HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME I. — L'EMPIRE ŒCUMÉNIQUE (527-641)

 

CHAPITRE DEUXIÈME.ÉTUDE DES ÉLÉMENTS DE LA SYNTHÈSE BYZANTINE.

 

 

I. — L'ÉLÉMENT ROMAIN

 

Lorsque ce que nous appelons « Byzance » s'est formée, on n'entendait guère se détacher d'aucun souvenir romain. Justinien parlera non seulement de Romulus et de Numa, mais aussi du « roi troyen » Enée,[1] « dont nous vient le nom d'Ennéades ».[2]Du fond de la série des empereurs, César lui-même apparaît devant Justinien, comme un « très cher » antécesseur, ayant « donné un bon commencement à la domination du monde, que nous possédons ».[3] La plus grande révérence se tourne vers Constantin, le pientissimus princeps, vers sa mère, la honestissima, dont le nom, donné à l'Hellénopontus, est restauré.[4]

Par contre il lui arrive assez rarement de rappeler ses plus proches prédécesseurs, sauf Marcien, qui est pour lui un imperator eximius et Léon Ier, « de bonne mémoire, qui, parmi ces empereurs, après Constantin de pieuse mémoire, a augmenté l'autorité (principatum) de la foi chrétienne et a établi la dignité et la discipline des saintes églises ».[5] Alors qu'il ne se rapporte, dans les « Institutions », que rarement aux décrets de Zénon, il admire ce Léon, « l'homme aux sanctions fortes et viriles ».[6] Mais, avant tous les autres, son oncle, le paysan thrace Justin, est loué pour être arrivé « à surpasser en piété et en sagesse tous ceux qui avaient régné jusque là ».[7]

Justin et Justinien représentent, du reste, une réaction. Si Léon venait du pays des « Besses », de cette même Thrace.[8] Zénon avait été un barbare de l'Orient, Anastase un ancien fonctionnaire dalmate. On était gouverné donc par les races vaincues et par les gens des bureaux. Ce n'étaient pas les représentants de la vitalité, encore jeune, des meilleures populations de cet ensemble qui détenaient le pouvoir.

Or il y avait dans les provinces européennes, balkaniques, restées, sauf le littoral, très latines, très libres, très guerrières, une perpétuelle source de vie.[9] Léon Ier lui-même était un « Besse » de ces régions[10] qui s'étaient gagné un commencement d'individualité politique. En effet, sous Zénon, le Gépide de sang royal Mundus, qui avait commandé jadis à Sirmium et qui avait servi Théodoric, demande pour lui le Danube, qu'il défend contre les restes des Huns, pacifiant la Thrace. Sous Anastase les Isaures, devenus maîtres de l'Empire, sont détruits par une coalition de forces « scythes, gothes et besses » de cette même province. La révolte de Vitalien, fils de Patriciolus de Zaldapa, sur le Bas Danube, aux noms si romains, le montre bien.[11] Il s'appuyait, cet empereur de révolte, qui occupa une grande partie de la Thrace[12] et mit le siège devant Constantinople, non seulement sur un groupe de barbares sur la frontière,[13] mais aussi sur les populations de la Mer Noire, des paysans, qui lui donnèrent les plus forts, les meilleurs de son armée. Il est dommage qu'on ne sache que par quelques lignes grecques de Jean d'Antioche[14] les intentions de ce soldat qui manqua de peu la couronne des Césars.

Il fut vaincu, abandonné, et périt. Mais l'essor de la race n'en continua pas moins. Justin, le vieux soudard illettré, le Thrace originaire de Bederiana,[15] qui, sans révolte, réussit à se saisir de Constantinople, en est la preuve. Le règne des parvenus de la campagne commence, et leur programme est romain, latin, en relation étroite avec le passé qu'ils chercheront à rénover, et nettement opposé aux usurpations des Orientaux et des courtisans. Ceci bien que de cette même « Scythie[16] » et pas de Scythopolis, d'autant moins de Provence, vint, au IVe siècle, Saint Cassien († c. 435), l'auteur grec de l’« Institution[17] ».

En apparence donc les souvenirs romains, jusqu'aux légendes, sont très vifs. Justinien se rappelle même que Lycaon, roi d'Arcadie, est venu en Italie et s'est établi au milieu des Oenotriens, étant ainsi, bien avant Énée et Romulus, « le créateur, pour ainsi dire, de l'empire romain[18] ».

Du reste, malgré les noms orientaux, les empereurs récents viennent, sauf Zénon[19] des provinces latines. Anastase était né à Épidamne, et Léon venait de l'Illyricum.[20] Ils ne pourront pas donc se défaire de la première empreinte.

Aimant à se réclamer de la seule tradition latine, tout ce qui est grec devait servir seulement d'auxiliaire. Aussi dira-t-il aux Juifs que la langue de la patrie, patria lingua, est celle qu'on parle en Italie, italica.[21] Une belle monnaie représente Anastase vêtu en beau guerrier au heaume magnifique, recouvert du poitrail de Trajan.

Pensant de cette façon, l'empereur « à la romaine » a, du reste, sur quoi s'appuyer. Par la conservation des anciennes magistratures, que Procope traduit, du reste, en grec ou grécise d'apparence (magisqroz),[22] on a l'illusion de conserver tout un précieux passé.[23] Il y a encore un Sénat, au milieu duquel les consuls déposent leurs fonctions.[24]

Sous Justinien on pratiquera, même officiellement, l'archéologie dans les noms des magistrats aussi, ressuscitant, avec force souvenirs historiques ou quasi-historiques, celui de préteur,[25] praetor justinianeus (en Pisidie et en Lycaonie, en Paphlagonie, en Thrace). On voit ce prêteur, maître aussi de la milice, parader en char d'argent, les faisceaux devant lui.[26] Des comtes gouverneront la Galatie première, la Phrygie paralienne, l’Isaurie,[27] un proconsul la Cappadoce,[28] province aux grands domaines, usurpés par les puissants, les potentes.

Mais ce corps de fonctionnaires ne formait pas, comme dans l'ancienne Rome, une classe de nobles. Or, parmi les causes qui ont fait de l'Empire byzantin ce qu'il a été d'une façon permanente, on oublie une des plus essentielles : le manque complet d'une aristocratie, d'une vraie aristocratie, résidante et active, reconnue comme telle par le pouvoir suprême, cette aristocratie qui conseille et, au besoin, impose. Quelques grands propriétaires du Péloponnèse ou de l'Asie ne seront pas capables de la remplacer. Ils manqueront de tradition et, enfermés dans leurs vallées, aussi bien d'expérience que de notoriété, de popularité.

Car les grandes familles sénatoriales n'avaient pas suivi Constantin, signant ainsi à côté de lui l'acte de déchéance de leur vieille Rome chérie, à laquelle ils étaient attachés par toutes leurs traditions et par tous leurs souvenirs. Du reste, en Occident, la noblesse romaine pouvait se refaire par les groupes provinciaux qui surent dompter dès le début, aussi par la crosse d'évêques sortis de leur sein, les rois barbares. Lorsque, après la faillite de la tentative constantinienne de tout transporter en Orient, Rome fut de nouveau, sinon la capitale unique, au moins siège d'empire, ils décidèrent plus d'une fois les changements du pouvoir. Par opposition à Constantinople, si chrétienne, ils gardaient quelque chose du paganisme condamné. Ainsi Anthemius dut leur promettre le relèvement de la cité glorieuse et telle source souligne que Lybius Sévère était un Romain, un vrai Romain.[29] Odoacre leur appartint en grande partie, et ce fut en leur nom qu'il envoya à Constantinople les insignes impériaux :[30] la province seule, dont l'opinion est présentée par le comte Marcellin eut des regrets pour la disparition d'une forme qu'elle faisait remonter jusqu'à Auguste lui-même.[31] Les lettres qui montrent l'autorisation du Sénat figurent sur les monnaies de ces délégués de la Rome orientale, de ces créatures des chefs germaniques. Théodoric dut batailler contre une opposition d'intellectuels et de romantiques du passé, ayant à leur tête des hommes de la valeur de Symmaque et de Boèce, et il dut recourir pour les impressionner à l'aide du bourreau. Ce seront eux qui penseront à faire de Bélisaire un empereur, encore un de leurs empereurs.

Faute d'avoir une classe de cette solidarité fière et frondeuse, Byzance vécut au gré de la fortune des parvenus. Ils apportaient avec eux, sans doute, une nouvelle humanité toute fraîche, mais en même temps des passions fortes, une cupidité insatiable, de vilaines mœurs. Les quelques savants d'école ne pouvaient pas introduire un esprit plus noble. Les empereurs, élevés trop souvent par des intrigues, des caprices ou des crimes, partageaient cette façon d'être. Une vulgarité brutale envahit dès le début la Rome de Constantin, et personne ne pourra, pas même sous les mieux élevés des Macédoniens et des Comnènes, des Paléologues, l'en chasser. Entre des soudards, des moines et des pédants on ne pouvait pas s'élever plus haut.

Mais la tradition ancienne pour les monnaies dure si tard que telle pièce unique de l'empereur Alexandre, au IXe siècle, porte la formule grecque en lettres latines.[32] L'inscription des monnaies — probablement toute l'inscription — resta donc latine, comme on apprend les lois, à Béryte, en latin. C'est en latin qu'on rédige les traités, comme celui avec les Perses.[33] Le fils d'Anthemius s'appelle Marcien[34] ; celui de l'usurpateur Basilique est un Marcus,[35] le frère de l'empereur Zénon un Longin.[36] Parmi les femmes, sa belle-mère, l'intrigante Verina, porte un nom latin, alors qu'une autre impératrice est affublée du nom mythologique d'Ariadne. Tel chef d'armée syrien envoyé contre Vitalien est un Marinus.[37] Dans la famille impériale, avec Justin et Justinien, on a un Germain : les noms des femmes surtout restent latins,

Mais, alors que Rome avait été surtout un passé, un honneur, une gloire, l'ancien monument romain, qui en était l'immortel témoin, n'inspirait, à Constantinople même, ville nouvelle, un peu parvenue, de même qu'ailleurs, aucune vénération. Le passé avait été soumis à des critiques aussi dissolvantes, et sans doute devenues populaires, comme celles d'Augustin, ennemi acharné de toute autre « cité » que celle de Dieu. La beauté de ces reliques d'art n'attirait que quelques intellectuels, qui cependant en soutiraient parfois les matériaux, pour en faire « des ornements aux triclinia et aux portiques ». S'il était impossible de transformer en maisons propres ou en celles du Dieu nouveau les édifices dont les anciens maîtres avaient été expulsés, on les employait pour faire des vieux marbres de la chaux, et ceci malgré les décrets impériaux qui infligèrent, à partir des fils de Constantin, de lourdes amendes.[38]

Sous ces efforts de conserver la race, de maintenir les bonnes traditions politiques, il y a cependant un lent travail d'assimilation, sous la croix chrétienne, et même par dessus la différence de religion. Déjà, à une époque où le mariage avec les étrangers était permis, Constantin avait menacé de faire brûler vivant quiconque aura aidé les barbares à piller le territoire de l'empire.[39] Mais on pouvait croire, tout de même, que cette assimilation sera latine, qu'elle aidera à la création d'un monde romain en Orient : nous verrons qu'elle sera, au contraire, grecque.

Malgré tout ce que pouvait donner le nouveau milieu de la capitale imposée, l'armature légale restait absolument romaine à l'ancienne façon, et c'était l'essentiel pour des gens chez lesquels l'État était au fond la formule juridique.[40] Un Grégoire, un Hermogène avaient recueilli des constitutions impériales. Théodose II avait essayé d'introduire de la clarté dans les anciennes décisions impériales, de transformer des édits épars dans un vrai recueil de droit civil. Une commission de jurisconsultes avait été chargée de transformer en théorie « les intentions de sa poitrine divine » (divinus sensus pectoris nostri). Les noms des compilateurs renvoient cependant à l'Orient, sauf un Maximinus, un Sperantius : Antiochus, Martyrius, Sperantius, Apollodorus, Théodore, Procope, Epigenius.[41]

Déjà les empereurs du IVe siècle s'étaient préoccupés donc, par les Codes grégorien et hermogénien, par celui de Théodose II, de la grande question du droit. Ils avaient cherché, par les mesures comprises ensuite dans le Code Théodosien, à créer un ordre écrit. Julien dut être, avec ses conceptions personnelles, dans lesquelles entrait sans doute aussi le droit comme instrument puissant du paganisme, un des restaurateurs du passé. Mais les juges eux-mêmes avaient trop souvent négligé les rescripta[42] et il faut se demander surtout quels étaient, parmi les Orientaux, en dehors des habitants de telles villes romanisées, ceux qui voulaient s'abreuver à cette source de droit aux eaux stagnantes.

Dès le début, toute cette législation eut une seule action sur une société en pleine transformation : refréner certains des abus contre lesquels se tournent ces novelles, empêcher une faible partie des usurpations de droit dont se rendaient capables les fonctionnaires.[43] On voulait le juge sérieux et sévère, étranger aux soucis de popularité, aux plaisirs des jeux, prononçant publiquement sur la place publique, et non dans des églises (divertkula religiosa), des sentences dont il prendrait toute la responsabilité ;[44] on voit combien l'église usurpait les droits du tribunal impérial. Mais, au fond, c'était en vain qu'on avait confirmé tout ce qui appartenait au passé romain, en commençant par le vieux Papinien.[45]

Justinien, dont l'œuvre dans ce domaine ne peut pas être détachée de celle de ses prédécesseurs, chargea une commission de légistes de mettre par écrit tout l'ancien droit romain, et le livre des Institutions du droit civil en résultera.[46] Rédigé dès 529, revu en 534, le Code des constitutions, auquel vint s'adjoindre pour l'époque de l'ancien droit, toute une jurisprudence recueillie dans un Ulpien, un Paul, choisie, expurgée et harmonisée, les Digestes, ou, en grec Pandectes, et un riche commentaire, obligatoire, d'« Institutions », d'après le vieux Romain Gaius, pour l'école de Béryte, dont deux professeurs, Théophile et Dorothée, avaient entrepris, avec Tribonien, principal collaborateur de Justinien, la rédaction, en attendant ses « Novelles », ses Nearai à lui, fut en première ligne une œuvre d'archéologues qui exhument.[47] On avait fouillé dans des textes oubliés et complètement tombés en désuétude. On en serait sûr si on avait aujourd'hui, pour les différentes provinces, des textes de sentence pour le contrôle. L'Empire avait acquis, après le moment historique où ces lois avaient été décrétées pour une société encore simple et incomparablement plus restreinte, de vastes territoires où dans les masses de la population vivaient d'anciennes coutumes, jusqu'à celles des Thraces et des Arabes, des législations plusieurs fois millénaires, comme celle d'Hammourabi, des prescriptions religieuses appartenant à des croyances disparues. Peut-on admettre que pour les régir au point de vue juridique on eût eu recours à tous ces poussiéreux textes disparates même après été formellement « harmonisés[48] » ?

Mais on peut se demander si Justinien avait voulu, de son côté, tenter cette œuvre d'une difficulté immense ; amalgamer des millions, d'un caractère si différent, sous le rapport de ces pratiques de droit, liées à des intérêts si essentiels et à toute une conception héritée de la justice.

Son préambule aux « Institutions » peut éclaircir la question. Il est celui du restaurateur politique favorisé — il le dit lui-même — par le sort. Il est, lui, l’imperator Caesar, un Flavius, comme Constantin, mais aussi comme le pauvre roi germanique Odoacre. Il porte le titre de toutes ses victoires, comme ne l'avait fait aucun des empereurs romains d'Orient qui l'avaient immédiatement précédé : Alemanicus — on se demande quand et pourquoi —, Gothicus, Francicus, Germanicus — après ce qui est auparavant une simple réminiscence de chancellerie —, Anticus — bien qu'ayant eu à peine un contact avec les Antes slaves, — Vandalicus et, en même temps, Africanus, il se revêt de tous les qualificatifs des empereurs heureux : pius, felix, inclytus, victor, triumphator.

Il parle des triomphes difficilement (summae vigiliae, bellici sudores) gagnés avec l'aide de Dieu sur les « races barbares » (barbaricae gentes), auxquelles il a arraché « après tant de temps » (post tanta temporum spacia), des provinces perdues. Il peut donner maintenant, lui qui veut être « pius, religiosissimus » et revêtir « l'armure des lois », des préceptes juridiques à « toutes les nations ».[49] Dans ce but il a mis de l'ordre dans une « confusion » qui est séculaire, et il en est très fier. Car ces lois ont, malgré leur origine païenne, un caractère sacré, « sacratissimae » ; elles méritaient donc d'être exhumées — le terme y est —, car l'empereur parle du medium profundum dont il les a retirées. A côté du Romain Tribonien il a eu recours à cesdeux Grecs, Théophile et Dorothée, qu'on oublie trop en ne pensant qu'au premier.

Mais, pour les Institutions, on a un but didactique. Ce solennel et magnifique préambule s'adresse — jamais un ancien empereur romain ne l'aurait fait à la jeunesse des écoles de droit, à la cupidalegum juventus. Elle doit abandonner les légendes, les « fables » qui traînent sur l'origine des lois, donc toute cette histoire des Solons et des Lycurgues, et se rendre compte que le droit est « d'autorité impériale », ab imperiali splendore appetere. Un manuel facile est présenté aux étudiants : ils ne devront pas attendre, comme jusqu'ici, quatre ans pour avoir le bonheur de lire les « constitutions impériales ».

On leur a donné les matériaux eux-mêmes dans les cinquante livres, de « répertoire », des Pandectes. Mais ils auront devant eux surtout cette synthèse des « Institutions », comprenant le sens philosophique de ces choses si diverses ; elles en sont l'essence, les «premiers principes », contenus dans un manuel.

Œuvre scolaire, — et, j'ose le dire, même dans les autres parties de cette législation destinée à relier les pierres depuis longtemps branlantes d'un si ancien édifice juridique, malgré un practicisme simplificateur et un peu de tolérance plus philosophique que chrétienne, car l'esprit de l'Église éclate, dur et vengeur des injures, dans les prescriptions du droit criminel. Mais aussi œuvre historique, œuvre d'éducation, rappelant les esprits à une époque où la loi, strictement exécutée, et contre tous, était la première règle d'une société uniforme et disciplinée.

Il y a eu, est-il dit, des droits différents, à partir de Solon et de Dracon, lequel, dans ce texte, vient après. Maintenant, il y a un autre droit civil, alors que le droit naturel découvert par les philosophes grecs est unique : le droit des « Romains », pour une autre catégorie de nations, et il est question à cette occasion d'Homère et de Virgile. On voit bien, par de pareils détails, de quoi il s'agit parfois : plutôt un badigeonnage de façade.

Parler sans cesse de Rome, de l'ancienne, et de la vraie, morte pour toujours, dont le cadavre seul sera gagné sur les Ostrogoths, cela faisait partie de la pédagogie politique de l'empereur. De cette façon, qui devait être impressionnante, Justinien manifestait l'idéal que le succès de ses guerres en Occident avait suscité dans son esprit. L'instinct romain de ce descendant de paysans latins, vivant cependant selon les coutumes de leurs ancêtres barbares, les Thraces, parlait en lui aussi lorsque cette grande œuvre de rénovation, de fait impossible, s'annonçait si amplement dans un domaine où on ne consulte pas des textes périmés.

Mais Justinien et ses collaborateurs ne pouvaient pas faire autrement. Du moment que ce droit, supposé immuable dans ses lignes générales, était le principal ciment par lequel étaient reliées ces provinces qui avaient été jadis des États et dans lesquelles sommeillait l'esprit divers des nations, il fallait donner au moins l'apparence qu'on n'avait pas touché à cet élément par lequel seul tout se tenait encore.[50] Justinien ira jusqu'à essayer de romaniser les formes de droit de l'Arménie.[51]

On voit bien comment cette législation de caractère général se heurtait aux traditions, aux habitudes d'esprit, aux intérêts des populations, si différentes entre elles. Justinien se plaint de ce que « ceux qui habitent les provinces de Mésopotamie et d'Osroène » conservent leur façon de contracter les noces.[52] Il est réduit à absoudre ces paysans exposés aux barbares.[53] Les menaces de mort et de confiscation des biens pour l'avenir auront eu probablement très peu d'effet. Le « romanis legibus decentem ordinem conservabimus[54] » dut rester souvent, par la force des choses, lettre morte.[55]

 

II. — L'ÉLÉMENT GREC

 

En face des éléments apportés par l'origine même des empereurs, de ceux qui tiennent à l'orgueil du passé, à la tradition de droit, aux formules de l'administration il y a la réalité, inévitable, toujours en avance, de l'hellénisme.

On a à Byzance le grécisme des cris de la rue,[56] du cirque, de la campagne environnante, à l'action de laquelle il faut faire une part si large, l'hellénisme de la Cour et des offices et l'hellénisme de l'école. Il faudra, si on veut rester « romain », leur livrer bataille à chaque moment.[57] Constantin, qui parla latin au concile de Nicée, l'avait décrété officiellement.[58] Mais en 397 seulement on put juger en grec, en 439, tester dans cette langue,[59] l'empereur daignant décréter en grec seulement sous Justinien.[60]

Pour se rendre compte combien dès le quatrième siècle le grec envahit sur le latin il faut se rappeler l'inscription sur ce piédestal, qui se conserve encore, de la statue érigée à l'impératrice lettrée Eudocie, femme d'Arcadius : au-dessus du texte latin de la dédicace de la part du préfet Simplicius il y a quatre vers de facture archaïque dans la langue qui déjà s'était superposée à l'autre.[61]

Jadis, au IVe siècle, après un long combat pour la foi, fût-ce même contre la beauté de la pensée et de la forme, héritage d'une antiquité honnie, parce qu'aveugle à l'égard des vérités éternelles, l'Église, enfin victorieuse, avait pactisé avec un ennemi dont il s'agissait de recueillir les dépouilles. St Basile paraît, qui est, si on ne tient pas compte de la prédication des vertus chrétiennes et d'un assez monotone mépris pour les séductions du siècle, un bon rhéteur de la meilleure école.[62]St Grégoire de Nazianze, son contemporain et son ami, chez lequel on a trouvé tant de traces de ses modèles païens, écrit, sur des sujets de morale ou de pensée philosophique, des vers un peu lourds, mais d'une grande pureté, d'une rare élévation morale, que n'auraient pas dédaignés les poètes qui continuaient les anciennes traditions ; le soin qu'on accorde à ses écrits vient surtout, piété et admiration chrétiennes à part, de tout ce qu'on peut découvrir en fait de fossiles chez cet habile fabricant de rhétorique rythmée,[63]qui conserve néanmoins un peu d'inspiration provinciale, de paysan cappadocien. Des sentences d'une concision bien hellénique sont entremêlées aux cris de haine contre la matière sujette au péché. Mais la forme est telle que le poète chrétien pouvait demander à l'empereur revenu au paganisme, Julien, s'il n'y a pas d'autre hellénisme que celui qu'on prétendait refaire.[64] La même recherche de style distingue, du reste, Synésius, originaire de Libye, étudiant à Alexandrie et à Cyrène, évêque de Ptolémaïs.[65]Mais entre les rythmes courts, pressés, haletants de celui-ci et entre la belle poésie de Grégoire, large, harmonieuse, aux répétitions savantes, mais dans un élan qui les dépasse, comme dans le beau discours à son âme reliée au pauvre corps destiné à périr, il y a une de ces différences qui montrent bien qu'une nouvelle époque de la poésie vient de naître, mais elle sera bientôt arrêtée par les clercs et les grammairiens. Saint Jean Chrysostome, qui en sait autant en fait d'antiquité, est déjà un Byzantin. Cependant pour le « chrysostôme » toute poésie en dehors des psaumes n'est qu'un instrument de corruption, pornica armata.[66] Dans la maison à côté, on cultive en même temps forme et pensée comme si le Christ n'eût jamais prêché sur la montagne de Jérusalem. On ne se combat plus par dessus la rue, dont la paix est garantie par l'empereur, à l'école d'Athènes, où rayonne la réputation de Proclus (410-485)[67] à celle, à peine créée, par Théodose II, de la cité impériale ; on se fréquente même en bons voisins, et, pour goûter le miel de l'Hymette, sur place même ou transporté soigneusement à Constantinople, on s'assied à la même table.[68]

L'école d'Athènes appartenait à ce groupe de philosophes qui donna à l'Empire la femme de Théodose II, devenue, au baptême, d'Athénaïs, Eudocie et qui, princesse ambitieuse, fit entendre jusqu'à Antioche l'élégance, en place publique, d'une rhétorique inspirée d'Homère, dont elle imita la facture dans ses poésies.[69]

L'école de Constantinople fut une fondation d'État, due à ce même Théodose, l'époux d'Athénaïs-Eudocie, qu'il faudrait reconnaître donc comme initiatrice. Le latin et le grec se partageaient les chaires, dont les occupants étaient payés sur le trésor et prenaient rang dans le monde officiel, d'une structure si parfaitement hiérarchisée : il y eut dix maîtres latins de grammaire et le même nombre de maîtres grecs, mais, en face de seulement trois professeurs d'éloquence romaine, cinq sophistes appartenant au monde hellénique.[70]

Cette école, qui dépassera celle des autres capitales de l'orthodoxie, compta parmi ses maîtres le rhéteur Thémistius, qui mêle à ses phrases tant de vérité historique et dont la place dans le développement final de la pensée antique est remarquable, le sophiste Troile, les maîtres de l'historien de l'Église, Socrate :Helladios et Ammonios.[71]

De ce milieu d'Athènes, païen, de celui de Gaza, en Syrie, chrétien, par l'école ou par les seules lectures se forma toute une série de rhéteurs, dans l'œuvre, souvent vaine, desquels ne manquent pas quelques pages véritablement belles, comme ce Synésius de Cyrène (c. 370-413), l'ami de Hypatia, elle-même professeur de philosophie à Alexandrie, poète aussi, et, par Dion Chrysostome, philosophe néoplatonicien.[72] Aussi, après le sophiste païen Themistius, aristotélicien, sous Théodose Ier, qui fut aussi l'auteur d'une théorie du gouvernement par le « tyran jeune et noble »,[73] Priscien, panégyriste de l'empereur, Anastase, qui professa à Constantinople, jusqu'à ce que, l'école païenne ayant été formée par Justinien, il cherchera, avec Damascius, l'auteur de la Vie d'Isidore, et Simplicius, un asile en Perse idolâtre.[74]Surtout cet autre glorificateur d'Anastase, celui-ci lui-même un lettré, qui avait commencé dans les offices, Procope de Gaza, commentateur actif des Écritures, un des soutiens de l'école de pensée philosophique chrétienne fondée sur cette marche de l'Egypte, Syrien lui aussi, comme Porphyrius de Gaza, en face de l'Égyptien qu'est Synésius (de Syène) ; il fut l'adversaire de Proclus.[75] Une place plus modeste est assignée à un Énéas, à un Astérios, évêque d'Amasie (n. avant 431), dont on a telle page d'histoire,[76] et à un Proclus de Césarée, des Anatoliens (siècles IV-V).[77]

Il y aura parmi les lettrés du IVe siècle un traducteur d'Eutrope, Paianius,[78] et on s'essaiera même à Ovide.[79]

Toute une littérature grammaticale, qui part de ces écoles, ne s'explique pas seulement par l'admiration pour l'antiquité. Il fallait avoir toutes ces scholies, tous ces commentaires, tous ces formulaires, tous ces lexiques pour pouvoir bien écrire dans une langue que les oreilles n'entendaient pas à chaque moment.

