1815

LIVRE III. — LA FRANCE CRUCIFIÉE

 

CHAPITRE III. — L'OCCUPATION.

 

 

I

Au château des Tuileries se succédaient, empressées et déférentes, les visites des souverains, des princes, des ministres, des ambassadeurs et des feld-maréchaux. Un jour, le roi de France recevait le czar, le lendemain l'empereur d'Autriche, le surlendemain le roi de Prusse. C'étaient encore le prince d'Orange, les grands-ducs Michel et Nicolas, le prince Guillaume de Prusse, lord Castlereagh, Bülow, Wellington, le comte de Goltz, Hardenberg, Justus Grüner, Metternich, Barclay de Tolly, l'hetman des Cosaques Platow. On échangeait des compliments, des félicitations, des politesses ; on donnait des Saint-Esprit, des Saint-Louis, des Saint-Etienne, des Saint-André et des Aigles de toutes les couleurs. Il y avait à l'Opéra des représentations de gala où l'on jouait l'Heureux Retour ; il y avait sur les boulevards des revues de troupes alliées où paradait le comte d'Artois. Les souverains dînaient aux Tuileries. Le roi de France dînait à l'Elysée chez l'empereur de Russie et à l'hôtel du prince de Wagram chez l'empereur d'Autriche. Les journaux célébraient les bienfaits de la paix ; ils magnifiaient Louis XVIII qui l'avait ramenée dans la floraison des lys[1].

La paix, sauf dans les relations de Louis XVIII avec ses bons frères les porte-couronne, n'était encore qu'un mot. Pour les diplomates et pour les généraux de la coalition et pour la malheureuse France, l'état de guerre persistait. Jusqu'au 20 septembre, les ministres des cours alliées ne présentèrent point de projet de traité et s'abstinrent même de rien divulguer des conditions qu'ils prétendaient imposer[2]. Ils se réunirent dès le 12 juillet et tinrent séance chaque jour, y compris les dimanches, mais c'était pour régler les innombrables questions relatives à l'occupation : dislocation et licenciement de l'armée française, ligne de démarcation entre cette armée et les armées alliées, cantonnements et subsistances des troupes étrangères, indemnités de solde et d'habillement, contributions de toutes sortes, administration des départements occupés, recouvrement des impôts, dispositions à l'égard des places fortes non soumises[3]. Entre temps, ils discutaient secrètement les conditions de la paix, mais outre qu'ils avaient peine à s'entendre ils n'étaient point pressés d'aboutir. Chaque jour de retard leur profitait, car chaque jour accroissait l'affaiblissement et la ruine de la France et devait prédisposer davantage Louis XVIII à acheter la paix par de plus douloureux sacrifices. Pour poser leur ultimatum — c'est sous cette forme qu'allait être présenté le projet de traité — les Alliés avaient intérêt à attendre le licenciement de l'armée française. Louis XVIII se trouvait déjà moralement à leur discrétion. Quand il serait dépourvu de tout moyen de résistance par la dissolution de l'armée, il devrait bien subir leur loi[4]. D'ici là, leurs soldats vivraient grassement, prodigalement, cruellement sur le pays, l'épuisant comme un fermier une terre dont il n'aurait qu'une seule année de jouissance. L'épuisement de la France était le mol d'ordre dans les conseils des puissances et dans les états-majors. — Vous mangez beaucoup ! dit à des cavaliers prussiens une brave femme qui les logeait et que désolait leur voracité. — Madame, c'est par ordre[5].

Bien que la paix soit virtuellement faite, sans cesse de nouvelles troupes anglaises, prussiennes, autrichiennes, russes, hollandaises, belges, badoises, bavaroises, wurtembergeoises, piémontaises, hanovriennes, brunswickoises, espagnoles, passent les frontières[6]. Ils sont cent mille, trois cent mille, huit cent mille ! Les besogneuses armées de l'Europe se ruent au pillage des riches provinces françaises. Chaque jour l'invasion s'étend, polluant progressivement, comme une odieuse tache d'huile, presque toute la carte de France. Les Prussiens occupent la Normandie, le Maine, l'Anjou et la Bretagne ; les Russes l'Île de France, la Champagne et la Lorraine ; les Anglais et les Hollando-Belges la Picardie, l'Artois et la Flandre ; les Wurtembergeois et les Bavarois l'Orléanais, le Nivernais, le Bourbonnais et une partie de l'Auvergne ; les Badois et les Saxons l'Alsace ; les Autrichiens la Bourgogne, la Franche-Comté, le Dauphiné, le Lyonnais, la Provence, le Languedoc ; les Espagnols la Gascogne et le Roussillon. Des drapeaux de couleurs inconnues flottent à Amiens, à Evreux, à Caen, à Valognes, à Rennes, à Nantes, au Mans, à Dijon, à Clermont-Ferrand, à Aurillac, à Lyon, à Aix, à Marseille, à Nîmes, à Saint-Jean-de-Luz[7]. Dans cinquante-huit départements[8], les Français halètent sous la botte de l'ennemi.

Partout les réquisitions en argent et en nature sont énormes. Lord Castlereagh estime, non sans en être quelque peu effrayé, que les charges de l'occupation coûtent à la France 1.750.000 francs par jour[9]. Dans certaines villes, chaque habitant doit loger et nourrir, à raison de deux livres de pain, d'une livre de viande, d'une demi-livre de légumes et d'une bouteille de vin, jusqu'à vingt soldats[10]. Pour l'armée anglaise seule, la ville de Paris a à fournir chaque jour 57.000 kilogrammes de pain, 38.000 de viande, 255.000 de fourrage, 20.000 litres de vin et 6.614 litres d'eau-de-vie[11]. Il y a en outre la solde, les munitions de guerre, les approvisionnements généraux, l'habillement, la remonte. Pour y subvenir, les Alliés emploient des procédés variés. Tantôt ils envoient aux préfets des lettres ainsi conçues : Je vous annonce l'arrivée de telle division dans votre département. Assurez la solde, l'habillement, l'équipement, les vivres, et donnez l'ordre qu'on verse à la caisse du corps d'armée toutes contributions directes et indirectes de votre département. Tantôt ils exigent une somme déterminée. La Loire est imposée à 4 millions, le Pas-de-Calais à 7 millions, la Manche à 12 millions, l'Eure à 2 millions et 1.000 chevaux tout harnachés, la Sarthe à 2 millions plus les contributions arriérées, Lyon à 7 millions, dont un tiers payable dans les vingt-quatre heures, Laval à 1.100.000 francs, Saint-Quentin à 1.200.000 francs, Fontainebleau à 250.000 francs. Les préfets, les sous-préfets, les maires sont chargés de la répartition entre les habitants, de l'encaissement et du paiement. S'ils tardent, on met chez eux, dix, vingt, cent garnisaires qui vivent à discrétion ; s'ils résistent le moins du monde, on les emprisonne — c'est ainsi que le baron de Talleyrand, préfet du Loiret, est arrêté, saisi à la gorge, le 20 juillet, dans son cabinet, par un officier prussien — ou on les mène d'étape en étape dans les forteresses d'outre-Rhin. Du 20 août au 10 septembre, vingt préfets et sous-préfets, sans parler d'une foule de maires et de notables, sont dirigés sur l'Allemagne[12]. Le gouverneur prussien de Paris, Müffling, menace le préfet de police de le faire arrêter sous prétexte qu'il n'a pas assez de déférence à son égard[13]. A Dijon, le général autrichien Colloredo exige du drap pistache pour un régiment de hussards. Le préfet, M. de Choiseul, manquant de drap pistache, s'avise de faire teindre du drap blanc. Mais Colloredo s'impatiente ; il menace de faire donner en cérémonie, sur la grande place, cent coups de bidon au préfet qui, épouvanté, se réfugie chez le baron de Badeu, gouverneur autrichien[14]. En attendant le versement des sommes exigées, les Alliés prennent des acomptes. Ils saisissent les caisses publiques, les rôles des contribuables, les salines, les tabacs, les papiers timbrés, nomment des fonctionnaires prussiens ou bavarois et se substituent à l'administration pour toute perception et toute vente[15].

