HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME II – L’EMPIRE MOYEN DE CIVILISATION HELLÉNIQUE (641-1081)

 

CHAPITRE DEUXIÈME. — CRÉATION DU NOUVEL EMPIRE.

 

 

I. — LA RÉFORME RELIGIEUSE : L'ICONOCLASME

 

L'armée qu'employèrent Léon et Constantin III était résultée naturellement du nouvel état de choses. A Constantinople même, il y avait une garde, complètement grécisée, de spathaires et de stratores.[1] Dans les provinces, les thèmes, d'abords les maîtres de fiefs « chevaleresques », les « kavallarioi » qui accourent à l'appel de l'empereur avec une suite d'écuyers et d'hommes d'armes proportionnée à leur richesse L'infanterie est composée des soldats des « catalogues », ceux qui sont inscrits sur des listes toujours tenues à jour. Les troupes sont employées d'ordinaire seulement dans leurs provinces ; elles protestent contre une expédition générale de tous les thèmes. A côté des Thrakesioi fixés en Asie, on a les Anatolikoi, ou guerriers d'Orient, d'Asie Mineure, les Helladikoi, de la Grèce et des îles, enfin les Arméniakoi, gardiens de la frontière orientale. Les Siciliens ne sont jamais appelés au secours, non plus que les autres Italiens, dont la mission est de combattre journellement et sur différents points les Lombards du Midi italien, La solde est appelée encore roga,[2] et, chaque année, les troupes sont assemblées pour la recevoir, le plus souvent de la main même de l'empereur. Elles viennent, du reste, sans aucun appareil militaire, et dans un tel désordre qu'on put voir deux fois les Bulgares et les Arabes fondre sur cette multitude sans défense et se saisir de la bonne monnaie d'or au coin de l'empereur. La discipline est maintenue à coups de fouet, et très souvent ceux qui ont été battus eurent, d'après le nouveau système de punitions, la barbe, les cheveux, les moustaches et même les sourcils rasés.[3]

Au commencement du règne de Léon, il y eut une révolte de la Sicile, qui proclama empereur Tibère. Un Basile fut levé sur le bouclier par le stratège sicilien Serge.[4] Thessalonique, appelant les Bulgares, se déclara pour Artémius.[5] Les îles et la Grèce voulurent imposer l'empereur Cosmas.[6] Constantin IV combattit pendant de longs mois contre son beau-frère Artavasde.

Celui-ci avait fait semblant de réunir des troupes contre les ennemis de l'Empire, puis il dévoila ses intentions. De nouveau le Sénat intervint : c'est par sa décision que Constantin, absent, en ce moment, de la Capitale, fut abandonné.[7] Le « peuple » s'ajouta aux partisans du changement. Chassé du palais, menacé de mort, le fils de Léon demande le concours des « voisins » d'un Empire dont il paraissait avoir perdu la direction. Il somme Artavasde de s'en aller, mais celui-ci ordonne au peuple de ne pas lui ouvrir les portes.[8] Pendant trois ans l'usurpateur résista. Lorsque Constantin put regagner son trône, ce fut par un traité formel avec les « citoyens »[9] qui lui livrèrent leur favori, aussitôt aveuglé et envoyé en exil.

Les seigneurs des thèmes exigèrent de Léon III le couronnement de son fils Constantin. La nouvelle armée ne constituait donc pas toujours un appui pour son chef. C'est pourquoi Constantin V surtout concentra à Constantinople les régiments sur lesquels il croyait pouvoir compter contre tous ses ennemis ; il les attacha étroitement à sa personne et les combla de dons. Comme le régime des dèmes était révolu, et que la populace constantinopolitaine vivait dans la torpeur, considérant les changements, et les crimes politiques plutôt comme un complément naturel des jeux du Cirque, cette garnison de la Capitale devint la principale force, le seul facteur redouté dans la vie de l'Empire.[10]

Léon, esprit superstitieux, dont les adversaires ont mentionné les accointances avec des mystiques et des charlatans, un Nicéphore Kinnarios, un Sabhatius de Sélymbrie, avec des vendeurs d'oracles nocturnes et des thaumaturges comme Jean Lékanomontis[11] et Constantin, se servirent de ces troupes pour accomplir une révolution qui, sous les dehors religieux et malgré des convictions personnelles que nous n'entendons pas nier,[12] cachait des motifs d'un ordre tout différent.[13]

Grâce à de longues séries de donations, l'Église d'Orient était devenue très riche, et il y avait bien plus d'or, d'argent, de pierres précieuses dans les coffres des principaux sanctuaires que dans le Trésor impérial, réputé inépuisable et en mesure de corrompre tout le monde barbare. D'un côté les moines avaient à Constantinople de véritables citadelles[14] dans les grands couvents de Stoudion,[15] du Dalmate,[16] de Matrona,[17] de Callistrate,[18] de Dios (Dion), de Bassien et de Maximin ; il y en avait qui abritaient des Acémètes,[19] sans compter ceux de la province,[20] jusqu'à sept cents. C'étaient des prêcheurs populaires, des combattants énergiques et des fauteurs émérites de troubles. Les reliques qu'on y conservait attiraient de nombreux fidèles et bienfaiteurs. Les patriarches,[21] les évêques, et ces légions monacales étaient devenus un vrai danger pour l'autorité laïque, représentée par l'empereur.

Rendre à la société, c'est-à-dire aux rangs clairsemés des contribuables et des soldats ces déserteurs dans les couvents, dont le nombre s'accroissait sans cesse par suite des malheurs qui frappaient l'Empire, sous l'influence terrifiante des comètes, des tremblements de terre et des incendies, consacrer à la guerre libératrice tout cet or inutile qui brillait au fond des églises, soumettre à l'impôt, et même à l'administration des officiers impériaux, l'immense patrimoine de l'Église, ces biens de mainmorte qui refusaient, de par l'immunité, le tribut d'or et le tribut de sang, c'était un programme capable de tenter l'ambition de ces hommes d'une féroce énergie, absolument dénués de superstitions, que furent Léon et Constantin V.[22]

Il fallait cependant une légitimation pour entreprendre l'œuvre aussi hardie et qui entraînait de grands risques. C'était alors le temps des persécutions exercées par les califes contre les chrétiens de Syrie, qu'ils considéraient comme des idolâtres, comme ayant des saints faits sur bois par des peintres ; Yézid avait défendu sévèrement le culte des icônes.[23] Beaucoup de chrétiens de Syrie, que leur monophysisme rapprochait de l'Islam,[24] sémites disposés par l'esprit de leur race aux conceptions abstraites, demi barbares incapables de goûter les jouissances de l'art, paraissent avoir accepté cette mesure sans beaucoup de douleur. Léon était lui-même entouré de Syriens, qui lui conseillaient d'entreprendre de son côté l'œuvre de purification qui aurait épargné aux chrétiens d'Orient au moins le reproche de suivre l'exemple des païens en adorant des idoles. Des conseillers juifs auraient ajouté leurs conseils.[25]

Le courant était, du reste, encore plus général. Comme les moines bouddhistes de la Chine agissaient, sciemment ou non, de la même façon contre l'État, les empereurs de ces lointaines contrées jugèrent nécessaire de prendre des mesures énergiques pour regagner ce que perdaient leur Trésor et leur armée.[26] Léon crut pouvoir accomplir, avec ses soldats de Constantinople, cette réforme révolutionnaire.

Il commença par un décret qui défendit seulement l'adoration des images, qui pouvaient être conservées pourtant comme ornement (725).[27] Les images furent éloignées d'abord des édifices publics, des places, des murs,

L'émotion du peuple fut très faible : il n'y eut que des (roubles insignifiants, comme le meurtre par les femmes du spatharocandidate Jovien, lorsqu'il frappa de la hache l'image du Sauveur à Chalkopratia. Les artisans n'aimaient pas les moines, qui par leurs ateliers leur prenaient la clientèle.[28] Après quelque temps, les habitants des villes, certains évêques même ayant été parmi les promoteurs, accomplirent volontairement la fonction de détruire les images, qu'ils accablaient d'opprobre ;[29] on se serait cru au temps où tout le monde s'acharnait contre les restes du paganisme proscrit. A la campagne, les propriétaires jalousaient les biens de main morte, qui leur prenaient les serfs.

On poussait des cris d'allégresse unis aux acclamations pour l'empereur : « Aujourd'hui le monde est sauvé, parce que toi, empereur, nous as délivrés des idoles ».[30] Si des femmes, comme la patricia Marie, s'émurent en voyant les icônes traînées dans la rue, elles ne furent pas suivies par la foule.[31] Les reliques eurent le même sort : ordre fut donné de les noyer.[32]

Ce que Léon avait commencé fut continué par Constantin qui fit condamner formellement l'hérésie des icônes par un grand concile constantinopolitain de 338 évêques (753).[33]

Si les patriarches de Syrie et d'Egypte restèrent fidèles au culte des images,[34] les empereurs briseurs d'icônes ou iconoclastes trouvaient, après la retraite du patriarche Germain, en 729,[35] des chefs de l'Église de Constantinople à leur gré :[36] un Anastase (729-752), puis un Constantin II (753-765), que son impérial homonyme présenta lui-même à la foule vers la fin du synode de réformation, en criant, du haut de l'ambon, où ils parurent ensemble, se tenant par la main : « Longues années au patriarche œcuménique Constantin ». Il faut remarquer aussi que, pendant que le Damascène Jean Mansour ou Chrysorhoas devenait célèbre par sa polémique contre l'iconoclaste,[37] Théodore, patriarche d'Antioche, ne se fit pas scrupule de transmettre des nouvelles concernant les Arabes, ses maîtres, à cet empereur byzantin, chef d'une hérésie profanatrice et sacrilège. Dans ses campagnes contre les Arabes, Constantin n'en fut pas plus mal reçu et servi pour cela. L'indignation contre lui, le damné dès le berceau, qui avait souillé les fonts baptismaux pendant son baptême, le Copronyme, enfin, se manifesta seulement sous la forme bénigne de pamphlets et de protestations historiques dans les chronographes. On avait attaqué ainsi dans Léon le complice du profanateur « Vésir », d'entente avec les Arabes, le Nestorien, l'ami des Juifs, le sectant de Manès, le Phrygien, le Sénachérib, le Caméléon[38] mais nulle part, contre lui ou contre son fils, les masses du peuple ne levèrent l'étendard de la révolte.[39]

On vit cependant bientôt la portée très étendue des projets impériaux. L'enseignement fut arraché aux moines, et Constantin V fiança son fils à une enfant d'Athènes, Irène. Les couvents furent vidés par la force et servirent de casernes aux soldats privilégiés[40] ou bien, comme aux Blachernes, on y fit des jardins publics.[41] Les prêcheurs ambulants qui vantaient la vie cénobitique et faisaient en même temps le procès à l'empereur, furent mis à mort.[42] Il fut défendu aux vaincus et aux désabusés de la vie politique, aux criminels d'État, aux intrigants démasqués, de chercher refuge dans les monastères. Les officiers de province qui faisaient du zèle, et la foule les acclamait,[43] rassemblaient dans quelque champ près de la ville moines, souvent la barbe enduite de poix, et nonnes, et les contraignaient à s'épouser, en présence du peuple, qui ne songeait guère à les défendre.[44] Ils apparurent, se tenant par la main, aux représentations du Cirque, y apportant ainsi une note comique nouvelle : le moine hypocrite contraint à revenir aux plaisirs et aux devoirs du monde.[45] Il n'y eut plus aucun respect pour l'autorité patriarcale. Anastase, le premier des chefs de l'Église réformée, fut aveuglé, puis rappelé sur son Siège. Constantin, qui avait été proclamé par l'empereur lui-même, fut condamné à entendre lire publiquement, à Ste Sophie, la liste de ses méfaits, étant frappé au visage, une fois pour chaque péché. Battu de verges, tondu, rasé, anathématisé, puis rebaptisé sous le nom de Skotiophis, promené sur un âne enfourché à rebours, à travers le Cirque, exilé, on lui trancha enfin la tête, qui fut exposée plusieurs jours, suspendue par les oreilles, et son corps jeté à la voirie. On en vint à interdire l'invocation même des saints,[46] à défendre la formule des prières.[47]

Le Pape dut intervenir, et il le fit avec une grande énergie et un haut sentiment de ce qu'il représentait. Jamais jusque là l'évêque de Rome n'avait parlé un pareil langage, dans lequel se mêle un enthousiasme prophétique comme celui des voyants d'Israël avec ce sens très net des réalités politiques et du rôle que pouvait s'arroger la papauté. Dans ses deux lettres de récrimination adressées à l'empereur dont il se sent déjà totalement détaché, la première dans un style d'une extraordinaire violence, Grégoire II, un Romain, à la suite des Syriens et des Grecs qui l'avaient précédé[48] (et après lui Zacharie seul appartiendra comme origine aux gens de l'Est), ne se borne pas à affirmer le principe que les deux puissances, laïque et ecclésiastique, doivent rester chacune dans leur domaine, et à déclarer que, si on veut briser à Rome l'image de St Pierre et le prendre prisonnier comme Martin et Constantin, il se retirera en Campanie et bravera les foudres impériales qui n'auront qu'à « combattre contre les vents » ; il ne s'arrête pas à rappeler tout ce que la piété populaire donne aux images, tout le profit qu'elle en retire — consentirait-il lui, Léon, à se laisser dépouiller de la pourpre et du diadème ? —, et que ne remplaceront pas les discours et la musique. Il fixe ce principe nouveau, que, par les mérites de St Pierre, que tout l'Occident respecte, il représente « l'élément de liaison entre l'Occident et l'Orient ». Tout l'Occident a les regards tournés vers lui, le forçant « d'être ce à quoi sa modestie préférerait se dérober. C'est grâce à lui que les chefs occidentaux, qu'il intitule basileuontez au pair du basileus, unique jusque là, ont accepté ses lettres, « ainsi qu'il convient de s'honorer entre basileis, alors que, maintenant, des gens de Rome, de la « France », des Vandales, des habitants de la Maurétanie et de la Gothie, ayant été, à Constantinople, témoins du sacrilège et ayant rapporté ce qu'ils ont vu, les chefs du Nord, Lombards et « Sarmates », se ruent sur la Décapole, s'emparent de Ravenne, assiègent Rome elle-même que l'empereur, pouvant à peine détendre sa capitale, et seulement grâce au voisinage de la Mer, n'est plus capable de protéger.

Il y eut bien quelques rapports du Saint Siège avec Constantin, fils de Léon, qui lui fit des dons, mais bientôt l'indignation romaine se tourne de nouveau contre celui dont l'Empire est intitulé une « Grèce » quelconque. Contre les exarques, dont les délégués officiels devront chercher un refuge devant la fureur des Romains, qui veulent les « tribuler », sous le lit même de celui qu'ils étaient venus arrêter, se lève une « milice de toute l'Italie », qui joue en Occident le même rôle que leurs camarades d'Orient, coutumiers de créer et de déposer les empereurs et en plus arrivent à se considérer eux aussi comme dépositaires de la mission spéciale de cet Occident.[49]

Cependant ces destructeurs qu'on a supposés sincères dans leur offensive pour le moment victorieuse furent des fondateurs aussi. Sans compter la création du couvent du Xylinite, que le magistros Nicétas, sous Léon, paya de sa tête,[50] Constantin fit élever des édifices à Ste Euphémie du Cirque,[51] alors que sous Léon déjà l'astronome Héliodore osait élever l'« anémodaulion » d'airain.[52]

 

II. — LA RÉACTION ORTHODOXE.

 

Quelques personnages habiles de la classe monastique provoquèrent une réaction après la mort de Constantin.[53] Certaines circonstances leur vinrent en aide. Léon, son fils, avec une princesse khazar,[54] mort à cinquante-huit ans sur le vaisseau qui le ramenait d'une campagne,[55] avait eu un règne court († 780).[56] Il laissa le pouvoir à sa veuve Irène[57] et à son fils, à peine âgé de dix ans, le nouveau Constantin, le pwlos azughz des orthodoxes.

Le Sénat proclama l'avènement de Constantin et d'Irène, mais la veuve impériale remplaça cette intitulation par celle d'Irène et Constantin. Elle voulait, de fait, régner seule. Puis, quand son fils atteignit l'âge de vingt ans, il eut la même ambition.

Pour mieux établir son pouvoir, il mènera jusqu'au bout la politique religieuse qu'avait créée, sa mère car, en septembre 787, malgré l'opposition des soldats qui empêchèrent la réunion d'un synode d'expiation à Constantinople même, le patriarche Taraise amènera, à Nicée, place sûre contre les démonstrations militaires et populaires, une rétractation générale des hérétiques et l'affirmation solennelle, basée sur les nombreux textes dont fut donnée lecture, de l'orthodoxie, apparemment inébranlable.[58]

Des deux côtés, de la mère et du fils, qui, comme sentiments, se valaient bien, on demanda des serments, bien payés et mal tenus, aux anciens soldats de Constantin, qu'Irène réussit enfin à éloigner, par la ruse, de cette Capitale qu'ils avaient longtemps dominée. Les eunuques, conseillers favoris de l'impératrice, Staurakios, Aétius, qui avaient aussi des ambitions impériales pour eux-mêmes ou leurs parents, s'en mêlèrent et envenimèrent la querelle.[59]

Des révoltes éclatèrent en faveur d'autres candidats au pouvoir, en Sicile (celle d'Elpidius) et même à Constantinople. Les Arméniaques se soulevèrent, et furent disséminés par les provinces, portant au front cette inscription à l'encre noire : Rebelle Arméniaque.

