HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME I. — L'EMPIRE ŒCUMÉNIQUE (527-641)

 

CHAPITRE QUATRIÈME. — L'OFFENSIVE BYZANTINE.

 

 

I. — EN ORIENT

 

La politique des empereurs byzantins du IVe siècle avait été très timide. Ils ne firent qu'assister impuissants aux pillages des barbares d'outre-Danube, qu'ils cherchaient à gagner par des pensions et à détruire les uns par les autres, un jeu qui pouvait être quelquefois assez dangereux.[1]

La Serbie d'aujourd'hui fut la proie des Huns,[2] qui la transformèrent en un désert, tuant ou emportant avec eux les habitants.[3] Ces atroces pillards disparurent dans peu de temps, bien que par l'action d'autres facteurs historiques que les armées impériales. Mais l'Empire était trop faible pour pouvoir se substituer à ceux des barbares qui abandonnaient la partie.

Zénon se trouva à un moment donné absolument impuissant à l'égard des Ostrogoths, qu'avaient remplacés leurs frères, les Goths de l'Ouest, comme maîtres de la péninsule des Balkans ; Théodoric, leur roi, qui avait passé des années à combattre son rival homonyme, dit Triarius,[4] se préparait, dit-on, à assiéger Constantinople, dont il coupa l'aqueduc,[5] quand l'empereur arriva à lui persuader d'attaquer l'Italie, gouvernée par Odoacre, et de s'y établir avec ses barbares, comme vicaire d'Empire.[6] Craignant, dit-on, le sort d'un autre rebelle, il accepta.[7]

Même après cette nouvelle transmutation d'ennemis, l'Empire restait sérieusement menacé. La Capitale était à un si haut degré exposée aux entreprises ambitieuses du premier chef de bandes venu, qu'Anastase, le successeur de Zénon, un homme très pondéré, ainsi que le déclare Procope, fit barrer la Chersonèse, la tige péninsulaire qui porte, comme une large fleur, Constantinople, par « un long mur », semblable à celui des Impériaux de l'Extrême-Orient, les Chinois.

Pendant ce laps de temps, l'Orient asiatique apparaissait beaucoup plus heureux. A vrai dire il n'y avait pas de véritable ennemi de ce côté, bien que le grand basileus de Perse, se rappelant tout le passé de conquêtes, ne daignât reconnaître qu'un « César » dans l'empereur byzantin. Cet adorateur du soleil, qui méprisait les pratiques juives du christianisme, mais lisait Aristote[8] et Platon, était sans doute un puissant seigneur. Il possédait de grandes richesses accumulées, des traditions guerrières admirables, des soldats qui se contentaient de peu, des chefs d'armées très rusés.[9] Une grande énergie simple se reflète dans les coutumes guerrières de ce peuple de bergers, conduit par des chevaliers entreprenants ; au départ pour la guerre, les soldats jettent leurs javelots, qu'ils marquent, dans des vases devant le roi empereur ; au retour, ils repassent devant lui pour les reprendre, ce qui lui permet de récompenser ou de punir les vivants, de se rendre compte de ceux qui ne sont pas revenus. Celui qui a encouru la colère du maître va s'asseoir auprès d'une fontaine de bronze dans le palais, et attend là, avec résignation, la mort ou le pardon, Le roi lui-même propose de résoudre tout un conflit guerrier par un duel.[10]

Se rappelant les exploits de la dynastie parthe, les Perses montagnards, les amis des paysans, dont ils ne pillent pas les médiocres propriétés,[11] professent le plus grand mépris pour les « Romains », qu'ils voient surtout sous l'aspect des populations peureuses de la plaine et du littoral. Ils ont toujours leurs partisans au sein des petits peuples qui séparent, mais pas complètement, les deux Empires.[12] Là, si les généraux et les princes de la Perse sont avides pendant la guerre, les stratèges et les logothètes de Byzance se montrent rapaces pendant la paix. Ils s'arrogent des droits de monopoles, comme en Lazique, chassent les marchands, appauvrissent le pays. Ils traitent les chefs indigènes sans trop de ménagements ; comme les autres sont tout près, ou ne manque jamais de s'adresser à eux. Combien de fois, avant et après Justinien, y eut-il des sièges et des razzias à travers les vallées caucasiennes, pour la possession de Pétra, sur les rives du Pont-Euxin, pour la garde des Portes Caspiennes contre les Huns, que Justin fut accusé d'avoir arrachés à la sujétion perse,[13] et sous maint autre prétexte plus ou moins futile ! Les Romains emploient, contre ces envahisseurs des pays mitoyens, les Abasges,[14] les Lazes,[15] les Ibères,[16]les Arméniens eux-mêmes,[17] en leur adjoignant les garnisons des châteaux ou quelques centaines de soldats réguliers, des katalogoiou numeri jusqu'au Mont Liban. Il est de coutume aussi, jusque sous Justinien, de jeter quelques poignées d'or à ces Huns blancs ou Hephtalites, descendants des anciens Scythes, qui, dans les steppes sibériennes, n'attendent que cela pour se mettre en mouvement, battre les Perses et les contraindre à adorer leur khagan ou à se retourner, comme sous leur roi Zilgibis (Zingbir), contre les « Romains ».[18] Le roi Pérouz mourut ainsi, avec tous ses fils, sauf un, dans les embûches des Huns, ses opiniâtres ennemis. Les Perses payèrent aussi pendant deux années un tribut à ces barbares.[19]

De leur côté, les guerriers de l'Iran demandent aussi au César son or, des milliers de livres par an, bien pesées, qu'ils promettent de ne pas employer à en faire de la monnaie d'or, ce qui reste un privilège impérial. Pour se débarrasser de ce fardeau, un empereur d'Orient fit de son voisin de Perse le tuteur de son propre héritier ;[20] le roi Kobad sollicita du « César »[21] le même honneur, sans l'obtenir.[22] Il fallut se résigner tout de même à payer les 6.000 livres d'or par an.[23]

Et, malgré cela, les offres d'un chef arabe qui rivalise avec un autre protégé des Romains,[24] tels Aréthas et cet Alamoundour, qui finit par être tué comme allié des Romains,[25] celles de Samaritains prêts à la révolte,[26] les plaintes des Caucasiens, ou simplement la passion du butin ou de la gloire, jettent la cavalerie perse sur le territoire impérial.[27] Chosroès, qui devait être le « frère » de Justinien, par l'offre d'adoption faite par son père, se donna surtout ce plaisir d'humilier les soldats romains, de rançonner, brûler et détruire les villes jusqu'au rivage de la mer, dans laquelle, à Séleucie, il trempa, signe de victoire, ses doigts sanglants.[28] Il se plaignait contre l'envahissement du pays des Lazes, contre la construction de la nouvelle cité mésopotamienne de Dara,[29] contre des offenses, réelles ou imaginaires, surtout imaginaires. Pendant qu'il saccageait selon son bon plaisir, il accueillait avec des phrases banales ou ironiques les mandataires de l'empereur, et signait même entre leurs mains des traités qu'il éludait aussitôt, comme s'il n'en eût jamais entendu parler. Ses mages l'accompagnaient partout, comme le fantôme inassouvi d'un passé de haine.[30]

Antioche, dont les habitants s'étaient enfuis jusqu'au rivage de la Mer, fut conquise, malgré la résistance de ses jeunes artisans ; elle fut complètement détruite ;[31] Chosroès se plut même à fixer ses habitants réduits en esclavage, naguère les plus riches et les plus gais de cette contrée de l'Orient, à Chosroantioche, une ville qu'il improvisa.[32] Apamée eut le même sort.[33]Les défenseurs d'Édesse, encore des gens du peuple et des pasteurs des environs, furent plus heureux et évitèrent la ruine sans avoir à payer une double et lourde rançon.[34]

Une seule fois Bélisaire, rappelé à deux reprises contre le roi perse, arriva à le vaincre.[35] Les troupes qu'on employait dans ces régions, même des Arabes, des Isaures, des Huns, avec des chefs barbares comme Mundus,[36] étaient très faibles et très médiocres. Jamais on ne rencontre de vieilles bandes de fidèles entourant un général populaire, jamais un grand débarquement de soldats munis de tout ce qu'il faut pour faire la campagne décisive. Quand par hasard on a des Hérules nus, ne portant que la ceinture et le bouclier, ou des Goths du roi Vitige,[37] l'énergie des assauts persans se brise facilement. Mais, avec la plèbe mal armée,[38] avec les commandants nuls qui représentent ordinairement la défense, il n'y a rien à faire. Certaine retraite peut être citée comme preuve de la démoralisation d'une armée jadis glorieuse (540-555).[39]

Mais, heureusement pour l'Empire, le roi d'au-delà du Tigre ne rêve pas de conquêtes.[40] Il est le souverain patriarcal des siens, et pas plus que cela.[41] Il ruine partout, parce qu'il ne se sent pas le goût, ni la puissance de gouverner. Malgré les bruits concernant la création d'une flotte barbare de la Mer Noire, destinée à forcer Byzance, la capitale n'a rien à craindre de ce côté. S'il pouvait venir jusqu'à Constantinople, le roi des Perses se bornerait à demander qu'on lui livrât tout l'or monnayé et tous les trésors, pour s'en retourner ensuite chez lui. On ne pensa pas même à soutenir un usurpateur, bientôt écrasé à Dara, Jean dit Kottistès.[42] C'est pourquoi après les deux guerres (527-532 et 540-545) la trêve de 562[43] mit fin, sous les conditions habituelles,[44] à ces raids : entre les deux Empires il ne pouvait pas y avoir de paix définitive, de même que, plus tard, entre le Saint Empire conduit par Charles Quint et l'Empire ottoman.

Les Arabes restèrent plutôt dans la clientèle des Byzantins.[45] Ils avaient des rapports étroits, dès l'époque du roi « Mondhir », le même qu'Alamoundour, avec l'Ethiopie, qui envoyait même ses émissaires religieux dans la péninsule, quitte à rencontrer l'inimitié fanatique du roi juif des Himiarites.

Dans ce royaume d'Axoum, qui se continue jusqu'aujourd'hui, les rois frappent leurs monnaies avec des inscriptions grecques, imitant le coin des Byzantins.[46]

 

II. — EN OCCIDENT

 

La Dalmatie, où Marcellien allait essayer une révolte,[47] obéissait aux rois goths d'Italie, qui possédaient aussi la Sicile entière ; la Sardaigne appartenait, au contraire, à ces Vandales redoutés qui, appelés par le mécontentement séditieux du commandant romain Boniface,[48] avaient créé un royaume barbare de l'Afrique.

Les relations de l'Empire d'Orient, du seul Empire depuis 476, ne furent pas les mêmes avec les rois de Rome et les rois de Carthage.[49] Elles restèrent toujours plus tendues et plus incertaines avec ces derniers, dont le peuple était moins accessible àl'adoption desidées et descoutumes romaines.

Genséric ou Giséric avait été le conquérant de l'Afrique septentrionale, mais non sans avoir reçu ensuite la confirmation de l'empereur Valentinien.[50] Personne ne pensait à déloger le roi fougueux des Vandales et des Alains,[51] dont les successeurs firent frapper des monnaies, qui les représentaient revêtus des insignes impériaux, avec légendes et symboles latins et sans aucune mention de vassalité envers Rome l'Ancienne ou Rome la Nouvelle.[52]

Au contraire, le Vandale fut appelé à Rome par une veuve d'empereur pour accomplir l'œuvre de vengeance contre son second mari, l'usurpateur du trône. Le fils de Genséric, d'abord retenu comme otage à Rome, fut bientôt délivré. L'intervention de l'empereur d'Orient, Marcien, sera dédaigneusement repoussée. Seul Théodoric, devenu maître d'Italie, réussit à mater les barbares. C'est au moins l'opinion de son ministre Cassiodore, d'après lequel ils se présentèrent en suppliants, promettant de ne plus attaquer la Sicile.[53]

Décidément une nouvelle société se préparait sur cette côte africaine, et Constantinople, dont elle menaçait surtout l'approvisionnement, ne pouvait pas la tolérer. Les provinciaux avaient obtenu déjà, par l'intervention de Zénon, d'avoir leur évêque orthodoxe. Ils fournissaient au nouveau maître, qui prenait des attitudes impériales, car une nouvelle Carthage paraissait être en préparation contre la Rome nouvelle, des poètes, comme Florentinus, Félix, Luxorius,[54] et on se fâcha à la Cour des « maîtres modestes » lorsque Dracontius, un écrivain de mérite, l'auteur du De laudibus Dei, de l'Oreste et des Romulea, lui refusa le même hommage.[55] Des fondations nouvelles, comme celle, des Thermes, montraient chez les chefs du pays une autre ambition que celle de simples exploiteurs grossiers d'un pays qu'ils avaient conquis.[56]

Cependant ces Germains, successeurs, par la volonté du hasard, des anciens Carthaginois, étaient bien incommodes, même pour l'Empire d'Orient. Tenant le rivage de la mer sur une si grande étendue et n'étant guère disposés à faire le métier de marins, ils devinrent naturellement pirates. Lescôtes de la Dalmatie furent pillées, aux dépens des Goths plutôt, mais aussi les îles de la Mer Ionienne, Zante par exemple, et les rivages du Péloponnèse, provinces des « Grecs ».

Léon Ier, désireux de bien établir le trône de son protégé, l'empereur d'Occident Anthemius, dut agir contre eux, et la flotte byzantine,[57]qui avait un peu oublié la science et les vertus de naguère, rendit à l'empereur l'île de Sardaigne et la ville de Tripolis.[58]

Une grande expédition fut même préparée pour le compte de ce Basilisque,[59] qui allait devenir bientôt un tyran, un usurpateur, obéi en Asie même, pour les questions religieuses. Ces vaisseaux furent détruits ; une nouvelle expédition ne donna pas de résultats durables.[60] Par la suite, de longues années d'inaction désorganisèrent complètement les forces navales des Romains d'Orient, Zénon, et surtout le très prudent Anastase, le meilleur voisin de tous les barbares, virent se succéder à Carthage plusieurs rois de la souche de Genséric. Un de ces princes, Hunéric, ancien otage des Romains, avait épousé Eudoxie, fille de Valentinien III, qui considéra ce mariage comme la plus douloureuse des offenses.[61]

Anastase avait été l'ami du roi vandale Trasamond, qui était le beau-frère de Théodoric l'Ostrogoth : Justinien lia aussi des relations d'amitié avec Hildéric, successeur de Trasamond,[62] qui employait sur ses monnaies l'effigie de Justin Ier,[63] dont la mère était la fille de l'empereur Valentinien,[64]été donc un demi-Romain, bien que son père, Hunéric, eût le persécuteur des orthodoxes ;[65] mais celui-ci fut renversé, puis tué, par Gélimer (Geilamir), qui refusa de céder aux Romains son royal prisonnier et sa famille.[66]

Et, comme pendant ce temps arrivaient saris cesse à Byzance des doléances et des missions de la part des orthodoxes persécutés par le roi arien, comme un usurpateur goth, paru en Sardaigne, et un « tyran » vandale de Tripolis demandaient du secours et faisaient des offres de cession,[67] comme la révolte couvait un peu partout dans le royaume africain, une grande expédition impériale fut décrétée. Ce Grec d'Illyrie Bélisaire, ancien « doryphore » impérial, qui s'était distingué dans la guerre contre les Perses,[68] devait, à la tête d'une armée, porter en Afrique la sommation de se rallier à la cause du roi déchu, en abandonnant Gélimer.

La flotte était détestable ; quant à l'esprit des équipages, ceux des dromons craignaient sans cesse de descendre au fond de la mer. Pour les soldats,[69] ils valaient ce que valaient en général à cette époque, malgré les grandes traditions militaires et une tactique savante, toute armée qui s'appelait encore romaine.[70] Alors que dans telle province comme l'Egypte on voyait, sous le préfet des nouveaux « Justiniani »,[71] les ducs, les tribuns des frontières[72] ou le système des « communautés » de garnison, employant des indigènes auxquels on accordait des terres, comme on le fit en Russie pour les Cosaques et pour les garde-frontières en Autriche du XVIIIe siècle,[73] l'armée officielle,[74] de la garde, des comitatenses et des limitanei,[75] des fœderati même, qui n'étaient plus des barbares ayant, sous leurs chefs propres,[76]un pacte avec l'Empire, ne tentaient pas l'aventure dans les batailles lointaines. Dans ce but on rassemblait une « armée » de caractère spécial (straton ageirein),[77] dans laquelle entraient des buccellarii de la clientèle privée[78] et des barbares pris au marché militaire, qu'on envoyait contre des barbares qui, s'étant formé un État, représentaient un tout autre danger. Mais on a fait le compte que dans l'armée de Bélisaire, en 533, sur vingt-deux chefs, dix-huit étaient des citoyens, surtout des Thraces, trois des Huns et un seul Germain.[79]

Il y avait parmi eux des Huns très mal disposés pour cette guerre lointaine, des Hérules nus, cruels et perfides, des Perses rusés, des Arméniens parlant leur langue,[80] nombre de Thraces, des Grecs, tous à la solde de l'empereur, mais surtout un grand nombre de « fidèles », des différents généraux, de « mauvais militaires ». C'était une de ces armées formées sous Justinien au moment même de l'action, qui étaient payées par le commandant et qui lui prêtaient serment en même temps qu'à l'empereur.[81] Les barbares n'admettaient pas les punitions de la discipline romaine, comme étant contraires à leurs lois.[82]

Le royaume vandale croula,[83] contre toute attente et malgré la bravoure de ses « asdinges »,[84] malgré ses quatre-vingt « chiliarchies », malgré ses richesses immenses, recueillies à Rome — jusqu'aux portes du temple de Salomon — et un peu partout, malgré l'orgueil de ses rois ; il croula dans un seul instant. Carthage fut prise, après un combat avec le roi lui-même ; une seconde bataille, à Trikamaron, décida de tout (533).

Le roi fut découvert dans les montagnes, où il s'était réfugié, avec les siens et ses trésors. Bélisaire vint en personne à Constantinople pour le jeter, humilié dans sa pourpre, aux pieds de l'empereur « kallinique », qui goûtait un triomphe dont Byzance n'était pas coutumière. Carthage en devint la « Justiniana Carthago ».[85]

C'était déjà fini avec les Vandales. Ce petit peuple germain n'avait pas seulement perdu une partie de ses qualités au milieu des délices africaines, dans les beaux palais entourés de jardins et de merveilleux vergers, aux festins à la romaine, qu'ils avaient préférés dès le début à leur maigre pitance de barbares.[86] La race du Nord s'éteignait lentement sur cette lisière des grands déserts brûlants. Deux défaites consommèrent la ruine de leur royaume, et les Vandales s'ensevelirent sous ses débris.

Restaient les Maures, les « Maurouses » de Byzance, qui étaient pour les « Romains », alors, en 533, ce que furent les Kabyles après treize siècles, quand les Français soumirent l'Algérie Gens pauvres, vivant dans des huttes, enveloppés jour et nuit dans leurs burnous, n'ayant d'autres armes que deux javelots et la lance, tourbillons de cavaliers aussi mouvants que les sables du Sahara ; presque sans religion, demandant à des femmes oracles de leur prédire l'avenir, à peu près sans rois et à la merci de chefs manquant d'attributions définies.

Les Vandales étaient parvenus à s'entendre avec eux, assurant ainsi quatre-vingt-quinze ans de tranquillité aux « Libyens », qui étaient les citoyens romains d'autrefois. Les généraux du César byzantin furent beaucoup moins habiles. Il y eut sans cesse un coin de révolte et de pillage dans la province reconquise, et, dans les mêlées sauvages de chaque jour, maint chef romain perdit la vie d'une manière obscure, comme ce Salomon, successeur de Bélisaire. Bélisaire lui-même, appelé de Sicile, n'arriva pas à soumettre tous les rebelles.[87]

Il faut compter aussi, parmi ces derniers, les soldats mutins, beaucoup plus dangereux que les Maures. Cette armée n'avait qu'un but, ici comme sur la frontière d'Orient : piller ; piller n'importe qui, et sous n'importe quel prétexte. On arriva bientôt à regretter les bons temps d'ordre et de justice des « rois » germains. Les doryphores s'émancipaient et violaient leur serment ; ils marchaient en armes par les villes, contre la coutume qui ne leur permettait que l'épée ; ils remplissaient les salles où s'enivraient leurs maîtres, entourés de femmes vandales et berbères, conquises au gré des combats. Ils ressemblaient eux-mêmes à des chefs maures, perfides et féroces. Deux « tyrans » du nom de Stotzas,[88] puis Maximin, furent proclamés tour à tour. Un troisième fut Guntharit, qui, après avoir tué Aréobinde, mari de la nièce de Justinien, périt à la fin d'un banquet prolongé bien tard dans la nuit, égorgé par des rivaux, que commandait l'Arménien Artaban, proclamant la« victoire de l'empereur » sur les débris sanglants de la fête.[89]

Lorsque le stratège Troglita, le héros du poème latin de Corippe, imposa un simulacre de paix romaine à l'Afrique,[90] elle n'était presque plus que le tombeau de trois races. Lentement, la guérilla de dix ans avait tout englouti, et l'époque des Vandales demeurait, par une ironie du sort, comme un brillant souvenir du passé.[91] L'ordre romain était rétabli sans donner cependant au pays en fait de nouvelle civilisation au moins ce que les Vandales romanisés s'étaient montrés capable de faire.[92]

Aussitôt après la défaite de Gélimer, les Byzantins s'étaient saisis de la Sardaigne et de la Corse même. Les îles Baléares eurent le même sort. Bien que le roi wisigoth d'Espagne, Theudis, dont les prédécesseurs n'avaient jamais eu de relations avec Constantinople, se gardât bien d'écouter les prières des Vandales, ses congénères, et d'attaquer l'Afrique impériale,[93] la querelle entre deux de ses successeurs, Athanagilde et Agila, appela les soldats de Justinien sur les côtes espagnoles.

C'était, du reste, indispensable, du moment où la domination byzantine s'était étendue jusqu'aux Colonnes d'Hercule, le Gibraltar d'aujourd'hui, où Afrique et Espagne forment un même pays. De ce côté cependant, il n'y eut que la conquête, par le patrice Liberius[94] de quelques ports, et le royaume des Wisigoths, incomparablement supérieur, malgré les querelles religieuses, à celui de Gélimer, n'en fut pas ébranlé, de même que l'Espagne d'aujourd'hui ne l'est pas par la présence des Anglais sur le rocher de Gibraltar.[95]

Mais cette côte conserve jusqu'aujourd'hui, du côté de Tarragone, où on a exhumé tout un moyen-âge byzantin, et même à l'intérieur de la Catalogne, où les inscriptions grecques sont encore lisibles dans certaines des églises qui avaient dès l'origine un type oriental, les traces de cette domination qui dura seulement de 554 à 624.[96] Le patrice Commentiolus fut envoyé en vain par l'empereur Maurice pour sauver cette possession si utile aux flottes de Byzance en Occident. Le « miles romanus » quitta après trois quarts de siècle ces parages, occupés jusqu'aux Algarves à l'Occident, où il avait ramené l'ordre et la civilisation.[97]

On peut voir par ce qui précède que Justinien, qui ne prit jamais le commandement de ses armées et qui resta toute sa vie un Byzantin de Byzance, amoureux de sa capitale, de ses vertus comme de ses vices, n'avait pas formé un projet de conquêtes. Les provinces qu'il gagna en Occident s'offrirent d'elles-mêmes à lui, l'une après l'autre. Le tour des Ostrogoths était venu.

On a vu qu'en s'installant à Rome Odoacre,[98] que Procope considère cependant comme un « tyran » ayant changé en « tyrannie » le gouvernement légal, lapoliteia[99] avait reconnu, évitant la pourpre,[100] les droits de l'empereur de Constantinople ; il simula avoir pris de par la volonté du Sénat, utile dans de pareilles circonstances, le pouvoir des mains de Romulus Augustule,[101] le dernier empereur romain, du reste illégitime[102] et l'ambassade de sénateurs[103] qu'il envoya à Zénon, avait fait semblant de porter à cet empereur, le seul maintenant,[104]l'abdication d'Augustule. Ne croyant plus à la nécessité de l'empire double, on demandait pour Odoacre, Odovacar, lequel ajouta à son nom germanique le titre archaïque de Flavius, cette qualité de patrice qui lui fut accordée. Le roi patrice ne ceignit jamais le diadème, ne s'arrogea pas le droit de frapper la monnaie d'or et se contenta de la qualification de « rex » pour les siens.[105]

Beaucoup plus libre dans ses mouvements, Théodoric qui avait sur le prédécesseur qu'il vainquit et fit tuer l'avantage d'avoir été délégué par l'Empire comme son « vicaire »,[106] son « exarque », garda cependant de cette dépendance envers l'Orient romain[107] ce qu'il fallait pour ne pas choquer les idées et les sentiments de son époque.[108] Proclamé roi par les siens sans avoir demandé d'abord l'assentiment de l'empereur,[109] il entendit gouverner séparément Romains et Goths[110]et il disait en plaisantant que « le pauvre Romain imite le Goth et le Goth pratique imite le Romain ».[111] Bon voisin de l'empereur Anastase, son maître, qui finit par lui rendre les insignes impériales envoyées par Odoacre à Constantinople,[112] il maintint l'effigie impériale sur ses monnaies d'or.[113] Il déclara aux Romains qu'il entend régner comme les empereurs, dont « il voulait imiter Trajan et Valentinien », et ce « peuple », qu'il entendait respecter, le pria d'inscrire cette promesse sur des tablettes d'airain.[114] Régnant à la façon des Romains,[115] il n'osa donner que de simples édits, et pas des lois nouvelles, aux Romains de son royaume, qui furent jugés seulement d'après l'ancienne législation des Césars.[116] Il ne prétendait pas avoir le droit impérial de fixer la doctrine chrétienne et, tout en restant arien, lui et son peuple, il ne persécuta qu'à un seul moment, et à contrecœur, les orthodoxes qui croyaient à la manière de l'empereur.[117] Il alla même jusqu'à permettre à ses Goths de passer à l'« orthodoxie ».[118] Les Papes purent donc aller librement à Constantinople, pour être reçus comme « Saint Pierre » lui-même,[119]et pour s'entendre sur les dogmes avec l'empereur, — une des sœurs du roi vécut à la Cour de Théodora,[120] — avec ce protecteur de la Foi pour convoquer les conciles avec son assentiment. Nulle part, ni du côté du Sirmium, où les Bulgares, qu'il battit en 504,[121] doivent être des Avars, ni en Dalmatie, où avaient dominé des usurpateurs, ni en Sicile, que les Goths détenaient complètement, sauf, depuis quelque temps, Lilybée, cédée comme dot d'une princesse gothe aux Vandales,[122] nulle part donc aux frontières il n'y eut de conflit entre la nouvelle Rome impériale et le royaume qui avait remplacé l'ancienne Rome, retenant dans sa clientèle, par des mariages et par des traités, pensant même à une espèce d'unité germanique, tous les voisins barbares.[123] Le grand succès inattendu de la guerre contre les Vandales enflamma cependant la cupidité byzantine.