Talleyrand réclame auprès des ministres alliés contre l'énormité des réquisitions, les violations du droit des gens, les excès des soldats. Les habitants réduits au désespoir prendront les armes, écrit-il le 20 juillet. Ce n'est pas effrayant au premier abord, mais cela peut le devenir. La prise de possession au nom des puissances, l'intervention des généraux dans l'administration intérieure, la spoliation des caisses publiques, la défense d'obéir aux ordres du roi, une pareille conduite, si opposée aux intentions des souverains, si contraire à leurs proclamations, a indigné tous les esprits[16]. Wellington qui se fait décidément le protecteur de la France vaincue tente aussi d'intervenir. Il écrit à Castlereagh : Je dois prier V. E. de dire aux souverains que nous risquons une guerre nationale et d'avoir le pays entier contre nous, ce qui serait redoutable, si nous n'arrêtons pas l'oppression sur le peuple français, s'il n'est pas interdit aux troupes des diverses armées de piller et de détruire pour le plaisir de mal faire, et si les réquisitions ne sont pas régularisées par un pouvoir quelconque en dehors de l'autorité militaire[17]. Talleyrand combine une petite comédie comme pour le pont d'Iéna. Il se fait écrire par Louis XVIII une lettre où le roi déclare que si les Alliés continuent à traiter ses sujets en ennemis, il est résolu à se retirer de son royaume et à demander asile au roi d'Espagne[18]. Cette pièce communiquée officieusement aux plénipotentiaires, ceux-ci protestent, dans une longue Note, pleine de promesses, qu'ils sont prêts à concilier les désirs du roi avec la situation de leurs armées. Ils précisent même les mesures qu'ils comptent prendre à cet effet[19]. Mais de ces mesures, ils ne prennent aucune, si bien que Talleyrand leur écrit derechef le 28 juillet : Il y a danger pour les puissances à ravager la France. Elles discréditent le roi. Ces malheurs coïncident avec son retour. On lui reprochera d'en être resté spectateur tranquille et de n'être pas allé chercher au dehors un asile pour n'en être pas le témoin[20].

Les ministres alliés ne s'émeuvent point. Ils répondent que les accusations sont vagues, que beaucoup de faits sont controuvés, que d'ailleurs il faut bien faire vivre les troupes[21]. Le 6 août seulement, ils proposent un arrangement ferme. Le gouvernement Français versera une somme de cinquante millions pour les mois d'août et de septembre ; et, en retour, les commandants des armées étrangères s'abstiendront de toute réquisition en argent, de toute aliénation d'objets appartenant à l'État, de toute perception d'impôts. Le pays continuera d'ailleurs à subvenir à la nourriture et à l'habillement des troupes[22]. Talleyrand accepte cette convention[23] ; le roi ordonne une imposition extraordinaire, mais le recouvrement risque d'en être rendu impossible par le système d'occupation que pratiquent les Alliés[24]. Tous les services administratifs et financiers sont désorganisés, les fonctionnaires asservis, arrêtés ou déportés, les lettres et les journaux interceptés, les stations télégraphiques brûlées, la gendarmerie et la garde nationale désarmées, le nom du roi bafoué, ses ordres tenus pour nuls, la population ruinée par les réquisitions arbitraires et les perceptions illégales qui continuent de plus belle[25]. La conduite de vos généraux, écrit le 24 août, Talleyrand aux ministres alliés, est pire qu'avant la convention. Vous nous empêchez par vos violences et vos exactions de toucher les contributions dans les départements et nous mettez ainsi dans l'impossibilité de remplir nos engagements[26].

 

II

Les Français revivent les jours atroces de la première invasion. Ce sont les mêmes ravages et les mêmes violences, avec cette monstrueuse aggravation morale que l'on n'est plus en état de guerre. Les étrangers, ils l'avouent, regrettent de n'en avoir pas fait assez en 1814. Les Autrichiens disent qu'il faut que les Français se souviennent d'eux[27] et les Prussiens déclarent qu'ils ne veulent pas quitter la France qu'elle ne soit comme si le feu du ciel y avait passé[28]. Aux réquisitions méthodiques qui suffiraient à ruiner le pays, s'ajoutent le vol, le pillage, l'incendie, la dévastation pour le plaisir. Quand les Prussiens, dit Sismondi, prennent pour cinquante écus ils font pour dix mille écus de dommage[29]. Mézières est pillé malgré les clauses de la capitulation, Pomar subit un pillage méthodique de vingt heures, Bar-sur-Aube est mis à sac, Arpajon dévasté, Amel et Flers dans le Nord, deux villages dans les Ardennes, trois dans l'Aube sont brillés. Sous prétexte de venger la mort d'un maraudeur, tué aux environs on ne sait par qui, les Prussiens saccagent le château de Ménars, propriété du maréchal Victor. A la Rivière (Pas-de-Calais) des soldats furieux qu'un paysan ose refuser de leur livrer sa fille incendient sa maison ; le feu gagne les maisons voisines qui sont complètement consumées[30]. A Sedan, l'intendant prussien fait saisir pour 50.000 francs de draps chez un négociant ; le général de Hacke commande de mettre sous séquestre et de vendre au profit des habitants bien pensants les propriétés des gardes nationaux mobilisés et francs-tireurs qui ont quitté leurs villages. A Auxerre, les Autrichiens prennent les cent soixante étalons du haras. Dans le Calvados, les Prussiens enlèvent tous les chevaux. A Geislautern, les Russes vendent 4.000 cordes de bois appartenant à l'École des mines. Sur la frontière du Nord, les Hollando-Belges s'improvisant contrebandiers passent à la barbe des douaniers, tenus en respect, des quantités considérables de marchandises anglaises. Sur les routes de Picardie, de Lorraine, de Normandie, des bandes de soldats arrêtent les diligences et les malles-postes, pillent les bagages, rançonnent les voyageurs. A Nevers, les Wurtembergeois dévastent les forges et fonderies de la marine, prennent les ancres, les chaînes d'amarrage, les fers de toute sorte, détruisent les machines et en vendent les débris au poids. A Dijon, les Autrichiens pillent la manutention et vendent la farine cinq francs les 300 kilogrammes. A Versailles, les Prussiens nourrissent leurs chevaux avec du pain et jettent la viande au ruisseau[31].

C'est la Terreur prussienne. Dans les provinces, la population vit comme en un bagne sous le bâton des gardes-chiourmes, Les Alliés multiplient les violences et les outrages. A Laon et dans plusieurs autres villes, il est ordonné sous peine d'amende et de prison de saluer les officiers prussiens dans les rues ; les femmes elles-mêmes sont astreintes à cette humiliation. A Gray, les Autrichiens ayant besoin de planches pour des baraquements obligent les habitants à enlever de leurs propres maisons les portes et les cloisons légères et de les apporter au camp. A Thionville, les Prussiens forcent les citoyens à balayer chaque jour les casernes. Dans un château de l'Eure, des sous-officiers du corps de Zieten imposent à la comtesse de Saint-Mesmin de les déchausser et de les servir à table[32].

