1815

LIVRE III. — WATERLOO

 

CHAPITRE VII. — LES COMBATS DE WAVRE ET LA RETRAITE DE GROUCHY.

 

 

I

On a vu que, le 18 juin, vers midi, le maréchal Grouchy au cours de sa discussion avec Gérard à Walhain, reçut un aide de camp d'Exelmans qui l'informa de la présence de l'arrière-garde prussienne devant Wavre.

Entre neuf et dix heures, les deux divisions de dragons d'Exelmans étaient arrivées à la Baraque, à cinq kilomètres de cette petite ville. Des éclaireurs qui avaient poussé par delà le défilé de la Huzelle signalèrent des troupes prussiennes des trois armes en position sur les hauteurs de Wavre[1]. C'était le corps, de Pirch tout entier encore sur la rive droite de la Dyle, et deux régiments de cavalerie de landwehr, arrière-garde de Bülow[2]. Bien qu'il eût l'ordre de talonner l'ennemi de très près[3], Exelmans craignit de s'engager contre ces masses, avec sa seule cavalerie, dans une région si boisée. Il savait d'ailleurs, par de nouveaux renseignements ou de nouveaux indices, que l'armée prussienne manœuvrait pour rejoindre les Anglais. Il pensa que Grouchy interromprait la marche sur Wavre, désormais sans objet, pour passer la Dyle au plus près. Dans le dessein de préparer ce mouvement, il dirigea vers cette rivière la brigade Vincent ; elle prit position à la ferme de la Plaquerie, à une portée de canon d'Ottignies. Exelmans posta vers Neuf-Sart la brigade Berton pour éclairer la droite, laissa à la Baraque une avant-garde de deux escadrons et se replia avec le gros de la division Chastel à environ une lieue en arrière, près de Corbais. C'est pendant cette halte qu'il envoya un aide de camp à Grouchy pour l'informer de la présence des Prussiens devant Wavre et des dispositions qu'il avait prises[4].

Le corps de Vandamme était alors arrêté à Nil-Saint-Vincent, conformément aux ordres de Grouchy, de la veille. Dans la soirée du 17 juin, le maréchal, malgré tous ses renseignements sur la marche des Prussiens vers Wavre, était encore si indécis touchant la direction à prendre, qu'il avait prescrit à Vandamme de se porter seulement à Walhain[5]. Un peu plus tard, vers onze heures ou minuit, il lui avait écrit : J'ai oublié de vous dire de dépasser Walhain, afin que le général Gérard puisse prendre position en arrière. Je pense que nous irons plus loin que Walhain ; ce sera donc plutôt une halte qu'une position définitive[6]. Le matin du 18, à la levée des bivouacs, Grouchy, bien décidé désormais à se porter sur Wavre, aurait eu tout le temps de rectifier ces instructions et d'ordonner à Vandamme de suivre le plus rapidement possible la cavalerie d'Exelmans. Il n'y songea pas. Vandamme après avoir dépassé Walhain fit donc halte à Nil-Saint-Vincent en attendant de nouveaux ordres[7].

Vers une heure, Grouchy averti par l'aide de camp d'Exelmans, le commandant d'Estourmel, que l'arrière-garde prussienne était en vue, arriva à Nil-Saint-Vincent. Il donna à Vandamme et fit envoyer à Exelmans l'ordre de remettre les troupes en marche[8]. Un peu avant deux heures, comme la tête de colonne des dragons approchait de la Baraque, les deux escadrons qui avaient été laissés en avant-garde furent attaqués par le 10e hussards prussiens débouchant sur leur flanc gauche[9]. Ce régiment formait, avec deux bataillons et deux pièces de canon, le détachement du lieutenant-colonel Ledebur, posté en observation à Mont-Saint-Guibert.

Jusque vers une heure, Ledebur n'avait pas bougé. Mal renseigné par ses patrouilles et ses vedettes, il ignorait complètement l'approche de l'armée française, comme aussi la pointe poussée le matin à la Baraque par les deux divisions d'Exelmans[10], et la position prise à la ferme de la Plaquerie par la brigade Vincent. Il était entouré d'ennemis ; il ne s'en doutait pas. Averti enfin de la présence des Français à Nil-Saint-Vincent et sur la route de Wavre, Ledebur vit que sa ligne de retraite directe risquait d'être coupée. Il poussa rapidement à travers champs ses hussards à la Baraque, tandis que ses deux bataillons gagnaient au pas de course, par Bruyères et Bloc-Ry, les bois de la Huzelle qui bordent la route, des deux côtés, au nord de la Baraque, et en font une sorte de défilé. Les hussards refoulèrent les deux escadrons français à l'est de la route, entretinrent quelques instants le combat, puis, à l'approche du gros des dragons, ils se replièrent par le défilé que venaient d'occuper les tirailleurs de Ledebur[11]. Il fallait de l'infanterie pour débusquer ceux-ci. Les dragons laissèrent le passage à la tête de colonne de Vandamme ; elle attaqua sans tarder. Deux bataillons de la division Brause, qui se trouvait encore avec la division Langen (toutes deux du corps de Pirch) sur la rive droite de la Dyle[12], avaient été envoyés pour soutenir Ledebur[13]. La défense était opiniâtre. Grouchy, à l'insu d'Exelmans, avait rappelé des bords de la. Dyle la brigade Vincent[14]. Tous les dragons se trouvaient rassemblés. Il fit porter à Exelmans l'ordre de tourner la position vers Dion-le-Mont avec ces trois mille cavaliers. La manœuvre, bien conçue mais opérée trop tard ou trop lentement, ne donna pas le résultat qu'on en pouvait attendre. Avant que la cavalerie française eût achevé son mouvement, les Prussiens avaient évacué les bois et se repliaient sur Wavre[15]. Vandamme franchit le défilé. Il avait l'ordre de Grouchy de poursuivre l'ennemi jusque sur les hauteurs qui dominent cette ville et d'y prendre position en attendant de nouvelles instructions[16].

Malgré l'assurance avec laquelle il avait parlé à Gérard, Grouchy ne laissait point d'être troublé par le canon qui grondait à sa gauche. Il se porta au galop vers Limelette, afin, dit-il, de fixer mieux son opinion quant aux causes de cette canonnade. Il acquit enfin la conviction qu'une grande bataille était engagée sur la lisière de la forêt de Soignes[17]. En regagnant la route de Wavre, entre trois heures et demie et quatre heures[18], il reçut la lettre de l'empereur ou plutôt de Soult, datée du Caillou, dix heures du matin. La suscription portant : Au maréchal Grouchy, à Gembloux ou en avant, l'estafette, l'adjudant-commandant Zenowicz, avait dû passer par Genappe, Sombreffe et Gembloux. C'était un trajet de dix lieues. Zenowicz aurait pu cependant l'effectuer en moins de temps[19]. Au reste, cette dépêche, qui prescrivait à Grouchy de marcher sur Wavre tout en liant les communications avec l'armée impériale, lui fût-elle parvenue plus tôt, qu'il n'eût rien changé à ses dispositions essentielles. Après l'avoir lue, il dit même à son aide de camp Bella qu'il se félicitait d'avoir si bien rempli les instructions de l'empereur en marchant sur Wavre au lieu d'écouter les conseils du général Gérard[20] ; et il fit répondre à Berthezène qui lui avait envoyé un aide de camp pour l'informer de la marche de colonnes prussiennes dans la direction du feu : — Que le général soit tranquille, nous sommes sur la bonne route. J'ai des nouvelles de l'empereur, il m'ordonne de marcher sur Wavre[21].