Au commencement, les Goths avaient aidé, avec des chevaux et des vivres,[124] les Romains à détruire le royaume de Gélimer, qui avait emprisonné la femme gothe de son prédécesseur et massacré la suite de cette princesse, Bélisaire put s'approvisionner en Sicile. Mais cette bonne entente ne fut guère durable.

La possession de Lilybée fut réclamée par les Romains et refusée par le gouvernement italien. C'était un casus belli. Un second se présenta lorsque le nouveau roi des Ostrogoths, Théodate, Théodahad, ou, à la romaine, Déodatus, prince du sang de Théodoric, évinça la fille de ce roi, Amalasonte, mère du petit roi Athalaric, qui venait de mourir,[125] et donna même l'ordre de noyer dans le lac de Bolsena[126] cette protégée de Justinien, qui avait manifesté, comme on l'a vu, l'intention de se retirer à Constantinople.[127]

Sans Bélisaire, Justinien n'aurait jamais entrepris une campagne en Italie. Mais ce général était disposé à jouer plus loin le rôle de conquistador, qu'il avait commencé en Afrique. Il avait pour cela l'argent des Vandales et les rangs de ses fidèles, l'armée de sa maison,[128] Hérules, Huns ou « Massagètes », cavaliers, qui pillaient jusque dans les églises, Antes ou « Thraces », « Besses », Slaves du Danube, habiles aux embuscades, Asiatiques de Pisidie et de Cappadoce, Arméniens habitués aux assauts, avec des vaisseaux d'Isaurie maritime.[129]

C'est lui qui attaqua donc le roi Théodat, qui poursuivit, avec une opiniâtreté et une hardiesse admirable, une guerre qui se montra bientôt excessivement difficile, et ce ne fut pas de sa faute si le coup décisif fut porté par un autre. Mais ce ne fut qu'alors, au dernier acte, que cette guerre d'Italie fut vraiment la guerre de l'empereur, qui devra envoyer, pour sauver Bélisaire, assiégé à Rome, des troupes impériales, sous Martin et Valérien, puis sous Batzo, Conon et Rema.[130] Jusque-là, Bélisaire fut envers Justinien ce que Fernand Cortes sera, mille ans plus tard, au Mexique, envers les rois catholiques, Ferdinand et Isabelle.

En quelques semaines (535) la Sicile, avec Syracuse et Palerme, fut conquise, et le gendre même de Théodat, Ébrémond, vint y faire sa soumission.[131] La Dalmatie gothe[132]aussi ne résista que très faiblement. Il n'y avait pas, en effet, de campements barbares dans ces deux provinces. Naples fut attaquée ensuite. Le nombre des Germains établis aux environs de cette ville n'était pas très élevé.[133] Elle fut prise par des soldats qui étaient descendus dans l'aqueduc. En même temps les Francs, gagnés par l'or byzantin, envahissaient toute la Gaule Cispadane et arrivaient jusqu'aux marais de la future Venise.[134] On commençait à dire dans le camp « romain », où se trouvait Procope, historien désigné de la campagne, qu'Odoacre n'avait fait que reconnaître la présence des Francs dans cette province toute pleine de Romains, conservant toutes leurs anciennes coutumes. On se prenait donc à regarder de ce côté aussi.[135]

Vitigès, le nouveau roi, élu après l'assassinat du faible « philosophe » Théodat, qui avait offert de céder la Sicile, d'abandonner le droit de vie et de mort, celui des avancements, promettant de donner une couronne d'or et des contingents si on l'accepte comme associé en second ordre de l'empereur,[136] épousa de force Matasonthe, petite-fille de Théodoric,[137] et essaya de réunir autour de lui les guerriers de son peuple à Ravenne.[138] Bélisaire était à Rome, bientôt assiégée par Vitigès, où il rencontra les sympathies du clergé, avant d'élection de Silvère par le roi goth, et de quelques honoratiores qui n'avaient pas oublié complètement le passé ; plus tard seulement il gagna par sa bravoure les artisans et la plèbe, qui arrivèrent à goûter les exploits inattendus de ce Vilisarius, qu'on appelait « un Grec, de la race des rhéteurs, des moines et des soldats qui s'enfuient ». Vitigès crut même devoir faire tuer à Ravenne les sénateurs romains qu'il avait retenus auprès de lui ; la guerre prenait ainsi l'aspect d'un combat entre deux races.

L'historien de ces batailles, tumultueuses et tout aussi peu décisives que les conflits avec les Maures d'Afrique, Procope, prétend que les Goths firent plusieurs fois l'offre de céder à l'empereur la Sicile, la Calabre, Naples et de payer un tribut, mais que Bélisaire voulait absolument accomplir en Italie ce qui lui avait si bien réussi en Afrique. Reste à savoir si ces offres étaient sincères. Les Goths n'étaient pas les Vandales, et les Vandales eux-mêmes avaient résisté jusqu'à la fin de leur race. Il y eut pendant de longues années des sièges acharnés à Rome, à Milan, où les « Grecs » avaient été appelés par l'archevêque, à Rimini, à Orvieto, à Urbino et partout ailleurs où il y avait encore les fortifications des « anciens Romains ».[139]

L'empereur envoya, dans la troisième année de la guerre (538),[140] l'eunuque Narsès, un a secretis, fonctionnaire de la Cour, et l'un de ses favoris ;[141] mais celui-ci ne daigna pas s'entendre avec Bélisaire, qui revêtait le caractère d'aventurier beaucoup plus que celui de général byzantin. Les Goths eux-mêmes le sentirent si bien qu'ils lui offrirent le trône de Vitigès, la situation brillante d'empereur de la vraie Rome.[142] Il fit semblant de l'accepter, pour en finir avec la royauté barbare. De fait, Vitigès fut pris à Ravenne (540). Mais, quand les soupçons de la Cour et les nécessités de la guerre de Perse rappelèrent à Constantinople Bélisaire,[143] les Goths se donnèrent tour à tour comme rois Ildibad ou Hildébad, Éraric, un Ruge,[144] et enfin le splendide guerrier que fut Totila. (Baduila sur ses monnaies), contre l'élection duquel l'Empire n'eut qu'une observation à faire : qu'on n'avait pas consulté là-dessus son chef.[145]Grâce à l'énergie prudente de ce nouveau roi, un vrai organisateur de guérillas,[146] Rome allait être assiégée, et Naples succomba ; une flotte byzantine sera détruite. Bélisaire accourut en vain pour défendre son œuvre et se jeter dans Rome : il fut en peu de temps repoussé jusqu'en Sicile, d'où il partit pour Constantinople, forcé à y témoigner d'une défaite absolue. Totila, qui faisait tuer, comme à Milan, à Fermo, à Ascolo, même la population civile romaine,[147] fit frapper alors des monnaies avec la fière inscription :« Victoire au vainqueur de l'Auguste ».

Un parent de l'empereur, Germain, choisi pour aller sauver la Sicile, mourut avant d'avoir pu partir, et l'île fut ravagée par des pirates ostrogoths. Et, comme l'impératrice Théodora était morte, Bélisaire avait perdu son appui le plus puissant ; il fut retenu à la Cour comme chef de la garde, ce qui équivalait pour lui à une brillante disgrâce.[148]Entre-temps Narsès reçut des troupes suffisantes. Pour la première fois les Romains avaient une vraie armée en Italie. Elle osa enfin offrir une bataille en rase campagne à Totila, qui parut devant ses rangs revêtu de pourpre, portant la couronne comme une victime. Il perdit le combat de Busta Gallorum ou de Taginae[149] et périt dans la déroute.[150] Son successeur,Téia, ne fut pas plus heureux, et la mort de ce dernier chef signifiait la fin de la domination ostrogothe en Italie.

Narsès sut défendre cette conquête qui n'était qu'en partie due à son mérite, contre des tentatives d'usurpation comme celle du Hérule Sindevala en 566[151] de même que Bélisaire l'avait fait pour le patrice Constantin.[152] Il le fit contre les appétits des Francs, qui auraient volontiers pris la place des guerriers de Théodoric dans cet admirable pays italien. Il laissa cependant le chemin libre jusqu'aux chaleurs et aux délices du Midi à ces quelques milliers d'Alamans et de Francs sauvages, presque nus, sans coiffures, n'ayant pour armes que l'épée et un dard terminé par des crampons, qui ravageaient la péninsule sous le commandement de Leutaris et de Butilin. Le premier de ces chefs d'une expédition que les rois des Francs ne reconnaissaient pas, mourut de maladie, avec la plupart des siens ; Butilin ou Bucilin, qui suivait ses traces, retournant aussi vers les Alpes, fut complètement défait par le général romain (554).

De tout ce ramassis de guerriers téméraires il ne resta presque rien.[153] Ceux des Goths qui attendaient leur liberté du succès de ces amis d'outre-monts, durent déposer les armes devant le vainqueur. D'un autre côté, 10.000 Burgondes avaient été envoyés en cachette par le roi franc Théodebert.[154] Le monde germanique avait épuisé ses efforts contre ces« Grecs » qu'il méprisait si injustement auparavant.[155]

Mais déjà on peut distinguer l'antagonisme, toujours renouvelé, à l'égard de ces étrangers, si différents de ceux qu'on appelait avec regret les « anciens Romains ».[156] On voulait bien avoir d'eux les « vieilles lois romaines »,[157] mais leur présence gênait, remplissait de confusion, indignait même. On était un peu de l'avis des Goths, que ce sont de simples Grecs.[158] On s'était habitué aux Goths, qui, de leur côté, avaient fait tout leur possible pour ne pas froisser la population, de beaucoup supérieure sous tous les rapports, qu'ils défendaient depuis soixante ans. Le « Livre des Papes » présente Totila vivant à Rome comme « un père au milieu de ses fils ». Il est vrai que Bélisaire s'était saisi du Pape Silvère et l'avait expédié comme prisonnier en Orient, le remplaçant par Vigile, mais nous avons vu que, de son côté, Vitigès avait fait tuer des sénateurs romains à Ravenne.[159] Une seule fois il est dit que la victoire « romaine » représente « le retour à la félicité ancienne ».[160] Une autre source italienne fait observer qu'à partir de ce moment commence la décadence du Sénat et la fin de la liberté.[161] Une synthèse italienne était en préparation, mêlant Goths et Romains dans une même société nouvelle, tendant vers cette autonomie qui aurait été scellée par la royauté, de façon nouvelle, d'un Bélisaire. Cette bataille de Busta Gallorum l'empêcha.

Les Italiens eurent en échange ces lois qu'ils avaient voulues et une administration directe de l'empereur. Des églises à la façon de l'Orient s'élevèrent dans les villes, qui ne regagnèrent jamais ce qu'elles avaient perdu pendant les longs et durs sièges de Ravenne, de Rome, de Naples, même de Milan. L'« exarque » impérial, qui fut Narsès, remplaça l'empereur, ayant sa délégation, avec un certain droit d'autonomie comme Théodoric et ses deux premiers successeurs.

Mais cette restauration ne pouvait pas compter sur un long avenir : une fois les ambitions « romaines » satisfaites, la possession de Rome seule intéressait, où, du reste, le Pape présidait un régime de « juges » fonctionnaires, appuyé sur les familles sénatoriales, et un peuple particulièrement remuant, la propriété du port de Ravenne et celle de la Sicile, avec la domination de la Mer, pour ce commerce de l'Occident, servi pendant très longtemps par les Byzantins seuls :[162] Venise, encore un simple nid de pêcheurs, malgré les exagérations de Cassiodore, n'avait pas la même valeur. Pour le reste, on allait chercher des barbares, avec lesquels, sans soupçonner le même danger, on eût pu reprendre secrètement le pacte conclu jadis avec Théodoric.

A un certain moment de son règne, regardant l'œuvre accomplie, Justinien parle des « Perses momentanément pacifiés »,[163] de la« soumission » des Vandales et des Maures, de la restitution de la liberté aux Carthaginois, de la première conquête des Tzanes caucasiens, sur laquelle il insiste avec une emphase de mauvais goût. Il déclare légiférer pour les provinces conservées sans interruption et pour celles « qui, maintenant, parla volonté de Dieu, ont été ajoutées par nous au principat des Romains ».[164]Il est fier d'avoir refait la ligne du Danube, regagnant, avec Viminacium, Recidua et Litterata sur la rive du fleuve ;[165] il installe un évêque à Aqui, ville détachée de son diocèse, où avait pénétré l'hérésie persécutée.[166] Dans telle de ses « Novelles », à côté des Alains et des Maures soumis, il y a aussi la Sicile reconquise.[167] Ses flottes traversaient seules la Méditerranée, des Colonnes d'Hercule à Chypre, et la Mer Noire jusqu'aux restes des Goths tétraxites en Crimée,[168] commandée par le duc de Cherson. Donc le grand rêve œcuménique est presque complètement réalisé. « Nous avons, dit-il, un espoir que Dieu nous permettra d'ajouter de nouveau à notre possession aussi les autres nations que par leur négligence ont perdu les Romains, jadis maîtres jusqu'aux bords des deux Océans ».[169]

Il y avait encore, malgré la ligne de fortifications danubiennes et la flotte qui veillait sur le fleuve,[170] des hordes hunnes insoumises, qui s'appelleront bientôt les Avars, et elles entraînaient dans les raids qu'il fallut plus d'une fois tolérer, des groupes de Slaves qui ne revenaient plus vers leur patrie au Nord du Danube.

Mais c'était l'ancien fléau habituel des provinces thraces de l'Empire : Théodose l'avait aussi toléré. En tout cas, sauf la concession de Sirmium, — mais sans les habitants —, qu'il fallut leur accorder, rien n'en était dérangé aux frontières : de ce côté-là, il n'y avait pas l'Etat barbare, tel qu'il fonctionna en Afrique et en Italie et qu'on venait de faire disparaître.[171]

Ainsi, par ces longs efforts des armées, personnelles ou impériales, avait été fondé un nouvel Empire, qui s'étendait de la Mésopotamie à Gibraltar et du Danube à la Libye. La Méditerranée était redevenue romaine, la thalassocratie constantinienne se rétablissait,[172] et presque tous ceux qui parlaient le latin et le grec restaient désormais affranchis de la servitude des barbares, qu'ils n'avaient pas trouvée, il est vrai, trop lourde.

 

III. — LE SENS DE L'EMPIRE SOUS JUSTINIEN

 

Justinien modifia par endroits l'ancienne organisation militaire et civile de l'Empire, et il garnit toutes ses frontières de nombreux châteaux, construits à la romaine, mais avec des matériaux de qualité inférieure, et d'une manière très hâtive.

Ces châteaux avaient un certain rôle contre les Perses, qui aimaient les sièges et faisaient une guerre prudente, en ménageant leurs forces ; mal garnisonnés et entretenus, ils étaient beaucoup moins utiles sur le Danube. Les châteaux d'Afrique, destinés à imposer aux tourbillons berbères, furent peut-être les plus efficaces.

Même si, bientôt, une grande partie de l'œuvre qui venait de s'accomplir sous le nom de Justinien s'effondra, car ce n'était pas par quelques milliers de soldats sous l'autorité d'un eunuque qu'on pouvait maintenir l'Italie contre les essaims, en perpétuel mouvement, des Germains, une chose demeura cependant, celle pour laquelle, du reste, avaient recommencé ces expéditions : cette domination de la Mer, nécessaire pour l'entretien d'une ville qui de plus en plus concentrera ce qu'il y avait de plus essentiel et de plus durable dans l'Empire.

C'est par cette voie que l'influence byzantine pénètre jusque très loin en Occident, presque à ces régions de Thulé dont parle Procope sans pouvoir la définir. On s'explique ainsi les éléments de grécité, déjà signalés, qui se mêlent à la vie des Anglo-Saxons, par le fait que le Siège de Cantorbéry fut occupé entre 668 et 690 par un Grec, Théodore.[173]

Justinien ne s'en tint pas à ce qu'il avait hérité comme institutions et coutumes : il eut le courage d'entreprendre une réforme générale de ses États. Très actif et très intelligent, dormant fort peu,[174] nullement adonné aux délices de la table, il possédait les qualités requises pour entreprendre une pareille œuvre.

Commençant par l'armée, il ôta aux beaux soldats inutiles, les scholaires, les domestiques, les protecteurs, les candidats et les silentiaires, leurs anciens privilèges. Il dispersa plus tard les services des limitanei, les soldatspaysans qui gardaient les frontières.[175] Les vrais combattants, inscrits dans les listes, obtinrent une solde proportionnée à leur ancienneté.

Des changements furent apportés dans l'administration, mais l'état des mœurs ne fut pas négligé non plus. On affichadesédits contre ceux qui se rendraient coupablesdeces vices infâmes qui n'étaient que depuis trop longtemps tolérés dans l'Empire. L'impératrice fit enfermer dans le nouveau monastère de la Pénitence un grand nombre de femmes de mauvaise vie.

On a dit que ces réformes ne portèrent pas toujours, que les fonctionnaires qu'on pouvait avoir n'étaient pas partout capables de se plier à des exigences morales. Mais ce furent seulement les mesures prises pour contrôler les sources des revenus de l'État, pour assurer aux soldats leurs quartiers et leurs vivres, l'annona, pour détruire tout ce qui n'était plus indispensable à la marche régulière des affaires, les punitions sévères qui frappèrent les jeunes gens dissolus, le régime des monopoles, destiné à sauver les finances qui provoquèrent surtout un grand mécontentement ; et c'est au nom de ces grands et riches mécontents que quelqu'un qui employa le nom de Procope rédigea ce recueil des calomnies les plus odieuses qui fut lu avec avidité et avec satisfaction, ce qui prouve que la notion d'intérêt général avait presquedisparu dans cet Orient romain.[176]

Il fallait à cet Empire un principe, un esprit, une tradition, à défaut desquels il ne pouvait pas vivre, car, il faut le dire, les populations n'avaient souvent aucun intérêt à le maintenir.

On avait bien le culte de l'empereur ; mais on a vu que le divin César devait ployer devant les volontés de la plèbe constantinopolitaine qui l'accablait d'injures ;[177] on n'oubliait pas qu'il était souvent à l'origine de son autorité un usurpateur, ayant employé la situation de chef des gardes pour se faire proclamer, comme Justin, ce bon vieux soldat sans aucun savoir, incapable même d'écrire son nom.[178] Dans d'autres cas, il avait arrangé ses relations de famille de manière à être, à la mort de l'empereur, le plus proche parmi ses parents ; le mariage des filles, des nièces des Augustes était devenu une grande affaire politique. Il s'était entendu avec le patriarche, dont le rôle devint grand, puisqu'il sacrait de ses mains le maître : le patriarche Eutychius avait prédit le règne de Justin II,[179] il avait gagné l'appui de ceux qui avaient le plus grand nombre de fidèles, la plus grande suite armée ; il avait trempé même dans les jeux du Cirque pour avoir l'appui des Verts, des Bleus, et ces gens le tenaient par leur services et ses promesses. L'origine populaire, souvent impure, de l'impératrice, sans être une tare dans une société égalitaire et arriviste, ravalait en quelque sorte l'autorité impériale, par tous les liens indignes et les mœurs ineffables que gardait parfois l'épouse impériale.

Le régime des femmes et des favoris était maintenant une nécessité. Après l'influence d'une Eudocie,[180] d'une Pulchérie, puis de Théodora et d'Antonine, il y aura la régence de l'impératrice Sophie pour un mari malade et qu'elle présentait comme tel, s'excusant de gouverner elle-même, dans sa correspondance avec le basileus perse.[181] Ce n'était que par un jeu très fin d'intrigues, par un équilibre très délicat des forces multiples et changeantes, pour la plupart d'un caractère personnel et illégal, qu'un empereur pouvait régner et vivre en paix. La révolte, comme celle de Basilisque, en 476contre Zénon,[182]la conspiration couvaient toujours dans ce grand monde louche de Byzance, composé de parvenus sans scrupules et sans distinction, d'un ramassis de barbares et de populaciers, qui considéraient le mensonge, l'adultère, le viol, le poison et l'assassinat brutal comme les actes naturels du drame politique dans lequel ils prétendaient jouer, de par leur force, le premier rôle, A la fin du Ve siècle le succès passager d'un Illus avait montré combien il été facile de soulever et de retenir des provinces assez souvent mécontentes.[183]

Ces empereurs, y compris Justinien lui-même, n'étaient pas dignes des dévouements qui, du reste, ne les entourèrent jamais. Y avait-il au moins un sentiment de race ? On a parlé souvent de cet hellénisme, qui aurait donné au nouvel empire la force qu'il lui fallait pour se maintenir mille ans contre tous les dangers. Nous avons déjà vu, et nous verrons ensuite, ce qui en est pour le moment, il suffit de dire qu'on ne trouve plus de race dominante, plus de race distincte en ce qui concerne la conscience de soi-même. Tous les dignitaires se réclamaient de l'Empire romain, L'armée était romaine, ainsi que tout ce qui se rapportait à l'État.[184] L'empereur signait en latin ; il donnait pour la plupart des lois latines, et ajoutait à celles qui étaient écrites en grec la date latine du consulat ; les monnaies portent pour la plupart des légendes latines. Les hauts fonctionnaires scellent avec des bulles qui portent d'un côté l'inscription latine, de l'autre l'inscription grecque, mais le Pamphylien Tribonien, le compilateur même du Code latin, emploie une bulle grecque, et il paraît que les consuls faisaient usage sur leurs sceaux de cette langue dominante à Byzance,[185] tandis qu'ils gardent le latin sur leur striptyques sculptés. Les inscriptions urbaines à Byzance sont en grec. Les traités, les litterae sacrae, gardent leur ancienne forme latine, bien que le grec fût employé dans la forme habituelle de ces actes dès l'année 562. Dans les collèges impériaux d'Orient, l'enseignement est donné en latin, et la langue latine dut être parfaitement connue à tous ceux qui suivaient les cours des grandes écoles de droit, de Constantinople et de la ville « très romaine » Béryte (jusqu'en 551), école fixée plus tard à Sidon.[186] Marcellinus le comte écrit en latin, en très mauvais latin, il est vrai, et il est fier de pouvoir dire que le Pape Jean, venu à Constantinople, y célébra le jour de Pâques de l'année 525 « à haute voix en latin ».[187]

On a vu que Justinien avait gardé le caractère latin à sa grande compilation, son Corpus Juris, comme, du reste, l'avait fait, un siècle auparavant, son prédécesseur Théodose le Jeune. Les commandements militaires se font en latin, et c'est dans cette langue du passé que l'armée acclame l'empereur, auquel la plèbe de Constantinople souhaite cependant en grec de rue lespolla eth. Mais les rapports que reçoit le chef de l'État sont rédigés dans la langue que leurs auteurs connaissent et écrivent le mieux.

Les noms qui ont été conservés sont encore très mélangés, ainsi qu'on l'a déjà vu : noms grecs dans les provinces latines (Anthemius, Olybrius, Glycérius, empereurs d'Occident) ; noms latins dans les provinces grecques (Justin, Justinien, empereur d'Orient, Vigilantia, sa sœur, Germain, leur parent, deux des neveux d'Anastase : Probus et Pompée ; le fils de Basilisque : Marc, Vitalien[188]). Trois paysans sont venus de l’Illyricum pour être soldats à Byzance ; l'un s'appelait Justin, les deux autres portaient des noms présentant un caractère grec prononcé, comme Zymarque et Ditybiste, et, même, pour ce dernier, on se rappelle le nom du vieux roi dace Boîrébista ; le premier fut empereur. Il y a à Constantinople des grammatici latins et des grammatikoi grecs,[189] mais un édit de l'empereur Valentinien donnait la première place aux Grecs et Théodose lui-même majorait le nombre de leurs chaires dans l'école de l'État établie par lui.

Quant aux habitants de Byzance, ils ne sont ni Grecs, ni Romains de conscience, mais uniquement « Byzantins » ; de fait, ils ne peuvent avoir aucun caractère de race. Les Hellènes sont des Epirotes, des habitants de l'antique Grèce, des îles. Mais nous avons constaté que, suivant l'ancienne coutume de parler, les Romains de Rome, les barbares d'Italie et d'Afrique donnent aux troupes de Justinien le sobriquet de Grecs, Graikoi, Graeci : « des Grecs ou leurs pareils ». Il y a des Romains qui « hellénisent » et des Romains dans le sens strict du mot. Les officiers et dignitaires parlent couramment le grec, le latin et quelque langue orientale. Mais la langue arménienne, par exemple, ne fut jamais « langue romaine » comme les deux autres ; elle resta toujours un patois barbare, Pour pouvoir se représenter ces conditions de vie, il faut penser à l'Autriche d'après 1866, qui reconnaissait être allemande et hongroise, mais qui était en même temps slave et roumaine sans vouloir le reconnaître.

Il est cependant incontestable que la langue grecque s'impose de plus en plus dans la littérature et dans l'État. Faut-il croire pourtant que l'Empire d'Orient s'était hellénisé presque en entier ? Pas du tout. Comme nous avons déjà souligné, il n'est pas plus vrai que cette langue grecque représentât une forme supérieure de la pensée, qu'on reconnût généralement en elle le langage classique des grands poètes, écrivains et philosophes, qu'on lisait encore dans les écoles[190] mais plutôt pour apprendre la grammaire dans des abrégés. La bonne tradition du style ira en se perdant, et les rhéteurs les plus distingués, Procope, Agathias, Paul le Patrice, écrivent malgré leurs efforts de décalquer sur les modèles, une langue qu'il faut déchiffrer plutôt que lire et qui nuit singulièrement au talent descriptif, au don de trouver des mots qu'avait sans doute le premier, à l'élégance native du second, qui ose même parler une fois de l'atticisme, alors que Corippus s'honore de chanter en excellent latin les hauts faits du général Jean et les débuts de Justin II ; à une époque où il n'y a presque plus de poésie grecque, celle des latins porte ainsi ces fruits tardifs.

Les édits grecs de Justinien sont moulés dans la même pâte lourde, et il déclare une fois que ce langage est pour lui le « vulgaire ». Le peuple de Byzance, qui parle grec, est fier de pouvoir intercaler dans ses interpellations à l'empereur ce « tu vincas » romain que reproduisent les chroniqueurs grecs,

Seulement, à cette époque, la langue officielle et la langue littéraire devaient naturellement en arriver à être uniquement celle de l'Église. Car, dès le début, cette Eglise de Constantinople, fondée dans les régions syriennes et égyptiennes, où l'hellénisme avait été transplanté et solidement établi par les dynastes macédoniens des temps déjà anciens, dans les régions purement grecques de l'Asie Mineure, transplantée ensuite dans le Péloponnèse grec, prit un caractère grec qu'elle ne quitta jamais. Tout ce qui se détachait de l'Empire d'Occident pour passer sous le gouvernement des Byzantins entrait aussi dans la dépendance du patriarche de Constantinople et grécisait son Église : c'est ce qui arriva avec la Dalmatie et l'Afrique. En Syrie, la liturgie syrienne ne put pas se soutenir. Les Arméniens n'arrivèrent que très difficilement à avoir une Église nationale.

L'œuvre des prêtres et des moines s'unit donc à celle des grammairiens du paganisme, qui avaient donné la connaissance du grec même aux nobles des sauvages districts caucasiens, pour amener la prépondérance de cette langue. Il ne faut pas aussi, nous le répétons, méconnaître l'influence de cette capitale qui, comme toutes les villes du littoral, avait une immense population grecque.