Partout le viol et l'assassinat. Au village d'Ingrane sur la Loire, les Prussiens, le 13 juillet, tuent trois hommes et violent toutes les femmes[33]. Près d'Étampes, deux soldats assaillent une jeune femme, l'attachent par les cheveux à une treille et la laissent là après l'avoir violée[34]. A Rodermarck, une fillette de quatorze ans meurt des suites des outrages qu'elle a subis[35]. A Labissière près Briare, des uhlans tuent le maire et deux conseillers municipaux parce que le village ne peut fournir toute l'avoine requise[36]. Le maire de Conhours (Haute-Marne) est tué d'un coup de poing au creux de l'estomac par un capitaine autrichien à qui il n'a pas de café à donner[37]. A Nevers, le 28 août, des Autrichiens assaillent sans aucun motif des soldats français désarmés qui rentrent dans leurs foyers ; plusieurs sont blessés, un est tué[38]. A Gacogne (Nièvre), un Autrichien veut forcer une armoire dans la maison où il est logé. L'hôte et sa femme résistent ; le soldat décharge son fusil sur l'homme et tue la femme d'un coup de baïonnette[39]. Dans l'Eure-et-Loir, le fils d'un fermier est assassiné par un hussard prussien qu'il a refusé de conduire en voiture[40]. Près de Blois, une diligence où se trouvent quatre soldats prussiens verse sans qu'il y ait faute du conducteur. Aucun Prussien n'est blessé, mais ils décident de lui donner incontinent cent coups de bâton, et ils frappent si furieusement qu'il expire avant la fin du supplice[41]. Aux environs de Clamecy, un charretier est tué d'un coup de baïonnette parce qu'il ne dégage pas la route assez vite au passage d'un détachement[42]. A Ailly près Épernay, des Busses pénètrent nuitamment dans une ferme et massacrent les dix personnes qui l'habitent[43]. A Montaney-sous-Trévoux, une fille de seize ans est violée et égorgée ; sa tête, dit un rapport, ne tient plus au tronc que par un lambeau de peau[44]. A Luzarches, des Prussiens font mourir sous le bâton une malheureuse femme qui n'a pu leur donner qu'une bouteille de vin par homme[45]. A Corneville (Eure), un soldat prussien, à bout d'argument dans une discussion avec un paysan, décharge son fusil sur lui et le tue net[46]. Le 10 octobre, des Russes de passage à Bitche pourchassent les habitants et enlèvent une jeune fille qu'ils font marcher dans la colonne à coups de pied et à coups de crosses. Le 30 novembre, des maraudeurs prussiens assassinent le curé de Roye (Somme)[47]. A Saint-Leu-Taverny, un vieillard nommé Bontemps, qui a reçu la bastonnade, se pend pour ne pas survivre à cet outrage[48]. Deux femmes de Pithiviers, la mère et la fille, violées par des Prussiens et redoutant la honte de se revoir l'une l'autre, se suicident[49].

Nulle pitié à espérer des chefs. Se plaindre à eux c'est en appeler de la fureur bestiale à la cruauté raisonnée. Leurs soldats n'ont jamais tort. Dans la même journée, le même conseil de guerre autrichien, séant à Nevers, acquitte un soldat autrichien qui a tué un Français d'un coup de sabre, ce coup de sabre ayant été reçu par accident, et condamne à dix ans de fers dans une forteresse de Galicie un soldat français qui en état de légitime défense a tué un hussard hessois[50]. Tandis que le commandant russe de Thionville fait mettre en liberté un de ses soldats, accusé d'avoir assassiné un négociant de Gérouville, le commandant russe de Nancy ordonne de donner cinquante coups de bâton à un employé aux vivres, coupable d'avoir discuté ses demandes arbitraires[51]. Les colonnes prussiennes traînent avec elles la cage aux Français. C'est une sorte de grande caisse à claire-voie, pavée de prismes de bois triangulaires ; les prisonniers y sont enfermés pieds nus et en chemise, ils ne peuvent sans douleurs intolérables s'y tenir debout, couchés ou assis[52]. A Saint-Lô, un habitant accouru au secours d'une parente violentée par des soldats reçoit plus de coups qu'il n'en donne ; mais le commandant prussien décide qu'il aura par-dessus le marché soixante coups de bâton[53]. A Melun, un certain Roger voulant empêcher un Russe de lui voler son cheval reçoit un coup de sabre ; le chien de Roger saute sur l'agresseur et le mord grièvement à la cuisse. Conclusion : on lue le chien et on bâtonne l'homme[54]. Dans un village de la Nièvre, deux servantes tentent de défendre leur maître infirme ; l'une d'elles pousse l'audace jusqu'à jeter des pierres aux soldats. Ils font leur rapport. Les servantes sont arrêtées, conduites devant le corps de garde et, là, dévêtues et fouettées jusqu'au sang[55]. A Valognes, des Prussiens ne pouvant obtenir de la bière d'une pauvre vieille femme la frappent au visage à grands coups de poing. Son fils qui survient est assommé ; deux voisins entendent le tumulte, s'arment de fourches, et sans toutefois les toucher, menacent les soldats qui s'enfuient. Le lendemain, les deux paysans sont condamnés par la cour martiale à être fusillés. Sur les supplications du maire, le commandant prussien commue leur peine en cinquante coups de bâton. Ils s'évanouissent au milieu du supplice, et les exécuteurs continuent de frapper en conscience jusqu'au cinquantième coup[56].

Parfois les lois de la guerre justifient certaines exécutions, mais avec quelle rigueur, avec quels raffinements de cruauté ces lois sont-elles appliquées ! Pour le meurtre de deux pillards à Gaillon, six habitants, pris à peu près au hasard, sont traduits devant la cour martiale. Mais le commandant prussien décide qu'avant le jugement ils recevront la bastonnade ; deux meurent sous les coups. Les quatre survivants sont condamnés à mort, traînés tout sanglants sur le lieu du supplice et fusillés[57]. Le 2 octobre, une patrouille découvre dans un champ, près de Capelle, le cadavre d'un capitaine prussien. Deux paysans du village sont soupçonnés, arrêtés et déférés à une commission militaire qui, chose surprenante, les acquitte faute de preuves. Le général Zieten se fâche. De sa propre autorité, il condamne les accusés à dix années de forteresse en Prusse, et ordonne en outre que leurs maisons seront brûlées avec tout ce qu'il y a dedans y compris les bestiaux. Une malheureuse vache qui se trouve au pré est ramenée dans l'étable pour y être brûlée vive. Sur le commandement exprès de Zieten, le sous-préfet de Bernay assiste à cette exécution[58] qui semble avoir été ordonnée, anachronisme monstrueux, par quelque juge imbécile et féroce du XIIIe ou du XIVe siècle.

L'horreur et la honte pour les Français de ces actes abominables sont augmentées encore, par la présence, par la sanction apparente des autorités françaises. Pillages, meurtres, viols, exécutions sommaires, assassinats juridiques, tout se passe au vu et au su des préfets, des commandants de place, des magistrats, des commissaires de police, des gendarmes, muets, inertes, impuissants. Pas d'affaire ! c'est l'ordre de Paris. On s'est posé en conseil la question de savoir quels sont les juges naturels des Français et on y a répondu : Les juges naturels des Français, s'ils sont en pays étranger, sont les juges du pays. Or la France est occupée. En principe, la France n'a pas le droit de réclamer. Ne demandons donc pas de dérogation au principe, car ce serait demander une faveur pour un objet de peu d'importance lorsque nous avons besoin de faveurs à tant d'autres égards[59]. La France est rendue au roi, mais les Français n'y sont plus chez eux !