Mais le poète de l'époque, après l'Égyptien Nonnos de Panopolis, qui choisit ses sujets aussi bien dans le monde mythologique des Dionysiaques et dans le milieu de Homère que dans celui des Évangiles, accumulant les mots rares, les épithètes redondantes, comme l'avait fait chez les Latins un Lucain, et trouvant plus d'une fois, dans l'élan d'une race énergique et naïve, l'expression frappante, sinon aussi juste[80] est Korykios (Corycius), de Korykos, successeur, à Gaza, dont il était originaire, de Procope. C'est le chantre des commémorations, des éloges, des cérémonies comme les brumalia, qui duraient presque un mois ; l'antiquité, habilement exploitée, donne tous les éléments de cette forme vide et morte. Ce genre, des « déclamations » présentant les sentiments de personnages antiques, réels ou supposés, qui y figurent comme dans un drame, avait, dans un milieu artificiel, beaucoup de succès, et il faut observer que, encore une fois, c'est de Syrie ou d'Egypte que viennent, conservant encore le grec comme moyen d'expression, les principaux représentants de la littérature. On pourrait dire la même chose de l'art aussi, par rapport à cette « ville neuve » pour les manifestations supérieures de l'esprit que continuait à être Constantinople. Tout ce que Korykios a écrit est étroitement lié à un paganisme qu'il était loin de professer comme foi.[81]

Elève de Proclus à l'école d'Athènes, alors « patronnée » par Théogène, puis professeur à Constantinople, favori d'un favori de l'empereur Zénon, complice de la révolte qui leva sur le bouclier Léonce, Pamprépios le «philosophe » fut tué, et son corps jeté dans la montagne,[82]par ordre de son protecteur lui-même, qui se croyait trahi. On a découvert de lui tout un poème au style redondant, où l'idylle fardée sert à proclamer les mérites de son ancien mécène athénien.[83]

On était alors tellement saturé d'antiquité que cette fille de philosophe Athénaïs, devenue l'impératrice Eudocie, put décalquer Homère pour en revêtir, non seulement son éloge d'Antioche, mais aussi les miracles de St Cyprien et autres sujets religieux. L'enepe ajouté aux actes du Saint donne plutôt une impression drôle, comme si on avait emprunté le langage de Virgile pour exalter Clovis. Mais ces hexamètres d'imitation ont une certaine allure et même un mouvement. Et, en tout cas, la tâche n'était pas des plus faciles. L'impériale poétesse était capable de continuer, autour de l'ouvrage fragmentaire de Patricius, des centons d'Homère.

C'est aussi la manière de Proclus de Lydie, le platonicien, qui professa à Athènes, dans l'école des philosophes, et de l'élève de celui-ci, Marin de Néapolis, qui, dans ses hymnes, fit l'éloge d'Aphrodite, des Muses et d'une grande partie de l'Olympe.

Et il y a toute une série de poètes dans le même style de pieuse résurrection ; on a cru pouvoir fixer vers cette même époque la chronique versifiée de la Blemyomachie, découverte dans les papyrus de la Thébaïde.[84]

Il ne faut pas penser à des caprices individuels. Appuyé sur des écoles qui se maintenaient, il y eut un courant qui menait vers la grécité la plus ancienne. Correspondant à un état d'esprit dégoûté des homélies et des histoires ecclésiastiques en grec de décadence, oscillant entre un christianisme habillé à l'antique et les souvenirs courageusement païens d'Athènes, il fut arrêté par le latinisme d'origine et de tendances qui, assez vivant dès l'époque de Théodose II, mari d'Eudocie, triompha sous Justinien. Bien entendu, on n'abandonna pas le grec pour la langue de la vieille Rome, mais la forme, quelque peu rapprochée du langage courant, se dessina d'après des œuvres romaines comme, pour Procope, les commentaires de César.

La philosophie de ces « écolâtres » pré-byzantins traînait dans l'ornière de l'héritage néoplatonicien, faisant ou non des concessions à la religion nouvelle ; elle versait très souvent dans la rhétorique, dans le simple jeu avec les idées ou avec les termes. Chez les mieux doués, comme Synésius, il y a dans l'essentiel même des variations, des contradictions et de la confusion, quoi qu'on fasse pour mettre d'accord leurs énonciations. Des relents d'hérésie persévèrent aussi. Parfois des concepts hauts et nobles se rencontrent : comme, chez le même, celui des âmes qui doivent rester pures pour pouvoir contempler, au lieu des prières vulgaires, la divinité en face. En bas on s'accommode, faute de mieux, d'une religion quelconque, comme celle dans laquelle Synésius a été baptisé, pour faire comme les autres, Mais ceux-là ne sentent pas que tout est un et que en dehors des cercles de la matière l'âme libre veut être satisfaite.

Cet homme de Cyrène avait des visions célestes d'une rare sérénité. Il ne se perd pas dans l'inintelligible mystique à la suite de celui qui a voulu être considéré comme Denys l'Aréopagite,[85] il n'est pas un simple avocat du christianisme rendu philosophique comme Némésius, qui vient d'Emèse, il n'a pas ce souci de l'éternité de la substance pensante qui n'abandonne pas Énée de Gaza. Seulement de pareilles directions ne sont pas faites pour pouvoir se continuer.[86]

Il n'y a dans ce caractère double des écrivains et des penseurs d'une époque encore indécise rien qui doive surprendre. On pouvait s'entendre d'autant mieux entre les deux croyances, dont le paganisme n'en était pas au fond une, — et c'est pourquoi il fut si incapable de se défendre, car Julien n'avait pas été le restaurateur de la foi ancienne, mais le créateur malheureux d'une troisième religion —, que, dans ce paganisme critiqué et maudit, il y avait tant de prévisions du christianisme, et du meilleur.[87]

On a vu que la Syrie et l'Egypte sont encore pour la littérature savante terres de langue grecque (Ammien Marcellin, Syrien et, comme on l'a dit, très « sémite[88] », fait une exception en employant, à l'époque des successeurs de Constantin le Grand, le latin). Antioche, encore très brillante, a des écoles de langue grecque, comme Gaza, au Sud de la province.[89] Et cependant cette Syrie a donné à l'Empire sa liturgie.[90] Des architectes syriens, dont on conserve quelques créations antérieures au IVe siècle,[91] se répandront un peu partout.[92] Surtout après le IVe, c'est la Syrie qui impose à la peinture religieuse ses figures durement soulignées, d'un comique un peu barbare, qui se conservera, et, à la place d'un symbolisme idyllique, continuant les doux enfantillages des fresques « pompéiennes », elle fera adopter son exposition sèchement narrative, et même ses formules, comme celle de l'agneau, née dans un pays de pâtres.[93]St Éphrem le Syrien, continuateur d'un Bardesane et d'un Armonios, se rangera par ses hymnes, mais surtout par ses Sermons, parmi les écrivains les plus grands, les plus largement répandus dans tous les couvents orientaux de cette littérature destinée à former l'âme chrétienne solitaire.[94]Par leurs voyages comme marchands jusque dans l'extrême Occident, par leurs colonies à Rome, où ils donnent des Papes, et en France ils transmettent cet hellénisme dont ils sont imbus, et le reconnaissent avec fierté.[95]

Encore très riche,[96] non touché par les invasions, s'appuyant à l'Ouest sur les Arabes Himyarites, au Sud sur ces Axoumites de l'Abyssinie, chrétiens et se donnant des lois pareilles à celles de Byzance,[97] province turbulente qui éleva au trône en 294 le rebelle Achilleus,[98] l'Egypte ne pouvait pas se reconnaître comme caractère national dans cette ville cosmopolite d'Alexandrie, prête à tous les scandales, à toutes les révoltes et à tous les crimes, entre païens et chrétiens, Hypatia succombant à un guet-apens des gens du patriarche, demi moines aux aspects féroces, prêts à sévir même au milieu d'un synode œcuménique, l'épée ou le gourdin à la main ; mais elle restait, telle que l'avait voulu son glorieux fondateur, ville grecque, rayonnant jusque bien loin l'hellénisme.[99]

Les écrivains de langue grecque, prétentieusement exhibée, ne manquent pas dans la patrie de Nonnos. De sa ville natale même, où vécut aussi le poète Cyrus, surgit ce bizarre Pamprépios, hardi charlatan, capable de toutes les intrigues et dévoré par toutes les ambitions, qui finit mal une vie ballottée par tant d'aventures.[100] Tous les écrivains que l'Egypte, avec Alexandrie en tête, où le fils, homonyme, du poète latin Claudien, historien aussi, de différentes cités asiatiques, écrivit sa Gigantomachie, donne à l'Empire : Tryphiodore, Kollouthos de Lykopolis, Mousaios, s'en tiennent à ce que l'antiquité hellénique a de plus significatif : Odyssée travestie, rapt d'Hélène.[101]

Mais l'infiltration est trop puissante : il est impossible dese défendre contre sa lente avance, imperceptible et d'autant plus sûre de la victoire. Elle est renforcée de localisme opiniâtre, indéracinable, et de vulgarité populaire. La langue de l'Église elle-même, c'est-à-dire celle des Écritures, les chants liturgiques, le prêche étant, au contraire, très savant, est déjà assez rapprochée du langage courant. Une forme encore plus nettement différente du style archaïsant se développe dans les villes hellénisées, comme Alexandrie.[102] On a signalé la participation de vieux dialectes régionaux dans ce vulgaire, cette koiné, qui, après des siècles de résistance, finira par avoir sa littérature.[103]

Il fallut que Justinien permette aux villes de l'Orient d'indiquer à côté de la date de son règne et du consul en fonctions leur date de fondation ;[104] il admet des actes en grec.[105]

Comme c'était, — nous l'avons déjà dit —, la langue qu'on parlait à Constantinople et dans les provinces voisines, les habitants de la capitale, ceux des villes et des villages voisins, ceux de toute la Thrace environnante, de toute l'Asie Mineure, du côté de laquelle elle débordait par ses faubourgs d'outre-mer, de « péra », d'au-delà des murailles, ces habitants qui n'avaient eu rien à faire avec les derniers temps de l'Hellade et de l'esprit politique des Hellènes, ce mélange de Thraces et de Grecs, tout en se considérant comme Romains, le disaient en grec : Rhomaïoi, « Rhomées », et ils en vinrent même à appeler « langue romaine », « rhomaïque » leur grec de bas étage.

Le grec envahit ainsi les différents domaines du monde officiel, le latin traditionnel en devenant curieusement corrompu. Dans l'armée on parlera de « spathae », des sabres qu'on a la coutume d'appeler « semi-spathia », des zabae, qui sont des cuirasses, des conti, c'est-à-dire des lances, qui s'appellent chez les Isauriens monocopia, des projectiles que sont les sitinni, des boucliers — aspides —, des casques — cassides.

Il faut remarquer aussi que dans le domaine fiscal dès le IVe siècle la terminologie devient grecque : dichoneutes, protostasies. On est astreint à l'agonothésia, à la préparation des jeux publics. On parle de l'archierosyna. Des hypomnématographes paraissent. On présente des apochae. On installe des zygostatae, avec l'explication que c'est un terme grec : ils s'occupent du zygostasion, et à côté il y a la crithologie. Il y a des hirénarques dans les provinces, et le vieux nom de « satrapes » est ressuscité. A côté des archiatriil y a des exarchiatri. Dans les villes les catabolenses exercent leur métier. On s'habille de colobi. Il y a parmi les soldats les clibanarii. Des ordres concernent les archigérontes et les diœcœtae ergasiotarii. On dit « entycha populi romani ». Telles maisons s'appellent parapetasia. On disait couramment, comme on le voit dans les Novelles de Justinien : xenodochum, ptochotrophum, nosocomum, orphanotrophum, brephotrophum, gerontocomum, asceterion. Tous les nouveaux établissements chrétiens, les ptochiae, les xenones, ces nosocomia, portent des noms grecs.[106] On appelait ploïmes les contributions en nature fournies par la Lazique, le Bosphore et le Chersonèse. On présentait l'équivalence : homodoules = homokenses.

Du reste, dès le IVe siècle, dans un décret des fils de Constantin sur les écoles, l'enseignement grec, atticadoctrina, passe devant le « romain », bien qu'ensuite le grammaticus latin précède le grec ; ceci jusqu'à Trêves même. Lorsqu'il s'agit de bibliothèques, les calligraphes, scribendi periti, sont, dans un décret impérial, quatre grecs et trois latins.[107]

L'élément humain pénètre au pair de celui de la langue L'envahissement des fonctions par les Grecs, est visible, à en juger d'après les noms, ce qui, il faut bien le reconnaître, n'est pas un critérium très sûr. Sous les frères Valentinien et Valens un Tautomède gouverne comme duc les bords du Danube, la Dacia ripensis. On rencontre un Epitincanus sous Théodose II.[108]

Sous leur influence on s'habitue à écrire Thrachiau lieu de Thraces, Thrachia, de même que Machedonia ;[109] un phénomène pareil se produira, et durera pendant des siècles entiers, dans le Midi italien, gouverné par des Byzantins.

On ne s'en tient pas à des concessions envers la langue qu'on entend le plus et dans laquelle seule on peut s'entendre entre les appartenants à différentes races. On arrive à être littérairement fier de s'être délatinisé.

L'antiquité hellénique fournira elle aussi des titres, comme celui de l'harmoste lacédémonien, au rénovateur par l'archéologie.[110] Justinien permettra d'appeler stratège un préteur. Un proconsul est un archégète. Il aura auprès de lui des kata-skévastes.[111] Du reste les fondations même de Honorius reçoivent un nom de caractère archaïque :Honorias. En parlant de l'Italie méridionale, on l'appellera « Magna Hellas », la Grande Grèce.

On prend des hellénisés depuis longtemps, on recueille de vieilles recrues pour helléniser encore, sans cesse. Une inspection des noms présentés dans la « Guerre Vandale » ou la « Guerre Gothique » de Procope montre combien on grécisait dans ce domaine aussi, combien on était, quant à la langue, poursuivi par le désir d'uniformiser.

Les noms de Conon, de Zénon recouvrent les vieux noms isauriens de Tarasicodissa, de Roussoumblada.[112] On trouve des Phocas, des Basilidès[113] parmi des gens qui étaient probablement d'une autre souche.

L'antiquité grecque était si bien connue, au moins en fait de noms, que Procope parle de Jason et explique le sens des Amazones.[114]A côté de l'école latine à Constantinople, fleurissent les écoles grecques.[115] On cherche dans les Institutions de Justinien, qui citent Homère,[116] des étymologies grecques, plus ou moins ridicules, aux termes de droit romain, comme pour spurius, dérivé de sporadhz, sinon d'apatwr.[117] Justinien demande aux Constantinopolitains pourquoi dans la « vox Graecorum » le préfet de la garde s'appelle «préfet des nuits »,[118] D'autres essais semblables se trouvent au commencement du quatrième livre, avec des équivalences juridiques dans les deux langues. Dans la préface aux Novelles, les Carthaginois sont nommés, à la façon grecque, des « Carchédoniens ». On voit Justinien déclarer que les fonctionnaires pourront employer la forme « romaine » ou la forme grecque de ses édits selon l'endroit.[119]

Mais ce qui montre combien l'empereur considérait, malgré ses conquêtes en Occident, que chez lui tout le monde parle grec, c'est ce passage des Novelles : « Et nous n'avons pas rédigé cette loi dans la langue de nos pères, mais dans la vulgaire et grecque pour qu'elle soit intelligible à tous, pouvant être facilement comprise ».[120]

Le bilinguisme est un peu partout observable au VIe siècle ; près de Milet une inscription est rédigée en latin et en grec.[121] Dans les actes du concile de 536 le protocole est en grec, mais les réponses sont données en latin.[122]

Une classe intellectuelle grecque se formait dès l'époque de Théodose le Grand. On voit celui-ci honorer d'un titre des « grammairiens grecs » Helladios et Syrianos ; à côté, le grammairien latin s'appelle Théophile ; un jurisconsulte porte le nom de Léonce ; il n'y a que deux « sophistes » latins, Martin et Maxime.[123] La ville de Thralles envoie des grammairiens et des avocats en même temps que des techniciens.[124]

Cette grécité, si forte, rayonne jusque bien loin en Occident. Sur l'Église d'Irlande Théodore de Tarse avait déjà exercé une forte influence, et on a signalé des rapports avec les Grecs qui datent de la fin du VIe siècle encore.[125]

Mais avant tout l'Église d'Orient dans le milieu de laquelle Constantin avait transporté, sans se rendre compte de ce que cela signifiait, un Empire qu'il désirait latin, était le grand facteur de grécisation.[126]

Elle l'était par sa liturgie que des empereurs de souche latine durent bientôt entendre à Sainte Sophie même, par une prédication qui, s'adressant à des gens parlant le grec, a dû employer cette langue, et surtout par une grande littérature qui, en concurrence pendant deux siècles avec la littérature latine des chrétiens d'Occident, finira par la vaincre.

Elle part presque en entier de cet Alexandrin, rongé pendant toute sa vie de la curiosité de savoir ce qu'il y a sous la simplicité, inadmissible comme telle, du christianisme, qu'il faut ennoblir par l'exégèse, pour que la religion du Christ soit vraiment au niveau des «intellectuels », Origène († 254). Tout le monde fut pris par la même fureur de percer le symbole.

C'est l'esprit d'Origène qui arrive à gagner à Rome même ce Romain élégant et disert, cet abbé de bonne compagnie, admiré et suivi par les femmes qui fut Jérôme de Stridon († 420). Comme son inspirateur, dont il suit les traces dans son séjour en Palestine, il cherche à pénétrer la valeur philologique des textes sacrés, dont, d'après la même tradition origénienne, il veut découvrir le sens allégorique, le secret mystique. Rufin, son contemporain et son camarade d'études sur cette terre des authenticités indubitables, suit lui aussi la même direction. Celui-ci resta attaché à Origène, dont il fut le translateur en latin, même après que Jérôme eût rompu toute continuité avec l'hérésiarque. Et le traducteur, le continuateur d'Eusèbe entre par cette voie aussi dans la même tradition. Par lui, comme on l'a dit, se réalisa l'unité gréco-latine dans les conceptions idéologiques et dans la présentation historique de ce qu'était devenue l'Église.

Seule la grande personnalité d'Augustin, l'adversaire acharné de la plus tenace des hérésies orientales, le manichéisme dualiste, ouvre un chemin sur lequel, tellement est individuelle l'œuvre de l'auteur des Confessions, il n'aura pas de suivants. Les idées d'Origène n'ont pas eu de prise sur celui dont l'esprit n'avait rien de «philologique » et de «philosophique », dont la compréhension s'arrêtait au seuil du mystère. S'il a des attaches au passé, celui qui a écrit le formidable réquisitoire contre le paganisme, enfantin, corrompu et surtout flétri, est le continuateur des énergies combatives d'un Tertullien, le plus grand des rhéteurs chrétiens de l'Occident,

Si des chrétiens ne marchent pas sur ses traces, il y a des similitudes évidentes entre lui et entre Boèce, qui, dans sa Consolation par la philosophie, se livre aux mêmes analyses de son propre être moral et en recueille la même mélancolie voilée.

On reprendra l'œuvre d'historiographes de l'Église pour la continuer, comme le fit Socrate, un connaisseur de l'antiquité, qui ose le montrer, et ce Syrien qui fut Sozomène.

Mais avec ce dernier contemporain de Théodose II, auquel il dédie son ouvrage, on est déjà dans le domaine de la littérature de bas étage, pour les moines et pour leur public vulgaire.[127]

Partout l'adhérence à Origène, malgré toutes les condamnations de l'Église, se conserve. Et on abondera dans cette direction par les compilations historiques d'un Philippe de Sida, de Hésychius, de Philostorge.[128]

Ce grand courant littéraire, qui venait d'Alexandrie, de son école de catéchèse, et du plus brillant de ses représentants, avait déjà commencé à l'époque de Constantin, où la littérature païenne n'était plus que des maigres biographies impériales pour un passé plus récent, pendant les troubles et les guerres duquel, dans Rome abandonnée par les empereurs, la plume des écrivains s'était arrêtée. Alexandrie retentira de la grande voix d'un Athanase, l'adversaire des brutales conceptions théologiques d'Anus.

Sans rien innover, s'en tenant à la tradition scientifique de son maître Pamphile, et regardant toujours du côté de l'empereur, un origénien travaille, Eusèbe de Césarée, aussi biographe de Constantin,[129] Pour la doctrine récemment acceptée par l'État, il lut le plus actif des compilateurs, défendant en fait de théorie ce qu'il croyait être le juste milieu. Il voulut soutenir le point de vue des Pères de Nicée et mettre le nouveau credo sous la protection de Constantin le Grand en présentant l'histoire de l'Église comme un développement dont les décisions de 325 auraient été le dernier but et la conséquence nécessaire. C'est une sélection de ce qui doit être dit, de ce que nécessairement il faut croire. Dans l'antiquité païenne il ne veut rien chercher, et son style familier se ressent de la lecture quotidienne des textes sacrés et du contact avec les non lettrés parmi ses ouailles ; l'éloquence rude des conciles se fait entendre, dans ses traités dogmatiques aussi bien que dans l'Histoire de l'Église chrétienne, continuée par la Chronique.[130]

Son histoire a un autre sens que celui de vouloir perpétuer des témoignages et fixer le sens et les conditions d'un développement. Ramener tout à la décision présumée de Constantin, rattacher à son acte toute la tradition sacrée du judaïsme et les effets de la révélation du Christ c'est frapper la paganisme dans ce qu'il avait de plus glorieux : l'histoire de Rome qui conquiert et qui domine, et lui substituer la manifestation par les nations qui se succèdent dans cet accomplissement de la volonté divine, seule régulatrice des actions humaines. On voit aujourd'hui quelque chose de semblable lorsque la Russie communiste remplace l'histoire de la monarchie déchue par la présentation des luttes de classe, existantes ou supposées, mais nécessaires pour étayer la théorie.

Mais déjà chez Socrate, le laïc, l'avocat, — comme chez Origène aussi, du reste, — il y a l'admiration pour les idées et les formes de l'hellénisme : la doctrine chrétienne n'est pour lui que le dernier terme où aboutit toute une longue et difficile préparation idéologique. Cependant, une fois arrivé au but, il faut abandonner les discussions et chercher la paix dans le calme du mystère.

La compilation d'un Théodore n'offre pas de nouveauté.[131] Mais, plus tard, chez Evagrius, Syrien (n. vers 536), qui est un rhéteur, un « scholastique », c'est-à-dire un avocat, il y a un grand soin de la forme, dont la valeur expressive et le rythme renvoient à la bonne manière classique.[132] On n'a gardé qu'un fragment de l'histoire de l'anagnoste Théodose, qui s'arrêtait en 518.

Cet homme de Cœlésyrie, un client et un défenseur du Patriarche de Constantinople, Grégoire, fut aussi un favori de la Cour sous l'empereur Tibère. Sa compilation, à laquelle il mêle souvent des souvenirs politiques aussi, avance jusqu'en 593 et constitue la principale source pour les querelles de dogme pendant le sixième siècle.

On a remarqué avec raison que l'avocat qu'il fut avait le soin de citer ses autorités, le scrupule de présenter ses documents, la faculté de comprendre d'autres points de vue que son orthodoxie stricte et de reconnaître que les dissidents eux-mêmes n'étaient que d'honnêtes chercheurs de vérité, le Christ ayant admis la pensée libre jusqu'au jugement définitif de l'Église. Ajoutons que c'est à cause de sa préparation spéciale qu'il montre ce respect pour l'autorité, ce mépris pour les troubles de la rue qu'on a aussi soulignés. Dans son style même il y a, et on s'en est aperçu, un sens du mot, qui vient des précisions inévitables de sa profession. On pourrait dire la même chose de certaines de ses apostrophes.[133]

Après Evagrius, qui s'appuie sur des sources écrites, comme Jean d'Epiphanie, la série de ces historiens continuera, par Théophane de Byzance, dont l'ouvrage s'étendait de 566 à581, contenant les renseignements les plus variés sur la société civile.[134]

Si Eusèbe — et Rufin aussi — est avant tout un défenseur des intérêts de l'Église, allant jusqu'à falsifier, dans la Vie de Constantin,[135]la vérité historique, s'il cherche à fixer le type de la nouvelle historiographie chrétienne, si un dissident, comme l'Arien Philostorge, emploiera son récit comme un instrument de combat,[136] Socrate, Sozomène, vulgaire compilateur du premier, Théodoret, Hésychius, Philippe de Side ne sont de fait que, des historiens au pair des autres, parlant de guerres, de traités, de faits divers, pour revenir à l'Église, dont les hérésies les effraient, et ils évitent d'en parler, seulement pour mentionner au passage quelques évêques.[137]

On ne peut prononcer aucun jugement d'ensemble sur l'œuvre d'un continuateur d'Eusèbe, Gélase de Cyzique, qui, écrivant l'histoire du concile de Nicée, aurait servi de base pour l'ouvrage latin de Rufin.[138] Des œuvres de Chrysippe de Jérusalem, historien de l'Église d'après Cyrille de Scythopolis, il ne nous reste que son Eloge de St Théodore Tiron.[139] L'Occident n'arrive pas à créer ces liens entre les périodes de l'Église pour lesquels il n'a pas assez d'intellectualité. A peine, dans Orose, un bréviaire de la fin du Ve siècle, favorable aux barbares, sera donné la première œuvre de ce genre écrite en latin et dans le milieu occidental. Et encore cet historien unique est un Oriental : il vient de Syrie.

Les Vies de Saints, mélange d'éloges, de prédication, de roman pieux, qui formeront un chapitre si riche de la littérature byzantine, commencent bien avant Justinien. Déjà le grand Grégoire de Nysse avait écrit les Vies de Ste Macrine, de St Éphrem le Syrien, de St Grégoire le Thaumaturge, à côté de l'Éloge de St Basile.