L'empereur ordonnait aussi, subsidiairement il est vrai, de lier les communications avec le gros de l'armée. Grouchy prit de lentes mesures pour exécuter ces instructions. Pajol venait de lui faire rendre compte, par un aide de camp, que la colonne de droite, dans sa marche de Grand-Lèz sur Tourinnes, n'avait point trouvé trace de l'ennemi. Grouchy renvoya l'aide de camp avec l'ordre pour Pajol de porter incontinent le 2e corps de cavalerie et la division Teste à Limale et d'y passer la Dyle de vive force[22]. Grouchy ignorait le prix du temps, autrement il aurait désigné pour enlever le pont de Limale non point Pajol, qui, à Tourinnes, en était à trois lieues et demie, mais la cavalerie du général. Vallin, qui se trouvait à une lieue de la Dyle, et la division Hulot, du corps de Gérard, qui arrivait à la Baraque[23].

La dépêche expédiée à Pajol, Grouchy galopa vers Wavre dont il comptait diriger l'attaque lui-même. L'ardent Vandamme ne l'avait pas attendu. Au mépris des ordres du maréchal, sans reconnaître la position, sans préparer l'action par son artillerie, il avait lancé à la française toute la division Habert en colonnes d'assaut[24].

Le deuxième échelon du corps de Zieten (divisions Brause et Langea et cavalerie de Sohr) avait passé la Dyle après le combat du défilé de la Huzelle et marchait sur Chapelle-Saint-Lambert. Mais il restait pour défendre Wavre et ses abords presque tout le corps de Thielmann. Croyant d'abord que le déploiement de la cavalerie d'Exelmans entre Sainte-Anne et Dion-le-Mont n'était qu'une démonstration, Thielmann avait mis ses troupes en mouvement dans la direction de Couture-Saint-Germain ; seuls deux bataillons devaient rester pour garder Wavre. Puis, à la vue du corps de Vandamme qui débouchait face à la ville, il avait fait réoccuper les positions qu'il venait d'évacuer. Les divisions Kempher et Lück, trois bataillons de la division Borcke et la cavalerie de Hobe s'établirent, à Wavre, à Basse-Wavre et sur les hauteurs de la rive gauche de la Dyle. La division Stülpnagel vint occuper Bierges ; le détachement du corps de Zieten (trois bataillons et trois escadrons sous von Stengel) préposé à la garde du pont de Limale fut maintenu à ce poste[25].

Les fantassins de Habert débusquèrent vite les Prussiens du faubourg de Wavre ; mais leur charge furieuse se trouva arrêtée à la Dyle qui séparait la ville du faubourg. Les deux ponts étaient fortement barricadés et enfilés par des batteries établies à des hauteurs diverses dans les rues en pente aboutissant à la rivière ; enfin plus d'un millier de tirailleurs étaient embusqués dans les maisons de la rive gauche. Le général Habert, le colonel Dubalen, du 64e, et 600 hommes furent mis hors de combat en quelques instants. Impuissants à enlever les ponts, les soldats hésitaient à se replier, de peur d'être exposés au feu terrible des batteries prussiennes qui balayaient les abords du faubourg et les roides versants de la rive droite. Ils s'abritèrent dans les rues parallèles à la Dyle. Ils étaient enfournés, dit Grouchy, dans une espèce de cul-de-sac[26].

 

II

Après avoir examiné attentivement la position, Grouchy résolut de seconder l'attaque de Wavre par deux autres attaques en amont et en aval. Des renforts entrèrent dans le faubourg ; un bataillon de Lefol fut détaché pour passer la Dyle au pont du moulin de Bierges ; Exelmans se porta avec ses dragons devant Basse-Wavre[27]. Comme le maréchal venait de prendre ces dispositions, il reçut, vers cinq heures environ[28], la dépêche que Soult lui avait envoyée du champ de bataille à une heure et demie et qui se terminait par ces mots : En ce moment, la bataille est engagée sur la ligne de Waterloo en avant de la forêt de Soignes. Ainsi manœuvrez pour rejoindre notre droite. Nous croyons apercevoir le corps de Bülow sur la hauteur de Saint-Lambert. Ainsi ne perdez pas un instant pour vous rapprocher de nous et nous joindre et écraser Bülow que vous prendrez en flagrant délit     .

La dépêche, écrite au crayon, était en partie effacée, presque illisible. Grouchy lut, et plusieurs officiers de son état-major lurent comme lui : la bataille est gagnée, au lieu de : la bataille est engagée[29]. On voulut interroger l'estafette. Cet officier, prétend Grouchy, était ivre au point de ne plus trouver ses mots. Mais le maréchal n'avait qu'à réfléchir. Il était clair qu'une dépêche datée de une heure ne pouvait appeler bataille gagnée une action qui, le bruit du canon, de plus en plus violent, ne l'indiquait que trop, durait encore à cinq heures.

Au reste, que la bataille fût engagée ou gagnée, l'ordre de l'empereur n'en existait pas moins, formel et pressant : il fallait marcher sur Saint-Lambert pour écraser Bülow. Grouchy le comprit ; mais il ne mit ni résolution ni méthode dans ses dispositions. Il suffisait de deux divisions de Vandamme pour occuper les Prussiens devant Wavre. Il semble donc que le maréchal aurait dû faire filer incontinent vers Limale la troisième division de Vandamme ainsi que les huit régiments de dragons d'Exelmans dont la diversion sur Basse-Wavre n'était plus utile. Mais Grouchy, par la plus étrange des conceptions stratégiques, voulut à la fois emporter Wavre avec la moitié de son armée et diriger l'autre moitié sur Saint-Lambert par le pont de Limale. Il laissa donc devant les positions prussiennes tout le 3e corps et la cavalerie d'Exelmans[30], et il envoya son aide de camp Pont-Bellanger porter l'ordre verbal à Pajol, qui partait de Tourinnes, de presser sa marche sur Limale. — Jamais l'empereur n'a été si grand ! dit Pont-Bellanger en abordant Pajol. La bataille est gagnée, on n'attend plus que la cavalerie pour achever la déroute[31].

En même temps qu'il dépêchait cet ordre à Pajol, Grouchy vint au galop avec Gérard à la Baraque pour porter de là sur Limale le 4e corps dont seule la division de tête (général Hulot) était arrivée sur les hauteurs de Wavre. Est-il vrai, comme le dit Grouchy, que les deux autres divisions du 4e corps (Vichery et Pêcheux) n'avaient point encore atteint la Baraque à six heures du soir ; que, las de les y attendre, le maréchal revint devant Wavre en laissant l'ordre, pour ces deux divisions, de marcher directement sur Limale ; enfin que cet ordre ayant été mal interprété, Vichery et Pêcheux continuèrent leur mouvement sur Wavre ? Faut-il croire, plutôt, que Grouchy trouva ces divisions à la Baraque, qu'il leur donna l'ordre de se porter sur Limale, mais que la tête de colonne s'égara en route, faute de guide, et reprit sa marche vers Wavre ? Il parait impossible de saisir la vérité au milieu des témoignages contradictoires de Gérard, du général Bulot, de Grouchy lui-même dont les propres assertions ne concordent point entre elles[32]. Ce qui est certain, c'est que Grouchy alla à la Baraque et revint ensuite devant Wavre[33].