Enfin Irène réussit à commettre ce crime inouï jusqu'alors, même à Byzance, d'aveugler son propre fils. Celui-ci cependant n'en mourut pas, et finit par la faire enfermer. Elle se dégagea pourtant de sa prison et de nouveau brûla les yeux au malheureux, qui perdit la vie en même temps que la vue (797).[60]

Bientôt de nouvelles révoltes éclatèrent, et la mère criminelle allait mourir, non pas où on voulait l'envoyer, à Lesbos, mais dans les îles des Princes, au moment (802) où elle négociait encore sur les frontières d'Occident avec Charlemagne, dont la fille Rothrude avait été pendant quelques années la fiancée de son fils défunt.[61] Quant à un projet de mariage avec l'« empereur que venait de faire le Pape », il est impossible sous tous les rapports, en commençant par celui de l'unité, toujours énergiquement défendue par la légitimiste Byzance, et en finissant par le fait qu'Irène est «empereur » et pas impératrice. Il s'agit d'un simple bruit colporté par les ennemis de cette femme terrible et extraordinaire.[62]

Le patrice et logothète Nicéphore usurpa le pouvoir au détriment des fils, aveuglés aussi, de Constantin VI,[63] et les dèmes, réveillés de leur torpeur, l'acclamèrent.[64]

Jusque là, pour se concilier une classe puissante même aux derniers temps, Irène avait nommé patriarche un ancien moine, Paul (780-84), tout disposé à rétablir le culte des images. Le Pape Grégoire II avait rompu avec Léon pendant la persécution,[65] le Saint Siège ayant soulevé même un « antarte » italien, un contre empereur, et il avait défendu, avec plus ou moins d'effet, les relations entre Italiens orthodoxes et Constantinople l'hérétique ; maintenant, le Pape Adrien fit l'éloge de Paul, le réconciliateur, et de son successeur, Taraise (784-806).[66]

Le nouveau et grand concile œcuménique se rassembla donc à Constantinople ; le seul patriarche de Jérusalem y manquait.[67] Les soldats le dispersèrent, mais il alla tenir ses séances à Nicée[68] (septembre 787). Le résultat fut proclamé dans la Capitale même.[69] Il condamnait la conduite religieuse de Léon et de sa dynastie. Pour gagner encore plus les habitants de Constantinople, qui gardaient de la reconnaissance à Constantin, prince libéral et ponctuel en ce qui concernait l'annona, glorieux combattant contre les Bulgares, que plus tard, lors des grandes défaites, on crut voir sortir de son tombeau des Saints Apôtres pour aller à cheval au secours de l'Empire, Irène, qui laissa un cimetière pour les pauvres, celui de St Luc, un quartier à leur disposition, des auberges et un hôpital pour les mêmes, abaissa les impôts et abandonna même une partie des droits de douane.[70] Nous avons déjà vu que toutes ces concessions ne la sauvèrent cependant pas plus que ses crimes.[71]

Il faut avoir une haute idée de l'empereur Nicéphore, puisqu'il avait lui-même une haute idée de son pouvoir, qu'il déclarait ne vouloir subordonner à personne, tant que le bien de l'Empire serait son but. Il réforma le fisc, ordonna une nouvelle conscription, annula les exemptions, soumit au tribut dit « kapnikon » même les biens du clergé, qu'il administra quelquefois lui-même ; il contrôla attentivement le mouvement de la richesse publique, poursuivit les détenteurs îles trésors découverts, fit partager à jours fixes les terres non habitées pour accroître le nombre des agriculteurs, fournit des avances aux matelots pour réparer leurs bateaux et défendit l'usure.[72]

Il reprit en quelque sorte la tradition iconoclaste, nomma, contre la volonté des moines, un patriarche du nombre des laïcs (806-815), son homonyme, le chroniqueur Nicéphore ;[73] il toléra les Pauliciens de Thrace et assigna aux soldats certains monastères et maisons d'évêque pour résidence. Après avoir imposé une bonne paix aux Arabes (806)[74] et réduit la révolte d'Arsabir,[75] il pensa à défendre au Nord l'Empire que cette série de misères intérieures avait ramené au point où l'avait trouvé Léon, cent ans auparavant, au point de vue matériel, à celui du prestige, aussi bien qu'au point de vue de la vie intellectuelle et artistique.

 

III. — PERTE DE L'ITALIE : L'« EMPIRE » DES OCCIDENTAUX

 

Au moment où Nicéphore entreprenait l'œuvre de ramener les Bulgares envahisseurs à leur devoir de fédérés, l'Empire, auquel avait échappé la Syrie, l'Egypte, l'Afrique romaine, était tout simplement expulsé de l'Italie.

On voit, d'ordinaire, trop à Rome le Pape et ses droits, ses ambitions et on oublie qu'il y a en même temps un « peuple romain », formé sous la crosse du pontife comme une « Romanie » italienne et à sa tête des « juges » que soutenait une aristocratie, celle des « primates », et défendait une « milice », un « exercitus ». Cette force populaire crée souvent des exarques que l'empereur doit accepter : un patrice Maurice, un Éleuthère, un Isaac, un Maurice le Cartulaire, un Mezetius.[76] Parfois elle osait lever sur le bouclier ces « antartes », qui n'étaient que les candidats italiens à l'Empire, comme on avait voulu en faire un de Bélisaire lui-même, « roi des italiens et des Goths ».

Au moment du danger, lorsqu'on s'en prend au Pape, comme dans le cas de Serge, en 687, sous la protection de Saint Pierre, « chef des apôtres », la milice de Rome, celle de Ravenne, de toute la Pentapole byzantine, des «régions voisines », « de l'Italie » se réunit « pour ne pas permettre que le pontife du Siège apostolique aille dans la ville impériale ».[77] Nous avons vu que l'envoyé de l'exarque Zacharie est poursuivi par le peuple jusque sous le lit du Pape. Cette « milice de toute l'Italie » se soulève au commencement de ce huitième siècle pour défendre contre l'exarque Théophylacte le Pape Jean VI et Ravenne révoltée brûle par ordre du stratège Théodore. Aussi, lorsque un successeur de Jean, Constantin (708-715), est invité honorablement par l'empereur, et il est reçu avec les plus grands honneurs par le fils du maître, par les patrices et les chefs de l'administration, lorsqu'il s'en va à Nicomédie communier avec l'empereur, qui lui baise le pied,[78] la Rome populaire en ressent-elle une fierté légitime : « omnis populus exultavit ».

Comme celui de Constantinople, ce « peuple » décide sur la réception d'un usurpateur. Ainsi il n'accepte pas Philippikos : ni sa monnaie, ni son effigie, ni son nom. Lorsque la Byzance de Léon sévit contre Grégoire II (715-731), la Pentapole, « l'armée des Vénitiens » s'arment contre l'empereur, se liant avec les Lombards, des ennemis. Des ducs sont installés, et on veut « élire un empereur pour le mener à Constantinople ».[79] De fait un certain Petantius, qui fut levé sur le bouclier, prenant le nom de Tibère, ambitionnait le « regnum romani imperatoris ».[80]

Il n'avait manqué que l'iconoclasme pour amener la rupture définitive. On cherche alors l'orthodoxie, qui manquait à Byzance, chez les Francs.[81] Du moment que le Pape Etienne osa créer un patrice, prérogative évidemment impériale,[82] et qu'il alla faire au-delà des Alpes un roi franc à la façon de Saül, dans la personne de Pépin, il y avait déjà les germes d'un Empire d'usurpation, créé par le saint chrême versé sur le front du chef barbare si profondément mêlé à la vie romaine des Gaules. De même à Constantinople, à une époque où on se querellait sur le dogme, Justin avait considéré son couronnement par le Pape, qu'on avait fait expressément venir, comme un affermissement essentiel de sa situation.[83]

Etienne II avait été élu en 752, sous le patronage du chef de ce « duché romain » qui s'était formé dans les derniers temps, devenant peu à peu une organisation politique autonome. Maintenant il passe, comme ses prédécesseurs avaient passé à Constantinople, en France, avec tout ce qui représente cette autonomie, les « chefs de la milice » en tête, représentants d'un organisme nouveau qui, devant le scandale de l'iconoclasme, s'attribue les droits exercés jusqu'ici par l'empereur.

Et cependant Constantin V ménageait encore cette Rome qui s'était déclarée énergiquement contre l'hérésie de Léon.[84] Lorsque Aïstulphe, roi des Lombards, se saisit de Ravenne en 751, on a cru même qu'il aurait cédé au Pape le droit de la reprendre pour l'Empire, mais il est question sans doute d'une pièce fabriquée en relation avec la fondation de l'Etat pontifical.[85] Pépin, qui intervint pour le Saint Siège, auquel il entendait déjà créer ce domaine, fut averti que l'ancienne capitale d'Honorius revient de droit à l'Empire, auquel elle avait été ravie.[86]

Les scènes d'anarchie qui se passent à Rome entre la mort d'Etienne II (757) et l'installation d'un successeur homonyme (768) montrent combien cette « dominica plebs » et les grandes familles des «maisons » de la Campagne disposent de Rome, où ne réside plus un « duc » byzantin, car ce représentant de l'empereur s'était définitivement établi à Rimini, d'où on peut dominer Ravenne. Un des concurrents à la dignité pontificale fut pris et aveuglé. On demanda aux fils de Pépin, roi chez lui, patrice à Rome,[87] de la part de ce « peuple romain », redevenu souverain, d'autoriser un Concile qui, avec la participation des évêques de la Gaule, jugerait un des usurpateurs. Ce qui n'empêcha pas de nouvelles compétitions pour le Siège de Saint Pierre, sur lequel un parti de la noblesse, par dessus un essai d'intervention du duc byzantin installa, en 772, le Pape au nom romain d'Adrien.

Celui-ci pensa à se prémunir contre le perpétuel danger des Lombards, et c'est dans ce but, « pour défendre ces régions de l'Italie de toute façon »[88] pour remplacer, si possible, le mauvais voisin du Nord par un autre roi germanique, mais non résidant, que l'aîné des fils de Pépin, celui qui sera poulies nations reconnaissantes Charlemagne, est « invité » dans la péninsule, où il a, en quelque sorte, le devoir de « se présenter », ainsi que l'avait fait, en armes, comme ennemi et rival des Lombards, son père. Mais, au fond, c'est encore ce « populus » de Rome qui veut sauver sa « Romania », devenue indépendante2. La royauté lombarde fut donc « incorporée » par le défenseur attitré de l'Église (774).

Les cérémonies observées à l'égard de ce roi franc, « patrice », donc un peu « vicaire d'Empire », sont les mêmes que, jadis, pour l'empereur Constans. Entrée à Rome à côté du Pape, par les rues que garde la « milice », réception à Saint Pierre, puis au Latran. Il reviendra, en 781, toujours en : pèlerin pieux, amenant ses fils Pépin et Louis, un « roi d'Italie » in spe, qui seront aussi sacrés par le même Adrien, jusqu'ici aucun Pape n'ayant sacré un empereur romain ailleurs qu'en Orient.

Mais ce nouveau maître, si éloigné, ne laisse pas en Italie un représentant de son pouvoir. Charlemagne, en guerre avec les Saxons, envers lesquels il remplit son devoir de convertisseur l'épée à la main, s'arroge bientôt le droit d'interpréter des décisions de concile concernant les images ; encore une preuve du fait que le « patrice » fonctionne en empereur. En même temps Byzance, qui s'était entendue jadis avec les Lombards même, contre les ambitions de la « Romania » italienne »[89] reconnaît comme roi vassal de ces Lombards le fils de ce roi Didier, qui avait été emmené captif par son formidable ennemi franc ; une petite armée grecque, envoyée par l'impératrice Irène, se fait battre par les Francs en 788.[90] Désormais les ducs lombards du Sud ne seront plus soutenus par les Byzantins. Quatre ans plus tard, le jugement de Félix d'Urgel, chef des « adoptionnistes », qui ne reconnaissaient pas le Christ comme égal à son père, signifie le même exercice du pouvoir impérial par Charles.

En 795, Adrien venant de mourir, son successeur, Léon III, serait obligé, en chef de la population romaine, qui est maintenant un « peuple » politique, de faire prêter le serment au roi, coutume byzantine, mentionnée deux fois à cette époque.[91] Or, à cause des discordes qui éclatèrent à Rome, Charles appelle chez lui le Pape pour qu'il prouve que son élection a été légale. Les basileis en agissaient de même. C'est le parallèle du voyage du Pape Constantin à Byzance et, au retour, comme alors, ce « peuple » témoigne la même joie pour les honneurs rendus au pontife.

Un Concile se rassemble donc à Rome, par ordre du protecteur, et il n'ose pas décider. Charles lui-même en aura donc la charge. C'est dans ce but qu'il réapparaît en Italie vers la fin de l'année 800. Il arrive que des délégués du clergé de Jérusalem se trouvent en même temps dans l'ancienne capitale des Césars. Nouvelle réception à la façon impériale, avec le banquet d'étiquette.

L'église de Saint Pierre, où le monarque de presque tout l'Occident vient prier le jour de Noël, en devint une espèce de Sainte Sophie et, comme dans le temple élevé par Justinien, on entend les acclamations du « populus », qui manifeste sa volonté, de même que l'avaient fait tant de fois les « dèmes » de Constantinople, d'avoir un empereur de son goût :[92] « A Charles, très pieux Auguste, couronné par Dieu, grand, pacifique empereur, vie et victoire ».[93]

Or ce cri a dû être poussé tant de fois à Rome à l'époque où les empereurs résidant en Orient appartenaient à la communion orthodoxe. Il n'a rien de nouveau, de spécialement occidental. C'est la traduction de la formule qui s'était établie à Byzance, où on la faisait résonner, peut-être, encore en latin aussi.[94]

C'était une usurpation sans doute, et on la sentit bien en Occident ;[95] le vrai Empire en laisse la responsabilité au Pape, puisqu'il ignorait cette nouvelle qualité du roi franc, ne pouvant pas tenir compte de ceux qu'il considérait comme une simple populace. Mais elle avait été accomplie, d'une année à l'autre, par des degrés imperceptibles, avec l'observation de tous les rites et de toutes les formes. On reconnaît bien la façon d'agir de Rome, dans tous les domaines.[96]

Seule la chronique italienne tardive de Geoffroy de Viterbe prétendra que Léon l'Arménien, dont il fait un « fils de Bardas », aurait admis la « fraternité » avec Charlemagne et fixé une frontière « de la Bulgarie ou de l'Illyricum jusqu'aux Espagnols »[97].

Mais Charlemagne ne se contentait pas de cette simple possession, qui ne s'appuyait pas, du reste, sur des organes d'administration, Rome restant de fait aussi autonome qu'auparavant. Il aurait voulu[98] que ce titre impérial, qu'il n'osait pas prendre pour l'« orbis » entier, étant imperator sans ajouter Romanorum, fût reconnu par l'Orient. Il avait été question, jadis, de deux alliances de famille: entre Léon IV, dont le surnom de Khazare était connu en Occident, et Gisèle, sœur du roi franc, et entre Constantin VI, fils d'Irène, et la fille de Charles, Rothrude, qu'on appelait â Byzance, qui lui envoya des précepteurs pour le grec et pour les coutumes byzantines, Érythro[99] (781-787). Le Franc recevait avec de grandes démonstrations des ambassadeurs de celui qu'il aimait intituler son « frère », et, dans les salutations qu'on lui adressait, à côté du terme d'« imperator », qu'on lui donna peut-être, il crut entendre celui de « basileus ». En tenant à conserver la Dalmatie, dont la côte appartenait de fait aux Grecs, qui, eux, avaient une flotte[100], ainsi que la Liburnie et Venise, encore une petite « Romanie » de pécheurs[101], en y nommant des fonctionnaires, il se ralliait à la tradition de Théodoric. Mais il la dépassait énormément, osant se mettre â côté d'un Honorius ou d'un Valentinien III, lorsqu'il parlait à ses voisins, qui le considéraient plutôt, au pair du khan bulgare, comme un φίλος — d'où sans doute le dicton rapporté par Éginhard : « aie le Franc comme ami, pas comme voisin » —, dans sa conception, nouvelle, des deux Empires qui doivent accomplir la même œuvre chrétienne et politique[102]. En 798, on finit par lui reconnaitre en toute forme, à côté du duché lombard de Bénévent, l'Istrie, mais pas aussi les territoires occupés par les Croates[103] et, bien entendu, aussi cette Dalmatie, utile au domaine de la Mer, où subsistait une population romane dont la langue a exercé une influence sensible sur cet Évangéliaire grec en lettres latines qui est du huitième siècle[104].