On peut, malheureusement, dès lors, — car la période de naïveté, qui rend si sympathiques les Vies de Saints latines de l'Occident, manque, ici totalement, — accepter ce dur jugement sur presque toutes ces Vies de Saints : « pages froides, réflexions pieuses, faits puérils, lieux communs ».[140]

C'est encore d'Origène que procèdent les grands orateurs de l'Église pendant cette époque, suivant la tradition de ce Grégoire le Thaumaturge, évêque, pendant trente ans, de Néo Césarée, vers la fin du IIIe siècle.

Le quatrième donna à l'Église, à celle d'Orient, de langue grecque, son plus grand orateur, dans la personne d'un Syrien du côté d'Antioche, Saint Jean « à la bouche d'or », le Chrysostome (347-407).[141] Le fils de Secundus et d'Anthousa est un Antiochénien, avec tout ce que ce milieu peut donner d'éloquence et d'élan ; il a fait ses études chez Libanius et Andragathius, pour aller ensuite à Athènes, où il vainc toute concurrence comme orateur, et orateur chrétien. Moine par les conseils de St Basile, il s'attache comme lecteur à l'Eglise d'Antioche. Il sera bientôt le chef de celle de Byzance, qu'il illustra de son talent, de sa combativité et de ses souffrances jusqu'à la mort en exil, par suite de l'inimitié de l'impératrice, l'« Hérodiade ».[142] Âme douce, tempérament facilement gagné par l'émotion, envers la nature, « les vergers, où les grillons chantent toute la journée », les amis qu'il aime, envers les morts dont il sent autour de lui le bruissement d'ailes, il fut l'ennemi de la vie bruyante du monde, même lorsque les acclamations de la foule le menèrent au Siège patriarcal de Constantinople, et le critique, sans crainte de l'exil qu'il subit avec un sourire de mépris sur les rivages du Pont, de toute cette politique impériale, mêlée d'intrigues et souillée de vices. Il n'accepte rien de ce qui l'entoure comme chef de l'orthodoxie byzantine : ni théâtre, ni jeux du cirque, ni cérémonies d'une Cour à laquelle il oppose son geste de défi, ni processions des puissants et des orgueilleux du siècle. Il leur préfère les humbles qui ont une réponse « précise et sage » aux problèmes capables de diviser les savants et qui, surtout, « conforment leur vie à leurs convictions ». A l'État des douaniers et des fonctionnaires il n'entend rien donner de son propre gré ; il ne fait que s'incliner avec dégoût devant les nécessités imposées par la force.[143]

L'activité du grand prédicateur sera continuée par celle de Proklos (p. 446 ou 447), dont le rôle dans toutes les discussions théologiques du Ve siècle fut si grand. Imitateur du Chrysostome et défenseur de la mémoire de celui dont il fit venir les restes à Constantinople, cet élève des écoles de la Capitale se borna à une activité littéraire d'explicateur du dogme et de célébrateur des grandes têtes de l'Église, auxquelles il consacra aussi des vers d'une facture savante, mais sans rien du courage, de la passion, de la fougue admirable de son modèle, de cette âme si large pour les pauvres, les humbles et les malheureux de ce monde.[144]La forme est soignée, bien que flamboyante : on l'a comparé à Grégoire de Nazianze, dont il n'a pas le sens pour les réalités de la nature,[145] On a signalé chez lui aussi un tel emploi de l'apostrophe que c'est presque le commencement, dans la littérature byzantine, du drame sacré.[146]

Contre cette efflorescence de la littérature chrétienne il n'y avait eu du côté païen qu'une résurrection fantasmagorique dans l'œuvre de Julien. Imitateur de Lucien, qui avait continué du côté grec cette littérature du paganisme morte à Rome, dont cet empereur dédaigna la langue simple et forte, il s'escrima contre un adversaire qui savait bien se dérober aux coups de ce capricieux devenu par opiniâtreté un croyant. Si une littérature décalquée sur les modèles antiques réapparaîtra au VIe siècle, tout en restant très païenne dans un milieu chrétien, elle n'empruntera rien ni à l'ironie et au sarcasme, ni au pédantisme archaïsant de l'auteur impérial.

Alors que la Rome d'Occident et surtout celle d'Orient ne s'expriment plus que de la façon chrétienne, c'est chez les barbares d'Occident seuls, c'est-à-dire sous leur patronage, que se conserve la tradition de la vieille littérature païenne. Théodoric, le chrétien arien, tolère les idées de Boèce avant que des motifs politiques l'amènent à le sacrifier, et c'est par son ordre que toute une littérature de tradition païenne surgit, pour créer aux Goths un rang dans l'histoire plus éloignée de l'antiquité ou pour donner à la chancellerie impériale le prestige de l'époque ou Trajan était servi par Pline le Jeune : c'est par le vicaire goth de l'empereur résidant en Orient que Cassiodore et Jordanès furent amenés à écrire.

L'histoire civile de la Rome orientale s'exprimera en grec, dans un style décalqué sur celui des grands modèles lointains.[147] Malheureusement, de ces écrivains, de tendance œcuménique romaine, s'intéressant à tout ce qui se passe dans le vaste Empire ou même dans son voisinage, peu s'est conservé, dans la compilation sotte du Xe siècle, qui, pour créer des manuels de politique courante, a sacrifié tant d'originaux. C'est pourquoi il n'est pas facile de reconstituer la physionomie de ces rhéteurs historiens, qui furent, au Ve et VIe siècle, avant Pierre le Patrice ou Magister, un des diplomates de Justinien en Occident et en Orient[148] : Olympiodore,[149] Zosime, dont on a cru pouvoir reconnaître les sources,[150] Eunape(† 404), continuateur de Dexippe,[151] Malchos, Ménandre le Protecteur et Priskos. Leur origine est caractéristique, servant à montrer encore une fois la pénurie intellectuelle de la Capitale : Olympiodore vient de la Thèbes égyptienne, Malchus de la Philadelphie de Syrie, Eunape de Sardes ; Priskos seul est originaire de Panion, sur la rive européenne du Pont ; Pierre fut peut-être Thessalonicien. A Alexandrie on essaya à la même époque une histoire universelle de caractère profane.[152] D'autres historiens de la même époque, comme Candidus, ou le Lycien Capiton, qui servit à Etienne de Byzance, sont perdus.[153]

 

III. — L'ORIENT.

 

On a signalé pour le Ve siècle l'« avance victorieuse de l'orientalisme dans tous les domaines de la vie culturelle ».[154] Et M. Gerstinger ajoute avec raison que, sous Justinien seulement, Constantinople, envahie, a pu réaliser sa synthèse.[155]

Rome ayant pu donner si peu, l'Orient envahit bientôt, dans tous les domaines, ce monde nouveau qui s'ouvrait à ses ambitions et à ses convoitises. Ce flot bouillant ne fait qu'entrer dans les formes politiques et juridiques de Rome, après que, depuis longtemps, il avait reçu les éléments essentiels de la pensée hellénique. Byzance en deviendra donc la dernière forme de la synthèse orientale, une nouvelle édition de la Syrie, de l'Egypte des successeurs d'Alexandre, retenue par l'armature forte des Romains et par le sens immortel de la civilisation grecque. Bornée surtout au circuit de la Méditerranée, elle deviendra en même temps, ce qui lui conservera une fraîcheur d'initiative, cet Empire des mers, cette thalassocratie, dont nous avons parlé plus haut. Mais, s'appuyant sur des formes libres de vie populaire en Europe, elle en tirera toujours, au moment même ou elle paraissait devoir mourir de sénilité entre ses murs, des éléments d'une nouvelle jeunesse.

L'Oriental disparaît donc sous le vêtement grec. Tout hellénisant passe parmi les Grecs. On discute dans les « Institutions » si un acte est rédigé « en latin ou en grec ou dans une autre langue », mais plus bas il n'est question que des Grecs qui pourraient écrire en latin.[156] L'équivalence des formules latines est donnée en grec seul.[157] Chez les Juifs même les prêtres sont intitulés : « archiphérétites ».[158]

 

IV. — LESBARBARES.

 

Toute cette grande œuvre de Justinien, d'un caractère si archaïsant, fut faite cependant par ce qu'il y avait de plus contemporain, de plus gênant parmi les choses contemporaines : le barbare, qui ne pouvait pas et même, sous certains rapports, ne voulait et ne pouvait pas toujours se laisser helléniser de culture, romaniser d'idées politiques, orientaliser de costume et de mœurs. Cette pierre fruste des « non Romains » entra elle aussi, et dans des proportions dominantes, dans cet édifice que, à certains moments, il paraissait devoir dominer de ses traditions et de ses instincts.[159]

Ces barbares formeront dans leur totalité, pour Justinien, un seul groupe politique, auquel est opposée la respublica romaine.[160]

Avant tout ils donneront à l'« Empire romain » une armée, qui n'est romaine ni dans ses éléments constitutifs, ni même dans leur construction. Cette armée est ainsi la première à réaliser une synthèse dont nous constaterons une autre forme dans la vie intellectuelle dont, au fond, dans n'importe quelle société tout part : dans la formule de la foi chrétienne, telle que Byzance l'élaborera, et dans les nouvelles façons d'art et de littérature.

Le caractère romain de l'armée avait disparu depuis longtemps. Il y avait eu cependant en Occident comme un réveil de l'ancienne conscience militaire à l'avènement de Majorien. Il annonce au Sénat, mais non sans l'acquiescement de son « père », le patrice barbare Ricimer, que le fortissimus exercitusa ajouté sa volonté à celle du pouvoir civil. « Soutenez maintenant le prince que vous avez fait » (favete nunc principi quem fecistis).[161] Dans cette missive à ses anciens collègues, il y a un sentiment de belle confiance dans l'œuvre qui devait commencer et que son assassinat interrompit.

Mais l'armée de Justinien n'aura rien de commun avec cette camaraderie des vétérans de Constantin qui, le saluant après la victoire, de la belle formule ancienne : « que les dieux te gardent ; nous déclarons par serment que ton salut est le nôtre »,[162] demandaient à celui qui se considérait comme leur « co-vétéran » des allégements de charges. Le comitatus était arrivé à être la seule préoccupation des empereurs sédentaires, alors que les limitanei, les duciani, les burgarii crevaient de faim en marge des barbares.[163] Pour les retenir à leur devoir on recourait depuis longtemps à la mutilation.[164] Des Alamans, des Sarmates servaient déjà sous les fils de Théodose,[165] et il y a même des « fédérés sarrasins ».[166] L'apparence générale des troupes est décidément barbare ; il faut défendre les tzangae, les rogaeet les braccae, les longs cheveux.[167] Un Tziga est maître de l'infanterie.[168]

Les soldats permanents de l'Empire, et les fédérés aussi, étaient souvent détournés de leur mission, étant employés par les « puissants » au service de leurs propres intérêts,[169]alors que, pour sortir de la fainéantise des garnisons et pour faire une expédition « à la romaine », il faut qu'une armée s'improvise, employant les soldats privés, les clients, qui sont les buccellarii.

On sent cet envahissement de barbarie, mal assurée, chaotique et bigarrée, dans le nouvel aspect même de l'armée. Cette armée, capable de rester en campagne pendant des mois, sera « la maison » de Bélisaire ; Procope le dira plusieurs fois de la façon la plus claire.[170] Plus tard, pendant la guerre d'Italie, on engagera des soldats de Thrace. On verra des Illyres qui, n'ayant pas reçu leur solde, déserteront.[171] Il arrivera que la garnison de Rome tuera son chef, et cependant l'empereur lui pardonnera ce crime. Lorsque Bélisaire repartira pour l'Italie, on lui imposera de prendre sur lui les soldes.

Le chef lui-même apparaîtra comme un chevalier travaillant pour son propre compte, Procope n'oubliera pas de dire le nom de son cheval, chez les Grecs (jalioz) et chez les barbares (balan ; ne serait-ce pas « le blond » en roumain : bâlan ?).[172] Ayant un pareil appui personnel, une pareille propriété militaire, il est possible qu'on lui offre d'être « le roi des Italiens et des Goths ».[173]

On essaiera d'une concentration barbare contre Bélisaire. De fait, sauf quelques éléments grecs, arméniens, syriens, on combattait entre barbares.

En Occident seulement, où ces barbares ont des États, ils se sentent les coudes, même au-delà de la communauté arienne.

Théudès, roi des Visigoths d'Espagne, avait été le tributaire de Théodoric. Aux Francs, Théodate offrait la Gaule méridionale et de l'argent ; ils finirent par promettre à Vitigès des secours sous main. Théodebert envoya dans ces conditions un corps auxiliaire de 10.000 Burgondes, qui assiégèrent Milan et Ancône. Cependant, on frappait là une monnaie d'or en concurrence avec l'Empire ; Totila, ayant demandé en mariage la fille de ce roi, se vit refusé.[174]

Les Lombards furent invités aussi à collaborer, alors que les Hérules demandaient à Justinien leur roi. On n'oublia pas de s'adresser à Chosroès, le Perse.

C'est donc chose bien naturelle qu'entre le Latin, le Grec affublé en Romain et entre le barbare, il y eût plutôt des rapports de camaraderie militaire. On le voit dans l'histoire détaillée de la « guerre gothique » que raconte Procope.

Il est tout à fait certain que entre les deux camps il n'y avait pas ce qu'on appelle une haine nationale. En dehors des allures absolument romaines d'Amalasonte, de même que la femme du roi Vitigès était prête à épouser un officier romain, un proche parent de l'empereur, Germain, épousa la princesse gothe Matasonthe.

Il y a même une synthèse barbare-romaine en Occident qui s'oppose à une autre, où entre si largement des Orientaux, dans la moitié « byzantine » de l'Empire.

Ainsi les Goths reprocheront aux habitants de Rome d'avoir préféré « les Grecs qui ne sont pas capables de les défendre »,[175] car c'est une nation « de cabotins, de mimes et de pirates ». « Des Grecs ou leurs pareils » aurait dit, méprisant, Vitigès.[176]

Le barbare est, du reste, pour cette époque si romaine, un associé dans tous les domaines. On ne le cache pas, par purisme national ; on l'exhibe. Au retour d'Italie, Bélisaire se rend de chez lui à l'agora avec, un groupe bigarré de Vandales, Goths et Alains. Les Goths d'Italie avaient aidé Justinien contre les Vandales, et une partie de la proie était réclamée pour ce service. Il y a même en Italie un chef arménien qui ne sait ni le latin, ni le grec : c'est la coutume des siens. Ces barbares n'admettent pas les punitions romaines, comme étant contraires à leurs lois. Les Hérules sont peu sûrs et ivrognes. Des Huns combattirent en Afrique, des « Massagètes » en Italie,[177] avec des Huns aussi et des Antes slaves, du Danube, et aussi des gens d'Arménie, de Pisidie et de Cappadoce.[178] Il y a des Slaves danubiens qui se traînent et se cachent derrière les pierres et dans les herbes à l'attaque. Les rois des Abasges sont des fournisseurs d'eunuques.

Parfois, ce sont des auxiliaires peu sûrs, tels les Isauriens qui livrèrent Rome, déjà conquise par Bélisaire, à Totila.

Ce rôle militaire des barbares suscite en eux des ambitions. Artabane, gouverneur d'Afrique, voulait, en épousant Projecta, la nièce de Justinien, devenir son successeur.[179]

 

V. — L'ÉGLISE

 

La principale synthèse fut celle qui a donné à l'Empire le fort élément de liaison, à peine essayé par Constantin, le croyant diplomatique à l'âme double, qui fut l'Église orthodoxe.[180]

Il fallait pour l'avoir que trois choses existent : le pacte définitif de l'Église avec l'État et, en même temps, la hiérarchie constituée et dûment consolidée des formes même de cette formule de foi sur laquelle on ne puisse plus revenir, ainsi que l'Église, au-delà du credo unique de laquelle il y a, non seulement l'hérésie que Dieu rejette, mais aussi l'acte de rébellion, le crime politique, dont le châtiment appartient à l'empereur. Et il ne faut pas oublier non plus la création de toute une armée de clercs au service de cette Église, qu'il faut défendre sans cesse contre le double danger : de la pensée grecque, toujours agitée, et de l'instinct national des races, que l'hellénisme prêché sous les drapeaux d'Alexandre le Grand n'avait fait qu'assoupir.

Constantin le Grand, dont on a voulu faire non seulement un vrai et bon chrétien, ayant eu sur son chemin lui aussi le coup de Damas, mais même un prédicateur de la nouvelle religion par un discours tout plein de réminiscences virgiliennes et sans doute inventé de toutes pièces,[181] avait cherché, comme on l'a très bien dit, dans le christianisme, nouvel élément de liaison entre les citoyens de l'Empire et leurs ennemis eux-mêmes, surtout une organisation, forte et étroite.[182]

Il n'y avait au commencement dans l'Église libre que les cinq « diocèses » : Egypte, Orient, Asie, Pont et Thrace, ayant pour capitales : Alexandrie, Antioche, Éphèse, Césarée et Héraclée.[183]

Ce n'est qu'après le glissement de ses fils vers l'arianisme et leur long éloignement de l'Église qu'on revint sous Théodose à un accord durable entre les deux puissances, le vainqueur de Goths, le pacificateur de l'Empire admettant même dans les chefs d'un clergé qui était sien, mais ne l'était pas dans le domaine de l'âme, des maîtres et régents de sa conscience : on a eu raison de qualifier son œuvre religieuse comme la « création de l'État orthodoxe ». L'Église l'en récompensa, sinon en le mettant à la droite de Constantin comme un saint, au moins en le faisant participer dans sa tradition historique aux souverains qui furent grands par leur caractère autant que par leurs œuvres militaires et politiques.[184]

Après le règne du second Théodose, un législateur, ayant d'autres soucis, sa sœur Pulchérie, fille d'Arcadius, fut le vrai chef de cette nouvelle création qui tenait en même temps d'Auguste et du Christ Le mari qu'elle se donna sous promesse de respecter sa virginité consacrée au seigneur, le rude officier Marcien, une espèce de Majorien, plus heureux, dans cet Orient, fut dirigé par elle sur la voie du salut. Elle le fit couronner[185] lui, ne pouvant pas elle-même, écartée comme femme des sacrements de l'Eglise, devenir impératrice.[186] Par cet acte dont on a eu tort de nier le caractère religieux, il devenait, ainsi que l'intitulent les pères du concile qu'il présida, un « prêtre et roi » en même temps.[187] Même en admettant qu'il ne recevait que le rang deδεπουτάτος, qui était le vingt-neuvième de la hiérarchie et tenait la quatorzième place du chœur de gauche,[188] c'était la reconnaissance formelle d'une alliance qui devait avoir de si importants résultats. Le premier fut la présidence, sa femme et directrice dans ce domaine étant présente, du concile qu'il avait fait convoquer d'abord à Nicée, en souvenir de celui qui, sous Constantin, avait établi la foi, puis à Chalcédoine, en face de sa capitale.

A ce moment, de longs conflits entre les différentes organisations de l'hiérarchie venaient de trouver, par la force des choses plus que par la volonté des hommes, leur solution.

De fait, ce qui divise au IVe siècle la société chrétienne n'est pas, malgré les apparences solennelles, autant la divergence des opinions concernant le dogme, que la rivalité des races qui reviennent à la vie, se rappelant les Empires qu'elles avaient jadis soutenus. Combattant l'opinion vulgairement réaliste du prêtre Arius, la faisant condamner dans un concile au milieu duquel Constantin représente la volonté de la paix et la force qui peut l'imposer et l'imposera à tout prix, Athanase, chef de l'Église d'Alexandrie, incorpore, lui, tout ce qui a été l'Egypte et tout ce qu'elle vaut encore.[189]

En face, forte des réminiscences des Séleucides, se dresse la Syrie, cet « Orient » romain, avec sa capitale, Antioche.[190] En 381, sous le grand Théodose, le concile contre les Ariens, réuni à Constantinople, fut présidé par le patriarche de cette ville, Mélétius. Un demi-siècle plus tard, un Syrien, Nestorius, évêque de Constantinople, siège soumis jadis à Héraclée, mais auquel on avait peu à peu attribué le caractère patriarcal et qui s'arrogeait dès le second concile œcuménique que nous venons de rappeler un certain droit de préséance,[191] combattant les opinions d'Apollodore de Laodicée sur l'identité entre les deux hypostases du Christ, embrassa les vues d'un penseur populaire en Syrie,[192] Théodore de Mopsueste. Aussitôt le patriarche Cyrille d'Alexandrie commence un combat dans lequel il apporte, avec les ardeurs de sa race, les intérêts nationaux de la même. C'est l'origine de la querelle séculaire entre diphysites et monophysites, qui a ses racines dans l'antagonisme irréparable entre Égyptiens et Syriens.[193]

Rome se réunit à Alexandrie pour briser l'autorité de l'intrus patriarcal de Constantinople ; un concile romain, en 430, condamna une doctrine qui, de fait, reposait sur des subtilités presqu'imperceptibles et qui n'avait guère le sens d'une séparation entre les deux natures du Christ, bien que le titre de Théotokos fût refusé à la Vierge Marie. Quelques mois plus tard, en l'absence du patriarche d'Antioche, retardataire, Cyrille réussit à provoquer dans le synode d'Éphèse (431) la destitution de celui qui était son ennemi plutôt comme Syrien professant des idées syriennes que comme patriarche constantinopolitain.

L'empereur Théodose II chercha à trancher le conflit en se débarrassant des deux rivaux, mais Cyrille, soutenu à la Cour, regagna bientôt sa situation, tandis que Nestorius, poursuivi, exilé, devait disparaître comme personne, mais pas aussi comme doctrine, de la scène historique.[194]

Malgré une formule acceptée par les deux parties, en 433, le successeur de Cyrille, Dioscore, qui avait hérité de toutes les haines du promoteur de la discorde, reprit les armes contre les Antiochéniens, et aussi contre le nouveau Patriarche de Constantinople, Flavien. Un nouveau concile réuni à Éphèse, avec participation des délégués du Pape Léon,[195] revînt, contre Flavien, qui fut écarté lui aussi et mortellement blessé, au credo de Nicée, en dépit des protestations du Siège romain, qui avait condamné aussi la doctrine d'Eutychès, l'ennemi de Nestorius.[196]

Pulchérie voulut mettre fin à une guerre dont l'apparence théologique cachait les dangers pour l'ordre politique lui-même, ce qui dépassait des doutes personnels capables de troubler une âme si intimement chrétienne. C'est l'origine de ce concile de Chalcédoine (451), qui déposa Dioscore et établit le credo des « deux natures non séparées ».

En effet, si l'Egypte alexandrine avait remporté une grande victoire au concile d'Éphèse contre les nestoriens, on voyait trop, dans ces décisions aussitôt condamnées par Rome, la conspiration des deux puissants sous le faible Théodose II, l'eunuque Chrysaphios et son associé Dioscore. Constantinople se sentait ravalée par cette intrusion égyptienne, et Pulchérie, qui après la mort de son frère s'était associée Marcien pour qu'un bras militaire pût défendre l'Empire, voulait qu'on revienne à l'ancienne formule et surtout qu'on sente qui a dicté la décision sur laquelle on ne puisse jamais revenir. C'est pourquoi elle fit convoquer à Nicée ces plus de six cents évêques, le double de ceux du premier concile œcuménique, lesquels, s'étant rassemblés à Chalcédoine, prirent les décisions qui lui plaisaient à elle et, à ce qu'il paraît, en sa présence. Elle était loin de soupçonner combien elle blessait Syrie et Egypte et quelle tempête devait susciter le credo chalcédonien.[197]

Il devait réunir dans la même profession monophysite ces deux provinces jusque là rivales et même ennemies. A Alexandrie il fallut établir par les soldats le nouveau patriarche et à Jérusalem on combattit longuement entre les adhérents et les ennemis du patriarche légal, Juvénal. D'autant plus que l'Orient antiochénien était dépouillé maintenant de trois de ses provinces, qui formèrent la base territoriale du Patriarcat de Jérusalem.[198]

Mais pour le moment on était encore aveugle pour les conséquences.[199]

Lorsque, vers la fin du siècle, quand il n'y avait plus à Constantinople pour les choses de l'Église au moins le sens chrétien de Pulchérie, l'empereur Zénon, successeur de Léon, l'ennemi des ariens[200]et des païens, crut pouvoir, par dessus cette décision, « unir » en vertu de l'hénotikon, œuvre de son patriarche, Acace, dirigé contre Nestorius et contre Eutychès, il ne fit qu'envenimer la querelle.[201]

Déjà l'Arménie, partagée d'abord avec les Perses en 381[202] ce qui n'empêcha pas, un siècle plus tard, la guerre d'Anastase contre ces voisins,[203] forme une province nationale séparée, ayant sa langue propre, son ère chronologique, son alphabet.[204] Mais le fait qu'on peut compter parmi les historiens de l'Arménie Faustus de Byzance montre combien il y avait d'interpénétration entre lesdeux littératures.

Chypre aussi avait fait reconnaître dès 431 son autonomie religieuse. Bientôt, sous Léon l'Isaurien, son Isaurie elle-même sera ravie à un Siège qui se trouvera alors sous la domination des Infidèles. Le nestorianisme lui avait pris depuis longtemps Émèse et la Mésopotamie et, bien que l'école émésienne fermée en 489 par Zénon, eût passé en Perse, le patriarche ne regagna jamais ses droits sur ces régions.