Le combat continuait, acharné, des deux côtés de la Dyle. L'attaque du pont de Bierges par le bataillon de Lefol avait été repoussée. Grouchy, bien intempestivement obstiné à passer la Dyle sur ce point, ordonna à Gérard de renouveler l'attaque avec un bataillon de la division Mulot. Gérard lui ayant fait remarquer qu'il vaudrait mieux faire soutenir le détachement de Lefol par d'autres troupes du même corps d'armée[34], il accueillit mal cette observation très juste. Gérard alors transmit l'ordre à Hulot qui conduisit lui-même à l'assaut un bataillon du 9e léger. Pour atteindre le pont, il y avait à traverser des prés marécageux coupés, en lignes parallèles à la Dyle par des fossés profonds et très larges. Hulot prescrivit de se jeter dans ces fossés, si on ne pouvait les sauter. Ils avaient de quatre à six pieds d'eau, les tirailleurs faillirent s'y noyer ; il leur fallut, pour en sortir, l'aide de leurs camarades. Pendant ce temps-là les balles pleuvaient dru. Rebutés, les soldats se replièrent[35]. Grouchy et Gérard, celui-ci amenant un autre bataillon, arrivèrent alors au bord de la prairie. Gérard, peu accoutumé à se ménager, s'exposa d'autant plus qu'il avait des raisons pour être de très mauvaise humeur. Il reçut une balle en pleine poitrine, ce qui l'obligea à se faire transporter sur les derrières[36]. Grouchy pria alors le général d'artillerie Baltus de remplacer Gérard à la tête de la colonne d'assaut. Celui-ci s'y étant nettement refusé, Grouchy sauta à bas de son cheval en s'écriant : — Si l'on ne peut se faire obéir par ses subordonnés, il faut savoir se faire tuer[37]. Ce troisième assaut échoua comme les précédents. Grouchy laissa la division Hulot devant Bierges, comme s'il avait voulu, dit Hulot, prendre de nouvelles dispositions pour attaquer le moulin ; puis, changeant soudain d'idée, il rejoignit les deux autres divisions de Gérard et se porta avec elles vers Limale[38].

Pendant ces vains assauts, on continuait à escarmoucher devant Basse-Wavre, et, à Navre, la lutte se poursuivait avec un terrible acharnement. Vandamme fit jusqu'à treize attaques sans pouvoir enlever à l'ennemi cette petite ville transformée en forteresse. A onze heures du soir, le combat durait encore[39].

Quand le maréchal Grouchy arriva à Limale, à la nuit tombante[40], le pont de la Dyle était libre. Renouvelant l'audacieuse manœuvre de l'année précédente à Montereau, Pajol avait lancé à fond de train les hussards du général Vallin[41] sur ce pont qui n'était pourtant accessible qu'à quatre chevaux de front et que gardait tout un bataillon. Les Prussiens enfoncés et sabrés, l'infanterie de Teste et le reste de la cavalerie passèrent sur la rive gauche à la suite des hussards. Von Stengel céda Limale après un combat assez long et reprit position sur la hauteur qui domine ce village. Malgré l'obscurité, l'assaut était vigoureusement mené par Teste, lorsque Grouchy déboucha du pont de Limale avec les divisions Vichery et Pêcheux. Ces renforts devenaient nécessaires, car Thielmann, entendant la canonnade, avait porté au secours de Stengel[42] par la rive gauche de la Dyle la division Stülpnagel et la cavalerie de Hobe. On combattit jusqu'à onze heures du soir pour la possession de la crête du plateau qui resta enfin aux Français[43]. La route de Mont-Saint-Jean était ouverte ; mais depuis longtemps on n'entendait plus le canon de l'empereur.

 

III

Les Français bivouaquèrent en carrés, bec à bec avec l'ennemi qui occupait les bois de Rixenxart. Les avant-postes se touchaient de si près que les balles qu'ils échangèrent toute la nuit venaient tomber en arrière des premières lignes[44]. A onze heures et demie du soir, Grouchy écrivit à Vandamme de le rejoindre sur-le-champ à Limale avec le 3e corps. Il comptait recommencer le combat de grand matin pour rallier l'armée impériale à Bruxelles, car le bruit courait, on ne sait sur quels indices, que l'empereur avait battu les Anglais[45].

Dans l'état-major prussien on était mieux renseigné. Un officier de la cavalerie de Marwitz, envoyé en reconnaissance, avait rapporté la nouvelle que l'armée française était en fuite[46]. Désormais rassuré, Thielmann dirigea presque toutes ses troupes sur le plateau de Limale afin de reprendre l'offensive dès le point du jour. A trois heures du matin, la cavalerie de Hobe déboucha des bois de Rixenxart avec deux batteries à cheval qui, en quelques instants, criblèrent de boulets les bivouacs français. Accouru en première ligne, Grouchy fit jouer son artillerie, puis, ayant formé tout son monde, la cavalerie de Pajol à l'extrême gauche, les divisions Pècheux et Vichery au centre et en réserve, la division Teste à la droite, il marcha contre l'ennemi. Après avoir tenu très longtemps, les Prussiens cédèrent les bois de Rixenxart. Il était huit heures environ. Thielmann reçut du général Pirch l'avis positif de la défaite des Français. La dépêche ajoutait que le IIe corps d'armée allait manœuvrer pour couper la retraite au maréchal Grouchy. La nouvelle de cette grande victoire, aussitôt annoncée aux troupes, les ranima. Thielmann fit un changement de front en arrière sur son aile gauche, qui occupait toujours Bierges. Par ce mouvement, la droite prussienne se trouva déployée parallèlement à la route de Wavre à Bruxelles[47].

Le combat reprit, non sans avantage pour les Prussiens, jusqu'à ce que la division Teste eût emporté le village et le moulin de Bierges. Dans cet assaut, le général Penne, un des brigadiers de Teste, qui fut lui-même blessé, eut la tête broyée par un boulet. Berthezène, posté sur la rive droite de la Dyle, avait secondé l'attaque de Teste ; les deux divisions se réunirent. Thielmann, voyant sa gauche débordée et sa droite près d'être tournée par la cavalerie de Pajol, qui manœuvrait vers Rosieren pour gagner la route de Bruxelles, se mit en retraite dans la direction de Louvain. Les quatre bataillons laissés à Wavre évacuèrent cette position et se portèrent d'abord à la Bavette, d'où les débusqua vite l'avant-garde de Vandamme[48]. Nonobstant l'ordre de Grouchy de venir le rejoindre à Limale avec le 3e corps, Vandamme était resté toute la matinée devant Wavre. Il avait seulement envoyé au maréchal les dragons d'Exelmans et la division Hulot qu'il avait fait relever en face de Bierges par la division Berthezène[49].

Maître du champ de bataille, où les Prussiens abandonnaient cinq pièces de canon et de nombreux blessés, Grouchy avait sa droite à la Bavette, sa gauche au-delà de Rosieren. Il prenait ses dispositions pour marcher sur Bruxelles, quand, vers dix heures et demie[50], un officier du major-général arriva près de lui. Le visage abattu, les yeux grands d'effroi, le corps affaissé, paraissant comme son cheval brisé de fatigue, il semblait l'image vivante de la défaite. Pouvant à peine rassembler ses idées et trouver ses mots, il conta d'une façon si incohérente le désastre de Mont-Saint-Jean que le maréchal crut d'abord avoir affaire à un fou ou à un homme ivre. Aux questions que Grouchy lui posait, s'il était porteur d'un ordre, sur quel point devait s'opérer la retraite, si l'armée avait repassé la Sambre, l'officier, au lieu de répondre, recommençait le récit troublé de la bataille. Des détails très précis, saisis au milieu de divagations, finirent par convaincre Grouchy[51]. Ce n'était pas le moment de s'abîmer dans la douleur, il fallait sauver ce qui restait de l'armée.

Grouchy réunit ses officiers généraux pour tenir une façon de conseil de guerre. Il leur annonça la terrible nouvelle. En parlant, il avait, dit-on, les larmes aux yeux[52]. On connaissait dans les états-majors la discussion qu'il avait eue la veille avec Gérard à Walhain. Le maréchal crut que les circonstances l'obligeaient à se justifier de n'avoir pas écouté les conseils de son lieutenant. — Mon honneur, dit-il, me fait un devoir de m'expliquer sur mes dispositions d'hier. Les instructions que j'avais reçues de l'empereur ne me laissaient pas la liberté de manœuvrer sur un autre point que sur Wavre. J'ai dû repousser les conseils que le comte Gérard se crut en droit de me donner. Je rends justice aux talents et à la brillante valeur du général. Gérard ; mais vous dûtes être étonnés comme moi qu'un officier général, ignorant quels étaient les ordres de l'empereur et quelles données faisaient agir le maréchal de France sous lequel il était placé, se permît de lui tracer publiquement sa conduite. L'heure avancée de la journée, l'éloignement où l'on était du point où le canon se faisait entendre, l'état des chemins, rendaient impossible d'arriver assez à temps pour prendre part à l'affaire qui avait lieu. D'ailleurs, quels que soient les événements survenus, les ordres de l'empereur, dont je viens de vous faire connaître le contenu, ne me permettaient pas d'agir autrement que je ne l'ai fait[53].