 

Mais, à côté de l'Italie rebelle et envahie, il y en avait une autre, et d'un grand prix pour l'Empire: auquel personne n'aurait osé la disputer, la Méditerranée ayant une seule flotte, celle des « Romains » d'Orient. Ceci sans compter l'adhérence de Venise, de fait libre, mais reliée â Byzance par ses besoins de commerce et très fière d'afficher, par les titres de ses ducs, par leurs mariages, par leurs voyages à Constantinople, ses relations avec les anciens maîtres.[105] Les persécutions religieuses de ce huitième siècle avaient amené même des émigrations dans ces régions séparées par la Mer, où la surveillance était nécessairement moins attentive et la répression, sous l'influence de la population locale, moins âpre à punir. Jamais, avec la Sicile, le Midi italien n'avait été plus byzantin qu'à l'époque même où le Nord lombard et le milieu romain de la péninsule se détachaient de l'Empire pour ne jamais plus revenir à lui.

La réunion de la Sicile et de la Calabre au Patriarcat de Constantinople[106] ne fit que resserrer des liens qu'on trouve dans tous les domaines de la vie officielle.[107] On pensa même à un mariage de Constantin VI avec la fille du duc lombard de Bénévent, Grimoald, successeur d'Arichis.[108]

Des églises s'élèvent qui sont à la façon byzantine[109] et à côté toute une efflorescence de couvents se produit, dans lesquels, comme à Rossano,[110] on cultivera l'art d'après les mêmes procédés que dans la Capitale lointaine.[111] Des écrivains religieux, qui seront considérés comme saints,[112] y travailleront,[113] et des poètes, des mélodes montreront par la pureté de leur style comment on peut être parfaitement grec à Tarente et à Otrante aussi bien qu'à Byzance même.[114] Les diplômes grecs, qui peuvent rivaliser avec ceux des empereurs, se continueront à travers l'époque normande jusqu'au XIVe siècle.[115]

La Calabre en devint ainsi, pour deux siècles, une terre grecque, ayant, à côté de l'archevêché de Reggio et de ses treize suffragants, des centaines, jusqu'à un millier, de couvents où se développe tout un mouvement de civilisation byzantine, qui eut une forte influence sur la vie civile elle-même, jusqu'au quatorzième siècle.[116] Saint Nil, le fondateur de Grottaferrata aux belles mosaïques, sur l'emplacement de Tusculum, le réformateur, au onzième siècle, de ces maisons orthodoxes, fut une des grandes figures culturelles de l'Italie méridionale.[117]

Le rapport entre ce monde sicilien et calabrais, d'un côté, et la partie orientale de l'Empire, de l'autre, est, en ce qui concerne la langue et la littérature, celui qui, jusqu'au même quatorzième siècle, existe entre la France et sa colonie intellectuelle d'Angleterre.

 

IV. — VIE INTELLECTUELLE SOUS LES ICONOCLASTES

 

Pendant que se préparait ce mouvement d'à côté, d'une si grande importance surtout pour l'avenir, à Byzance il n'y avait plus, dans la continuelle agitation provoquée par les édits de réforme religieux, ni loisir de travail intellectuel, ni une classe qui aurait pu s'y consacrer. Avec André, archevêque de Crète, mort après 720, par ses discours et ses vers déjà mentionnés,[118] finit, l'époque tranquille pour la littérature religieuse byzantine.

Du côté des moines, la protestation[119] se borna à rédiger les actes des fidèles et des martyrs,[120] écrits peu nombreux, du reste.

D'un côté et de l'autre de cette Mer d'Occident la « guerre des images » arrêta donc dans son développement une littérature des moines qui, dès le septième siècle, avait donné des œuvres remarquables dont, à cause des persécutions impériales, nous n'avons conservé qu'une partie.

Elle est consacrée exclusivement à la vie monacale, et tout ce qui dans les ouvrages de l'époque de Justinien et d'Héraclius montre combien on aimait à se rattacher aux anciens, aux « Hellènes » païens, a disparu.

On étudie la vie des anachorètes et des membres de la communauté des couvents. Par Léonce de Néapolis, déjà cité, on connaît les efforts charitables de Saint Jean l'Éléémosynaire d'Alexandrie,[121] au souvenir duquel à Jérusalem se rattachera l'Ordre de croisade des Hospitaliers, et on a vu combien on peut saisir la vie des monastères d'Asie, en Cappadoce, en Palestine, au Mont Sinaï, à Raïthou, mais aussi à Constantinople, par le « Verger » d'un Jean Moschos, dit Eukratas.

On pense bien que dans de pareils écrits il n'y a qu'une seule vie, celle qui regarde la mort, qui la désire, l'implore, qui salue son approche ; tout ce qui tient au corps, jusqu'aux éléments les plus humbles du soin qu'on a le devoir de lui rendre, répugne et est écarté d'un geste de dégoût. On perd à se peigner ou peut-être même à s'épouiller ce temps qui doit être employé seulement pour rendre hommage à Dieu ou se préparer à sortir du monde. S'il y a un peu de poésie, on la trouve, non pas dans la présentation des beautés de la nature, qui n'est qu'une séduction et un piège, mais dans les animaux qui, jusqu'aux plus terribles, s'inclinent devant la beauté du sacrifice des ermites, viennent d'eux-mêmes porter l'eau au couvent et creusent la tombe du saint homme auquel ils se sont attachés.[122]

Quant à la vie politique, jusqu'à ce drame de l'iconoclasme qui l'introduit de force, elle n'existait pas. On sait qu'un empereur, nécessairement très pieux, préside aux affaires d'un État qu'on ignore absolument. Il faut seulement prendre garde à ce qu'il ne s'éloigne pas, par suite des mauvais conseils de ceux qui rôdent autour de lui, de l'orthodoxie, car alors il faut mobiliser ces centaines de mille de défenseurs de la foi. Autrement, parmi les gens du monde ceux-là seuls intéressent qui se décident à l'abandonner, comme les nièces de l'empereur Maurice, qui ont sauvé leur âme dans une maison religieuse.[123]

Du reste, pour bien comprendre ce qu'il pouvait y avoir dans la tête des moines du huitième et neuvième siècle il faut penser à ce Théoctiste qui croyait la Vierge existant de toute éternité, qui n'admettait pas le Christ crucifié et accordait aux démons le triomphe d'une résipiscence in extremis.[124]

C'est à la barbarie logée dans les couvents, refaits sur les mêmes bases après l'iconoclasme, qu'il faut attribuer cet « amas de commérages stupides, ramassés dans les carrefours »[125] qui sont les Parastaseis suntomuoi Cronicai employées comme source au onzième siècle aussi pour les Patria Kwnstantinoupoleoz.[126]

Dans les Vies de Saint il y a cependant, comme dans les anciens récits populaires de l'Egypte, la vision de cet Empire romain, et surtout chrétien, dans toute son étendue L'intercirculation des moines atteint sans cesse toutes les provinces et crée sans doute un des éléments de cohésion de l'État, détruisant toutes ces divergences venant d'un passé qui n'intéresse pas, de motifs nationaux et locaux qu'il faut écarter. Tel saint de Sicile, Grégoire, dont la Vie a été écrite, à l'autre bout du monde orthodoxe, par un moine de St Sabbas, Léonce, est lié près d'Agrigente et y a passé son enfance, ses premières années d'adolescent. Ecoutant des « voix » comme celles de Jeanne d’Arc, il monte sur un vaisseau qui fait voile pour Carthage et risque d'y être vendu comme esclave. Mais il y a toujours quelque évêque charitable pour sauver des méchants ceux qui se sont consacrés au Seigneur. Il passe a Tripolis, où de nouveau des mains fraternelles le soutiennent. Mais son but est la lointaine Jérusalem. On apprend par le récit de Léonce l'existence d'encore une école qui ne s'était pas complètement détachée de l'antiquité. Sortant de son auberge des « Deux Palmiers », le Sicilien y apprendra, sous Justinien II, la rhétorique, la grammaire, la philosophie et jusqu'à l'astronomie, dont un bon chrétien n'a que faire ; son idéal en devient celui du Chrysostome. A Antioche, où il se rend, persévère le souvenir du grand saint Basile. Le biographe ne dit rien des études dont le culte ne devait pas être disparu. Mais à Constantinople, dans le couvent des Saints Serge et Bacchus, ou dans celui du Perse Hormidas, le pèlerin peut passer des jours entiers dans la riche bibliothèque ; on demandera, du côté du patriarche même, par son chartophylax, à cet homme qui sait le latin la traduction de Grégoire le Dialogue.

Grégoire assiste au grand concile de son époque et refuse, dans sa grande humilité, le siège de Constantia, dans l'île de Chypre. Il revient en Occident, où de vrais combats se livrent pour de pareilles situations dominantes. Bien que considéré maintenant comme un étranger, un « mage » de l'Orient, il sera, de par la volonté du peuple, qui décide, évêque d'Agrigente. Détrôné, jeté en prison à Rome par des ennemis irréconciliables, il échappe à la persécution pour revenir à son couvent byzantin, où il travaille à la rédaction de nouveaux canons de l'Église, prêchant en même temps à la foule qui s'empresse à la maison de Saint Serge. L'empereur lui-même baise la main du vénérable prélat, qui, ayant obtenu des concessions importantes pour son ancien évêché de Sicile, à la direction duquel il revient, finit ainsi ses longs voyages.[127]

Toutes ces aventures, présentées avec une charmante simplicité, plus impressionnante pour un public, très simple lui-même, que tous les artifices de l'art, donnaient au peuple, sur toute l'étendue du vaste Empire, une lecture romantique qui remplaçait avantageusement toute autre et entretenait, en dépit des prédications sur la mort qui devrait retenir toute l'attention du chrétien, l'esprit vivant dont une société a besoin.

On comprend mieux maintenant pourquoi ceux qui conduisaient l'Empire devaient se demander si un autre idéal que celui des cellules obscures et puantes ne servirait mieux les buts de la société politique et, si, pour l'avoir, il ne faut pas fermer les couvents, vider les ermitages et ouvrir les écoles dans le sens de l'antiquité hellénique, source éternelle de pensée et de savoir. Puisque nous venons de mentionner ces établissements, il faut ajouter cependant que du temps passera avant qu'ils se consolident et portent les fruits d'un nouveau savoir, étroitement attaché à une antiquité à laquelle on permet de ressusciter, plus que cela : on la conjure de revenir à la vie.[128]

Malgré les nombreuses fondations d'Irène et de son fils, le nouvel art tardera aussi jusqu'au moment où il n'y aura plus, à toutes les frontières, le cliquetis des armes.

Le représentant de l'opposition des moines contre les empereurs iconoclastes fut, pendant la seconde partie de cette longue lutte, Théodore, l'abbé du grand couvent de Stoudion (né en 759). Fils d'un fonctionnaire du fisc, il fut élevé par son oncle Platon, auquel il succéda comme abbé du couvent de Sakkoudion. Ascète intransigeant, il se leva contre le scandale du second mariage de l'empereur Constantin, fils d'Irène, et, s'opposant à la tolérance du patriarche lui-même, il dut aller quelque temps en exil. De nouveau exilé pour l'invincible résistance opposée à Léon l'Arménien (813-820), qui sera le nouvel iconoclaste, il mourut cependant à Constantinople même, dans le couvent sur lequel rayonne sa gloire, le Il novembre 826.[129] Orateur par ses écrits, dans lesquels on a remarqué la cadence de la phrase antique, prophète foudroyant à la façon d'Israël, il mit tout en œuvre pour défendre la tradition, provoquant des processions, demandant l'appui des patriarches[130] mais surtout développant une inlassable activité littéraire. Sa « Petite Catéchèse » et sa « Grande Catéchèse » devinrent des ouvrages de direction.[131]

Et ce même défenseur de l'orthodoxie croit qu'il faut introduire dans la vie monacale, jusque-là purement contemplative, des changements correspondant à l'esprit de l'époque. A côté de la rédaction des hymnes et des études purement théologiques ils doivent s'intéresser à tout ce qui est littérature et art. Il représente donc à Byzance ce que furent en Occident à l'époque moderne les catholiques du concile de Trente à l'égard des doctrines protestantes qui ne restèrent pas sans influence sur leur façon de penser. Contre l'idée officielle que l'empereur est prêtre et peut régler les affaires de l'Église il opposa le principe qu'il n'a que le droit d'aider le clergé, et pas aussi de collaborer avec lui.[132]

Les écrits de St Théodore le Stoudite correspondent à sa façon de vivre, au milieu qui l'a gagné et retenu, au but qu'il s'est proposé dans toute son activité. Dans son couvent aimé, où les frères s'occupent dans tous les domaines du travail il est un interprète des Écritures, un glorificateur des fêtes de l'Église, un conseiller de toute heure, un chroniqueur des changements dans la communauté ; en dehors il tonne contre ceux qui s'attaquent aux images, employant un langage châtié, aux formules fermes et définitives, contre les hérétiques. On voit au fond les ombres de Lucien pour l'ironie et l'agression, de Démosthène pour le rythme de la phrase ample et belle. Dans la Vie de son camarade Platon, dans celle de l'anachorète Arsène, il garde les règles de la meilleure historiographie. Ce chef de moines descend par l'esprit des meilleurs écrivains de l'antiquité. Et, à côté, dans le panégyrique de sa mère, dans la lettre de consolation à la même, si douce envers les enfants, si sévère envers les autres, en commençant par elle-même, nonne qui s'est dépouillée non seulement de ses biens, mais de toutes ses affections, il y a une sentimentalité que le monde byzantin, et surtout celui des cloîtres, ne laissait jamais paraître. La même sentimentalité sincère anime ses lettres adressées à Platon, exilé. La description de son propre voyage vers un terme d'exil, à travers les villages qu'il faut vite quitter à cause des démonstrations de fraternité monacale, est pleine de fraîcheur.[133] Ses hymnes ne manquent pas de charme.

Dans la lutte, le plus intelligent des partisans de l'ancien culte, à l'encontre de cet Epiphanius dont on a remarqué le rôle,[134] fut cependant quelqu'un qui, vivant en dehors du monde sujet aux empereurs innovateurs, avait une autre liberté d'écrire que les sujets de l'Empire : Jean de Damas, un Syrien[135] († 749, en tout cas avant 754[136]), originaire de cette province qui continuait en syrien la Chronique d'Isidore de Séville et qui donna à Rome toute une série de Papes lettrés.

Alors que de toute cette vaste littérature polémique qui a été suscitée par la grande bataille religieuse il ne reste que très peu, car nous n'avons presque plus les attaques iconoclastes et, des ouvrages de leurs adversaires qui plus d'une fois furent des vaincus et des persécutés, ne survit qu'une faible partie, cette argumentation magnifique de Saint Jean de Damas domine. Ce Syrien, dont le nom de famille était Mansour, mais aussi Chrysorhoès, homme génial, originaire de régions où, sous l'influence de très anciennes traditions, et non moins sous celle de l'islamisme des maîtres arabes, on était assez froid à l'égard du culte des icônes, résista au courant à cause de ses rapports avec le monde palestinien, resté très orthodoxe, et avec tel moine d'Occident, Cosmas, qui lui apporta l'atmosphère de Rome l'intransigeante, mais surtout à cause de l'exceptionnelle vigueur de sa propre pensée. N'ayant jamais vu Constantinople, étranger à toute faction et détaché de tout intérêt, jugeant la question sur la base de ses recherches laborieuses sur les Écritures, ce solitaire qui est un grand érudit, introduit dans son exposition, si chaleureusement convaincue, des considérations qui appartiennent, on peut le dire, à la philosophie de l'histoire : dans sa « Source de la connaissance » il voit un développement de la pensée religieuse qui passe par dessus la révélation incomplète de l'Ancien Testament, dans lequel l'esprit juif, motif principal, pour lui, de l'iconoclasme, le gêne, le rebute presque. Il y a eu d'abord une époque barbare, dont la souillure a été lavée par les eaux du Déluge, ensuite une période de « scythisme » idolâtre ; puis le judaïsme, âpre, intolérant, matérialiste, attaché à ce qui « est écrit », n'a été que la préparation du christianisme. La « perfection » a remplacé, par la parole du Christ, message de lumière dans les ténèbres denses des Hébreux, ce qui n'était que « partiel ». « Le rideau de la Loi a été déchiré au moment où le Sauveur a été crucifié... La Loi est belle, mais seulement comme une veilleuse qui brille dans l'obscurité jusqu'à ce que le jour paraît, et maintenant l'étoile du matin s'est levée dans nos cœurs ».

La conséquence est que tout ce qui représente le commandement, la punition, la persécution, la chose imposée doit disparaître dans le domaine, qui n'a pas besoin de «pédagogues », de la « loi de liberté". Comme il n'y a plus de roi Baal, ni d'Astarté, où sont les Philistins, les Éduméens contre lesquels il faudrait donc combattre pour Jéhovah, le vrai Dieu ?

Mais au-delà de la révélation définitive on trouve quelque chose de plus. Surpassant même ces textes sacrés, l'humanité travaille à de nouvelles interprétations, et, puisque c'est l'œuvre de son esprit sur des voies de lumière toujours plus claire, il faut respecter ce trésor surajouté au don divin du Christ Car, autrement, « la lente destruction de ce qui est tradition équivaut à ce que signifierait retirer les pierres des fondements : bientôt tout l'édifice s'effondrerait ».