Pendant le IIIe et IVe siècle il y avait eu encore la communauté morale avec les régions non grecques : Syrie, Egypte, Arménie. Les querelles religieuses suscitées par les empereurs du Ve siècle amenèrent donc ce schisme, qui, malgré les efforts de Justinien, persévérera. La conscience nationale de ces grands pays s'était éveillée pour toujours. Leur littérature nationale, au moins pour la Syrie et l'Arménie, se forme et se consolide. Dorénavant ils n'appartiennent que par l'occupation militaire à Constantinople, capitale d'une seule langue pour un Empire qui devra restreindre bientôt ses frontières.[205]

Il n'y avait plus, au moins entre ces provinces séparées par le souvenir des très anciens antagonismes, la circulation inter monacale. Les couvents vivaient à part, chacun pour soi. Autour de Jérusalem, en dehors de celui de St Sabbas,[206] il n'y en aura que deux, fondés à la même époque, fin du Ve et commencement du VIe siècle,[207] donc après la création de l'antagonisme que nous venons de signaler.[208]

Les disciples de Saint Maron, un des ascètes de Syrie, correspondant de Chrysostome pendant que celui-ci vivait en exil, avaient été persécutés eux aussi, sous l'empereur Anastase, par les monophysites. Justinien consolidera les murs de leur couvent en Syrie Seconde. Les moines y répondirent en menant vaillamment leur lutte contre les jacobites, même les armes à la main. Seul le décret d'Héraclius les jettera dans l'hérésie monothélite, qui ne faisait qu'affirmer le point de vue impérial. Bientôt ils eurent une chronique de leur façon, rédigée à la fin du VIIe siècle.[209]

C'est l'époque de renaissance syrienne, pendant laquelle on traduit en grec la légende d'Abgar, des textes concernant les martyrs syriens. On a relevé aussi l'influence d'un roman araméo-syrien sur la légende grecque d'Ésope. En échange, il y a un très grand nombre de traductions, du grec en syrien de Mésopotamie, devenu une langue littéraire. Un évêque, Rabboula d'Édesse (†435), encourage ce mouvement. Il y eut aussi une forte influence d'Aristote sur l'hérésie syrienne. A côté de celle des œuvres de Nestorius on donna une version de l'Histoire Ecclésiastique de Théodoret.[210] On codifiera les lois byzantines jusqu'à Léon Ier.[211]

La région syro-égyptienne cultive à cette époque aussi cethésychasme qui déchaînera, presque mille ans plus tard, une si âpre lutte dans le monde byzantin. Tel cet Ésaïe, « le second prophète », un des « grands athlètes de la religion », à la fin du Ve siècle († 488), dont la Vie fut écrite par Zacharie le Scholastique. Il vécut à Gaza, bien qu'il fût de naissance Egyptien, comme Théodore d'Antinoë. Il apportait avec lui des souvenirs mystérieux de la Thébaïde ; Jean Rufus de Maîouma le mentionne avec vénération dans ses Plérophories.[212] A Maïouma fut évêque monophysite un Pierre, qui venait de l'Ibérie lointaine. Ils se sentaient tous appelés à une grande mission : nettoyer l'Église de ce fumier que l'ange avait montré du doigt à Ésaïe : l'« Hénotikon » de Zénon, malgré ses concessions, en faisait partie.

Mais le patriarche de Constantinople, qui avait utilisé le passage à l'hérésie d'une partie au moins du clergé soumis à ses rivaux,[213] arrivait à compléter les frontières si larges de sa juridiction, de sorte qu'elles correspondaient maintenant à celles de l'Empire lui-même. Il gagna sur le Pape Thessalonique et tout cet Illyricum, beaucoup plus adriatique qu'appartenant aux Balkans dont le sépare la chaîne du Pïnde.[214] Le Sirmium avait été dès 430 détaché de l'Occident.[215]

Si les patriarches d'Alexandrie avaient ces bandes de demi clercs qu'ils pouvaient employer à leur gré contre leurs adversaires, l'Église en général disposait de toute une armée : celle des moines.

Suivant la règle de St Antoine ou de St Pacôme en Egypte, habitants du désert ou cénobites, réguliers ou stylites[216] ils se trouvaient disséminés par milliers, de la Thébaïde, leur première patrie, au Mont Sinaï, au couvent de St Sabbas près de Jérusalem, dans les vallées de l'Asie Mineure, sans doute aussi dans les îles. Leur nombre ne fut pas trop grand pendant la première époque de leur avance, à Constantinople.[217]

La ville naissante n'avait pas encore ces couvents qui en domineront ensuite plus d'une fois l'activité.[218] Ce n'est que vers la fin du IVe siècle qu'un moine de Syrie, cet Isaac qui osa arrêter le cheval de l'empereur Valens et son successeur, Dalmatus, ancien officier de la garde, posèrent les premiers fondements de la maison qui porta le nom de ce dernier,[219] dans le quartier du Chêne, œuvre de Rufin, préfet du prétoire jusqu'en395.Les« Rufinianes », création égyptienne, sont presque de la même époque, et on n'attendra pas longtemps pour avoir à l'Irénaion les Acémètes, « sans sommeil[220] ».

Les empereurs sont si liés à l'Église qu'on a pu citer le cas de « Valens apportant à l'autel l'oblation préparée de ses mains » et celui de « Théodose restant dans le sanctuaire après avoir présenté la sienne à Saint Ambroise[221] ». Et Justinien, ce Romain de volonté — et ici il y a le côté tragique de sa vie — sera tellement chrétien de pensée qu'il attribuera à Dieu seul le succès de ses armes : « c'est Dieu qui par son moyen a délivré tant de nations ».[222]

L'Empire sera donc la « république orthodoxe » sous Justinien,[223] les hellénisants en étant exclus.[224] Du reste la religion préside depuis longtemps à la vie entière. Sous Valentinien et Valens, les chrétiens ne peuvent pas épouser une « barbare ».[225] L'« inspiration céleste », le cœleste oraculum, explique et excuse même des dérogations à la loi.[226] Le dimanche, les fêtes de l'Église, Noël, Epiphanie, Pâques, Quinquagésime sont imposées à tout le monde, même aux Juifs impies, aux fols, païens, « auxquels on défend les cérémonies et les spectacles ».[227]

On en arrive sous Justinien à la formule, nette, que, au fond, l'Empire et le Sacerdoce, les « choses sacrées » et les « choses communes et publiques », font le même ensemble.[228]

L'empereur est naturellement le défenseur perpétuel de l'orthodoxie, qui est pour lui le principal appui.[229] Qui s'en sépare est en dehors des lois. La bonne profession de foi est un serment civique. Au Ve et VIe siècles on se tournera contre les Manichéens et les Ariens, contre les disciples de Nestorius, de Donat, de Priscillien, de Novatus, de Macédonius, contre les hérétiques d'une moindre notoriété : Phryges ou Pépyzistes, Sabbatiens, Petitae, Cataphrygues, Photiniens, Ascodrogues, Hydroparastates, Bosporites, Ophites, Tascodroscites, Eunomiens, Pneumatomaques, Encratites, Apotactites, Saccophores, Apolliriniens, « rebaptisants », cœlicolae,[230] « mathématiciens » même.[231] Hérétique, dit la définition, sous Valentinien, est quiconque s'éloigne de la moindre façon de la foi reçue.[232] Théodose ira si loin que, en écartant des dignités les Juifs, il interdira l'érection de nouvelles synagogues. Pour lui, ne pas admettre la vérité du christianisme, attestée par la beauté du ciel et de la terre riche en fruits, est une monstruosité.[233]

Le serment que prêtent les magistrats est fait au nom du Christ, de la Vierge, des Quatre Evangiles, des archanges Michel et Gabriel, de Justinien et aussi de sa femme Théodora, les deux étant au même titre « sacratissimi nostri domini ».[234] C'est l'empereur qui fixe les fêtes de l'Église : Athanase, Basile. Grégoire, Jean « bouche d'or ». Cyrille, Epiphane lui durent d'être commémorés.[235]

Il est l'empereur de l'orthodoxie, oui, mais aussi celui des prêtres. Réduisant le nombre des clercs dans les églises,[236] Justinien voudra transformer la plèbe bruyante et dangereuse des moines dans un ordre discipliné dont les membres eussent tous une teinture de lettres, acquise pendant trois ans d'études. La création de nouvelles maisons de retraite fut soumise à des restrictions importantes. Au lieu des habitations séparées, il imposa le couvent, plus facile à surveiller.

Cette religion est considérée comme définitivement formée, quitte, pour les dissidents, à être éloignés de la vie publique, à passer la frontière, en Perse, chez les barbares. Tous ont collaboré à la faire telle qu'elle est son caractère mixte apparaît même dans le caractère de la liturgie. Edmund Bishop avait relevé combien elle est sévèrement romaine, mais on a signalé aussitôt combien elle est pénétrée aussi d'un mystère qui vient des cultes de l'Asie. La participation enthousiaste du public fait partie aussi des transmissions orientales. On a remarqué aussi des influences venant de la synagogue des diasporas. Des provenances antiochéniennes ont été rappelées aussi, et nous y avons déjà touché. « Des spéculations mystico-théologiques et la philosophie alexandrine s'y rencontrent admirablement reliés avec la piété des mystères grecs et la théosophie orientale... La liturgie byzantine du Chrysostome ou de Basile est comme un microcosme de !a vie spirituelle religieuse et philosophique de l'hellénisme. » L'édifice de l'Église concourt lui-même à l'illusion d'un drame sacré à la création duquel tant de traditions différentes ont collaboré.[237]

Toute une nouvelle religion, n'ayant rien de l'intime poésie du christianisme originaire, de sa discrétion douce et humble, était en marche. Le christianisme était devenu impérialement pompeux dans toutes ses manifestations. Il s'était imprégné du sens autocratique de celui qui l'avait adopté, et il se revêtait d'Asie. Les pompes funèbres en arrivèrent à offenser par leur « ostentation » criarde. Il avait fallu que le noble Julien rappelle que « la douleur aime la discrétion dans les rites funèbres », dolor in exsequiis secretum amat.[238] On ensevelissait les morts dans les églises, « le séjour des apôtres et des martyrs »,[239] et on faisait déjà au IVe siècle le commerce des reliques, qu'il fallut défendre.[240] Pour une pareille religion il faudra un temple correspondant.

Les rangs même de l'hiérarchie chrétienne, d'un sens si opposé à la liberté des origines, sont fixés par l'autocrate. Après la réconciliation des Orientaux avec le Siège romain qui avait rejeté l'Hénotikon, justinien reconnaît dans sa lettre à l'archevêque et patriarche de la « Vieille Rome » — c'est le titre donné aussi à son collègue de Constantinople[241] — que Rome a été la source des lois et de « la plus haute dignité du pontificat ».[242] Elle est la patrie des lois, la source du sacerdoce. On voit confirmer par Justinien la sentence d'hérésie portée par « le pontife de l'ancienne Rome » contre son propre archevêque de Constantinople, Anthime.[243] Parmi les patriarches, celui de Rome prend désormais le premier rang.[244] On verra combien le nouveau régime fut fidèle, jusqu'aux persécutions contre toute espèce de rebelles, aux indications venues de Rome, bientôt, du reste, rentrée sous l'autorité politique directe du seul empereur.

Il se considérera non seulement comme ayant le droit de fixer pour ses sujets chrétiens la meilleure forme de la foi, mais aussi comme régulateur légitime de la version dans laquelle les Juifs devront lire leurs livres ; le motif qu'il invoque est l'élément commun que les Juifs ont avec le christianisme.[245]

Malgré les superpositions étrangères, du vieux christianisme originaire quelque chose reste néanmoins dans l'âme, où aucun édit impérial ne peut le chercher, pour le transformer et le détruire.

Les archiatri sont pour les tenues, les sans argent, non pour les autres.[246]« Les pupilles, les veuves, les malades, les faibles de corps » sont spécialement protégés. On est sévère contre la protection qui assure l'impunité aux méchants.

Il y a maintenant dans cette société byzantine une espèce de délicatesse chrétienne qui se manifeste à toute occasion. En dehors de tout ce qu'on reconnaît et qu'on épargne à la femme, aux enfants,[247] la mater familias, dit le grand Théodose, ne devra pas être menée par force, pour des dettes, devant le tribunal ; les pauvres, les petits, les humbles seront défendus contre les « puissants », contre les hommes de rang (honorati).[248]

Mais la religion n'exerce pas encore d'influence sur les rapports sociaux, elle qui consacre d'une façon permanente l'esclavage. On peut tuer son esclave à force de coups,[249] car les deux catégories humaines ne se confondent pas encore dans la loi. Le serf, le colonus, est lié à son maître ; c'est sa chose à lui ; s'il pense à s'enfuir, il sera mis aux fers.[250] Il ne peut pas même vendre sans permission ce qui lui appartient en propre.[251] Les jabricensessont marqués sur les bras, comme les recrues, pour pouvoir être reconnus.[252]

Néanmoins, il arrive que l'empereur parle avec ostentation de sa douceur (levitas). Il défend d'employer la torture quarante jours avant la fête des Pâques ; il accorde l'amnistie pour des événements de famille,[253] pour cette même grande fête de la chrétienté.[254]

Dans les nouvelles mesures qu'on édicté sans cesse on trouve partout, avec des excuses renouvelées sur les changements qu'on apporte pour le bon ordre de la législation, le penchant aux longues explications juridiques et morales et surtout un sentiment de mansuétude, de pitié à l'égard des misères humaines, permettant mainte innovation que le passé, plus scrupuleux envers la tradition, avait défendue (ainsi pour les adoptions). Léon admet la sépulture entre les murs pour permettre aux amis d'« embrasser le sépulcre et d'y verser des larmes ». Parmi les morts n'y a-t-il pas, ajoute-t-on, qui ont l'honneur d'être considérés comme saints ?

La femme, dit-il, a été créée comme « auxiliaire » de l'homme auquel elle doit « bienveillance et amour ».[255] Une nouvelle sentimentalité point dans de pareilles énonciations. La définition de l'adultère, qui porte en même temps atteinte à l'honneur du mari, des enfants, de deux familles « et d'autres encore »,[256] montre aussi cette disposition aux recherches morales. Ce qui n'empêche pas Léon d'interdire, à l'encontre de la licence accordée par Justinien, les secondes noces du vivant du premier mari.[257]

La femme reste cependant satellite du mari : uxores coruscant radiis maritorum.[258] On peut considérer comme un souvenir de sa propre union avec Théodora la décision de Justinien annulant les mesures de Constantin et de Marcien qui défendaient aux personnages revêtant une haute dignité les mariages qualifiés d'abjects.[259]

Un hommage à l'humanité est dans la prescription qui empêche un homme de se vendre ; le fou qui en serait capable sera battu de verges, et l'acheteur, qui perdra son argent, aussi.[260] On n'admet pas que celui qui rend son semblable eunuque subisse la peine du talion.[261]

On a cependant conservé les anciens impôts, fixés maintenant, sauf la vieille follis des sénateurs, sur la terre ou son équivalent de fortune,[262] et on verra combien on donne encore lâchasse aux malheureux « curiales » ; le percepteur-qui aura pris au contribuable plus que ce qui est légal ne sera plus puni de mort.[263] On est plus doux pour ceux qui s'avisent de vendre à leur profit la propriété publique,[264] de même pour les traîtres qui font passer à l'ennemi « ce qui peut rendre celui-ci plus fort ».[265]Reconnaissant pleinement combien on doit être secourable aux naufragés, Léon décrète que ceux qui les dépouilleront ne seront plus condamnés à perdre la vie ;[266] pour des biens périssables perdre l'âme qui est immortelle ! On peut voler un esclave sans perdre la tête ;[267] ne mourront pas non plus par le bourreau les transfuges qui se seraient repentis.[268] Seuls les sorciers seront mis à mort selon l'ancienne loi.[269] Si on peut punir du talion celui qui a arraché un œil, on n'a pas le droit d'infliger la même punition à celui qui a rendu son prochain aveugle.[270] Même pour celui qui viole les tombeaux, on pense que c'est peut-être la misère qui l'y pousse.[271] Enfin, malgré la strictesse du fisc, on ne tuera plus les magistrats qui volent l'État.[272]

 

VI. - L'ART COMPOSITE

 

Une réconciliation s'est produite depuis longtemps avec l'inutilité, considérée jadis comme presque profane, de l'art. On a maintenant un sentiment religieux et artistique en même temps à l'égard des res sacrae, qui ne peuvent être vendues que pour le rachat de captifs, et la raison qu'on en donne pour ce dernier cas est hautement honorable pour le législateur : « car des âmes humaines sont délivrées de la mort et des chaînes par la vente de vases inanimés ».[273]

On discutera encore longtemps[274]sur la part qui revient dans la formation de l'art byzantin à l'Orient, à la Grèce et à l'Occident romain.[275]

Celui-ci transporta à Constantinople quelques-uns des ornements de l'ancienne capitale et garda l'usage de la basilique, qui est bien une création occidentale. La Grèce n'était pas chez elle à Byzance, qui appartenait par sa situation elle-même plutôt à l'Asie Mineure, où la grécité hellénistique avait reçu, à Thralles et à Millet, d'où vinrent les architectes de Ste Sophie, de profondes initiations venant des richesses d'art millénaires de la Mésopotamie. Il est bien entendu que là où, comme dans la partie occidentale de la péninsule balkanique, on regarde vers l'Italie, très peu de cet Orient pénétrera, et les régions grecques ou grécisées conserveront toujours ces deux éléments essentiels : la préférence pour la petite bâtisse à laquelle les Orientaux donneront, à travers les églises constantinopolitaines, la coupole sur pendentifs,[276] et le sens d'une beauté des formes pleines et harmonieuses qui ne cédera pas à la mode alexandrine et antiochénienne des figures maigres et pâles illuminées de grands yeux rêveurs, des contours durs, fortement soulignés et des plis conventionnels.

Comme, sauf cette forme des basiliques, transformées en églises (pour les Roumains toute église est une bisericâ, ecclesia n'ayant rien donné, pas plus que la kyriaké, dont vient l'allemand Kirche), l'élément romain, raison première de la fondation de Justinien, ne pouvait pas servir comme base au nouvel art, dont la nécessité s'imposait. Il fallut s'adresser dès le début à cette Asie hellénisée dont, du reste, l'architecture à plan central, riche en colonnes et en portiques, n'était pas nouvelle à Rome. Là aussi on s'était tourné, en fait de peinture, vers les idylles enfantines et fades, vers le symbolisme naïf, tel qu'il s'était formé poulie peuple, à Alexandrie sans doute, devenue la vraie capitale de l'hellénisme, mais aussi ailleurs. De là les anges, les enfants, les fleurs, les oiseaux, les fonds bizarres de pastorale ou d'architecture vague, le bon pasteur ; plus tard seulement s'y était mêlé ce peu d'esprit romain qu'on reconnaît dans le Christ militaire à l'allure de commande.[277] De ce premier art Rome conserva les fresques de Ste Constance, petit mausolée impérial pour une enfant de Constantin le Grand. Mais à Constantinople il n'en reste rien. Partout, un peu plus tard, la peinture des églises, de proportions beaucoup plus vastes,[278] demanda tout autre chose. On se sentit le devoir d'honorer les saints et de faire de leurs images, bientôt rangées dans un ordre canonique invariable, un enseignement de religion.

Pour les nouveaux éléments de l'architecture à Byzance, on a parlé d'une influence, venue directement, ou par l'Arménie, de la Perse, qui avait regagné son indépendance, revenant aux formes premières, sous les Sassanides entreprenants et guerriers. Or on ne possède aucun monument de cet art appartenant aux trois siècles pendant lesquels se forme l'art byzantin. Les relations des Romains avec le nouvel Empire perse furent plutôt guerrières. On se serait cru amoindri à Constantinople si on avait recouru à de pareils modèles, empruntés à des païens. Mais depuis longtemps les éléments d'art de la vieille Mésopotamie, parmi lesquels la large coupole à trompes d'angles, avaient dû pénétrer dans ces civilisations hellénistiques dont si peu de monuments restent. A Jérusalem, à Bethléem, à Nazareth, dont les églises durent sans doute exercer une profonde et durable influence, on avait construit avec des maîtres et des artisans de là-bas, ayant de pareilles bâtisses devant les yeux. L'usage de la brique, qui incitait aux revêtements de marbre, aux ornements faciles de la polychromie, ne demande pas non plus, pour être expliqué, une origine perse.

Séparer nettement et absolument l'hellénisme, toujours ouvert à des influences orientales, d'une espèce de retour à l'Orient, qui serait parti, on ne sait à quelle date, par qui et pourquoi, paraît à tout historien qui voit autre chose que l'évolution de la technique, une véritable impossibilité.

Peut-on dire ce que Constantinople a représenté en fait d'art avant Justinien[279] ? En doutant sur la valeur des innovations dans ce domaine, on est dans le vrai.

Il faut toujours avertir que les plus belles églises de l'Orient syrien ou anatolien avant le VIe siècle, celle d'Antioche, due à Constantin, celles de Jérusalem[280] et de Bethléem dans leur première forme, disparue,[281] ne sont connues que par les descriptions, naturellement et volontairement emphatiques, des écrivains religieux, des « encomiastes ». Dans cette Palestine, du reste, la vie monacale a un autre caractère, désertique, comme en Egypte. On le voit par les descriptions de la « Vieille Laura » de Souka, où vécurent le fondateur, Saint Chariton, et après lui Saint Cyriaque et Saint Jean.[282] Dans la Vie de S. Euthyme le Grand aussi on peut voir la façon encore primitive dont on vivait dans les couvents de Palestine au Ve siècle.[283]

Des couvents d'un caractère spécial s'élèvent au IVe siècle en Mésopotamie, comme ceux de Qurtamin et de Qennesré,[284] mais on peut dire si peu sur leur aspect à cette époque !

Enfin les grandes basiliques du Haurân, heureusement conservées, n'ont rien de nouveau : c'est de l'hellénisme à grandes proportions, sec et maniéré. Quelques profils ronds ne représentent pas une révolution. Rien des ornements ne nous est resté dans le squelette de pierre. Et, avant tout, on ne connaît pas la date où Tourmanin, Kalb-Louzé ont été bâties, et les trois seules auxquelles on peut en attribuer une, Oum-idch-Dchémal et Fassirtin, qui seraient du IVe siècle, Mchabbak, du Ve, ont pu être sujettes elles aussi à des transformations.

On peut exprimer des doutes aussi sur la chronologie des églises mésopotamiennes encore existantes, Rousaphah, Amida.[285] Kalat-Séman, le couvent du stylite Siméon, impose seulement par le caractère mixte de l'ensemble, par la largeur de ses arcades ; et on cherche en vain l'inscription qui le placerait à la fin (?) du Ve siècle.

Quant à l'ornementation de ces monuments, si riche, mais à la surface, avec ses oiseaux, ses fleurs largement déployées, ses croix, elle vient sans doute du fond de l'antiquité orientale et ne représente guère une des origines immédiates de l'ornementation byzantine. A côté du pilastre syrien de St Marc de Venise on peut mettre telle pierre levée dans un cimetière turc de la Dobrogea, laquelle dérive du monde hellénique non influencé par l'Asie.[286] Du reste, cette ornementation on ne la trouve pas à Constantinople au VIe siècle.

En Egypte tout ce qu'on a fait jusqu'à l'époque de Justinien, comme l'Église conventuelle d'Arcadius, dédiée à St Menas (Abou-Mina), ne marque aucune originalité, pas plus que d'autres couvents de contemporains. Tout vient ou bien de Rome ou bien, comme la trompe d'angle, du monde syro-mésopotamien.

Constantin, très « chrétien » en fait d'art, avait laissé l'église des Saints Apôtres, bien différente de celle qui est connue plus tard sous ce nom[287] et celle de Ste Irène,[288] aussi l'église des SS. Serge et Bacchus.[289] On lui attribuait un St Georges, un St Michel, qui sera refait par Justinien, de même que l'église de Sigma, un St Agathonique, un St Procope, un St Acace.[290] Sa mère aurait fondé St Théodore, St Carpe et St Babilas.[291] Sous le règne de Constantin s'élevèrent St Philémon et St Eudoxe.[292] La princesse Julienne finit ensuite l'église de St Polyeucte.[293] Sous Théodose Ier on a St Grégoire Xéroképion,[294] sous Arcade s'élève St Jean.[295] A la fin du cinquième siècle seulement fut bâti dans les plus pures traditions du passé, sur lesquelles ne peut exercer aucune influence le goût sensible dans les chapiteaux, d'une manifestation plus riche, le grand couvent de St Jean de Stoudion, devenu, sous les Turcs, la mosquée de l'Émirakhor, de l'Imbrokhor.[296]

A Thessalonique l'église de St Georges, qu'on a jugée aussi « asiatique » que celle de St Démètre, précède aussi le VIe siècle.[297]

Théodose II avait fait reconstruire une grande partie de la capitale par son préfet du prétoire, Cyrus, de sorte qu'on put dire qu'il a renouvelé la fondation de Justinien.[298] On rattachait son nom à l'érection d'une église de la Vierge, qui fut refaite par Justin II.[299] Sa sœur Pulchérie fit bâtir l'église des Blachernes, des « bergeries », celles des Chalkoprates, des Hodèges, de St Laurent.[300] Léon donna à la ville le Néos Embolos,[301] alors que les palais de Manganes, de l'Hippodrome, du Questeur venaient de Constantin et celui de Boukoléon de Théodose II.[302] Ses églises sont celles de St Lazare des eunuques, de St Théodore ad Carbonaria, de St Mamant.[303] A Marcien est due l'église de la Résurrection.[304] Son successeur Zénon, dont la femme, Verina, fait bâtir l'église de la Vierge, ne construit qu'à la Séleucie de son Isaurie à lui l'église de Ste Thècle, alors que ses soldats revenus de Perse en dédient une aux SS. Côme et Damien.[305] Enfin Anastase et sa femme Ariane font construire l'église des Quarante Martyrs, lui seul faisant à sa ville natale hommage de celle de St Julien.[306]Euphémie, femme de Justin Ier, fut enterrée avec son mari, dans l'église de son nom.[307]

Bien avant Justinien la forme en croix des églises d'Asie, avec leur coupole sur pendentifs, leur placage de marbres précieux, leurs mosaïques, leur polychromie, ainsi que l'enfantillage charmant des paysages à brebis, dont le pasteur à la haute croix veut être le sauveur et reste un Apollon, avaient passé en Italie, à Ravenne, pour le tombeau de Galla Placidia, où des ornements bien romains sont à côté, pour le baptistère des orthodoxes, alors que le baptême du Christ paraît là copie d'un marbre hellénique et le long défilé des figures de saints qui l'entourent ressemble à une procession sur quelque vase athénien de l'époque classique.

Quelques églises de Milan, à coupole ou à toit droit, font partie du même art, auquel elles prennent jusqu'aux disques de terre cuite ornant l'extérieur (St Laurent ; aussi St Nazaire).

De toute façon on s'acheminait vers la Sainte Sophie de Justinien.

L'art de la sculpture classique s'était endormi du même sommeil que les dieux.[308] Pendant quelque temps, à côté de la facile sculpture à méplats, que l'Église pouvait permettre, alors qu'elle défendait l'autre avec sévérité, l'imitation est la coutume : colonnes de Théodose, de son fils Arcadius, d'autres aussi, aux scènes découpées sur celles de Rome ; obélisque du premier, à Constantinople ; même quelque arc de triomphe en retard, comme celui qu'on a conservé à Salonique ; des statues, comme celles de Constantin, de Julien, de Gallus, de Valentinien, de Gratien, de Théodose Ter, d'Arcadius, de sa femme Eudocie, continués par celles de Théodose II, de Marcien, de Zénon et d'Ariadne, d'Euphémie, femme de Justin, puis, de Zénon, d'Eudocie, d'une princesse Hélène, de Léon Ier, de Sophie, femme de Justin II, et de sa fille,[309] de Justinien, allant aussi jusqu'à l'époque des premiers successeurs de celui-ci.[310] Il faut ajouter des portes d'église d'un caractère très hellénique.