Pour échapper au joug de l'ennemi, les paysans émigrent en masse dans les bois. La forêt de l'Orient, entre Troyes et Bar, sert de retraite à 7.000 personnes. Des centaines et des centaines de villages sont désertés. L'exode gagne les villes elles-mêmes. Berthezène cite une rue de Nevers où il n'y a plus un seul habitant[60]. Sur les routes des forêts, à la lisière des bois, les réfugiés attendent en embuscade le passage de soldats isolés. Plus d'un Allemand n'ira pas dire outre-Rhin le goût des vins de France, ni conter ses bonnes fortunes sanglantes au cours de la campagne. Chaque jour, des estafettes, des courriers, des traînards, des officiers en promenade, des maraudeurs en quête de proie tombent sous les balles vengeresses[61]. De toute part, généraux et préfets écrivent à Paris que les paysans exaspérés n'attendent qu'un signe pour se soulever[62], mais chacun sait bien que ce signe-là, le roi de France ne pourra pas le faire.

 

III

Le roi n'osait même pas donner ouvertement des ordres aux gouverneurs des places qui tenaient encore. Malgré l'état de paix implicitement déclaré, les Alliés poursuivaient le siège de toutes les villes fortes. Que le drapeau royal ou le drapeau tricolore flottât au faîte des citadelles, ils n'y regardaient pas. Ils pensaient à prendre le matériel de guerre, à rançonner les villes, à se nantir de nouveaux gages pour imposer de plus dures conditions de paix. C'était triple profit. Le roi voulait défendre son bien ; mais asservi aux Alliés — à ses alliés ! — il lui fallait donner des ordres ostensibles pour la reddition tandis qu'il en envoyait de secrets pour la résistance qui étaient transcrits sur des parcelles de papier grandes comme l'ongle du pouce[63].

Au reste, les gouverneurs et les soldats, plus déterminés encore que les chefs, n'avaient pas besoin des exhortations de Louis XVIII pour faire tout leur devoir. J'ai 326 hommes armés, écrivait le comment de Vitry. L'honneur parle, je me défendrai. — L'ennemi, écrivait Daumesnil, n'entrera dans le château de Vincennes que lorsque je ne serai plus. — Je ne rendrai Strasbourg, disait Rapp à un parlementaire autrichien, qu'après que mes soldats auront mangé des cuisses autrichiennes comme ceux que j'avais à Dantzig ont mangé des cuisses russes. Et le général Ducos faisait à l'envoyé du prince de Hesse-Hombourg cette réponse bien française, d'un tour familier et héroïque : Rendre Longwy ! J'y songerai quand mon mouchoir brûlera dans ma poche[64].

A Soissons, l'intrépide colonel Gérard et ses soldats qu'il enflammait ne voulaient point de reddition. Ils avaient, dit un rapport d'un commissaire français, le général Grundler, la ridicule présomption de tenir jusqu'a la dernière extrémité. Mais Gérard dut cesser sa résistance le 6 août, sur un ordre exprès du ministre de la guerre[65]. Laon capitula le 9 août, malgré l'opposition de la troupe, sous la menace du commissaire du roi d'être déclarée ville rebelle[66]. Philippeville, bombardé par quarante-huit pièces de 21 et dix-huit mortiers el obusiers, résista jusqu'au 10 août ; Mézières jusqu'au 11 ; Rocroi jusqu'au 17 ; Auxonne jusqu'au 26 ; Givet jusqu'au 9 septembre ; la citadelle de Sedan, jusqu'au 15 ; Montmédy jusqu'au 10 ; La Père jusqu'au novembre. Malgré le plus rigoureux blocus, les assauts renouvelés, les bombes et les boulets rouges, Verdun, Toul, Landau, Condé, Douai, Bila, Schelestadt, Neuf-Brisach, Briançon, Charlemont, Valenciennes, Sarrelouis, Belfort, le fort de Joux, Phalsbourg, la Petite-Pierre, la citadelle d'Antibes, Lille, Strasbourg, Metz restèrent inviolées[67].

Et chacune de ces places n'avait pour garnison qu'une poignée d'hommes, canonniers, fusiliers des dépôts, vétérans, retraités, gendarmes, gardes nationaux sédentaires. L'empereur avait pourvu à la défense des villes-fortes au moyen de nombreux bataillons de gardes nationaux mobilisés, mais le roi, soit par légèreté, soit sous la pression des Alliés, avait rendu une ordonnance portant licenciement immédiat de ces bataillons[68]. L'ennemi s'empressa de faire connaître l'ordonnance royale dans les places qu'il assiégeait, Il en résulta que presque partout les mobilisés, forts de leur droit, réclamèrent leur libération. Où les gouverneurs la refusèrent, il y eut des désertions en masse qui furent, on le conçoit, favorisées par les assiégeants[69].

Au nombre des sièges soutenus en 1815, le plus fameux est la défense de Huningue. Huningue commandait les débouchés du pont de Bâle. Il fallait dans cette place un gouverneur à l'âme intrépide. Napoléon y envoya Barbanègre, le défenseur de Stettin en 1813, l'ancien colonel du 48e qui à Austerlitz avait pris aux Russes quatre canons et trois drapeaux. La garnison se composait de 2.700 hommes : 115 canonniers du ter régiment d'artillerie, 53 canonniers sédentaires, 38 soldats du 6e de ligne, 4 gendarmes, 250 vétérans invalides, 60 douaniers et environ 2.200 gardes nationaux mobilisés[70]. Le 27 juin, s'approchèrent les premiers détachements du corps de l'archiduc Jean. Le prince fit sommer Barbanègre qui répondit : — J'ai de la poudre et de l'honneur, je ne me rendrai point. Leur parc de siège n'étant pas encore arrivé, les Autrichiens se bornèrent à investir la place. Pour passer le temps, ils brûlèrent quelques villages aux environs[71].

Avant d'employer la force, on essaya la corruption. La municipalité de Bâle, qui redoutait les bombes des ouvrages avancés de Huningue, fit offrir à Barbanègre 500.000 francs en or s'il s'engageait à ne point tirer, au cours des hostilités, un seul coup de canon sur la vieille cité helvétique. Barbanègre envoya la lettre à Davout. Les Bâlois s'imaginant que le général avait trouvé la somme insuffisante lui proposèrent un million et demi ; mais il livrerait Huningue aux Autrichiens. De son côté, un certain colonel Gimel, agent des Bourbons, s'avisa d'offrir à Barbanègre, comme prix de la trahison, des compensations plus honorables[72]. Ce personnage croyait que Barbanègre se déshonorerait pour l'honneur d'être maréchal de France.

Tandis que la désertion d'une partie des mobilisés réduisait la garnison à 1.800 ou 2.000 combattants, de nombreux renforts portèrent à 20.000 hommes les troupes autrichiennes. Le parc de siège arriva ; on ouvrit la tranchée. L'archiduc Jean invita le Prince Impérial d'Autriche, le feld-maréchal Barclay de Tolly et plusieurs princes et princesses à venir voir flamber Huningue. Ce feu d'artifice commença le 22 août. 176 pièces de gros calibre ouvrirent le feu contre la place. C'étaient plus de canons que Barbanègre n'avait de canonniers. Ces braves se multiplièrent pour riposter ; ils ne quittèrent pas une heure les remparts où plus d'une pièce n'eut bientôt plus qu'un seul servant qui chargeait, pointait et tirait. Les femmes et les enfants étaient réfugiés dans les casemates ; les hommes valides s'employaient à éteindre les incendies qui s'allumaient sur tous les points. Le bombardement dura sans interruption pendant cinquante-six heures. Le soir du 24 août, la moitié de la ville était en ruines[73].

