Paris 1900 ; Albert Gruhn, Die byzantinische Politik zur Zeit der Kreuzzüge (dans le Jahresbericht de l'École Réale), Berlin 1904. Cf. Draseke, dans la Byz. Zeitschrift V.

[243] Ed. Sathas, dans la Bibliotheca Graeca medii aevi. Il se moque des philosophes de cette époque, qui ne dépassaient pas Aristote (ibid.).

[244] Aussi ceux qui étudient pour obtenir des fonctions.

[245] Pp. 50, 113 et suiv. (sur Constantin le Monomaque, qui n'avait pas eu les loisirs de s'instruire).

[246] Voyez, en dehors de Krumbacher, Byz. Litt., pour la bibliographie, Bées, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, III. Pour sa vie, Rambaud, Psellos, dans la Revue historique (et extrait), 1877 ; Esquisses byzantines ; Diehl, Esquisses byzantines, 1ère série, Une famille de bourgeoisie à Byzance au XIe siècle ; Figures byzantines, I, ch. XI ; Bréhier, Psellos, dans la Revue des études grecques, XVI (1903) ; XVII (1904) ; Miller, Les ambassades de Michel Psellos, dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, N. S., III (1867) ; A d'Alès, A Byzance, Psellos et Cérulaire, dans les Études publiées par les PP. de la Compagnie de Jésus, 168 (1921) ; Byz. Zeitschrift, III (sur sa mort). Éditions : Sathas, Londres 1899 (critique, par Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift, IX ; Chronographie ou Histoire d'un siècle de Byzance (976-1077), texte établi et traduction par Emile Renauld, Paris 1928 ; le même, Lexique choisi de Psellos, Paris 1920. Cf. Gertrud Redl, dans les Byz. neugr. Jahrbücher, VII ; aussi William Fischer, dans les Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, 1886. Sur la composition de sa Chronographie (1059-63), J. Sykoutris, dans la Byz. Zeitschrift, XXX ; Paul Tannery, Psellos sur la Grande Année, dans la Revue des études grecques, V (1892) ; Bruno Rhodius, Beiträge zur Lebensgeschichte and zu den Briefen des Psellos, Plauen 1892 ; Sternbach, dans les Wiener Studien, XXV (1903) (sur un morceau poétique injurieux) ; le même, dans Eos, IX (1903). (sur Jean Psellos) ; Dràseke, Psellos et le Cérullaire, dans la Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XLVIII (1905) ; Journal du Ministère de l'Instruction russe, 1910 ; Commentationes œnipontanae, V (1910) ; Maas dans le Philologus, LXXII (1913) ; P. Würthle, Die Monodie des Michael Psellos auf den Einsturz der Hagia Sophia, Paderborn 1917 (aussi dans la Byz. Zeitschrift, XXX) ; Zervos, On philosophe néoplatonicien du XIe siècle, Michel Psellos, Paris 1920 ; Sidéridis, Psellos (pour le miracle des Blachernes, Constantinople, 1928 ; Michel Psellus, Épitre sur la Chrysopée, publiée par Joseph Bidez, Bruxelles 1928 (cf. Grégoire, dans le Byzantion, IV) ; K. Svoboda, La démono-logie de Michel Psellos, Berne 1927 ; Bréhier, Un discours inédit de Psellos (contre le Cérulaire), dans la Revue des études grecques, XVII (1900), Tannery, Psellos sur les nombres, dans la Revue des études grecques, 1892 ; Byz. Zeitschrift, VII ; Papadopoulos-Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, XV ; Kurtz, Zu Michael Psellos, ibid. ; A. Mayer, ibid., XX (Psellos et Grégoire de Nazianze) ; Gertrud Riedl dans le Byzantion, IV ; Kurtz, dans le Viz. Vréménik, XIII (style de Psellos) ; Byzantion, II ; IV (observations) ; Gertrud Riedl, dans le Byzantion, V (chronologie de Psellos) ; Jahn, dans le Hermes, XXXIV ; E. Rfuelle], Psellos, dans la Revue de philologie, XXVII (1903) ; Emile Renauld, dans les Mélanges Schlumberger, (passages traduits). Cf. A. Catoire, Philosophie byzantine et philosophie scolastique, dans les Echos d’Orient, XII.

[247] Evêque Arsène, Vie de St Photius (en russe), Novgorod 1897 ; Acta Sanctorum, novembre, III, ibid., avril, I.