Les artistes mêlent les styles, ils encombrent l'espace. Si la colonne d'Eudocie a disparu, on a encore celle de Marcien[311] et la colonne « brûlée » de Constantin, on connaît, bien que seulement par des dessins, les deux colonnes, de Théodose Ier et d'Arcadius, destinées à célébrer des victoires parfois réelles, parfois imaginaires : ces dessins montrent bien leur grande valeur historique, mais on ne peut pas juger, comme pour l'arc de triomphe et pour la base banale de l'obélisque de l'Hippodrome, le style, qu'une interprétation personnelle ne peut jamais reproduire.[312]On était sous Justinien si pauvre en fait de sculpteurs qu'il fallut fondre la statue d'Arcadius pour avoir celle de l'empereur, de même que pour celle d'Anastase on avait pris les matériaux aux statues transportées par Constantin.[313]

Mais avant tout cet art descend à la simple décoration des églises : sépulcres, bas-reliefs, chaires.[314] Le style est celui de la peinture et de la mosaïque[315] contemporaines ; bientôt la technique triomphera par ses raffinements. On passera au bibelot, de marbre, de métal, ou, surtout, d'ivoire, par des diptyques de tendance archaïsante, des pyxides et des coffrets, des boîtes de reliques, des ampoules d'eau bénie, des reliures, des plats, des patènes, des cuillers, des bijoux.[316] Là, les modèles anciens seuls seront copiés sans relâche. L'émaillerie cloisonnée,[317] mode nouvelle, se rattachera au même goût pour les petites choses brillantes et fouillées.

Rien ne reste des fresques de Constantinople jusqu'à une époque très tardive.[318] Mais ce qu'on a découvert à Doura, ces figures de vérité frappante, ces longs visages bruns, ces vêtements copiés sur la réalité elle-même, nous montrent que la mosaïque a eu un correspondant digne d'elle dans cet autre art, plus facile, mais qui, en comparaison avec la mosaïque, dut paraître pauvre et en fut abandonné. A St Démètre de Salonique la fresque se conservait encore à côté des mosaïques splendides ; dans telle église de Crimée elle est la seule ornementation.[319]

On a relevé avec raison l'empreinte de la Syrie sur la peinture byzantine, explicable quand on pense qu'elle a transmis à l'Empire aussi ses coutumes liturgiques. Même si les villes y étaient hellénisantes et même grécisées, il y avait au fond l'ancien esprit syrien qui sommeillait dans les campagnes. Sans compter ce qu'elle a donné, plus que Constantinople elle-même, à l'art occidental.[320]

On ne connaît pas le nom d'un seul ouvrier dans un art tout nouveau, la miniature, avant le VIesiècle ; à l'époque de Justinien, le peu que nous avons est tout aussi anonyme. Les deux Évangéliaires datés appartiennent à l'art syrien ou arménien. Aussitôt qu'on a cependant des illustrations de manuscrit, comme celles de l'Iliade de Milan, du Virgile du Vatican, de la Bible cottonienne, du rouleau de Josué, du Calendrier romain de 354 et de la Genèse de Vienne, de l'Évangéliaire de Rossano ou de Sinope, le plus « païen », du Dioscoride de Vienne, avec le portrait de dame Julienne Anicia, fille d'Olybrius, entre deux de ses suivantes ou deux figures allégoriques, de Cosmas « le navigateur indien » ou du Nicandre de Paris, quelle que soit leur origine, très disputée,[321] on a des sujets antiques traités selon la façon traditionnelle. On y rencontre encore de la pastorale fleurie, ou bien de grandes figures qui viennent tout droit du monde hellénique ; l'Orient, qui donne autre chose dans les manuscrits syriens et arméniens de l'époque, y est encore pour bien peu, si on écarte, dans le manuscrit de Cosmas, un sens de la dignité hiératique et certains efforts d'une fantaisie déréglée, qui n'est pas helléno-romaine, ainsi que certaines poussées du côté du surnaturel et du monstrueux. Déjà cependant des scènes du manuscrits de Vienne sont d'une douce intimité psychologique qui montre l'éclosion de cette autre sentimentalité que nous avons signalée dans le domaine de la législation aussi : combien est touchant par exemple le tableau, le vrai tableau de la rencontre entre Eliézer et Rébecca ! Il y a même comme un souvenir des romans gréco-syriens à la fin de l'antiquité.[322] L'artiste, un homme de l'Orient, a le sens des hommes et des choses de là-bas.

Déjà cependant les types, celui du Christ en première ligne, viennent de ces régions où les traits humains sont plus prononcés et plus durs, les cheveux longs, la barbe large et drue. Ils ont une ressemblance frappante avec les représentations, si variées, qui sont offertes par les tissus venant surtout d'Egypte :[323] on croirait se trouver devant des spécimens de l'admirable art préhistorique de la Crète, amateur des luttes et des chasses, des bonds de taureaux et des attaques de lions, fût-ce même ceux du biblique Daniel, ou de l'art scytho-hellénique des bords de la Mer Noire, tant le style voyage à travers les nations et les pays.[324]

Justinien n'était pas en vain l'héritier des Séleucides et des Égyptiens, des diadoques qui avaient gouverné, comme les Pharaons et les rois d'Assyrie, la monarchie des « quatre contrées du monde ». Son principal but, du reste, comme celui des empereurs romains de l'ancienne époque, qui opposaient partout à l'admirable édicule grec la forêt de leurs colonnes gigantesques, était, en bâtissant, sur les ruines d'un édifice constantinien, une basilique incomparable à Hagia Sophia, à la « divine Sagesse », de faire grand, de dépasser, au moins dans ce milieu européen, tout ce qu'on avait fait jusque là. C'était sans doute la première intention.[325]

Mais, à côté, il veut faire romain. Tout le caractère de son règne, dépendant de son origine même : lois, projets politiques, le lui imposent. La basilique est pour lui une nécessité, nous dirions : un devoir.

Le reste intéressait sous un seul point : gagner de l'espace par la coupole, superbe, et montrer par la richesse des mosaïques que trop longtemps a défendus à la science la plus stupide des superstitions religieuses, par la rareté des matériaux, si variés, d'une polychromie qu'exigeait le goût oriental à la mode, combien était riche et munificent ce règne « œcuménique ».

L'enseignement des arts avait été une des préoccupations des empereurs avant Justinien. On le voit lui-même s'occuper à préparer des architectes, à protéger peintres et sculpteurs, maîtres du mosaïque (musivarli), doreurs (deauratores), travailleurs en ivoire (eburarii).[326] Il y avait dès l'époque de Valentinien des professeurs de peinture(picturae professores).[327] On rencontre partout des « mechanici » et des « architecti ».[328] Un grand respect pour l'art, avec la mention d'Apelle et de Parrhasios, est témoigné dans le passage des Institutions où on déclare qu'il serait « ridicule » de subordonner l'œuvre d'art à la propriété des matériaux dont elle s'est servie.[329]

On ne peut pas fixer la part de ces « Romains » dans la grande fondation de Justinien.[330] On peut dire seulement que ; au moment où, après des constructions antérieures dont on ne sait rien, l'empereur pensa à élever la « grande église », préférant la forme de la basilique à colonnes et à tribunes couronnée par cette coupole qu'il voulut immense, il trouva en Syrie, en Asie Mineure des maîtres qui étaient capables d'en faire la tentative.[331] L'œuvre que réalisèrent cet Anthemius qui venait de Thralles, cet Isidore, au nom égypto-grec, fut, sur le plan qu'on leur avait imposé, une réalisation correspondant à l'enseignement qu'ils avaient reçu, aux modèles qu'ils avaient eus devant leurs yeux. La tradition artistique s'installait ainsi dans la Nouvelle Rome par la polychromie et les détails de l'ornementation. Car, si tout art se plie au milieu, il reste fidèle aux habitudes d'esprit de ceux qui le réalisèrent.[332]

Les mêmes architectes imaginèrent ensuite deux nefs se coupant à angle droit pour construire cette église des SS. Apôtres, si largement développée, avec ses quatre coupoles, celle du centre dominant les autres.

De date postérieure est l'église des Saints Serge et Bacchus, où on a constaté des progrès importants dans la technique de la coupole. C'est encore par la forme de la coupole superposée au type basilical que se distingue l'église consacrée à la Paix civile, après la suppression de la « Nika », Sainte Irène : l'ensemble, parfaitement conservé, est tout à fait imposant.

Il y eut aussi des sanctuaires pour tous les quartiers, car les petites églises à l'époque de Justinien furent nombreuses : à l'Hebdomon, sur l'Anaple, aux Blachernes, telle pour honorer un miracle : Sainte Marie près de la source, refaite ensuite par Irène et par Basile le Macédonien. Un testament reproduit dans les « Novelles » mentionne l'église de Ste Thécla.[333] Justinien fit bâtir aussi St Tryphon et il fut aussi le nouveau fondateur de St André, de St Agathonikos et de St Mokios, des SS. Archanges, de celle de Sigma.[334]

Mais, quelles que fussent les différences entre les édifices contemporains, une fois Sainte Sophie debout, le type byzantin définitif existait, et il pouvait voyager. On l'adopte pour l'Asie Mineure voisine lorsqu'il s'agit d'orner la ville d'Ancyre ou de donner un sanctuaire digne de ses miracles au bon Saint Nicolas. On a affirmé que Ste Sophie de Thessalonique[335] précède la basilique constantinopolitaine, mais on a relevé le monogramme de Justinien sur les briques ; des doutes concernant la date peuvent s'élever aussi quant aux églises, du reste en style de basilique, de St Georges,[336] richement ornementée dans le pur goût hellénistique, et de Ste Parascève, dans la même ville. Il n'est pas indifférent que l'église principale de Serdica (Sofia) soit consacrée elle aussi à Ste Sophie, A Ephèse, pour l'église de St Jean on s'inspire de Constantinople, dont l'influence artistique rayonne déjà.[337] Des bâtiments pareils s'élèveront dans toutes les vieilles cités de la côte anatolienne et jusque très loin à l'intérieur, où les grandes coupoles signalaient de loin la présence des centres d'agglomération humaine.

L'œuvre des deux grands architectes, continuée par le neveu d'Isidore et par un certain Théodore, se rencontre jusqu'à Alep et aux bords du désert mésopotamien. Théodose travailla aussià Jérusalem, pour la Néa.[338]

Justinien, dans une de ses Novelles, parle de la pauvreté des églises à Constantinople, bien que ses prédécesseurs y eussent sans cesse accumulé leurs fondations. La « major ecclesia” avait par ordre impérial non moins de « soixante prêtres, cent diacres hommes et quarante femmes, quatre-vingt dix sous-diacres, cent dix lecteurs et vingt-cinq chantres », qui tous étaient employés aussi pour les autres sanctuaires.[339]

Car Justinien créait, en élevant son temple de Salomon, un vrai centre de cette conscience byzantine qui soutiendra l'Empire pendant des siècles.

Il y a dans la nouvelle conception de l'art un caractère populaire, presque vulgaire, comme dans cet art égyptien, —je ne comprends pas pourquoi on l'appelle : copte —, auquel celui de Byzance doit tant, opposé au purisme archéologique, à la mièvre sentimentalité des Alexandrins. Il faut penser que Ste Sophie ne devait pas être un chapelle impériale, ouverte au Souverain et à sa Cour, un emplacement sacré pour les grandes cérémonies de l'État, mais, non seulement la principale place de réunion pour les prières des foules, mais aussi la grande chose religieuse et artistique qui remplacera tout ce que le paganisme oriental avait tenu ouvert aux multitudes.

Théodoric ne pouvait pas être, dans l'Italie qui lui était confiée, indifférent au prestige de l'art ; son assimilation à l'esprit byzantin était assez complète pour que, après la récupération, Justinien pût même continuer l'œuvre d'art, non seulement si romaine, mais déjà si orientale aussi, commencée par son prédécesseur, barbare seulement de sang. C'est le cas pour St Vital, où travaillèrent des Syriens,[340] aussi bien que pour St Apollinaire et St Martin, qui ont toutes plutôt un caractère représentatif ; celui de l'autorité impériale directe, enfin rétablie.[341] Ses tableaux d'histoire dans sa seconde capitale de Ravenne, à Pavie aussi, correspondaient à ce que Justinien fit représenter de ses exploits sur les murs de sa Chalké. A Rome ses mosaïques excitaient l'admiration.[342]

A Naples, St Soter, avec sa coupole à trompes d'angles, serait du Ve siècle.[343]

De son côté, l'Afrique romaine et vandale n'innove rien ; dans les grands centres, comme à Carthage, elle donne des édifices imposants dont on a signalé la grande similitude avec ceux de la Syrie et de l'Egypte.

On n'a pas dans le complexe de bâtiments où logeaient les empereurs, tout près de l'Hippodrome, le vieux palais de Constantin. Il a dû copier, sans doute, celui, si récent, de Dioclétien à Salone, « la ville du palais » (Spalato).[344] Il aura eu donc de larges rues, des rangées de colonnes, des portiques et des péristyles, des arcades. Déjà les matériaux multicolores ont une part principale dans l'ornementation, qui conserve les traditions de la sculpture grecque. Il y a la coupole aussi, et par deux fois. La mosaïque ne manque pas. Les palais de Magnaura, de magna aula peut-être, de l'Hebdomon et des Blachernes avaient des destinations spéciales ; Justinien avait habité avant son avènement le quartier, le « konak » du roi perse Hormisdas.[345] Justinien fit travailler au triclinium doré, aux portiques de l'Augusteum, aux bains dits de Zeuxippe.[346] Justin II ajoutera l'église Hosiou et St Michel (sa femme celle de la Vierge, celle de Lobé et un hôpital),[347] le palais des Sophianes, continué par Maurice pour sa belle-mère Anastasie[348]et le Mégas Agogos.[349]

Du vrai palais de Justinien, refait après la grande révolte, il ne reste rien pour nous renseigner, mais par son correspondant de Ravenne, rendu dans une mosaïque, comme par de grandes ruines constantinopolitaines appartenant sans doute à cette époque on peut se rendre compte de son agencement sinon aussi de son ornementation. On retrouve, du reste, son aspect général dans un ivoire de Trêves.[350] On ne connaît pas plus le palais de Hiéréia, qui sera refait par Justin II,[351] le Triclinium, celui d'Or et le Lausiacum.[352]

C'est donc du palais de Justinien que s'inspira sans doute Théodoric pour celui de Ravenne, avec le large fronton et, à droite et à gauche, au dessus de la rangée des fenêtres, les riches rideaux entre les colonnes ; on y observe déjà une coupole dans le fond.

Déjà sous Justinien une chose se prononce, qui définira Byzance. Même si les proportions restent grandes, comme dans les basiliques de l'hellénisme, l'intérêt s'attache aux détails, à l'arc-en-ciel de la polychromie des matériaux, à la splendeur rutilante des mosaïques d'or, à l'exactitude biographique des portraits, ceux de justinien et de Théodora à St Vital sont éclatants de vérité, — au menu travail compliqué des chapiteaux et des jubés. Il ne faut pas oublier que l'Orient, Mésopotamie sumérienne aussi bien qu'Egypte,[353]est la patrie du joyau. De là viennent, du reste, aussi bien les jeux capricieux de la ligne que la figuration demi-animale, griffons et paons. La pierre précieuse, auxiliaire facile et brillante de la décoration, se retrouve déjà dés les constructions de Ravenne.

Mais le sens romain de la monarchie de Justinien écarta de ce nouvel art des éléments et des procédés que n'avaient pas dédaignés Dioclétien et Constantin. On ne recourra plus au dépouillement des monuments orientaux pour orner un palais impérial de ses sphinx et de ses colonnes et on ne croira plus qu'on puisse faire une capitale chrétienne en ordonnant une razzia des plus belles statues disponibles de l'art ancien.

A une époque où le marchand syrien est partout en Occident, vendant non seulement ses belles étoffes dont se revêtaient et dans lesquelles s'ensevelissaient les rois et les empereurs, et les produits spécifiques du lointain Orient, mais aussi des objets d'art en métal précieux, il est naturel d'admettre que, sinon l'architecte, l'artiste asiatique trouva partout un bon accueil. Il est bien possible que cette catégorie d'ornementeurs eût eu du travail en Italie, où, sauf Rome, et ici même rarement, on bâtissait si peu. Mais pour la bande byzantine de la péninsule, pour la capitale de l'exarcat, Ravenne, ils ne furent admis que pour la décoration.[354]

Autrement, à St. Vital, à St. Apollinaire in classe et à St. Apollinaire le Nouveau, orientale est la mosaïque, oriental le goût pour les fonds d'or, orientale la profusion des marbres. De l'Orient viennent, du Baouit sud-égyptien, les belles « théories » de saints et de saintes du premier St. Apollinaire, de là aussi la splendide présentation polychrome des souverains. La basilique de Parenzo a le même caractère.

Justinien n'est purement romain que dans ses œuvres d'utilité publique : l'aqueduc, les citernes à deux étages de colonnes,[355] les ponts ; où il ne fait pas nouveau, il répare, comme pour les thermes d'Arcadius,

Mais ce qu'il y a de mixte dans la synthèse du VIe siècle s'incorpore mieux que dans tous les différents domaines dans l'aspect même de cette capitale où tout se réunit pour collaborer à une nouvelle synthèse.[356]

 

VII. — LA CAPITALE ET LES PROVINCES.

 

Plus qu'à Rome, plus que dans n'importe quels centres des vieilles monarchies de l'Orient, la capitale[357] importe : elle sera pour Byzance plus que l'Alexandrie de ce nouvel Alexandre. Les « diadoques » de Constantin eurent le devoir d'y concentrer tout, de la combler de soins, de l'écraser même sous les ornements originaux ou d'emprunt.

Il serait difficile de s'imaginer ce qu'a pu être la première Byzance, celle qui fut créée par ordre de Constantin, cette Rome transportée au bout oriental de l'Europe. Dans l'ancienne capitale il y avait des quartiers nobles ; il n'y en a pas de traces, ni dans la Constantinople actuelle, composée en grande partie, pour l'habitation privée, de simples maisons de bois, ni dans les découvertes souterraines, dues au simple hasard. Il paraîtrait que l'improvisation première resta le caractère de cette ville, dont on s'était empressé d'orner des dépouilles romaines les larges places vides. Quelque chose de pareil aux fondations russes dans l'Asie centrale, où néanmoins le passé musulman subsiste à côté, donnant plus ou moins un caractère à l'ensemble.

Mais, pour s'expliquer cette inanité de l'habitation privée, il faut tenir compte d'un fait, auquel bientôt, pour avoir l'explication entière, un autre s'ajoutera. On était à une époque où les conceptions du vieil Orient millénaire dominaient, et complètement. Or, dans tout ce monde oriental, rapproché ou lointain, une seule chose intéresse, retient les regards, mérite tous les soins : la maison du maître et ce qui se groupe autour d'elle d'attenances pour le service. Constantinople fut toujours un peu un Kremlin ; on ajouta à la domus sacrace que les besoins économiques imposèrent un peu au hasard.

Plus tard, dans la conception de l'orthodoxie dominante, qui n'était autre chose que le vieux christianisme quasi' bédouin coiffé de la tiare des mages, l'homme devint une passagère chose de rien devant la majesté éternelle du Dieu unique, de l'empereur divin, qui avait dévoré tous ses sujets. Que pouvait prétendre sans un vrai sacrilège l'abri de l'être humain éphémère en face de ce qui était consacré à Dieu et à son cortège de saints, auxiliaires dans l'œuvre de régir ce monde ? Ça et là les quartiers se groupèrent donc autour de ces églises mentionnées plus haut, qui furent, à côté du palais impérial, non seulement la gloire de Byzance, mais Byzance elle-même, ce qu'il y avait de consistant et de durable, d'imposant et de glorieux dans l'amas d'habitations répandues sur les collines au-dessus des eaux du Bosphore.

L'archéologie des fouilles trouvera, lorsque viendra son heure, bien peu de tout ce qui se forma à l'aventure par l'ordre de Constantin dans cette ville de résidence et de veille, où les saints patrons arriveront à monter la garde au-dessus des groupes en bois, en matériaux légers, de ces modestes établissements d'un séjour imposé, comme à Pétersbourg par la volonté du Tzar absolu.

Bien différente de Rome, dont le commerce ne fut pas une chose primordiale, l'ancien nid de bergers et de pauvres agriculteurs étant mal situé pour être un centre d'échanges, Constantinople hérita des magnifiques possibilités économiques de Byzance sur les ruines oubliées de laquelle elle s'éleva. On put saisir bientôt l'importance de cette place où, comme l'avait dit Polybe, que nous avons cité, se rencontraient les eaux de deux mers et s'ouvrait la voie de commerce vers les rives du Nord. Il faut admettre que les marchands de la vieille Rome n'accoururent pas vers la nouvelle en même temps que la foule des officiers, des dignitaires et des courtisans. Les affaires furent donc dès le commencement entre les mains de certains éléments grecs et orientaux venus du voisinage et connaisseurs de tous les avantages de la situation. Ils durent s'y installer aussitôt, pleins d'initiative comme l'ont été toujours dans ce domaine les races auxquelles ils appartenaient, de l'Hellène au Syrien et à l'Arménien. A côté de ce qu'on pourrait appeler des capitalistes, de petits boutiquiers balkano asiatiques plantèrent à l'aventure leurs appentis dont l'usage pittoresque n'est pas sans doute d'hier, mais correspond, comme on le voit d'Athènes à Silistrie, aux plus lointains usages de ces contrées.

Constantin avait donné le premier[358] à sa création un art d'emprunt et de rapt. Il y avait transporté tout ce qu'il put en fait de beaux monuments grecs. Ceci malgré le principe, le beau principe que lui-même proclame : « Qu'on ne pense pas que les villes puissent être dépouillées de leurs ornements. Car il n'est pas pieux qu'une ville perde ses ornements dus aux anciens, comme si on pouvait les transporter dans les murs d'une autre ville ».[359] Ses successeurs au IVe siècle condamneront le transport de statues, de marbres, de colonnes, prise dans des villes ruinées ;[360] il vaut, disent-ils, mieux réparer ce que la vieillesse de temps, senium temporis, a rongé.[361] Car on avait spécifié qu'il ne faut pas fouiller les substructions des anciens monuments, employer des pierres de monuments publics rappelées à la vie, ni des fragments de marbre arrachés par la déformation des palais dépouillés.[362] On prendra soin de nettoyer les places publiques envahies par les maisons privées.[363] Il est défendu de gâter par des constructions privées l'aspect des grandes œuvres du passé.[364]

Cette action de rassembler à Constantinople ce qu'il y avait de plus beau dans les provinces fut, du reste, approuvée par l'esprit de l'époque. Procope dira, avec éloge, que les anciens Romains eurent souci de transporter à Rome comme ornements tout ce que la Grèce avait de plus beau.

Bien entendu, Rome dut regarder avec douleur et envie son abandon et les faveurs dont on comblait la parvenue du Bosphore, Chez elle, des chaumières apparaissaient déjà dans le Champ de Mars,[365] Elle se vit envahie par le commerce des Constantinopolitains, des Grecs, des pantapolesdes marchands des quatre saisons, qui vendaient à bas prix toute espèce d'objets, au grand désavantage des tabernariià domicile, travaillant d'après les anciens usages. Ceux-ci demandèrent que cette concurrence soit prohibée. Mais bientôt Valentinien, l'empereur d'Occident, céda à la pression de son « père », l'Oriental Théodose. Au nom du profit que pouvait retirer « le peuple » de la présence de ces étrangers, leur visite à Rome fut admise par décret. Des exemptions militaires pour les Romains furent adjointes même à cette occasion en guise de compensation.[366]L'Orient prospérera donc, alors qu'en Italie la famine forcera sous Valentinien les parents à vendre leurs enfants, aux barbares même.[367]

Venons maintenant à l'œuvre accomplie par les successeurs de Constantin pour donner une physionomie à une ville accumulée au hasard.

Un ordre dans la façon de ranger les maisons avait été introduit seulement sous Zénon, la vue de la Mer devant rester libre à partir d'une certaine distance.[368] Dans les faubourgs, qu'on appelait, à la grecque, des proastia, des jardins s'étaient formés, où poussaient les légumes pour l'alimentation de l'immense cité.[369]

De nouveaux quartiers s'étaient élevés assez vite : les Kopariae, les Blachernes, celui du golfe de Sosthénie, où avait ses propriétés le puissant barbare Ardabour, le faubourg de Bytharion ou de Philothée, celui qu'on appelait :« chez les Bleus », in Venetis.[370] On y voyait des prétoires, des échelles, des « officines », des bains, des jardins, des cisternes et même un « hippodrome » particulier.[371]

L'accroissement de la ville fut si grand que, dès avant le règne de Justinien, on pouvait attribuer onze cents boutiques à l'église principale de Constantinople ;[372] neuf cent quatre-vingt venaient d'une donation de Constantin, le reste avait été ajouté par Anastase.[373]

De nouveaux murs ceignirent Constantinople, et on leur adjoignit un transitus qui s'appelait « de Justinien » (Justinianorum) ou « Sycorum ».[374]

Si le paganisme est aboli, car on ne se « profanera » plus par les sacrifices, si les païens sont écartés de l'armée, des fonctions (nemo se hostiis polluat)[375] les temples resteront ; ils servent à la « volupté » des jeux.[376]

Des portes magnifiques, dont l'une « dorée », ornaient l'entrée de la ville. La rue du milieu, la Mésé, la traversait. Chacun des principaux empereurs, Constantin, Arcadius, Théodose, Marcien, lui avaient donné un forum.

Dans une de ses Novelles, Justinien déclare que tout le produit des impôts est destiné au paiement des troupes, à la réparation des murs, au soin des bains publics et des théâtres, lui-même n'ayant qu'une satisfaction de conscience ; la Cour serait donc entretenue du gain réalisé dans les domaines impériaux.[377]

Mais, poursuivi par des remords pour avoir lui aussi tout soutiré dans le but d'orner et entretenir sa capitale, Justinien eut dans ses buts aussi une réforme de l'administration ; il n'hésita pas à confesser publiquement que ses prédécesseurs « avaient gagné les revenus des juges ».[378]

Une certaine décentralisation administrative était pourtant aussi dans les buts de cette réforme. Ainsi les provinces pourront désigner par un libellus au nom de l'évêque et de la communauté elle-même l'administrateur qu'elles préfèrent.[379]Les villes ont le droit de députer à l'empereur leurs ambassadeurs, leurs legati, pour être consultés aussi sur les nominations.[380] Mais Justinien défendra aux évêques de venir en sa présence sans y avoir été dûment autorisés.

