1815

LIVRE III. — WATERLOO

 

CHAPITRE IV. — LA BATAILLE DE WATERLOO - DE TROIS HEURES À SEPT HEURES.

 

 

I

L'unique objectif de Wellington était de tenir ses positions jusqu'à l'entrée en ligne de l'armée prussienne. Ce mouvement tardait trop à son gré, il avait espéré que Blücher commencerait l'attaque dès deux heures ; il en était trois et demie, et les Prussiens ne semblaient pas près de se démasquer. Dans l'état-major anglais on craignait de ne pouvoir résister à un second assaut[1].

Napoléon, lui aussi, avait de grandes inquiétudes. Le major La Fresnaye venait de lui remettre la lettre de Grouchy, écrite à Walhain à onze heures et demie[2]. Dans cette dépêche très confuse, deux choses frappèrent surtout l'empereur : l'une que Grouchy avait cheminé fort lentement, puisque, à onze heures et demie, il était encore à trois lieues de Wavre ; l'autre, que le maréchal ne semblait s'inquiéter nullement de ce qui se passait à sa gauche, et demandait des ordres pour manœuvrer le lendemain dans la direction excentrique de la Chyse[3]. Il devenait donc très improbable, à moins que Grouchy n'eût eu l'inspiration, dès midi, de marcher au canon, qu'il pût prendre de flanc le corps de Bülow déjà en position à Chapelle-Saint-Lambert. Tout au plus le maréchal pourrait-il tomber sur les derrières de ce corps ou retenir loin du champ de bataille, par une attaque à fond, les autres fractions de l'armée prussienne. Que l'empereur n'ait pas incontinent fait repartir La Fresnaye avec de nouvelles instructions pour Grouchy, faut-il s'en étonner ? Ces instructions, qui n'auraient pu être autres que de se rapprocher de l'armée afin de tomber sur le corps ennemi qui voudrait en inquiéter la droite, Napoléon les avait déjà envoyées à son lieutenant à une heure et quart[4]. Il n'aurait pu que les réitérer, et bien tardivement

La présence de Bülow à Chapelle-Saint-Lambert, l'échec sanglant du comte d'Erlon, l'éloignement de Grouchy, c'étaient peut-être des raisons pour engager l'empereur à rompre le combat, comme à Essling, et à prendre une forte position défensive sur le plateau de la Belle-Alliance. Il ne semble pas qu'il ait songé à cet expédient, bon tout au plus pour la journée. Le lendemain, l'armée française, même renforcée par Grouchy, aurait eu à livrer bataille presque dans la proportion d'un contre deux aux armées réunies de Wellington et de Blücher. L'empereur aima mieux profiter de l'expectative où paraissait rester Bülow pour enfoncer les Anglais avant l'entrée en ligne des Prussiens[5].

Dès que d'Erlon eut rallié quelques-uns de ses bataillons, vers trois heures et demie, l'empereur ordonna à Ney d'attaquer de nouveau la Haye-Sainte[6]. Il comptait se servir de ce poste comme point d'appui pour un mouvement d'ensemble avec le corps de d'Erlon, le corps de Reille, qu'il pensait devoir être bientôt maître d'Hougoumont, toute la cavalerie et enfin la garde à pied[7]. Ney mena contre la Haye-Sainte la brigade Quiot, tandis que l'une des brigades de Donzelot, tout entière déployée en tirailleurs, gravit les rampes à l'est de la route de Bruxelles et vint fusiller à vingt pas les Anglais embusqués derrière les haies du chemin d'Ohain. L'attaque échoua. Les tirailleurs de Donzelot furent repoussés à mi-côte ; les soldats de Quiot, décimés par le feu à bout portant des Allemands du major Baring, qui venait de recevoir un renfort de deux compagnies, se replièrent dans le verger[8].

Pour seconder cet assaut, la grande batterie avait redoublé son feu contre te centre gauche de la position ennemie pendant que les batteries de Reille, renforcées par une partie des pièces de 12 de la garde, canonnaient sans relâche le centre droit. C'est l'instant de la journée où le feu d'artillerie fut le plus intense. Jamais, dit le général Allen, les plus vieux soldats n'avaient entendu pareille canonnade[9]. Quelques bataillons de la première ligne anglaise rétrogradèrent d'une centaine de pas afin d'être abrités par les bords du plateau. En même temps, des groupes de blessés, des convois de prisonniers, des caissons vides et des fuyards filaient vers la forêt de Soignes[10]. Ney, se méprenant sur ces mouvements, qu'il distinguait mal à travers la fumée, crut à un commencement de retraite et s'avisa de prendre pied sur le plateau avec de la cavalerie. II fit demander incontinent une brigade de cuirassiers[11].