[248] Préface de Psellos. Éd. Migne, Patr. Gr., CXXVII, c. 709 et suiv. ; ses Klautmoi ont été publiés par Emmanuel Auvray, dans la Bibl. des Hautes Études, 1875, et par Struckburgh (The soul and the body, Cambridge 1894). Le « sage Longibardos » est contemporain (voyez Krumbacher, Byz. Litt.).

[249] Fr. C. Conybeare, The key of the truth, a manual of the paulician church of Armenia, Oxford 1898.

[250] Éd. Migne, Patr. Gr., CXXVIII-CXXX. Cf. Krumbacher, Byz. Litt. ; Byz. Zeitschrift, XII ; Jugie, dans les Échos d’Orient, XV.

[251] Cf. Dräseke, dans la Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XLVIII (l90n). Cf. pour un Jean de Prizren Chrysostome Papadopoulos, XXIII (1903). Pour un Grégoire de Corinthe, Maas, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, II.

[252] Ses œuvres dans Migne, Patr. Gr., CXXIII-CXXVI. Cf. Karl Roth, Studie zu den Briefen des Theophylaktos Bulgarus, Programm, Ludwigshafen, 1900 ; Mercati, Pœsie di Teofilatto di Bulgarie), dans les Studi bizantini, 1924 ; Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, X ; cf. ibid., XIII, p. 494 et suiv. ; Praechter, ibid., I.

[253] Migne, Patr. Gr., CXXVI.

[254] Ibid., c. 336-337. Cependant ses élèves bulgares, lettre XLVIII.

[255] Patr. Gr., CXX, c. 1039 et suiv. Cf. ]oh. Enchaitensis Metropolitae quae in codice vaticano gr. 676 supersunt, éd. J. Bollig et P. de Lagarde, Göttingue 1882 ; A. Berndt, Johannes Mauropus, Plauen, 1887 ; Reitzenstein, M. Terrentius Varro und J. Mauropus von Euchaita, Leipzig 1901 ; Syllogue de la Société de Constantinopie, XV-XVIII ; Byz. Zeitschrift, VIII.

[256] Migne, Patr. Gr., CXX, c. 1076 et suiv.

[257] Voyez aussi Dreves, Stimmen aus Maria Laach, XXVI 2 ; Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, II.

[258] Éd. Antonio Rocchi, Versi di Cristoforo Patrizio, Rome 1887. Cf. Ed. Kurtz, Die Gedichten des Christophoros Mitylenaios ; Byz. Zeitschrift, XV, Viz. Vréménik, XI ; Sternbach, dans l'Eos, V.

[259] Krumbacher, Byz. Litt.

[260] Éd. Venise, 1790, en appendice à Denis de Zagora ; puis Migne, Patr. Gr., CXX. Voyez Krumbacber, Byz. Litt., pp. 152-155 ; Maas, Aus der Poésie des Mystikers Symeon, dans la Festgabe Ehrhard ; Irénée Hausherr, Un grand mystique byzantin, Vie de Syméon le Nouveau théologien par Nikétas Stétbatos, Rome 1928 ; cf. L. Petit, dans les Échos d’Orient, 1928 ; ibid., 1929. Sur les œuvres du patriarche Michel le Cérulaire, Migne, Patr. Gr. CXX, c. 724 et suiv.

[261] Voyez Paranikas, dans le Viz. Vréménik, XIV. Ses homélies, Migne, Patr. Gr., CXX, c. 1201 et suiv.

[262] Krumbacher, Byz. Litt.

[263] Éd. Bonn, sous le nom de Cédrène, qui copie sa chronique. Cf. De Boor, dans la Byz. Zeitschrift, XIII ; le même, ibid., XIV ; Pélridès, dans le Viz. Vréménik, X.

[264] Il accuse Psellos, ce hâbleur, de trahison.

[265] Éd. Bonn. Cf. Waldemar Nissen, Die diataxiz des Michael Attaleiates von 1077, Iena 1894.

[266] Sur ces questions de propriété, Dölger, dans le Bulletin of the international Commitee of historical sciences, 18 (février 1933).

[267] C'est son pappoz.

[268] Strathgwtatoz ; éd. du Stratégikon par Vasiliewski et Jernstädt. Il regrette que l'« éducation hellénique » lui manque. Un Kékauménos dans Cédrénus-Skylitzès.

[269] S. KauchciSvili, Georgii Monachi chronicon, Tiflis 1920. Cf. le même, Épisode de l'histoire de l'hagiographie géorgienne, dans le Bulletin de l'Université de Tiflis, 1919-20, no 1.