Mais l'Empire ne s'inspirera jamais que du passé romain. Ce qu'a été au point de vue politique la Grèce ne le regarde pas : jamais il n'est question des luttes pour la liberté contre l'Asie perse, des glorieux héros des cités de l'ancienne Hellade. Tout cela est bien mort, et on ne s'aviserait guère de le ressusciter. Tout lien de tradition est rompu de ce côté. On n'abandonnera jamais ce nom romain, qui devint celui du Rhomée, à langue rhomaïque, vivant dans une « Romanie » politique, différente des « Romanies » populaires, et fut plus tard ce Roum des Turcs qui sert encore à désigner la Roumélie. La langue grecque resta victorieuse dans les domaines plus élevés de la civilisation, tandis que l'Empire restait ce qu'il avait toujours été : une agglomération de peuples régis selon les lois romaines et suivant un idéal politique qui s'était formé à Rome.[191]

Mais constater cela c'est constater encore une fois le manque d'un lien spirituel entre ces provinces si différentes au point de vue géographique, ethnographique et historique, qui absorba le sentiment de la civilisation commune. Ce lien devait exister cependant. C'était d'abord l'orgueil d'appartenir à cette civilisation ancienne, si vénérable et si bienfaisante ; c'était surtout le christianisme orthodoxe, se détachant peu à peu de l'Occident chrétien. De plus en plus, l'Empire romain deviendra donc le monde chrétien, le seul et vrai monde chrétien, — « orthodoxe », oui, mais « catholique » aussi. Repoussant l'Occident comme arien sous les Goths, comme idolâtre pendant la querelle des Images, comme pervertisseur du dogme sous certains Papes, anathématisant, plus tard, les musulmans sans chercher à les convertir, il gagnera la conscience de détenir l'unique vérité chrétienne et d'être par conséquent le nouveau « peuple élu » du Seigneur.

Cette croyance, qui devait faire plus tard des miracles, était déjà bien forte au sixième siècle ; les icônes, les fragments de la vraie croix, les ossements des saints et des martyrs avaient pris pour eux l'adoration millénaire qui entourait les vieilles idoles asiatiques. Mais, en dehors de quelques groupes de païens, dans les campagnes, et des philosophes de l'école d'Athènes, bientôt supprimée, les classes les plus éclairées gardaient encore, grâce à l'enseignement et grâce à la lecture assidue des anciens auteurs, — fût-ce même en extraits —, d'Homère à Platon, grâce aux œuvres d'art qu'on tolérait sur la place publique et à l'Hippodrome, quelque chose du scepticisme païen et des superstitions antiques. Pour Procope, le premier écrivain de son temps, il y a un Dieu des chrétiens, qu'il reconnaît en apparence, et dont il expose l'œuvre de rédemption, et, en même temps, un autre Dieu, inconnu, indéfinissable et tout-puissant, de qui viennent les grandes résolutions dans la vie des individus et des peuples. Il croit aux prédictions, aux miracles, qu'il se donne la peine de mentionner à chaque page de son Histoire, destinée à transmettre la vérité, et, s'il laisse à chacun le droit de croire ou de nier, c'est seulement un geste d'érudit consommé, de penseur élégant. Sa foi aux miracles est peut-être plus grande que celle au Christ Il faut mentionner aussi les mesures que Justinien dut prendre contre ces fidèles, assez nombreux, de l'ancienne loi, qu'on appelait « Hellènes » parce qu'ils sacrifiaient encore aux dieux helléniques. De vieux astrologues furent promenés par les villes sur le dos de chameaux.

On a vu que Justinien défendit énergiquement les droits de l'Église orthodoxe et fit poursuivre dans toutes les provinces ces sectes d'hérétiques, à la vie dure, donatistes, eutychiens, manichéens, qui ne voulaient pas reconnaître le dogme chrétien tel qu'il avait été établi à Nicée, à Éphèse et à Chalcédoine. Cela donna même lieu à des conflits entre les soldats et les paysans qui professaient ces doctrines. Beaucoup firent semblant de céder ; d'autres passèrent du côté des barbares ou se retirèrent dans d'autres régions de l'Empire. Les riches trésors de l'Église arienne furent confisqués. Mais sous ce règne très dévot, pendant lequel de nombreuses églises furent bâties, à Constantinople et ailleurs, de grandes et belles églises, étincelantes de mosaïques, dans le style nouveau de Sainte-Sophie, la plèbe de la Capitale n'eut pas l'occasion de se trop mêler, et d'une façon active, suivie, à ces querelles de religion, auxquelles elle fut toujours portée à donner un caractère violent et tumultueux. Et cet empereur, pénétré beaucoup plus de la raison d'État que de la légitimité du fanatisme, essaya plus d'une fois aussi d'un compromis appuyé par la violence et la corruption ; il finit par tolérer le monophysisme, nommé désormais jacobitisme, de Syrie et d'Egypte, qui était dans ces pays comme une religion nationale. Théodora était elle-même adhérente des monophysites, et par ses soins les moines de Syrie obtinrent deux couvents à Constantinople.

Les Juifs eurent aussi leur part de la persécution ;[192] tel Juif converti, Jacob, essaiera même, sous Héraclius, de défendre le point de vue de sa nouvelle foi.[193] Les Samaritains ne furent pas épargnés.[194]

Avant de passer donc aux épigones de Justinien il est nécessaire d'étudier sa seconde offensive : celle de l'orthodoxie chrétienne.

 

IV. — L'OFFENSIVE ORTHODOXE

 

Il s'agissait d'abord de faire disparaître le paganisme.[195] L'ancienne religion n'avait plus de temples, les derniers, conservés pour des peuplades en dehors des frontières, ayant été fermés en Egypte,[196] mais on peut affirmer que, de la façon dont on la concevait, elle n'en avait plus besoin, toute sa vie s'étant réfugiée dans le haut domaine de la pensée. On a pu dire que la plupart des représentants de la science ont été des païens ;[197] ils ne l'ont été cependant que, par dessus toute croyance aux dieux, tout souci du culte, dans ce seul sens, très noble et très élevé. L'école même qui réunissait jadis les adhérents des idées platoniciennes avait été fermée à Athènes.[198] L'esprit survécut cependant aux formes ; dans différents domaines, de la vie populaire à la compilation scientifique et philosophique et aux réalisations de l'art, le christianisme vainqueur en fut profondément pénétré.

Mais Justinien, suivant la tradition impériale, ne regardait qu'aux apparences, et elles étaient maintenant sans doute chrétiennes.[199]

Pour donner une seule et même formule à la religion exclusive on s'était empressé, sous Justin déjà, de chercher la réconciliation avec Rome. On s'inclina devant son opinion concernant le dogme qu'elle prétendait conserver toujours intact, mais, quant aux chefs de l'Église romaine, on les considérait, même sous Théodoric, comme de simples sujets de l'Empire, responsables pour tout acte contraire à leur devoir de soumission envers le maître, parfois aussi comme l’instrument le plus utile pour les relations avec la royauté de délégation pour l'Italie. Le Pape Hormisdas refusa de décider sur les opinions des moines de Scythie, probablement de Tomi, d'anciens adhérents de Vitalien,[200] mais Justinien trancha la discussion par décret (533).[201] Jean Ier fit le voyage de Constantinople, où il fut reçu par Justin avec les plus grands témoignages de respect : il célébra la messe à Sainte Sophie devant ce chef de l'Église de Constantinople qu'il affectait de considérer comme lui étant inférieur. Ses successeurs Agapet et Silvère furent pendant les guerres d'Italie du côté de l'empereur. Le premier eut assez d'autorité sur Justinien, qu'il visita en 536, au moment où éclata le conflit avec les monophysites, pour pouvoir lui faire abandonner le patriarche constantinopolitain soutenu par Théodora, Anthime, soupçonné d'accointances avec les monophysites, et le faire remplacer par Menas,[202] mais, arrivant à Constantinople et rencontrant un pareil dominateur d'une Église qu'il s'était habitué à concevoir comme libre, il s'était écrié : « Je croyais venir chez l'empereur Justinien, mais je trouve Dioclétien ».[203]

Silvère, nommé sous la pression des Ostrogoths combattus par Bélisaire, fut arrêté par celui-ci, traité de la façon la plus ignominieuse, exilé à Patare de Lycie, rappelé en Italie par celui qui, envoyé de Constantinople, l'avait remplacé, Vigile, puis exilé dans une île italienne, où on le laissa mourir de faim.[204] Comme Justinien avait cru pouvoir de nouveau décider sur le dogme, anathématisant en 564 trois chapitres (ceux de Théodore de Mopsueste, de Théodoret de Cyr et d'Ibas),considérés comme hérétiques, Vigile, sans tenir compte de ses obligations envers l'empereur, ne voulut pas se rallier à cette opinion (548), et l'Occident se groupa autour du Siège romain. Mais il se ravisa, dès 550, plutôt dans le sens de son souverain, quitte à perdre son autorité parmi ceux qui l'avaient suivi jusque là.[205]

Justinien réitéra sa volonté en 551, le Pape étant maintenant son hôte à Constantinople, et il déposa les patriarches d'Antioche et de Jérusalem. Mais Vigile, de nouveau, avait changé d'attitude ; il refusa de s'associer à ceux qui, soutenaient la politique impériale et préféra se faire arracher de force dans l'église de St Pierre et Paul, dont l'autel fut renversé dans ses efforts. Il s'enfuit à Chalcédoine et demanda l'appui de la chrétienté.[206] Il fallut que ses adversaires s'humilient devant lui.

Lorsque, en cette année 553, un concile se rassembla là, à Constantinople, par la volonté impériale, le Pape persécuté refusa d'y participer, à cause des conditions dans lesquelles avait été faite la convocation, et ce cinquième concile plus ou moins œcuménique rompit donc la communion avec lui. Pour revenir à Rome, qui était maintenant impériale, Vigile dut céder, mais il mourut au retour, à Syracuse. Dans le but d'être confirmé par l'empereur, un autre opposant de sa politique, Pelage, commença par renoncer à ses opinions. Justinien avait vaincu, sans rallier cependant autour de lui Milan et Aquilée.[207]

En agissant de cette façon, il s'était gagné le droit de disposer du Siège de Rome, même avant la conquête totale de l'Italie. Il y aura désormais une « œcuménicité chrétienne » sous les ordres, intangibles, de l'empereur. Mais, pour recourir à de pareils actes de brutalité militaire, celui-ci était poussé, avant tout, en dépit des sentiments, manifestement hérétiques, de sa femme, par la conscience du devoir qu'il avait de détruire ce monophysisme sous lequel il sentait couver les anciens souvenirs et les nouvelles aspirations des provinces asiatiques, auxquelles le régime romain commençait a ne plus agréer.[208]

Il suivait en cela la direction déjà imprimée par le rude bon sens de son prédécesseur, qui lui aussi avait voulu rendre à l'Empire son unité morale, impossible autrement que dans la forme religieuse. On avait toléré jusque là, parfois même approuvé, l'attitude divergente des Syriens et des Égyptiens, qui avaient refait en quelque sorte, dans le monophysisme, leur indépendance nationale.[209] Il imposera donc aux Égyptiens le respect envers la croyance « impériale », melkite, dont ils s'étaient moqués jusque là, et fera emprisonner quiconque parmi les Syriens s'en tenait publiquement au schisme, Mais, comme auprès de lui-même, sous la protection de l'impératrice, des intéressés intriguaient pour maintenir la dissidence, on verra surgir bientôt, sur les frontières de la Mésopotamie, le jacobitisme d'un Jacques Baradaï, « le porteur de haillons », continuateur du grand Sévère, et les dissidents auront dans Serge de Telia leur premier patriarche, qui gagna des adhérents en Perse même, et les organisa.

Depuis longtemps même, Byzance se nourrissait d'Asie. La Cappadoce avait donné jadis les trois coryphées du christianisme oriental, Basile et les deux Grégoire, Ensuite, l'Asie Mineure continuant son tribut, c'est de la Syrie, par l'école de Gaza, que vinrent les ornements littéraires de ce grand règne, On a pu prétendre que, par Saint Éphrem le Syrien, la même race avait donné les modèles aux hymnographes byzantins.[210] Un Basile de Séleucie, un Antipatre de Bostra sont à la tête du mouvement philosophique antérieur au VIe siècle. On a vu la large part de la Syrie d'Antioche et d'Édesse dans la création du nouvel art jusqu'à Ravenne et encore plus loin en Occident.[211]

Car, au point de vue de la civilisation religieuse, le règne de Justinien, avec son imitation latine, avec ses guerres d'Afrique et d'Italie, avec ses fortifications danubiennes, latin dans tant de domaines, fut avant tout une chose d'Asie. C'est là que se développe la pensée religieuse, en même temps que la tradition philosophique se maintient ; l'Asie donne les courants et forme les personnalités. Combien est pauvre de vie morale l'Occident en regard de l'activité qui foisonne en Syrie surtout, et aussi en Egypte ! Constantinople elle-même ne s'entend qu'à chercher, par froid calcul, des formules de réconciliation, d'apaisement au moins, qui ne prennent pas. Plus on forcera cette Asie, qui regorge de vitalité, plus elle se détachera d'un organisme qui ne correspond pas à une façon d'être dont on n'avait pas remarqué la persévérance. Le cas d'Alexandre le Grand, qui se laissa gagner par l'esprit asiatique, ne pouvait pas se répéter ; toute l'âme romaine s'y opposait : alors, on marcha vers la séparation, et, sinon les nouveaux Perses, les Arabes seront bientôt là pour la faciliter. Il était trop puissant de réminiscences et d'esprit ce grand pays syrien pour qu'on eût pu le dompter de la même façon que la papauté romaine, un moment asservie.

Tout venait en première ligne de ce Sévère, patriarche d'Antioche, qui mourut au désert des persécutions ordonnées par Justinien.[212] La mémoire de ce défenseur et martyr de sa race fut pieusement conservée dans ce monde syrien, sa vie ayant été écrite, non pas seulement par l'évêque de Gabala, Jean, et par Zacharie le Scholastique,[213] mais aussi par le Syrien Jean de Beith-Aphthonia dans sa langue syrienne.[214]

Et bientôt paraîtra la série des grands chroniqueurs syriens.[215] Un élève de Syrie écrivit dans leur langue nationale sa biographie.[216] Cyriaque, évêque d'Avid, panégyriste du fondateur des jacobites, continuera au septième siècle cette tradition littéraire.[217] En 521 mourait Jacques de Saroug, autre représentant de la doctrine monophysite.[218]

Le sixième siècle donne encore le panégyrique de l'évêque Ahoudemmeh, monophysite vivant en Perse, qui avait baptisé un prince persan et gagné au christianisme une tribu mésopotamienne : il est auteur d'un traité sur l'homme, et le septième présentera la Vie de Marouta, métropolite de Takrit, sujet du patriarche d'Antioche[219] et l'« Exposition de la foi » d'un auteur anonyme.[220]

On continuait à s'intéresser à ces frères qui avaient passé la frontière de Perse, et on a une version grecque du martyre de ceux qui furent persécutés par le roi Sapor II.[221] Car de l'opposition de Sévère, du « monophysisme sévérien »,[222] on en était venu à une recrudescence du nestorianisme, d'un nestorianisme dépassant de fait, comme on l'a observé, la pensée de Nestorius. Ce nestorianisme, avec son Église organisée, avec ses évêques reconnus en Perse, en devenait une autre religion par dessus les frontières d'État. Sous Justin déjà un certain Paul essaya de se faire reconnaître comme patriarche.[223] Car du côté de l'Empire tout ce qui sentait le nestorianisme était soumis depuis longtemps à des sanctions sévères. La doctrine était servie par cette littérature en syrien, encore plus « nationale » que celle des écrivains reliés à la doctrine de l'Empire. Et une autre langue de dissidence s'ajoutera, après la conquête musulmane au syrien : jusqu'au IXe siècle des clercs arabes, comme Aboukara, évêque de Harrau, écrivaient aussi bien en grec qu'en arabe.[224]

Ce fut encore un clerc, un « grammairien » asiatique de Césarée, Jean, qui, avant 512, attaqua Sévère et provoqua la rédaction du Philalèthe de celui-ci : des Syriens, défenseurs de leur maître de doctrine, parlent dans des termes empreints de passion contre « ce plus rusé des hérésiarques présents et passés ».[225]

La Syrie donna encore les Didascalies utiles à l'âme d'un Saint Dorothée, né à Gaza.[226] C'est de Damas que vient dans la seconde moitié du sixième siècle Sophronius le sophiste, qui écrivit des Vies de Saints et fit aussi des vers ; on a voulu l'identifier avec le patriarche Sophronius, adversaire des monothélites.[227] Au couvent de Saint Sabbas,[228] près de Jérusalem, au Mont Sinaï,[229] qui conserve le souvenir de Justinien, des représentants de ce clergé royal travaillèrent pour l'orthodoxie en guerre contre les monophysites.

En fait d'histoire, sur les affaires de Perse, surtout sur la guerre de quatre ans entreprise par l'empereur Anastase, on avait le récit du moine syrien, originaire d'Édesse et établi à Zugnin, Josué, dit le Stylite,[230] alors que toute une histoire universelle allant jusqu'à l'empereur Maurice sera donnée par Jean d'Éphèse.[231] C'est, du reste, aussi l'époque des saints syriens, et Cyrille de Scythopolis, parait avoir rédigé aussi la Vie de Saint Abraham de Cratia, né à Emèse († 532), qui fut traduite en arabe.[232]

Les septième et huitième siècles donneront, parmi les écrivains grecs, même lorsque la conquête arabe chassera de leur patrie asiatique beaucoup de clercs, Saint André de Crète (†740), qui est de fait, un Syrien de Damas, comme St Jean Chrysostome, auteur d'homélies et de discours, se place parmiles meilleurs écrivains byzantins de son époque.[233] On ne sait pas l'origine de son quasi-contemporain Georges, moine et prêtre.[234]

Mais déjà, même dans ce groupe « fidèle », auquel jusqu'à un certain point peut être rattaché Sévère lui-même, la dissidence syrienne commence par l'emploi de la langue nationale.[235] Ce grand ouvrage de Sévère, le Philalèthe, la « Source de vérité », écrit entre 508 et 511 pour défendre les opinions divergentes, a été traduit en syrien.[236]

Du côté des adversaires de la théologie impériale, on a conservé quelque chose des œuvres de l'évêque Julien d'Halicarnasse, déposé lui aussi en 518, pour se retirer en révolte manifeste à Alexandrie : il est l'auteur d'un opuscule sur le libre arbitre.[237] Son aphtartodocétisme, doctrine de l'incorruptibilité du corps sacré de Jésus, le dressa contre Sévère et lui attira les foudres de son adversaire Léonce.[238]

C'est de cette même Syrie que vint, au sixième siècle encore parmi les écrivains de langue indigène, celui qu'on a appelé Babaï le grand.[239] Barsanouphe (vers 535), l'auteur, avec son disciple Jean, d'un ouvrage concernant les idées d'Origène, d'Evagrius et de Didyme et de lettres, était originaire d'un couvent près de Gaza.[240] Ajoutons à la longue série de ces écrivains de Syrie un autre contemporain, Dadiso.[241]

Et, il y aura, avec Jean d'Asie, avec Jacques d'Édesse et la chronique anonyme de cette ville (jusqu'en 540), avec Élie de Nisibis et Denys de Tell-Mahré, patriarche d'Antioche (†845), auteur d'une histoire de 582 à842,[242] et jusqu'à Michel le Syrien, tout un développement de l'hagiographie en syrien dans ces régions.[243]

En attendant le grand chroniqueur du septième siècle Jean de Nikiou, l'Egypte n'a pas de littérature, melkite ou dissidente, sauf ces écrits du « scétiote » Daniel qui furent traduits en éthiopien et en arabe.[244] Dans ce pays qui nourrit Constantinople,[245] les moines restant fidèles à la doctrine « impériale »,melkite (de mélek, empereur).[246] Mais, si dans ce monde de soumission des classes inférieures,[247] il ne pouvait pas y avoir de révoltes, le Copte se réunit pour l'opposition au chalcédonien.[248] Alexandrie, enfin réconciliée avec Antioche dans l'opposition au « mélek » et à sa réglementation religieuse, arbore, sous le règne même de Justinien, le drapeau du schisme.[249]

Ayant comme sa religion à part, l'Arménie, quelle que fût la suprématie qui se succédait sur les fragments de ce qui avait été jadis l'Empire successeur des Perses, reste organisée d'une façon strictement et exclusivement nationale.[250] Il ne manquait que le monothélisme d'Héraclius dont il sera question bientôt, pour prononcer la séparation irrémissible : dans les Syriens sur le point de se libérer aussi, on voyait des camarades et, dans certains domaines, des initiateurs.

 

V. — LES ÉPIGONES DE JUSTINIEN : GUERRES DE PERSE, OFFENSIVE SUR LE DANUBE

 

Ce qui suit le règne de Justinien dans l'histoire byzantine se dirige fatalement vers ses deux buts principaux : enracinement dans Constantinople et fidélité à la foi orthodoxe. Mais l'impossible fut essayé, jusqu'à Héraclius, pendant presque un siècle, pour sauvegarder son héritage glorieux : l'œcuménicité orthodoxe de caractère romain et de tendances latines.

Une première période doit comprendre les luttes avec les barbares, jusqu'au moment où ces derniers — barbares d'Occident, barbares du Danube et barbares d'Orient, empruntent à Constantinople ses principes : sinon tous le christianisme aussi, au moins la civilisation, l'idée de l'Empire, et veulent établir le nouvel Empire romain des Germains, des Slaves ou des Arabes. Contre leurs attaques répétées, l'Empire opposera les murs de la Capitale et ce bouclier de l'immuable orthodoxie byzantine, enfin obtenu, au prix de tant d'efforts et au risque de si gros dangers.

Mais il ne faudra pas de trop longues épreuves pour montrer ce caractère absolument éphémère de la création de Justinien, que nous avons déjà signalé et expliqué. Car l'Empire de l'orbis terrarum n'avait aucune solidité, et de fait, il était comme auparavant à la merci des barbares.

Pendant des années encore on combattit contre les Perses et les peuples du Caucase, leurs alliés. Les châteaux du Danube étaient presque inutiles et servaient plutôt de places de refuge pour les habitants des campagnes, poursuivis par les bandes des Slaves et de ces Huns, Coutrigoures et Outrigoures, qui seront bientôt réunis dans le nouvel empire hun, celui du khagan des Avars, maître de la Pannonie et successeur d'Attila.[251] Du grand fleuve frontière à Constantinople, il n'y avait guère de troupes capables d'opposer de la résistance, et la garnison de la ville impériale ne dépassait pas quelques centaines de scholaires, soldats de parade et de faveur, qui ne comptaient pas comme combattants.

On avait vu cela très bien, et d'une manière très douloureuse, lors de l'invasion des nouveaux Huns, en 558. Tandis qu'un de leurs détachements se dirigeait vers les Thermopyles, qu'il ne réussit pas à forcer, d'autres prenaient la grande route vers Constantinople. La grande ville fut, un instant, terrorisée par la crainte d'un pillage tel que celui d'Antioche. Les richesses des églises furent déménagées.[252]

Cette fois encore l'empereur ne bougea pas. Heureusement qu'il y avait la flotte, les paysans des environs, de braves Thraces, et les talents militaires du vieux Bélisaire. Pour former une cavalerie, on prit les chevaux des particuliers, des églises, et même les précieux coursiers du Cirque.

La naïveté héroïque des barbares aida au salut de la capitale ; ils se laissèrent envelopper par les quelques hoplites du généralissime. D'autres s'imaginèrent qu'ils pouvaient prendre Constantinople, malgré les galères impériales, en usant de bateaux plats de bois et de roseaux, tels que l'on en emploie encore sur les rivières de la Moldavie ; ils périrent noyés. Mais des troupes de barbares rôdaient autour de la ville, lors même que l'empereur en sortit, pour surveiller en personne les réparations aux larges murs d'Anastase. Il fit semblant d'armer une flotte du Danube.

Justinien paya en or monnayé la rançon des captifs faits par les barbares, et usa du même moyen pour irriter les Outrigoures contre les Coutrigoures. Par de telles manœuvres seulement l'on pouvait sauvegarder désormais la « majesté de l'Empire ».[253] « Elle vient de Dieu », dit le poète Corippe, en décrivant la pompe souveraine de cette Cour byzantine sous Justin II ; « elle n'a pas besoin des armes de la terre » : Res romana Dei est, terrenis non eget armis.

Les Turcs se plaignaient de ce que les Romains ont dix langues, et un seul talent pour tromper. Une savante diplomatie, les fins artifices de la parole et du style, le prestige indicible de cette incomparable Rome Nouvelle, de ces palais de marbre, de ces salles d'audience, où le rideau de soie est tiré à l'improviste pour laisser voir le basileus, l'imperator, trônant sur un siège d'or, sous un ciel d'or, la couronne d'or, étincelante de diamants, de saphirs, de rubis et d'émeraudes, sur la tête, pendant que les scholaires immobiles, armés d'or aussi, font la garde autour de la divinité vivante. L'Avar, le Slave,[254] les ennemis de cette heure, tombent la face contre terre devant cette révélation surhumaine et jonchent le parvis de marbre des bandeaux de leur chevelure sauvage. A côté sont les trésors accumulés pendant des siècles, et une main large est prête à couvrir d'admirables présents ceux des barbares « qui aiment la paix ». Ces khagans avars, bien loin comme puissance de la grandeur impériale d'un Attila, ces chefs slaves des petits groupes qu'ils mènent devant eux,[255] n'ont pas d'ambition. Ni une idée maîtresse, ni un grand enthousiasme religieux, ni un sens d'ancienne hostilité inconciliable ne les jettent contre les murs, pourtant mal défendus, de Byzance. Ce ne sont pas des concurrents de l'empereur, des usurpateurs d'Empire, mais bien de lourds barbares, pleins de concupiscences vulgaires, et qu'il est très facile de gagner en les corrompant. Leurs peuples ont depuis longtemps au-delà du Danube la terre qu'il leur faut pour chasser et ensemencer.[256]

Il n'y a pas même de guerre au vrai sens du mot, mais bien des incursions, dont le seul but est de renouveler la provision d'esclaves et de se rappeler à la générosité de l'empereur. Les sujets pâtissent, le prince s'exécute et paie ; mais il n'en reste pas moins la seule autorité légitime, le seul pouvoir divin qui existe sur la terre ; le monde ne peut pas exister sans lui : c'est la conviction des contribuables, écrasés cependant par les impôts, et de ces barbares qui mettent tout à feu et à sang, se coupant des courroies sur le dos des incapables chefs militaires de l'Empire.[257] Rome n'existe pas seulement parce qu'elle veut durer, mais parce qu'elle doit être. Sans elle tout retomberait dans le chaos de la guerre éternelle, jusqu'au dernier lutteur sauvage.