Et puis il y a les besoins élémentaires de l'âme humaine, la psychologie étant ainsi invoquée dans le grand procès : Je suis un homme et revêtu du corps : je désire, il me faut, corporellement, avoir et voir ce qui est sacré". Cette matière, spiritualisée par le sacrifice même de Jésus, n'est-elle pas elle-même créée par Dieu ? On est étonné de reconnaître dans cet homme du septième et huitième siècle aussi un « démocrate » chrétien lorsqu'il s'écrie : Les simples n'ont-ils pas le droit qu'on leur parle aussi par ce qu'ils sont en état de comprendre ?

Un de ces écrits de la défense des icônes, s'adressant aux nouveaux maîtres de Byzance et jetant à Léon le sobriquet de « Conon », « le menteur et le fourbe », à son fils son qualificatif ordurier, à leur lointain successeur, l'Arménien Léon, poursuivi par les fantômes des superstitions infâmes, l'anathème, mais reconnaissant comme des « roses entre les épines », des « nouvelles Hélènes » et des « nouveaux Constantins », des Césars « très purs et très sereins », leur pose cette question : Est-ce donc par l'épée, présidant des « synèdres juifs », qu'on imposera la nouvelle loi, qui ne : peut sortir que de la liberté seule de l'âme humaine prescrivant elle-même ses commandements.[137] « Tout ce qu'on fait par la force et non par la conviction, n'est que brigandage." C'est le langage de l'auteur d'hymnes, du poète, au service de l'idée que soutient le penseur.

Les vers du Damascène, de caractère anacréontique, sont très banals, d'un caractère vieillot,[138] mais dans sa prose il y a telle description d'Antioche, avec ses vergers de Daphné, aux cyprès sombres et aux claires eaux courantes, qui est vraiment belle, et dans sa Passion de St Artémius on sent une vraie puissance tragique.[139]

On a attribué à Jean de Damas la version grecque, chrétienne, de la Vie de Bouddha, Barlaam et Joasaph, mais rien dans la pensée de l'auteur ne concorde avec l'humilité d'ermite de celui qui adapta l'histoire du réformateur hindou.

Plus humble, s'occupant de coudre ensemble les fragments d'ouvrages antérieurs, en assez grande partie disparus, préoccupé avant tout d'éclaircir le sens de cette même lutte passionnée et opiniâtre, fut un ami du Stoudite,[140] l'historiographe qu'est surtout Théophane, le « chronographe », le « confesseur » par ses propres souffrances pendant le conflit auquel il participa de sa personne comme de sa plume, et le saint de l'orthodoxie, enfin victorieuse.[141] On a réussi à fixer la biographie de Théophane. On sait le nom du père, stratège de l'Egée, de la mère même. Grandi sous la protection de l'empereur, il devient lui-même fonctionnaire et épouse la fille d'un patrice. On a établi même sa parenté avec l'amie d'un de ses maîtres. De la vie libre du laïc il ne tarde pas à passer dans la cellule d'un couvent qui lui devait sa fondation, à Agros, sous la montagne de Sigriane. Il était très malade lorsqu'il écrivit, après 811, son ouvrage d'histoire. Refusant de se soumettre aux injonctions du nouvel empereur iconoclaste Léon V, il finit en exilé dans l'île de Samothrace,[142] peut-être le 15 mars 817 ou 818, à cinquante-huit ans.

Pour la partie ancienne, il ne fait que continuer son prédécesseur Georges le Syncelle († 810-811), qui s'était arrêté au troisième siècle ; il puise, pour l'époque dont il n'est pas contemporain et témoin intéressé aussi à des sources perdues, comme l'ouvrage de Thrax Persikos, pour l'histoire des Vandales, comme l'historien Théodore et un poète inconnu, Pélagos.[143] Si pour les dix années orthodoxes de Léon, passé militaire, prise de Constantinople, événements de Sicile, il s'en tient à une chronique favorable au nouveau maître, les anathèmes pleuvent aussitôt que celui-ci, sa « femme », son fils pratiquent l'hérésie. Tout cela, emprunté à des écrits polémiques, aux fastes consulaires, mais surtout tiré d'une mémoire fidèle, jusqu'aux souvenirs d'enfance, comme ceux du grand hiver de 755[144] même si, pour l'étranger, il y a des confusions chronologiques, forme un ensemble désordonné, mais, à cause du style populaire, comme aussi de la sincérité, évidente, un récit aussi agréable qu'utile. Alors que l'œuvre est ainsi d'une grande simplicité que domine le seul intérêt de la grande querelle religieuse, car aucun des adversaires de l'orthodoxie n'échappe à la condamnation, nécessaire, le ton manque d'inspiration et de caractère. La poétesse Ikasia ou Kasia est une contemporaine des deux Théodore, ce qui paraît, étant donné l'esprit de ses quelques écrits, plutôt curieux.[145] Celle qui, sans sa réponse trop prompte et trop incisive à un mot de l'empereur Théophile (829-42) en cherche de femmes aurait pu devenir impératrice, a écrit, comme nonne, des vers de caractère surtout religieux, auxquels se mêlent quelques morceaux d'occasion. Ils plurent assez à une société qui les a retenus.[146]

Ces empereurs si tracassés eurent-ils le temps, purent-ils avoir au moins l'intention hardie de refaire l'administration, la vie économique et sociale de l'Empire et de l'armer contre de nouveaux dangers d'une législation nouvelle et complète ?[147]

Dans la grande pénurie de renseignements sur l'ordre intérieur à Byzance, rien ne montre qu'on eût introduit, d'après un plan déterminé, des changements essentiels sous n'importe quel rapport. Même régime des thèmes,[148] mêmes catégories sociales,[149] mêmes impôts, perçus de la même façon.[150]

On place en 740 l'« Ekloga », c'est-à-dire « Le choix de lois présentées en abrégé des Institutes, des Digestes, du Code, des Novelles du grand Justinien et leur correction plus commode ». Mais dans ce manuel il n'y a rien de « philanthropique », de réformateur, ainsi que semblerait l'annoncer le titre (jilanqrwpoteroz signifie ici : « plus commode »), aucune indication d'un changement de conceptions quant aux rapports sociaux, aucune preuve d'une autre orientation morale — et on se demande quelle aurait-elle pu être —, aucun renvoi à une autre législation que celle de l'empereur nommé dans le même titre : le grand, pour le distinguer de Justinien II, dont le souvenir ne parait pas être d'hier. On comprend facilement que la rédaction d'un pareil livre, destiné certainement aux écoles, ne peut pas être fixée à une époque bien déterminée.

A la fin de ce simple recueil de prescriptions juridiques se trouvent dans le manuscrit : une « loi agraire », qu'on a voulu rattacher aux coutumes slaves et à l'influence des guerres bulgares, une « loi militaire » et une « loi rhodienne de la navigation ».

Ces deux derniers ouvrages resteront d'autant plus non datables. Je ne sais pas si la « loi rhodienne » n'a rien à faire avec les attaques arabes sur l'île de Rhodes, mais on peut se demander même si le recueil n'a pas été d'un usage purement local ; quant à l'autre, il a l'air d'être plus ancien qu'on ne le croit.

Revenant à l'« Ekloga », elle prétend avoir été donnée sous le nom des « sages et pieux empereurs Léon et Constantin », mais on est libre de penser aussi à Léon le Sage et à Constantin Porphyrogénète, qui, ceux-là, sont des législateurs célèbres, au moins, et c'est peut-être la raison de l'attribution.[151]

Quant à la « loi agraire », le nomoz gewrgikos ;[152] on a voulu voir dans ses prescriptions une influence de la façon de vivre des Slaves établis d'une façon définitive dans les provinces de l'Empire, oscillant, en ce qui concerne la date, entre l'époque de Justinien I, qu'on ne voit pas trop, tel qu'il était, dans cette hypostase nouvelle de législateur, et celle des premiers iconoclastes, supposés réformateurs aussi dans ce domaine, auquel ils n'ont probablement eu ni le temps, ni la disposition de toucher. Il s'agit de précisions de caractère très divers, strictement pratiques, dans lesquelles on ne peut saisir rien de chronologique, d'autant moins d'individuel. Il se pourrait même que l'opuscule ne représente autre chose que des coutumes, et celles d'une région déterminée. La présentation à la fin de l'« Ekloga » les reléguerait au même chapitre, peu intéressant, des précis pour écoliers.[153]

Pour la réglementation militaire, ajoutons qu'il n'a pas été difficile de montrer que la « Tactique de Léon » est l'œuvre de Léon VI le Sage et pas, comme on l'avait proposé, de Léon l'Isaurien,[154] du moment qu'il parle de son fils Basile et présente les Magyars encore sur le Bas Danube ; elle serait donc de 890 ou 891.

 

V. — DERNIER EFFORT MILITAIRE DU NOUVEL EMPIRE

 

Au moment où Rome était populaire et de sujétion franque, les Arabes[155] se réveillaient aux conquêtes sous le grand Haroun al-Rachid († 813), le Charlemagne de l'Asie, premier empereur parmi les califes, et sous soi successeur Al Mamoun († 833). Chypre et Rhodes furent conquises par leurs armes, malgré l'offre de tribut que firent pour la première fois les Impériaux, puis Myra, la ville de Saint Nicolas.[156] L'empereur Nicéphore, dit Génikos, était trop faible pour essayer de reconquérir ce qui lui avait été enlevé, et les succès partiels de son général Bardanès, dit le Turc, mis à la tête de cinq thèmes, n'eurent pas d'autre résultat que la proclamation à l'Empire, déjà mentionnée, du « Turc », par les soldats qu'il avait gorgés de proie. Mais le révolté fut trahi par ses compagnons et dut chercher dans un cloître, dont il s'acharna à goûter toutes les rigueurs, un refuge assuré pour son orgueil vaincu.[157]

Mais aussi dans les provinces restées fidèles en Europe il y avait encore à travailler. Les Slaves des « Slavonies » avaient été domptés en Macédoine par Constantin V déjà, mais sous Irène il fallut de nouvelles campagnes dans cet Ouest balkanique. On vit entrer solennellement l'impératrice, aux sons de la musique guerrière à Berrhoé, qui en devint une Irénopolis. Philippopolis, Anchiale furent fortifiées, ce qui n'était pas fait pour plaire aux Bulgares. On s'occupa aussi de la Dalmatie, qui se permettait d'avoir une opinion sur la légitimité des empereurs.[158] Nicéphore lui-même ordonnera des transports de population à travers la « Slavonie ».[159]

Cet empereur ne disposait plus de la bonne armée de Léon et de Constantin, qui, persécutée pendant les derniers troubles, s'était émiettée. En attendant la réfection de ces troupes, il dut appeler tous les thèmes contre les Bulgares, qui, ayant gagné dans Kroum,[160] successeur de Kardam, le vainqueur du jeune Constantin, un chef de tout premier ordre, avaient occupé Sardica, la future Sofia, après un grand combat. Il fallut pour le combattre recourir aux bandes de paysans armés de gourdes,[161] car les soldats, que Nicéphore avait fait payer par les « riches », prenant sur eux aussi les charges fiscales de la milice, se mutinaient,[162] augmenter les impôts sur le clergé et les lever pour huit années d'avance.[163] Ce qui était plus inquiétant, c'est qu'ils trouvaient un appui dans l'Empire même, que des ingénieurs « romains » leur enseignaient la technique.

Bien qu'il ne fût pas un soldat, ni un jeune homme, Nicéphore fit deux campagnes contre les Bulgares. Ayant repris Sardica, il gagna dans la seconde la victoire, brûla même le palais de Kroum,[164] mais tomba à la fin dans une embuscade. A la façon germanique, d'emprunt chez ces Touraniens, son crâne servit de coupe dans les grandes orgies du prince barbare (811).[165]

L'empereur Michel (Rhangabé), ancien curopalate,[166] beau-frère de Staurakios (le fils et successeur de Nicéphore qui avait été blessé lui aussi dans la guerre fatale[167]), ne put pas tenir dans un moment de crise où Kroum, qui exigeait qu'on lui restitue les cités récemment enlevées, qu'on lui envoie la fourniture de pourpre et qu'on lui restitue les déserteurs de son armée,[168] s'emparait de Mésembrie et, après une nouvelle victoire sur cette armée, appelée en hâte, de tout les thèmes, celui d'Andrinople aussi, mettait le siège devant Constantinople elle-même.[169] Le trône dut être donné à un officier arménien qui portait un nom de bon augure : Léon (813).[170]

On ne sait malheureusement que très peu de choses sur les sept années de règne de Léon. Cet « Amalécite »[171] persécuta les adorateurs des saintes images, après que, du reste, Nicéphore lui-même se fût approprié les revenus des établissements de bienfaisance et eût défendu l'emploi des vases sacrés de prix.[172] Il s'éloigna ainsi de l'orthodoxie qui venait de célébrer ses grands triomphes. Par conséquent les intéressés ne manquèrent pas de consigner dans des écrits polémiques les actes de trahison dont le nouvel empereur se serait rendu jadis coupable envers ses prédécesseurs et les crimes qu'il aurait commis pendant son règne, cédant à son caractère ombrageux et enclin à la cruauté.

Il n'y a qu'une trentaine d'années depuis qu'ont été publiées les discussions du synode qui amena son décret de 815 contre les icônes : on devine les arguments employés pour combattre cette erreur qu'on ne veut plus appeler «idolâtrie », défendant jusqu'à l'emploi des cierges et des veilleuses, des cassolettes pour l'encens, mais, à côté, il y a une qualification charitable pour la « simplicité féminine » d'Irène l'orthodoxe.[173] Dans cette mesure il faut voir encore moins que dans celles de Léon IV et de Constantin V une conviction religieuse poussée jusqu'au fanatisme persécuteur : il s'agit, de la part du second empereur militaire, guerrier, comme dans le cas de Nicéphore auparavant, du désir de satisfaire cette armée, à laquelle on avait refusé si longtemps, sous des règnes qu'appuyait la plèbe constantinopolitaine, un rôle qu'elle croyait devoir lui revenir.

Il faut retenir cependant qu'après lui il n'y eut plus de danger du côté des Bulgares. Kroum, qui, ayant demandé, comme nous l'avons dit, la restitution des transfuges, s'était présenté même sous les murs de Constantinople et avait ravagé toutes les provinces d'Europe jusqu'à la muraille de l'Hexamilion qui fermait le Péloponnèse, fut battu une fois près de Mésembrie, Il vit son pays affreusement ravagé par les Impériaux, et enfin toutes les forces du khan des païens furent détruites dans le grand combat qui donna le nom de Mont Léon, BoOvoç Aéovxoç, à l'endroit où fut remportée la victoire byzantine. La population barbare elle-même avait été décimée, l'armée emmenant en captivité les hommes et tuant les enfants.[174]

On sait encore que, en dépit de la légende créée par la haine de ses adversaires religieux, Léon ne prit pas de repos de tout son règne, inspectant sans cesse une armée qu'il avait complètement réorganisée, élevant partout des fortifications pour défendre les passages que connaissaient et employaient les barbares.[175]

L'Arménien fut de plus un prince attaché aux anciennes coutumes, car on voit désormais le Sénat fréquemment consulté par les empereurs, qui devaient tenir compte de son opinion et de ses sentiments.[176] Étranger à la cupidité et aux passions malfaisantes, il s'entourait bien, et ses jugements au Lausiakon restèrent célèbres.[177] S'il condamna le culte des icônes et exila le patriarche Nicéphore, il ne prit aucune autre mesure contre ce prélat vénéré.[178]

Aussi fut-il regretté même par ses ennemis, de même que, jadis, Nicéphore lui-même,[179] quand il succomba à une conspiration de palais, terrassé en luttant contre des assassins vulgaires, qui le poursuivirent jusque dans la chapelle du palais et traînèrent son corps mutilé au Cirque, afin de le montrer à la populace, friande de ce genre de spectacles.[180] Il paraît qu'on avait voulu se défaire de l'iconoclaste. Sauf la restitution du passé religieux,[181] la même fut, du reste, l'attitude de son successeur, tiré du cachot pour s'entendre proclamer empereur, les fers encore aux pieds,[182] l'officier Michel, dit le Bègue (Traulos), camarade, tombé en disgrâce, de Léon. Encore un militaire, continuant la tradition inaugurée par Nicéphore : il lui fallut commencer par combler de dons la plèbe sanguinaire et épouser, selon l'indication du Sénat, Euphrosyne, la fille de Constantin VI.[183]

Originaire d'une grande ville d'Asie, Amorion, où il y avait beaucoup de Juifs et beaucoup de brigands,[184] ancien pâtre, dénué d'instruction, entiché de préjugés religieux étranges et vagues, il ne rendit pas aux orthodoxes les droits que Léon leur avait arrachés.[185] Au contraire, il alla jusqu'à interdire de baiser les images et même d'employer le mot de « saint ».[186]

Mais le Bègue, qui se montra généreux envers les parents de Léon, tout en confisquant l'héritage,[187] n'avait pas les talents de son prédécesseur et la Fortune lui fut opiniâtrement défavorable.[188] S'il put retenir autour de lui les officiers de l'armée et les nobles du Sénat, les provinces lui échapperont par des invasions ou des révoltes.