Après avoir prononcé ces paroles, qui tenaient autant de l'amende honorable que de l'apologie, le maréchal exposa son plan de retraite. Il avait d'abord pensé à se porter sur les derrières des Anglo-Prussiens, afin de retarder par cette diversion leur poursuite de l'armée impériale ; mais il renonça vite à cette idée dont le seul résultat eût été la destruction totale de ses trente mille hommes submergés, écrasés par cent cinquante mille[54]. Pour le même motif, il repoussa sagement le hardi projet de Vandamme, qui consistait à marcher sur Bruxelles où l'on délivrerait de nombreux prisonniers et à regagner la frontière vers Valenciennes ou Lille par Enghien et Ath[55]. Vandamme supposait que de ce côté on rencontrerait seulement quelques détachements de l'armée alliée. Grouchy préféra avec raison prendre sa ligne de retraite sur Namur, Dinant et Givet[56]. Il fallait se hâter, car on pouvait craindre non seulement d'être harcelé par Thielmann qui, sans doute, allait se reporter en avant au premier mouvement rétrograde des Français, mais encore d'être attaqué de flanc par un des corps de l'armée de Blücher. Peut-être même ce détachement arriverait-il à temps pour prendre position vers Gembloux et couper la retraite. C'était en effet l'objectif des Prussiens ; et, à onze heures, alors que Grouchy avait encore son armée au-delà de la Dyle, le front entre Rosieren et la Bavette, Pirch, détaché de Rossomme dans la nuit avec le IIe corps, occupait déjà Mellery[57]. Il avait près de trois heures d'avance sur Grouchy, car de Mellery à Gembloux il y a dix kilomètres à vol d'oiseau et de la Bavette à Gembloux il y en a vingt.

La retraite commença entre onze heures et midi. Les dragons d'Exelmans, sauf le 20e régiment mis sous les ordres de Vandamme, se portèrent très rapidement sur Namur pour s'assurer des ponts de la Sambre ; leur avant-garde y arriva dès quatre heures[58]. Le 4e corps et la cavalerie de Vallin repassèrent la Dyle à Limale et gagnèrent la route directe de Gembloux ; on bivouaqua à la nuit à deux lieues au-delà de ce village sur la route de Nivelles à Namur, entre Le Mazy et Temploux. Grouchy, qui cheminait avec cet échelon de l'armée, établit à Temploux son quartier-général[59]. De la Bavette, le corps de Vandamme se replia à Wavre, y resta en position assez tard et marcha ensuite par Dion-le-Mont, Tourinnes et Grand-Leez. Il s'arrêta vers onze heures du soir sur le chemin de Gembloux à Namur, à la hauteur de Temploux[60]. Pajol, chargé de faire l'arrière-garde avec la cavalerie du général Soult et l'infatigable division Teste, imposa à Thielmann en le suivant jusque près de Saint-Achtenrode où celui-ci prit position. Puis, quand tout le corps de Vandamme eut repassé les ponts de Wavre, Pajol se mit lui-même en retraite, gagna Gembloux par Sauvenière et s'y établit dans la nuit[61].

Cette hasardeuse retraite s'opéra avec quelque désordre[62] ; mais on n'eut pas à tirer un coup de fusil. Thielmann, dont le corps était d'ailleurs réduit à 12.500 hommes par les pertes de la veille et du matin[63], ne connut que très tard le mouvement rétrograde des Français. Quant au IIe corps prussien, s'il avait atteint Mellery dès midi, il y était arrivé dans le pire état de fatigue, car il n'avait pour ainsi dire pas cessé de marcher depuis vingt-quatre heures. En outre, il semble bien que Pirch ne se sentait pas en forces pour agir seul. Il était sans nouvelles de Thielmann, dont il attendait le concours. Il ne voulut pas ou ne crut pas pouvoir mener plus loin, ce jour-là ses soldats harassés[64].

 

IV

Le lendemain, 20 juin, Pajol et Teste quittèrent Gembloux de bon matin, d'après les ordres de Grouchy, et s'acheminèrent par Saint-Denis et Saint-Marc sur Namur[65]. Vers neuf heures, Grouchy dirigea également sur Namur le 4e corps, qui ramenait tous les blessés et le parc de réserve. Le maréchal comptait faire traverser la ville à ce corps d'armée tandis que le corps de Vandamme resterait en position en travers du chemin de Gembloux jusque passé midi pour couvrir le mouvement[66]. Les choses n'allèrent pas sans encombre. Au moment où la tête du 4e corps quittait Temploux, on entendit en avant sur la gauche une vive canonnade. Au lieu de bivouaquer au milieu de ses troupes, Vandamme était allé coucher à Namur. Il n'avait point reçu l'ordre, envoyé par Grouchy, de garder la position ; et, au matin, les généraux Lefol, Berthezène et Habert, laissés sans instructions, s'étaient mis en marche sur Namur, découvrant le flanc du 4e corps[67]. Ils étaient attaqués près de la Falise par les trente et quelques escadrons de Hobe, que Thielmann avait fait partir de Saint-Achtenrode à cinq heures du matin avec une batterie à cheval et qui avaient couru dix lieues durant à la poursuite des Français. En même temps on signalait à Grouchy un gros d'ennemis débouchant du Mazy. C'était l'avant-garde de Pirch en marche de Mellery[68].

Grouchy se trouvait en grand péril, car si l'infanterie de Vandamme se repliait trop vite au-delà de la Sambre, Hobe lui couperait à lui-même la route de Namur tandis qu'il serait aux prises avec Pirch. Les troupes, comprenant aussi le danger, montraient de l'inquiétude ; les nombreux blessés que l'on convoyait depuis Limale et Wavre exprimaient par des murmures, des gémissements, des cris de colère, leur crainte de tomber vivants entre les mains des Prussiens. Grouchy vint parmi les chariots avec le général Vichery. Il dit d'une voix haute : — Soyez tranquilles, nous jurons de ne point vous abandonner. Mais j'ai confiance que nos dispositions nous sauveront[69]. Aussitôt, avec la cavalerie du général Vallin, il fond contre ceux des escadrons prussiens qui, ayant tourné les divisions de Vandamme, débordaient sa ligne de retraite, et les refoule sur la gauche. Puis, continuant sa marche, il se porte au secours de Vandamme. Pendant ce temps, le 46 corps, qui a désormais la route libre, gagne Namur avec les blessés et le parc ; l'arrière-garde, commandée par Vichery en personne, arrête quelque temps au Boguet les Prussiens de Pirch ; elle se replie ensuite, leur disputant le terrain pied à pied[70].

Surpris par l'attaque soudaine de la cavalerie prussienne, le 3e corps se trouvait en mauvais arroi. Un carré de Lefol était rompu ; les hommes n'avaient échappé aux lances des uhlans qu'en se réfugiant dans un bois. Deux pièces étaient perdues. L'approche de Grouchy arrête l'ennemi. La cavalerie de Vallin prend le galop. Le colonel Briqueville, qui charge en tête avec le 20e dragons, culbute les escadrons prussiens les plus avancés, leur reprend les deux pièces et leur enlève même un canon. Toute la cavalerie de Hobe se replie par sa droite sur le corps de Pirch qui débouche de Temploux[71].