L'aide de camp s'adressa au général Farine qui mit ses deux régiments en marche. Mais le général Delort, commandant la division, arrêta le mouvement. — Nous n'avons, dit-il, d'ordre à recevoir que du comte Milhaud. Ney, impatient, courut à Delort[12]. Le maréchal était fort irrité de ce refus d'obéissance. Non seulement il réitéra l'ordre concernant la brigade Farine, mais il ordonna que les six autres régiments du corps de Milhaud se portassent aussi en avant. Delort ayant encore objecté l'imprudence de cette manœuvre sur un pareil terrain, Ney invoqua des instructions de l'empereur : — En avant, s'écria-t-il, il s'agit du salut de la France. Delort obéit[13]. Les deux divisions de cuirassiers partirent au grand trot, et derrière elles s'ébranlèrent les lanciers rouges et les chasseurs à cheval de la garde. Ces régiments suivirent-ils le mouvement, sur l'ordre de Lefebvre-Desnoëttes, à qui Milhaud aurait dit en partant : — Je vais charger. Soutiens-moi ! ou s'élancèrent-ils spontanément, saisis du vertige de la charge à la vue de leurs camarades courant à l'ennemi, dont la retraite semblait commencer, et jaloux d'avoir leur part d'Anglais à sabrer[14] ?

Depuis le commencement du combat, Ney pensait à une grande action de cavalerie dont lui avait parlé l'empereur, qui avait pour cela mis sous son commandement les corps de cuirassiers et même les divisions de garde à cheval[15]. Le prince de la Moskowa se promettait de cette charge les plus beaux résultats. Il était heureux d'avoir à la mener, lui qui passait, dit Foy, pour un des premiers officiers de cavalerie de l'armée. Il en avait causé avec Drouot, l'assurant qu'il était certain du succès[16]. Tout d'abord Ney, qui ne devait engager la cavalerie qu'après en avoir reçu l'ordre de l'empereur[17], avait voulu seulement prendre pied sur le plateau avec une brigade de cuirassiers. Puis l'idée lui était venue de brusquer la retraite des Anglais en lançant contre eux tous les cuirassiers de Milhaud. C'est pourquoi il avait fait avancer ces deux divisions. Peut-être, cependant, eût-il hésité à les engager sans un nouvel ordre de Napoléon. Mais quand il vit descendre dans les fonds de la Haye-Sainte, avec cette multitude d'escadrons cuirassés, les chasseurs à cheval de la garde et les lanciers rouges, il ne douta pas que ce ne fût d'après les instructions mêmes de l'empereur, qui avait jugé l'heure opportune pour la grande attaque. Autrement, la cavalerie légère de la garde aurait-elle suivi les cuirassiers ? Il paraît à peu près certain, pourtant, que Napoléon n'avait rien vu de ce mouvement[18]. Du pli de terrain où se trouvaient en position les divisions de Milhaud et de Lefebvre-Desnoëttes, elles pouvaient gagner la route de Bruxelles, la traverser tout contre la Belle-Alliance et descendre dans le vallon sans que les aperçût l'empereur, posté près de la maison Decoster[19]. Mais le maréchal Ney n'en était pas moins bien fondé à supposer que cette masse étincelante de cinq mille cavaliers n'avait pas échappé aux regards de Napoléon, Il forma en hâte ces beaux escadrons dans le creux du vallon, sur la gauche de la route de Bruxelles, et s'élança à leur tête contre l'armée anglaise[20].

 

II

Wellington songeait si peu à battre en retraite qu'il venait de renforcer son front de bataille par plusieurs brigades de sa seconde ligne et de sa réserve. Les Brunswickois se portèrent au soutien des gardes de Maitland, les brigades Mitchel et Adam traversèrent la route de Nivelles pour s'établir au-dessus d'Hougoumont, en avant du chemin d'Ohain[21]. On n'était pas, d'ailleurs, sans inquiétude dans l'armée alliée. L'état-major observait avec anxiété — anxiously — les positions françaises, en cherchant à prévoir quel mouvement préparait Napoléon, lorsque la cavalerie descendit vers la Haye-Sainte. La surprise fut extrême et beaucoup de craintes se dissipèrent. Nous nous étonnâmes, dit Kennedy, que l'on tentât une attaque de cavalerie contre une infanterie encore non ébranlée et qui, grâce aux plis de terrain derrière lesquels elle était couchée, avait peu souffert de la canonnade[22]. Aussitôt, les hommes furent debout, formés en carrés. Les batteries restèrent en avant du front, sur le bord même du plateau. On envoya les attelages au loin, et les canonniers reçurent l'ordre de tirer jusqu'au dernier moment, puis de se réfugier dans les carrés en abandonnant leurs pièces[23].