Des Arabes d'Espagne, qui couraient la mer en quête d'aventures, descendirent en Crète et ne voulurent plus la quitter.[189] Les vingt-neuf villes et bourgs de la grande île durent reconnaître la nouvelle domination, et l'évêque de Gortyne, qui ne consentit pas à s'y soumettre, fut massacré.[190] Nombre d'îles environnantes tombèrent aussi au pouvoir de ces hardis corsaires. La flotte impériale, qui fut envoyée contre eux, subit un désastre, et les Arabes poursuivirent jusque dans l'île de Cos son commandant fuyard, qu'ils crucifièrent.[191] Un révolté, Euphémius, appela les Africains en Sicile et ici encore il fut impossible de déloger les musulmans, qui se saisiront même de plusieurs ports du continent voisin.[192]

Les habitants de la Dalmatie, qui ne pouvaient recevoir aucun secours de Constantinople, alors que les officiers francs de l'autre rivage ne devaient rien négliger pour les gagner, élurent des gouverneurs qui ne dépendaient plus de l'empereur.[193] Depuis longtemps il existait à Cherson, en Crimée, à proximité du grand empire khazar de la steppe, une situation politique analogue.[194]

Mais ce qu'il y eut de plus menaçant pour le gouvernement de Michel le Bègue,[195] ce fut la révolte de l'Asie Mineure, qui se sentait trop négligée depuis quelque temps, et entendait ne pas contribuer aux dépenses exagérées de la Cour de Constantinople sans rien recevoir en échange. Un certain Thomas, d'origine problématique, vieil officier d'une bravoure connue, boiteux, du reste, s'était fait passer pour Constantin VI l'aveugle. Fort de ses prétendus titres à l'Empire, il gagna à sa cause, déjà même sous Léon, un thème après l'autre, et toutes les villes. Les Arabes le soutenaient. On parlait des 80.000 hommes de son armée.[196] Il se saisit de la flotte envoyée contre lui et lui assigna un quartier général dans les eaux de Lesbos, qui dépendait de lui. Couronné par le patriarche d'Antioche, il désigna tour à tour deux Césars : son fils Constance et Anastase, pour le seconder dans sa guerre contre l'autre empereur, celui de Byzance. Il parut sous les murs de la Capitale à la tête de cette armée imposante, ayant à sa disposition un grand nombre de vaisseaux bien armés. Quand il les eût perdus, une autre flottille, qui était en réserve entre les îles de la Grèce, vint participer au siège.[197]

Les hostilités des rebelles contre Constantinople durèrent le long espace de trois années. Michel dut appeler à son secours les Bulgares, qui, par leur inévitable victoire, mirent fin à la carrière ambitieuse de Thomas ; il fut bloqué dans Andrinople, et l'empereur rival, s'étant emparé de lui par trahison, lui coupa les mains, le promenant un âne, puis le fit mettre à mort d'une manière ignominieuse ; son fils, pris à Byzé, ne fut pas épargné, mais les villes de Fanion et d'Héraclée persévérèrent dans la rébellion.[198]

Grâce à ce concours du khan Oumourtag (Mortagon),[199] Michel put finir ses jours tranquillement à Constantinople, où le cadavre de l'ancien gardeur de bestiaux fut déposé solennellement aux Saints Apôtres, dans la sépulture de marbre vert thessalien du grand Justinien lui-même[200] (octobre 829).

Devant le danger provoqué par l'empereur de dehors, Michel avait cru devoir se rapprocher des Occidentaux et de leur « empereur nommé par le Pape », de leur « imperator nominatus », d'autant plus que l'apparition des Arabes en Sicile devait rendre encore plus nécessaire une collaboration. Dans une lettre donnée aussi au nom de son fils Théophile, qu'il s'était associé, Louis, l'héritier de Charlemagne,[201] devient l'« aimé et honorable frère », « l’ami et le frère spirituel », le socius de « la joie de notre Empire donné par Dieu » (socius gaudii a Deo imperii nostri). Mais il n'en reste pas moins le « glorieux roi des Francs et des Lombards » qui est « appelé leur empereur » (« gloriosus rex Francorum et Langobardorum et vocatus eorum imperator »). Pour excuser même ce qu'on venait d'accorder, les deux « imperatores Romanorum » n'oublient pas de mentionner l'origine du pouvoir de ceux avec lesquels est confirmée « l'ancienne paix et amitié » : ils ne sont pas, ceux-là aussi, des empereurs par la grâce de Dieu, mais bien des empereurs élus, et à savoir par le « fameux peuple des Romains », par le clergé, la « sacra plebs », par tous les chefs de « l’ample cité de Rome », par l'aristocratie et l'armée, par le « très saint Patriarche le Pape », et on appuie sur la catégorie à laquelle l'« Empire » des Carolingiens doit sa situation — « notre glorieux patrice » (gloriosi patricii nostri), à la suite venant les « lecteurs » et « princes » des « diverses provinces ».[202]

Théophile, fils, associé et successeur de Michel, montra, beaucoup plus qu'aucun autre empereur, non seulement le souci de la dignité impériale, mais aussi la conscience des hauts devoirs qu'elle imposait. Constantinople eut de nouveau un juge actif, sûr et inexorable, qui commença par la punition sévère des assassins de Léon l'Arménien, bien qu'il leur dût la couronne. Chaque semaine, il se rendait à cheval, en grande cérémonie, à l'église des Blachernes pour être plus à la portée de tous ceux qui avaient des plaintes à lui adresser. Il vérifiait lui-même dans les marchés publics le prix et la qualité des denrées, et allait même jusqu'à faire son enquête sur n'importe quelles marchandises. Il interdit le luxe efféminé des longs cheveux tombant sur les épaules. Un vaisseau chargé de produits qu'avait coutume de vendre l'impératrice au profit de sa cassette particulière fut brûlé avec sa cargaison par ordre de son époux.

Occupé toujours du prestige de l'Empire, il chargeait d'objets précieux et de pièces d'or des ambassadeurs qui avaient ordre de les prodiguer à tout venant pour montrer que leur maître n'attache aucun prix à ces choses parce que les ressources de l'Etat étaient, comme autrefois, infinies.[203]

Comme on le verra en analysant la formule du nouvel art, un groupe de nouveaux palais, d'une splendeur sans exemple : les maisons impériales de Bryos, en style arabe, de Karianos, de Trikonchos, de Sigina, de Tétraséros, dont il sera question plus loin, surgirent sur le bord de la mer bleue, avec leurs parois de marbres et leurs toits d'or et d'argent. Le passé artistique de Justinien paraissait enfin revivre ; et néanmoins un riche trésor, tel que l'Empire n'en avait eu depuis longtemps, fut laissé au successeur de Théophile.[204]

Malgré le témoignage haineux des écrivains ecclésiastiques, qui avaient à venger contre cette famille les insultes, les sarcasmes, les persécutions et les mutilations dont avaient souffert les moines défenseurs des images,[205] — et cependant il amena dans la guerre d'Asie Saint Méthode[206] — le fils de Michel ne fut pas un mauvais soldat. Son père avait eu bien de la peine à se dépêtrer des rebelles asiatiques ; lui que les Bulgares n'osèrent pas attaquer, eut le courage de poursuivre les bandes pillardes des Sarrasins qui infestaient l'Asie Mineure de leurs razzias incessantes. Il établit à Sinope un camp permanent de Perses qui étaient venus se mettre sous sa protection, et Théophobe, un de leurs chefs, personnage d'origine royale, marié avec la sœur de l'empereur, fut choisi par lui comme général contre les gens de l'émir mésopotamien.[207] Il paraît même que Théophile, qui connaissait donc l'Orient, pensa à une fusion avec les restes échappés à la domination arabe, et probablement à l'Islam aussi, de la grande et belle race perse. On le voit permettre, donnant l'exemple de sa sœur, l’intermariage avec eux. On les trouve en garnison à Sinope : leur nombre serait arrivé à 30.000. A un certain moment ils voulurent faire leur roi de ce Théophobe, au nom grec chrétien, qui refusa. Plus tard l'empereur les divisa en groupes de deux mille, les plaçant dans les différents thèmes, mais leur foi se montra bientôt branlante.[208]

Il eut la même politique de rapprochement avec les Khazars,[209] auxquels il envoya comme missionnaire le frère de Méthode, Constantin-Cyrille. Cette alliance était naturelle à une époque où les Arabes faisaient marcher contre Byzance 10.000 Turcs.[210]

Battu quelquefois, vainqueur dans la campagne suivante, l'empereur ne se lassait pas de cette dangereuse guerre d'Asie, qu'il voulait conduire personnellement. Il détruisit Sozopétra en Syrie, parce que cette ville était la patrie de l'« émir » du calife al-Motassem.[211] Ce dernier, qui brûla Ancyre, put se revancher en ruinant Amorion, le berceau de la dynastie impériale, mais ce fut seulement grâce à la trahison, car la place était très bien garnie.[212]

Il faisait tout son possible pour obvier aux incursions des Crétois, que leurs légères embarcations portaient à l'improviste sur les côtes de la Thrace, pendant que la flotte impériale sombrait à Thasos.[213] Il intervint même militairement dans les affaires des Francs, en envoyant, avec son gendre Alexis,[214] des mercenaires et ses soldats des thèmes en « Lombardie » — c'est-à-dire en Italie, et, après la catastrophe d'Amorion, il demanda à ces mêmes Francs leur secours contre les païens d'Asie.[215]

A la mort de Théophile, en 842, par suite des fatigues de la guerre, l'orthodoxie était presque rétablie ; il ne manquait qu'un dernier geste de la part de l'impératrice régente, Théodora (en 843).[216] Mais elle avait devant elle une société laïque complètement constituée.

Théophile laissait des filles[217] et un fils de trois ans,[218] sous la tutelle de l'impératrice, de Bardas, un Paphlagonien, frère de cette princesse, et des officiers Théoctiste, homme juste et respecté, et ce Manuel qui s'était signalé par son rôle dans la guerre de Perse.[219]

Bardas fut le vrai maître de l'Empire, avant et après sa proclamation comme César.

Il fut un protecteur des lettrés et eut même le courage, très critiqué, par Théodore et ses Stoudites, par le Pape aussi, de leur livrer l'Église, jusque-là dominée par les seuls moines.[220] Il se montra bon juge, comme Léon et Théophile. S'il contraignit à la retraite et emprisonna le patriarche Ignace, rejeton d'une ancienne dynastie, s'il le fit battre et torturer, le César donna ensuite à l'Église grecque un chef comme Photius.[221]

Les Bulgares se tinrent cois pendant son gouvernement, et leur khan Bogor ou Boris, sous l'influence de ses sujets chrétiens et travaillé par les influences d'un moine grec captif, Théodore Koupharas, et de sa sœur, qui avait été longtemps détenue à Constantinople,[222] consentit même à se baptiser. Il ne faisait que suivre l'exemple des chefs slaves du royaume morave.[223]

Ainsi l'exode des moines iconodoules, naguère persécutés par le gouvernement, eut de grandes conséquences pour l'extension de la foi grecque. Les Moraves furent convertis par les deux frères, désormais célèbres : Constantin ou Cyrille et Méthode, fils d'un officier de Thessalonique, ville grecque dans une région en grande partie slave.[224] Ce ne fut pas la faute de ces prédicateurs grecs, si par la nécessité des choses la liturgie slave dut s'imposer, grâce, du reste, à leurs propres efforts dans ce sens, aux peuples nouvellement convertis à l'orthodoxie byzantine et si ce fait détermina en Orient l'apparition d'une civilisation nouvelle, slave pour les Slaves eux-mêmes, mais aussi pour les Bulgares du Volga qui régnaient sur des Slaves et même pour la population d'origine romane des bords du Danube. Ce fut la concurrence de l'Église romaine, toujours très tolérante en ce qui concerne les langues liturgiques de l'Orient, qui assura un développement slave aux nouvelles Églises ; Byzance dut admettre ce que Rome, sa rivale, avait déjà concédé. Et, même, alors que les Byzantins ne s'étaient donné jamais sérieusement la peine d'infiltrer la vraie foi aux barbares du Nord, moins dangereux en tant que païens, ce hit le prosélytisme inlassable et aride de l'ancienne Rome, devenue libre et tendant de plus en plus à la domination universelle, ce fut l'esprit entreprenant du grand Pape Nicolas qui imposa aux orthodoxes de Constantinople le devoir de gagner au Christ les Bulgares, redoutés, mais aussi méprisés par eux.

Bogor-Boris, dont l'oncle Nravota (Voïnos) avait été déjà chrétien,[225] avait éprouvé, lors d'une famine, l'efficacité des prières adressées au Dieu des Chrétiens[226] — on se rappelle la légende du Franc Clovis — et ne manqua pas de demander, en échange de sa conversion, un cadeau de l'importance de la Zagora, le pays situé entre Sidéra et Débeltos.[227] Son peuple, c'est-à-dire la Cour bulgare, dut suivre le chef au baptistère, et un évêque grec fut le premier chef religieux reconnu du pays des Bulgares.[228]

Une « paix éternelle » fut conclue en même temps par l’« archôn Michel », devenu un « bon chrétien »,[229] avec l'Empire qui n'était incommodé maintenant que par les courreries sarrasines et les pirateries Crétoises,

Le grand événement dans les relations de l'Empire avec les Bulgares ne fut pas cependant le simple passage des sujets de Boris, devenu Michel, au christianisme, mais l'acceptation de la forme slavonne pour la nouvelle loi.

Cyrille et Méthode avaient créé un nouvel alphabet, le glagolitique, conservé en Dalmatie longtemps après avoir été remplacé ailleurs par l'alphabet cyrillique. En même temps ils avaient formé une nouvelle langue littéraire, mêlant au slavon de Macédoine, du territoire environnant Thessalonique, des mots grecs, peut-être aussi quelques éléments de latin vulgaire, à la langue primitive, patriarcale, des barbares païens de cette « Esclavonie ». En ce faisant, ils imitaient la création d'une hardiesse géniale qu'avait eu le courage de réaliser du côté de Durostorum, pour les Visigoths du Bas Danube, au IVe siècle, ce Wulfila, cet Ulphilas arien qui consigna dans le beau manuscrit d'Upsal à lettres d'argent sur parchemin de pourpre le résultat de sa divination. L'Orient à plusieurs langues liturgiques anciennes, et qui venait de fonder un christianisme arménien à part, avec son alphabet particulier, de dérivation grecque lui aussi, permettait ce que l'Occident, de latinité unique, ne consentit jamais à accepter, malgré les premières incertitudes de la Papauté à l'égard des Slaves en Moravie.[230]

On ne pourrait pas contester que Byzance avait voulu pour les Bulgares son christianisme grec. Grâce à la propagande de St Clément, élève des frères thessaloniciens, la forme slavonne vainquit. Une littérature sera improvisée dont on a voulu faire bien à tort la manifestation immédiate d'une espèce de conscience nationale,[231] et l'Église bulgare gagna une conscience d'autonomie dont les conséquences politiques devaient être incalculables.

Les musulmans de l'Euphrate furent cependant repoussés par Patronas, frère du régent : l'émir de Mélitène périt et son fils tomba au pouvoir des Impériaux. Puis Bardas voulait couper court aux provocations des pirates par une grande expédition navale.[232] Il comptait emmener dans cette campagne le jeune empereur Michel, son pupille, qui ne se livrait guère, croyait-on, qu'aux exercices du Cirque[233] et aux plus grossières et indécentes des farces populaires, dans lesquelles il offensait en même temps la dignité de la pourpre et le prestige de l'Église, car il promenait par les rues de Constantinople la parodie des fêtes religieuses, avec un faux patriarche, Gryllus, et des prêtres pour rire.[234] Bardas était cruel ; il avait tué Théoctiste, chassé de la Cour l'impératrice, qu'il fit enfermer dans un cloître. Le débauché, l'« ivrogne » qui portait la couronne le prit en haine et se débarrassa de lui par l'assassinat.[235]

Celui qui avait envenimé les relations entre Michel et Bardas et avait assumé la tâche de faire réussir la conspiration contre ce dernier,[236] l'officier macédonien Basile devint César, dans toutes les grandes formes habituelles.

Mais, peu de temps après, par manière de plaisanterie, au cours d'un repas intime, où il se trouvait, il est vrai, seulement avec l'impératrice et avec son collègue, le cynique Michel jeta le même manteau de pourpre sur les épaules d'un batelier qui avait loué sa dextérité au Cirque. Alors Basile, qui n'entendait pas ce langage et ce traitement, fit répandre le bruit d'une décision du Sénat contre l'empereur dévergondé, qui aurait pensé à l'écarter.[237] Le Sénat avait conservé, de fait, de larges attributions et la régente Théodora lui avait rendu compte de sa gestion.[238] Sans aucun mélange de cruauté, mais de sang-froid, comme s'il eût accompli un acte légal de la vie d'État, ayant calculé habilement tous les actes du drame, il supprima le jeune monstre qu'il avait enivré à propos, et fut empereur (23 septembre 867).[239]

 

 

 



[1] Théophane.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Nicéphore ; Théophane ; cf. Dölger, Regesten.