Au bruit du combat, Vandamme était arrivé de Namur. Grouchy lui renouvelle l'ordre de couvrir la retraite du 4e corps. Vandamme reforme ses bataillons, prend position devant les faubourgs ; il tient tête aux Prussiens[72]. La cavalerie, tout le 3e corps, les convois entrent dans Namur. Les Prussiens y étaient exécrés. Les Français en retraite y apportent les risques terribles de la guerre. Ils n'en sont pas moins reçus en amis. La municipalité fait distribuer 100.000 rations de pain, 100.000 rations d'eau-de-vie. Les braves Namurois prêtent leurs barques pour le transport des blessés par la Meuse et aident eux-mêmes à les embarquer. Les femmes apportent, jusque sous les balles, des vivres aux soldats, des secours aux blessés[73].

L'armée ne fit que traverser Namur. Grouchy avec le 4e corps, puis Vandamme, légèrement blessé, avec le 3e, passèrent la Sambre et s'engagèrent dans le long défilé formé par la Meuse et la forêt de Marlagne. La division Teste, d'arrière-garde, était chargée de tenir la ville jusques à la nuit. Pour défendre Namur dont les fortifications très dégradées n'étaient pas à l'abri de l'escalade, Teste avait huit pièces de campagne et tout au plus 2.000 hommes. Il les répartit sur les remparts et aux trois portes de l'est : la porte de Louvain, la porte de Fer et la porte Saint-Nicolas. A peine son monde était en position que Pirch lança les colonnes d'assaut. Accueillis par une décharge à mitraille et un feu roulant de mousqueterie, les Prussiens firent demi-tour, laissant sur les glacis un amas de cadavres et de blessés. Une seconde attaque, où tombèrent frappés à mort les colonels de Zastrow et de Bismarck, échoua comme la précédente. Les cartouches diminuant, chaque Français visait bien son Prussien et l'abattait. Il était huit  heures du soir. Pirch, ayant perdu 1.500 hommes et désespérant d'emporter la place de vive force, fit rompre le combat. Mais déjà le général Teste, presque à bout de munitions, commençait sa retraite. Les Prussiens s'en étant aperçus pénétrèrent dans la ville par les fenêtres et la petite porte du bâtiment de la douane et poussèrent rapidement jusqu'au pont de la Sambre. Là un détachement du génie, posté dans des maisons que les sapeurs avaient eu le temps de créneler, les arrêta assez longtemps par une fusillade nourrie et bien ajustée. Cette arrière-garde se replia ensuite par la porte de France, où l'on avait amassé quantité de fascines, de bottes de paille et de pièces de bois enduites de goudron. Les sapeurs y mirent le feu. La porte et les maisons voisines s'embrasèrent, fermant l'accès de la rue aux colonnes prussiennes[74].

Pendant ce combat, le gros de l'armée de Grouchy avait atteint Dinant. Le lendemain, 21 juin, on passa la frontière, et, le soir, toute l'armée était rassemblée sous le canon de Givet[75].

Si cette marche de Wavre à la frontière n'est pas, il s'en faut, une des plus étonnantes retraites de l'histoire militaire moderne[76], car l'insouciance de Thielmann et la timidité de Pirch la facilitèrent singulièrement, elle fait néanmoins grand honneur à Grouchy. Il ne désespéra pas quand dans l'immense désastre tout espoir semblait perdu. Il sut agir avec décision et rapidité. Par la direction qu'il choisit et par les dispositions qu'il prit, il sauva son armée. On peut se demander ce qui fût advenu si l'infortuné maréchal avait montré, le 17 et le 18 juin, autant de résolution, d'activité, de talents militaires, et la même intelligence des nécessités des situations ?

 

 

 



[1] Journal de la brigade Bonnemains. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 10 juin. (Arch. Guerre.) Lettre d'Exelmans (citée par Gérard, Dern. Observat., 13 et 24.) Relation d'un officier de l'armée de Grouchy. (Papiers du général G.) Grouchy, Relat. succ., 34. Déclarations de Blocqueville et de Bella. (Relat. succ., App. IV, 5 et 50.) — Le général Berton (Précis des Bat. de Fleurus et de Waterloo, 54-56) dit que le corps d'Exelmans fut dirigé d'abord par Nil-Saint-Martin vers la route de Namur à Louvain, et qu'il s'approcha de la Baraque seulement vers 2 heures, au bruit du canon de Vandamme. Cette assertion est infirmée non seulement par tous les témoignages précités, mais par le rapport de Reyher à Bülow (cité par von Ollech, 208.) Ce qui est vrai, c'est que de la Baraque, comme on va le voir, la brigade Berton (mais cette brigade seule) fut détachée vers Neuf-Sart. C'est de là sans doute, que Berton poussa un parti dans la direction de la route de Louvain.

[2] Von Ollech, 208. Damitz, II, 245, 247. — A midi seulement, le corps de Pirch commença à traverser Wavre. A midi aussi, le corps de Zieten se mettait en marche de Bierges sur Ohain.

[3] Grouchy à Exelmans, Gembloux, 17 juin, 7 heures du soir. (Arch. Guerre.)

[4] Lettre précitée d'Exelmans. Journal de la brigade Bonnemains. Relation précitée d'un officier de l'armée de Grouchy. Cf. le rapport de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin, et les déclarations de Blocqueville et de Bella dans la Relation succincte. — Exelmans, dans sa lettre, ne dit pas qu'il ait fait rétrograder le gros de ses troupes, mais cela est affirmé positivement par Bonnemains et confirmé par les détails que donne le rapport du Prussien Reyher sur le combat de la Baraque.

[5] Grouchy à Vandamme, Gembloux, 17 juin au soir (vers 10 heures), cité par Grouchy, Relat. succ., App. III, 20. — Comme toutes les présomptions sont que Grouchy a fait confusion entre Walhain et Sart-à-Walhain, je change désormais, pour ne pas continuer la confusion, Sart-à-Walhain en Walhain dans les ordres et les lettres de Grouchy.

[6] Grouchy à Vandamme, Gembloux, 17 juin. (Arch. Guerre.)

[7] Sur cette halte à Nil-Saint-Vincent, aussi inutile que longue, cf. Relation manuscrite de Lefol. (Comm. par M. Paul Marmottan.) Lettre de Berthezène (citée par Gérard, Dernières Observations, 25), et Berthezène, Mém., II, 391.

[8] Relation manuscrite de Lefol, précitée. Cf. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin ; et Relation succincte, 34.

[9] Rapport de Reyher à Bülow. (Cité par von Ollech, 208.) — D'après ce rapport, il est de toute impossibilité que le combat de la Baraque se soit engagé avant 2 heures.

[10] ... L'ennemi ne nous a pas encore inquiétés. On voit seulement quelques patrouilles dans la direction de Chastre. J'ai envoyé trois reconnaissances. Aucune n'est revenue. Selon l'ordre de V. E., nous resterons en position ici aussi longtemps que l'ennemi ne nous serrera pas. Ledebur à Bülow, Mont-Saint-Guibert, 18 juin, midi ½. (Cité par von Ollech, 207.)

Chastre est au sud-est de Mont-Saint-Guibert. Les troupes que les Prussiens y avaient vues étaient l'avant-garde de la cavalerie de Vallin qui, rappelée de la droite à la gauche, flanquait la marche de la colonne de Grouchy. Quant à la brigade Vincent postée par Exelmans à la Ferme de la Plaquerie, ils n'avaient aucune nouvelle qu'elle fût si près d'eux. Il est vrai que, une heure plus tard, Vincent ne se montra pas plus vigilant. Il laissa passer sans rien voir, entre lui et la Baraque, tout le détachement de Ledebur. Il ne rejoignit son corps qu'après en avoir reçu l'ordre de Grouchy.