Barbanègre demanda un armistice pour célébrer la saint Louis. Dans l'espérance, un peu naïve, que la soumission de la garnison au roi obligerait les Autrichiens à lever le siège, il fit afficher une proclamation invitant les troupes et les habitants à reconnaître Louis XVIII, et il ordonna de hisser un drapeau royal sur le bastion n° 13. Les canonniers furieux en arrachèrent l'étoffe, la chiffonnèrent de façon à en former une bourre et, au mépris de l'armistice, l'envoyèrent avec un boulet dans les tranchées autrichiennes. Deux autres drapeaux successivement replacés servirent au même usage. Enfin Barbanègre fit déployer sur un autre point de l'enceinte un quatrième drapeau qu'on laissa librement flotter, mais aucun soldat ne voulut quitter la cocarde tricolore[74].

L'archiduc Jean envoya de nouveau sommer Barbanègre et lui signifier que le bombardement reprendrait au point du jour. Le général réunit son conseil de défense. On s'y montrait d'avis de résister encore, mais les membres de la municipalité demandèrent à être entendus. Ils discutèrent, supplièrent, menacèrent, et finirent par imposer leur opinion. Barbanègre se résigna à rendre la place. Aux termes de la capitulation, signée le 26 août, la garnison devait sortir avec les honneurs de la guerre, tambours battant et enseignes déployées, et déposer ses armes sur les glacis. Les soldats rejoindraient l'armée de la Loire, les mobilisés et les vétérans rentreraient dans leurs foyers[75]. Il semble que Barbanègre régla les choses autrement. En vertu de l'ordonnance du roi licenciant les gardes nationales actives, il fit procéder dans la ville même au désarmement des mobilisés et des vétérans et sortit seulement avec les canonniers, les fusiliers du 6e de ligne et les quatre gendarmes, en tout cent cinquante hommes[76]. Cela ne nuisit pas à l'effet du défilé. En voyant le petit nombre de soldats qui suivaient le gouverneur de Huningue, l'archiduc Jean fut si ému, dit-on, qu'il embrassa Barbanègre[77].

A Longwy, le général de brigade Ducos fit une résistance plus énergique encore, et plus longue et plus active que Barbanègre à Huningue. Dès les premiers jours de juillet, le corps du prince de Hesse-Hombourg investit la place qui avait pour garnison trois bataillons de mobilisés des Vosges et de la Meurthe, un bataillon de retraités, une centaine de douaniers et dix-sept artilleurs. Dans la nuit du 1er au 2 juillet, les assiégeants surprirent un ouvrage avancé et cherchèrent à s'y établir, mais Ducos le lit si bien mitrailler trois heures durant, qu'ils durent l'abandonner en v laissant beaucoup de morts. Le bombardement commença ; il se prolongea jusqu'au 13 juillet sans autre résultat que de nombreux incendies et la mort d'une douzaine d'habitants. Ce jour-là, Ducos, averti que le corps de partisans du général Mériage marchait au secours de la place, fit une sortie. Attaqués de deux côtés à la fois, l'ennemi repassa la frontière après un combat acharné qui lui coûta près de 500 hommes tués, blessés ou prisonniers, et du canon. Il revint plus nombreux le 28 juillet et commença les travaux d'approche. 4000 paysans, hommes et femmes, furent traînés devant la ville et contraints sous peine de mort, à creuser les tranchées. Comme dans presque toutes les places, la garnison fondit par l'effet de l'ordonnance royale licenciant les mobilisés. Ducos dut laisser partir les bataillons des Vosges et de la Meurthe. Je n'ai plus que 350 hommes de garnison, écrivait-il le 17 août au ministre de la guerre. Il résista quand même. La moitié des habitants servait les batteries, l'autre moitié éteignait les incendies. Du 9 au 15 septembre, le bombardement devint foudroyant. Pendant sept jours et sept nuits, cinq batteries croisèrent leurs feux sur la ville. On pouvait compter jusqu'à dix bombes ou obus dans les airs à la fois. La nuit du 15 au 16 septembre, l'ennemi fit une attaque générale sur les ouvrages extérieurs. Partout il fut repoussé, sauf à la lunette n° 4, assaillie par un millier de fantassins et 300 sapeurs, défendue par vingt-quatre officiers retraités. Ceux-ci se battirent comme des Césars. Pour les forcer de se rendre, il fallut les enfumer avec du bois vert ; ils ne voyaient plus clair et ils étouffaient[78].

Le siège avait duré trois mois, le bombardement dix-huit jours ; Longwy était en ruines et il y restait 290 soldats en état de combattre. Pour un homme comme le général Ducos, ce n'étaient point là des raisons. Il capitula parce qu'il n'avait plus de poudre[79].

Daumesnil conserva au roi le château de Vincennes et à la France l'immense matériel de guerre qui s'y trouvait accumulé. Quand l'armée s'était mise en marche vers la Loire, on avait hâtivement transporté dans le fort toutes les pièces de place, de côte et de marine et des quantités de fusils et de munitions[80]. Bien qu'il n'eût pas été fait mention de Vincennes dans le texte de la capitulation, les Alliés réclamèrent l'évacuation de la place. Les commissaires français s'y refusèrent en objectant que Vincennes devait être regardé comme une forteresse indépendante de Paris[81]. Un officier prussien avec un détachement de cavalerie alla alors sommer Daumesnil qui l'éconduisit en l'engageant à faire retirer la cavalerie, sinon qu'on tirerait dessus[82]. Daumesnil avait 80 pièces en batterie, un millier de canonniers, de vétérans et d'invalides, tous aussi résolus que lui et si bien disciplinés qu'ils se prêtèrent sans un murmure à arborer le drapeau royal ; il était très tranquille[83].

Afin de ne pas brûler sa poudre en vain, l'ennemi se borna à bloquer la citadelle. Mais Louis XVIII fut invité à donner des ordres pour que les effets militaires se trouvant à Vincennes fussent mis à la disposition des Alliés, sauf ceux formant la dotation ordinaire du château. Le roi obéit. Daumesnil reçut des instructions, et, le 6 août, un major prussien et un major anglais, accompagnés de deux commissaires français, se présentèrent pour prendre livraison des armes et des munitions. La Jambe de Bois, comme les Parisiens appelaient Daumesnil, leur joua un tour de sa façon. Il les accueillit le mieux du monde, mais il ne les laissa pénétrer que dans la première cour où il avait fait réunir 87 canons de fer, 12 affûts et quelques milliers de fusils, dont une partie non achevés et l'autre à réparer ; il livrerait en outre, disait-il, 7.500 kilogrammes de poudre. C'était à peine le dixième de ce que contenait la citadelle : 588 bouches à feu, 180 affûts, 181 caissons, 200.000 boulets, obus et bombes, 80.000 kilogrammes de poudre, 100.000 cartouches, 53.000 fusils, 59.000 sabres, 1.800 cuirasses et 17.000 outils de pionniers. Faute de mieux, les Alliés se contentèrent du maigre butin qui leur était offert ; mais restés en défiance, ils maintinrent l'investissement jusqu'après la signature du traité de paix[84]. Aussitôt Daumesnil dût quitter Vincennes. Pour reconnaître les services de ce grand soldat, Louis XVIII le remplaça comme gouverneur du château par le général marquis de Puyvert[85], peu connu dans l'histoire.

 

 

 



[1] Moniteur, Journal des Débats, Journal général, Gazette de France, du 12 juillet au 25 août.

[2] Précis de l'état de la France depuis le retour du roi [par d'Hauterive ?]. (Arch. Aff. étrangères, 647.) Mounier à X., 25 juillet (cité par d'Hérisson, III, 9.) Journal manuscrit de Lechat, 25 juillet, 23 août. Vitrolles, Mém., III, 139.

[3] Protocoles des séances du 12 juillet au 17 septembre, (D'Angebert, 1463 à 1517).

[4] Précis de l'état de la France depuis le retour du roi, novembre [par d'Hauterive ?] (Arch. Aff. étrangères, 617.) Marmont, Mém., VII, 171.