[270] Éd. Bonn. Cf. Seger, Byzantinische Historiker des 10. und 11. Jahrhunderts, I, Nikephoros Bryennios, Munich 1888. Cf. Mordtmann, dans le Syllogue de la Société de Constantinople, XI.

[271] Il écrit, dit sa femme, « d'après l'ordre de l'impératrice », éd. de Bonn, I.

[272] Il déplore les souffrances de Digène, mais le présente comme manquant de science et de talent.

[273] Cf. l'éloge de Psellos (I).

[274] Elle l'absout du meurtre de Bryennios : « si quelque chose de mal est arrivé à Bryennios, c'est à cause de quelques-uns de l'entourage de l'empereur » (I). Elle lui pardonne aussi d'avoir pris ce qui revenait à son frère Isaac (I).

[275] Mais elle se rapporte à Phidias, à Polyclète, à Apelle.

[276] Éd. Bonn et éd. M. Reifferscheid, 2 vol., Leipzig 1884. Cf. E. Oster, Anna Komnena, « Programm », Rastatt, 1868-71, 3 parties ; Elisabeth A. S. Dawes, The Alexiad ; Louis de Sommerard, Deux princesses au XIIe siècle : Anne Comnène, témoin des croisades, Agnès de France, Paris 1907 ; Naomi Mitchison, Anna Comnena, Londres 1928 ; Georgina Buckler, Anna Comnena, Londres 1929 (cf. Byzantion, IV) ; Grégoire, dans le Byzantion, III, p. 311 et suiv. ; K. Dieter, dans la Byz. Zeitschrift, III.

[277] Bréhier, Byzavce, l'Orient et l'Occident, dans la Revue archéologique, janvier-avril 1918 ; Les miniatures des Homélies du moine Jacques et le Théâtre religieux à Byzance, dans les Monuments Piot, XXIV (1920) ; le même, dans le Bulletin de l'Académie Roumaine, XV. Plus récemment A. Vogt, Études sur le Théâtre byzantin, dans le Byzantion, VI. Les ouvrages de M. La Piana et de Mme Cottas ont été déjà mentionnés.

[278] Francesco lo Pasco, dans les Atti de l'Académie de Naples, nouvelle série, P (1910).

[279] Cédrénus-Skylitzès.

[280] Voyez Diehl, Choses et gens de Byzance, Paris 1926 ; Jos. Müller, Historische Denkmäler in den Klöstem des Athos, dans la Slavische Bibliothek, I, 1851 ; Langlois, Le Mont Athos ; Heinrich Brockhaus, Die Kunst in den Athos-Klöstern, Leipzig 1891 ; 2e édition, ibid., 1924 ; Mercati, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, IV. Donation d'Alexis I, Vasiliewski, dans le Viz. Vréménik, III.

[281] Voyez Byz. Zeitschrift, XIII.

[282] Millet, Le monastère de Daphni, Paris 1899. Cf. D. A., dans le Viz. Vréménik, VIII.

[283] R. W. Schultz et S. H. Barnsley, The monastery of St Luke of Stiris in Phocis, Londres 1901. Cf. L. H. Vincent, Le plan tréflé dans l'art byzantin, dans la Revue archéologique, Ve série (1920), XI. Pour les influences sur l'Occident au XIe siècle : Th. Graham Jackson, Byzantine and romanesque architecture, Cambridge, 2 vol., 1913 ; J. Parle Harrison, The influence of Eastern art on Western architecture in the 1th half of the eleventh century, dans l'Archaeological Journal, LIV, septembre 1899 ; Strzygowski, Der Ursprung der römanischen Kunst, dans la Zeitschrift für bildende Kunst, IX (1903) ; Bréhier, L'art du moyen-âge est-il d'origine orientale ?, dans la Revue des deux Mondes, 1909 ; Strzygowski, dans la Byz. Zeitschrift, X (rapports avec l'Italie) ; R. de Lasteyrie, L'architecture religieuse en France à l'époque romane : ses origines, son développement, Paris 1912. Cf. Bréhier, Les origines de la sculpture romane, dans la Revue des deux Mondes 15 avril 1912 ; le même dans les Mélanges Schlumberger, II.

[284] Cf. Grégoire Photino, Chios 1865. Sur la nouvelle fondation de Christoudoule à Patmos, Paul Renaudin, dans la Revue de l’Orient chrétien, V.

[285] Voyez surtout les études plus récentes, qui seront citées dans la suite, de M. Puig i Cadafalch sur les origines de l'art roman.

[286] Voyez Okounev, sur l'église de Nérézi, Actes du IIIe congrès d'études byzantines.