Désormais sous Justinien l'autorité civile et le commandement des troupes seront réunis partout où il y a de l'instabilité, où on sent quelque menace : c'est déjà l'acheminement vers ce régime des thèmes dont on a si longuement discuté l'origine.[381]

Mais on connaît, de fait, très peu de la vie des provinces. En passant, Procope parlera des fêtes d'Antioche, première ville de l'Orient, de ses beaux théâtres, de ses fêtes de nuit à la lumière des flambeaux,[382] de sa fierté dont Julien avait souffert, de l'esprit de satire qui distinguait ses habitants.[383] On l'appelait maintenant, à la chrétienne, Théoupolis. Mais sous le nouveau nom la chose ancienne restait, Peut-on croire que la ville célèbre pour ses penchants aux plaisirs[384]fût devenue autre du moment où on la consacra à Dieu lui-même ?

Mais la Syrie et l'Egypte représentaient, dans des formes opiniâtrement divergentes, la vitalité la plus active et la plus dangereuse.

Pour la première surtout, la chronique de Malalas nous renseigne. Tripolis était fière de son Ikarion, de son Phakidion, édifices refaits par Marcien.[385] Laodicée fut ornée d'un grand théâtre par le premier des empereurs.

Antioche, malgré ses infidélités fréquentes, tenant au tempérament d'une population bigarrée, fut l'objet des soins tout particuliers de presque tous les empereurs, à partir de César, qui lui donna la basilique, le Caesareum, les bains de l'acropole, le cirque et le théâtre, réparant aussi le Panthéon, et d'Auguste, auquel elle dut les bains d'Agrippine ; des murs d'enceinte, deux portiques, des travaux en marbre et mosaïque, des colonnes de munificence furent dus à Caligula. Vespasien, Domitien, qui donne les bains de Médée et le temple d'Esculape, Trajan, dont venait la porte du Milieu, Adrien et les Antonins, qui furent particulièrement généreux, même les empereurs plus modestes du IIIe siècle, suivirent cet exemple. Dioclétien s'occupa aussi d'Édesse et de Damas, créant des fabriques d'armes. Pendant la crise chrétienne, les Antiochéniens manifestèrent avec franchise, même avec impertinence, leurs sympathies païennes. Après Valens, Théodose revint à la coutume des donations, revêtant d'or la porte de Daphné et ajoutant aux statues impériales la sienne et celle de Valentinien. Anastase et Justinien, dont le dernier fit bâtir l'église de la Vierge, celle de St Côme et Damien, des bains, des citernes, Théodora mettant à côté les sanctuaires de St Michel et d'Anatolius, avec des colonnes transportées de Constantinople, ne manquèrent pas au devoir devenu traditionnel.[386] A Antioche, comme à Séleucie les impôts furent épargnés pour trois ans. En guise de remerciement, les habitants de la nouvelle Théoupolis avaient eux aussi l'habitude de tuer leurs évêques,[387] mais la toge de Justinien ornée de pierres précieuses fut suspendue par eux dans l'église de St Cassien.

Alexandrie jouissait des mêmes faveurs et les récompensait de la même façon. Elle se mêlait, comme sous Septime Sévère, aux querelles pour le trône, désignant celui qu'elle préférait. On tuait un augustale pour le manque de l'huile. Il est vrai que, si Théodose II y fonda la grande église, Justinien ne regarda pas trop de ce côté-là.

Justinien se rappelle sans doute de ses origines balkaniques lorsqu'il parle des Thraces dans ces termes :« Si on nomme la région des Thraces, aussitôt on se sent au cœur une énergie virile et le désir des armes et des combats ».[388] Pour la défendre contre les Slaves et les Avars on y installa un préteur avec cent officiers (chortares) et un aide de camp, un ad responsum ; des troupes nombreuses lui seront confiées. Au lieu des deux vicaires aux Longs Murs il y aura cette seule et grande autorité.

La frontière du Danube, où les « bourgs » sont soigneusement entretenus, a maintenant une garnison stable, assez importante, que commande, en Mœsie et en Scythie, celui qu'on appelle « le préfet de Justinien ».[389]

La vie était aussi très active autour de la Mer Noire.[390] Une Novelle de Justinien énumère, en Europe et en Asie, ces cités :Amasie, Ibora (cf. l'Hèbre), Euchaites, ayant un évêque, Zéla, Andrapa, au vieux nom thrace (cf. Zaldapa), Aegeum, Sinope, Amisus, d'ancienne fondation, la création de Léon, Léontopolis (l'ancienne Bazanis),[391]la Nouvelle Césarée, Comana, Trébizonde et Cérasonte, Polémonium, aux souvenirs helléniques, Pityonte, Sébastopolis, ces deux dernières plutôt des châteaux, en face des Lazes, enfin soumis. Puis Pétréon, sur son rocher, conservant le vieux nom grec, mais refaite par Justinien, qui lui donna son nom, Achaeopolis, dont le nom dit l'âge, Rhodopolis, de la même époque, en territoire récupéré sur les Perses, les nouvelles créations militaires, aux noms barbares, de Scandis, Sarapanis, Murisius, Lusiris, jusque chez les Tzanes, les Souaniens, les Scymnes et Apsiles, autrement ignorés, et les Abasges connus sous les Turcs comme Abazes.[392]

En Asie Mineure elle-même, entre les limites de la Paphlagonie de jadis, l'ancien se conserve, et du nouveau s'est ajouté ;Ionopolis, Dadybros, Amastris, Gangres, Héraclée, Tio, Cratia viennent du passé hellénique, puis Prousias, qui rappelle le vieux roi asiatique, alors que Germanicopolis, Pompéiopolis, Hadrianopolis et Claudiopolis viennent des Romains.[393] En Cappadoce, dont Justinien magnifie le passé, Anastase avait élevé des fortifications.[394] C'était une région de villes remuantes :Kotyaeion avait tué quatre de ses évêques.[395] A Nicomédie, Théodose II refit l'église de S. Anthime et d'autres édifices.[396] L'Isaurie, dont les habitants étaient habitués à piller la côte cilicienne,[397] comme la Lycaonie voisine, comme la Pisidie, était considérée sous Justinien, malgré la persécution dirigée, implacablement, par Anastase contre ces auxiliaires de leur co-national Zénon, un vrai réservoir de forces nouvelles, riche en chevaux comme l'ancienne Thessalie, riche en hommes audacieux, avec de nombreux établissements ruraux (pagi).[398] Au VIe siècle l'Empire s'oriente visiblement de ce côté, des pays non touchés par les invasions, frais encore, tout prêts à soutenir la lourde charge de l'universalité politique. L'autorité des proconsuls et comtes d'Orient, de Galatie et de Phrygie est exaltée par l'empereur pompeux, aux goûts archéologiques.[399]

Enfin une troisième Arménie fut formée par la réunion de territoires aux multiples noms barbares :Trophène, Augethène, Ophéne, Astéaenée, Balabithène.[400]

Dans le Pont et en Arabie, où il n'y avait plus qu'un chef militaire, justinien installe un moderator.[401] Les conquêtes réalisées sur les barbares, soumis aux impôts, demanderont un allégement pour les contribuables romains.[402] Mais parfois les populations des frontières ne pouvaient plus être défendues contre les barbares ; on voit les Afri s'échapper devant les Vandales, contre les incursions desquels par mer l'Empire s'en remit pendant longtemps aux provinciaux mêmes. Il ne peut pas empêcher la vandalica vastatio.[403] Des habitants de l'Illyricum se réfugient devant d'autres barbares.[404] Justinien rappelle avec effroi les attilana tempora, avec leur dévastation.[405]

Dans ce but de défense, dès le IVe siècle l'Empire avait dû recourir à la responsabilité collective, imposant aux membres les plus importants d'une localité de se porter garants pour les contributions des autres. Il en résulta une classe honorable et malheureuse, celle des curiales, des décurions, qui faisaient leur possible pour échapper à cette charge, se cachant parmi les rangs des soldats ou des gens d'église,[406] des ermites même, au milieu des corporations de métier.[407] Les Juifs prétendaient être exempts de ces durs devoirs[408] et ils s'ajoutèrent des enfants en bas âge. Il y eut contre ces déserteurs de leur désespoir, les fugientes obsequia curiarum, une véritable chasse à l'homme, les décrets de poursuite se succédant.[409] Carthage, la « très splendide », en arriva à ne plus avoir, sous les fils de Constantin, un vrai sénat.[410] En tout cas on ne pouvait pas abandonner cette triste mission sans avoir mis au clair les affaires et avoir trouvé un remplaçant.[411] Car c'était un devoir de patriote, inéluctable, necessarium patriae ministerium.[412] Dans les Gaules il fallait quinze ans de« service patriotique ».[413]

Toute une classe condamnée à des honneurs ruineux fut formée ainsi, et Théodose avec ses collègues pouvait en parler de cette façon : « le décurion n'a pas le droit de changer par son choix ou son ambition la condition qu'il a eue de naissance ».[414] Le mari même de la fille d'un curiale perdant sa femme, n'échappe pas à ses devoirs.[415]

Cependant l'œuvre de désertion continua. Justinien aussi s'en plaint : on évite le mariage pour ne pas laisser à des enfants ce triste sort.[416] On cherche à faire passer sa fortune à n'importe qui. L'empereur décidera que, faute d'enfants, les trois quarts reviendront au fisc.[417] Les bâtards sont admis à l'héritage s'ils en prennent les charges aussi.[418] Tout un réseau de prescriptions tend à assurer au fisc cette garantie précieuse Les Juifs et les hérétiques ne sont pas exempts de cette servitude, dont cependant ils n'auront pas les honneurs.[419] Contre la fiscalité excessive et contre les abus que l'autorité impériale ne peut pas arrêter, les colons se cherchent un appui chez les honoratiores : on le voit en Egypte aussitôt après Constantin.[420] Des vici entiers recourent à ce moyen.[421] Déjà on voyait, en Italie et à Rome, les parents vendre leurs fils, et le fisc s'offrait à les soutenir.[422] Il y avait en Campanie d'immenses déserts.[423] On défendait aux bergers d'avoir des armes pour empêcher le brigandage, fréquent.[424]Cependant les patrocinia s'accumulent.

Avec un soin particulier on veille à l'entretien des routes.

« Personne n'est exempté de leur conservation ».[425] On pense avec gratitude aux« grands princes » auxquels elles sont dues.[426] Des postes, cursus publicorum equorum, relient les différentes provinces.[427]

Mais les nations restent encore très distinctes par les noms de leurs membres et par leurs langues. On voit un Zozarius, Mœse (ex Mysis oriundus), qui se plaint de poursuites illégales à son égard.[428]

 

 

 



[1] « Et nos quidem Aeneadae ab illo vocamur » ; Novelles, coll. V, tit. II, XLVII.

[2] Novelles, coll. IV, tit. IX, XXX : « Charissimo nobis Caesare qui summo orbis terrarum arbitrio, quod nos obtinemus, bonum dedit principium ».

[3] Novelles, coll. IV, tit. VII, XXVIII.

[4] Novelles, col. VIII, tit. VI, n° CV.

[5] Novelles, II, I, VIL Il est question aussi d'Anastase piae memoriae.

[6] Novelles, coll. IV, tit. I, XXII : « in Leonem piae memoriae pervenit, virum fortiter atque viriliter etiam de istis plerumque sancientem

[7] « Qui pietate atque sapientia omnes quot unquam imperarunt superavit » ; Novelles, coll. IX, tit. XXII, nov. CXL.

[8] « Bessica ortus progenie » ; Jordanès, Rom.

[9] Voy. Jacques Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l'Empire romain,Paris 1918.

[10] Malalas.

[11] Jean d'Antioche, loc. cit., VI. Cf. Malalas.

[12] Πολλάς πόλεις καχώραςτς 'Ρωμανίας ; ibid.% p. 412. On voit ici le nouveau sens, pareil à celui de la Roumélie ottomane, de ce terme. L'autre se rencontre lorsque le chroniqueur syrien dit qu'Anastase éleva des constructions εςκάστηνπόλιντς 'Ρωμανίας.

[13]Malalas (p. 405) parle de « Goths, Huns et Scythes ».

[14]Aussi le passage de Zacharie de Mitylène, VII, 13, cité aussi par Bury, History,1923, I, p. 448, note I.

[15]Malalas, p. 410.

[16]Un Jean le Scythe sous Zénon, Jean d'Antioche, loc. cit., IV, p. 620.

[17]Cf. D. A. Ménager, dans les Échosd'Orient, 1921, p. 330 et suiv., et J. Thibaud, ibid., pp. 447-449.

[18]« Romano imperio daret veluti principium » ; Novelles, coll.IV, tit. iii, xxiv.

[19]Cependant un ancien secrétaire, chez les Isauriens, s’appelle Candide (Agathias).

[20] Ménandre.

[21] Novelles de Justinien, coll. IX, tit. XXIX, CXLVI.

[22] Procope, Bell. Goth., éd. De Bonn.

[23] Voy. Paul Koch, Die byzantinischen Beamtentitel von 300 bis 700,thèse de Jena, 1903.

[24] Cf. Lécrivain, Le Sénat romain depuis Dioclétien,Paris, 1858 ; D. Ellissen, Der Senat im oströmischen Reiche,Göttingen 1889. Pour le silentium des convocations Gelzer, Kultur. Les définitions des termes latins montrent combien peu on les entendait.

[25] Novelles, coll. IV, tit. IV, XXV.

[26]Ibid. Chap. IV.

[27]Ibid. Nov. XXVII.

[28]Ibid.XXX.

[29] Voyez le passage de Damascius cité par Seek, Geschichte des Untergangs der antiken Welt,VI, Stuttgart 1921. Comme du reste Majorien, l'ami de Genséric, Malalas.

[30] Cf. aussi Marcellinus Comes, dans Mommsen, Chronica Minora,etMalchus.

[31]Loc. cit. : « Hesperium romaine gentis imperium, quod septingentesimo nono urbis conditae anno primus Augustorum Octavianus Augustus tenere cœpit, cum hoc Augustulo periit..., Gothorum dehinc regibus Komam tenentibus ».

[32] Mouchmov, dans le Byzantion, VI.

[33] Ménandre.

[34] Il épouse Leontia, fille de l'empereur Léon ; Malalas.

[35]Ibid.

[36]Ibid.

[37]Ibid.

[38]Cod. Theod.,IX, XVII, II, III, IV, V. Sur la violation des tombes Valentiniani Novellae,I, V.

[39] « Signis barbaris scelerata factione facultatem depraedationis in Roma nos dederit, vel siquis alio modo factum diviserit, vivus amburatur » ; Cod.Theod.,VII, I, I.

[40] Cf. Ernest Lévy, dans la Revue historique du droit français, 1928.

[41] Préface aux Novelles. Cf. les observations de M. Stein, op. cit.

[42] « Multabuntur judices qui rescripta contempserint aut distulerint » ; titre I.

[43] Titre III.

[44] Titre VI.

[45] Titre IV. On voit, sous le premier Théodose, l'effort de trouver la chose ancienne, de la mettre d'accord avec l'époque. On va jusqu'à accepter le principe de la majorité (ibid.)ou bien l'autorité des commentateurs. En cas de doute, il faut bien se résigner à l'opinion du juge, moderatio judicantis.

[46] Paul Collinet, Etudes historiques sur le droit de Justinien,Paris 1912, 2 vol. ; L'école de droit de Beyrouth ; Alivisatos, Die kirchliche Gesetzgebung des Kaisers Justinian,I, 1913 ; Mitteis, Reichsrecht und Volksrecht in den östlichen Provinzen des römischen Kaiserreiches,1891 ; Monnier, Études de droit byzantin,dans la Nouvelle Revue historique de droit, XVI. Exposition plus récente dans Bury, II (1923).

[47] Éd. Krüger, Berlin, 1875-1877 ; pour les Digestes, celle de Mommsen, Berlin, 1868-1870.

[48] Théodoric avait dû prendre des mesures contre les juges qui se laissaient empêtrer par le chaos des anciennes lois ; il les aurait mis à mort ; Malalas.

[49] « Omnes veto populi legibus tam a nobis promulgatis quam compositis regentur. »

[50] Voy. Monnier, dans la Nouvelle revue de droit français et étranger, XIX ; P. Collinet, Études historiques sur le droit de Justinien,I ; Influence de l'enseignement de Beyrouth,dans le Byzantion, III.

[51] Novelles, coll. III, tit. VIII, XXI.

[52] Novelles, coll. IX, tit. XXXVI, nov. CLIII.

[53]Ibid.

[54]Ibid.

[55] Bury, History,1923, I, observe que les juges avaient assez de latitude pour pouvoir tenir compte des réalités invincibles.

[56] Agathias.

[57] Voy. Ludwig Hahn, Zum Sprachkampf im römischen Reich bis aus die Zeit Justinians,dans le Philologus, vol. supplém., X (1907) (extrait, Leipzig 1908). Cf. Cumont, Pourquoi le latin fut la seule langue liturgique de l'Occident,dans les Mélanges Frédéric, Bruxelles 1904 ; L.Hahn, Zum Gebrauch der lateinischen Sprache in Konstantinopel,dans la Festgabe pour Martin von Schanz, Würzburg 1912 ; Arthur Stein, Zur Geschichte und Venvaltung Ägyptens ; Ch. Smiley, Latinitas and ellhnismoz, dissertation de Maddisori, 1908. — Sur le latin des monnaies, Sabatier, Description générale des monnaies byzantines,I-II, Paris 1862 ; Maurice, Numismatique constantinienne,II ; Stein, op. cit.

[58] Hesseling, Essai (des dialogues gréco-latins).

[59] Stein, op. cit.

[60] Zachariae von Lingenthal en cherche l'explication dans le fait que Jean de Cappadoce, préfet du prétoire, ne savait pas le latin (Bury, History,I, 1923, p. 399, note 4). Il est difficile de l'admettre.

[61] Gougny, Anthologia palatina,Paris 1890 ; J. Gottwald, dans les Échos d’Orient, X. Pour le latin dans l'école de Constantinople voy. l'ouvrage de Fuchs, dans le Byzantinisches Archiv, n° 4.

[62] En général, Puech, Histoire de la littérature grecque chrétienne,Paris 1930, 3 vol. Après les vieux ouvrages de Fialon (Étude littéraire sur St. Basile,Paris 1861), de Varron (St. Basile le Grand)et de P. Allard (Saint Basile),voy. J. Rivière, St. Basile, évêque de Césarée,Paris 1925, et Margaret Murphy, St. Basil and monasticism,Washington, 1930.

[63] Dunders, Der heilige Kirchenlehrer Gregor von Nazianz, als Homilist,Münsterwerth 1909 ; Guignet, Les procédés épistolaires de St. Grégoire de Nazianze ; St. Grégoire de Nazianze et la rhétorique,Paris 1911 ; C. Ullmann, Gregorius von Nazianz der Theologe,Darmstadt 1825 ; Conrotte, Isocrate et St. Grégoire de Nazianze,dans le Musée Belge, I. Toute une bibliographie polonaise récente : les ouvrages de M. Jan Sajdak : De Gregorio Nazianzeno, pœtarum christianorum fonte,Cracovie 1917 (extrait de l'Archivum filologiczne de l'Académie de Cracovie, 1917) ; rapports avec Maxime le Cynique, dans l'Eos, XV : Historia critica scholiastarum et commentatorum Gregorii Nazianzeni,Cracovie 1912 (le vol. II avec M. Thaddée Simko) ; Simko, Studia Nazianzenica,I,Cracovie 1906 ; De Cypriano martyre a S. Gr. Naz. laudato,Cracovie 1916 ; Przychocki, De Greg. Naz. epistulis,Cracovie 1912 ; De Greg. Naz. orationibus funebribus,Strasbourg, 1907 ; Dziech, DeGreg. Naz. diatribe quae dicitur Alumno lucubratione,Poznan 1925. Cf. René Pichon, Lactance, étude sur le mouvement philosophique et religieux sous le règne de Constantin,Paris 1901 ; Max Pohlenz, Philosophische Nachklânge in altchristlichen Predigten,dans la Zeitschrift für. wiss. Theologie, XLVIII ; Eug. Dubedout, De d. Gregorii Nazianzeni carminibus,thèse de Paris, 1901. Cf. Maas, Frühbyzantinische Kirchenpœsie, 1, Anonyme Hymnen des V-VI. Jahrhunderts,Bonn 1910.

[64] Migne, P. G.,XXXV, c. 641.

[65] Salaville, dans les Échos d'Orient, 1931.

[66] Cf. aussi Simos Ménandros, dans les Mélanges Hatzidaki (Athènes 1921).

[67] Voy. Marinus, Vita Procli,éd. Fabricius, Bibliotheca graeca,IX.

[68] Sur le rôle d'Eustathe de Sébasteia à côté de Basile, Baynes, op. cit.

[69]Eudociae augustae carminum reliquiae,éd. Arthur Ludwich, 1893 ; Eudoclae Augustae, Procli Lycii, Claudiani carminum graecorum reliquiae Eudociae augustae carminum reliquiae Eudoclae Augustae, Procli Lycii, Claudiani carminum graecorum reliquiae ;accedunt Blemyomachiae reliquiae,éd. du même, Leipzig 1397 ; le même, dans le Rheinisches Museum für Philologie, N. F., 1882 ; Berliner philologische Wochenschrift, XIII (1893) ; Dräseke, dans la Wochenschrift für klassische Philologie, X (1893) ; Byz. Zeitschrift, IV. Cf. G. Konstantinidis, Istopia ..., 2e éd., Athènes 1894.

[70] Fritz Schemrnel, De studiis liberalibus Romae et Constantinopoli, Programm (cf. L.Hahn, Über das Verhältnis von Staat und Schule in der römischen Kaiserzeit,dans le Philologus, LXXVI (1920) ; Die Hochschule von Konstantinopel im IV. Jahrhundert,dans les Neue Jahrbücher, XII2 (1908) ; vom V-IX. Jahrh.,dans le Programm du Gymnase Wilhelm de Berlin, 1912 ; vom IX-XI. Jahrh.,dans la Philologische Wochenschrift, XLIII (1923) ; vom XII-XV. Jahr., ibid.,XLV (1925) ; F. Fuchs, Die höheren Schulen von Konstantinopel im Mittelalter,dans le Byzantinisches Archiv, 8, Leipzig 1926 ; Bréhier, Notessur l'enseignement supérieur à Constantinople,dans le Byzantion, IV ; Ouspenski, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, VI (1897) ; Chrysostome Papadopoulos, Istoricai meletai,Jérusalem 1906. Cf Bury, History,1923, I.

[71] Fritz Schemmel, loc. cit. ; Franz Xaver Bauer, Proklos von Konstantinopel,Munich 1919.

[72] Voy. Asmus, dans la Byz. Zeitschrift, IX (bibliographie, p. 85, note 1) ; cf. Seeck, dans le Philologus, LI (1893).

[73] Valdenberg, dans le Byzantion, I ; cf. le même, Philosophie byzantine au IVe-Ve siècle, ibid.,IV.

[74]Prisciani grammatici laudes sapientissimi imperatoris Anastasii,éd. de Bonn.

[75]Procopii oratoris urbis Gazae Panegyricus in imperatorem Anastasium,éd. de Bonn. Voy. Byz. Zeitschrift, VIII, p, 263 et suiv. ; H. Grégoire et Kugener, Vie de Porphyre de Gaza par Marc le diacre,Paris 1930. Cf. Seitz, Die Schule von Gaza,Heidelberg, 1892 ; Krumbacher, Byz. Litt.

[76] Dans son discours contre les Calendes (mort de Stilichon), Migne, P. G.,XL, dans son éloge de l'eunuque Eutropius, ibid.Cf.M. Bauer, Asterios, Bischof von Amaseia (thèse), Würzburg 1911.

[77] Voy. Janin, La Bithynie sous l'Empire byzantin,dans les Échos d'Orient, 1921.

[78] Ed. Verheyk. Cf. Bées, dans les Byz.-neugr. Jahrb., III.

[79] Éd. des Stromateiz, Graz 1909 (en prose). Cf. aussi B. Knüs, Einspätgriechisches Gedicht über die Arbeiten des Herakles,dans la Byz. Zeitschrift, XVII.

[80] Voy. Béès, Byz.-neugr. Jahrb. III ; IV ; Joseph Golega, Studien über die Evangeliendichtung des Nonnos von Panopolis,Breslau 1930.

[81] Éd. de Boissonnade, 1846, de Richard Fœrster (Choricii Gazaei Opera,Leipzig 1929). Le même a édité deux « déclamations », ce genre à la mode alors, dn même (Achilleus und Polyxenes, zwei Deklamationen des Choricius.Leipzig 1882), deux autres sur les Brumalia et les jeux (Duae Choricii in Brumalia Justiniani et de ludis orationes,dans l'Index lectionum de Breslau, 1891-1892-1893 ; il a édité aussi son discours sur Miltiade, 1893). Voy. Curtius Kirsten, Quaestiones choricianae,Breslau 1894. M. Förster a repris son étude dans le Philologus, LIV (1895). Cf. Heerwerder, dans la Mnemosyne, N. S., 1895. Aussi le Byzantion, V, et une notice de Bernardakis, Trieste, 1895.

[82] Malalas.

[83] Asmus, dans la Byz. Zeitschrift, XXII, 1913 ; A. Delatte et P. Stroobant, L'Horoscope de Pamprépios,dans le Bulletin de l'Académie belge, 1923 ; Gerstinger, Pamprépios von Panopolis,Vienne-Leipzig 1928, et Horna, dans les Comptes rendus de l'Académie de Vienne, 1929, et surtout H. Grégoire, dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé(Au camp d'un Wallenstein byzantin : La vie et les vers de Pamprépios, aventurier païen).Il y a aussi un poète Cyrus de la même Panopolis. Voy. Bury, History,1923, I.

[84]Eudociae Augustae,etc., édition déjà citée.

[85] Voy. Hugo Koch, Pseudo-Dionysius Areopagita in seinen Beziehungen zum Neuplatonismus und Mysterienwesen,Mayence 1900.

[86]Valdenberg, La philosophie byzantine aux IVe-Ve siècles, dans le « Byzantion », IV, p. 237 et suiv.