Les barbares qui ne reviennent pas chez eux rôdent dans les campagnes. L'empereur n'a pas les moyens de les chasser ; ses officiers leur donnent plutôt comme un permis de séjour. Jusque dans la moitié du septième siècle parler d'une fondation d'Etat sur le territoire impérial est prématuré. L'« Avaria » était considérée, comme on le voit par une inscription, seulement du côté de Sirmium, qui avait été concédée, le reste formant dans le langage populaire la « Romania ».[258] Les villes résistent en Dalmatie, où elles forment, comme Raguse et toutes ses sœurs le long du littoral, de Cattaro, au Sud, jusqu'au-delà de Jadra, de Zara, au Nord, des « Romanies » urbaines qui s'entendent avec les chefs voisins en leur faisant passer à telle date de l'année un magarisium, un mogarich, et des présents, en honorant leurs visites, strictement surveillées : une langue romane qui vient à peine de mourir s'y conservera à travers les siècles, alors que, dans la montagne, bergers et guides de caravanes parlent un autre roman, qui sera le roumain.[259] De même en Grèce la population ancienne se restreint entre ses murs, entourée d'« Esclavonies » paysannes.

L'historien du règne de Justin II, critiqué par Evagrius comme avide, incapable, qui succéda à un âge assez avancé au trône, attribue à cet empereur le système politique du prestige et des présents, l'argent, les chaînes d'or, les robes de soie et les titres.Il n'eut que treize ans pour le réaliser.

Le succès de cette politique était plus difficile du côté des Perses. Chosroès vivait encore, et son but était de récupérer les provinces caucasiennes, ainsi que la « Persarménie » et de s'assurer la pension byzantine, c'est-à-dire accroître ainsi les revenus de son avarice. Justin, malade, dut se résigner :il ne put pas même obtenir en échange la ville de Nisibis.[260] Si Antioche résista, Apamée fit brûlée et Dara succomba.[261] L'Empire avait en vain sollicité jusqu'aux Axoumites[262] et accepté l'alliance des Turcs sogdaïtes, habitant la région du Syr-Daria et de l'Amour-Daria, montagnards de l'Altaï, dont l'énergie féroce venait de soumettre les villes des Huns Hephtalites, amollis par la civilisation.[263] Attiré aussi bien par le mystère que par les avantages de commerce dans le lointain Orient, il envoie, d'après un témoignage italien tardif, une ambassade à un « roi des Indes » (rex Indorum), s'appelant Aréta (le nom est syro arabe : Haret), qui est décrit comme trônant presque nu, mais couvert d'or et de perles, avec cinq bracelets aux bras et une chaîne précieuse au cou, sur la tête un turban d'un grand prix ; il monte sur un char traîné par quatre éléphants.[264]

Justin II, fils de Dulcidius et de Vigilantia,[265] et Tibère, son ancien général contre les Perses et, devenu César, son vicaire, appréciaient avec raison que, pour le moment, les principaux intérêts de l'Empire d'Orient étaient à la frontière orientale. Les relations avec les autres voisins furent en effet négligées. Les Avars purent s'établir dans le Sud de la Pannonie et arriver jusqu'aux deux cités romaines de Sirmium,[266] ensuite cédée, et de Singidunum, qui leur défendaient l'accès de la Thrace et de l'Illyricum, et qu'ils attaquaient donc sans cesse. Ils étaient libres de mener leur ancienne vie dans les steppes et d'extorquer des tributs auxpeuplades slaves du Danube, qui avaient dû reconnaître dans le khagan un maître à la façon d'Attila. Ils purent s'entendre avec les Lombards et détruire pour toujours la puissance des Gépides,[267]qu'on avait commencé cependant par défendre contre leurs rivaux permanents.[268]

La présence des Avars, qui arrivèrent bientôt jusqu'à Anchiale,[269] était cependant pour les Lombards un perpétuel obstacle ; ils ne pouvaient plus tirer de l'Empire ces rançons que les nouveaux venus s'étaient réservées exclusivement. Ils suivirent donc l'exemple lointain de Théodoric et celui, plus récent, de Leutharis et de Bucelin, les chefs franco alamans qui étaient descendus dans l'Italie du côté des Alpes occidentales. Ces derniers avaient pu ravager impunément le pays, malgré la présence de Narsès avec une grande armée deux fois victorieuse.

L'invasion lombarde, par la porte orientale des Alpes, trouva beaucoup moins de résistance. Depuis peu, de nouveaux guerriers francs étaient venus, et il fut impossible de les éloigner. On peut même douter si, à l'exception des garnisons de Milan et de Pavie, les Romains, commandés par le « délégué impérial », l'exarque, avaient pris des mesures pour gouverner effectivement le Nord de la péninsule, qu'on avait consenti jadis à abandonner aux Goths. En tout cas, Alboïn, le chef des Lombards, qu'on a pu croire « invité » par Narsès, qui se vengeait ainsi d'avoir été rappelé,[270] entra en Italie, avec tout son peuple, sa « fara », brûlant ses anciens pénates,[271] et y resta comme « roi ». La Vénétie, Rome, Naples, la Sicile, restèrent byzantines, fragments épars, bien que très importants, de la province établie au prix de tant de fatigues. Le reste redevint barbare et eut de nouveau une aristocratie de lourds guerriers, une royauté d'hérétiques ariens, une classe de petits propriétaires germains.

Toutes les doléances qui furent présentées à Constantinople restèrent inutiles. La réponse donnée aux Italiens recommandait d'employer leur argent auprès des Lombards et des Francs même, avec lesquels l'Empire s'entendit dans ce but, après 580[272] pour délivrer le pays : elle était conforme au système. Des sommes et des ambassadeurs furent envoyés par l'empereur, mais sans trop insister pour déloger les envahisseurs. On peut se demander, du reste, tout en écartant cette légende de l'Italie trahie par Narsès disgracié, si entre l'Empire et les successeurs des Goths il n'y a pas eu, bien que les Lombards n'eussent jamais fait leur acte d'hommage envers l'Empire, un pacte que la dignité impériale empêchait de révéler.[273] L'entrée de l'armée lombarde, bien qu'elle eût commencé par vaincre et tuer le gendre de Justin, Baduarius,[274] se fit dans des circonstances, défavorables : pénétrant dans la Provence, où le patrice Mummolus régnait comme un prince indépendant,[275] ils furent battus et on vit leurs guerriers dans des marchés d'esclaves.[276] Ceci d'autant plus que, lorsque Alboïn fut tué par sa femme gépide, fille d'un roi qui avait péri sous les coups du Lombard, la reine se réfugiant à Ravenne avec le trésor et son amant et complice, trouva tout naturel d'être envoyée à Constantinople,[277] dont tout ce monde barbare continuait à se sentir dépendant. Dans le langage du comte Marcellin ceci n'était que l'acte, bien naturel, de se « livrer à l'État »,[278] au seul État légitime, à celui dont nécessairement dépendaient les Lombards. Lorsque Autaric fut proclamé roi, Jean de Biclar ajoute qu'il fut « élu au milieu de sa nation », comme si on aurait pu choisir un chef ailleurs que dans son cercle.[279] Sous Maurice seulement il fut question de les chasser, appelant les Francs, beaucoup plus dangereux.[280]

A l'appui de cette hypothèse, qui s'impose d'elle-même pour expliquer le manque complet d'efforts personnels et l'appel aux Francs ne fut adressé qu'une vingtaine d'années plus tard — en vue d'une récupération romaine, « orthodoxe », qui, contre ces barbares ariens, n'ayant pas les qualités des Goths, aurait eu des chances, on peut recourir aussi à l'attitude que l'historien officiel de la nation — mais, il est vrai, à une époque aussi lointaine que le huitième siècle et où l'arianisme avait disparu —, le diacre Paul Warnefried, a envers l'Empire de durée éternelle, de légitimité inattaquable. Il ne tarit pas en éloges pour Justinien, « prince catholique et ami de la justice », qui « a gouverné l'Empire romain avec prospérité et fut vainqueur dans ses guerres » ; il mentionne Sainte Sophie, l'église inégalable à travers le monde entier, et s'extasie devant la nouvelle rédaction des « lois des Romains ». Narsès est un « vir pissimus », presque un clerc : il passe son temps à veiller et à prier ; il prend soin des pauvres et répare les églises : son succès comme chef des armées d'Italie est la récompense que le Seigneur a accordée au bon chrétien. Si Justin est, dans cette source aussi, âprement critiqué, ayant été arrogant, avide de l'argent qu'il cherche dans les confiscations, au dépens des sénateurs respectables, et il finira par la folie,[281] on sent bien l'humeur contre l'empereur qui a hésité à reconnaître les nouveaux hôtes de son héritage italien. Mais pour le successeur de Justin, Tibère, recommence la pratique élogieuse : quel prince, juste, brave, charitable, quel homme pieux ! ses bienfaits s'étendront à l'Italie qu'il nourrira du blé de l'Egypte. Car c'est l'empereur qui accepte la situation qu'il ne pouvait pas changer.[282]

Ici, comme en Mésopotamie et au Caucase, l'Empire avait dû céder avec honte des chrétiens, des orthodoxes, d'anciens Romains, aux infidèles et aux barbares, et il se montrait ouvertement hors d'état de poursuivre l'accomplissement de sa grande mission historique.

Le règne du beau Tibère,[283] qui se fit nommer Constantin,[284]successeur de Justin II le Flavius[285]reproduit celui de Justin, qu'il avait conduit lui-même, pendant de longues années.[286] Conflits au Caucase, et même un grand combat en Arménie contre Chosroès lui-même, qui fut complètement battu (573), ce qui amena la récupération des provinces perdues ;[287] querelles avec les Avars au sujet du tribut et de la possession des deux cités de frontière,[288] indifférence envers l'Italie. Tibère meurt bientôt (582),[289] laissant des regrets jusqu'en Egypte,[290] et, selon la coutume, son favori Maurice, devenu général de l'Empire et parent de l'empereur, lui succède, s'intitulant Flavius Tiberius.

C'était unAsiatique d'origine, venant par ses parents d'Arabyssus, en Arménie Mineure,[291]un amateur de vers et de philosophie, un grand liseur et un prince d'un caractère très doux, dénué de talents militaires, ainsi qu'il l'avait montré dans une campagne de Perse, où il fut battu, avant de vaincre et de célébrer son triomphe guerrier et son mariage avec une fille d'empereur à Constantinople.[292] On l'aimait à dans cette capitale et à l'occasion de sa seconde nomination au consulat la foule le porta sur ses bras.[293] On lui doit un hôpital, le couvent du Myriokératos ; sa sœur fonda celui de Xylokerkos.[294]

Cependant Maurice voulut apporter au régime politique inauguré par Justin des changements qui ne réussirent pas et causèrent sa perte. Ces tentatives et la tragédie par laquelle elles finirent forment l'intérêt de ce règne de presque vingt ans.

Du côté des Perses, qui continuaient l'ancienne guerre de frontière, l'empereur, qui avait combattu contre eux,[295] n'innova point, mais des accidents favorables donnaient à ses généraux d'Orient, parmi lesquels Priscus et Germain, ces succès peu ordinaires. Hormisdas (Hormizd) IV, le fils du grand Chosroès (Anouchirvan) († 579), ne possédait pas l'énergie indomptable, le grand talent de dompter les hommes, d'employer toutes les circonstances, qu'avait eu son héroïque père. Il laissa à d'autres le soin de combattre l'ennemi héréditaire, qu'il méprisait. On ne vit que des expéditions commandées par le « cardarigan », ou généralissime royal.[296]Il arriva que ce rôle de défenseur de l'Empire échût à un membre des sept familles qui donnaient les pairs du roi, Bahram ou Varam. Ce personnage brutal et sans scrupule avait de nombreux partisans parmi les Perses eux-mêmes ou parmi ces Juifs, venus depuis assez longtemps de Palestine et qui se montraient aussi remuants sur ce nouveau terrain que dans leur ancienne patrie.[297] Une révolution de palais, préparée sans doute par son ambition, amena la chute de Hormisdas.[298] Un des fils du prince déchu fut placé « sous l'abside d'or ». Il laissa aveugler son père, tuer son frère et la mère de celui-ci ; à la fin on fit battre Hormisdas jusqu'à la mort pour échapper à ses plaintes et à ses reproches.

De son côté, Bahram, « ami des dieux, vainqueur brillant, ennemi des tyrans, satrape des grands, maître de la puissance des Perses, sage, seigneurial, craignant les dieux, bon administrateur, prudent, pur, aimant les hommes », refusa de reconnaître le jeune assassin, qu'il appelait seulement « le garçon d'Hormisdas ».[299]Chosroès II, le futur « Parvez » (Vainqueur), fut réduit donc à s'enfuir sur le territoire romain que son grand-père avait si souvent ruiné.[300] Il y trouva par ordre de l'empereur, qui le créa « son fils », mais refusa sa fille à un prétendant qui n'était pas chrétien, un excellent accueil et les moyens militaires qu'il lui fallait pour préparer sa restauration. Pendant qu'il réunissait des convives de sa race et des étrangers autour de ses tables ornées de fleurs, les Romains lui donnèrent tour à tour la possession de Babylone et de Ctésiphon (591), où ils ne seraient jamais entrés sans le concours des légitimistes persans, qui préféraient Chosroès, malgré son incapacité et ses crimes, aux talents de l'usurpateur.[301] Le roi des Mages, le descendant des conquérants de la Syrie, prit une garde romaine, nomma l'empereur son père, restitua les dépouilles des églises, fit l'offrande aux saints et épousa une chrétienne, Sira.[302]

Ce succès immense, qui fut accompagné du cadeau de Martyropolis et de Dara,[303] si longtemps disputée, inspira à Maurice le projet hardi de regagner contre les Avars de Pannonie et les Slaves d'en deçà des Carpates la possession des bords du Danube et d'empêcher dorénavant, par une guerre tenace de chaque année, ces incursions des barbares qui, maîtres de la rive droite du Danube jusqu'à Drizipéra et de la Scythie Mineure, étaient arrivés de nouveau, au commencement de son règne, jusqu'aux Longues Murailles.[304]

Cette guerre interminable ressemble assez bien à celle que les descendants de Constantin le Grand firent au IVe siècle contre les Sarmates et les Goths, qui occupaient à cette époque les positions des Avars et des Slaves.[305]Marcianopolis,

Tomi, relevée de ses ruines et devenue encore une fois une cité importante,[306] furent les quartiers généraux de l'armée. Il y eut des débarquements sur différents point de la rive gauche : depuis la steppe valaque du Bărăgan,[307] où l'armée fut décimée par la soif et les dards des paysans slaves, jusque dans les villages gépides de guerriers buveurs à l'embouchure de la Tisa.[308] Des chefs slaves, Ardagast, Piragast, Mousokios, voïvodes de ces peuplades, furent battus, capturés, mis à mort.[309] Les Avars eux-mêmes, accourus à Constantiola, près de Singidunum, à Vidine-Bononia[310] et jusque vers les contrées du delta danubien, essuyèrent des pertes sensibles.

Mais il n'y avait pas moyen de les réduire avec les faibles forces dont disposait un empereur romain de ce temps. De nouvelles bandes apparaissaient le lendemain de la victoire. Tel officier byzantin dut abriter ses troupes dans les défilés des Balkans. Après une sortie de Maurice lui-même, lequel connaissait bien ces ennemis qu'un contemporain décrit dans le Stratégikon attribué au maître,[311] après ce spectacle pompeux qui s'arrêta à Anchiale, les barbares vinrent à leur tour visiter cette ville ; ils poussèrent ensuite jusqu'à Périnthe et osèrent assiéger à Tzouroulon, tout près de la capitale, le général Priscus. Il fallut bien satisfaire aux demandes des Avars, qui demandaient 20.000 pièces d'or de plus dans le tribut qu'on leur payait,[312] mais l'empereur s'aperçut bientôt que ses ressources ne lui permettaient pas d'acheter à un tel prix la paix de la Thrace, et cette guerre, lente et faible, recommença.[313]

Elle absorbait toute l'attention de Maurice. Le reste de l'héritage de Justin vivait la vie que permettaient les barbares. En Afrique, on sentait très peu les liens avec cette Rome lointaine de l'Orient, où d'autres peuples parlaient des langues inconnues. Des chefs maures y faisaient éclater des révoltes ; les officiers impériaux les attiraient dans des guet-apens et rétablissaient la paix, au moins le long du littoral.[314] En Espagne, il ne restait plus rien de la puissance romaine, si mal établie dès le début. Avec les Francs, on entretenait des relations si étroites que Maurice put ajouter à ses « fils » barbares le roi Childebert.[315] En Italie enfin, puisqu'il y avait encore des soldats de l'Empire à Rome, à Naples, en Sicile, dans les grandes îles de la mer occidentale, on pouvait considérer à la rigueur les Lombards comme des envahisseurs destinés à disparaître ou à accepter la situation de fédérés reconnus de l'empereur. Aux yeux des contemporains il n'y avait pas sans doute une grande différence entre cette Italie accablée par le fléau lombard et la Thrace envahie si souvent par les tribus slaves et les hordes avares. Tenir les villes paraissait, des deux côtés, comme la chose la plus importante. Maurice avait si bien l'illusion de posséder l’imperium orbis dans toute son extension que dans son testament il assignait l'Orient à un fils qu'il avait baptisé Théodose, pour rappeler Théodose le Grand, et l'Occident à celui qui s'appelait du nom, bien romain, de Tibère, comme son impérial grand-père.[316]

Les habitants de Constantinople, maîtres de la personne impériale, n'étaient pas trop mécontents de Maurice, qui leur avait donné le Portique Carien,[317] jusqu'au moment où la vieillesse le rendit avare, mauvais dispensateur de l'annona,[318] des pièces d'argent pendant les triomphes et des spectacles du Cirque. Depuis longtemps ils pouvaient acheter dans la rue des couplets contre l'empereur qui ne savait pas vaincre, puis contre l'ennemi des miracles de Ste. Euphémie et l'adepte de l'hérétique Marcien, accompagnant les processions de chansons injurieuses et obscènes. Ils ne croyaient pas à lui, et la nouvelle d'une razzia avare les fit penser à chercher refuge en Asie. Comme Justinien, c'était un protecteur des Bleus, et les Verts le haïssaient. Pendant une famine, des pierres furent jetées contre lui dans l'église, le jour même de Noël, et il fallut emporter en cachette, sous le manteau, l'héritier de l'Empire d'Orient, pendant que la plèbe promenait sur un âne un certain moine ressemblant à l'empereur.[319] Maurice était présenté aussi comme un mauvais chrétien.[320]

Mais le coup devait venir de l'armée. Elle avait subi des transformations profondes par les mesures de Justinien et par la fatalité des choses après sa mort et la disparition des capitaines de « grandes compagnies » comme Bélisaire après les pertes subies dans les longues guerres de l'Occident Le rôle des barbares avait presque disparu ;Asimouth, Gondoès, Drocto, Tatimer, Ilifréda,[321] les clients des généraux, les « hypaspistes » ne signifient quelque chose qu'à Constantinople même. On ne voit plus de groupes composés surtout de cet élément fidèle et dévoué. L'armée est maintenant la propriété de l'empereur ; les soldats appartiennent pour chaque province à la nationalité dominante. Ceux qui combattent sur le Danube parlent le latin et sont exposés à interpréter de travers les anciens termes de commandement latins qui ont un sens pour eux.[322] Quelquefois des milices provinciales sont commandées par de puissants seigneurs ou même des évêques, comme ce Domitien de Mélitène,[323] parent de Maurice. Cette armée sait assez bien son métier ; elle est capable de bravoure ; elle accepte des châtiments terribles, tels que le pal,[324] emprunté aux Slaves. Mais elle entend servir seulement de la St Georges à la St Démètre, avoir de bons quartiers d'hiver dans des villes, partager entre les combattants toutes les dépouilles de l'ennemi, recevoir régulièrement, à la dimissio d'automne ses stipendia, en bonne monnaie d'or, et non en armes ou en vêtements.[325] Elle désire des pensions pour les vétérans, et même le privilège de léguer aux enfants la situation de soldat.[326]Elle veut enfin avoir des chefs tolérants, disposés à la choyer et à la flatter de toute manière : si Priscus néglige de saluer ses soldats, il risque sa vie.[327]

Autrement, elle lève sans remords et sans crainte l'étendard de la révolte, comme au temps des légions anarchiques qu'avait détruites l'enrôlement des barbares. Les soldats sifflent en criant : « à bas le basileuz », les édits de l'empereur qui veut faire des économies à leurs dépens, les envoie se nourrir chez les barbares ou les invite à passer l'hiver devant l'ennemi[328] pendant que leurs officiers prennent leurs loisirs à Byzance.[329] Les enseignes impériales sont jetées à terre, les statues du maître volent en éclats.[330] Les mutins vont si loin qu'ils criblent de coups de pierres même ces saintes images dont on attend maintenant la victoire contre les païens.[331]Comme on avait réduit les« rogai » d'un tiers, Priscus, en Asie, fut assiégé par ses troupes à Edesse, et dut s'enfuir. Son successeur, Philippikos, ne parvint que très difficilement à se faire reconnaître.[332]

Une autre sédition éclata sur le Danube : elle fut apaisée.[333] Cette armée se souleva cependant pour la seconde fois à cause de l'ordre de passer l'hiver au milieu des Slaves, sur ces rivages glacés, sans provisions et sans aucune perspective de butin. Le centurion Phokas, qui avait été déjà souffleté pour insubordination, lorsqu'il apportait la sommation des soldats non payés d'Italie,[334] un Grec astucieux et cruel fut proclamé lieutenant de l'Empire, « exarque » comme le vice-roi d'Italie, sur le bouclier qui servait à montrer un nouvel empereur.[335] De fait c'était un empereur romain qui d'Italie venait prendre son siège à Constantinople : il sera un tyran abhorré dans cette capitale, mais, au milieu de tous les crimes qu'il accumula, Rome et l'Italie gardèrent leurs sentiments sur ce « Focate », candidat de l'Occident.[336] Les révoltés se dirigèrent audacieusement sur la capitale elle-même, ainsi que l'avait fait pour la dernière fois au cinquième siècle Vitalien.[337] Maurice ne pouvait compter que sur ses « dèmes » à lui et leurs chefs, qu'on peut comparer très bien à ces chefs de quartiers, de sestieri, de Venise, de paroisses groupées d'après les églises, qui étaient sans doute d'origine byzantine dans cette ville. Il était trop « vert » pour intéresser les Bleus à son sort. Il fut acclamé par les siens seuls lorsque le héraut annonça dans le Cirque qu'il y avait une révolte militaire, que les fidèles citoyens ne devaient cependant pas redouter. Mais bientôt après il se mit en tête de poursuivre jusque dans l'asile sacré de l'église ce patrice Germain dont la fille était mariée au jeune Théodose et que l'armée voulait faire son maître.[338] Les Verts même abandonnèrent alors Maurice, tandis que les Bleus allaient voir Phokas dans ses tente : ils l'y saluèrent empereur.[339] Un autre héraut vint à Ste Sophie et appela du haut de l'ambon le Sénat et le patriarche devant le nouvel Auguste, qui fut couronné dans l'église de St Jean Baptiste.[340]

Maurice s'était enfui, mais il fut pris par Phokas, qui fit son entrée à Constantinople sur le quadrige à chevaux blancs. Bientôt après, les corps décapités de l'ancien empereur et de sa famille[341] flottaient sur les eaux du Bosphore sous les yeux d'une grande multitude indifférente. Un acte venait de s'accomplir, dont Constantinople n'avait pas vu le pareil (602).[342]

Le règne de ce soudard barbu, féroce et ivrogne, qui se fit représenter sur les monnaies auréolé,[343] fut unique. Les Avars, qui poussèrent jusqu'à Spalato, ruinant Salone, et les Slaves eurent liberté entière de dévaster la Thrace et même de s'y établir ; les campements slaves d'outre-Danube datent certainement de cette époque.[344] Après l'Italie, où le Pape Grégoire Ier avait salué ce nouveau patron dont il ne connaissait ni le passé, ni les mœurs, mais dont il gagna ainsi la reconnaissance de sa primauté,[345] la péninsule balkanique était abandonnée par l'Empire sous cet empereur infâme que cependant la province, dominée par les Bleus, acclamait.[346] En Asie, Chosroès s'improvisa le vengeur de son « père » Maurice ;« exarque » lui aussi du pouvoir impérial, sympathique à nombre de chrétiens par ses offrandes aux saints, il put arriver facilement jusqu'à ia Mer byzantine. Bientôt après on vit ce miracle terrible : les Perses à Chalcédoine, en face de Constantinople, dont les environs furent infestés par les bandes avares (608).[347]

Pendant ce temps, Phokas, qui voulait maintenant baptiser de force tous les Juifs,[348] se repaissait de meurtre. Il fit ainsi disparaître la veuve, de Maurice et ses filles, ainsi que Germain, qui avait fomenté une sédition à son profit et amené nuitamment à Constantinople cette impératrice Constantina qui représentait le sang de Tibère et de Justinien. Philippikos, Commentiolus, jeté aux chiens, les généraux de l'autre règne, périrent par les mains du bourreau. Des supplices atroces, qui n'avaient jamais été jusqu'alors infligés à de hauts dignitaires, furent ordonnés contre les suspects ; on coupait la langue, les pieds, les mains : on brûlait sur des barques abandonnées au caprice de la mer ; on crevait les yeux ; on meurtrissait les corps à coups de nerf de bœuf.[349] Un général, Narsès, fut brûlé.[350] Les soldats s'attaquèrent même aux chefs du clergé : les patriarches d'Antioche et d'Alexandrie furent tués, celui de Jérusalem chassé.[351]

Les dèmes en avaient assez. Les Verts avaient été dès le début mécontents du régime ; les Bleus eux-mêmes, qui n'avaient pas voulu reconnaître Constantina, commencèrent à s'agiter : ils demandaient aussi miséricorde à « l'empereur qui aime les hommes ». Leurs chefs furent aussi jetés à terre et menacés de perdre leur tête. Maintenant, lorsque quelque nouveau coup était porté, on entendait le peuple tout entier rugir au Cirque : « Tu as encore bu et perdu la raison ! »[352] Iln'y eut bientôt plus personne pour défendre le barbare. Ses soldats et complices avaient péri par les armes des Perses ou s'étaient dispersés. Les Verts commençaient à incendier, et Phokas leur avait défendu l'accès aux fonctions. Son gendre même, le général Priscus,[353] appela des secours d'Afrique, en pleine révolte, les vaisseaux qui n'étaient plus venus apporter l'annona habituelle, dès la mort de Maurice, dans la grande ville affamée. On considérait avec inquiétude le projet de Phokas d'établir une dynastie, en désignant pour sa succession son fils au nom latin de Domentiolus.[354]

En octobre 610 les sauveurs apparurent : la flotte de Carthage, portant les soldats africains et égyptiens, sous l'invocation des saintes images et des reliques qui remplaçaient en haut des mâts le drapeau impérial. Le commandant était le jeune Héraclius, fils du préfet d'Afrique.[355]

Il n'y eut presque pas de combat. Aux cris par lesquels le jeune officier était acclamé, « les partisans de la faction verte et les gens de Constantinople qui se trouvaient en mer assemblèrent leurs bateaux et donnèrent la chasse aux partisans de la faction bleue, qui, fort inquiets à cause des charges qui pesaient sur eux, se réfugièrent dans l'église de Hagia Sophia ».[356] L'usurpateur fut pris par les chefs des dèmes[357] et mené sur les vaisseaux d'Héraclius, qui avait déjà reçu des mains de l'archevêque de Cyzique la couronne impériale,[358] qu'il avait fait semblant d'offrir à un autre. Phokas fut abandonné à son sort, qui fut aussi cruel que sa vie. Les débris de son cadavre furent traînés dans les rues et promenés au bout des piques, ensuite brûlés devant la multitude. D'autres subirent le même supplice.[359] Et le jeune empereur, qui était aussi un jeune marié, présida à une représentation dans le Cirque, au cours de laquelle fut brûlée l'image de Phokas, avec la tête de son stratège, le Syrien Léon.