La cavalerie française s'avançait en échelons de colonnes d'escadrons, les cuirassiers à la droite, les chasseurs et les chevau-légers à la gauche. La direction était légèrement oblique, les premiers échelons manœuvrant pour aborder la partie plane du chemin d'Ohain, les échelons de gauche conversant vers les rampes qui s'élèvent au-dessus de Hougoumont[24]. On prêtait le flanc à l'artillerie ennemie. Dès que les cuirassiers commencèrent à déboucher des fonds où ils s'étaient formés, les batteries françaises cessèrent de tirer et les batteries anglaises accélérèrent leur feu. Les pièces avaient double charge : boulet et paquet de mitraille ou boulets ramés[25]. Une rafale de fer. Les chevaux montaient au trot, assez lentement, sur ces pentes roides, dans ces terres grasses et détrempées où ils enfonçaient parfois jusqu'aux genoux, au milieu de ces grands seigles qui leur balayaient le poitrail. En précipitant le tir, les batteries purent faire plusieurs décharges. Une dernière salve, à quarante pas, des batteries de Lloyd et de Cleeves, établies au point où s'élève aujourd'hui la butte du Lion, faucha à moitié les escadrons de tête. Les survivants s'arrêtèrent quelques secondes, paraissant hésiter. La charge sonna plus vibrante ; on cria : Vive l'empereur ! Les cuirassiers se ruèrent sur les canons. Successivement, toutes les batteries furent prises[26]. Superbe fait d'armes, niais capture illusoire. Les attelages manquaient pour emmener les pièces, les clous pour les mettre hors de service. On pouvait les renverser dans le ravin, enfoncer dans les lumières, à défaut de clous, des baguettes de pistolet. Rien ! Pas un officier ne songea même à faire briser les écouvillons[27].

Les carions se sont tus, mais la fusillade roule et crépite. Entre la route de Nivelles et la route de Bruxelles, vingt bataillons anglais, hanovriens, brunswickois, allemands[28], forment deux lignes de carrés en échiquier. Les balles frappent et ricochent sur les cuirasses avec le bruit de la grêle sur un toit d'ardoises. Cuirassiers et lanciers, les rangs déjà rompus par le feu, par la montée, par le passage même de cette haie de canons, fondent sur les carrés. Mais, du bord du plateau où ils prennent le galop jusqu'à la première ligne d'infanterie, le champ est insuffisant. La charge manque d'élan et par conséquent d'action. Les Anglais sont en carrés sur trois rangs, le premier rang genou terre, le bec des crosses appuyé au sol, les baïonnettes inclinées formant chevaux de frise. Malgré leurs coups d'éperons et leurs coups de sabre, malgré leur vaillance et leur rage, les cavaliers ne peuvent percer ces murs d'hommes[29]. Ils obliquent à droite et à gauche et, sous les feux croisés, vont charger les carrés de la seconde ligne. Comme les vagues aux vagues, les escadrons succèdent aux escadrons. La nappe de cavalerie inonde tout le plateau. Cuirassiers, chasseurs, lanciers rouges tourbillonnent autour des carrés, les assaillent sur les quatre faces, s'acharnent contre les angles, rabattent les baïonnettes à coups de sabre, trouent les poitrines à coups de lances, déchargent leurs pistolets à bout portant, en des luttes corps à corps font des brèches partielles aussitôt fermées[30].

Lord Uxbridge voit cette mêlée. Les deux tiers de sa cavalerie n'ont pas donné. Il lance sur ces masses en désordre les dragons de Dürnberg, les hussards d'Arenschild, les lanciers noirs de Brunswick, les carabiniers hollandais de Trip, les deux brigades hollando-belges de van Merlen et de Ghigny, en tout cinq mille chevaux frais. Ils ont le nombre, ils ont la cohésion. Les Français plient sous le choc, refluent dans les intervalles des carrés, échappent aux sabres pour tomber sous les balles. Ils abandonnent le plateau. Les canonniers raccourent à leurs pièces ; sur toutes les crêtes, se rallume la ligne de feu des batteries anglaises[31].

A peine au fond du vallon, les valeureux soldats de Milhaud et de Lefebvre-Desnoëttes reprennent la charge. De nouveau, ils gravissent sous la mitraille les pentes boueuses de Mont-Saint-Jean, s'emparent des canons, couronnent la hauteur, fondent sur l'infanterie, sillonnent d'éclairs d'épées tout l'échiquier des carrés[32].