[11] Rapport de Reyher, précité. Cf. Wagner, IV, 58, 59. Damitz, II, 245-246.

[12] Damitz, I, 247. Von Ollech, 208-209.

A 2 heures, la moitié seulement du corps de Pirch (brigades Tippelkirsch et Krafft, et cavalerie de Thuemen et de Schülenbourg) avait traversé Wavre. Pirch, de sa personne, était encore à Wavre.

[13] Von Ollech, 209. Wagner, IV, 59. Damitz, II, 247. — Pirch, dit Damitz, avait été prévenu par les vedettes du colonel de Sohr en position avec sa brigade vers le pont de Bierges, et aussi par une dépêche de Ledebur. L'estafette avait dû galoper à fond de train.

[14] Lettre d'Exelmans à Gérard, 1er février 1830. (Citée par Gérard, Dernières Observations, 13.) Relation d'un officier de l'armée de Grouchy. (Papiers du général G...) — Exelmans dit qu'il fit témoigner sa surprise à Grouchy que celui-ci ait donné cet ordre quand le canon de l'empereur commandait de marcher au-delà de la Dyle.

Il faut, à ce propos, détruire une légende rapportée par le général du Barail (Souv., III, 185), d'après un racontage du maréchal Canrobert qui le tenait de quelque ancien officier de la Grande Armée. Exelmans aurait dit à Gérard : — Tu es le plus ancien des généraux de division ici présents. Si le maréchal disparaissait, tu prendrais le commandement et tu marcherais au canon... Je vais brûler la cervelle à ce b... là.

Il y a deux raisons pour que ces paroles n'aient pu être dites.

La première, c'est que, à aucun moment de la journée, Exelmans et Gérard ne se sont trouvés ensemble : ni pendant la marche où Exelmans commandait l'avant-garde et Gérard le deuxième échelon, ni à 2 heures où Exelmans se trouvait à la Baraque et Gérard à la tête de son corps, entre Nil-Saint-Vincent et Corbais ; ni à 5 heures où Exelmans était à la droite, vers Basse-Wavre, et Gérard à la gauche, au moulin de Bierges.

La seconde, c'est qu'Exelmans ne pouvait ignorer que, si Grouchy disparaissait, le commandement reviendrait à Vandamme, divisionnaire de 1759, et non à Gérard, divisionnaire de 1812.

[15] Grouchy, Relation succincte, 34-35. Von Ollech, 209. Damitz, II, 248. — Maintenant Grouchy confond Dion-le-Mont avec Dion-le-Val comme il a confondu Walhain avec Sart-à-Walhain.

[16] Grouchy, Relation succincte, 35.

[17] Grouchy, Relation succincte, 35. Questionnaire à Bella. Déclaration de Blocqueville. (App. IV, 44.)

[18] Grouchy, Relation succincte, 35-36. Zenowicz, Waterloo, Déposition, 30, — Zenowicz dit avoir remis la dépêche à Grouchy entre 3 et 4 heures. Cette assertion concorde avec le récit de Grouchy, que la lettre de Soult lui parvint après la retraite des Prussiens du défilé de la Huselle (au plus tôt à 3 heures, selon les documents allemands) et au retour de sa reconnaissance vers la Dyle. — Le témoignage de Le Sénécal (Grouchy, Relat. succ., App. IV, 8), que la dépêche fut remise par Grouchy vers midi ½, au moment de l'attaque de l'arrière-garde prussienne au bois de Limelette (La Huselle) — attaque qui commença à 2 heures au plus tôt — est manifestement inexact.

[19] A la vérité, Zenowicz (29-30) assure que la dépêche, bien que datée de 10 heures, ne lui fut pas remise par Soult avant 11 heures ¼. Il y avait, dit-il, quelques minutes seulement que je galopais quand la canonnade se lit entendre. Ce détail paraît confirmer l'exactitude de l'assertion de Zenowicz.

Zenowicz, d'ailleurs, est loin d'être véridique sur tous les points. Il rapporte (29) que l'empereur lui dit à 10 heures, en avant du Caillou : Vous reviendrez me rejoindre par ici quand Grouchy débouchera. Il me tarde qu'il soit en communication directe et en ligne de bataille avec nous. Les paroles que Zenowicz prête à l'empereur sont en contradiction flagrante avec l'ordre écrit : Sa Majesté désire que vous dirigiez vos mouvements sur Wavre où vous devez arriver le plus tôt possible. Grouchy ne pouvait en même temps se porter sur Wavre et venir prolonger la droite de l'empereur.

[20] Questionnaire de Grouchy à Bella. Déclaration de Bella. Déclaration de Le Sénécal. (Grouchy, Relat. succ., App. IV, 9, 45, 49-50.) Cf. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin, 9 heures du matin. (Arch. Guerre.)

[21] Lettre de Berthezène, citée par Gérard, Dernières Observations, 25.

Dans une lettre, d'ailleurs assez confuse et pleine d'inexactitudes (Vandamme à Simon Lorière, Gand, 9 février 1830, Arch. Guerre à la date du 18 juin 1815), Vandamme rapporte aussi que Grouchy l'aborda devant Wavre en lui disant d'un air triomphant : Je viens de recevoir l'ordre de l'empereur de réunir toute l'aile droite devant Wavre. Je suis heureux d'avoir exécuté cet ordre deux heures plus tôt. Vandamme, selon son propre témoignage, aurait jugé les choses tout autrement et aurait donné au maréchal un conseil analogue à celui de Gérard à Walhain.

[22] Ordre à Pajol, 18 juin, route de Walhain à Wavre. (Cité par Grouchy, Relat. succ., App. III, 31.) — Dans une copie des Archives de la Guerre, on lit : Bielge (Bierges) au lieu de Limale ; mais l'original au crayon devait porter Limale, puisque c'est sur Limale que se dirigea Pajol.) Cf. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. succ., 37. Pajol, le général Pajol, III, 229.

Grouchy assure qu'il expliqua et compléta son ordre écrit en disant à l'aide de camp chargé de le transmettre, que l'occupation de Limale avait pour objet de rétablir les communications avec l'empereur. Il est possible que ces instructions complémentaires aient été envoyées seulement une heure plus tard, après la réception de la seconde dépêche de Napoléon.

[23] Rapport de Hulot (comm. par le baron Hulot).

[24] Rapport de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. succ., et Questionnaire à Bella et à Le Sénécal, et déclarations des mêmes. (App. IV.) Berthezène, Souvenirs, II, 392. — Selon Berthezène, la division Habert fut d'abord seule engagée. Grouchy dit : tout le 3e corps. C'est moins vraisemblable.

[25] Damitz, II, 302-305. (Cf. 246-248.) Wagner, IV, 86, 89. Von Ollech, 209-210.

Damitz dit que, en défalquant les six bataillons de Borke qui, par suite d'un malentendu, continuèrent leur marche sur Couture, et les pertes de la journée du 16, Thielmann n'avait avec lui que 15.000 hommes. Il faut, en tout cas, ajouter à ce chiffre le détachement de Stengel (trois bataillons et trois escadrons du corps de Zieten) qui défendait Limale. Damitz dit que ce détachement vint prendre position à Limale seulement vers 4 heures après midi. Il y a tout lieu de croire qu'il y avait été porté dès midi, au départ du corps de Zieten.

[26] Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. suc. et Questionnaire à Bella. (App. IV.) Berthezène, II, 393. Damitz, II, 306-308. Wagner, IV, 89, Von Ollech, 210. — Wagner dit que l'attaque de Wavre commença à 4 heures. Von Ollech dit plus justement : entre 4 et 5 heures.

[27] Grouchy, Fragm. Histor., 12-12, et Observat., 17. Cf. Relat. succ., 40-41. Rapport à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.)