[287] Voyez C. Osieczkwoska, dans le Byzantion, VII.

[288] Voyez les belles présentations dans l'Histoire de l'art byzantin de M. Diehl, I. Cf. Paspatès, The great Palace of Constantinople, Londres 1893.

[289] Constantin Porphyrogénète, Vie de Basile.

[290] Voyez F. de Mely, L'émeraude de Basile II et la médaille du Christ, dans la Gazette des Beaux-Arts, 1898 ; Schlumberger, Un reliquaire byzantin portant le nom de Marie Comnène, fille de l'empereur Alexis, dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1902.

[291] Voyez Millet, Monuments de l'art byzantin, V, Monuments de l'Athos, I, Les peintures, 1927. Cf. le même, dans la Revue archéologique, 1927.

[292] Cf. W. Ritter von Hartel et Wickhoff, Die Wiener Genesis, Vienne 1895 ; Hans Gerstinger, Die griechische Buchmalerei, Vienne 1926.

[293] Cereteli et Sobolevski, Exempla codicum graecorum. Codices mosquenses, Moscou 1911 ; Codices petropolitani, Moscou 1914 ; William Henry Paine Hatch, Greek and Syrian miniatures in Jerusalem, Cambridge Mass. 1931.

[294] Cf. encore, Omont Évangiles avec, peintures byzantines du XIe siècle, Paris ; Munoz, I codici greci miniati delle minori bibliotecbe di Roma, Florence 1905 ; Il menologio di Basilio II, Turin 1907 ; Delatte, Les mss. à miniatures et à ornements des bibliothèques d'Athènes, Liège 1926. Cf. Kirpitchnikov, dans la Byz. Zeitschrift, IV.

[295] Les Khazars se sont fondus dans les nouveaux Touraniens. Voyez Paul Cassel, Der chazarische Königsbrief aus dem 10. Jahrhundert, Berlin 1877.

[296] Voyez notre Gesch. des rumänischen Volkes, I.

[297] Ibid.

[298] Iorga, Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[299] Attaliate, p. 306.

[300] Iorga, Gescb. des osmamischen Reicbes, I ; J. Laurent, Byzance et les Turcs seldjoucides dans l'Asie occidentale jusqu'en 1085, Paris 1913 ; Byzance et l'origine du Sultanat de Roum, dans les Mélanges Diehl (déjà cités).

[301] Bayet, L'art byzantin, VII, p. 372 et suivantes.

[302] Attaliate, pp. 22, 24 ; 44-45.

[303] Bryennius, pp. 120, 131, 136, 139, 170 ; Cédrénus-Skylitzès, p. 727 ; Attaliate, pp. 306-307.

[304] Attaliate. Des qerapontez combattent aux côtés de l'empereur, ibid., p. 378.

[305] Anne Comnène, I, pp. 359-360.

[306] Bryennius, pp. 147-148.

[307] Sur le droit de s'adresser directement à l'empereur, Ferrini, op. cit., p. 21, n° 33. Sous Jean Comnène, Alexis Aristénos rédigea un commentaire des lois ; avec Krumbacher, Byz. Litt., Viz. Vréménik, XX.

[308] Anne Comnène, I, pp. 225-229, 275.

[309] Bibliographie, par Béés, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, III. Ses œuvres, Tzereteli, Itali opuscula selecta, fasc. 1-2, Tiflis 1924-26. Son procès, Ouspenski, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, II. Cf. Krumbacher, Byz. Litt..

[310] Sous le Botaniate il y avait eu un mouvement du patriarche, de son synode et du Sénat ; Bryennius.

[311] Cédrénus-Skylitzès. Sur Niphon, Cinname.

[312] Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, V.

[313] Kurtz, ibid., XVI. On ne peut pas penser qu'un esprit comme celui d'Anne eût confié à une autre personne la rédaction d'un acte aussi intime.

[314] Sidéridis, Constantinople 1898. Cf. Échos d’Orient, 1930. Pour les couvents en général, W. Nissen, Die Diataxis des Michael Attaleiates von 1072, ein Beitrag zur Geschichte des Klosterwesens im byzantinischen Reiche, Iena 1894. Voyez aussi Philosophie et Théologie ou épisodes scolastiques à Byzance de 1059 à 1117, dans les Échos d’Orient, 1930. Sur la persécution d'Italos, ibid.

[315] Voyez Hergès, dans les Échos d’Orient, III.

[316] Cinname. Cf. Choniate.

[317] Bryennius.

[318] Voyez nos Commencements de Venise, passim.

[319] Ibid.