Plus d'un Anglais croyait la partie perdue. Des batteries de réserve prenaient leurs dispositions pour battre en retraite au premier ordre. Le colonel d'artillerie Gould dit à Mercer : — Je crains bien que tout ne soit fini[33]. De la Belle-Alliance, on regardait ces magnifiques chevauchées ; on voyait les canons abandonnés, les cavaliers galopant sur le plateau, les lignes ennemies percées, les carrés entourés ; on criait victoire autour de l'empereur[34]. Lui était surpris et mécontent que sa cavalerie se fût engagée sans ses ordres contre des troupes encore inébranlées[35]. Il dit à Soult : — Voilà un mouvement prématuré qui pourra avoir des résultats funestes sur cette journée[36]. Le major-général s'emporta contre Ney : — Il nous compromet comme à Iéna ! L'empereur promena un long regard sur le champ de bataille, réfléchit un instant, puis reprit : — C'est trop tôt d'une heure, mais il faut soutenir ce qui est fait[37]. Il envoya un de ses aides de camp, le général Flahaut, porter à Kellermann l'ordre de charger avec les quatre brigades de cuirassiers et de carabiniers[38].

Kellermann jugeait, comme l'empereur, que le mouvement de Milhaud avait été prématuré ; il croyait imprudent d'engager aussi sa propre cavalerie. Il allait peut-être exposer ses raisons à Flahaut, quand le général- Lhéritier, qui commandait sa première division (cuirassiers et dragons), la mit en marche au grand trot sans attendre aucun ordre. Kellermann dut suivre avec sa seconde division, composée des 2e et 3e cuirassiers et des 1er et 2e carabiniers ; mais, non loin de Hougoumont, il arrêta la brigade de carabiniers dans un pli de terrain, en faisant défense formelle au général Blancard de bouger de là, à moins d'un ordre, exprès de lui-même Kellermann[39]. Sage précaution, car ces huit cents carabiniers étaient désormais la seule réserve de cavalerie qui restât à l'armée. Flahaut, selon les instructions de l'empereur, avait transmis l'ordre de charger non seulement à Kellermann, mais aussi au général Guyot, commandant la grosse cavalerie de la garde (dragons et grenadiers à cheval)[40].

L'empereur a dit qu'il avait dû faire soutenir les divisions de Milhaud dans la crainte qu'un échec de celles-ci, subi devant toute l'armée, n'abattît les courages et n'entraînât la panique et la déroute[41]. N'espérait-il pas aussi écraser les Anglais sous une nouvelle masse de cavalerie cuirassée ? Il fallait brusquer l'action, gagner sur un point, se maintenir sur un autre, vaincre et imposer à force d'audace, car les circonstances étaient devenues terriblement critiques. L'empereur livrait à la fois deux batailles, l'une parallèle, l'autre oblique : de front, il attaquait les Anglais ; sur son flanc droit, il était attaqué par les Prussiens.

 

III

Vers une heure, Blücher avait rejoint, à Chapelle-Saint-Lambert, le gros du corps de Bülow ; mais, quelle que fût son ardeur à combattre, il jugeait imprudent de s'engager dans les défilés de la Lasne avant d'être assuré qu'il n'y serait point pris en flagrant délit de marche. Trois quarts d'heure plus tard, il sut par des rapports de reconnaissances que, les Français étant fort loin, il ne courait encore aucun risque[42]. Il mit aussitôt ses troupes en mouvement dans la direction de Plancenoit. Son objectif était de déborder la droite de l'armée impériale[43]. La marche fut lente et rude. Quand on suit le chemin raviné qui descend de Chapelle-Saint-Lambert, traverse à Lasne le ruisseau de ce nom et remonte la côte, non moins abrupte, de l'autre colline, on s'étonne même que l'artillerie prussienne ait pu franchir ce défilé. Il fallait la volonté de Blücher. Il était partout, ranimant ses soldats exténués de fatigue et de faim — en marche dès cinq heures du matin, ils n'avaient point mangé depuis la veille —, leur prodiguant les encouragements, les appels au devoir, les mots familiers et plaisants. — Allons, camarades, disait-il à des canonniers qui poussaient aux roues d'une pièce embourbée, vous ne voudriez pas me faire manquer à ma parole ![44]