[5] Journal manuscrit de Lechat. — Le mot a sans doute été inventé à Paris, mais il est l'expression de la vérité générale.

[6] Pendant la seconde quinzaine de juillet, c'est-à-dire postérieurement au retour du roi à Paris, des troupes étrangères entrèrent eu grand nombre en France. Le 6e corps prussien (Taumizien) passa la frontière le te, août ; le contingent des villes hanséatiques, les 3 et 4 août ; un corps de 10 régiments de la landwehr du Rhin, le 8 août ; l'armée autrichienne de Bianchi, au milieu d'août ; le 58e anglais, le 2 septembre ; une forte colonne anglo-hanovrienne, le 29 septembre ; un corps de Brunswick, le 11 octobre. Lee dit même mois, Bourmont signalait sur la frontière belge un mouvement de troupes néerlandaises qui lui donnait de graves inquiétudes pour Dunkerque. (Von Ollech, Geschichte des Feldzuges von 1815, 399-403, Corresp. Ministérielle, 5 août et 2 septembre (Arch. Guerre.) Bourmont à Feltre, Lille. 30 septembre et 11 octobre (Arch. Guerre) Plotho, Der Krieg im Jahre 1815, 266, 345, 390.)

Les Espagnols ne firent qu'une apparition en France. Au mois de mai, le due d'Angoulême et le gouvernement anglais les avaient engagés à presser leur entrée en campagne. L'Angleterre leur avait promis vingt-cinq millions s'ils passaient la frontière au sud-ouest en même temps que Wellington la passerait au nord. Ils n'étaient parvenus à se concentrer en forces qu'après la lin des hostilités. Les Anglais n'avaient plus besoin du concours de l'Espagne, mais les troupes espagnoles n'en étaient pas moins massées au pied des Pyrénées, presque sans vêtements et absolument sans solde. Les généraux Castaños et L'Abisval jugèrent que vu l'état de la France ils risqueraient peu à essayer d'avoir part à la curée. Ils se déterminèrent à passer la frontière. Castaños marcha le 22 août sur Perpignan, et L'Abisval, le 27, sur Saint-Jean-de-Luz. On rassembla quelques troupes et quelques gardes nationaux, et le duc d'Angoulême entra en pourparlers ; mais ses représentations seraient sans doute restées vaines si elles n'avaient été appuyées par une dépêche des plénipotentiaires des quatre cours portant .lue la détermination de l'Espagne était en opposition avec les mesures concertées entre les Alliés. Ainsi avertis et calmés, les Espagnols repassèrent, la frontière les 5 et 6 septembre. (Lettres de Clausel, 3 juillet ; de Picard, 23 et 29 août ; du duc d'Angoulême, 27 août ; de L'Abisval, 3 sept. ; de Gramont, 5 sept. Proclamations de Castaños et de L'Abisval, 22 et 29 août (Arch. Guerre.) Général Pelleport, Mém., II, 135-136. Protocole du 24 août (d'Angebert, 1503).

[7] Protocole des conférences des Alliés, 13 et 27 juillet, 5 août (d'Angebert, 1465, 1469, 1493). Damitz, II, 199-200. Von Ollech, 399-403. Corresp. générale du 10 juillet au 31 octobre. (Arch. Guerre). Analyse de la corresp. des préfets, juillet-octobre. (Arch. nat. F. 7, 3044 B, F. 7, 3774, F. 7, 3775.)

[8] Nommément — pour ne citer que les départements les plus éloignés de la base d'opérations des Alliés — la Seine-Inférieure, la Manche, l'Ille-et-Vilaine, le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Lozère, le Gard, les Basses-Pyrénées et les Pyrénées-Orientales où les Espagnols ne séjournèrent, d'ailleurs, que pendant quelques jours.

D'après un ordre de l'intendant du 6e corps prussien au préfet de Quimper (Arch. Guerre, 5 août) les Prussiens auraient même occupé temporairement le Finistère et par conséquent les Côtes-du-Nord (Grâce à l'attitude de Sol de Grizolles et de ses chouans [Cf. Rio, La Petite chouannerie, 237-238, et lettre de Tauenzien à Sol de Grizolles, Rennes, 12 septembre, citée par Vignols, les Prussiens dans l'Ille-et-Vilaine, 69], ils n'entrèrent pas dans le Morbihan). S'il en fut ainsi, ce n'est pas cinquante-huit, c'est soixante départements qu'occupèrent les Alliés.

[9] Castlereagh à Liverpool, Paris, 21 juillet (Wellington, Supplementary Dispatches, XI, 55). — Pour son calcul, Castlereagh portait à 800.000 les soldats étrangers entrés en France ou en route vers les frontières. Plus tard les ministres alliés réclamèrent au gouvernement français une indemnité de solde et d'habillement pour 1.135.000 hommes, mais ils comptaient dans ce nombre les troupes qui se trouvaient eu France et celles qui étaient prèles à y outrer le cas échéant. (Protocole de la séance du 7 sept. D'Angebert, 1509-1510.)

[10] Lettre de Vesoul, 23 août. Convention entre le préfet de l'Allier et l'intendant wurtembergeois. Moulins, 15 août. (Arch. Guerre.)

[11] Talleyrand à Wellington, 9 août (Supplementary Dispatches, XI, 133-134), Cf. Etat dressé par Chabrol, 30 sept. (Arch. Aff. étrangères, 693.)

[12] Correspondance générale, juillet-octobre (Arch. Guerre.) Analyse de la corresp. des préfets, juillet-septembre (Arch. nat., F. 7, 3774, F. 7, 3775, F. 7, 3014 4). Procès-verbal du maire d'Orléans, 21 juillet. (Arch. Aff. étrang., 691.) Intendant général du 6e corps prussien au préfet du Finistère, 5 août (Arch. Guerre).

[13] Müffling à Decazes, s. d. (31 août ?) Cité par E. Daudet, le Duc Decazes, 82-83.

[14] Choiseul à Talleyrand, Dijon, 4 août (Arch. Aff. étrang., 691).

[15] Correspondance générale, juillet-octobre (Arch. Guerre). Analyse de la corresp. des préfets juillet-septembre. (Arch. nat., F. 7, 3774, F. 7, 3775.)

[16] Talleyrand aux ministres alliés, 20 juillet. (Arch. Aff. étrang., 690.)

[17] Wellington à Castlereagh, Paris 14 juillet, (Dispatches, XII, 558.) Cf. Lettre à Wellesley, 19 juillet (XII, 566) — Il est à remarquer que contrairement aux autres généraux alliés, Wellington s'efforçait, sans toujours y réussir, de maintenir une discipline rigoureuse parmi ses troupes. Cf. Wellington à Talleyrand, 14 juillet, (Dispatches, XII, 559.) Rapport de Maison, 31 août. (Arch. Guerre.) Pfister, Aus dem Lager der Verbündeten, 309.

[18] Louis XVIII à Talleyrand, 21 juillet. (Cité par Talleyrand, Mém., 258-259.)

Il est parlé de cette lettre royale par Lechat (journal manuscrit), qui doute que Louis XVIII l'ait écrite ; par Fagel (dépêche à son gouvernement, 24 juillet, Revue d'histoire diplomatique, X, 98), qui la mentionne comme un on-dit ; par la duchesse de Lévis (Sismondi, Notes sur les Cent jours, 30), qui rapporte que le roi fit tenir cette lettre aux souverains, mais que, comme elle ne produisit nulle impression et qu'il ne voulut pas être appelé à effectuer ses paroles, il s'empressa de la faire démentir.

[19] Note des Plénipotentiaires des quatre cours, 24 juillet. (D'Angebert, 1467.)

[20] Talleyrand ans ministres alliés, 28 juillet. (Arch. Aff. étrang. 691.)