[320] En dehors de Heyd, Histoire du commerce du Levant, trad. Furcy-Reynaud, cf. Neumann, dans la Byz. Zeitschrift, I (sur les sources des rapports vénéto-byzantins, surtout sous les Comnènes) ; Aug. Bär, Die Beziehungen Venedigs znm Kaiserreich in der staufischen Zeit, Inns-bruck 1887. ; Horatio F. Brown, The Venetian quarter in Constantinople to the close of the 12th century, dans le Journal of historical studios, XL (1920) ; Melchiore Roberti, Intomo alla colonia veneziana in Costantinopoli nel secolo XII, dans les Miscellanea Manfroni, Padoue 1925. Sur le morceau byzantin « Venise » dans Wagner, Carmina, voyez Ateneo Veneto, XXV, I, fasc. 2— Pour les Génois : O. Langer, Politische Geschichte Genuas und Pisas im 12. Jahrhundert, Leipzig 1881 ; Heyck, Genua und seine Marine im Zeitalter der Kreuzzüge, Innsbruck 1886 ; Caro, Genua und die Mächte am Mittelmeer, Halle 1895-9, 2 vol. ; Sanguinetti et Bertolorto, Nuova serie di documenti sulle relazioni di Genova coll' Impero bizantino, dans les Atti della società ligure di storia patria, XXVIII, 1897-8 ; Manfroni, Le relazioni frà Genova, l'impero bizantino e i Turchi, ibid., XXVIII3, 1898 ; Eug. H. Byrne, Genœse shipping in the twelth and thirteenth centuries, 1930.

[321] Cédrénus-Skylitzès, II.

[322] La vraie opinion est celle que je trouve dans les Échos d’Orient, III : « Un antagonisme de race... L'orgueil national, le sentiment de sa supériorité intellectuelle que tout Grec suce avec le lait, telle est la vraie cause de la scission du XIe siècle ». De fait, il y avait toujours eu deux Eglises et on ne pouvait pas rompre un lien qui n'avait jamais existé. Cf. Delehaye, Sanctus : « le schisme grec ne fut pas l'affaire d'un jour et il ne faut pas chercher à fixer la date de la séparation totale d'avec Rome ». Cf. Tournebize, op. cit. ; Migne, Patr. Lat., CXLV, c. 633 et suiv. Voyez Diehl, dans la Byz. Zeitschrift, IX : « Il fut la conséquence dernière d'une longue évolution historique, la manifestation officielle d'une séparation accomplie en fait depuis longtemps ». Cf. Iorga. My american lectures, Bucarest 1932 ; Corn. Will, Acta et scripta quae de controversiis ecclesiae graecae et latinae saeculo XI extant, Leipzig-Strasbourg 1861 ; Al. Pichler, Geschichte der kirchlichen Trennung zwischen dem Orient und Okzident, Munich 1864-5 ; Theiner et Miklosich, Monumenta spectantia ad unionem ecclesiarum, Vienne 1872 ; G. B. Howard, The schism between the oriental and western churches, Londres 1893 ; Fil. Ermini, Michele Cerulario e lo scisma d'Oriente, Rome 1898 (cf. Palmieri, dans la Rivista bibliografica italiana, 1898, fasc. 25) ; Bréhier, Le schisme oriental du XIe siècle, Paris 1899 ; le même, The Greek church, its relations yvith the West up to 1054, dans la Cambridge mediaeval history, III ; Seppelt, Das Papsttum und Byzanz, dans Sdralek, Kirchenge schichtliche Abhandlungen, II, Breslau 1904 ; Viz. Vréménik, XII. Cf. Walter Norden, Prinzipien für eine Darstellung der kirchlichen Unionsbestrebungen im Mittelalter, dans la Historische Zeitschrift, CII (1909) ; Anton Michel, Bestand eine Trennung der griechischen und römischen Kirche vor Kerullarios ?, dans le Historisches Jahrbuch der Görres-Gesellschaft, XLII (1922) ; le même, Der Autor des Briefes Leos von Achrida, eine Vätersammlung des Michael Kerullarios, dans les Byz. neugr. Jahrbücher, III (1922) ; le même, Humbert und Kerullarios, I, Paderborn, 1925. Sur l'œkuménikos, Pétridès, dans les Échos d’Orient, VI. Sur le synode permanent de Constantinople aux XIe et XIIe siècles, Ouspenski, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, V (1900). Cf. aussi Gerhard Ficker, Erlasse des Patriarchen von Konstantinopet Alexios Studites, Kiel 1911. Sur les églises latines de Constantinople, d'Alessio, dans les Échos d’Orient, 1926 ; lettre du patriarche Nicolas III à Alexis, Leunclavius, Jus graeco-romanum, I.