[87]Voy., sur la lutte entre les deux religions plutôt comme états d'âme que comme croyances rivales, H. Kellner, Hellenismus und Christenthum, Cologne 1866 ; Gehrke, Vorstufen christlicher Weltanschauung im Altertum, Rudolfstadt, 1887 ; P. Wendland, Christentum und Hellenismus in ihren litterarischen Beziehungen, dans les „Neue Jahrbücher für das klassiche Altertum“, Geschichte und Pädagogie, IX (1902) ; Pfleiderer, Vorbereitung des Christentums in der griechischen Philosophie, Tubingue, 1906 ; C. F. G. Heinrici, Hellenismus und Christentum, Berlin 1909 ; A. Bauer, Vom Griechentum zum Christentum, Leipzig 1910 ; J. Geffcken, Das Christentum im Kampf und Ausgleich mit der griechisch-römischen Welt, 3e éd., Leipzig-Berlin, 1920 ; F. Otto Walter, Der Geist der Antike und die christliche Welt, Bonn 1923 ; Geffcken, Der Ausgang des griechisch-römischen Heidentums, Heidelberg 1929. Cf. la nouvelle édition du grand ouvrage de Otto Seeck, Untergang des Heidentums (on a oublié le vieux livre français de Chastel, Histoire de la destruction du paganisme en Orient, Paris 1850). Voy. aussi Basile Cattai, L’hellénisme dans la première constitution de l’Eglise gréco-melkite, Rome 1920 ; même A. Tougard, L'hellénisme dans les écrivains du moyen-âge, Rouen 1886.

[88] „Einer gluhenden semitischen Phantasie“ ; Gelzer, Byz. Kultur, p. 101.

[89] E. E. Bouchier, A short history of Antioch, 300 B. C.-A. D. 1268,Londres 1921 ; Albert Harfent, Les écoles d'Antioche, essai sur le savoir au IVe siècle après J.-C.,Paris 1898.

[90] Probst, Liturgie des IV. Jahrhunderts.

[91] Baumstark, Vorjustinianische kirchliche Bauten in Edessa,dans l'Oriens christianus, IV (1904).

[92] Gelzer, op. cit.

[93] Wulff, Altchristliche und byzantinische Kunst,5.

[94] Émereau, Ephraïm le Syrien et son œuvre littéraire grecque,Paris (1928) ; le même, dans les Échos d'Orient, XIX.

[95] Bréhier, Les colonies d'Orientaux en Occident au commencement du Moyen-Âge, Ve-VIIIe siècle,dans la Byz. Zeitschrift, XII.

[96] Sur le canal refait par Darius, qui le mettait en contact avec l'Extrême Orient asiatique, Gelzer, op. cit.

[97] Bury, History,1923, I.

[98] Stein, op. cit. Sur l'administration byzantine, la seconde édition du beau livre de Mlle Germaine Rouillard, L'administration civile de l'Egypte byzantine,Paris 1928, et Stein, dans le Gnomon, VI (1930).

[99] Voy. Baynes, Alexandria and Constantinople : a study in ecclesiastical diplomacy,dans le Journal of Egyptian archaeology, XII (1926) ; Hïstory. Plus récemment Diehl, dans Gabriel Hanotaux, Histoirede la nation égyptienne,III, Paris [1933].

[100] Voyez plus haut.

[101] Montelatici, op. cit.

[102] Süsemihl, Geschichte der griechischen Litteratur in der Alexandrinerzeit,I, Leipzig 1891. Cf. Hermann Diels, Die Entdeckung des Alkohols,dans les Mémoires de l'Académie de Berlin, 1913 : “Das Technikengriechisch, das uns in den chemischen Papyri entgegentritt, hat in seiner äusserst vulgären Orthographie, Wortwahl und Stilisierung schon ganz das Aussehen des Byzantinischen”.

[103] Hesseling, De Koine en de oude dialekten van Griekenland,dans les Mémoires de l'Académie d'Amsterdam, 1906. M. Hesseling l'admet comme existante et opérante au IXe siècle.

[104]Novelles,coll. IV, tit. II, XLVII.

[105]Ibid.Des termes grecs dans les lois : l’apaedia ; ibid.,coll. V, tit. XXII, LXVII.

[106] Novelles de Justinien, coll. IX, tit., III nov. CXX.

[107]Cod. Theod.,XIV, IX, II.

[108]Theodosii Novellae,XXXVI.

[109]Cod. Theod.,VII, VI, III. On dit aussi Musia, Hisauria.

[110] Novelles de Justinien, coll. IV, tit. VII, XXVII.

[111]Ibid.Il est question une fois des inquisiteurs - ereunades ; ibid.,coll. VI, tit. IX, LXXX.

[112] Voy. aussi Bury, History,1923, I.

[113] Procope, loc. cit. ; Bell, vand. Cf. Agathias. Il parle aussi des « Hellénogalates » ; ibid. ; Ménandre : Tarascodissa le Rousoumbladéote. Cf. le Trascalissée de Théophane, et Byz. Zeitschrift, VIII.

[114]De bello gothko,éd. de Bonn, III ; éd. Haury, VIII.

[115] Agathias.

[116]De donatianibus.

[117] Titre de nuptiis.

[118] Novelles de Justinien, coll. III, tit. VII, nov. XII.

[119]Ibid..coll. III, tit. VII, XVII : secundum locorum qualitatem.

[120] « Non paterna voce legem conscripsimus, sed hac communi et graeca, ut omnibus sit nota propter facilem interpretationem. »

[121] Gelzer, dans la Byz. Zeitschrift, III. Cf. Diehl, dans le Bull. de corr. hellénique, XVII (1893).

[122] Gelzer, loc. cit. Procope croit devoir noter qu'il y a des Romaia à Salone (Bell. Goth.,éd. de Bonn, I).

[123]Cod. Theod.,VI, XX, I.

[124] Agathias.

[125] Gärdthausen, dans les Byz. Neugr. Jahrbücher, VIII.

[126] Je retrouve cette opinion dans l'Essai de M. Hesseling : « La réalité grecque qu'aucune politique n'avait réussi à créer en réunissant les tribus grecques se trouve constituée par l'Église ». Cf. Brunet de Presle, La Grèce depuis la conquête romaine,Paris 1860.

[127] Pour ses sources, G. Schoo, Die Quellen des Kirchenhistorikers-Sozomenus,Berlin 1911 ; aussi Byz. Zeitschrift, VII. Cf. iid.,XVIII.

[128] Ed. Bidex, Philostorgus, Kirchengeschichte,Leipzig, 1913. Cf. Viz. Vremennik, XXI ; Asmus, dans la Byz. Zeitschrift, IV ; cf. ibid.,VIII.

[129] Sur son époque aussi F. M. Flasch, Constantin der Grosse,Würzburg 1891 ; A. de Waal, Konstantin der Grosse und seine Zeit, Gesammelte Studien,éd. par Franz-Joseph Dölger, Fribourg i. Br., 1913.

[130] On emploie aujourd'hui, à côté de l'édition de E. Schwartz, celle de Ivan A. Heikel, Leipzig 1902. Cf., parmi les dernières études le concernant, Heinrich Dœrgens, Eusebius von Cäsarea als Darsteller der phönizischen Religion,Paderborn, 1915. En général sur les historiens de l'Eglise, L. Jeep, Quellenuntersuchungen zu den griechischen Kirchenhistorikern,dans les Jahrbücher für classische Philologie, XIV, Süpplementband,1884-5, et F. C. Baur, Die Epochen der Kirchlichen Geschichtschreibung,1852. Un jugement sur la Vie de Constantin, ouvrage tendancieux, populaire et naïf, par Victor Schulze, dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, XIV. Sur Eusèbe de Nicomédie, Adolf Lichtenstem, Eusebius von Nikomedien,Halle a. S., 1903 (écrivain arien du IVe siècle).

[131]Cf. Byz. Zeitschrift, II. Voy. K. Günther, Théodoret von Cyrus und die Kämpfe in der orientalischen Kirche.

[132] Après l'édition Migne, P. Gr.,86, celle de Bidez et Parmentier, Londres 1898. Cf. Krumbacher, Byz. Litt.

[133] Tchernoousov, dans la Byz. Zeitschrift, XVII.

[134] En dehors de l'éd. de Bonn, celle de Müller, Fragmenta historicorum graecorum,IV ; L. Dindorf, Historici graeci minores,1. Cf. Krumbacher, Byz. Litt.

[135] Voy. H. Grégoire, dans le Byzantion, VII.

[136] On trouve certains de ces écrits dans Migne, P.Gr.,vol. 67, 83, Pour Socrate, éd. R. Hussey (Oxford 1853) ; pour Sozomène, éd. du même (Oxford 1860). Pour Théodoret, éd. Léon Parmentier, Leipzig 1911.

[137] Cf. Holzhauser, Commentatio de fontibus quibus Socrates, Sozomenus ac Theodoretus usi sunt,Gottingen 1825 ; A Güldenpenning, Die Kirchengesch. des Theodoret von Kyrrhos,Halle 1889 ; G. Lœschke, Der Syntagma des Gelasius Cyzicenus,dans le Rheinisches Museum, N. F., CX (1905) ; L. Jeep, Quellenuntersuchungen zu den griechischen Kirchenhistorikern,dans les Jahrbücher für klassiche Philologie, XIV (1884-1885), Supplementband ; F. Geppert, Die Quellen des Kirchenhistorikers Socrates Scholasticus,dans les Studien zur Geschichte der Theologie und der Kirche, III1, Leipzig 1898.

[138] Le texte dans Migne, P.Gr.,85, et dans l'édition de Mme Margret Heinemann, d'après les papiers de Gerhard Lœschke (Gelasius Kirchengeschichte,Leipzig 1918). Cf. Haase, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, I. Cf.Ceriani, Monumenta sacra et projana,Milan 1861, I. Voy. E. J. Kimmel, De Rufino, Eusebii interprete, Vibri duo,Géra 1838 ; Glas, Die Kirchengeschichte des Gelasius von Kaisareia,Leipzig 1914.

[139] A. Sigalas, Des Chrysippos von Jérusalem Enkomion auf den hl. Theodoros Teron,dans le Byzantinisches Archiv, Leipzig 1921.

[140] S. Vailhé, dans les Échos d’Orient, III.

[141] Sa biographie par le père Jugie, dans les Échos d’Orient, 1922, et dans Bury, History,I, 1923.

[142] Vie par Léon, VI, Migne, P. Gr.,c. 228 et suiv.

[143]Opera,éd. H. Sarilius, Eton, 1612 ; S. Johannis Chrysostomi opera selecta, emendavit Fr. Dùbner,Paris 1861. Cf. abbé J. Marchai, St. Jean Chrysostome,Paris 1898 ; Aimé Puech, St. Jean Chrysostome,Paris 1891, 1899, 1905 ; Chrysostome Baiser, Jean Chrysostome et ses œuvres dans l'histoire littéraire,Louvain-Paris 1907 (en allemand, Munich 1929, 2 vol.) ; A. Naegeles, Johannes Chrysostomus und sein Verhältnis zum Hellenismus,dans la Byz. Zeitschrift, XIII ; Elser, dans la Theologische Quartalschrift, LXXVI ; Pargoire, dans les Échos d’Orient, III ; Hülster, Die pädagogischen Grundsätze des hl. Johannes Chrysostomus,dans la revue Theologie und Glauben, III (1911) ; L. Ackermann, DieBeredsamkeit des hl. Johannes Chrysostomus,Wiirzburg 1889 ; P. H. Degen, Die Tropen der Vergleichung bei Johannes Chrysostomus,Olten 1921 ; Sawhill, The use of athletic metaphors in the biblical homélies of S. John Chrysostom,Princeton 1928 ; Amneringen, The stylistic influence of the second sophistic in the Panegyrical Sermons of St. John Chrysostom,Washington 1921 ; Mary Albania Burnes, St. John Chrysostom's homilies on the statues,Washington 1930 ; Studi e richerche intorno a S. Giovanni Crisostomo a cura del comitato per il XVcentenario della sua morte,Rome, I-III, 1903-1908.

[144] Ses œuvres dans Migne, P. Gr.,65. Cf.Franz Xavier Bauer, Proclos von Konstantinopel, Ein Beitrag zur Kirchen und Dogmengeschichte des 5. Jahr.,Munich 1919.

[145] Bauer, op. cit., d'après Norden, Antike Kunstprosa, p.855.

[146] Bauer, op. cit.

[147] Karl Morgenstern, Über das Studium der byzantinischen Geschichtschreiber,dans les Mémoires présentés à l'Académie de St.-Pétersbourg, IV (1845).

[148] Sur sa biographie, outre Krumbacher, Byz. Litt.,Haury, dans la Byz. Zeitschrift, XIV ; sur ses idées politiques, Valdenberg, dans le Byzantion, II.

[149] Voy. Praechter, dans la Byz. Zeitschrift, XV.

[150] Graebner, dans la Byz. Zeitschrift, XIV.

[151] Monnier, dans la Nouvelle Revue historique de droit, 1895, 1900. Sur la généralité de ces écrivains, voyez Michel Krachéninikov, Varia,dans le Journal du Ministère de l'Instruction russe, mai 1913.

[152] Éd. de Dindorf, dans la collection de Bonn. Cf. Adolf Bauer, dans la Festschrift pour Otto Hirschfeld, Berlin 1909 ; Gelzer, Sextus Julius Africanus und die byzantinische Chronographie,Leipzig 1898.

[153] Photius, Bibl,79,et Suidas ; Stemplinger, dans le Philologus, 1904 ; Beneševic, dans le Byzantion, I, p. 159, note 4.

[154] Gerstinger, Diegriechische Buchmalerei.

[155]Ibid.

[156] « Latina aut graeca vel qualibet alia lingua stipulatio concipiatur » ; III.

[157]Ibid.

[158] Novelles de Justinien, coll. IX, tit. XXIX, CXLVI.

[159] Mommsen, Das römische Militärwesen seit Diocletian,dans le Hermès, XXIV (1889) ; Grosse, Römische Militärgeschichte von Gallienus bis zum Beginn der byzantinischen Themenverfassung (1920) (il y résume aussi ses travaux antérieurs dans la Byz. Zeitschrift, XXII, et dans la Klio, XV). Pour le seul VIe siècle, F. Aussaresses, L'armée byzantine à la fin du VIe siècle d'après le Stratégikon de l'empereur Maurice,Bordeaux-Paris 1909 (cf. Véri, dans la Byz. Zeitschrift, XIX). Pour la flotte, Neumann, Diebyzantinische Marine,dans la Historische Zeitschrift, XLV (1898) ; Bury, dans le Centenario Amari, II.

[160] Novelles, coll. IX, tit. XXXI, CXLVIII.

[161]Majoriani Novellae,II, IV. Bury signale aussi la mesure que Majorien prit pour empêcher la destruction du caractère historique de Rome ; History,1923, I, p. 332, note 3.

[162]AugusteConstantine, dii te nobis servant : vestra salus, nostra salus, vere dicimus, jurati dicimus ; Cod. Theod.,VII, XX, II.

[163]Theodosii Novellae,XLIII ; cf. Cod. Theod.,VII, XIV, I, Sur le limes mysiacus et le limes scythicus,qui, in latius diffusiusque porrigitur, et : la distinction entre judiciariae et agrarienses, ibid.,XVII. I.

[164]Spurea amputatio digitum ; Cod. Theod.,VII, XIII. X.

[165]Ibid,,VII, XX, XII

[166] Ebersolt, Mission archéologique à Constantinople. Aussi, avec d'autres fédérés, dans la publication du Syllogue de Constantinople. XVI (1881-1882). Cf. Theodosii Novellae,XXXI.

[167]Cod. Theod.,XIV, X, II, III, IV.

[168] Novelles de Justinien, coll. IV, tit. I, XXII.

[169]Ibid.,coll. VIII, tit. XVI. CXVI.

[170]Bell. Goth.,éd. de Bonn

[171] On leur accorde le pardon.

[172]Ibid. ; éd. Haury, V, 18, 6.

[173] Nous reviendrons plus tard sur cette offre.

[174]Ibid., Il offre son alliance à Justinien ; ibid. Cf. III.

[175] Procope, Bell. Goth.,éd. de Bonn (nous continuons à citer cette édition, plus répandue, sur laquelle ont été prises nos notes, recourant aussi à celle de Haury seulement où il y a des différences), I.

[176] Procope parle aussi des Graikoi d'Afrique, Bell. Vand.

[177] Le Massagète Boulgouclou à côté du Thrace Oulimouth ; ibid.,II. On lit le Thrace Koulila. Donc : Thrace=Goth.

[178] Ils s'entendent à travailler la pierre.

[179]Bell. Vand.

[180] Voyez aussi De l'hellénisme au byzantinisme, essai de démarcation,dans les Échos d'Orient, 1931.

[181] Seeck, dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, XVIII (1897) ; J. M. Pfättisch, Die Rede Konstantins des Grossen an die Versammlung der Heiligen,dans la Byz. Zeitschrift, XVII. Cf. Gasquet, L'autorité impériale en matière religieuse à Byzance,Paris 1879 ; Broglie, L'Église et l'Empire romain au IVe siècle ; Gelzer, Das Verhältniss von Staat und Kirche in Byzanz,dans les Ausgewählte Kleine Schriften,Leipzig 1907 ; Sesan, Kirche und Staat im römischen Reiche,I. Die Religionspolitik der christlichen römischen Kaiser von Konstantin dem Grossen bis Theodosius dem Grossen,Cernàuti 1911 (déjà citée) ; E. Schwartz, Kaiser Konstantin und die christliche Kirche, fünf Vorträge,Berlin-Leipzig 1913 ; Batiffol, La paix constantinienne et le catholicisme,Paris 1914.

[182] Hugo Koch, Konstantin der Grosse und das Christentum,Munich 1913.

[183] Cf. aussi Delmas, dans les Échos d'Orient, III.

[184] A. Athanasiadès, Die Begründung des orthodoxen Staates durch Kaiser Theodosius den Grossen,Leipzig 1902. Cf. Gasquet, De l'autorité impériale en matière religieuse à Byzance,Paris 1879. Sur l'immunité qu'il accorde, un ouvrage en russe de P. A. Iakovenko, Iouriev 1908.

[185] Cf. Brightman, Byzantine impérial coronations,dans le Journal of theological studies, II (1901) ; Loparev, dans le Sbomik Kobéko,1913.

[186] Priscus, fragment 15.

[187]Mansi, Concilia, VII, p. 177 ; cité d'abord par Bury, History, 1923, p. 12, note 3.

[188]Jugie, dans les Échos d'Orient, 1921, pp. 113-115.

[189]C'est aussi l'opinion de M. Henri Munier, dans le Précis de l'histoire de l'Egypte par divers historiens et archéologues, II, Paris 1932, p. 22. Cf. Tournebize, L'Église grecque orientale et l'union, I, Paris 1906, p. 4 : « Nombre d'Égyptiens et de Syriens s'attachèrent d'autant plus volontiers au parti de leurs patriarches qu'ils éprouvaient contre les Grecs, outre les préjugés si ordinaires entre races différentes, l’animosité et la haine qu'excitent si aisément chez les vaincus leurs dominateurs ». Cf. les intéressantes considérations de M. Diehl, dans Hanotaux, Histoire de la nation égyptienne, III, p. 414 et suiv.

[190]Voy. Échos d'Orient, II, p. 216 et suiv. ; XV, pp. 109 et suiv., 193 et suiv. (Vailhé).

[191]Zeiller, dans le Byzantion, ni, p. 215 et suiv. Cf. N. Cotlarciuc, Die Besetzungsweise des Patriarchatstubles von Konstantinopel, dans « Archiv fur katholiches Kirchenrecht », LXXXIV (1903), pp. 3 40, 226-254 ; Vailhé, Origines de l’Église de Constantinople, dans les Échos d'Orient, X, p. 287 et suiv. ; Le titre de Patriarche œcuménique avant St. Grégoire le Grand, ibid., XI, p. 65 et suiv. ; St. Grégoire le Grand et le titre de Patriarche œcuménique, ibid., p. 161 et suiv. ; R. Janin, La formation du Patriarcat œcuménique de Constantinople, ibid., XII, pp. 135 et suiv., 213 et suiv.

[192]Bury, History, 1923, I, p. 351.

[193]Voy., d'après le « Marché de Héraclide » (IIpcrftiaTsfa 'HpaxXeiÔou) de Nestorius, Bethune-Baker, Nestorius and his teaching, Halle 1905, et surtout Loofs, Nestoriana, Cambridge 1908.

[194] Voyez sur le concile d'Ephèse Échos d'Orient, 1931. Dévriesse. (Grumel). Cf., sur la part des Asiatiques, Dvornik, dans les Byzantino-slavica, II ; sur celle des moines d'Egypte, Munier, loc. cit. (bibliographie, ibid.), surtout d'après l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie,déjà citée, de J. Maspero. Cf. Butcher, The history of the Church of Egypt,Londres, 1897, 2 vol.

[195] Voyez B. K. Stéphanidès.

[196] Voyez F. Haase, Patriarch Dioscor I. von Alexandrien nach monophysitischen Quellen, Breslau 1908. Cf. cependant ces paroles du Pape à Eutychès : “Difficilius integritas sensuum in aliam linguam pari potest serraonis venustate servari.”

[197] Voyez aussi Eduard Schwartz, Die Kaiserin Pidcheria und der Synode von Chalkedon,dans la Festgabe fur Adolf Jülicher, Tubingue 1927.

[198]Vailhé, Formation du Patriarcat de Jérusalem,dans les Echos d'Orient, XIII ; L'érection du Patriarcat de Jérusalem, 451,dans la Revue de l'Orient chrétien, IV (1899). Cf. Couret, La Palestine sous les empereurs grecs,Grenoble 1869.

[199]Voyez Ed. Schwartz, Aus den Akten des Concils von Chalkedon,dans les Abhandlungen de Munich, 1925. Cf. notre Essai de synthèse de l'histoire de l'humanité,1.

[200]Malalas. Il défendit la musique le dimanche.

[201]Plus récemment Salaville, dans les Échos d'Orient, XIX.

[202]Güterbeck, dans la Festgabe pour J. T. Schirmer, Königsberg 1900.

[203]Erich Marten, De bello persico ab Anastasio gesto,thèse, Leipzig 1905.

[204]Arsakter Mikellian, Die armenische Kirche in ihren Beziehungen zur Byzantinischen vom 4-13. Jahrhundert,Iena 1892 ; Gelzer, dans les Berichte der königlichen sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften, 1895 ; P. Pascal Aldoutian, Die potitischen Beziehungenzwischen Armenien und Rom von 190. v. Chr. bis 428. n. Chr..1911 ; Norman A. Baynes, Rome and Armenia in the fourth century,dans l'English hist. Review, XXV (1910), octobre.

[205]On nous permettra de citer ces lignes d'une étude sur l'Arménie : La séparation complète d'avec les voisins de l'Ouest et de l'Est, donc l'isolement religieux et national, l'individualisation culturelle des Arméniens se fit au cours du Ve et du VIe siècle... L'Arménie ne pouvait pas reconnaître le synode de Chalcédoine et elle finit par se soumettre, en 482, à l'Hénotikon. Et c'était justement le temps ou les Constantinopolitains quittaient l'habit romain pour préparer la Byzance d'orthodoxie opportuniste, de langue grecque, dont Justinien fut le maître ; Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine,I.

[206]Voyez Échos d'Orient, II, III.

[207]V. Delau, Monastères palestiniens du Ve siècle,dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, 1899. Cf. Vailhé, dans les Échos d'Orient, III.

[208]Aussi J. M. Besse, Les moines d'Orient antérieurs au concile de Chalcédoine, 451,Paris-Poitiers 1900. Cf. L. Petit, dans les Échos d'Orient, IV. Aussi Vailhé, Répertoire alphabétique des monastères de Palestine,dans la Revue de l'Orient latin, 1900.

[209]Vailhé, dans les Échos d'Orient, IX ; Brook et Chabot, Chronica minora, pars secunda,(Corpus scriptoruni christianorum orientalium, Scriptores Syri), Paris 1904.

[210]Félix Haase, dans les Byzantinisch-neugr. Jahrbücher, III. Cf. René Duval, La littérature syriaque,réédition, dans les Anciennes littératures chrétiennes (Bibliothèque de l'enseignement de l'histoire ecclésiastique), Paris 1900. Sur les traductions et les commentaires de la Bible, ibid.

[211]Duval, op. cit. Sur le roman syrien au Ve siècle, ibid. Cf. Nöldeke, Ueber den syrischen Roman von Kaiser Julian,dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, XXVIII (1874). Le roman, écrit à Édesse, contient les histoires de Constantin le Grand et de ses fils, d'Eusèbe, évêque de Rome, et de Jovien ou Jovinien. La tendance contre les Grecs sournois et hypocrites est visible.

[212]Esaïe paraît avoir été l'auteur des pièces publiées dans Migne, P. Gr., XL. Cf. Vaillié, dans les Echos d'Orient, IX.

[213]Sur le caractère de son intronisation, Papadopoulos-Kérameus, Consacration des Patriarches de Constantinople,St.-Pétersbourg, 1896.

[214]L. Duchesne, L'Illyricum ecclésiastique,dans la Byz. Zeitschrift, I ; ], Friedrich, Über die Sammlung der Kirche von Thessalonich und das papstliche Vikariat von Illyricum,dans les Mémoires de l'Académie de Munich, 1891 ; Vailhé, Annexion de l'Illyricurn au Patriarcat œcuménique,dans les Échos d'Orient, XIV. Cf. Harnack, Der Geist der morgenländischen Kirche im Unterschied von der abendländischen,dans les Mémoires de l'Académie de Berlin, 1913. — Théodore le Lecteur donne le titre de Patriarche aussi à l'évêque de Thessalonique ; Migne, P. Gr LXXXVIP, c. 217.

[215]Stein, op. cit. ; le même dans le Rheinisches Museum, LXXIV.

[216]Sur un monastère de Bithynie, Revue biblique, 1899.

[217]Dom J. Besse, Les diverses sortes de moines en Orientavant le concile de Chalcédoine (451), dans la Revue de l'histoire des religions, XL (1899) ; le même, Les règles monastiques orientales antérieures au concile de Chalcédoine,dans la Revue de l'Orient chrétien, IV ; Pargoire, Les débuts du monachisme à Constantinople,dans la Revue des questions historiques, LXV (1899) ; Paulin Ladeuze, Etudes sur le cénobitisme pakhômien pendant le IVe siècle et la première moitié du Ve,Louvain 1898 ; Karl Holl, Enthusiasmus und Bussgewalt beim griechischen Mönchtum,Leipzig 1898 ; N. Souvorov, dans le Viz. Vrémennik, VI ; Schiwitz, Das morgenldndische Mönchtum,I, 1904 ; Grégoire, Sur la date du monastère de Sinaï,dans le Bulletin de corr. hellénique, XXXI (1907) ; Nau, dans la Revue de l'Institut catholique de Paris, 1902, 1-2.