VI — DERNIER ACTE DE L'OFFENSIVE BYZANTINE : LE HÉROS HÉRACLIUS.

 

Un règne commençait qui par le seul mariage à peine conclu se rattachait, malgré le nom grec de l'Auguste, à la tradition obstinément latine des successeurs de Justinien. Quelque chose d'oriental, comme, du reste, dans Phokas lui-même, était dans cet « Égyptien », élevé à Alexandrie, qui abandonna sans hésiter la politique danubienne de Maurice pour chercher contre les Perses la victoire et à Jérusalem la consécration dernière et solennelle d'une orthodoxie qu'il crut pouvoir diriger vers un port assuré.

Héraclius[360] trouva l'Empire ruiné ; tout ce qui lui avait donné des forces jusqu'alors avait disparu. La noblesse entourée de clients n'était plus un facteur de la vie byzantine ; les barbares germains ne concouraient plus à défendre les frontières ; la nouvelle armée de Justinien avait fait la plus lamentable faillite. Malgré les actes de politesse exagérée accomplis envers le puissant voisin de l'Est,[361] la Thrace appartenait aux Avars et aux Slaves. L'Asie était envahie par les soldats de Chosroès, qui osait enfin remplir entièrement son rôle royal. Il s'attaquait maintenant aux villes, après avoir dévasté les campagnes, Apamée, Édesse, puis, dans une autre campagne, Césarée de Cappadoce, Angora, Damas, Chalcédoine, Jérusalem, où fut pris le patriarche Zacharie (614),[362] lui appartinrent bientôt.[363]Des Sarrasins pillards erraient par les vastes solitudes tristes de la Syrie. Enfin l'Egypte elle-même jusqu'aux bas-fonds éthiopiens fut traversée par les légers bataillons du roi païen, qui prétendait soutenir les droits d'un Théodose se donnant pour le fils de Maurice[364] (613-614).[365]

Pour adoucir les Avars, qui avaient sans doute leur entente avec Chosroès, Héraclius alla lui-même à la rencontre du khagan, qui était arrivé, de son côté, aux Longues Murailles. Jamais empereur romain ne s'était soumis à une pareille humiliation. Et le grand chef barbare la rendit d'autant plus sensible qu'il se jeta, aussitôt après l'audience, sur le camp impérial et fit fuir devant lui le malheureux « maître du monde ». La multitude même, qui s'était rassemblée comme pour une fête pacifique, vit avec effroi les barbares se buter contre la haute ceinture de murs, à un signal que le chef donna avec son fouet. Des églises des faubourgs (celles de Côme et Damien, aux Blachernes, et de St Athanase) furent profanées et dépouillées en quelques instants. En échange de ces procédés, Héraclius envoya aussitôt une nouvelle ambassade imploratrice. Un peu auparavant, il avait comblé de présents le général perse venu sur une embarcation jusque dans le Bosphore et avait envoyé à Chosroès, pour se le concilier, une lettre du Sénat qui expliquait et excusait très humblement son avènement par la volonté des sénateurs (619).[366]

Il fallait tâcher de sauver au moins quelque chose de cet Empire délabré, qui menaçait ruine de tous côtés. Héraclius décida une grande expédition contre les Perses. Dans ce but, et dans l'état où se trouvaient les finances byzantines, il constitua un trésor avec la nouvelle monnaie d'argent,[367] avec les richesses, longuement accumulées, des églises, et alla en personne de province en province recueillir des soldats inscrits sur les listes des stipendia, ainsi que des volontaires.[368] Il les fit exercer longtemps, avant de se mettre, en 623, à la tête de cette armée toute nouvelle,[369] dont il attendait le salut de ses États. Il fut bien accueilli en Cappadoce, si peu prisée par ses prédécesseurs, et, à la tête de ses troupes fidèles, il eut le courage d'occuper la Géorgie et l'Albanie, allant jusqu'en Arménie, à Tigranocerte.[370]

Après un hiver passé à Constantinople, où le gouvernement avait été exercé par son fils aîné, proclamé César, et par le patriarche Serge, Héraclius revint en Perse et poursuivit Chosroès lui-même dans les montagnes de la Médie. Il passa l'hiver suivant en Albanie[371] prétextant avoir trouvé un oracle dans ce sens dans les Évangiles ; il y réunit des contingents du Caucase. La nouvelle campagne de 624 fut habilement terminée. Pendant l'hiver de 625 encore le territoire persan fut envahi de nouveau et enfin, au printemps, les troupes byzantines descendirent à travers les hautes montagnes, encore couvertes de neiges, en Mésopotamie. Des lettres de victoire datées d'Amida arrivèrent à Constantinople, qui n'avait pas eu depuis le temps de Théodose le Grand un pareil empereur, victorieux par ses propres œuvres.

Il revint à Adana.[372] La réponse de Chosroès, qui fit aussi les plus grands efforts, fut une alliance avec les Avars et les Slaves et le projet d'attaquer Constantinople. Héraclius alla chercher en Lazique le concours des Turcs Kazares, dont les essaims passèrent les célèbres Portes Caspiennes et entrèrent en Perse. Les Romains et ces lointains barbares se rencontrèrent pour la première fois, et les milliers de cavaliers sauvages se prosternèrent jusqu'à terre devant l'idole byzantine. Pour les gagner, l'empereur avait posé une couronne d'or sur la tête du prince khazar et lui avait promis la main de sa fille Eudoxie, dont il lui avait même montré le portrait.[373]

Pendant ce temps une armée persane campait à Chalcédoine, où elle passa même l'hiver, et les Avars étaient repoussés devant Constantinople par les soldats du jeune César, par les pallikares de leur suite,[374] les cavallarii, les matelots, les Arméniens des Blachernes, les hommes de métiers et la foule de la capitale.

Ce siège (juin-août 625) fut sans doute un des plus dangereux qu'eut à affronter cette ville ; le khagan demandait avec arrogance que la ville lui fût livrée avec toutes ses richesses. Il était venu très bien accompagné, et une flotte de barques slaves, très nombreuse, secondait ses mouvements. Mais les Perses ne firent rien pour les aider, et le manque de provisions contraignit bientôt les barbares à prendre le chemin du retour. C'était sans doute un tout aussi grand succès que l'offensive heureuse de l'empereur dont les victoires avaient donné aux Byzantins un courage qu'ils n'auraient pas trouvé sans cela.[375]

L'hiver suivant vit l'infatigable combattant impérial devant Ninive (627) ;[376] c'était pour ceux qui recevaient en Europe de ses nouvelles comme un glorieux récit fabuleux. L'âge de Justinien et de Bélisaire était dépassé de beaucoup, au moins dans ces régions qui n'avaient jamais vu une pareille série de triomphes romains. Héraclius, massacrant les guerriers de Perse, sur son cheval Phalbos ou Dorkon, demeurait une héroïque figure de légende qui manquait jusqu'ici à l'Empire d'Orient d'après Constantin le Grand. Les palais de plaisance du roi de Perse brûlaient devant lui dans les nuits de décembre. Une riche proie d'aromates, d'argent, de soie, de tapis, d'animaux apprivoisés, attendait les Romains dans le palais de Dastégerd, où, depuis de longues années, Chosroès avait fixé sa résidence.

La grande fête de l'Epiphanie fut célébrée au milieu des ruines incendiées, qui avaient abrité jusqu'aux derniers jours une vie si brillante, et dans les jardins dévastés, que l'été rendait admirables.

Ctésiphon elle-même était abandonnée, ainsi que l'autre capitale, Séleucie. C'était comme un chapitre de la vie d'Alexandre le Grand, une nouvelle revanche de l'Europe contre l'Asie.[377]

Pour couronner ce cycle d'exploits inattendus et incomparables, l'armée perse se révolta et déposa le roi ; à l'autre extrémité de l'immense champ de bataille, Siroé, fils d'un premier mariage de Chosroès, se voyant préférer son frère, né de Sira la chrétienne,[378] s'entendit avec Héraclius et jeta en prison son père (24 février 628), qui mourut de faim dans la chambre des trésors, au milieu des flèches qu'on lançait contre lui et des outrages pareils à ceux dont lui-même avait autrefois abreuvé Hormisdas.

Le jour de la Pentecôte, les fidèles rassemblés dans l'église de Ste Sophie à Constantinople virent monter à la tribune de l'ambon un officier de la Cour, porteur de l'épître impériale qui contenait cette nouvelle, saluée avec allégresse par les assistants : « L'arrogant Chosroès, l'ennemi de Dieu, est tombé de son siège ».[379]

Siroès fit aussitôt la paix qui rendait la Sainte Croix, prise à Jérusalem, et le patriarche Zacharie[380] et retira les garnisonsperses de la Syrie. Héraclius prit donc le chemin d'Arménie et revint à Constantinople, où il fut accueilli comme un archange libérateur. On commentait avec confiance ce fait qu'il était de retour la septième année après son départ, qui devait être entièrement comme un dimanche d'apaisement. En Occident aussi on créait une légende d'Héraclius, le fort, expert en astrologie, capable de tuer au Cirque un lion.[381] La poésie épique française développera dans les domaines infinis de l'imagination ce type du bon chevalier« Eracles ».

Et on paraissait avoir réussi, car, pendant que les rois de Perse tombaient rapidement, assassinés les uns après les autres,[382] Héraclius se rendait solennellement à Jérusalem pour y rétablir le patriarche Zacharie et y rapporter le bois de la Sainte Croix. Il rentra dans sa capitale avec une pompe extraordinaire, sur un quadrige dont les chevaux blancs étaient remplacés par des éléphants.

Il n'avait accordé aucune importance aux événements qui se passaient dans ce qu'on appelait encore les « provinces occidentales » de l'Empire. Il fut même assez peu reconnaissant envers cette Afrique qui avait été le berceau de son pouvoir. La Thrace avait été abandonnée aux barbares du Danube.

C'est qu'il ne croyait pas, comme Maurice, à la possibilité de l'existence d'un Empire romain dirigé de Constantinople. Entouré de Syriens, comme son patriarche. Serge, il était convaincu que le nouvel Empire ne pouvait s'appuyer que sur ces provinces d'Asie, qu'il venait de lui rendre jusqu'à l'Euphrate et au désert d'Arabie.

Il montra ces idées aussi dans la politique religieuse qu'il inaugura après son retour de Jérusalem. Conseillé par Athanase Kamélarios, qu'il fit patriarche d'Antioche, par Serge, qui se rappelait avoir eu des parents jacobites, par un Cyrus, évêque de Phasis, qu'il créa patriarche d'Alexandrie,[383] il revint sur les décisions du Concile de Chalcédoine et crut réaliser l'unité religieuse de l'Empire par son décret d'Union, ekthésis, qui reconnaissait dans le Christ une seule énergie et une seule « volonté ».[384] C'était assez pour les monophysites, tandis que les chalcédoniens de Rome, malgré l'esprit de conciliation du Pape Honorius, ceux d'Afrique, et même le nouveau patriarche de Jérusalem, Sophronius, ne voulurent jamais reconnaître cette doctrine.[385] Mais Héraclius n'agissait pas à la légère ;[386] il savait bien que les Nestoriens de Mésopotamie avaient accepté avec joie la domination perse ; il se rappelait les tumultes qui avaient amené l'assassinat des patriarches d'Alexandrie et d'Antioche et la fuite de celui de Jérusalem ; il était informé sur les sentiments de haine que les Juifs portaient aux chrétiens, et qui s'étaient manifestés encore tout récemment, lorsque des mains juives avaient massacré au profit des Perses païens.[387] Il espérait mettre fin à ces discordes religieuses par l'Union, ainsi qu'il avait mis fin par la paix de 628, avec celui qui occupait le Siège des deux Chosroès, aux calamités de la guerre avec l'étranger. Du reste, au point de vue du dogme, il se déchargeait exclusivement sur le patriarche Serge.[388]

 

VII. – LA DÉBÂCLE DE L'EMPIRE ŒCUMÉNIQUE.

 

On ne saura jamais au juste de quelle manière cet idéal du plus grand des empereurs byzantins du septième siècle fit naufrage. Les Sarrasins mangeurs de sauterelles, pillards du désert et gardiens salariés de la frontière du Sud, étaient trèsbien connus, mais très peu appréciés à Constantinople. Tout en leur envoyant quelquefois des émissaires,[389] on les méprisait à cause de leur ignorance complète de tous les actes de la civilisation, et on plaisantait volontiers ces héroïques bandits incapables d'escalader même les murs de terre jaune qui n'empêchaient nullement les incursions des Maures.[390]

Parmi les soucis des premiers temps du règne d'Héraclius, le moindre dut sans doute être celui de l'apparition d'un nouveau chef (archgoz) et « faux prophète »[391] au milieu des Sarrasins jadis sujets d'un Alamoundour et d'un Naama : un certain Mohammed, gardien de chameaux, qui avait appris chez les Juifs des villes et chez les rudes moines des couvents de l'extrême Syrie un peu de monothéisme judaïque, de monophysisme syrien et de morale chrétienne. Sébéos, l'évêque arménien contemporain, écrit : « Un des enfants d'Ismaïl, du nom de Mohammed, un marchand, se présenta à eux, ainsi disant sur l'ordre de Dieu, en prédicateur, comme étant le chemin de la vérité et leur apprit à connaître le Dieu d'Abraham, car il était très instruit et très versé dans l'histoire de Moïse ».[392]

Cependant ce Mohammed benAbdallah, le chamelierépileptique, l'époux de la vieille dame Khadidjah, le disciple du moine nestorien Serge avait trouvé dans ce simulacre naïf de religion, avec la tentation enfantine d'un paradis de mangeailles et de belles femmes le moyen de transformer les nuées légères des Arabes en un peuple.

LesRomains en firent bientôt la triste expérience. Des bagarres sur la frontière,[393] à cause de la solde due aux Sarrasins et des mauvaises intentions qu'on leur attribuait, déclenchèrent une guerre, surtout à cause des sentiments que nourrissaient les Syriens, souvent pillés par les Perses et par les « Romains » aussi, envers l'empereur des durs agents du fisc et envers le « maronite » de la lointaine Byzance, qui infligeait à leur « jacobitisme » traditionnel, en quelque sorte national, les liens spirituels de l'« hénotikon » ; elle devait avoir des conséquences incalculables. AbouBekr, le successeur de Mohammed, était le représentant d'une religion qui convenait, par son strict monothéisme, par son rigorisme concernant l'unité absolue de la divinité, aux Juifs remuants, qui voyaient dans le khalife un nouveau Messie,[394] et même à ces monophysites syriens, qui étaient bien aises d'avoir un peu plus que l'union d'Héraclius, c'est-à-dire la liberté entière de leur culte. Chacun, le Juif,[395] le Jacobite, le Nestorien nettementdiphysite, pouvait vivre désormais à sa guise s'il acceptait, en signe de rédemption, de payer le tribut aux nouveaux maîtres.

Ceux-ci, au commencement, avaient des besoins très simples : Omar, le successeur d'AbouBekr, portait des haillons, montait une mule et se nourrissait de dattes. L'« Empire » naissant des Arabes n'avait pas de fonctionnaires, ni de dignitaires. Les classes sociales n'existaient pas chez les Sarrasins, et ils n'étaient pas disposés à les reconnaître chez leurs sujets. Les grands propriétaires, le fléau des pauvres colons, s'enfuyaient à leur approche et ne consentaient pas à vivre sous leur joug impie et déshonorant. On se partageait alors les champs. C'était un « bolchevisme » naïf, dénué de théorie, mais aussi sans le stigmate de l'hystérie homicide.

Quant aux nouveaux maîtres, ils n'étaient pas, comme les Germains, d'anciens travailleurs de la terre, inaugurant leur suprématie par la confiscation d'un tiers des champs. Ils restaient guerriers ou s'établissaient dans les villes comme artisans paisibles, comme marchands entreprenants, qui créèrent une nouvelle prospérité aux cités déchues de la Syrie. Il n'y eut pas autant d'Arabes que d'« arabisants » de par l'Islam.

Il faut ajouter que les conquérants introduisirent un système fiscal incomparablement plus simple et plus équitable que celui des Romains.[396] Dès le début, ils établirent un cadastre exact et détaillé « des hommes, des bêtes, des terres et des arbres », un « catastique » parfait. Ils exigèrent du sujet chrétien le kharadj, proportionnellement à son avoir, et rien de plus. Cette contribution elle-même était recueillie, non pas par des agents avides, mais par les chefs des groupes traditionnels de la population. Les jugements étaient aussi moins compliqués, plus rapides et mieux accommodés à la manièrede vivre primitive des habitants de la Syrie. Auprès des tribunaux de leurs cadis, prononçant leurs sentences en vertu du Coran, le Livre révélé de leur Mohammed, ils tolérèrent des tribunaux ecclésiastiques chrétiens de toutes les confessions.[397]

Cela suffirait pour expliquer cette expansion arabe, rapide comme la flamme qui consume la paille sèche, ce grand courant de conquêtes, qui commença à la prise de Gaza et à la bataille près de la rivière de l'Hiéromax (Yarmouk) (20 août 634)[398] et continua par la prise de Damas (635), d'Antioche, d'Édesse, de Dara, de Jérusalem (636),[399] par la destruction soudaine de l'Empire perse[400] (batailles de Kadésia et de Néhavend ; 636).[401]

Mais il y avait un autre motif de l'abattement soudain qui accabla Héraclius et le fit assister avec une apparente indifférence à l'écroulement de son œuvre, indiquant aux sujets envahis seulement une attitude d'attente sur place :[402]son armée eut la même fin honteuse que l'armée de Maurice.

Pour se rendre compte combien sous ce glorieux règne d'Héraclius l'Empire était dénué de moyens on n'a qu'à lire dans la chronique dite « Pascale », en 626, l'histoire du siègemis par le khagan des Avares, pendant l'absence de l'empereur ; devant Constantinople. Il passe les Longs Murs, pillant comme nous l'avons dit, l'église des St Côme et Damien aux Blachernes et une autre aussi ; il demande que la capitale se rende. « Sortez de la ville », crie-t-il aux habitants qui le croyaient venu pour proclamer la paix ; « laissez-moi votre fortune et sauvez-vous vous-mêmes et vos familles ». Le patriarche paraissait disposé à se charger de cette mission douloureuse, lorsqu'on lui objecta qu'il y a encore plus de mille cavaliers entre les murs. L'Avar disposait de cavalerie slave, vêtue de fer et s'entendait à fabriquer des machines de siège, grâce, sans doute, à ses vassaux. Lorsque des Perses vinrent à son secours, il réitéra sa sommation outrecuidante : « Vous n'avez pas d'autre moyen de vous sauver, sauf si vous êtes des poissons pour vous en aller par la mer ou des oiseaux pour voler au ciel ». Le barbare partit enfin sous prétexte d'aller renouveler ses provisions.

Du reste, dès l'époque de Justinien, la Syrie pouvait être considérée comme moralement perdue. Onn'a qu'à lire les chapitres qu'Evagrius, un témoin, consacre à la vieillesse de Justinien et aux successeurs du glorieux empereur, pour voir combien ce Syrien ménage peu les critiques au premier, décrit comme avide, à Justin, qui est aussi paresseux et lâche, qui néglige la défense des places de Syrie, à demi démantelées et laissées sans garnisons, qui remplace les meilleurs des commandants comme Marcien de Dara. Tibère, le futur empereur, qui est, avec Maurice, son successeur,[403] épargné dans cette large distribution de critiques, est montré comme ayant à peine échappé à la honte d'être pris par les Avars.

On voit les évêques quitter leur Siège, comme celui d'Antioche pour échapper à la captivité, qui atteint leurs collègues, la population, les Antiochéniens en première ligne, ajouter leur révolte devant l'ennemi aux autres dangers.[404]

En même temps, après Justinien aucune nouvelle construction ne sera ajoutée dans ces villes de Syrie, alors que tous les empereurs de l'Ancienne et de la Nouvelle Rome jusque là avaient tenu à y commémorer leur règne par des fondations.[405]

Nous avons dit que la seule grande bataille avait été celle de l'Yarmouk.[406] Deux armées romaines s'étaient réunies pour venger la défaite de Théodore, frère de l'empereur. L'une avait pour chef Baanès (nom perse ou avar : Baïan), l'autre était commandée par le sacellaire de l'Empire. La première, avant tout combat, proclama la déchéance de l'empereur, qui, étant malade et âgé, avait quitté depuis peu la ville d'Édesse, où il était venu pour surveiller les événements inattendus de Syrie. Baanès fut proclamé à sa place. Alors le sacellaire fit retirer ses troupes. La victoire des Arabes mit fin du même coup aux prétentions de l'usurpateur et à la domination romaine en Syrie.

Comme Héraclius n'avait pas réussi à gagner le patriarche jacobite au nouveau credo monothélite greffé sur la doctrine chalcédonienne, il y eut de la part du clergé local un appui formel accordé aux gens du désert, qui leur paraissaient être l'instrument de la punition divine.

« Le Dieu des vengeances », écrit, au neuvième siècle, le patriarche jacobite d'Antioche, Denys de Teli-Mahré, « qui est seul tout-puissant, qui change l'empire des hommes comme il veut et y élève les plus humbles, voyant la méchanceté des Romains qui, partout où ils dominèrent, pillaient cruellement nos églises et nos monastères et nous condamnaient sans pitié, amena dans la région du Sud les fils d'Ismaïl pour nous délivrer par eux des mains des Romains ».[407] Le Siège du patriarche melkite restera libre jusqu'en 742, malgré les nominations de prélats décrétées par Byzance.[408]

Avec ces Nestoriens, les Arabes purent s'entendre et ce fut par eux surtout qu'ils s'approprièrent l'héritage de l'antiquité grecque et de Byzance.[409]

Le système militaire nouveau qu'Héraclius avait essayé, continuant, du reste, sur une échelle plus large, ce que déjà ses prédécesseurs avaient ordonné sur certains points de la frontière et qui sera maintenu quand même, faute de mieux : celui des thèmes formées sous une autorité unique, civile et militaire, n'avait pas pu sauver l'Empire dans sa forme ancienne et complète. De fait, ce n'avaient pas été les Arabes, qui, avec leurs essaims de cavaliers, avaient conquis, mais bien les provinces, dont par des mesures religieuses imprudentes on avait irrité l'instinct national, lourd de souvenirs, qui s'étaient tout simplement livrées à ces bandes probablement étonnées d'un succès si rapide et si définitif.[410]

L'empereur était désormais impuissant. Il n'avait plus l'âge de former, comme au commencement, une nouvelle armée. Gardant cependant dans le malheur toute sa dignité, il défendit à ses gouverneurs de payer un tribut aux Sarrasins pour les éloigner. Ce refus amena l'invasion de l'Egypte (639-40). La population tuait les soldats de l'Empire[411]et le patriarche Cyrus Moukaoukis lui-même était au fond contre le réformateur religieux de Constantinople, lui proposant de faire la paix avec Omar, avec accroissement de tribut, et offrant, dit-on, au calife, pour le faire chrétien, la main de l'Auguste Eudocie ou d'une des filles de l'empereur (641).[412] Alexandrie seule résista ; le reste de la province se soumit avec la même disposition d'esprit, avérée par les sources locales contemporaines, à un envahisseur qui garantissait au point de vue militaire et demandait en échange si peu ; cette fois il n'y eut plus moyen de l'en déloger.[413]

Depuis longtemps cette grande et belle province n'attendait, du reste, que le moment propice pour secouer le joug des hérétiques de Constantinople. Elle avait haï l'« ardent chalcédonien » qui avait été l'empereur Maurice. Sous Phokas elle avait vu venir le conspirateur Alexandre, voué à la mort par le tyran. Bientôt une assemblée du clergé fut dispersée à Alexandrie par les soldats qui massacrèrent les gens des dèmes ; Bonose, général impérial, accourut aussitôt pourréprimer, comme une « hyène féroce », la révolte qui venait d'éclater en Egypte. Pendant le soulèvement d'Héraclius la situation ne devint pas meilleure : « on enleva le produit de l'impôt du fisc d'entre les mains des intendants » ; les biens de tel partisan de l'empereur furent confisqués. Bonose put rétablir l'ordre, mais Alexandrie résista, employant des barbares, des citoyens de la faction des Verts, des matelots et des archers ; les dèmes se réunirent dans la révolte, conduite par le cousin d'Héraclius, Nicétas, qui gagna les habitants en les affranchissant d'impôts pour trois ans. Lorsque Bonose fut tué avec Phokas, il y eut dans la province qu'il avait tyrannisée une explosion de joie.[414]Une invasion perse amena l'occupation du pays pendant dix ans, entre 619 et 629,[415] et montra aux Égyptiens combien peu ils pouvaient compter sur la puissance de l'empereur pour les défendre ;[416] si un récit aussi circonstancié que celui de Jean de Nikiou n'en dit pas un seul mot, c'est parce qu'il présente une lacune entre 610 et 639 environ.[417]

Quant à la prise de possession par les Arabes, ce chroniqueur indigène, fidèle interprète des sentiments de sa nation, en parle de cette façon : « Voyant la faiblesse des Romains et l'hostilité des habitants envers l'empereur Héraclius à cause de la persécution qu'il avait exercée dans toute l'Egypte contre la religion orthodoxe, à l'instigation de Cyrus, patriarche chalcédonien..., tous les habitants de la province de Fayoum s'étaient soumis aux Musulmans et leur avaient payé le tribut, et ils tuaient tous les soldats romains qu'ils rencontraient. » Il est vrai qu'Alexandrie sera reprise un momentpar les Byzantins en 645, et qu'il faudra, longtemps après la mort d'Héraclius, dont la politique religieuse était considérée comme ayant provoqué ces maux, toute une longue guerre pour que toute la province appartînt au calife.[418] Au commencement on croyait, là comme en Syrie, qu'il s'agit d'une seule chose : se racheter par le tribut.[419]

Au dixième siècle, le patriarche d'Alexandrie Eutychius présente la conquête arabe de cette façon : Héraclius traite durement Mansour, fils de Serdchoum, qui était commandant à Damas, pour avoir payé l'impôt à Chosroès. A Jérusalem il est forcé de persécuter les Juifs, qui s'étaient montrés partisans des envahisseurs perses. Le moine Modeste est établi patriarche de Jérusalem, mais il meurt après six ans, et le Siège reste vacant. Pendant ce temps, la Perse a des rois dont l'un vient du côté des Turcs, pour à peine quelques mois ou même quelques jours de règne ; tel autre de ces fantômes royaux est tué par une femme. Il y en a qui ne passe pas dans les listes officielles. Une femme, la fille de Chosroès, occupe le trône pour six ans, puis une autre qui meurt empoisonnée après avoir été reine moins de deux ans. Yesdégerd, qui sera le dernier de la dynastie, est couronné à quinze ans. Le royaume se dissout peu à peu, il tombe en morceaux,

S'étant entendu avec cette Perse agonisante qui paye le tribut, Abou Bekr fait envahir la Syrie. Mais « il ordonne de ne pas tuer ni les vieillards, ni les enfants en bas âge, ni les femmes, de ne pas couper les arbres fruitiers, de ne pas brûler ou couper les palmiers, de ne pas sacrifier les brebis, les chèvres, les bœufs ». On leur demande de la part du commandant de Gaza pourquoi sont-ils venus en armes.