[323] Voyez W. Holtzmann, Die Unionsverhandlungen zwischen Alexios I. und Papst Urban II im Jahre 1089, dans la Byz. Zeitschrift, XXVIII ; Loparev, dans Vasiliev, op. cit., II. Sur le rôle de médiateur d'un Moïse de Byzance, Migne, Patr. Gr., CLXXXVIII ; cf. ibid., CXLIII.

[324] Cédrénus-Skylitzès. Cf. Psellos ; Attaliate.

[325] Cf. W. Holtzmann, Studien zur Orientpolitik des Reformpapsttums und zur Entstehung des ersten Kreuzzuges, dans la Hist. Vierteljahrschrift, XXII (1924).

[326] Voyez, à côté de la bibliographie indiquée plus haut, Bréhier, Normal relations between Rome and the churches of the East before the schism of the 11 century, dans le The constructive quarterly, New York ; Michel, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, III ; cf. Percy Ernest Schramm, dans l'Hist. Zeitschrift, IV (1916).

[327] Voyez surtout l'ouvrage, si large, de M. Gay et les études de Chalandon, dans les Mélanges d'histoire et philologie de l'Ecole de Rome, XVII.

[328] Saints byzantins à nom latin dans la cathédrale de Cefalù (XIIe siècle), Joh. B. Authem, Das Drachenwunder des H. Georg, dans le Byz. Archiv, Leipzig 1911.

[329] Bryennius. — Projet de mariage entre Robert et une princesse byzantine, Gerbert, Lettres, éd. Havet.

[330] Sa sœur avait épousé Raymond de Barcelone ; Anne Comnène, I.

[331] Guillaume de Pouille, De rebus Normannorum, éd. Muratori.

[332] Anne Comnène, I. Cf. les chroniques italiennes contemporaines.

[333] Michaïlas, Bodin ; ibid. Cf. Radojcic, dans le Glasnik de Skoplié, III.

[334] Anne Comnène, I. Il y avait aussi des chefs à Glavinitza et à Silistrie ; ibid. Un Bulgare Radomir est présenté comme parent de la Doukaina (nous avons déjà dit que Catherine, fille de Samuel, avait épousé Isaac Comnène).

[335] Anne Comnène.

[336] Ibid.

[337] Voyez A. Jenel, Der Kampf um Durazzo, dans le Historisches Jahrbuch der Görresgesellschaft », CXXXVII (1916).

[338] Anne Comnène, I.

[339] Cf. ibid.

[340] Ibid.

[341] Reprise d'Aulona, prise de Butrintô ; ibid.

[342] Reprise de Durazzo par les Impériaux, ibid.

[343] L. H. Gray, dans la Byz. Zeitschrift, XI.

[344] Voyez Pizzi, Storia della pœsia persana, II, Turin, 1894. Cf. aussi, pour les Arabes, qui dérivent, sous ce rapport, des Grecs, Canard, Un personnage de roman arabo-byzantin, Alger 1932 ; Grégoire, dans le Byzantion, VI ; Goossens, ibid., VII (« Geste d'Omar »).

[345] Rystenko, dans les Izvestia de l'Université d'Odessa, VII (1902 ; le même Stéphanite et Ichnélate (en russe), Odessa 1909 : Byz. Zeitschrift, XIX.

[346] Krumbacher, Byz. Litt. ; Iorga, Livres populaires (extrait des Mémoires de la section historique de l'Académie Roumaine).

[347] Le roman d'Achille, publié par C. N. Sathas, dans l'Annuaire de l'association pour l'encouragement des études grecques, Paris 1880. Voyez Benedikt Haag, dans la Byz. Zeitschrift, XXX ; cf. Praechter, ibid., I. Puis Benedikt Haag, Die Londoner Version der byzantinischen Achilleis, Munich 1919 ; Xanthoudidis, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, II.