[21] Ministres alliés à Talleyrand, 19 juillet, 29 juillet. 19 août, 20 août, 8 sept. (Arch. Aff. étrang., 690, 691.)

[22] Ministres alliés à Talleyrand, Paris, 6, 16, 19 août. (Arch. Aff. étrang., 691.)

[23] Talleyrand aux ministres alliés, 10, 12 et 13 août. (Arch. Aff. étrang., 691.)

[24] Cette taxe de cent millions, véritable impôt forcé dont les principaux contribuables étaient tenus de faire la première avance, fut cependant perçue assez facilement dans les mois de septembre à décembre. (Pasquier, III, 397-400).

[25] Talleyrand aux ministres alliés, 21 août, Cf. 19 août. (Arch. Aff. étrang.. 691.) Cf. Gouvion Saint-Cyr à Wellington, 13 juillet et 31 août. Rapport confidentiel à Wellington, 20 juillet. Vitrolles à Wellington, 21 juillet. (Supplementary Dispatches, XI, 27, 48), Préfets de l'Alu et du Loiret à Talleyrand, 17 juillet. (Arch. Aff. étrang., 691.) Rapport de Vesoul, 19 août. (Arch. nat., F. 7, 3773.) Extrait de la corresp. ministérielle, 23 août, 21, 25, 26 septembre. (Arch. Guerre.)

Dans une note pour Richelieu, 26 nov. (Arch. Aff. étr., 647) le comte d'Hauterive a tracé de la situation de la France et du roi cc résumé vraiment tragique : La nation subjuguée, l'État abattit, l'armée dissoute, les droits de la France n'existant plus que sous la sauvegarde de la justice générale, la force militaire qui en est la sanction étant toute dans les mains des gouvernements étrangers qui l'ont fait servir à méconnaître, à avilir et à annuler l'autorité du roi, eu faisant exécuter des arrestations arbitraires, destituer et emprisonner des agents publics, lever des tributs, spolier les caisses publiques, et enfin eu établissant dans la capitale un gouvernement qui jusqu'au traité de paix a commandé eu leurs noms, il est évident qu'ils n'ont laissé à celui qui, il y a vingt-cinq ans, était le premier eu dignité parmi les rois, qu'une ombre d'existence.

[26] Talleyrand aux ministres alliés, 24 août. (Arch. Aff. étrang., 691.)

[27] Rapport de Dijon, 14 octobre (Arch. nat., F. 7, 3775.) Cf. Metternich, Mém., I, 209 : Les puissances voulurent cette fois donner une leçon à la France.

[28] Sismondi à sa mère, 9 juillet. (Lettres inédites, 94.) Cf. Pfister, Aus dem Lager der Verbündeten, 388, et Vaudreuil à Talleyrand, Berlin, 25 sept. (Arch. Aff. étrang. Prusse, 233).

[29] Sismondi à sa mère, 16 juillet. (Lettres inédites, 98.)

[30] Rapport à Carnot, 13 juillet (papiers de Carnot). Correspondance des préfets, 10 août, 14 août, 10 sept., 15 sept., 14 déc. (Arch. nat., F. 7. 3775.) Rapport de Verdun, 1er oct. Général Thiébault, à Clarke, Dijon, 12 oct. (Arch. Guerre.)

[31] Correspondance générale, juillet-octobre (Arch. Guerre). Analyse de la corresp. des préfets, juillet-décembre (Arch. nat., F. 7. 3774 el F. 7. 3775.) Lettres à Talleyrand : de Barante, 4 sept. ; de Jaucourt, 8 sept. (Arch. Aff. étrang., 691). Clarke à Richelieu 23 octobre (Arch. Guerre). Proclamation du général de Hacke, Sedan, 17 juillet. (Citée par Poirier, Siège de Sedan, 98-99).

[32] Rapport de la division militaire, 15 sept. et 21 oct. Rapport de In 9e division militaire, 8 décembre. (Arch. Guerre). Rapport du sous-préfet de Gray, 27 sept., du préfet de l'Eure, 21 octobre. (Arch. nat. F. 7. 3775.)

[33] Berthezène à Vandamme, 13 juillet. (Arch. Guerre.)

[34] Rapport de la 1re division militaire, 18 octobre. (Arch. Guerre.) Rapport du préfet de Seine-et-Marne, 22 octobre, (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[35] Rapport du préfet de la Moselle, 8 août. (Arch. nat., F. 7, 3774.)

[36] Extrait de la correspondance des préfets, 14 juillet. (Arch. nat., F. 7, 3774.)

[37] Rapport du général Thiébault, Dijon, 22 octobre. (Arch. Guerre.)

[38] Rapport du préfet de la Nièvre, 1er sept. (Arch. nat., F. 7, 3771.)

[39] Préfet de la Nièvre à Talleyrand, Nevers, 12 août. (Arch. Aff. étrang., 691.)

[40] Rapport de la 1re division militaire, 9 août. (Arch. Guerre.)

[41] Rapport de Blois, 18 août. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[42] Barante à Talleyrand, 12 août, (Arch. Aff. étrang., 691.)

[43] Analyse de la correspondance des préfets, 30 novembre. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[44] Analyse de la correspondance des préfets, 13 août. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[45] Analyse de la correspondance des préfets, 12 octobre, (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[46] Rapport du commandant de Bitche, 11 octobre. (Arch. Guerre.)

[47] Rapport du préfet d'Amiens, 3 décembre. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[48] Rapport du duc de Castries. Caen, 5 octobre. (Arch. Guerre.)

[49] Radet à Davout, Olivet, 14 Juillet. (Arch. Guerre.)

[50] Analyse de la correspondance des préfets, 5 sept. (Arch. nat., F. 7. 3775.)

[51] Préfet de la Meurthe à Clarke, 14 décembre. Clarke à Richelieu, 19 décembre. (Arch. Guerre.)

[52] Rapport du préfet d'Angers, 20 sept. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[53] Rapport de Saint-Lô, 18 sept. (Arch. Guerre.)

[54] Rapport du préfet de Seine-et-Marne, 31 juillet. (Arch. nat., F. 7, 3044B.)

[55] Préfet de la Nièvre à Talleyrand, Nevers, 12 août. (Arch. Affaires étrangères, 691.)

[56] Rapport de la gendarmerie de Valognes, 14 août. (Arch. Guerre.)

[57] Analyse de la correspondance des préfets, 15 sept. (Arch. nat., F. 7, 3775). Rapport d'Évreux, 15 sept. (Arch. Guerre).

[58] Rapport du préfet de l'Eure, 6 octobre. (Arch. nat., F. 7, 3775).

[59] Note (minute) 11 octobre (Arch. Affaires Étrangères, 893). — Cette décision fut prise en ces circonstances inouïes : Dans une rixe, un sergent-major de l'ex-garde avait souffleté un soldat prussien. Le gouvernement prussien fit arrêter le Français afin de le déférer à une commission militaire. Celui-ci réclama des juges français. Le sinistre de la guerre voulait intervenir dans ce sens, mais on laissa aller les choses. (Clarke à Richelieu, 8 octobre. Arch. Guerre.)

[60] Les paysans des bords de la Loire fuient dans les bois. Berthezène à Vandamme, 13 juillet (Arch. Guerre). — En Champagne et en Bourgogne, les paysans errent dans les bois. Rapport de Clairvaux, 17 juillet (Arch. nat., F. 7, 3771.) — Les habitants fuient dans les bois avec leurs bestiaux. Rapport du préfet d'Indre-et-Loire, 24 juillet (Arch. nat., F. 7. 3774) — Dans les environs de Maubeuge, les habitants désertent les villages. Rapport du maire de Condé, 8 août (Arch. Guerre). — Les villages de la Champagne sont presque tous désertés. Les habitants tuent dans les bois les soldats isolés. Rapport de Troyes 9 août (Arch. nat., F. 7, 3775.) — Les habitants s'enfuient dans les bois. Sous-préfet de Gray au Préfet de la Haute-Saône, 29 sept. (Arch. Guerre) — Les habitants de l'Aisne fuient dans les bois. Rapport de la 1re division militaire, 13 nov. (Arch. Guerre.)