[28] Grouchy s'est contredit maintes fois au sujet de l'heure on il reçut la seconde dépêche de Soult. Dans la première minute de son rapport à l'empereur, Rosieren, 19 juin (Arch. Guerre), il dit : à 5 heures du soir. Dans ce même rapport (reproduit dans la Relation succincte, App. II, 7), il dit : entre 6 et 7 heures. — Dans les Questionnaires à Bella et Le Sénécal : entre 4 heures ½ et 5 heures. — Dans les Observations (17) : vers 7 heures devant Wavre. — Dans les Fragm. histor. (11) : entre 4 et 5 heures devant Wavre. — Dans la Relation succincte (39) : à la Baraque, après avoir été à Wavre (ce qui suppose 6 heures).

Les officiers de l'état-major de Grouchy, Blocqueville, Le Sénécal et Bella (Relat. succ., App. IV, 6, 9, 51) s'accordent à dire : entre 4 heures 1/2 et 5 heures. C'est leur témoignage conforme qui doit faire foi.

L'adjudant-commandant Zenowicz avait mis cinq heures et demie à faire le trajet de Rossomme à Wavre, taudis que l'autre estafette avait mis à peine trois heures et demie. Cette différence de temps s'explique par ceci, que Zenowicz avait pris par Genappe, les Quatre-Bras, Sombreffe et Gembloux, tandis que le second officier avait évidemment passé par Ottignies ou Limelette ; il avait fait environ 6 lieues par de mauvais chemins au lieu de 10 par les routes.

[29] Grouchy, Observations, 20, Fragm. histor., 14. Relat. succ., 40. Déclarations de Blocqueville, de Le Sénécal, de Bella (Relat. succ., App. IV, 6, 53).

Gérard, à qui Grouchy prétend qu'il communiqua la dépêche, lut-il aussi : la bataille est gagnée ? C'est peu probable, étant donné son idée préconçue de marcher au canon. Il est même possible, au contraire, qu'en lisant cette seconde dépêche, Gérard ait dit au maréchal : — Je te l'ai toujours dit : si nous sommes f..., c'est ta faute.

C'est Zenowicz (Waterloo, 30) qui rapporte ce propos, plus ou moins véridique. En tout cas, Zenowicz dit à tort que ces paroles furent prononcées à la réception de la première dépêche de Soult dont lui-même était porteur, C'est impossible, car la première dépêche ne pouvait motiver l'exclamation de Gérard, puisque cette dépêche prescrivait précisément la marche sur Wavre, opérée par Grouchy contre l'avis de Gérard. Au reste, Gérard ne parle, ni dans l'une ni dans l'autre de ses brochures, de la communication de la seconde dépêche de Soult. Il dit même (Dernières Observations, 21) que le maréchal Grouchy ne communiqua cette dépêche à aucun des généraux sous ses ordres.

[30] Grouchy, Relation succincte, 38, 41. Cf. Journal de la brigade Bonnemains. (Arch. Guerre.) — Le général Berton dit (Précis des Batailles de Fleurus et de Waterloo, 65) : Les quatre cinquièmes de notre infanterie ne pouvaient pas être engagés devant Wavre, et notre cavalerie était à ne rien faire, jetée en arrière et à droite, où il n'y avait personne.

[31] Souvenirs du commandant Biot, aide de camp de Pajol. (Cité par Pajol, III, 231.)

[32] Cf. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Observat., 19-20. Fragm. hist., 15, Relat. succ., 38-40. Rapport du général Hulot. Gérard, Quelques Documents, 9, 10.

Gérard affirme que ses troupes n'étaient pas en arrière et cite le témoignage du général Vichery. Hulot dit qu'il était à 4 heures avec sa division sur la hauteur devant Wavre (assertion conforme au témoignage de Grouchy lui-même. Relat. succ., 38) et que les deux autres divisions de Gérard vinrent se masser une demi-heure plus tard un peu en arrière de la sienne.

Mais si les trois divisions avaient dépassé la Baraque, pourquoi Grouchy y alla-t- il ? — S'il était pressé de porter le corps de Gérard sur Limale, pourquoi ne fit-il pas d'abord rebrousser chemin à la division Bulot qui était près de Wavre ? — Si Gérard était avec lui devant Wavre, pourquoi ne lui donna-t-il pas ses ordres là au lieu de les lui donner à la Baraque ? — Si Gérard était à la Baraque, d'où il devait conduire le 4e corps à Limale, pourquoi Grouchy ramena-t-il Gérard devant Wavre où celui-ci n'avait que faire ? Autant de questions qu'il me parait impossible de résoudre.

[33] Déclarations de Blocqueville, de Le Sénécal et de Bella. (Relat. succ., App. IV, 6, 9, 54.) Gérard, Quelques Documents, 10.

[34] Gérard, Quelques Documents, 10 ; Dernières Observations, 56.

[35] Rapport de Hulot. Gérard, Quelques observations, 42. — Sur les trois attaques infructueuses contre Bierges qu'occupait toute la division Stulpnagel, cf. Wagner, IV, 80, 90 ; Damitz, II, 308, 310 ; Von Ollech, 211.

[36] Rapport de Hulot. Grouchy, Rapport à l'empereur, Rosieren, 19 juin. Gérard, Quelques Observations, 10, 42.

[37] Grouchy, Relation succincte. Cf. 40. Déclaration de Bella. (App. IV, 55) : Ce refus du général Baltus fit scandale dans l'armée. Cf. Rapport de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin.

[38] Rapport de Hulot. Grouchy, Relat. succ., 41. Rapport de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin.

[39] Wagner, IV, 92. Damitz, 312-313. — Grouchy s'est abstenu de parler dans ses rapports et ses brochures de ces vives attaques de Vandamme.

[40] Dans son rapport de Rosieren, 19 juin, Grouchy dit qu'il arriva à Limale à 11 heures du soir ; mais, dans un autre rapport, Dinant, 20 juin (Arch. Guerre), il dit : à la chute du jour, ce qui est la vérité.

[41] En débouchant de Tourinnes, Pajol avait trouvé à la Baraque la division Vallin (corps de Gérard) et l'avait fait marcher sur Limale en tête de sa propre cavalerie et de la division Teste. Pajol, III, 230-231.

[42] La division Stülpnagel fut relevée à Bierges, d'où elle s'était portée sur les hauteurs de Limale, par 3 bataillons de la division Kemphen.

[43] Grouchy à Vandamme, hauteur de Limale, 18 juin, 11 heures et demie du soir. Rapports de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin, et Dinant, 20 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. succ., 42-43. Pajol, III, 232-234. Wagner IV, 91-92. Damitz, 311-312. Von Ollech, 312.

[44] Rapport de Grouchy, 19 juin. Grouchy, Relat. succ., 42. Damitz, II, 312.

[45] Grouchy à Vandamme, hauteur de Limale, 18 juin, 11 heures et demie du soir. (Arch. Guerre.) Rapports de Grouchy à l'empereur, 19 et 20 juin.

[46] Damitz, II, 314.

[47] Wagner, IV, 94-95. Damitz, II, 325-327. Von Ollech, 259-260. Cf. Rapports de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin, et Dinant, 20juin. (Arch. Guerre.) Pajol, III, 238-239. Souvenirs du capitaine François. (Revue Armoricaine, 1826.) Grouchy, Relat. succ., 43.

[48] Wagner, IV, 95-97. Damitz, II, 326-329. Von Ollech, 261. Rapports précités de Grouchy à l'empereur. Grouchy, Relat. succ., 43-44. Berthezène, Souv., II, 393.

[49] Lettre de Grouchy à Vandamme, Limale, 18 juin, 11 heures et demie du soir. Rapports de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin et 20 juin. (Arch. Guerre.) Rapport de Hulot. Général Berton, Précis, 68.

La division Hulot et les dragons d'Exelmans rejoignirent d'assez bon matin le 4e corps sur le plateau de Limale, mais, contrairement à beaucoup de récits, ils ne furent point engagés et restèrent en réserve.