« Notre seigneur nous a ordonné de vous combattre si vous n'acceptez pas notre religion, ou, autrement, de nous payer annuellement le tribut sur lequel nous nous sommes entendus. Sinon, il n'y a pas d'autre moyen que l'appel aux armes ». On aurait voulu tuer le messager. La bataille finit par la défaite des Romains. La Syrie en fut perdue.[420]

Damas fut prise après un siège de plusieurs mois par la trahison de Mansour, qui éloigna les Arabes fédérés de l'Empire et négocia la capitulation. Et Abou Obéidahibn al-Iarachi entre dans la ville, l'épée nue à la main, par « la porte de Thomas », où il y eut, malgré la convention conclue, un massacre. D'Antioche, l'empereur part pour Constantinople.[421] Partout, les villes acceptent les conditions accordées à Damas. Jérusalem suit cet exemple.[422] Ascalon, Césarée eurent le même sort.

Pour l'Egypte, où le « jacobite » qui la gouverne est lui aussi un traître, l'histoire se répète. Le rapport du conquérant d'Alexandrie y compte « 4.000 palais, 4.000 bains, 400 cirques impériaux, 12.000 vendeurs d'herbes ». Il n'y a pas de pillage ; on se borne à recueillir le, tribut. Dans le reste de la province on ne demande de chacun que deux pièces d'or.[423]

La lutte contre la religion envahissante du nouveau prophète dut susciter toute une littérature, dont une partie seulement s'est conservée, et pour une époque plus récente que le coup de foudre de cette révélation pour les simples. Ainsi, ce lointain sujet de l'Empire, Barthélemy d'Édesse, qui esquisse une large biographie du corrupteur arabe inspiré par les livres chaldéens : des détails de généalogie nouveaux sont recueillis sur place et il y a comme un relent de la Bible dans la rencontre du visionnaire trouvant sa future femme Kadidjah au puits où elle est allée abreuver seschameaux ; l'adversaire de la « religion bédouine » a lui aussi l'esprit à demi bédouin.[424]Cet homme a vu les derviches qui dansaient au cri de « l'ange, l'ange », poussé par les assistants, jusqu'à ce que l'écume sorte des bouches hurlantes. Tandis que, à Byzance même, un Nicétas, « philosophe » à la façon de la capitale, ne peut qu'analyser, en citant au passage Homère lui-même, le Coran chapitre par chapitre,[425] un autre s'attache lui aussi au prétendu dogme seul, dans lequel il distingue ce qui vient des Juifs, des Ariens, des Nestoriens.[426]

L'Empire ne comprenait plus que l'Asie Mineure, la péninsule de Thrace, les îles. La province de Carthage allait lui échapper bientôt ; la Dalmatie, le Nord de la Thrace étaient déjà terre slave. On peut donc dire qu'à cette époque l'Empire grec était né, car les souvenirs romains s'éloignaient de plus en plus : le nom seul restait, comme une ironie, alors que Héraclius mourut d'hydropisie à Constantinople en janvier 641,[427] laissant deux enfants dont aucun n'était appelé à être son vrai successeur, de sorte que les temps de Phokas revinrent, et Byzance donna de nouveau au monde le spectacle des crimes les plus hideux, perpétrés pour usurper ou conserver la pourpre impériale humiliée par les défaites.

Cet Empire, amputé de deux de ses plus belles provinces, dont l'une, la Syrie, lui avait donné les marins, qui serviront bientôt, en bons musulmans, sur la flotte du calife et auront le moyen de satisfaire leurs rancunes contre la tyrannie constantinopolitaine, et l'autre, l'Egypte, avait fourni les denrées, les céréales surtout, dont avait besoin la Capitale, devait se chercher maintenant une autre orientation, que celle de la « thalassocratie » constantinienne, qui était désormais, avec la Méditerranée, à la merci des pirates plus ou moins « arabes », impossible.[428]

Se diriger vers l'Occident, où la côte où l'Afrique devait tomber elle aussi avec le temps dans le lot arabe, où la côte ibérique venait d'échapper à l'Empire, mais où la lisière de l'Italie, avec la possession, encore assurée, de la Sicile, lui appartenait, paraissait maintenant une nécessité absolue. Ces provinces, pendant quelque temps négligées, oubliées, sacrifiées aux barbares, abandonnées aux rebelles, gagnaient du prix après l'irrémédiable catastrophe de l'Orient.

Seulement, d'un côté, cette latinité si longtemps méprisée pouvait reconnaître moins encore que celle de l'époque de Justinien ces étrangers qui ne parlaient pas sa langue, et déjà le Pape Grégoire avait donné la riposte en affirmant avec une certaine fierté que, lui, il ne sait pas le grec. Et, de l'autre côté, la monarchie des basileis, qui prenaient maintenant officiellement ce titre des dominateurs orientaux, était trop liée à cette Constantinople, où maintenant régnait l'intrigue et la conspiration ou couvait la révolte, comme à la Cour de ces vieux Séleucides qui étaient les modèles.

 

VIII. — L’ÂME BYZANTINE APRES JUSTINIEN

 

Toute une civilisation finissait avec l'Empire de Justinien dont s'étaient détachées ainsi d'elles-mêmes, peu à peu, lesprovinces les plus étendues et les plus riches, l'Anatolie elle seule restant de ces provinces extra-européennes. Une littérature finit donc avec Héraclius qu'on ne pourra essayer d'imiter que plus tard.

Elle avait eu ses poètes, comme, après ce Paul le Silentiaire, qui avait décrit, sous Justinien, les splendeurs de Ste Sophie, rouverte après cinq ans aux fidèles,[429] Georges de Pisidie, qui célébra tous les événements du règne de son empereur et eut, à côté de tant de technique du vers, assez de philosophie pour déplorer le sort général de l'humanité et se tourner, pour le jugement, vers sa propre conscience.[430] Ancien soldat, il connaît personnellement les misères du règne de Phokas « au visage de Gorgone », les terreurs de l'attaque des Avars à Constantinople et les triomphes sur les Perses. Son iambe vivace et sautillant fait plus d'une fois image, et l'harmonie du vers s'ajoute à la clarté de l'exposition.

A côté, travaillent dans le domaine le plus riche de la littérature byzantine des membres du clergé, comme Serge de Constantinople et Sophronius de Jérusalem,[431] auteur d'homélies et de vers anacréontiques.[432] Si un Maxime le Confesseur étendit, vers 650, une magnifique activité sur tous les domaines de la théologie,[433]un peu plus tard, un grand orateur de l'Église, André, né à Damas et ancien moine de Jérusalem, pour devenir ensuite archevêque de Crète et vicaire du Saint Sépulcre, allait donner de grands modèles à l'éloquence sacrée, non sans avoir puisé aux sources de la poésie religieuse.[434]

Un géographe s'ajoute à ceux de l'époque de Justinien, Georges de Chypre, qui vivait sous le règne de Phokas.[435] A côté, un historien de grand mérite, Théophylacte Simokatta originaire d'Asie, dont il connaît les langues : le syrien, le persan, le turc, fut, peut-être, après des études à Athènes, établi auprès de son parent, le préfet Pierre, dans ce pays d'Egypte bientôt perdu, où subsistait ! à côté de la connaissance parfaite des œuvres classiques, la recherché verbale, la curiosité des formes archaïques, la fierté d'avoir vaincu les plus grandes difficultés du style faisant partie aussi de l'héritage de ce Nonnos que Georges de Pisidie venait d'imiter ;[436] il a donc aussi un penchant à la superstition, un respect pour les présages, une croyance aux monstres. Il s'occupait même de physique et excellait à rédiger des lettrés.[437] Son œuvre emploie des renseignements authentiques, comme les procès-verbaux du Cirque à côté des récits de ce « Babylonien prêtre qui avait une grande expérience du contenu des parchemins royaux »[438]et de ce qu'on peut tirer de la mémoire des vieillards.

En face, la chronique populaire, grecque probablement (mais dont nous n'avons qu'une version copte d'après un résumé arabe), de Jean de Nikiou montre le passage brusque d'une conception à l'autre, la rupture totale avec le passé. Dans le récit de cet évêque, il y a avant tout l'histoire de la longue lutte religieuse entre monophysites et « melkites », et chacun des empereurs sera jugé d'après son attitude envers les traditions de l'Église d'Egypte. On découvre, en outre, dans cette exposition anecdotique, animée par une forte passion, quelque chose qui rappelle ce qu'on désigne comme l'art copte.[439]

Un Léonce, évêque de Néapolis,[440] en Chypre, un Jean, archevêque de Thessalonique,[441] représentent, dans un domaine plus modeste, l'hagiographie, à laquelle appartient aussi telle vie anonyme, comme celle de St Artémius.[442] Les études de médecine sont représentées par Paul d'Égine et le protospathaire d'Héraclius, Théophile.[443]

Car c'est en définitive une période savante, qui aime et reproduit le passé, ne conservant que peu de l'enthousiasme des couvents jadis si féconds en œuvres littéraires.

 

FIN DU PREMIER VOLUME

 

 

 



[1] Ce fut celle d'Anastase aussi. Des luttes en Scythie et en Mœsie avec deux chefs huns, Malalas. Cf. ibid. Dans une campagne contre les Perses sont envoyés des Illyriens, des Scythes, des Isaures, des Thraces ; ibid., Evagrius mentionne sur le Danube des Huns, anciens Massagètes ; III, 2. Pour Malalas les Huns sont des Avars ; ibid. Voyez Rose, Kaiser Anastasius,I, 1882.

[2] On a voulu en faire des Bulgares, que mentionnent de fait Ennodius (Voyez Bury, History,1923, 1, p. 460, note 3), mais ce serait une erreur que de les confondre avec tous les fragments de l'Empire, détruit, des Huns et d'en faire les Prébulgares, initiateurs d'une politique et d'une action nationale qui n'aurait été que continuée par les Bulgares du VIIe siècle. Cependant. Jean d'Antioche dit que Zénon avait appelé contre les deux Théodoric des “Boulgarouz”, pour employer aussitôt après le terme de Huns (Müller, Fragm. Hist, Graec,V). Il est question ensuite de Jean le Scythe ; ibid. Cf. Marcellinus Comes, année 514. Théophane parle aussi des Boulgaron.

[3] Malalas (ils allèrent jusqu'aux faubourgs de Constantinople). Cf. Migne, Patr. Gr.,CXIV, c. 1353. Des Scythes dans ; l'armée contre le rebelle Illus, ibid.,CXXII, c. 1256.

[4] Sur la mort de ce second Théodoric, Evagrius, III, 25.

[5] Les détails dans Bury, History,1923, I. Il était arrivé jusqu'à Sélymbrie ; Malalas.

[6] Voy O. Körbs, Untersuchungen zur ostgothischen Geschichte,thèse de Jena, 1912. Plus récemment, L. Levillain, dans les Mélanges Iorga.

[7] Malalas.

[8] Agathias, dans Suidas.

[9] Voyez notre Essai de synthèse, II, premier chapitre.

[10] Malalas.

[11] Zacharie de Mitylène, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXV,c. 1161.

[12] Nöldeke, Aufsätze zur persischen Geschichte,Leipzig 1887 ; Geschichte der Perser und Araber zur Zeit der Sassaniden,1889 ; Brinkmann, Der römische limes im Orient,dans les Bonner Jahrbücher, 1896 ; Christensen, L'empire des Sassanides,1901 (Mémoires de l'Académie de Copenhague), Karl Güterbock, Byzanz und Persien in ihren diplomatisch-völker rechtlichen Beziehungen im Zeitalter Justinians,Berlin, 1909 ; Paul Sauerbrei, König Jezdegerd der Sünder, der Vormund des byzantinischen Kaisers Théodosius des Kleinen,dans la Festchrift pour Albert von Bamberg, Gotha, 1905 (cf. Haury dans la Byz. Zeitschrift, XVI) ; Victor Chapot, La frontière de l’Euphrate de Pompée à la conquête arabe,dans la Bibliothèque de l'École française de Rome et d'Athènes, 1907 ; Kornemann, Neurom und Neupersien,dans l'Einleitung in der Altertumswissenschaft, IIP (1912 ; Wilhelm Eusslin, Die welt-geschichtliche Bedeutung der Kämpfe zveischen Rom und Persien,dans les Jahrbücher für Wissenschaft, 1925 ; C. M. Patrono, Bizantini e Persiani alla fine del VI secolo,dans le Giornale della società asiatica italiana, XX (1907) ; Gelzer, Kultur ; Erich Merten, Zum Persenkriege der byzantinischen Kaiser Justinos II. und Tiberios II.(571-579 n. Chr.),Weimar 1911 ; Drouin, dans le Muséon, XIV ; Stem, Ein Kapitel vom persischen und vom byzantinischen Staate,dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, 1, 1920. Cf. sa Geschichte,p. 213, note 1 (pour les cataphractes perses) ; Destounis, Sur le De bello persico de Procope (en russe), 2 vol, ; Labourt, Le christianisme dans l'Empire perse,1904 ; L. Bardou, dans les Échos d’Orient IV.

[13] Chron. Paschale,ann. 522, Cf. Malalas. Des pillages huns sous Justinien, Zacharie de Mitylène, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 1175. Cf. Malalas. Voyez aussi, sur les Ephtalites, Vie de St Gourios, dans Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 145. Evagrius, VI, 21.

[14] Procope, Bell. Goth.

[15] Défense contre les Perses, Malalas. Baptême de leur roi, ibid.

[16] Procope, Bell. Goth.

[17] Voyez Evagrius, V, 7 et suiv. Sur la nomination par Justinien d'un simple arcwn ou comes,Malalas.

[18] Chron, Paschale.,ann. 512 ; Malalas. Il fut tué par le roi perse Kobad, d'après les plaintes de Justin. Sur la reine Boa, veuve du roi Vlach, qui passe du côté des Romains, ibid.

[19] Procope, Bell. Goth.

[20] Procope, Bell. Pers.

[21] Ibid.

[22] Ibid.,I. Chorsoès demande des médecins à Byzance ; Evagrius, V, 12.

[23] Cf. Procope, Bell. Pers.

[24] Ibid.

[25] Voyez Malalas ; Théodore le Lecteur, Histoire ecclésiastique, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXVII2, c. 204. C'est un al-Mondir, d'après Noldeke, Geschichte der Perser und Araber. Cf. Vie de St Siméon, Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 3164. Sur Naamanès (roi de Hira), qui finit par se convertir, Evagrius, VI, 22. Cf. Malalas. Des combats avec les Scénites sous Anastase, Evagrius, III, 36 ; cf. V, 20. Sur les conflits entre Arabes et Éthiopiens, plus loin (aussi Bury-Gibbon, V). Cf. A. Kammerer, Essai sur l'histoire antique de l'Abyssinie,Paris 1926.

[26] Malalas.

[27] La prise des mines d'or perses sous Justinien fut l'origine de la guerre ; ibid.

[28] Procope, Bell. Pers.

[29] Unerévolte à Dara, ibid.

[30] Mages et Manichéens, Malalas.

[31] Voyez ibid.

[32] Procope, Bell. Pers. Récit détaillé, dans Bury, History,1932, II. Sur la campagne de 528, Chron. Paschale.

[33] Malalas.

[34] Les détails dans Bury, loc. cit. Cf. De imagine edessena,dans Migne,. Patr. Gr.,CXIII, c. 437 et suiv. Sur la paix, obtenue par le moyen de Rufin, Zacharie de Mitylène, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXV, c. 1175-1176.

[35] Malalas.

[36] Mais aussi Germain et son fils Justin, le futur empereur ; ibid.

[37] Bury, loc. cit.

[38] Déjà Marcien avait attaqué Ancyre ; Jean d'Antioche, dans Müller, Fragm. hist graec,V.

[39] Voyez Bury, loc. cit. ; Agathias, II, IV. Cf. aussi Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 3236 et suiv. — Sur le concours des Juifs, qui, plus tard, collaborèrent attaquant Tyr, ibid.,CXI, c. 1082-1085, Cf. l'étude citée de M. Stein, dans les Byzantinisch-neugr. Jahrbücher, I ; Bury, History,1923, II et notre Essai de synthèse,II, loc. cit. Aussi Ménandre.

[40] Pour la chronologie Marcellinus Comes, (attaque à Antioche, 540), (paix de 546) ; Victor Tennonensis, ibid. (attaque des Huns en Arménie, 559). Pour Marcellin ce sont des Parthes, des Mèdes ; ibid.

[41] Une demande d'argent faite par Kobad à son frère Justinien, Malalas.

[42] In Oriente quoque Joannes Cottistis, arripiens tyrannidem, antequam adversi aliquid temptaret, Daras extinctus est ; Marcellinus Comes, loc. cit.

[43] Analyse critique du traité (d'après Guterbock), dans Bury, loc. cit.

[44] Ménandre.

[45] Aussi la Vie de S. Euthyme, dans Migne, Patr. Gr.,CXIV, c. 717, 719 ; CXV, c. 1249 et suiv.

[46] Cf. Duval, op. cit., (où est aussi la bibliographie des sources pour le conflit avec les Juifs) ; Zacharie de Mitylène, Migne, Patr, Gr.,LXXXV, c. 1166 et suiv. ; Arturo Anzani, Numismatica axumita,dans la Rivista italiana di numismatica, XXXIX, cité dans la revue Oriente Moderno, 1928. Une de ces monnaies est reproduite dans la Weltgeschichte par, Widmann, Fischer et Felter, II.

[47] Procope, Bell. Vand.

[48] Bury, loc. cit., I.

[49] Voyez Martroye, Genséric,Paris 1907 ; le même, L'Occident à l'époque byzantine, Goths et Vandales,Paris, 1904. Cf. Ludwig Schmidt, dans la Geschichte der Vandalen,Leipzig 1901 ; le même, Byz. Zeitschrift, XII ; XV ; Haury, ibid.,XIV.

[50] Procope, Bell. Vand.et suiv. Autres sources du traité, dans Bury, loc. cit., p. 249, note 2.

[51] Ce titre dans le Corpus inscript. lat.,VIII, 17. 412.

[52] Cf. Wroth, Coins of the Vandals.

[53] Cassiodore, Chron.,dans Mommsen, Chron. Minora,II.

[54] Bury, op. cit., II, p. 125, note 3 (d'après l’Anthologia Latina).

[55] Ibid,Cf. Schmidt, Gesch. der Vandalen ; Diehl, l'Afrique byzantine.

[56] Inscription dans le Corpus Inscr. Lat., VIII, 253.632, citée d'abord par Bury, ouvr. site, p. 132, note 4.

[57] Voyez Neumann, Die Byzantinische Marine,dans la Historische Zeitschrift, XLV (1898). Elle avait été refaite par Constantin, après avoir été quelque temps inexistante (Bury, op. cit., I).

[58] Procope, Bell. Vand.

[59] Chron. Paschale.Cf. Bury, op. cit., I.

[60] Ibid. ; Malalas. Voyez aussi Martroye, Genséric.

[61] Bury, op. cit., I.

[62] Procope, Bell. Vand.

[63] Aussi dans la Weltgeschichte par Widmann, Fischer et Felter, II.

[64] Victor Tennonensis, loc. cit. Sur la mort de Hildéric, ibid.

[65] Ibid.

[66] Procope, Bell. Vand. Justinien demanda aussi au Wisigoth Alaric de ne pas reconnaître l'usurpateur ; Malalas.

[67] Procope, Bell. Vand.

[68] Procope, Bell. Pers.

[69] Cf. aussi Pflugk-Harttung, dans l'Hist. Zeitschrift, LXI (1889) ; le même, Belisars Vandalenkriege,dans le Syllogos de Constantinople, volume jubilaire. Un portrait de Bélisaire, Vasiliev, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[70] A. Müller, Das Heer Justinians,dans le Philologus, LXXI (1912).

[71] Heisenberg-Wenger ; op. cit. Ibid. Pour la probatiodes recrues, ibid.

[72] Stein, dans la Byz. Zeitschrift, XXV.

[73] J. Maspero, Organisation militaire de l'Egypte byzantine, Bibl. de l'École des Hautes Études, n° 201, Paris 1912 ; surtout p. 50 note 1.

[74] Conrad Benjamin, De Justiniani imperatoris aetate questiones militares,Berlin, 1892 ; J. Ouspenski, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, 1900 ; Bang, Die Germanen im römischen Dienst,1906 ; Zacharias von Lingenthal, dans la Byz. Zeitschrift, III ; Koulakovski, dans le Viz. Vrémennik, IX (sur les drungaires,du throng germanique, cf. Bury, loc. cit., I, p. 38, note 4).

[75] Stein, Geschichte ; Bury, loc. cit.

[76] Ibid.

[77] Procope, Bell. Goth. ; Babut, La garde impériale.

[78] Stein, Geschichte.

[79] Ibid.

[80] Procope, Bell. Pers.

[81] Ibid. ; Bell. Vand. ; Bell. Goth.,I. Bélisaire, qui épousa Antonine en Italie, se faisait accompagner en Perse aussi par elle, qui était comme la copropriétaire de l'armée ; Bell. Pers.

[82] Ibid.

[83] Voyez aussi notre Essai de synthèse,II.

[84] Victor Tennonensis, loc. cit.

[85] Novelles de Justinien, coll. IX, tit, XIV, CXXXI.

[86] Procope, Bell. Vand.

[87] Ibid.

[88] Voyez sur eux Marcellinus Comes, loc. cit. (Stotias junior) ; Victor Tennonensis, ibid. (regnum in heremi partibus cum tyrannide assumit), 201. Il avait tué le commandant byzantin Salomon, que remplaça Serge (ibid,,et Marcellinus Comes, loc. cit.).

[89] Procope, Bell. Vand. ; Victor Tennonensis, loc. cit. ; Marcellinus Comes, ibid.

[90] Les événements ultérieurs sont racontés par Malalas.

[91] Procope parle d'un pays à peu près désert ; Bell. Goth.,III. Les conflits avec les Maures durèrent jusque sous l'empereur Maurice (Théophylacte Symokatta). Cf. Malalas.

[92] Voyez Diehl, Études sur la domination byzantine en Afrique,dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. 67 et suiv. ; Audollent, Carthage romaine, 146 a. Chr. 698 après J.-C.,Paris 1901 ; Paul Monceaux, Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne depuis les origines jusqu'à l'invasion arabe.Paris 1901-1902.

[93] Procope, Bell. Vand.

[94] Sur lequel voyez Luigi Cantarelli, Il patrizio Libero e l’imperatore Giustiniano,dans l'Ausonia, VI ( 1911). Cf. Bury, op. cit., II, p. 164, note 1.

[95] Le roi wisigoth Theudis payait tribut à Théodoric ; Procope, Bell. Goth.,I.

[96] Sur des Grecs battus par les rois Vitigès et Euric, Mommsen, Chron. Minora,II.

[97] Voyez Gorres, Die byzantinische Abstammung der spanischen Westgoten könige Erwich und Witiza, sowie die Beziehungen Kaiser Mauritius' zur germanischen Welt,dans la Byz. Zeitschrift, XIX ; cf. ibid.,XVI. (d'après des sources occidentales).

[98] Des deux frères de ce fils d'Idikon, l'un s'appelait Onooulphe, mais l'autre Harmatios ; Jean d'Antioche, dans Millier, Fragm. hist. graec,IV. Sa femme est Sunigilda, son fils, le César, Oklan ; ibid.,V. Il avait refusé son concours à l'empereur pendant la révolte d'Illus ; ibid. C'était un homme d'une soixantaine d'années.

[99] Procope, Bell. Goth. Opposition entre le torannoz et la basileia, ibid.

[100] Nomenque regis Odovacer adsumpsit, cum tamen nec purpura, nec regalibus uteretur insignibus ; Cassiodore, Chron.

[101] Pour Victor Tennonensis, loc. cit., il est un Herculanus, Orestis filius.

[102] Bury, History,1923, I. Seulement après la mort, en 490, de Népos, l'empereur légitime pour Byzance, Odoacre eut aussi la Sicile et la Dalmatie ; ibid. Népos essaya de se fixer en Dalmatie : cum in Dalmatia imperii sui sceptra firmare conaretur ; Mommsen, Chron. Min., I.

[103] Marcellinus Comes, loc. cit., distingue aussi des sénatrices.

[104] Malchus. Cependant Zénon avait fait mine de vouloir soutenir l'empereur d'Occident réfugié en Dalmatie, Népos.

[105] Sur les luttes contre Brachila, Adaric, Ovida (Odiva) et le roi des Ruges Fava ou Fœba, qu'il alla chercher sur le Danube, Voyez Mommsen, Chron. Min.,I ; Cassiodore, Chron., ibid.,II. D'après Isidore de Séville, la bataille sur le Danube aurait été livrée à Onooulphe, frère d'Odoacre : devicto fratre ejus Onoulfo et transconfinia Danuvii effugato ; Le fils d'Odoacre, Thalanès, ibid.Sur tous ces événements aussi la Vie de l'évêque de Pavie St Épiphane, dans les Acta Sanctorum,février. Cf. Fertig, Ennodius and seine Zeit,1855-1860 ; F. Magani, Ennodio,Pavie 1886.

[106] Des détails sur le départ du roi, qui craignait certaines intrigues, dans Malalas. Cf. Anastasiévitch, dans les Prilozi, I (1921). Il dispose de dromons ; Mommsen, loc. cit.

[107] Voyez notre Orient et Occident au moyen-âge et notre Les Commencements de Venise,1931. Cassiodore (loc. cit.) l'intitule seulement felicissimus atque fortissimus.

[108] D'après l'Anonyme de Valois, éd. Mommsen, Chronica Minora,I, ou Cessi, dans le Nouveau Muratori, 1913 : ut... pro merito laborum suorum loco ejus,dum adveniret, tantum praeregnaret : il devait gouverner seulement jusqu'au retour de l'empereur.

[109] Gothi sibi confirmaverunt Theodericum regem, non exspectantes jussionem novi principis ; Anon. Val,dans Mommsen, Chron. Min.,I.

[110] Gubernavit duas gentes in uno : Romanos et Gothos ; ïbid.

[111] Romanus miser imitatur Gothum et utilis Gothus imitatur Romanum ; Anon. Val,loc. cit.

[112] Cf. la mission à Zénon : mittens legationem Theodoricus Festum, caput senati, ad Zenonem imperatorem et ab eodem sperans vestem se induere regiam ; Mommsen, loc. cit., I, et, plus bas, mission à Anastase : ornamenta imperii.

[113] Bury, loc. cit., p. 454, note 2.

[114] Verba enim promissionis ejus quae populo fecerat adlocutus, rogante populo, in tabula aeneajussit scribi et in publico poni ; Anon. Val,,loc. cit. Cf. pour l'imitation des empereurs, ibid.

[115] Regnavit Romanorum more ; Agnellus dans Mommsen, loc. cit.

[116] Procope, Bell. Goth., passim.