[5] Théophane.

[6] Ibid.

[7] « Desolatum et ab omni senatu fere pervacuum » ; Mommsen, Chron. Minora, II.

[8] « Ne properantibus portas aperiant civitates populum reddit instructum » ; ibid.

[9] « Pace cum civibus per internuntios acta » ; ibid. Cf. la Vie du Pape Zacharie, dans le Liber pontificalis : « datis populo qui in urbe remanserant praemiis ». Aussi Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1265.

[10] Cf. Lombard, Constantin V ; aussi Pargoire, dans le Viz. Vrémennik, XI.

[11] St Jean Damascène, dans Migne, Patr. Gr., XCV, c. 368 et suiv. ; Vies de St Théodore le Stoudite, ibid., XCIX, c. 169, 272.

[12] Voyez Ostrogorsky, Studien zur Geschichte des byzantinischen Bilderstreites, Breslau 1929 ; le même, dans les « Mélanges Diehl », I ; Dvornik. dans les Byzantino-slavica, II.

[13] Voyez K. Schenk, Leo's III. Walten im Innern, dans la Byz. Zeitschrift, V.

[14] Cf. Ferradou, Les biens des monastères à Byzance, Bordeaux 1896.

[15] Tougard, La persécution iconoclaste, d'après la correspondance de S. Théodore Studite.

[16] Échos d’Orient, II. (de St Isaac).

[17] Théophane, éd. de Boor, I.

[18] Voyez Skarlate Byzantios : description des monastères.

[19] Voyez Théophane, I ; Aligne, Patr. Gr., CXVI, c. 709 ; Pargoire, dans les Echos d’Orient, II. Sur l'Evergète, le même, ibid., IX ; X.

[20] Le couvent des Agaures (A. Hergès, dans les Échos d’Orient, II). Le couvent de St Jean le Théologue à Pélécète en Bithynie est du VIIIe siècle (voyez A. H., dans la même revue, I.). Sur Notre Dame aux Chalkopratia, ibid.

[21] Voyez Ebersolt, Sanctuaires.

[22] M. Diehl (Byz. Zeitschrift, XV, p. 290) croit aussi que « c'est trop restreindre vraiment l'importance de ce conflit mémorable que de le réduire presque entièrement à une querelle religieuse et c'est en méconnaître étrangement la portée ». C'est aussi la pensée de M. Bréhier (voyez aussi La Cour impériale de Constantinople à l'époque de la querelle des images, dans la Revue des cours et conférences, 1901 ; Le caractère général et la portée de la réforme iconoclaste, ibid.). L'autre opinion est celle de M. Ostrogorsky (Studien zur Geschichte des byzantinischen Bilderstreites, Breslau, 1929 ; aussi dans la Byz. Zeitschrift, XXX ; cf. le Byzantion, IV ; Dölger, dans les Göttingische gelehrte Anzeigen, 1929, n° 8 ; Pargoire, dans les Échos d’Orient, 1930, IV ; Revue de l’Orient chrétien, VI, 1901, Cf. Bury, Iconoclasm, dans la revue The Pilot 1900, n° 36 ; dom H. Leclerc, Les martyrs, IV, Juifs, Sarrasins et iconoclastes, Paris, s. a. ; Millet, Les iconoclastes et la croix, dans le Bulletin de correspondance hellénique, XXXIV (1910).

[23] Voyez Pavlowski, dans la Byz. Zeitschrift, II ; Georges Marçais, dans le Byzantion, VII ; Gaston Wiet, dans le Précis de l'histoire d'Egypte, II.

[24] Sur la co-pénétration de l'Islam et du christianisme à cette époque, Montmasson, dans les Échos d’Orient, XIV ; chez les musulmans des figures humaines, des « icônes ».

[25] Samuel Krauss, Studien zur byzantinisch-jüdischen Geschicbte, Leipzig 1014 ; Janin, dans les Échos d’Orient, XIV ; R. P. Blake, dans l'Orient chrétien (russe), III (1919), pp. 175-194 ; Samuel Krauss, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, VII ; Bées, ibid., II. (à Ianina). Cependant Léon aurait ordonné de baptiser de force les Juifs ; Dölger, Regesten, n° 285.

[26] Voyez notre étude, Les origines de l'iconoclasme, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XI (1924) ; cf. Pargoire, op. cit. (révoltes militaires contre l'hérétique).

[27] Dölger, Regesten, p. 35. Les déclarations orthodoxes de Léon envers le l'ape représentent une falsification (ibid., n° 279). Les ordres envoyés dès 725-726 à Rome pour détruire l'image de St Pierre et se saisir du Pape, qui s'oppose à l'exécution de certaines mesures fiscales (ibid., nos 279, 287-288), paraissent plus que douteux, n'ayant aucun sens politique.

[28] Lettre du Pape, Mansi, XII, c. 951 et suiv. ; Vie de St Etienne le Jeune.

[29] Dölger, Regesten, aux dates de 727 et 729.

[30] Vie de St Etienne le jeune. Sous son fils et continuateur Constantin. Éloge du patriarche Nicéphore, à la fin de sa Vie.

[31] Vie de St Etienne le jeune. Cf. Acta Sanctorum, Novembre, II2.

[32] Paul le Diacre.

[33] Vie de St Nicéphore. Sur le « thesmos catholikos », 764-5, Nicéphore ; Théophane, éd. de Boor.

[34] Théophane, éd. de Bonn.

[35] Ses œuvres, Migne, Patr. Gr., XCVIII, c. 329 et suiv.

[36] Vie de St Etienne le jeune. Cf. Pargoire, op. cit.

[37] Voyez sa Vie, dans Migne, Patr. Gr., XCIV, c. 429 et suiv.

[38] Théophane ; Acta Sanctorum, novembre, II2 ; Vie de St Nicéphore (Migne, Patr. Gr., C, c. 69, 76, 530) ; Vie de St Platon (Migne, Patr. Gr., XCIX, c. 819, 1245, 1257, 1533) ; Acta Sanctorum, août, II, p. 435 ; Migne, Patr. Gr., CV, c. 931 et suiv. (Vie de St Joseph).

[39] Voyez aussi les sources non byzantines : Sébéos ; Ghévond, trad. Chahnazarian, déjà citée.

[40] Théophane.

[41] Vie de St Etienne.

[42] Théophane.

[43] On criait devant Constantin ; « Patria », loc. cit., c. 573. Cf. ibid., c. 501.

[44] Théophane. Couvents brûlés, ibid.

[45] Vie de St Etienne.

[46] Théophane. Sur le patriarche Nicétas, un Slave, ibid.

[47] Théophane.

[48] Cependant on fondera le couvent grec de St Chiysogone pour la musique orientale : « graecae modulationis psalmodiae cœnobium ».

[49] Vies des Papes Etienne II, Etienne III et Adrien. Grégoire se déclare prêt à aller baptiser au fond du Nord un prince du nom de « Septet ».

[50] Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1269.

[51] Patria, loc. cit., c. 549. Des fabriques de soie impériales, Migne Patr. Gr., CVI, c. 194.

[52] Patria, loc. cit., c. 588.

[53] Son cadavre fut déterré et brûlé, sous la régence de Théodora (Migne, Patr. Gr., CLVI, c. 738).

[54] Pour le mariage, Théophane.

[55] Vie de Nicéphore, éd. Migne, Patr. Gr., c. 505-506.

[56] Vie de St Théophane, ibid., CXV, c. 12.

[57] Voy. Phoropoulos, 769-802, I, Leipzig 1886.

[58] Les actes dans Mansi, Concilia, XII.

[59] Irène avait cherché à se gagner des sympathies, d'après la recette du sixième siècle, en annulant les dettes envers l'État et en diminuant les droits de douane à Abydos et à Hiéron ; Théophane

[60] C'est bien lui le Constantin Caballinus (d'après sa passion pour les chevaux ; voyez le sens exact du mot dans Bury, Later Empire, 462, note 1, dont parle une source italienne (éd. Waitz, Scriptores rerum langobardicarum et italicarum saec. VI-IX, 1878, et ensuite dans Capasso, Monumenta ad neapolitani ducatus historiam pertinentia, I,1881 : « Constantini imperatoris Caballini amentia... Constantinus Caballinus, instigatus supervia, cum Romam dominaturus venue conaretur, crudeli ritu cum regno morte amiset et hejulans se vivum perpeti tartareas penas »). Cf., pour son aveugle ment, Pétridès, dans les Échos d’Orient, IV ; pour sa mort, le 15 août 797, Brooks, dans la Byz. Zeitschrift, IX. Voyez aussi Einhard, Annales, 787, sur sou supplice « propter morum in solentiam ». Aussi Vie de St Théodore le Stoudite, dans Migne, Patr. Gr., XCIX, c. 141.

[61] Autre ambassade en 798 (d'après les Annales franques, Dölger, Regesten, no. 353 ; cf. no. 357, pour celle de 802). Sur le prétendu portrait d'Irène, Hans Graeven, dans les Jahrbücher der kôn. preussischer Kunstsammlungen », 1898 (ce serait de fait Amalasunthe). M. Buckler, Hanmu'l Rashid and Charles the Great, Cambridge Mass. 1931, p. 20, défend encore la possibilité du mariage de Charlemagne lui-même avec Irène, sur lequel voy plus bas.

[62] Voyez notre Orient et Occident au moyen-âge.

[63] Pour tous ces événements Théophane. Le contre-empereur Arsabir, ibid.

[64] Théophane.

[65] Voyez Dölger, Regesten.

[66] Théophane.

[67] Ibid. Cf. Pargoire, op. cit.

[68] Théophane.

[69] Ibid. Gelzer remarque que désormais la fonction de président de l'Église, que s'attribuait encore Léon III, signifiant au Pape qu'il est prêtre en même temps qu'empereur, cesse (Kultur).

[70] Théophane. Cf. Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1268.

[71] On doit à Irène et à Constantin l'église de St Anastase ; Patria, loc. cit., c. 552. A elle seule Ste Euphrosyne, ibid., c. 376 ; St Eustathe, ibid., 196. Le palais d'Éleuthère, ibid., c. 601. Les fondation de charité de l'impératrice, ibid., c. 581. Une statue du Christ en mosaïque, ibid., c. 552. Sa statue à elle, ibid., c. 608. Au monastère des Vergers, sont enterrés Constantin, sa première femme, Marie, nièce du grand donateur Philarète (sur le divorce de l'empereur, pour épouser Théodata, Vie de St Taraise, Migne, Patr. Gr., XCVIII, c. 1406 et suiv. ; ibid,, c. 829 ; XCIX, c. 136), dit Eléémon, et leurs filles, Irène et Euphrosyne, qui épousa Michel le Bègue, « Patria », loc. cit., c. 740. Cf. Migne, Patr. Gr., CXXIi, c. 126. Le typique d'Irène pour les couvents, ibid., CXXVII. Le couvent Pikridion, bâti sous le règne d'Irène, ibid., CXXII, c. 1276. L'éloge d'Irène par Photius, ibid., CII, c. 71-72.

[72] Théophane. On lui attribue l'impôt dit cartiatika d'après Georges le Moine. Sur l'allhlleguon, imposé contre les Bulgares, ibid. Cf. Diehl, From Nicephorus to the fall of the Phrygian dynasty, dans la Cambridge Mediaeval History, III.

[73] Théophane.

[74] Sources arabes dans Dölger, Regesten.

[75] Voyez aussi Finlay, History of the Byzantine Empire, éd. de l'Everymans Library, Londres. Un autre révolte, en 803, celle de Bendanès, Théophane, et Génésios. Voyez plus loin. Sur les derniers iconoclastes, aussi Baynes, History.

[76] D'après le Liber Pontijicalis, notre Orient et Occident au moyen-âge.

[77] Liber Pontijicalis.

[78] « Cum regno in capite se prostravit, pedes osculans pontificis » ; Vie de Constantin, ibid. Cf. plus haut.

[79] « Ut sibi eligerent imperatorem et Constantinopolim ducerent » ; Liber Pontificalis. Cf. Paul le Diacre : « imperatorem super se constituere ».

[80] Liber Pontificalis. Voyez plus haut, et aussi F. Gabotto, Eujetnio e il movimento separatista nell'halia bizantina, Turin 1890.

[81] Voy. Gasquet, l'Empire byzantin et la monarchie franque, Paris 1888.

[82] « Cum patriciis et omnibus inclytis." Ceci est relevé aussi par Mystakidis, Byzantiniscb-deutsche Beziebungen zur Zeit der Ottonen, Stuttgart 1891.

[83] Liber Pontificalis. Il n'y a aucun motif de mettre en doute la réalité de cet acte si important. Voyez cependant Bury, History, 1923, II.

[84] Pitra, Juris Ecclesiae Graecorum historia et monumenta, II, pp. XI-XVII.

[85] Il s'agit du fragment publié par Fantuzzi, dans les Monumenta Ravenn., IV, p. 264 (passé dans Troya et Mansi). Cf. Henri Hubert, Étude sur la for mation des États de l'Église, dans la Revue historique, LXIX (1899), pp, 240, 241-272. En 757 le Pape Paul pouvait entretenir des relations avec le Siège d'Alexandrie ; d'après le Continuateur de Frédégaire, Héfélé, Conciliengeschichte, et Buckler, loc. cit.

[86] Dölger, Regesten, n° 318. Des ambassades dans ce but se succèdent en France jusqu'en 764 ; ibid., nos 320, 322, 325, 326.

[87] On n'a pas observé que, pour la Sicile, Léon III (717-741) avait créé, après la révolte de Tibère dans l'île, un patrice, avec des attributions de gouverneur (Théophane). Sur « Véser », fait patrice par Léon, Acta Sanctorum, août, II.

[88] « Ad tuendas has Italiae partes modis omnibus » ; Liber Pontificalis.

[89] Notre ouvrage cité.

[90] Gelzer, Kultur, parle d'une Hotte que Léon aurait envoyée pour reprendre l'Italie et qui aurait fait naufrage.

[91] Sous Irène, quand les Arméniaques refusent (Théophane, p. 721) ; sous son fils Constantin (ibid.)

[92] Kleinclausz, L'Empire carolingien, et le livre récent de M. Halphen, cité plus bas.

[93] « Carolo, piissimo Augusto, a Deo coronato, magno, pacifico Imperatori, vita et Victoria ».

[94] Cf. aussi Sickel, Die Kaiserwahl Karls des Grossen, clans les Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, XX (1899) ; cf. le même, dans l'Historische Zeitschrift, N. F., XLVI : L. Himmelreicb, Die Kaiserkrönung Karl des Grossen im J. 800, thèse, Ker krade 1920 ; Wilhelm Ohr, La leggendaria elezione di Carlo Magno imperatore, Rome 1903 ; Die Kaiserkrônung Karls des Grossen, Tubingue Leipzig 1904.

[95] Hugues de Flavigny, dans les Mon. Germ. Hist., SS., VIII, écrit : « Extunc (800) ablata est Roma a subjectione Imperii Graecorum » ; cité par Mystakidis, Byz.-deutsche Beziehungen.

[96] Voyez aussi M. Armbrust, Die territoriale Politik der Päpste von 500 bis 800.

[97] Éd. Muratori, c. 457-458.

[98] Voy. M. Strauss, Beziehungen Karls des Grossen man byzantinischen Reich, Breslau 1877 ; Otto Harnack, Die Beziehungen des fränkisch-italischen zu dem byzantinischen Reiche unter der Regierung Karls des Grossen und der späteren Kaiser karolingischen Stammes, Göttingen 1880; A Ostermann, Karl der Grosse und das byzantinische Reich, “Programm”, Luckau 1895; G. Tiede, Quellenmässige Darstellung der Beziehungen Karls des Grossen zu Ost-Rom, thèse, Rostock 1894 ; Halphen, Études sur l'histoire de Charlemagne, Paris 1921.

[99] Théophane, p. 455; Léon le Grammarien, p. 193 ; Cédréne, II, p. 27 ; Annales franques indiquées dans Dölger, Regesten, nos. 339, 345. Cf. notre Orient et Occident au moyen-âge, p. 100.

[100] Voy. De la Roncière, Charlemagne et la civilisation maritime au IXe siècle, dans le Moyen-Age, juillet-août 1896, pp. 201-223.

[101] Voy. nos Commencements de Venise (extrait de la Revue historique du Sud-Est européen).

[102] Voy. notre ouvrage cité, pp. 102-109 ; d'après Théophane, p. 737; Cédréne, p. 28 ; les Annales de Lorsch ; celles d'Éginhard. Cf. Gasquet, ouvr. cité; Harnack, Das karolingische und das byzantinische Reich, Göttingen 1880 ; Iorga, Papi si Imparati, Bucarest 1920 ; P. Schramm, Kaiser, Rom und Renovatio, Leipzig-Berlin, 1929, 2 vol. — Sur la prétendue intention de mariage avec Irène, voy. notre Orient et Occident. Sur le titre, masculin, d'Irène, πιστός βασιλεύς, Zacharià von Lingenthal, Jus graeco-romanum, II, p. 55.