[50] Déclaration de Grouchy sur la conduite du général Teste. (Arch. Guerre, à la date du 20 juin.) Rapport de Hulot.

[51] Rapport de Grouchy à l'empereur, Rosieren, 19 juin, et Dinant, 20 juin. (Arch. Guerre.) Rapport de Hulot. Grouchy, Observat., 22. Fragm. histor., 18. Relat. succ., 44. Pajol, III, 239-240. Déclarations de Legouest et de Bella. Relat. succ., App. IV, 27, 57.

Pajol, d'après les notes du commandant Biot, aide de camp de Pajol, dit que cet officier était le capitaine Dumonceau, aide de camp du général Gressot, sous-chef de l'état-major général.

[52] Lettre de Vandamme à Simon Lorière, 10 mai 1830. (Arch. Guerre.) Pajol, III, 230, d'après le témoignage de l'aide de camp Biot.

Grouchy, dit méchamment Vandamme, ne savait que pleurer comme une vieille femme. Vandamme est plus qu'injuste pour Grouchy comme pour d'autres. Ne prétend-il pas, dans la même lettre et dans la précédente, du 9 février, que le général Le Sénécal, chef d'état-major de Grouchy, passa toute la nuit du 18 au 19 juin à l'état-major prussien, et que ce fut lui qui vint, le matin du 19, apprendre au maréchal le succès de nos ennemis qui, sans doute, n'étaient pas les siens. Le seul témoignage de Vandamme ne saurait faire admettre une pareille accusation.

[53] Allocution du maréchal Grouchy à quelques-uns des officiers généraux sous ses ordres lorsqu'il eut appris le désastre de Waterloo. (Relat. succ., App. III, 35.) Déclaration de Legouest. (App. IV, 27.) Rapport du général Hulot. (Comm. par le baron Hulot.) — Hulot était présent à la réunion des généraux.

[54] Rapport de Grouchy à Napoléon, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. succ., 44.

[55] Lettre de Vandamme à Simon Lorière, Gand, 10 février 1830. (Arch. Guerre.)

[56] Rapports de Grouchy à Napoléon, 19 et 20 juin. (Arch. Guerre.) Relat. succ., 44.

[57] Wagner, II, 99. Damitz, II, 336. Von Ollech, 263. — Pirch n'avait pu réunir que trois de ses divisions, Krafft Brause et Langen, et la cavalerie de Jürgass, la division Tippelskirch ayant suivi jusqu'à Genappe les fuyards de Mont-Saint-Jean. — Pirch avait marché par Maransart et Bousval.

[58] Journal de la brigade Bonnemains. (Arch. Guerre.) Général Berton, Précis, 69.

[59] Grouchy à Vichery, Nil-Pierreux, 19 juin. Rapports de Grouchy à Napoléon, Temploux, 20 juin, et Dinant, 21 juin. (Arch. Guerre.) Relat. succ., 45. Cf. Rapport de Bulot : J'arrivai à Gembloux, vers 9 heures du soir, et je suivis les deux autres divisions sur la route de Temploux.

[60] Rapport de Grouchy à Napoléon, 20 juin. (Arch. Guerre.) Relat. succ., 45. — Berthezène (Souv., II, 398) prétend que le 3e corps ne quitta Wavre qu'au coucher du soleil et qu'il arriva à Gembloux à 11 heures du soir. C'eût été une marche de 20 kilomètres en trois heures ! Il est certain, d'autre part, que ce corps d'armée bivouaqua bien au-delà de Gembloux dans la direction de Namur.

[61] Pajol, III, 241. Cf. Grouchy à Teste, Temploux, 20 juin (Arch. Guerre.)

[62] Grouchy à Vichery, Nil-Pierreux, 19 juin. (Arch. Guerre.) Le désordre qui règne en ce moment dans la marche rend nécessaire que vous preniez position quelques instants à la Baraque avec votre arrière-garde.

[63] Dans les combats des 18 et 19, Thielmann perdit 2.400 hommes et 76 officiers. (Von Ollech, 264.)

[64] Müffling, Hist., 41-42. Wagner, IV, 99-100. Damitz, II, 336-337. Von Ollech, 263, 264. — Pirch envoya, paraît-il, vers Mont-Saint-Guibert, une reconnaissance de cavalerie qui trouva le défilé occupé par les Français. Cette reconnaissance dut être effectuée seulement vers 4 heures. Les éclaireurs prussiens rencontrèrent la cavalerie de Vallin qui flanquait la droite du 4e corps.

[65] Ordre de Grouchy, Temploux, 20 juin. (Arch. Guerre.) Pajol, III, 242-243. — Dans l'ordre de Grouchy, il faut lire Gembloux et non Temploux.

[66] Ordre de Grouchy à Vandamme, Temploux, 20 juin. Rapport de Grouchy à Napoléon, Dinant, 20 juin, minuit ½. (Arch. Guerre.)

[67] Rapports de Grouchy à Napoléon, Dinant, 20 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Observ., 23. Relat. succ., 45, 46. Relation de Mulot. Cf. Berthezène, Souv., II, 398-399. Lefol, Souv., 82.

[68] Clausewitz, 140-142. Wagner, IV, 98-100. Damitz, II, 338, 340. (Cf. 333.) Relation de Hulot. Wedel, Geschichte eines Offiziers, 254.

Thielmann suivait avec son infanterie, mais à très grande distance. Sa cavalerie, qui se composait originairement de 24 escadrons sous Hobe, avait été renforcée, dans la nuit du 19 au 20 juin, par neuf escadrons tout frais.

[69] Grouchy, Relation succincte, 46-47.

[70] Rapports de Grouchy, 19 et 20 juin. (Arch. Guerre.) Relat. succ., 47. Relation de Hulot. Cf. Damitz, II, 339-340. Wagner, IV, 100.

[71] Rapports précités de Grouchy à Napoléon. Relat. succ., 47. Clausewitz, 141. Wedel, 25 Lefol, Souv., 82-83. Berthezène, Souv., II, 298-299.

[72] Rapports précités de Grouchy. Relation succincte, 47.

[73] Journal de la brigade Bonnemains. (Arch. Guerre.) Berthezène, Souv., II, 20. Lefol, Souv., 84, note. Cf. Grouchy à Vandamme, Temploux, 20 juin. (Arch. Guerre.)

[74] Rapport de Teste à Grouchy, Profondeville, 21 juin. (Arch. Guerre.) Rapports précités de Grouchy. Berthezène, II, 400. Wagner, IV, 100. Clausewitz, 142. Damitz, II, 342-345. Von Ollech, 273-274.

Teste, dans son rapport, dit qu'il défendit Namur de l'après-midi du 19 au soir du 20. C'est une erreur de rédaction, car, dans l'après-midi du 19, Teste était encore à Wavre.

[75] Rapport de Grouchy à Napoléon, Dinant, 20 juin, minuit ½. Grouchy à Vandamme, Givet, 21 juin. (Arch. Guerre.)

[76] Colonel Chesney (de l'armée anglaise), Conférences sur Waterloo, 303.

Ce professeur d'art militaire oublie que la retraite de Grouchy fut moins périlleuse qu'il ne paraît. Sans doute le maréchal pouvait craindre au début de sa marche d'être suivi par Thielmann et attaqué sur son flanc par la moitié de l'armée de Blücher ; mais ces craintes ne se réalisèrent qu'en partie. Thielmann lui laissa prendre quinze heures d'avance, et Pirch ne commença d'opérer contre lui qu'après l'avoir laissé défiler. Si même Pirch, comme le préconise Clausewitz, eût marché à temps pour barrer la route de Namur, Grouchy, qui avait encore tout près de 30.000 hommes, eût passé sur le ventre à ces 20.000 Prussiens. C'était plus qu'il n'en fallait.