[117] Ita ut nullus Romanus arma usque ad cultellum uteretur ; Anon. Val,loc. cit.

[118] Procope, Bell Goth.,II.

[119] Il s'agit du Pape Jean, chargé par Théodoric aussi d'une mission pour regagner ses ariens convertis : Justinus imperator venienti ita occurit acsi Beato Petro ; Anon. Val,loc. cit. En Occident on note la date de la mort de l'impératrice (27 juillet), Agnellus, dans Mommsen, loc. cit. — Théodoric apprit à peine quatre lettres dans dix ans ; Anon. Val,loc. cit.

[120] Bury, loc. cit. La mère avait changé son nom barbare d'Eréneiva en Eusébie ; ibid.,p. 411, note 5.

[121] Victis Vulgaribus dit Cassiodore, Chron. Cf. la victoire de Bélisaire sur des Bulgares du côté du Danube, qui avaient battu et pris le patrice Serge : debellati pariterque fugati, Danuvium transierunt ; Victor Tennonensis, loc. cit.

[122] Procope, éd. Haury, III, 8. 13.

[123] Deux filles de Théodoric épousèrent le roi des Wisigoths et celui des Burgondes, sa sœur Amalafride fut la femme du roi des Vandales, Trasamond, l'autre, Amalabriga, celle du roi des Thuringiens : Et sic sibi per circuitum placavit omnes gentes ; Anon. Val.,loc. cit. Ses rapports avec les Gaules, Cassiodore, Chron. (ann. 508).

[124] Procope, Bell, goth.,éd. de Bonn, I.

[125] Procope, éd. Haury, IV, 5, II et suiv., 19 ; V, 3, II et suiv.

[126] Marcellinus Comes, loc. cit. (la douleur qu'en ressentit Justinien).

[127] Voy. aussi Hodgkin, Italy and her inraders ; Heinrich Leuthold, Untersuchungen zur ostgothischen Geschichte der ]ahre 535-537,thèse de Jena, 1908.

[128] Procope, Bell. Goth.,II, éd. de Bonn.

[129] Ibid.,I ; II.

[130] Marcellinus Comes, loc. cit.

[131] Ibid.

[132] Elle s'étendait jusqu'à Salona ; Procope, Bell. Goth.,I.

[133] Sur les Juifs de Naples, ibid.,I. A Rome, ibid.

[134] Procope, loc. cit.. Cependant Théodat leur avait offert la Provence ; ibid.

[135] Ibid.

[136] Ibid., I.

[137] Plus quam amore ; Marcellinus Comes, loc. cit.

[138] Sur ce mariage Bury, loc. cit., p. 679, note 1.

[139] Les détails ont été plus récemment fixés de la façon la plus précise, par Bury, loc. cit.

[140] Après Bélisaire il y aurait eu le commandement du minister militiae Abadus ; Mommsen, loc. cit., I.

[141] Sur sa maison à Constantinople, Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1261.

[142] Le même titre pour Vitige, I, II4. Cf. Fr. Ferdinand Kraus, Die Münzen Odovacars.

[143] In offensam periculumque incurrens grave et invidiae subjacens ; Marcellinus Comes, loc. cit.

[144] Ibid. Cf. Marius d'Avanches, ibid.

[145] Contra voluntatem domini Justiniani Augusti ; cf. ibid.,III. Les offres de Totila comprennent la Sicile et la Dalmatie, un tribut et un contingent ; ibid.

[146]Huc illucque discurrens ; ibid.

[147] Ibid. Rome fut pillée ; ibid. Pendant quelque temps elle resta déserte (ibid.) : Post quam devastationem quadraginta aut amplius dies Roma ita fuit desolata ut nemo ibi hominum, nisi bestiae, morarentur. Parmi les officiers de Bélisaire lui-même, un Mundila, ibid. En échange les soldats de Bélisaire saccagèrent Vérone ; ibid.

[148] Ibid., III.

[149] Sur l'emplacement voyez Bury, loc. cit.

[150] Ses vêtements ensanglantés furent envoyés à Constantinople ; Malalas.

[151] Tyrannidem adsumpsit ; Marius d'Avanches, loc. cit.

[152] Contrarium sibi de medio aufert Constantinum patricium.

[153] Agathias, I-II. Sur les sources occidentales Bury, loc. cit., p. 275, note 4.

[154] Ibid. Le roi franc refusa sa fille à Totila ; ibid., Le chroniqueur italien Geoffroy de Viterbe présente Justinien comme le convertisseur d'un roi des Hérules, Crateus. d'un roi hun, Garda, princesse de cette même race (Muratori, VI).

[155] Procope, Bell. Goth,II. Cf. aussi ibid., 183 ; III.

[156] Ibid., I.

[157] Ibid.

[158] Ibid.

[159] Ibid., I ; II.

[160] Totius Italiae populos, expulsis Gothis, ad pristinum reducit gaudium ; Mommsen, Chron. Min.

[161] Deinde paulatim romanus defecit senatus et post Romanorum libertas cum triumpho sublata est ; Agnellus, ibid. Il parle aussi de la denudatio omnium Romanorum Italiae (ibid.).

[162] Voyez Diehl, Études sur l'administration byzantine dans l'exarchat de Ravenne (568-751),Paris 1888 ; Calisse, Il governo dei Bizantini in Italia,dans la Rivistastorica italiana, II (1885) ; L. M. Hartmann, Untersuchungen zur Geschichte des byzantinischen Verwaltung in Italien, 540-750,Leipzig 1889 ; Hugo Cohn, Die Stellung ter byzantinischen Statu boiter im Ober und Mittelitalten, 546-751,Berlin 1889 ; E. Stein, Beitrage zur Geschichte Ravennas in spätrömischen und byzantinischen Zeit,dans la Klio, XVI (1919) ; Patrono, dans les Atti e memorie della regia deputazione di storia patria per le Romagne, 3e série, XXVII (1910) ; Ch. Evrard et Al. Gayet, L'art byzantin d'après les monuments de l'Italie, de l'Istrie et de la Dalmatie,2vol. ; Münz, Les artistes byzantins dans l'Europe latine,Revue de l'art chrétien, XXXV (1893) ; Frothingam, Byzantine artists in Italy from the sixth to the fifteenth century,dans l'American Journal of archeology, IX (1890) ; Félix Lampe, Qui fuerunt Gregorii Magni Papae temporibus in Imperii byzantini parte occidentali exarchi et qualia eorum jura atque officia,Berlin 1892. Une lettre falsifiée à Narsès, dans la Byz. Zeitschrift, XI. Bull. de correspondance hellénique, XXXI (1907).

[163] Quatenus Persae quidem conquiescant ; Préface des Novelles.

[164] Ibid., I, I : nunc a Deo per nos surit adjectae principatui Romanorum. Dans la Novelle coll. II, tit. II, VIII, il mentionne la Libye reconquise et les Vandales soumis.

[165] Où on trouve sans cesse sa grosse monnaie de cuivre ; Novelles, coll. II, tit. VI, XI.

[166] Ibid.

[167] Coll. IV, tit. IX, XXX.

[168] Cf. Byz. Zeitschrift, V ; Koulakovski, dans le Viz. Vrémennik, III. Une inscription de Justinien dans la péninsule de Taman ; le même, ibid.,II.

[169] Ibid. : et bonam spem habemus quod Deus nobis annuat ut et caeteras gentes quas socordia sua Romani amiserant, cum ad utriusque Oceani terminos tenerent, iterum ditioni nostrae adjungamus.

[170] Small flotillas which patrolled the Lower Danube under the direction of the military commanders on that frontier ; Bury, ouvr, cit., 1.

[171] Gelzer, Kultur.Dölger, Regesten (années 581-582).

[172] Voyez Iorga, Formes byzantines et réalités balkaniques, Paris 1928. Sur la flotte la contribution de Bury, dans les Mélanges Amari, II.

[173] Voyez aussi Chrysostôme Papadopoulos, Jérusalem 1906.

[174] Procope, Bell. Goth.,II.

[175] Procope, Bell. Pers.

[176] Voyez plus haut.

[177] Sous Zénon elle soutint dans des combats à travers les rues Marcien, fils d'Anthemius et gendre de Léon ; Evagrius, III, 26.

[178] Sur la proclamation de Justin, en dehors de ce qui a été dit plus haut, Evagrius, IV.

[179] Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 2349. Cf. Brightman, Byzantine coronation ceremonies,dans le Journal of theological studies, II.

[180] Sur ses prétendues relations avec le beau Paulin et la vengeance de l'empereur, aussi Patr. Gr.,CXXII, c. 1273.

[181] Voy. Dölger, Regesten. Cf. Evagrius, V, 12 ; Vie de St Siméon par Nicéphore, Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 2380, 3160. Sur le médecin juif charlatan Timothée, Migne, loc. cit., c. 3160.

[182] Voyez aussi Vie de Daniel le Stylite, dans Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 1029 et Delehaye, Les Saints stylites. La révolte des soldats germains, avec Osthrys, Malalas.

[183] Cf. Patria,loc. cit., c. 560 ; Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1257.

[184] Au Ve siècle un Aspar, un Ardabour étaient des Romains comme les autres ; un frère d'Aspar épousa la fille de l'empereur. On s'indignait seulement de ce qu'ils étaient ariens ; Malalas, c. 371-372. Vie de St Marcel l'Archimandrite, Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 738 et suiv.

[185] Vie de St André, Migne, Patr. Gr.,CXI, c. 635.

[186] Collinet, Histoire de l'école de droit de Beyrouth (Études historiques sur le droit de Justinien,II), Paris 1925 (bibliographie aux pp. 6-9). Les classes d'étudiants sont nommées en grec ; grecs sont la plupart des noms (mais aussi un Peregrinus, un Celsinus, un Rufus, un Séverin, un Lucius. Un professeur Patricus, un Domninus, un Domnio, un Sabinus). Sur les langues de l'enseignement, ibid.

[187] Plana voce, romanis precibus ; Marcellinus Comes, loc. cit. Je crois qu'il faut rattacher romains à precibus.

[188] Sur lequel voyez aussi Evagrius, III, 43 ; IV, 3 ; Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1285.

[189] Des didascales à Tétradision ; Patria,loc. cit., c. 557. Migne, Patr. Gr., LXXXVI, c. 2353. Vie de Daniel le Stylite, loc. cit., c. 993.

[190] Sur des écoles de latin à Constantinople, aussi Agathias.

[191] Voyez aussi notre article dans la Byzantinische Zeitschrift,n° jubilaire pour Heisenberg.

[192] Pargoire, op. cit., et plus haut.

[193] Bonwetsch, dans les Nachrichten de Göttingue, 1899.

[194] Bury, loc. cit., II, p. 85, note 1, Dölger, Regesten.Ceux de Kastra près de Porphyrion, Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 3216.

[195] Cf. Pargoire, L'Église byzantine.

[196] Bury, History,1923.

[197] Fuchs, op. cit.

[198] Voyez aussi Bury, History,1923, I.

[199] Cf. Gelzer, Pergamon unter Byzantinen und Osmanen (Berlin 1903) ; le même Byz. Zeitschrift, XI ; Usener, dans le Rheinisches Museum, L.

[200] Les textes, Migne, dans Patr. Graeca, LXV, et LXXXVI, et dans la Collectio Avellana,1895-8, éd. Günther, sont discutés par Bury, loc. cit.

[201] Liber pontificalis,éd. Duchesne, et Histoire de l'Eglise du même.

[202] Les actes dans Mansi, VIII.

[203] LiberPontificalis,I (à comparer avec Zacharie de Mitylène, dans Nau, Patrologia Orientalis,IV).

[204] Ibid.(Cf. Liberatus, Breviarium, Patr. Lat.,LXVIII.)

[205] Les sources dans Pargoire, L'Église byzantine.

[206] Duchesne, Vigile et Pelage,dans la Revue des questions historiques, 1884.

[207] Mansi, IX,et Patr. Latina,LXIX ; Duchesne, loc. cit. ; nos Papi si Impârafi ; et.Bury, loc. cit. ; Pargoire, op. cit.

[208] Voyez S. Vailhé, dans les Echos d'Orient, II. Sur les rapports religieux avec la Perse, Pargoire, op. cit. Sur l'œuvre de Sévère, ibid. et suiv.

[209] Voyez Duby, dans les Echos d'Orient, VIII : Les races superficiellement hellénisées adoptèrent le monophysisme comme servant à propos leur rêve de séparation d'avec Byzance orthodoxe.

[210] Voyez Émereau, Saint Ephrem le Syrien,Paris 1918 ; Hubert Grimme, Der Strophenbau in den Gedichten Ephrem des Syrers, mit einemAnhange über den Zusammenhang zwischen syrischer und byzantinischer Hymnenform,dans les Collectanea friburgensia.II, 1833 ; cf. aussi Krumbacher, Byz. Litt. Voyez aussi Pitra, Analecta sacra spicilegio solesmiensi parata,1876 ; Revue des questions historiques, XI, 1876 ; Henry Stevenson, L'hymnographie de l'Eglise grecque ; Mone, Lateinische Hymnen des Mittelalters,3 vol., 1853-5 ; Wilh. Meyer, Anfang und Ursprung der lateinischen und griechiseben rythmischen Dichtung,dans les Mémoires de l'Académie de Munich, I, XVII ; le même I, 1896 ; Duval, op. cit.

[211] S. Beyer, Der syrische Kirchenbau,Berlin 1925 ; Baumstark, Voryustinianische kirchliche Bauten in Edessa,dans l'Oriens Christianus, IV (1904) ; Johann Quitt, dans Strzygowski, Byzantinische Denkmäler,III (1903) ; Bréhier, Les colonies d'Orientaux en Occident au commencement du moyen-âge, VI-VIIe siècle,dans la Byz. Zeitschrift, XII.

[212] Sur la différence de date concernant sa mort, Bury, loc. cit., II.

[213] Voyez la bibliographie dans Collinet, op. cit., p. 46, note 3 (le texte dans Laud, Anecdota syriaca,III, Leyde 1870 ; cf. Migne, Patr., Gr.,LXXXV, c. 1150 et suiv.).

[214] M. A. Kugener, Viede Sévère par Jean de Beith-Aphthonia,Paris 1905 (dans la Patrologia orientalis de Graffin et Nau ; ibid.,II s, 1904). Cf. Pargoire, op. cit.

[215] Voyez Brooks, Sources of Theophanes and the Syrian Chroniclers,dans la Byz. Zeitschrift, XV.

[216] Nau, Viede Jean Bar Aphthonia,Paris 1902.

[217] A. Kugener, Comment le corps de Jacques Baradé fut enlevé du couvent de Casiou par les moines de Phésilth.Aussi un Jean de Dara, au IXe siècle.

[218] Revue de l'Orient chrétien,IV.

[219] F. Nau, Histoires d'Ahoudemmeh et de Marouta... suivies du traité d'Ahoudemmeh (dans la Patrologia Orientalis,Paris 1906).

[220] Vailhé, dans les Échos d’Orient, IX. Cf.Krüger, Monophysites ; Wigram, The separation of the monophysites,Londres 1923.

[221] H. Delehaye, Les versions grecques des actes des martyrs persans sous Sapor II (dans la Patrologia Orientalis),Paris 1905.

[222] J. Lebon, Le monophysisme sévérien,Louvain. Cf. Le monophysisme,Mélanges Diehl, I.

[223] Dölger, Regesten,n° 9 (d'après Michel le Syrien).

[224] Constantin Bachas, Oeuvres d'Aboukara, évêque de Harraw, le plus ancien écrivain arabe,Beyrouth 1904.

[225] Le même, ibid.,VI.

[226] Migne, Patr. Gr.,LXXXVIII, c. 1612-1844. Cf. Vailhé, dans les Échos d’Orient, IV.

[227] Vailhé, Sophrone le sophiste et Sophrone le patriarche,extrait de la Revue de l'Orient chrétien, VI et VIII.

[228] Voyez Byz. Zeitschrift, III ; Ehrhard, Das griechische Kloster Mar Saba,dans la Römische Quartalschrift, VII (1893).

[229] Grégoire, dans la Byz. Zeitschrift, XVIII. Cf. Duchesne, Les missions chrétiennes au Sud de l'Empire romain.

[230] Ed. de l'abbé Martin. Cf. Gelzer, dans la Byz. Zeitschrift, I. Voyez Erich Marten, op. cit.

[231] Byz. Zeitschrift, XIII.

[232] Éditée par M. Georges Graf, dans l'Al Machrig de Beyrouth, VIII, 1903. Cf. les Échos d’Orient, VIII. Sur les saints syriens,Noldeke, Orientalische Skizzen,Berlin 1852. Sur une Vie de St Sabbas, Byz. Zeitschrift, XV.

[233]Voyez aussi Vailhé, dans les Échos d’Orient, V.

[234] F. Diekamp, dans la Byz. Zeitschrift, IX. Le même présente le commentateur Oikouménios vivant vers 600 ; Mémoires de l'Académie de Berlin, XLIII (1901).

[235] Anton Baumstark, Geschichte der syrischen Litteratur mit Ausschluss der christlich-palästinensischen Texte,Bonn 1922 ; V. Ryssel, Der Einfluss der syrischen Litteratur auf das Abendland,dans la Theologische Zeitschrift aus der Schweiz, XIII.

[236] René Draguet, dans la Byz. Zeitschrift, XXX. Cf. du même, Julien d'Halicarnasse, Louvain 1924. Aussi Brooks, A collection ofletters ofSeverus ofAntioch,publiées par M. A. Kugener et Eug. Triffant, dans la Patrologia Orientalis, XV, 5.

[237] H. Usener, Aus Julian von Halikarnass,dans le Rheinisches Museum, LV (1900) ; René Draguet, Julien d'Halicarnasse et sa controverse avec Sévère d'Antioche sur l'incorruptibilité du corps de Jésus-Christ,Louvain 1926 ; le même, Julien d'Halicarnasse et Sévère d'Antioche,dans les Échos d’Orient, 1925.

[238] Contra Nestorium et Eutychium,Migne, Patr. Gr.,LXXXVI.

[239] Voyez Grumel, dans les Échos d’Orient ; 1922, 1923 ; 1924.

[240] Cf. Brooks, The Sixth book of Severus ; Vailhé, Les Homiliae cathedrales de Sévère d'Antioche,dans les Échos d’Orient, VII. Aussi ibid,,VIII. Sur Jean ibid. Cf. Krumbacher, Byz. Litt.

[241] Addaï Scher, dans le Journal Asiatique,VII.

[242] Nau, Analyse des parties inédites de la chronique attribuée à Denys de Tellmahré,Paris 1898 (du Supplément de l'Orient chrétien, année 1897) ;Hallier, dans les Texte-Untersuchungen de Gebhardt et Harnack, IX1 ; Duval, op. cit. Ce récit entra dans celui de Michel le Syrien.

[243] Vailhé, dans les Echos d’Orient, VIII.

[244] Léon Clugnet, Vie et écrits de l'abbé Daniel le Scétiote (VIe siècle), Paris 1901 (dans la Bibliothèque hagiographique orientale).

[245] Bury, op. cit., I ; cf. Gelzer, Studien zur Verwaltung Ägyptens,Leipzig 1909 ; le même, Kultur ; A. E. R. Boak, Byzantine imperialism in Egypt,dans l'American Historical Review, XXXIV (1928), à côté des livres de Maspero et de Mlle Rouillard.

[246] P. von Cauvenbergh, Étude sur les moines d'Egypte depuis le concile de Chalcédoine (451) jusqu'à l'invasion arabe (640),Paris 1914. Sur les stylites, aussi Échos d’Orient, XIII.

[247] H. Idris Bell, The Byzantine servile state in Egypt,dans la revue Archeology, IV (1917).

[248] Maspéro, op. cit.

[249] Voyez E. W. Brooks, dans la Byz. Zeitschrift, XXX. Cf. Diehl, dans Hanotaux, op. cit., III.

[250] En dehors du livre, en russe, d'Adontz, Pétersbourg 1908, G. Owsepian, Die Entstehungs-Geschichte des Monothelismus,Leipzig 1897 ; Ter Minassiantz, Die armenische Kirche in ihren Beziehungen zu der syrischen Kirche bis zum Ende des 13. Jahrhunderts ; S. Weber, Die katholische Kirche in Arménien,Freiburg, 1903 ; Laurent, L'Arménie entre Byzance et l'Islam,Paris, 1919 ; Heinrich Hübschmann, Zur Geschichte Armeniens und der erste Krieg der Araber,Leipzig ; Laurent, dans la Revue des études arméniennes, I, (1920) ; Thopdschian, Armenien vor uni wahrend der Araberzeit,dans la Zeitschrift fur armenische Philologie, II (1903).

[251] Voyez Howorth, The Avares,dans le Journal of the asiatic society, série 3, I, 1889 ; Drouin, Notice sur les Hungs et Hioung-now,1894 ; E. A. Parker, A thousand years of the Tartars,1895 ; Steinbach, Analecta avarica,Cracovie, 1900 ; cf. Parker, dans la Byz. Zeischrift, XX. Marcellin parle d'une poussée des Huns en 422. — Sur la paix de 574 avec les Avars, Dölger, n° 34.

[252] Agathias. Sur les Huns à Kassandria et à Potidée, Procope, Bell. Vand., Cf. Agathias. Comme précisions Baynes, The date of the Avar surprise,dans la Byz. Zeitschrift, XXI. D'après Ménandre, cf. Dölger, n° 90. Cf. A Mordtmann, dans le Syllogos de Constantinople, volume supplémentaire, XIX-XXII (1891, Aussi Cari Patsch, Beiträge zur Völkerkunde von Süd-Ost-Europa,III, Die Völkerbewegung an der unteren Donau in der Zeit von Diokletian bis Heraklios, 1. Theil, bis zur Abwanderung der Goten und Taifalen aus Transdanuvien,dans les Sitzungsberichte de Vienne, 208 2.

[253] Procope, éd. Haury, passages notés à la page 289 du vol. III.

[254] Sur leurs établissements ajouter Bury, The early history of the slavonic settlements in Dalmatia, Croatia and Serbia, Constantine Porphyrogennetos, du administrando imperio,chapters29-36, Londres 1920 ; cf. le Viz. Vrémennik, V.

[255] Voyez aussi Vailhé, dans les Échos d’Orient, XIV : C'est le khagan des Avars qui dirige l'ensemble des tribus slaves et turques et c'est lui qui préside à la fédération. En effet c'est à lui qu'on demande en 578 d'ordonner aux Slaves de quitter le territoire de l'Em pire ; Ménandre. Cf. Math. Rypl, Die Beziehungen der Slaven und Avaren zum oströmischen Reiche unter der Regierung des Kaisers Heraklios,Programm, Budweis, 1858. Pour les Slaves, Ehrhard, Die Stellung der Slaven in der Geschichte des Christentums,Strasbourg 1918 ; Poproujenko, Slaves et Byzantins,dans le Viz. Vrémennik, XXII ; M. Zupanic, dans le Byzantion, IV et suiv. (hypothèses hardies). Sur des Slaves jusqu'en Asie Mineure, Pancenko, dans les Izvestia de Constantinople, VII, VIII (1902), 1-2.

[256] Cf. Bury, The Roman Empire in 1600 A.Ddans l'English Historical Review, IX.

[257] C'est le cas des Slaves, Procope, Bell. Goth.,II. Ils ont aussi la coutume d'empaler leurs prisonniers, de les brûler.

[258] Brunšmid, Eine griechische Ziegelinschrift aus Sirmium,dans l’Eranos vindobonensis, 1893.

[259] Voyez Ernest Mayer, Die dalmatinisch-istrische Munizipalverfassung im Mittelaker und ihre römischen Grundlagen,dans la Zeitschrift der Savigny-Stiftung, partie germanique, XXIV (1903). Cf. Stanojevic, Byzantiner und Araber, I. Die Balkanhalbinsel bis zum 7, Jahrhundert,Neusatz 1903. Sur le caractère latin des régions aux bords de la Mer Noire, Bury, Later Roman Empire, I.

[260] Procope, Bell. Goth.,III ; Michel le Syrien ; Dölger, Regesten,nos 29, 30.

[261] Evagrius, V, 1, 9.

[262] Dölger, Regesten,n° 25

[263] Voyez Agathias ; Ménandre, fragm. 19 ; autres sources dans Dölger, Regesten, n° 13, 36, 37-39, 41-45. On allait jusqu'à vouloir vendre Dara ; Ménandre, fragm. 47. Tibère revint sur cette offre ; ibid.,55.

[264] Muratori, VII.

[265] Victor Tennonensis, loc. cit.

[266] Ménandre, fragm. 65, 66.

[267] Ménandre. Cf. Procope, Bell. Goth.,III ; Théophylacte Simokatta. Maurice s'intitule Gepidicus.

[268] Théophylacte Simokatta, VI, 10.

[269] Ibid.,I, 4 ; Théophane. En 591 on pensait à les forcer de nouveau à la paix en envoyant la flotte du Danube prendre leurs familles sans défense ; Théophylacte Simokatta, VI, 5 ; Théophane. 270.

[270] Dans une source italienne contemporaine, Mommsen, Chron. Min.

[271] Omni populo suo in fara ; Marcellinus Comes.

[272] Dölger, Regesten,n° 76.Sur des relations antérieures avec le roi Sigebert d'Austrasie, Grégoire de Tours, IV. Pour l'époque ultérieure, sous Maurice, Troya, Codice,I ; Dölger, loc. cit., nos 83-85, C'est ce qui explique les passages de Grégoire de Tours sur Justin ; Voyez A.Carrière, dans l'Annuaire de l'École des Hautes Études, 1898.

[273] Voyez notre Orient et Occident au moyen-âge.

[274] Jean de Biclar, loc. cit.

[275] Il se retira en 581 dans la marche du roi Childebert (in marca Childiberti regis) ; Marcellinus Comes.

[276] Ibid.

[277] Agnellus, dans Mommsen, loc. cit.

[278] Reipublicae se tradidit ; ibid.(année 572).

[279] Ex suo genere. Il massacre les milites romani ; loc. cit.

[280] Jean de Biclar.

[281] Sur ses rapports avec Narsès aussi Corippus.

[282] Voyez notre étude sur Paul le Diacre, dans Cartirepresentative in viata omenirii,2e édition, Bucarest 1924. Même après 568 il y a des Lombards au service de l'Empire ; Théophylacte Simocatta. Cf. Bury, Italy under the Lombards,dans la Scottish Review, VII (1896) ; Cari Blasel, Der Übertritt der Langobarden zum Christentum bis zur Okkupation Italiens,dans l'Archiv für katholisches Kirchenrecht, LXXXIII (1903 ; M. Zeiller, Étude sur l'arianisme en Italie à l'époque ostrogothe et l'époque lombarde,dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome, 1904-5 ; Blasel, Die Wanderungen der Langobarden,1909 ; L. Schmidt, Datum und Wege der langobardischen Eimvanderung in Italien,dans la Historische Vierteljahrschrift, XXIV (1926) ; J. Friedrich, Die Ecclesia augustana in dem Schreiben der istrischen Bischöfe an Kaiser Mauritius vom J. 598,dans les Mémoires de l'Académie de Bavière, 1906.

[283] Voyez Jean de Nikiou, trad. Zotenberg, dans les Notes et extraits des mis.,XXVI1,1883 : jeune homme très beau, aimant le bien, généreux, d'un cœur ferme.