[103] Annales Einhardi, p. 571 ; Poeta Saxo, p. 317. Autres renseignements dans Dölger, Regesten, no. 353. Sur les ambassades de 803 et 810, Gfrörer, Byzantinische Geschichten. Bibliographie dans Dölger, ouvr. cité, nos. 361, 371.

[104] Voy. Novak, Evangeliarium Spalatense, Spalato (Split) 1923.

[105] Voy. Biagio Pace, l barbari e i Bizantini in Skilia, Palerme 1911 ; L. Correra, La storia del grecismo in Terra d'Otranto, I, 1910. Sur un mss. on trouve plus tard ie prince Guaimar de Salerne comme protospathaire ; Tsérétéli et Sobolewski, Exempla codicum graecorum, II.

[106] Dölger, Regesten, n° 301. Cf. Ostrogorsky, dans la Byz. Zeitschrift, XXX, p. 398, note 1.

[107] Nos études citées (avec la bibliographie). Cf. Armingaud, Venise et le Bas Empire, dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, 1867 ; Hodgson, The early history of Venice from the fondation to the con-quest of Constantinople A. D. 1204, Londres 1901.—Sur les Grecs en Sardaigne, Wagner, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, I.

[108] D'après Jaffé, et Hartmann, Geschichte Italiens im Mittelalter, II.

[109] P. Orsi, Nuove chiese bizamine nel territorio di Siracusa, dans la Byz. Zeitschrift, VIII ; K. Lake, The Greek monasteries in South-Italy, dans le Journal of theological studies, IV (1903), pp. 345-368. Sur des objets du culte de la même façon, Byz. Zeitschrift, XIII.

[110] Battifol, L'abbaye de Rossano, 1891.

[111] Arthur Haselofi, Codex purpureus rossanensis, Berlin-Leipzig 1898 ; Réadine, dans le Viz. Vréménik, Vil, pp. 454-460. Cf. Minasi, Il monastero hasiliano di S. Pancrazio, Naples 1893. Voyez, pour l'ensemble de l'art, Diehl, L'art byzantin dans l'Italie méridionale, Paris 1894 ; Bertaux, L'art dans l'Italie méridionale de la fin de l'Empire romain à la conquête de Char les d'Anjou, Paris 1904 ; Colasanti, L'arte bizantina in Italia, Milan 1912 ; L. Eylos, L'arte in Puglia durante la dominazione bizantina e normanna, Trani, 1898. Cf. Marcel Laurent, Art. rhénan, art mosan et art byzantin : Bible de Stavelot, dans le Byzantion, VI. Sur les fresques de chapelle de la Madonne des Douleurs à Venise, Viz. Vréménik, XII.

[112] Don Sofronio Gassisi, lnnografi italo-greci, jase. I, Poésie di S. Nilo iuniore e di Paolo monaco, ahbati di Grottaferrata, Rome 1906 (dans l'Oriens christianus, V).

[113] Sur Théophane de Sicile, Papadopoulos-Kérameus ; Théarvic, dans les Échos d’Orient, VII. Sur la Vie grecque de S. Januarius, voyez Bibliotheca Cassinensis, II.

[114] Mercati, Note critiche al contrasta frà Tarante e Otranto di Ruggero da Otranto, Rome 1921 (extrait de la Rivista degli studi orientali, IX). Voyez Heisenberg, dans la Byz. Zeitschrift, X. Aussi les vers de Théodote de Callipolis (Gallipoli) ; Kurtz, dans le Viz. Vréménik, XIV. Cf. sur le spathaire grec de Reggio, Cozza-Luzzi, dans la Rivista di storia calabrese, X.

[115] Voyez Capasso, Hist. diplomatica regni Siciliae ; Trinchera, Syllabus graecarum membranarum, Naples 1865 ; De Blasiis, Le pergamene bizantinc degli Archivii di Napoli e di Palermo, dans l'Archivio storico italiano, 1866 ; Salv. Cusa, I diplomi greci e arabi di Sicilia, I, Palerme 1868 ; Karl Andréas Kehr, Die Urkunden der normannisch sizilischen Könige, Innsbruck, 1902. Cf. Palmieri, dans le Viz. Vréménik, X. « Jusqu'à la fin du XlVe siècle on lui préfère (au latin) le grec ».

[116] Sous Basile Ier le duché de Naples était un vrai « foyer d'hellénisme » ; Byz. Zeitschrift, XIV.

[117] Migne, Patr. Gr., CXX. — D'après Minasi, Rodotà et autres, Palmieri, dans le Viz. Vréménik, X. Cf. Antonio Rocchi, Vita di S. Nilo abbate, fondatore délia badia di Grot-taferrata, scritta da San Bariolomeo, suo discepolo, volgarizzata, Rome 1904 ; G. Minasi, Vita di S. Nilo abbate, volgarizzata da d. Antonio Rocchi, Basiliano, Naples 1904 ; Sofronio Gassisi, I manoscritti autografi di S. Nilo iuniore, Rome, s. a. ; P. H. Vaccari, La Grecia neWltalia méridionale, dans l'Oriens christianus, III, 13 (1925).

[118] Voyez la fin de notre premier volume.

[119] Cf. cependant la lettre de Léon Choirosphaktès adressée à Léon IV, éd. Sakkélion, dans le Deltion de la Société d'Athènes, I (1883).

[120] Vie de Théodore Graptos, dans Migne, Patr. Gr., CXVI ; Rampolla del Tindaro, Santa Melania Giuniore, Rome i 905 ; Vie de St Philarète le Miséricordieux (grand-père de la première femme de Constantin VI), dans Delehaye, La Vie de Sainte Thcoctiste de Lesbos, Byzantion, I ; Vie de St Alexis, Pereira, dans les Annales Bollandiani, XIX (1900. En général, Diehl, dans la Revue de Synthèse, 1901 ; Loparev, dans le Viz. Vréménik, IV (cf. Kurtz, dans le Viz. Vréménik, VII) ; le même, dans la Revue byzantine, II ; Bréhier, extrait du Byzantion ; Hans Mertel, Die biographische Form der griechischen Heiligenleben, thèse de Munich, 1909 ; K. Holl, Die schriftstellerische Form der griechischen Heiligenleben, dans les Neue Jahrbücher für das klassische Altertum, XXIX (1912 ; W. von den Steinen, Heilige als Hagiographeti, dans la Historische Zeitschrift, CXLIII (1930. Pour les « catènes », M. Faulhaber, dans la Byz. Zeitschrift, XVIII.

[121] Gelzer, Leontios' von Néapolis Leben des heiligen Johannes des Barmherzigen, Erzbischojs von Alexandrien, Fribourg i Br.-Leipzig 1893. Cf. Pargoire, L'Église byzantine.

[122] Voyez Delehaye, Les Saints Stylites ; cf. du même, Le martyre de St Nicolas le Jeune, dans les Mélanges Schlumberger, p. 205 et suiv. ; Vie de Ste Marie la Nouvelle, Dvornik, dans les Byzantinoslavica, I.

[123] Cf. aussi Gelzer, op. cit. plus haut. Aussi A. P. Roudacov, Lignes générales de la civilisation byzantine d'après les données de l'hagiographie grecque (en russe), Moscou 1917.

[124] A. Hergès, dans les Échos d’Orient, II.

[125] Pargoire, dans les Échos d'Orient, II.

[126] Prager, Anonymi byzantini, Munich 1898

[127] Voyez nos Cărti représentative, déjà citées.

[128] Cf. Eduard Rein, Kaiser Léo III. und die ökumenische Akademie zu Konstantinopel, dans les Mémoires de l'Académie de Helsingfors, XI, 1919 ; Andréadès, dans les Mélanges Cornil, Paris 1926 ; Bréhier, Notes sur l'enseignement supérieur à Constantinople, dans le Byzantion, III.

[129] Sa biographie dans Krumbacher, Byz. Litt.

[130] Mïgne, Patr. Gr » XCIX (sa Vie par le Stoudite Michel, et une autre) ; CXXII, c. 1273 ; LXXXVII, c. 94. 173 ; E. von Dobschütx, Theodor von Studion ; Marin, De Studio, cœnobio constan-tinopolitano, Paris 1897 ; Hausherr, St Théodore Stadite, dans l’Oriens christianus, VI1. 1926 ; G. A. Schneider, Der heilige Theodor von Studion, Munster i. W., 1900 (cf. Pargoire, dans le Viz. Vréménik, X) ; Alice Gardner, Théodore of Studium ; Diekamp, dans la Röm. Quartalschrift, XVII (1903) ; Latychev, dans le Viz. Vréménik. XXI ; Jugie, La doctrine morale de St Théodore Studite, dans les Echos d’Orient, 1926 ; Grumel. L'iconologie de St Théodore Studite, ibid., 19.9 ; Cari Thomas, Theodor von Studion und sein Zeitalter, Osnabrück 1392 ; van de Voorst, dans les Anal. Boll., XXXII ; XXXII. Sur l'éloge de St Arsène par Théodore, Theodor Nissen, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, I. p. 241 et suiv. Sur son frère Joseph de Thessalonique, Pargoire, dans les Echos d’Orient, IX ; X. Il y a deux biographies de lui, les deux en russe, par Grossou (Kiev 1907) et Dobroklonski (I, Odessa 1913). Voy. Tougard, La persécution iconoclaste d'après la correspondance de St Théodore Studite. Paris 1891 (déjà cité).

[131] Voyez Papadopoulos-Kérameus, Pétersbourg 1904. Cf. E. Auvray, S. pains nostri et conjessoris Theodori Studitis praepositi parva catechesis, Paris 1891. Cf. Waldemar Nissen, Die Regelung des Klosterwesens im Rbomàer-reiche bis zum Ende des 9. Jahrh., Programm, Hambourg 1836.

[132] Voyez Gelzer, Kultur.

[133] Épitres, éd. Migne, Patr. Gr., XCIX

[134] Voyez F. Holl, Die Schriften des Epiphanius gegen die Bilderverchrung, dans les Mémoires de l'Académie de Berlin, 1916.

[135] Voyez, en dehors de la bibliographie donnée par Krumbacher, Byz. Litt. Loois, Studien ïber die dem Johannes von Damaskus zugeschriebene Parallelen, Halle 1892 ; Lammens, Jean Damascène (en arabe), dans la revue Mashriq de Beyrouth, 1931 ; Byz. Zeitschrift, II ; Diekamp, Die ungedruckte Abhandlung des heiligen Johannes von Damascus gegen die Nestorianer [sur lesquels aussi L. Fendt, Die Christologie des Nestorius, Kempten 1910 ; Nau, Nestorius d'après les sources orientales, Paris 1911 ; Fr. S. Müller, Fuitne Nestorius revera Nestorianus ?, dans le Gregorianum, II (1921) ; Christian Pesch, Nestorius als Irrlehrer, Paderborn 1921 ; Jugie L'épiscopat de Nestorius, dans les Échos d’Orient, XIV, dans la Theologische Quartalschrift, LXXXIII (1901) ; C. J. Dyovounitis, Athènes 1903. Miss Allies a traduit en anglais son Traité sur les images. Cf. aussi Échos d’Orient, 1924 ; Diekamp, Johannes von Damaskus, Über die im Glauben Entschlafenen, dans la Römische Quartalschrift, 1903 ; Nauck, dans les Mélanges gréco-romains de Pétersbourg, VI (1894) (ses canons iambiques). Sur la version grecque, qu'on lui a attribuée, de « Barlaam et Joasaph » (éd. Boissonade, Paris 1832), E. Kuhn et J. Jacobs, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1894 ; Ivan Franko, Barlaam et Joasaph (en ruthène), Lvov 1897 ; S. J. Warren, De grieksch christelijke Roman Barlaam en Joasaf, Rotterdam 1899 ; Joseph lacob, Barlaam and Joa saph, Londres 1896 ; Conybeare, dans le Folklore, 1896 ; Paul Peeters, Le première traduction latine de Barlaam et Joasaph et son original grec, dans les Analecta Bollandiana, XLIX ; Byz. Zeitschrift, XI ; R. Jullian, Un monument scidpté de la légende de Barlaam et de Joasaph, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'Ecole de Rome, XLVIII (1931) ; J. D. Stefànescu, dans le Byzantion VII'.

[136] Voyez Échos d’Orient, IX. Cf. Théophane.

[137] Migne, Patr. Gr., XCVI. Cf. aussi ibid., XCIV, XCV, c. 364 et suiv.

[138] Ibid., c. 1297 et suiv.

[139] Même volume de Migne.

[140] Voyez Pargoire, dans le Viz. Vréménik, IX (1902).

[141] Éd. nouvelle de la Xpovofpacpia, deBoor, Leipzig 1883-5. Cf. Krumba-cher, Bine neue Vita des Theophanes confessor, Munich 1897 ; le même, Ein Dithyrambus auj den Chronisten Theophanes, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1897 ; Heisenberg, dans la Berliner Philologische Wochenschrift, 1897, c. 1510 et suiv. ; Pargoire, St Théophane le confesseur et ses rapports avec St Théodore Studite, dans le Viz. Vréménik, IX ; Bury, dans la Byz. Zeitschrift, XIV ; Hodgkin. The chronology of Theophanes in the cightb century, dans l'English Historical Review, XIII (1898 ; Brooks, The chronology of Theophanes, 607-775, ibid,, VIII. Cf. Ostrogorsky, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, 1931 ; le Sbornik de l'Académie de Kiev, 1927 (sources pour le règne d'Anastase). Cf. aussi Hubert, dans la Byz. Zeitschrift, VII. Pour son continuateur, Brooks, ibid,, X ; Chestacov, dans les Comptes rendus du second Congrès d'études byzantines à Belgrade.

[142] Pargoire, Saint Théophane le chronographe et ses rapports arec saint Théodore Studite, dans le Viz. Vrémenik, IX, p. 33 et suiv. Cf. Ch. van de Vorst, En quelle année mourut S. Théophane, dans les Analecta Bollandiana, XXXI (1912 ; Un panégyrique de S. Théophane le chronographe par S. Théodore Studite, ibid. Pour le texte même, Koulakovski, dans le Viz. Vréménik, XXI 2. Voyez aussi, pour le contenu, nos Médaillons déjà cités.

[143] Voyez aussi Krumbacher, Byz. Litt.

[144] Sur la date, la mention qu'on paye encore le tribut khazare.

[145] Voy, Pétridès, dans la Revue de l'Orient chrétien, VII (1902). Cf. aussi P. Popovitch, dans la Byz. Zeitschrift, XVI ; Tillyard, dans la Byz. Zeitschrift, XX ; L. Petit, dans la Byz. Zeitschrift, VII ; Mélanges Hatzidakis ; Krumbacher, Kasia, dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1897 ; J. Psichari, Cassia et la pomme d'or, dans l'Annuaire de l'École des Hautes Etudes, 1910-1911, Paris RHO ; Lambros, dans le Deltion de la Société d'Athènes, IV ; Maas et Papadopoulos Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, IX.

[146] Cf. aussi Arthur Ludwich, Animadversiones ad Cassiae sententiarum excerpta, Königsberg 1898. Cf. C. W[eyman], dans la Byz. Zeitschrift, VII.

[147] Ainsi que le supposait Gelzer. Voy. par exemple, Pergamon : « Léon III. der Isaurier als Reichsretter und Organisator ».

[148] Voy. Arthur R. Boack et James E. Dunlop, Two studies in later Koman administration, New-York 1924 ; Bury, The impérial administrative systhem in the ninth century, Londres 1911.

[149] Voyez Gaignerot, Des bénéfices militaires dans l'Empire romain et spécialement en Orient (Xe siècle), Bordeaux 1898 ; Ouspenski, Évolution so ciale et féodalisme (en russe), 1922 ; Bézobrazov, dans le Viz. Vréménik, VII.

[150] Lot, L'impôt financier et la capitation personnelle ; Fritz Léo, Die capitatio plebeia und die capitalio humana im rômisch-byzantinischen Steuer-recht, Berlin 1900 ; H. Monnier, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 1892 5 ; Dölger, Beiträge zur Geschichte des byzantinischen Finanzwesens ; Ostrogorsky, dans la Deutsche Litteraturzeitung, 1927, c. 2019 et suiv. Cf. l'ouvrage cité de Lujo Brentano, et Ostrogorsky, Die wirtschaftlichen und sozialen Entwickelungs-grundlagen des byzantinischen Reiches, dans la Vierteljahrschrift für Sozial-und Wirtschaftsgeschichte, XXII (1929).

[151] Cf. Ferrini, dans la Byz. Zeitschrift, VII (et dans les Opere ai Contardo Ferrini) ; Ginis, dans la même revue, XXIV ; Freshfield, A manual of Roman law : tbe Ecloga, Cambridge 1926 ; A manual of later Roman law, 1927 ; A manual of Eastern roman law, 1928 ; The Farmer Law, dans le Journal of hellenic Studies, XXX, XXXII ; A revised manual of Roman law : Ecloga privata aucta, Cambridge 1927 ; Spulber, L'eclogue des Isauriens, texte, traduction, histoire, Cernàuti 1929 ; Ashburner, The Rhodian Sea Law, Oxford 1909. Sur la bibliographie russe, Vasiliev, op. cit., I. Aussi Schenk, Kaiser Leons III. Walten vm Innern (déjà cité). Cf. Stein, dans la Byz. Zeitschrift, XXIX ; N. A. Constantinescu, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XI (1924). Sur la loi rhodienne aussi Byz. Zeitschrift, VIII.