[348] Krumbacher admet le XIIe siècle ; Diehl (Figures byzantines, II), le Xe, mais il reconnaît (préface aux Esquisses byzantines de Rambaud, p. 93, note 1) « un remaniement postérieur de l'épopée primitive du Xe siècle ». Sur les textes (versions de Trébizonde, d'Andros, de Grottaferrata, de l'Escurial) : Sathas et Legrand, Digénis Akritas, dans la Collection de monuments, Nouvelle série, VI (cf. ibid.,I), 1875 ; éd. Lambros, Collection de romans grecs en langue vulgaire, Paris 1880 ; Legrand, Bibl. grecque vulgaire, VI ; éd. Sabbas Ioannidis, Constantinople 1887 ; éd. Antoine Miliarakis, Athènes 1881. Cf. St Kyriakidès, Athènes, s. d. ; Sidéridis, Constantinople 1908 ; Etienne Xanthoudidis ; (ms. de l'Escurial), Herakléion de Crète 1913 ; P. Karolidis, 1926 ; éd. Démètre Paschali, 1928 (dans la Laograjia, X). Aussi Gidel, dans le Syllogue de Constantinople, XVIII (1889) ; Georg Wartenberg, Das mittelalterliche griechische Heldenlied von Basileios Digenis Akritas, Berlin 1897 ; Krumbacher, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1904 (cf. Byz. Litt.) ; Byz. Zeitschrift, XIV) ; Bréhier, Un héros de roman dans la littérature byzantine, Clermond-Ferrand 1904 ; Dawkins, Modem Greek in Asia Minor, dans le Journal of hellenic studies, XXX (1910) ; Byz. Zeitschrift, Vlll. ; Dieterich, ibid., XIII (continuations néo-grecques) ; Une nouvelle version du roman de Digénis Acritas, dans le Byzantion, IV ; St Kyriakidis, Athènes 1926 ; Hesseling, La plus ancienne rédaction du poème épique de Digénis Akritas, dans les Mededeelingen de l'Académie d'Amsterdam, 1927 ; N. N. Spéranski, Exploits de Digénis Akritas (en russe), Léningrade 1922 ; Grégoire, Le tombeau et la date de la mort de Digénis Akritas (Samosate, vers 940 après J.-C.), dans le Byzantion, VI. Cf. N. Politis, Athènes 1905.

[349] Dans Kékauménos.

[350] D'après Guillame de Pouille, De rebus Normannorum, l'empereur Rhomanos s'appelle ainsi parce qu'il avait « la barbe fourchue » : « quia barba difurcis » !

[351] Cf. aussi les deux études allemandes par A. Luber (Salzbourg 1885) et Georg Wartenberg (Berlin 1897).

[352] Reproduite dans Jacques de Morgan, Histoire du peuple arménien, Nancy-Paris-Strasbourg 1919.

[353] Voyez, du même, Das mittelgriechische Nationalepos, dans l'Allgemeine Zeitung de Munich, 6 février 1899.

[354] On pourrait mettre en rapport la mention des « médecins de l'armée » avec la grande œuvre sanitaire entreprise par Alexis Comnène. Voyez Georg Wartenberg, Das mittelgriechische Heldenlied von Basileios Digenis Akritas, Berlin 1897.

[355] Le passage est cité d'abord par M. Kougéas, dans la Laograjia, IV. Cf. une mention pareille de Psellos, qui parle des chants d'Andronic, de Constantin, Arxaia Pontou, I. Pour le Ptochoprodome (éd. Hesseling, II) Manuel Comnène est un neoz Akrithz.

[356] Dans le Byzantion, VII.

[357] Ibid. M. Grégoire est arrivé à identifier les deux premiers héros, mais évidemment entre la vérité historique et la forme poétique bien de temps a dû se passer (ibid.).

[358] Voyez Grégoire, dans le Byzantion, V ; VII, ainsi que dans le Bulletin de l'Académie de Bruxelles, 1931.

[359] Grégoire, dans le Byzantion, V.

[360] Éd. citée, III. Pour la séparation entre le vrai et le faux de ces données, Seger, loc. cit., et Chalandon, Alexis Comnène.

[361] Les άνακαράδες sont les nacchere.

[362] Combats de l'empereur en Achaïe (p. 60). Il est question d'une épée vénitienne (p. 63). Les Tarsites renvoient à l'époque des croisades (p. 96). Siège de Constantinople par Chosroès (p. 100). Mention de Nicéphore Botaniate (p. 101). Voy. Grégoire, dans les Actes du IIIe congrès d'études byzantines et L'âge héroïque de Byzance, dans les Mélanges Iorga p. 383 et suiv

[363] Cas de Liparités (moitié du onzième siècle), Cédréne-Skylitzès, p. 581 ; Attaliate, p. 45. Sur Samouch, aussi Psellos, p. 653. Sur les Gréco-Syro-Arabes, le même p. 672.

[364] Ibid., p. 701.