[284] Cf. Chron. Paschale,ann. 574. — Ses monnaies, que connaissait aussi le chroniqueur occidental de l'Italie du moyen-âge, Romuald de Salerne (Muratori, Scriptores rerum italicarum,VII), portent l'inscription : Tiberii Constantin ! perpetui Augusti et Gloria Romanorum. Il en envoyait une somme au roi franc Childebert ; ibid.

[285] Heisenberg-Wenger, Byzantinische Papyri,Berlin 1914 ; cf. Kurt Groh, Geschichte des oströmischen Kaisers Justin II,Leipzig 1889 (déjà cité) ; Guido Hentzsch, De scriptorihus rerum imperatoris Tiberii Constantini,thèse de !ena (cf. avec Michel le Syrien et Bar Hebraeus).

[286] Ses campagnes du côté de Sirmium, cédée par les Gépides et prise par les Avars, Evagrius, VI, II ; Migne, Patr.Gr., LXXXVI, c. 2349 et suiv.

[287] Voyez Dölger, Regesten,nos 22, 23, 25, 29-31. Chosroès avait menacé Césarée de Cappadoce ; Evagrius, V, 13.

[288] Un château élevé contre les Bulgares du khagan, Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1276. Parmi sessoldats, des Massagètes, d'autres Scythes, des Pannomens, des ïllyres, des Isauriens, même des gens du Rhin ; Evagrius, V, 14.

[289] Il élève, avec sa femme Anastasie, l'église des Quarante Martyrs et commence le palais de Bryas ; Patria, Gr.cit., c. 568 ; Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1280. Nous l'avons déjà fait remarquer.

[290] Voyez Bury, The naval policy of the Roman Empire in relation to the Western princes from the 7th to the 9th century,dans les Mélanges Amari, II, Palerme, 1910 ; le même, Italy under the Lombards,dans la Scottish Review, janvier 1896 ; Westberg, Zur Wanderung der Langobarden,dans les Mémoires de l'Académie de Pétersbourg, VI, 1904 ; cf. Ferd. Hirsch, Das Herzogtum Benevent,Leipzig 1871. Sur les rapports avec l'Église romaine, que l'Empire continue à régenter, Carlo M. Patrono, Studi bizantini, Dei conflitti trà l'imperatore Maurizio Tiberio ed il Papa Gregorio Magno,dans la Rivista di storia antica, nouvelle série, XIII (1909). Une tentative d'entente avec le Siège d'Aquilée, pour lequel il y eut même une intervention auprès du Pape Grégoire, Jaffé, Regesta,no, 1084.

[291] Evagrius, V, 19 ; Vie de St Euthyme, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 2355. Un frère Pierre, Patria,loc. cit., c. 569. Ses fils Théodose, Tibère, Pierre, Paul, Justin, Justinien, Anastasie, Théoctiste, Cléopâtre ; Evagrius, VI ; Chron. Paschale,ann. 602. Sa femme, Constantina, demandait à Rome des reliques ; Delehaye, Origines.

[292] Sur le mariage, Evagrius, VI (cf. ibid.,V) ; Théophylacte Simokatta.

[293] Ibid.

[294] Patria,loc. cit., c. 579 ;Migne, Patr. Gr.,CXXII,c. 1269, 1272.

[295] Aussi Jean de Biclar, loc. cit.

[296] Théophylacte Simokatta ; Théophane, éd. de Bonn.

[297] Ibid. En 592-3 l'empereur les chasse d'Antioche ; Dölger, Regesten,n° 109.

[298] Voyez aussi Sébéos, Histoire d'Héraclius,trad. Fr. Macler, Paris 1904. La mère d'Hormisdas était la fille du grand khakan, roi des Thêtals. Cf. Tabari, trad. Nöldeke, dans la Geschichte der Verset und Araber.Pour la paix de 586 avec les Perses, Théophylacte Simokatta, II.

[299] Ibid.

[300] Ibid.

[301] Ibid.

[302] Ibid.

[303] Ibid ; Evagrius, VI. Cf. aussi, sur les débuts, Agathias ; Théophane. Sur le culte de St Serge auquel le roi, qui se faisait considérer comme Hellène, demande un fils, de sa femme chrétienne, ibid. Cf. Dölger, Regesten,nos 91, 96,98-101, 107, 108, 129, et l'étude détaillée de M. Stein.

[304] Procope, Bell. Goth.,III ; Bell. Vand. ; Evagrius, VI, 3, 10, 15 ; Vie de St Démètre, dans Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 1285 et suiv. ; ibid.,CXI, c. 1080-1081. Cf., sur des combats au-delà du Danube, Agathias. Sous Maurice un mur nouveau est bâti à Christopolis ; Théophylacte Simokatta.

[305] Ibid. Aussi notre Geschichte des rumänischen Volkes,I, et notre étude La Romania danubienne et les barbares au VIe siècle,dans la Revue belge de philologie et d'histoire, III (1924). Cf. Epoque et caractère de l'établissement des Slaves dans la Péninsule des Balkans,dans la Revue historique du Sud-Est européen, VII. Aussi Iorga, Le Danube d'Empire,dans les Mélanges Schlumberger, I.

[306] Théophylacte Simokatta. Les vieux noms thraces se conservaient.

[307] Ibid.

[308] Ibid.

[309] Voyez aussi notre article cité dans la Revue belge de philologie et d'histoire, loc. cit.

[310] Théophylacte Simokatta.

[311] Voy. Byz. Zeitschrift, XI ; Vàri, ibid.,XII ; Ebersolt, Mission archéologique à Constantinople.

[312] Théophane ; Théophylacte Simokatta.

[313] Théophane ; Théophylacte Simokatta (passage par Dourostoron), (Ardagast), (Mousakios).

[314]Ibid.

[315] Voyez Reverdy, dans la Revue historique de Paris, LXIV.

[316] Théophylacte Simokatta, VIII, 11.

[317] Théophane.

[318] Théophylacte Simokatta.

[319] Voyez Diehl, Le Sénat et le peuple byzantin aux VIIe et VIIIe siècles dans le Byzantion, I. Tous les empereurs après Justinien avaient accordé à ce peuple remuant et en général à tous les sujets des allégements d'impôt ; Dölger, années 500, 575. Cf. Stein, Des Tiberius Constantinus Novelle und der edictus Chilperici régis,dans la Klio, XVI. Cf. Ostrogorsky, Das Steuersystem im byzantinischen Altertum und Mittelalter,dans le Byzantion, VI. (sur le kapnikon et l'épiboulé).

[320] Chronique de Jean de Nikiou, trad. Zotenberg, dans les Notices et extraits des mss. de la Bibliothèque Nationale, XXIV, 1883.

[321] Théophylacte Simokatta.

[322] Priscus s'adresse sur le Danube aux soldats en utilisant : Rwmaioiz (Théophylacte Simokatta). Or ce mota un sens nettement national. Nous avons les Rwmaiade Salone dans Procope, Bell. Goth.,I.

[323] Théophylacte Simokatta.

[324] Ibid. Pour les accès de panique, ibid.

[325] Ibid.

[326] Théophane.

[327] Ibid.

[328] Ibid.

[329] Ibid.

[330] Ibid.

[331] Ibid.

[332] Ibid. Cf. Evagrius, VI, 5, 6, 9, 10.

[333] Théophane.

[334] Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1205. Le nom de sa femme, donné par le chroniqueur italien, bien postérieur, Geoffroy de Viterbe (Muratori, VII), est Léontia.

[335] Cf. aussi Jean de Nikiou, loc. cit.

[336] Voyez Mommsen, Chron. Minora.

[337] On s'en rappelait encore. Voyez Théophane.

[338] Théophylacte Simokatta.

[339] Sur leur politique, Théophane

[340] Jean de Nikiou, loc. cit. ; Théophylacte Simokatta

[341] Sur son fils Théodose, associé au trône, Jean de Biclar, loc. cit.

[342] Voyez Chron. Paschak et Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1280 ; Adamek, Beiträge zur Geschichte des hyzantinischen Kaisers Mauricius,Programm, Graz, 1890-91 ; Kraitschek, Der Sturz des Kaisers Maurikios,dans le Bericht über das VI. Vereinsjahr des akademischen Vereins deutscher Historiker in Wien, Vienne 1896 ; Spintler, De Phoca, imperatore Romanorum,thèse, Iena 1905 ; Verdi e azzurri ai tempi di Foca,dans les Studi italiani di filologia classica, XIX (1912 ; P. Vailhé, dans les Échos d'Orient, XIII (1910) (avec Phocas une nouvelle période est inaugurée ; celle de l'usurpation et de l'assassinat ; quelque temps après, l'impératrice, fille d'empereur, et ses filles eurent le même sort) ; Grégoire, Inscriptions,I (il croit reconnaître aussi le motif religieux). — La sœur de Maurice ensevelit les tristes restes dans le couvent de St Mamant, fondé par elle ; Migne, Patr. Gr.,CLVII, c. 604-605. Cf. ibid.,c. 689.

[343] Foord, op. cit.

[344] Sur la voie suivie par les envahisseurs : Portes de Fer du Danube, gué d'Isaccea, dans la Dobrogea Voyez notre Revue historique du Sud-Est européen, loc. cit.

[345] Epistolae,XIII, 31, dans Migne, Patr. Lat.,LXXVII, col. 1281-1282. Voyez aussi la notice dans le Liber Pontificalis.Cf. Franz Görres, Papst Gregor der Grosse und Kaiser Phokas,dans la Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XLIV (1901)

[346] Grégoire, loc. cit., nos 113, 113b ; cf. Ibid., nos 114 bis, ter et quater.

[347] Sur le baptême des Juifs ; Migne, Patr. Gr.,XCVII, c. 1009.

[348] Théophane. Voyez aussi plus haut.

[349] Chron. Paschale ; Théophane.

[350] Ibid. ; Chronicon Paschale.

[351] Chronicon Paschale.

[352] Théophane. Révolte de 603, Chron. Paschale.Complot d'un Alexandre, gendre de Maurice ; Jean de Nikiou, loc. cit. ; une attaque arabe, Patria,loc. cit., c. 552. Sur la conspiration de Théodose, brûlé par les dèmes, ibid.

[353] Il fonda le couvent de Chora ; Patria,loc. cit. Pour l'église de Phokas, ibid.,c. 496. Son Prétoire, ibid. Cf. Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1272.

[354] Bury, History,1923, I, p. 8, note 4.

[355] D'après Jean de Nikiou, Phokas avait offensé cruellement cette famille faisant venir de Cappadoce pour ses plaisirs, avec la mère d'Héraclius, sa femme et sa fille, Fabia. Un frère d'Héraclius, Théodore Mommsen, Chron. Minora,II.

[356] Jean de Nikiou, loc. cit..

[357] Les Bleus aussi se rallièrent à Héraclius ; Grégoire, Inscriptions,I. Mais leur drapeau fut brûlé ; Chron. Paschale.

[358] Théophane ; Chron. Paschale.

[359] Chron. Paschale. ; Jean d'Antioche, fragm. 218 ; Patria, loc. cit.,c. 509.

[360] Cf. L. Drapeyron, L'empereur Héraclius et l'Empire byzantin au VIIe siècle,Paris 1869 ; Laskin, Héraclius (en russe), Charcov, 1889 ; Évangélidès, Odessa 1903 ; Pernice, L'imperatore Eraclio,Florence 1905

[361] Chron. Paschale.Cf.Dölger, Regesten,n° 167

[362] Fr. ]. Rhétoré, La prise de Jérusalem par les Perses,dans la Revue biblique, VI (1897) ; Couret, Prise de Jérusalem par les Perses en 614,dans la Revue de l'Orient chrétien, II (1897) ; Vailhé, La prise de Jérusalem par les Perses en 614 [19 mai], dans la Revue de l'Orient chrétien, VI (1901) ; Les Juifs et la prise de Jérusalem en 614 (d'après Sébéos. Chosroès expulsa les Juifs, ces fils de Caïn), dans les Échos d'Orient, XII ; cf. ibid.,VI ; Peeters, La prise de Jérusalem par les Perses,dans les Mélanges de l'Université de Beyrouth, 1923.

[363] Théophane ; cf. aussi Chronicon Paschale.

[364] Sébéos.

[365] Voyez ibid., analysé dans Pernice, op. cit. M. Pernice admet une offensive byzantine, à laquelle auraient participé les meilleurs généraux de l'époque, Philippikos et Nicétas. L'empereur lui-même l'aurait commandée. Elle se serait arrêtée à Antioche. Il faut admettre plutôt (Voyez Sébéos, trad. Macler) une confusion de chronologie. On vit les Perses à Chalcédoine, devant Constantinople. Sébéos. Lettre de défi de Chosroès, ibid.

[366] Chron. Paschale,ann. 645 ; cf. Dölger, Regesten,n° 617. Cf. Pernice, loc. cit. ; Gerland, dans la Byzantinische Zeitschrift, III ; Norman H. Baynes, ibid.,XXI ; dans l'English Historical Review, 1904 ; 1910. Des détails aussi dans mon Essai de synthèse,II.

[367] Chron. Paschale,ann. 626 ; l'anonyme, dans Mai, Bibliotheca,VI8, c. 426 et suiv. Il supprima les distributions de pain aux habitants de la capitale ; Dölger, Regesten,nos 172-174.

[368] Théophane ; Chronicon Paschale.

[369] Il demanda le concours des Khazares, des Arabes et employa même les Samaritains ; Eutychius, loc. cit., c. 1087.

[370] Sébéos.

[371] Sur les praedia des Lazes, amis du Christ, voyez la Vie de St Maxime, dans Migne, Patr. Gr.,XC. Sur l'Alanie Viz. Vrémennik, V (1898).

[372] Théophane. Pour cette partie de la croisade c'est la seule source.

[373] Cf. Pernice, op. cit.

[374] Mordtmann, dans le Syllogos de Constantinople, 1892.

[375] Voyez Baynes, The first Campaign of Héraclius against Persia,dans l'English Historical Review, 1904. On dut promettre aux Per ses pour leur faire abandonner leurs projets sur Constantinople mille ta lents d'or, des femmes, des chevaux, des vêtements ; Eutychius, dans Migne, Patr. Gr.,CXI, c. 1686. — Sur le siège et la défense du commandant Bonus, ibid.,CVI, c. 1336 et suiv. Pour les Avars aussi Théophylacte, ibid.,CXXVI, c. 189.

[376] Cf. Sébéos.

[377] Voyez aussi Kretschmann, Die Kämpfe zwischen Héraclius I und Chosrœs II,Programme de l'école de Güstrow, 1875. Cf. Nôldeke, Tabari, Geschichte der Perser und Araber zur Zeit der Sassaniden,Leyde 1879.

[378] Voyez Sachau, Von den rechtlichen Verhältnissen der Christen im Sassaniden reich,dans les Mitteilungen des Seminärs fur orientalische Sprachen, Berlin 1907.

[379] Voyez Chronicon Paschale. Cf. Chron. d'Alexandrie, Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 3223-3227.

[380] Les sources sur le traité de 628 sont recueillies dans Dölger, Regesten,194 (en première ligne Théophane). Voyez ibid. Cf. Baynes, The restauration of the cross at Jerusalem,dans l'English Historical Review, XXVII (1912) ; Brooks, ibid.,1916 (même sujet) ; Vailhé, dans les Échos d'Orient, IX.

[381] Romuald de Salerne, Muratori, VII.

[382] Etablissement, contre Siroé, d'Ardachir, tutelle par le généralissime perse Charbaraz ; Sébéos. Sur la campagne, le même et Théophane.

[383] Théophane. D'après Théophane et Michel le Syrien, Dölger, Regesten,nos 203-205.

[384] Mansi, X.

[385] Voyez Gelzer, Kultur ; cf. le même, dans les Mémoires de l'Académie de Bavière, XXI. Sur les suites de cette introduction officielle du monothélisme, Salaville, dans les Échos d'Orient, XX ; Vailhé, dans la Revue de l'Orient chrétien, 1902 ; Grumel, dans les Échos d'Orient, 1928 ; ibid.,1929 ; cf. Jugie, ibid. ; ibid.,XXIX. Cf. le livre récent du Père Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium ab Ecclesia catholica dissidentium,4 vol.

[386]Sur la popularité comme guide religieux Voyez dans le Syllogue de Constantinople, VI, Suppl. p. 24.

[387] Voyez aussi Dölger, Regesten.

[388] Mansi. XI, 9 ; toutes les sources dans Dölger, Regesten,n° 215

[389] Sous Léon Ier ; Malchus.

[390] Procope, De Aedificiis.

[391] Théophane.

[392] Voyez le traité anonyme contre Mohammed, Migne, Patr. Gr.,CIV ; Barthélemy d'Édesse, ibid.,c. 1384 et suiv., 1428 ; Couret, op. cit. ; René Dussaud, Les Arabes en Syrie avant l'Islam,Paris 1907 ; sir T. W. Arnold, The preaching of Islam,2e édition, Londres 1913 ; Leone Caetani di Teano, Bisanzio e la Chiesa orientale alla vigilia della invasione araba,dans les Studi religiosi, VII (1907) ; Vasiliev, Byzance et les Arabes (en russe : une édition française en deux volumes est annoncée ; cf. Viz. Vrémennik, X) ; X. A. Nomikos, Alexandrie. Aussi Nys, Le droit des gens dans les rapports des Arabes et des Byzantins,dans la Revue de droit et de législation comparée, XXVI, (1894).

[393] La Vie de Saint Antiochus le moine, Migne, Patr. Gr.,LXXXIX, c. 423 et suiv., parle d'une attaque de Sarrasins contre un couvent sous Héraclius.

[394] Théophane.

[395] Cf. ce que dit sur ce sujet Bar Hebraeus, cité par le Père Pargoire, op. cit. : Le Dieu des vengeances envoya les Arabes pour nous délivrer des Romains. Nos églises ne nous furent pas rendues, car chacun conserva ce qu'il possédait,mais nous fumes du moins arrachés à la cruauté des Grecs et à leur haine contre nous.

[396] Sur lequel Voyez Ostrogorsky, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[397] Voyez E. von Dobschütz, Die konfessionnellen Verhältnisse in Edessa unter der Araberherrschajt,dans la Zeitschrift fur wissenschaftliche Theologie, XLI (1898) ; M. Ghazarian, Armenien unter der arabischen Herrschaft,Marburg i. H., 1903 ; Muylder, La domination arabe en Arménie,Paris 1927.

[398] Pour la date, Byz. Zeitschrift, XV.

[399] Sur les vers du Patriarche Sophronius sur cet événement, Viz. Vrémennik, V.

[400] En fait de chroniques syriennes, celle de Michel, trad. Chabot, et les mentions dans les éditions de sources orientales publiées pour le Corpus scriptorum christianorum orientalium, Scriptores Syri (surtout série III, t. IV). Voyez en première ligne de Goye, Mémoire sur la conquête de la Syrie,2e édition, Leyde 1900.

[401] Voyez aussi Nöldeke, Aufsätze zur persischen Geschichte,Leipzig 1887.

[402] Dölger, Regesten,nos 209-210.

[403] C'est le seul des empereurs, dit-il, qui sut se dominer soi-même ; VI, 1.

[404] Ibid.,livres IV et V. Surtout V

[405] Sous Tibère le beau faubourg antiochénien de Daphné estdétruit par un tremblement de terre (ibid.,V, 17).

[406] D'après le traité du prêtre Anastase de Sinaï sur le patriarche jacobite d'Antioche, Athanaseaurait commencé d'abord à Gabitha, puis à Dathomon ; Migne, Patr. Gr. LXXXIX, c. 1156. Cf. aussi Th. Nöldeke, Études historiques sur la Perse ancienne,trad. Oswald Wirth, 1896.

[407] Dans Michel le Syrien, Paris 1904, II.

[408] Vailhé, dans les Échos d’Orient IX. Le Pape essaya d'imposer un chalcédonien (ibid.).

[409] H. Labourt, De Timotheo I,Nestorianorum patriarcha (728-823), et christianorum orientaliutn conditione sub chaliphis abbasidis,Paris 1904.

[410] Pour les thèmes (première indication dans Théophane) le livre de Constantin Porphyrogénète (réuni au De administrando imperio dans l'édition Leskine, Moscou 1899) ; Gelzer, Die Genesis der byzantinischen Themenverfassung,Leipzig 1899 ; le même Pergamon ; cf. Diehl, L'origine du régime des thèmes,dans les Mélanges Monod et dans la Byz. Zeitschrift, IX ; Brooks, dans l'English Historical Review, 1916 ; Papadimitriou, dans la Byz. Zeitschrift, IX ; Koulakovski, ibid.,XIII ; Stein, ibid.XXX ; Vasiliev, dans le Viz. Vrémennik, X ; Koulakovski, ibid.,XI ; Brooks, Arabic lists of the Byzantine themes,dans le Journal of hellenic studies, XXI (1901) ; Wilh. Kubitschek, dans la Numismatische Zeitschrift, IV (1911). Héraclius avait distribué des terres aux fœderati ; Stein, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, I.

[411] Jean de Nikiou.

[412] Chronique de Nicéphore, éd. Migne.

[413] Eutychii, Alexandrini Patriarchae, Annales,éd. Cheiko, Beyrouth-Paris 1912 (aussi dans Migne, Patr. Lat.CXI) ; Maspéro, Histoire des Patriarches d'Alexandrie ; Alf. J. Butler, The Arab conquest of Egypt and the last thirty years of Roman Dominion,Oxford 1902 ; Amelineau, Conquête de l'Egypte par les Arabes,dans la Revue Historique, CXIX (1915) ; Brooks, On the chronology of the conquest of Egypt by the Saracens,dans la Byz. Zeitschrift, IV ; cf. Stanley Lane Poole, A history of Egypt in the middle ages,Londres 1901 ; Wilh. Schubert, Ägypten von Alexander dem Grossen bis auf Muhammed,Berlin 1922 ; Diehl, dans Hanotaux, Hist de la nation égyptienne,III.

[414] Jean de Nikiou, loc. cit. ; Sébéos. Le récit du chroniqueur égyptien est largement analysé par Pernice, op. cit. Cf. Diehl, loc. cit.

[415] Diehl, loc. cit.

[416] Cf. Pernice, op. cit. ; Butler, op. cit. ; Munier, loc. cit. (d'après des sources arabes).

[417] Cf. aussi la Vie de St Jean le Miséricordieux, Migne, Patr. Gr.,XCIII. Cf. ibid.,CXI, c. 1084.

[418] Jean de Nikiou, loc. cit. Cf. Lumbroso, Documenta nuovi sull'Egitto greco alla vigilia della conquista araba,dans les Mémoires de l'Académie dei Lincei, série 5, XII (1903. Cf. le récit circonstancié de M. Diehl, dans Hanotaux, Histoire de l'Egypte,III, loc. cit.

[419] Censuarium jugum ; Mommsen, Chron, Minora.

[420] Migne, Patr. Gr.,III, c. 1091 et suiv

[421] Ibid.

[422] Ibid.,c. 1100-1101.

[423] Ibid.,c. 1097-1098, 1105-1107.

[424] Migne, Patr. Gr.,CIV, c. 1384 et suiv. Cf. ibid.,c. 1420 et suiv.

[425] Ibid.,CV, c. 670 et suiv.

[426] Ibid.,CIV, c. 448 et suiv.

[427] Théophylacte Simokatta. Cf. Gelzer, dans le Rheinisches Museum, XLVII (1893) ; Gerland, dans la Byz. Zeitschrift, XIV ; Bolotov, dans le Viz. Vrémennik, XIV (1907), (sources orientales) ; Baynes, History (distinctively Byzantine history has begun). Sur sa prétendue statue à Barletta, Wulff, op. cit., I, table XI ; Johnson, The colossus of Barletta,dans l'American journal of archeology, XXIX (1925.

[428] Voyez aussi Gay, Notes sur la crise du monde chrétien après les conquêtes arabes. Les deux patriarcats de Rome et de Byzance,dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire, XLV (1928). Les deux patriarcats de Rome et de Byzance,dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire, XLV (1928)

[429] Migne, Patr. Gr., LXXXVI, c. 2111 et suiv. Il parle aussi d'une conspiration manquée contre l'empereur. Cf. nos Médaillons (Byzantion, 1926).

[430] Œuvres complètes dans Migne, Patr. Gr.,XCII. Voyez Krumbacher, Byz. Litt. (analyse et bibliographie) ; Sternbach, dans les Wiener Studien, XIII (1891 ; Georgii Pisidae carmina inedita, éd. Léo Sternbach, ibid.,XIV, 1892 ; Hilberg, dans la Festschrift Vahlen, Berlin 1900 ; Sternbach, De Georgio Pisida, Nonni sectatore, Analecta graeco-latina,Cracovie 1893 ; le même, De Georgii Pisidae apud Theophanem aliosque historiées reliquiae,Cracovie 1899 ; Studia philologica in Georgium Pisidam,Cracovie 1900 ; Observationes in Georgii Pisidae carmina historica, ibid.,1900 ; Emilio Teza, Dell' Essaemero di Giorgio Pisida seconda la antica versions armena,dans les Rendiconti dell'Academia dei Lincei, V, II, (1893) ; nos Médaillons,loc. cit.

[431] Voyez Migne, Patr. Gr.,LXXXVII2 ; Krumbacher, Byz. Litt.

[432] Ibid.,LXXXVII3, c. 3733 et suiv.

[433] Migne, Patr. Gr., XC et XCI. Cf. Krumbacher, Byz. Litt. ; Disdier, dans les Échos d'Orient, 1931.

[434] Migne, Patr. Gr., XGVII, Cf. Krumbacher, Byz. Litt. Dans son homélie pour St Patape il fait l'éloge de l'Egypte.

[435] Éd. Gelzer : Georgii Cyprii Descriptio orbis romani,1890. Avec Krumbacher, Byz. Litt., Byz. Zeitschrift, IV.

[436] Éd. nouvelle de Boor, Leipzig 1887. Cf. Baynes, The literary construction ofthe history ofSimocatta,dans les Xehia, hommage international à :l'Uriiversité nationale de Grèce, 1912. Aussi Papadopoulos-Kjéraméus ; dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, décembre 1910 ; Byz. Zeitschrift, XX.

[437] Voy. nos Médaillons.

[438] Une lettre de Bahram ; la réponse ; une lettre de Chosroès.

[439] Nous avons employé la traduction de Zotenberg. Le texte même a été donné par Charles, The chronicle of John, hishop of Nifeiu, Londres 1916 (et dans la Bibliotheca geographorum arabicorum, éd. de Gœje, Leyde 1870-1894).

[440] Krumbacher, Byz. Litt. (bibliographie). Le premier a été édité par Brian, Paris 1855.

[441] Voyez Leontios von Néapolis Lehen des Heiligen Johannes des Barniherzigen, Erzbischofs von Alexandrien,éd. Gelzer, Fribourg i. B.-Leipzig, 1893 ; voyez Migne, Patr. Gr.,XXCIII. (Vies de St Spiridon, de St Siméon).

[442] Voyez Jugie, dans les Échos d'Orient, 1923.

[443] Avec Krumbacher, Byz. Litt., Jugie, La vie et les œuvres de ]ean de Thessalonique,dans les Echos d'Orient, 1922.