[152] Bon résumé dans Baynes, History.

[153] Voyez Contadi Ferrini, Byz. Zeitschrift, VII ; Ostrogorsky, ibid,, XXX (simples prescriptions de « police agraire ») ; Vernadsky, dans le Byzantion, II. Cf. Gelzer, Die Agrarpolitik der oströmischen Kaiser, dans la revue Deutsche Volksstimmen, 20 novembre 1905 ; Turchi, L'economia agricoia dell' Impero bizantino, dans la Rivista storico-critica delle scienze teologiche, II (1906),—En général sur la législation des iconoclastes, Vasilievski, dans le Journal du Ministère de l'Instruction publique russe, 1878.

[154] Cf. Zachariä de Lingenthal, dans la Byz. Zeitschrift, II ; III ; Mittard, ibid., XII ; Vâri, ibid., XV ; Viz. Vréménik, V. Cf. Vâri, dans les Mémoires de l'Académie de Budapest, 1898, et Pécz, dans la Byz. Zeitschrift, VIII. Sur deux autres ouvrages, publiés par Meursius, dans son édition du De Administrando Imperio, Leyde 1617, et dans ses Opera, éd. Lami, VI, Florence 1745, voy. Krumbacher, Byz. Litt. Voyez aussi Graux-Martin, Traité de Technique ; Vâri, lncerti scriptoris byzantini saec. X liber de re militari, Leipzig 1901 ; Gyulai Gyula, Böles Léo Taktikâja mint magy. történelmï kütforras, Budapest 1902 ; Eug. Darko, Böles Leo Taktikajânak hitelessége magyar történeti szempontbol, Budapest 1911.

[155] Sur le traité de 804, rompu en 806, Théophane.

[156] Ibid.

[157] Ibid. Des Syriens réfugiés en Chypre, ibid. Cf. Brooks, Byzantines and Arabs in the lime of the early Abassids. dans l'English historical Review, 1900 (déjà cité).

[158] Théophane.

[159] Ibid. On voit les Bulgares prendre aux gages les nations voisines ; Acta Sanctorum, novembre, 112.

[160] Voyez N. Blagoév, dans l'Annuaire de l'Université de Sofia, XIX, 1924.

[161] Théophane.

[162] Sur un refus de serment sous Irène, ibid.

[163] Ibid. Les thèmes d'Asie désiraient la paix avec les barbares.

[164] Ibid.

[165] Ibid. Cf. Cédrénus, II et Acta Sanctorum, novembre, II'2. Voyez le Byzantion, VII. Sur Nicéphore, en général, et quelques-uns de ses successeurs, Théodore le Stoudite, dans Migne, Patr. Gr., XCIX, c. 164, 172 ; Vie de St Joannice, ibid., CXVI, c. 53.—Sur les machines des Bulgares, ibid., c. 41.—La prédiction de la more de Nicéphore par le patriarche homonyme, Vie de St Nicolas le Stoudite, ibid., CV, c. 892. Voyez les détails dans Runciman, First Bulgarian Empire (qui admet la fable de la Bulgarie panonienne, plus tard réunie à l'autre). Cf. notre Revue historique du Sud-Est européen, 1933.

[166] Sur son avènement aussi Migne, Patr. Gr., XCIX.

[167] Théophane.

[168] Ibid.

[169] Ibid. Il n'y a pas d'autre source.

[170] Sur la conquête bulgare après Nicéphore, Runciman, op. cit. (surtout d'après Théophane et sa continuation ; cf. aussi Combefis, dans Migne, Patr. Gr., CV, p. 873, note 11). Procopia, fille de Nicéphore, femme de Michel, fonde le monastère du même nom ; Patria, loc. cit., c. 196 ; Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1272. Michel fut rélégué dans l'île de Proté. —Théophane ; Migne, loc. cit. ; Acta Sanctorum, novembre, II.

[171] Acta Sanctorum, novembre II2.

[172] Théophane.

[173] Serruys, Les actes du concile iconoclaste de l'an 815, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire, XXIII (1903 ; Ostrogorsky, Studien cités. Cf. aussi Pargoire, L'Église byzantine.

[174] Théophane continué. Sur la paix de trois ans qu'il leur imposa, ibid. Cf. l'anonyme à la fin de Léon le grammairien, éd. de Bonn ; Bury, The Bulgarian treaty of A. D. 814 and the great jence oj Thrace, dans l'English Historical Review, XXV (1910) ; le passage de la Vie de St Nicéphore, p. 144, que nous avons analysé dans les Mélanges Albertoni, « Studi in memoria di Aldo Albertoni », Pavie 1932. Cf. Runciman, op. cit. (sur la revanche bulgare).

[175] Sur la paix de 815, après la mort de Kroum (13 avril 814), [voyez notre contribution citée aux Mélanges Albertoni], Théophane cont. Sur des prisonniers chez les Bulgares et la mission d'un saint pour les consoler, Acta Sanctorum, loc. cit.

[176] Mais déjà le Sénat avait refusé, en 813, la paix avec les Bulgares à cause de la condition qui regardait les transfuges ; qu'on n'avait jamais rendus jusque-là ; Théophane cont. Ci. Acta Sanctorum, loc. cit. Le Sénat se mêle aussi des mariages impériaux ; ibid. Voyez Bury, The Bulgarian treaty of 814, déjà cité.

[177] Ibid.

[178] Théophane cont.

[179] Ibid.

[180] Ibid. Ses fils furent émasculés. Cf. Acta Sanctorum, loc. cit. ; Vie de Nicéphore. — Voyez aussi sur Léon et sa fin, la Vie de St Joannice, dans Migne, Patr. Gr., c. 64.—Sur ses débuts, aussi la Vie de St Nicolas le Stoudite, ibid., CV, c. 827 ; Vie de St Théodore Graptos, ibid., CXVI, c. 661. Aussi la Vie de St Taraise, ibid., CXCVIII, c. 1422. — Il persécuta, d'après le témoignage de Photius, les Manichéens, qui s'enfuirent auprès de l'émir de Mélitène, ibid., CII, c. 77, 79.

[181] Georgius Monachus, éd. de Boor ; Mansi, XIV ; bibliographie dans Dölger, Regesten, n° 408.

[182] Il avait été condamné à être brûlé dans un four.

[183] Théophane.

[184] Sur la ville, P. Karolidis, Athènes 1908.

[185] Mais il condamne à mort les Manichéens ; Théophane.

[186] Théophane cont. Il chasse l'évêque de Sardes, qui fut tué, et accorde des exemptions d'impôts aux Juifs ; ibid., p. 48. Sur la persécution contre le patriarche St Méthode le Sicilien (843-847), Pargoire, dans les « Echos d’Orient », VI.

[187] Théophane continué.

[188] Sur la dynastie, Mélioranski, dans le Viz. Vréménik, VIII (1901).

[189] Vie de St Nicolas le Stoudite, Migne, Patr. Gr., CV, c. 865 ; Brooks, The Arab occupation oj Crète, dans la English Historical Review, XXVIII. Voyez le même, Byzantines and Arabs in the time oj the early Abbassides (déjà cité). Voyez aussi la chronique syrienne (846), présentée par Brooks, dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, LI (1897) ; Bury, Mutasim's match through Cappadocia in A. D. 838, dans le Journal of hellenic studies, XXIX. Une tentative de découvrir des tendances communistes en Perse, 830, par K. P. Iuze, dans les Izvestia de l'Université de Bakou.

[190] Théophane continué.

[191] Ibid.

[192] Ibid. Voyez aussi plus haut. L'empereur demanda le secours de la flotte vénitienne ; sources dans Dölger, Regesten, n° 412. En général Amari, Storia dei musulmani di Sicilia, I, seconde édition.

[193] Théophane cont. ; Nicolas le Mystique, dans Migne, Patr. Gr., CXI, c. 227 ; ibid., CV, c. 945 ; Photius, ibid., CII, c. 777 et suiv.

[194] Sur un évêché de Soldaïa, Migne, Pair. Gr., CXLI, c. 290 et suiv. Sur les conditions en Gothie aussi, Vie de St Théodore le Stoudite, ibid., XCIX, c. 137.

[195] Sa femme Thecla, Migne, Patr. Gr., CLVII, c. 736. Sur lui aussi ibid., CXXII, c. 1265 ; Vie de St Théodore Graptos, ibid., CXVI, c. 665 ; Vie de St Nicolas le Stoudite, ibid., CV, c.. 889.

[196] Théophile cont.

[197] Voyez aussi Vie de St Théodore le Stoudite, Migne, Patr. Gr., XCIX, c. 221.

[198] Voyez aussi ibid., c. 222. Des renseignements sur Thomas dans Génésius et dans la continuation de Théophane. Cf. Dölger, Regesten, n° 408. Une vingtaine de pages dans Bury, History of the Eastern Empire. Cf. aussi le même dans la Byz. Zeitschrift, I.

[199] Sur l'inscription grecque d'un « joupan tarkhan », officier du « khan », les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, VI (1 !.'00. C'est encore en grec qu'est rédigée l'inscription sur le cavalier de Madaura : elle aurait mentionné le conflit avec Nicéphore, les relations avec l'empereur au nez coupé, l'existence de tel kavkhan, un partage de monnaie sous Kroum. mais on peut facilement prouver l'inanité ab solue de ces conjectures osées. Voyez Géza Fehér, Die ïnschrift des Reiter-reliefs von Madara, Sofia 1928, et V. Beêevliev, dans les Byz.-neugr.-Jahrbücher, 1932 ; « Byzantino-slavica », III. Leur pirateries sur le Danube, Vie de St Blaise, Acta Sanctorum, 4 novembre (cf. Dvornik, dans les Byzantinoslavica, I).

[200] Théophane cont.

[201] Sur les derniers rapports de celui-ci avec Byzance, A. Vasiliev, dans le Viz. Vrémennik, XX. Le temple d'Aix-la-Chapelle reproduit St Vital de Ravenne. St Barthélemy de Paderborn fut bâtie par des artistes grecs ; Salomon, dans le Sachwörterbuch des Deutschtums (par Hoptacker et Peters, 1930), art. « Byzanz ». Sur la sépulture de Charles et ce qu'elle avait de byzantin, Schrörs, Bestattung Karls des Grossen, dans les Annalen des historischen Vereins für den Niederrhein, LXXX1X (1910). A la fin de son règne Théophile offrira le mariage de sa fille avec Lothaire ; Dandolo, dans Muratori, XII, c. 176.

[202] Mansi, XIV (la bibliographie dans Dölger, Regesten, au n° 408). Sur un secours demandé un peu plus tard aux Francs, voyez plus loin.

[203] Sur l'ambassade de Jean le Grammairien envoyé aux Arabes, Bury, The embassy of John the Grammairian, dans l'English Historical Review, XXIV (l909).

[204] Théophane cont. Sur son mariage romantique, Brooks, dans la Byz. Zeitschrift, X.

[205] Il accuse St Nicolas le Stoudite de s'opposer « au Sceptre » ; Vie, dans Migne, Patr. Gr., CV, c. 892. Voyez le jugement de l'auteur de la Vie de St Joannice ; ibid., CXVI, c. 81, 85. Cf. Vie de St Théodore Graptos, ibid., c. 668. — Mais sa femme Théodora bâtit l'église de Ste Anne et le monastère Armamentarion ; Patria, loc. cit., c. 565 ; Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1276. Son tombeau et celui de ses filles : Thécla, Anastasie, Pulchérie, Anne, dans Migne, Patr. Gr., CLVII, c. 740. Un officier slave, Damien, est le fondateur de l'église portant son nom ; ibid,, CXXII, c. 77. Inscription à demi latine de sa monnaie : « qeofile Avgoust, tu nikas ». Sur ses vers, Migne, Patr. Gr., CXXII, c. 1269.

[206] Théophane cont. Cf. Dvornik, Les légendes de Constantin et de Méthode vues de Byzance, dans les Byzantinoslavica Supplementa, I, Prague 1933.

[207] Il était accompagné de l'Arménien Manuel, qui trahit, passant aux Sarrasins ; Théophile cont.

[208] Ibid.

[209] Ibid.

[210] Ibid. En Asie il eut affaire aussi avec les Pauliciens, qui se réunirent comme pillards aux Arabes de Mélitène ; ibid. Cf. Dvornik, Les légendes.

[211] Il demande le tribut en « langue romaine » ; Eutychius, dans Migne, Patr. Gr., CXI, c. 1134.

[212] Théophane cont. Cf. A. Vasiliev, Byzance el les Arabes soas l'empereur Théophile (829-42), dans le Viz. Vréménik, VI.

[213] Théophane cont.

[214] Ibid.

[215] Ibid.

[216] Pour la date, Vasiliev, Histoire de l'Empire byzantin, I.

[217] Voyez Schlumberger, Une monnaie byzantine inédite, extrait des Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, et Revue Numismatique, 1892.

[218] Il avait voulu laisser l'héritage à son gendre, avant la naissance tardive de ce fils ; Bury, History, 1923, I, p. 7, note 6.

[219] Cf. Vie de St Nicolas le Stoudite, dans Migne, Patr. Gr., CV, c. 901.

[220] Vie de St Ignace, Patr. Gr., CV. Cf. Papadoupolos-Kérameus, dans le Viz. Vrémennik, VI ; Vasiliewski, ibid. ; Gelzer, Kultur ; P. P. Sokolov, Élection du Patriarche à Byzancede la première moitié du IXe siècle à la moitié du XVe (en russe), Pétersbourg 1907. Sur les lettres fausses d'Ignace (voyez Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1903), Pargoire, dans les Échos d'Orient, VI.

[221] Théophane cont. Voyez plus loin.

[222] Ibid.

[223] Sur des persécutions antérieures, Runciman, op. cit., p. 79, note 2.

[224] Cf. L. K. Gœtz, Geschichte der Slaven-Aposiel Konstantin und Methodius, Gotha 1897 ; F. Grivec, Die beiligen Slavenapostel Kyrillus und Methodius, Olmütz-Mayence 1928 ; von Dobschütz, Methodios und die Studiten, dans la Byz. Zeitschrift, XVIII ; Viz. Vréménik, X ; Dvornik, Les légendes citées, passim.

[225] Théophylacte, dans Migne, Patr. Gr., CXXVI, c. 190 et suiv, ; Runciman, op. cit.

[226] Théophane cont., c. 163.

[227] Ibid. La chronique de Romuald de Salerne, dans Muratori, note aussi les rapports entre Michel et les Bulgares.

[228] Voyez Papadopoulos-Kérameus, Lettres de Photius ; Vailhé, dans les Échos d’Orient, XIV ; Zlatarski, dans la Slavia, II (1923), (inscription du baptême de Boris-Michel ; inscription grecque d'une église du même en Albanie) ; Échos d’Orient, IV. Sur la Cour bulgare, Jean de Damas, dans Migne, Patr. Gr., XCV, c. 372.

[229] Lettre de Photius à Mhcahl. Papadopoulos-Kérameus, op. cit., pp. 7-8, n° 13. Inscription de Varna.

[230] Cf. Dvornik, Les Slaves, Byzance et Rome au IXe siècle, Paris 1926.

[231] Voyez notre communication au Congrès de Varsovie, dans la Revue historique du Sud-Est européen, janvier-mars 1934.

[232] Théophane cont.

[233] Ibid. (à St Mamas, près de la Mer). Sur ses quatre couleurs, ibid. Cependant en province c'était, comme sur ses monnaies, le « grand empereur » ; des inscriptions mentionnent en Asie Mineure son règne et ses fondations (ainsi Nicée, en 858) ; Grégoire, Inscriptions citées, p. 24, n° 82 bis (une tour à Smyrne) ; Inscriptions historiques byzantines : Ancyre et les Arabes sous Michel l'Ivrogne, dans le Byzantion, IV ; le même, Michel III et Basile le Macédonien dans les inscriptions à Ancyre, Les sources historiques de Digénis Akritas, ibid. De pareilles inscriptions aussi dans le Syllogue de la Société de Constantinople, XVI, Suppl.

[234] Théophanc cont.

[235] Sur son origine, Bées, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, IV. ; Dobschütz, dans la Byz. Zeitschrift, XII ; Der Sahaghian, ibid., XX ; Vasiliev, dans le Viz. Vrémennik, XII (1906).

[236] Théophane, cont.

[237] Michel le craignait au moins ; ibid.

[238] Le Sénat et l'armée décidaient sur la nomination d'un César ; Théophane cont. Sur le sénatus-consulte : ibid.

[239] Plus tard on dira officiellement qu'il « avait quitté la vie par un dessein inscrutable » ; Grégoire, dans le Byzantion, VII — Sur ces événements, la Vie de St Nicolas le Stoudite, dans Migne, loc. cit. (détails sur le meurtre de Bardas) ; ibid., CXI, c. 1139 (meurtre dans l'église d'une des îles des Princes) ; ibid., CXXII, c. 1269 ; Patria, loc. cit., c. 585 (Toxaras, l'assassin). L'histoire est racontée aussi par Liutprand.