[365] Ibid., p. 701. Rhomanos change d'habits ; p. 701. Sur cette amitié, Attaliate, p. 165. Il avait préféré mourir plutôt que d'accepter une paix déshonorante ; Bryennius, p. 44.

[366] Cédréne-Skylitzès, p. 618.

[367] Bryennius, pp. 67, 81, 83 ; Cédréne-Skylitzès, pp. 708-709.

[368] Guillaume de Pouille, De rebus Normannonim.

[369] Un Constantin Digénis, Bryennius

[370] Ibid. Il reste à Byzance, ibid.

[371] Bryennius.

[372] Ibid. ; Anne Comnène.

[373] Dans l'Annuaire de l'association pour l'encouragement des études grecques en France, XIII (1879).

[374] Trois poèmes grecs du moyen-âge, Berlin 1881.

[375] Die Londoner Version der byzantinischen Achilleis, thèse de Munich, 1929. Cf. Wartenberg, dans la Festschrift Vahlen.

[376] Voyez aussi Haag, op. cit.

[377] Heisenberg, Dialekte und Umgangsprache im Neugriechischen, Munich 1918.

[378] Voyez Hesseling, Lybistros und Rhodamne, dans les « Aantenkeningen » de la société d'Utrecht, 1900 (cf. le même, Uit Byzantium en Hellas, Harlem 1911).

[379] Voyez Bury, Romances of chivalry on Greek soil, Oxford 1911. Il indique pour le type du chevalier errant un modèle turc (ibid.). De fait, le modèle est formé par la Perse, et il est vrai que c'est par la fréquentation de ce monde arabo-turc que l'Occident forma sa conception du « bon chevalier » (voyez notre contribution aux Mélanges Lot). Mais, au moment où le contact avec les Turcs fut plus étroit, les Byzantins avaient déjà passé par l'initiation à l'Occident. Et certains éléments ne pouvaient pas venir d'ailleurs.

[380] Voyez Méliadès, Athènes 1925 ; Manophrydès, Athènes 1806 ; Lambros, Collection de romans grecs en langue vulgaire et en vers, Paris 1880.

[381] J. B. Bury, op. cit. Gyron le Courtois aussi passera en grec ; ibid.

[382] Sur « Phlorios et Pletziaphlora », Wagner, Mediaeval greek texts ; H. Köstlin, dans la Byz. Zeitschrift, I. Cf. Il cantate di Fiorio e Biancifiore, éd. Vicenzo Crescini, Bologne 1889 (cf. Hans Knecht, dans le Herrigs Archiv, 1884). Aussi J. Schmitt, dans la Byz. Zeitschrift, II.

[383] Béés, Der französisch-mittelgriechische Ritterroman Imberios und Margarona und die Gründungsage des Klosters Daphni bei Athen, Berlin-Wilmersdorf 1924 : Hugo Schreiner, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[384] Voyez l'article cité, d'une effarante érudition, de M. Nikos A. Béés.

[385] Voyez A. Bockhoff et S. Singer, Heinrich von Tyrland und seine Quellen, Tubingue, 1911.

[386] Ibid.

[387] Ibid.

[388] Antoine H. Hatzi, Athènes 1930 (cf. Krumbacher, Byz. Litt.). Voyez aussi Wagner, Carmina graeca medii aevi ; Heisenberg, dans la Beilage zur Allgemeinen Zeitung de Munich, 1904, n° 268. Sur l'Héraclès de Gauthier d'Arras et le Ptocholéon byzantin du XIIe siècle, voyez Krumbacher, Byz. Litt.

[389] Mais le thème antique passera par la Rhodante et Dosiklès du Prodrome pour arriver à la Drosilla et Chariklès de Nicétas Eugénianos (sur lequel voyez L. Petit, dans le Viz. Vréménik, IV) et à l'Hysménès et Hysménia d'Eustathe le Macrembolite, dans la même seconde moitié du douzième siècle (éd. R. Hercher, Scriptores erotiti graeci, II, Leipzig 1859 ; M. Treu, Eustatbii Macrembolitae quae feruntur aenigmata, Programm, Breslau, 1893) Mais c'est la même note qui se maintient. On passe de l'épopée franque et persane aux modèles anciens, et pas inversement.

[390] Voyez aussi Heisenberg, dans la Byz. Zeitschrift, II. Une autre chanson a été publiée par Sp. Lambros, ibid,, III ; Cf. I. Sozonovitch, La Poésie byzantine romantique (en russe), Varsovie. 1811. Sur la langue, Heyd, Zur Frage der Abstammung des Neifgriechischen, dans le Neues Reich, 1880.