[218]Voyez Eugène Marin, Les moines de Constantinople, 330-898,Paris 1897 ; De Studio, cœnobio constantinopolitano,Paris 1897. Pour ka premiers couvents de femmes sous Théodose II, les Patria,éd. Migne, P. Gr.,CLVII, c. 605.

[219]Pargoire, dans les Échos d'Orient, II.

[220]Le même, dans la Byz. Zeitschrift, 1899, pp. 429-478. Sur le couvent de St. Passation, F. Delmas, dans les Échos d'Orient, III, pp. 162-163. Cf. les mêmes Échos, III, p. 255. Sur le monastère des Spoudées à Constantinople, Pétridès, ibid., IV, p. 225 et suiv.

[221]Pétridès, dans les Échos d'Orient, III, p. 65.

[222]« Deo qui multis per nos gentibus libertatem elargitus est » ; Novelles, coll. IV, tit. VIII, XIX.

[223]Coll. IV, tit. XXIV, XLV.

[224]Malalas, p. 449.

[225]Novelles, coll. III, tit. XIV, I.

[226]Cod. Theod., II, IX. La religion des Juifs reste une superstition ; ibid. Mais on respecte le samedi et leurs fêtes ; ibid., VIII, III. Le Juif ne peut pas cependant prendre un esclave chrétien ; ibid., III, I, V. L'intermariage est défendu ; III, VII, II. Les sortilèges continuent, et on prend des mesures contre les mathematici ; ibid., IX, XVI, VIII. Ils doivent brûler devant les évêques les « codices erroris proprii » ; ibid., XII.

[227]Ibid., XV, V, V.

[228]Novelles de Justinien, coll. II, tit. I, VII, 2 : cum nec multum différant ab alterutro sacerdotium et imperium.

[229]Novellae Theodosii,XXIV.

[230]Cod. Theod.,XVI, VIII, XIX. Des mesures contre les Manichéens aussi, Valentiniani Novellae,I, 11.

[231]Cod. Theod.,XVI, V, X, XI, XII, XIII, XIV, XL, UX, LXII ; VI, X, XXIV, etc. Cf. Novellae Theodosii,III.

[232] « Qui vel levi argumenta judicio catholicae religionis et tramite detecti fuerint deviare » ; Cod. Theod.,XVI, V, XXVIII. Sur ceux qui reviennent au paganisme, ibid.,VII. On les surprend feignant d'embrasser le christianisme pour sauver leur vie ; ibid.,IX, XLIV, II. Les Juifs qui lapident les adeptes du christianisme, VIII, I. Mais les néophytes ne molesteront pas les Juifs ; VIII, V. Il est question des patriarches et des apostoli des Juifs ; ibid.,XIV. Sur ceux qui à la fête d'Aman brûlent un simulacre de la croix ; ibid.,XVIII. On interdit aux Juifs le service militaire ; ibid.,XXIV.

[233]Novellae Theodosii,III.

[234]Novelles de Justinien, coll. II, tit. III, VIII.

[235]Const.,LXXXVIII.

[236]Cf. aussi Novelles de Justinien, III, VIII ; IV, V, I.

[237]P. Hendrix, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[238]Cod. Theod.,IX, XVII, V.

[239]Ibid.,n° VI.

[240] « Nemo martyrem distrahat, nemo mercetur » ; ibid ; VII.

[241]Intitulé, cependant, ailleurs : universalis patriarcha (Novelles de Justinien, coll. III, tit. II, XV). Plus tard le Pape n'est que Vestra Beatitudo ; Gelzer, Kultur.

[242] « Summi pontificatus apicem » ; Novelles de Justinien, col. II, tit. III, IX.

[243]Ibid,,coll. IV, tit. XXI, XLII. La même sentence contre Sévère d'Antioche, Piètre d'Apamée, Zoara (ibid.).

[244]Ibid.,coll. IX, lit. XIV, CXXXI. Une convention pour les provinces de la Justiniana Prima avec le Pape Vigile, ibid.

[245]Ibid.,coll. IX, tit. XXVIII, CXLV.

[246]Ibid.,XIII, III, VIII.

[247]Bury, History,1923, II.

[248]Cod. Theod.I,VII, VIII. Cf. aussi I, X.

[249]Ibid.,IX, XII, II.

[250]Ibid.,V, IX, I.

[251]Ibid.,XI, I. Cf. Bury, History,1923, I.

[252]Cod. Theod.,IX, XXII, IV.

[253]Ibid.,IX, XXXVIII, I.

[254]Ibid.,XXXVIII, III, IV, VI : Pateat insuetis horridus carcer aliquando hominibus ; ibid.,VIII.

[255]Const.,XXXI.

[256]Const., XXXII. On coupera donc le nez à la femme.

[257]Const., XXX.

[258]Novelles de Justinien, coll. VIII, tit. VI, CV.

[259]Ibid., coll. VIII, tit. XVIII, CXVII.

[260]Const, LIX.

[261]Const, LX.

[262]Cf. Hermann Bott, Die Grundzüge der diokletianischen Steuetverfassung, thèse, Darmstadt 1928, et Bury, History, 1923, I, pp. 47, 48, note 2, 50.

[263]Const, LXI.

[264]Const, LXII.

[265]Const,LXIII.

[266]Const,LXIV.

[267]Const,LXVI.

[268]Const,LXV.

[269]Ibid.

[270]Const.,XCII.

[271]Const,XCVI.

[272]Const,CV.

[273]Animae hominum liberentur a mortibus et vinculis inanimatorum venditione vasorum ; coll. II, tit. I, nov. VII, VIII.

[274]Voyez encore Millet, Byzance et non l'Orient.

[275]Voyez la Préface. A Ste Sophie des Isauriens travaillent d'après Malalas. Ils sont employés aussi à Apate, près d'Antioche ; Vie de St. Siméon, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 3169.

[276]Maillart, op. cit.

[277]Aïnalof, Caractère hellénique des peintures murales byzantines,Pétersbourg 1900.

[278]Pour les petites églises de province, Millet, L'école grecque dans l'architecture byzantine,Paris 1916.

[279]Cf. Bertaux, dans le Journal des Savants, 1911.

[280]Voyez Duckworth, The Church of the Holy Sepulchre.

[281]P. Mickley, Die Konstantins-Kirchen im Heiligen Lande ; Heisenberg, Grabeskirche und Apostelkirche,Leipzig 1908 ; Strzygowski, dans les Mélanges De Waal.

[282]Vailhé et Pétridès, Saint Jean le Paléolaurite, précédé d'une notice sur la Vieille Laure,Paris 1905.

[283]Raymond Génier, Vie de saint Euthyme le Grand (377-473), Les moines et l'Église en Palestine au Ve siècle,Paris 1909.

[284]F. Nau, dans les Actes du XIVe congrès international des orientalistes,II, Paris 1906.

[285]On oscille souvent entre le IVe et le VIe voire même le VIIIe siècle (Diehl, Manuel d'art byzantin,I).

[286]Voyez le Bulletin de la Commission des Monuments Historiques de Roumanie, année 1929.

[287]Cf. Heisenberg, loc. cit. ; Bury, History,1923, I ; Egger, Die Begräbnisstätte des Kaisers Konstantin,dans les Jahreshefte des Österreichischen Instituts, XVI (1913). Cf. Migne, Patr. Gr.,CLVII, c. 725 et suiv. Une Ste Sophie plus ancienne précéda celle de Justinien ; Bury, op. cit., I.

[288]W. George, The Church of St. Eirene at Constantinople,Oxford, 1912 (publié par le Research fond). Cf. Béaléaev, dans le Viz. Vrémennik, II.

[289]Cf. Bury, op. cit., I, p. 75 et note 3 ; Maillart, op. cit.

[290]Patria,dans Migne, Patr. Gr.,CLVII, c. 548, 552, 597, 602, 604, 609. Aussi Sozomène, II, 3.

[291]Patria,loc. cit., c. 548, 577.

[292]Ibid.,c. 552.

[293]Ibid.,c. 569. Cf. Delehaye, Origines,(aussi sur d'autres églises du IVe siècle).

[294]Patria,loc. cit., c. 577.

[295]Ibid.,c. 553.

[296]Voyezplus loin. Cf. Bury, loc. cit. Sur les églises de l'Homonoïa, qui doit être mise en relation avec l’Hénotikon, et de St. Thomas, ibid. Sur le couvent de St. Conon, ibid.,II. Sur l'église de Ste Aquiline, ibid. Sur celle de St. Laurent, ibid. Sur Ste Thécla, ibid.,I. Les églises d'Odégétria et de St Etienne brûlèrent en 1526.

[297]Voyez Laurent, dans la Byz. Zeitschrift, IV (1895).

[298]Malalas.

[299]Patria,loc. cit., c. 560.

[300]Théodore le Lecteur, dans Migne, Patr. Gr.,LXXXVIP, c. 168.

[301]Ibid., p,372. Sur les Suxat et l'église de St. Conon, ibid.

[302]Patria,loc. cit., CLVII, c. 549, 580.

[303]Ibid.,c. 568, 612 ; ibid.,CXXII, c. 1277.

[304]Patria,loc.cit., c. 565.

[305]Evagrius, III, 8 ; Patria,loc. cit., c. 572.

[306]Ibid.,c. 569. Anastase commence les bains de Dagisqeon ; Malalas. Sur le palais de Bryas ; ibid..c. 600, —On voyait encore à Constantinople avant Justinien St. Michel d'Urbicius (ibid.,c. 548), l'église d'Ariobinde (ibid.,CXXII, c. 1245), les fondations de Sphorakios comme St. Théodore (Patria,loc. cit., c. 557), l'hôpital d'Anthémius, l'empereur d'Occident (ibid.,c. 585), la cisterne d'Aspar et d'Ardabour (ibid.,CXXII, c. 1264), la maison du même (ibid.),celle de Gainas (ibid.,c. 1245).—Cf. Bury, History,1923, I, et ibid.,II. Un Studius, un Stephanus apparaissent parmi les bienfaiteurs religieux ; Novelles de Justinien, coll. V, tit. XIV, LIX.

[307]Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1285.

[308]Théodose II avait fait venir à Constantinople, d'Athènes, des statues d'éléphants ; Patria,loc. cit., c. 511. D'autres pièces de sculpture furent apportées d'Iconium, de Chios ; Enarratio Chronicorum,dans Migne, Patr. Gr.,CLVII, c. 720. De Nicomédie, ibid.,c. 717. Peut-être d'Antioche pour l'arc de triomphe de Thessalonique (Wulff, Altchristliche und byz. Kunst,I), Une statue de Salomon ; Migne, Patr. Gr.,CLVII, c. 497 (Patria).Statue deVénus devant le lupanar bâti par Constantin, ibid.,c. 517.

[309]Prosper Tiro, dans les Chron. Minora,éd. Mommsen, I. Cf. Patria,loc. cit., c. 485, 489, 492, 497, 521. On a voulu faire un Théodose Ier, un Héraclius de la belle statue de Barletta et on a cherché ce qu'il peut y avoir de syrien et d'égyptien dans l'attitude et dans l'allure. C'est sans doute une magnifique pièce de sculpture, profondément impressionnante. Il y a quelque chose de Trajan dans les traits rudes du visage ; le costume est aussi le même. Si on pense cependant à Byzance, il faudrait chercher un empereur qui eût eu des rapports avec le Sud de l'Italie, et pour cela il faudrait descendre jusqu'au-delà de Charlemagne. Voyez Wulff, Altchristliche und byzantinische Kunst,I. Cf. Runciman, Byzantine Civilisation : almost a work dedicated to the religion of Empire.

[310]Tibère, Maurice, Justinien II, Phocas. Aussi une statue de Bélisaire ; Patria,loc. cit., c. 492-493, 530, 532. Sur l'artiste qui fit un Zeus du Christ, Théodore le Lecteur, Migne, Patr. Gr.,CLXXIII, c. 872.

[311]Bury, History,1923, I, pp. 75 et note 1, 155 et note 2.

[312]Voyez la table XII de Wulff, Altchristliche und byz. Kunst,I.

[313]Malalas, 466, 482. Voyez Bréhier, Études sur l'histoire de la sculpture byzantine (dans les Missions scientifiques, nouv. série, 3), Paris 1911.

[314]Des sarcophages byzantins à Rome, Byz. Zeitschrift, XXX.

[315]Cf. Berchem et Clouzot, Mosaïques chrétiennes.

[316]Dans l'ivoire Barberini (Diehl, Hist. de l'art,I) il est impossible de méconnaître, au registre inférieur, un barbare scythe.

[317]Cf. Talbot Rice, Byzantine glazed pottery,Oxford 1930 (compte-rendu dans le Byzantion, V).

[318]Cf. Evagrius, III, 26.

[319]Koulakovski, dans la Römische Quartalschrift, 1894 ; Breasted, Oriental forerunners of Byzantine painting : first century wall painting from the fortress of Dara,Chicago 1924 ; Bayet, Recherches pour servir à l'histoire de la peinture et de la scidpture chrétienne en Orient avant la querelle des iconoclastes,Paris 1879.

[320]Voyez Basile Cattau, L'hellénisme dans la première constitution de l'Église gréco-melkite,Rome 1920 (déjà cité) ; G. de }erphanion, Le rôle de la Syrie et de l'Asie Mineure dans la formation de l'iconographie chrétienne (dans les Mélanges de l'Université Saint-Joseph, VIII5), Beyrouth 1922.

[321]Voyez Ebersolt, op. cit. dans la Préface.

[322]Cf. Jules Labarte, Histoire des arts industriels,III, Paris 1865 : Les costumes, les usages et le style de l'antiquité se font voir dans toutes les miniatures. Voyez planche LXXVII. Cf. Ibid., sur le Dioscoride : Les costumes, l'architecture des lieux où les scènes se passent, tout, en un mot, dans ces peintures est emprunté à l'antiquité.

[323]Voyez Eugène Chartrane, Les tissus anciens de la cathédrale de Sens,dans la Revue de l'art chrétien, 1911.

[324]Voyez Labarte, loc. cit. : C'est au commencement du VIe siècle qu'il faut faire remonter la transformation, de l'art chrétien et l'origine du style byzantin.

[325]Il éleva aussi un palais à Jucundiana près de Constantinople ; Migne, Patr. Gr.,LXXXVI, c. 2351. Sur les palais d'Antioche sous son règne, ibid.,c. 2361.

[326] Georg Stuhlfauth, Die altchristliche Elfenbeinplastik,Freiburg i. Breisgautre Leipzig 1896.

[327]Cod. Theod.,XIII, IV, I, II, IV.

[328]Novelles de Justinien, coll. II, tit. I, VII, III.

[329]De rerum divisione,II.

[330]Voyez Ebersolt, Ste Sophie de Constantinople, Paris 1910 ; Preger, dans la Byz. Zeitschrift, X (légende de sa construction). De curieux rapports sont indiqués par Maillart, op. cit.

[331]Sur les détails techniques de cette longue préparation Voyez Diehl loc. cit. Voyez aussi Malalas.

[332]Cf. Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1289 et suiv. Voyez M. R. Lethaby and Harold Swainson, The church of Sancta Sophia,Constantinople-Londres-New-York, 1894.

[333]Novelles, coll. IX, tit. XLII, CLIX. Sur le sacre de Ste Irène par les patriarches de Constantinople et d'Alexandrie, Malalas.

[334]Patria,loc. cit., c. 553, 580, 589. Cf. Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1261, 1268-1269 ; ibid.,CXV (Vie de St. Samson), c. 292. Pour la Source, ibid.,CXXII, c. 1276 ; Patria,c. 592 ; Échos d'Orient, III. — La liste complète des églises constantinopolitaines dans Delehaye, Origines.

[335]Sur elle et ses mosaïques Diehl et M. le Tourneau, Les mosaïques de Ste Sophie de Salonique,dans les Mélanges Piot, XVI (1909) ; Smirnov, dans le Viz. Vrémennik, V ; Réadine, ibid.,VI ; Smirnov, ibid.,VII.

[336]Nous en avons fait mention plus haut.

[337]Cf. Wilh. Brockhoff, Studien zur Geschichte der Stadt Ephesos,thèse, Jena 1905.

[338]Beneševič, dans le Byzantion, I, p. 166, note I. Cf. Crywell, ibid.,IV. Aussi J. N. Sepp et Bernh. Sepp, Die Felsenkuppel : eine justinianische Sophienkirche und die übrigen Tempel Jerusalems,Munich 1882 ; Anton Baumstark, Die modestianiseben und die konstantiniseken Bauten am Heiligen Grabe zu Jerusalem,Paderborn 1915, ainsi que l'ouvrage de Heisenberg, Die Apostelkirche,déjà cité.

[339]III, III, I. Sur les travaux de Justinien au Palais, avec les mosaïques et l'horloge, Malalas. Sur le palais de l'Hebdomon aussi la Vie de St. Daniel, Migne, Pair. Or.,LXVI, c. 1025.

[340] Bury, History,1923, I. Sur la part d'Antioche et de la Syrie dans l'art contemporain, Strzygowski, Antiochenische Kunst,dans l'Oriens christianus, II ; Bréhier, Les trésorsd'argenterie et l'école d'art d'Antioche,dans la Gazette des Beaux Arts, 1920, I (cf. Vie de St. Androkios, dans Migne, Patr. Gr.,CXV, c. 1049) ; Diehl, L'école artistique d'Antioche et les trésors d'argenterie syrienne,dans la Syria, I (1921). Sur l'église de Ste Pélagie, Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 908 et suiv. Autres bâtisses du Ve siècle, Evagrius, I, 18. Cf. le même III, 28.

[341] Diehl, Ravenne (cf.Maillart, op. cit.) ; Réadine, dans le Viz. Vrémennik, VII. Gelassi, La prima apparizione dello stile bizantino ne'mosaici ravennati,Atti del X congresso internazionale di storia dell'arte, Rome 1912.

[342] Procope, Bell. Goth,I. Cf. Muntz, Les artistes grecs dans l'Europe latine,dans la Revue de l'art chrétien, mai 1893.

[343] Il y aurait à redire sur cette date, de même que sur celle de la basilique de St. Sévère. Voyez Diehl, Hist. de l'art,I.

[344] Je retrouve cette même opinion dans Bury, History,1923, I.

[345]Ibid.

[346] Procope, De aedificiis,I, 10 de l'éd. Haury ; Théophane. Cf. Bury, loc. cit., II.

[347]Patr. Gr.,CXXII, c. 1277, 1280. Cf. Patria, loc. cit., c. 513, 553, 593.

[348]Ibid.,c. 580. Réfection pat Héraclius. — St. Pantéleimon est l'église de Théodora ; Migne, Patr. Gr.,CXX1I, c. 1261. Cf. Patria,loc. cit., c. 581. L'église de Bassus qu'elle avait fait tuer, ibid.,c. 568.

[349] Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1257 ; Patria,loc. cit., c. 561, 568, 597.

[350] Diehl, op. cit., I. Sur l'hôpital de St. Samson, Siméon le Métaphraste, Migne, Patr. Gr.,CXV, c. 289.

[351] Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1280.

[352]Patria,loc. cit., c. 580.

[353]Voyez Strzygowski, Koptische Kunst, Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire,Vienne 1900.

[354] L'église d'Estra en Syrie serait de l'époque de Justinien (Maillart, ouvr. cité, pp. 39-40).

[355]Ph. Forchheimer et J. Strzygowski, Die byzantinischen Wasserbehälter in Konstantinopel,Vienne 1893.

[356]Ajouter aux bibliographies antérieures Koulakovski sur le Bosphore (Viz. Vrémennik, III), Janin sur la banlieue asiatique de Constantinople (Échos d'Orient, 1922 ; cf. ibid., 1924, sur les îles des Princes).

[357]Voyez Andréadès, De la population de Constantinople,dans la revue Métroon, I.

[358]Cf. plus haut.

[359]Nemo propriis ornamentis esse privandas existimet civitates. Fas si quidem non est acceptum a veteribus decus perdere civitatem, veluti ad urbis alterius mœnia transferendum ; XIV, I, I. A Rome on défendra d'innover ; ibid.,X. Cf. nemo... aliquod novum in urbe Roma inclyta moliatur, sed excolendis veteribus intendat animum ; ibid.,XIX. Nihil ex his quae instaurationi ornatibusque singulis deputavit antiquitas nullius colore occasionisauferri volumus ; ibid.,XLVIII.

[360]Ibid.,XIV.

[361]Ibid.,XV.

[362]Nemo... non efforis nobilium operum substructionibus, non redivivis de publico saxis, non marmorum frustis spolialarum aedium deformadone convulsis ; ibid.,XIX.

[363]Ibid.,XXII.

[364]Ibid.,I, XXV. Refaire le passé plutôt que créer le nouveau ; XV, I, XXVII. Des revenus spéciaux sont attribués aux réparations (ibid.,XXXII). Temples ruinés pour en retirer les matériaux (ibid.,XXXVI)

[365]Procope, De bello gothico,III. Cod, Theod.,XIV, XIV, I.

[366]Theodosii Novellae,XL. D'autres privilèges pour Rome, Cod. Theod.,XI, XVI, XXI.

[367]Valentiniani Novellae,I, XI.

[368]Novelles de Justinien, coll. V, tit. XVIII, LXIV.

[369]Ibid.,coll. V, tit. XVIII, LXIV.

[370]Ibid.,coll. IX, tit. XLII, CLIX.

[371]Ibid.

[372]Ibid.,coll. IV, tit. XXII, XLIII

[373]Ibid., coll. V, tit. XIV, LIX.

[374]Ibid., coll. V, tit. XIV, LIX. Sur les identifications, Bury, History, 1923, II.

[375]Ibid., XVI, XIX.

[376]Cod. Theod., XVI, X, III, XV. Seuls les petits temples des villages seront détruits, mais sine turba ac tumultu ; ibid., XVI.

[377]Novelles, coll. IX, tit. XXXII, CXLIX.

[378]Ibid., coll. II, tit. II, VIII.

[379]Ut per communem libellum supplicem de iis ad nostram potentiam referatur quos idoneos esse ad provinciae suae gubernationem existiment” ; Novelles, coll. IX, tit. XXXII, CXLIV.

[380]Sous Justin II ; Novelle 149.

[381]Cf. aussi Gelzer, Kultur.

[382]Josuah le Stylite, cité par Baynes, History.

[383]De bello persico ; éd. Haury, I, 17, 36 ; II, S, 23 ; 9, 3, etc. Cf. Migne, Patr. Gr.,CXXII, c. 1285.

[384]Migne, Patr. Gr.,CXVI, c. 708. — Sur les reliques d'Antioche, Delehaye, Origines. — Sur Emèse, ibid., c.93.

[385]Malalas.

[386]Ibid. Sur les rapports de Léon avec la ville, ibid. Sur ceux de Justin, qui les sevra de jeux, ibid.

[387]Ibid. Pour la haine des Antiochéniens contre les gens de Laodicée, Acta Sanctorum,janvier, III, c. 209 et suiv. Malalas.

[388]Novelles, coll. IV, tit. IV, XXV : Siquis Thracum regionem nominet, statim una cum dicto virilitas quaedam animum et militarium copiarum, bellorum ac pugnae cogitatio subeat.

[389]Gloriosissimus Justiniani praefectus eorum qui in Mysia et Scythia sunt militares numeri” ; ibid., coll.IX, tit. XXXI, CXLVIII. La praefectura militarium in Scythia et Mysia ordinum, ibid.,tit. XLVI, CLXIII.

[390]Sur Trébizonde sous Justinien, Al. Al. Vasiliev, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.

[391]Plus tard, avec Théodosiopolis, Satala, Nicopolis, Colonéa, Zéla, Comana, Sébastopolis, Briza, elle passa dans la province de l’Arménie ; Novelles, coll. IV, tit. X, XXXI.

[392]Ibid.,coll. IV, tit. VII, XXVIII.

[393]Ibid.,coll. IV, tit. VIII, XXIX.

[394]Malalas.

[395]Ibid. Changements sous Théodose II, ibid.

[396]Ibid.

[397]Ibid.

[398]Novelles, coll. IV, tit, IV, XXV.

[399]Ibid.,chap. V, 2. Cf. nov. XXVII.

[400]Ibid.,coll. IV, tit. X, XXXI.

[401]Ibid.,coll. VIII, tit. III, Cil.

[402]Ibid.,coll. IX, tit XXIX, CXLVI.

[403]Theodosii Novellae,XXXI, XXXVII, XLVII (Afri infortimio hostilis cladis expulsi).Cf. aussi Valentiniani Novellae,XV, III

[404]Cum per Illyrici partes barbaricus speraretur incursus, numerosa in colarum manus sedes quaesivit externas (où on les rend serfs) ; Cod. Theod.,X, X, XXV.

[405]Novelles de Justinien, coll. II, tit. VI, XI.

[406]Cod. Theod.,XII, I, XIII, XXII, XL, LXIII, CIV, CLXIII.

[407]Ibid.,LXII.

[408]Ibid.,XCIX. Cf. aussi CLVIII, CLXV. Toute espèce d'adeptes des superstitions y sont astreints ; ibid.CLVII.

[409]Ibid..XIX, XXIV.

[410]Ibid.,XXVIL.

[411]Ibid..XCI.

[412]Ibid.,XCIV.

[413]Ibid.,CLXXI. Trente à Alexandrie, ibid.,CICX.

[414]Decurio fortunam quam nasceudo meruit suffrages atque ambitione non nuitet ; ibid.,CXVIII, ou bien, CLXXVIII : omnes qui curialigenere, origine vel slirpe gignuntur cnriarum nexibus obligentur. Le vieillard ne peut pas cependant se faire remplacer par son fils ; ibid. : cf. aussi ibid.,CXXXII.

[415]Ibid.,CX XIV.

[416]Novelles, coll. IV, tit. XVII, XXXVIII.

[417]Ibid.

[418]Ibid.

[419]Ibid.,coll. IV, tit. XXIV, XLV.

[420]Cod. Theod.,XI, XXIV, I. Cf. aussi II.

[421]Ibid.,III.

[422]Ibid.,XXVII.

[423]Ibid,,XXVIII, II, Cf. ibid.,VIII. Il y avait eu une invasion, ibid.,XII.

[424]Ibid.,IX, XXX, XXXI.

[425]Ibid.,XV, III, III : A viarum munitione nullus habeatur immunis. Sous Arcadius et Honorius, on parle de l'immensa vastitas viarum ; ibid.,IV.

[426]Ibid.,VI.

[427]Novelles de Justinien, coll. IV, tit. IX, XXX.

[428]Ibid.,coll. IX, tit. XVIII, CXXXV.