[61] Ministres alliés à Talleyrand, 5 nuit (Arch. Aff. étrangères, 691). Analyse de la correspondance des Préfets, juillet-décembre (Arch. nat., F. 7, 3774 et F. 7, 3775.) Corresp. ministérielle, juillet-novembre (Arch. Guerre).

[62] La Champagne el la Bourgogne sont prêtes à se soulever en masse. Rapport de Clairvaux, 17 juillet. (Arch. nat., F. 7, 3774.) — Les paysans de l'Aisne exaspérés n'attendent qu'us signe pour se lever en masse. Rapport du général de Langeron, Laon, 25 juillet (Arch. Guerre). — Les habitants d'Orléans sont exaspérés par les exigences et les vexations des Prussiens. On craint un soulèvement. Rapport de la 1re division militaire, 26 juillet. (Arch. Guerre). — Les habitants des campagnes sont déterminés à courir sus à l'ennemi au premier signal. Rapport de Cherbourg, 23 août (Arch. Guerre) — A Chartres, un soldat prussien n été tué, d'un coup de rouleau sur la promenade publique... Les Prussiens très inquiets forcent les habitants tg guider les mets avant eux. Maison à Gouvion Saint-Cyr, 29 août (Arch. Guerre.) — Il y a menace de révolte à Lyon contre les Autrichiens. Rapport de Lyon, 30 août. (Arch. Guerre.) — Deux coups de tocsin ont suffi à assembler la population d'Auxerre pour exterminer les Bavarois. J'ai en grand'peine à rétablir le calme. Rapport du sous-préfet d'Auxerre, 16 octobre. (Arch. nat., F. 7, 3775.)

[63] Précis de l'état de la France après le retour du roi [par d'Hauterive]. De Caux à Reyneval, 20 nov. Etat des effets de l'artillerie enlevés par les troupes alliées dans les places, s. d. [novembre]. (Arch. Aff. étrang., 647.) Pasquier, Mém., III, 352-353. Vitrolles, Mém., III, 135-136. Ministres alliés à Talleyrand, 3 août : ... Nous considérons la substitution du drapeau blanc au drapeau tricolore comme une ruse de guerre criminelle. Cf. Richelieu à Wellington. 16 octobre. (Arch. Aff. étrang., 691 et 693.)

[64] Commandant de Vitry à Davout, 30 juin. Daumesnil à Davout, 21 juin. (Arch. Guerre). Rapp, Mém., 375.376. Général Hugo, Journal du siège de Thionville, 141.

[65] Rapport de Grundler, 6 août (Arch. Guerre.)

[66] Laugeron à Gouvion Saint-Cyr, Laon, 2 et 7 août. (Arch. Guerre.)

[67] État des places mises en état de siège. (Arch. Guerre, à la date de juillet.) Damitz, II, 224 à 261. Journal du blocus de la Fère. Journal du blocus de Landau. Rapports et lettres au ministre, août-novembre. (Arch. Guerre.) — Sur Verdun, cf. Ministres alliés à Talleyrand, 14 et 15 juillet. (Arch. Aff. étrang., 690.) — Sur Antibes, rapport de la 8e division militaire, 21 oct. (Arch. Guerre.) — Sur Condé, les paroles du général Bonnaire devant le conseil de guerre. (Procès de Bonnaire, 142.) J'ai conservé la place qui ne serait plus à S. M. Louis XVIII si les Hollandais y fussent entrés.

Metz que défendait Belliard, Strasbourg où commandait Rapp, et Lille, qui eut pour gouverneur tour à tour Lapoypée pour l'empereur et Bourmont pour le roi, ne furent pas, à proprement parler, assiégés. Elles furent seulement investies, et, en vertu de conventions particulières, il y eut bientôt armistice entre les avant-postes.

[68] Moniteur, 25 juillet. Circulaire de Gouvion Saint-Cyr, 25 juillet. (Arch. Guerre.)

[69] Journal des blocus de Landau, Longwy, La Fère, Huningue, etc., et rapports et dépêches des gouverneurs des places à Gouvion-Saint-Cyr, juillet-août (Arch. Guerre). — Par l'effet de l'ordonnance de licenciement, écrivait Belliard (Metz, 28 juillet), toutes les places vont se trouver sans garnison.

[70] Journal du siège de Huningue. Davout à Lecourbe 18 juin. Lecourbe à Davout, Altkirsch, 20 juin (Arch. Guerre).

[71] Journal du siège de Huningue. Damitz, II, 261.

[72] Journal du siège de Huningue.

[73] Rapport de Barbanègre à Gouvion Saint-Cyr, 3 septembre (Arch. Guerre). Journal du siège de Huningue. Damitz, II, 262-266. Précis des Opérations de l'Armée du Rhin, 36.

[74] Rapport de Barbanègre à Gouvion Saint-Cyr, 3 septembre. Journal du siège de Huningue.

[75] Capitulation, 26 août (citée dans le Journal du siège de Huningue). Damitz, II, 264.

[76] Journal du siège de Huningue. Document des archives de Huningue (cité par Casteig, Barbanègre, 122). — On voit comment s'est créé la légende de Huningue défendue par une poignée d'hommes. Il est vrai que Barbanègre sortit de la place avec 150 soldats, mais il est vrai aussi que, le jour de la capitulation, la garnison n'élevait encore au moins à 1.800 hommes. Damas, (Il, 264) dit même : 1.917.

[77] Journal Général, 19 septembre. Cf. Journal du siège de Huningue.

[78] Journal du siège de Longwy. Ducos à Gouvion-Saint-Cyr, 17 août (Arch. Guerre). Général Hugo, Journal historique des Blocus de Thionville, Sierk, etc., 121, 123, 125, 141, 146, 150. Damitz, II, 253-256.

[79] Journal du siège de Longwy.

[80] Valée aux généraux Pellegrin et Pelletier, 4 juillet, et Journal de la défense de Paris (communiqués par M. le général de Salles). Commission de gouvernement à Davout, 5 juillet (Arch. Guerre).

[81] Commissaires anglais à Wellington et à Blücher (Supplementary Dispatches, X, 672.)

[82] Sommation de Zieten, 10 juillet (Arch. Guerre). Adjudant Bénard, Journal du Blocus de Vincennes, 37-53. — Les Prussiens renouvelèrent trois ou quatre fois la sommation. Daumesnil finit par dire au parlementaire que la patience de la garnison était à bout et qu'elle voulait elle-même attaquer.

[83] Journal du Blocus de Vincennes, 25, 57.

[84] Protocole de la conférence du 12 juillet. Ministres alliés à Talleyrand, 29 juillet. Talleyrand aux Ministres alliés, 18 août (Arch. Aff. Etrangères, 690, 691). Daumesnil à Gouvion-Saint-Cyr, 12 juillet. (Arch. Guerre). Journal du Blocus de Vincennes, 34-35, 62-63, 92.

[85] Moniteur, 29 novembre. Dossier de Daumesnil (Arch. Guerre). — Daumesnil fut mis à la retraite bien qu'il n'eût que trente-huit ans. Quand il quitta le fort les habitants de Vincennes firent une souscription, qui produisit 1.200 francs en deux jours, pour lui offrir une épée d'honneur (Rapport du général Despinois, 30 nov. Arch. Guerre.)