Sur les quatre heures, ses têtes de colonne atteignirent le bois de Paris (3.500 mètres de Plancenoit). Les divisions Losthin et Hiller s'y établirent sans coup férir ; car au lieu d'occuper les avenues du bois, la cavalerie du général Domon s'était bornée à en observer les débouchés[45]. Dans cette nouvelle position, les Prussiens se trouvaient à couvert. Pour se démasquer, Blücher aurait voulu attendre les deux autres divisions de Bülow qui étaient encore dans les défilés de la Lasne. Mais les messages de Wellington, l'adjurant de prendre part au combat, devenaient de plus en plus pressants ; il entendait rugir les canons français ; il apercevait, dit-on, les cuirassiers en mouvement sur les hauteurs de la Belle-Alliance. Il se détermina à agir avec ce qu'il avait d'hommes[46]. A quatre heures et demie[47] les Prussiens débouchèrent : l'infanterie de Losthin à la droite du chemin de Plancenoit, l'infanterie de Hiller à la gauche, le front couvert par deux régiments de cavalerie et trois batteries légères. Blücher se hâta de faire canonner les escadrons de Domon[48] ; il voulait, dit Müffling, avertir et affermir Wellington en même temps qu'empêcher Napoléon d'accabler les Anglais[49].

Domon opposa d'abord l'offensive à l'offensive. Il culbuta les hussards prussiens, fondit sur les batteries. Foudroyé par leur feu et par la fusillade de toute la division Losthin, il se replia lentement, puis, passant en réserve, il démasqua l'infanterie de Lobau, qui avait pris position à cheval sur le chemin de Lasne, à environ une demi-lieue à l'est de la route de Bruxelles. Les divisions Simmer et Jannin, déployées l'une derrière l'autre, se trouvaient là en potence, presque perpendiculairement à la ligne de bataille[50]. Pour les remplacer sur le front, l'empereur avait fait avancer la garde à pied près de la Belle-Alliance, à la droite de la route de Bruxelles, sauf le 1er régiment de grenadiers, qui resta près de Rossomme et le ter bataillon du 1er chasseurs posté au Caillou. Il avait en même temps donné l'ordre à Durutte d'assaillir Papelotte et La Haye afin de seconder la grande attaque de Ney et de couper la communication entre la droite de Bülow et la gauche anglaise[51].

Lobau, sachant bien que toute résistance passive est virtuellement condamnée, poussa droit aux Prussiens qui plièrent. A leur tour, les divisions Ryssel et Hacke débouchèrent des bois. Les Prussiens reprirent l'offensive : 30.000 contre 10.000 Français[52]. Mais Lobau avait des régiments d'ancienne formation, solides comme des rocs. Le 5e de ligne, le premier régiment qui se fût donné à Napoléon, dans le défilé de Laffray, et le 10e de ligne, le seul qui eût combattu pour les Bourbons au pont de Loriol[53], rivalisaient d'entrain et de ténacité. Avec ces belles troupes, Lobau faisait si fière contenance que Blücher, au lieu de s'obstiner dans son attaque parallèle, manœuvra pour déborder la droite du 6e corps. La cavalerie du prince Guillaume de Prusse et l'infanterie de Hiller, soutenues par la division Ryssel, se portèrent vers Plancenoit. Lobau craignit d'être tourné ; il recula jusqu'à la hauteur du village, qu'il fit occuper par une brigade. Assaillie sur trois points, cette brigade ne put tenir. L'ennemi la refoula hors de Plancenoit où il s'établit et se retrancha. Sur son front, Bülow canonnait les trois autres brigades de Lobau avec huit batteries, dont les boulets allaient parfois tomber sur la route de Bruxelles, au milieu des bataillons de la garde et de l'état-major même de l'empereur[54].

Au moment où son infanterie abordait Plancenoit, Blücher avait reçu un aide de camp de Thielmann. Le commandant du IIIe corps annonçait qu'il était attaqué à Wavre par des forces supérieures (c'étaient les 33.000 hommes de Grouchy), et qu'il doutait de pouvoir résister : — Que le général Thielmann se défende comme il pourra, dit Gneisenau. Il n'importe qu'il soit écrasé à Wavre si nous avons la victoire ici[55].

L'ennemi maître de Plancenoit, Napoléon était débordé et sa ligne de retraite menacée. Il ordonna à Duhesme, commandant la division de la jeune garde, de reprendre ce village. Les huit bataillons, quatre de voltigeurs, quatre de tirailleurs, s'élancèrent au pas de charge. Les Prussiens furent délogés des maisons et du cimetière dont ils avaient fait un réduit[56].

 

IV

Les Anglais tenaient toujours. Quand la grosse cavalerie de Kellermann et de Guyot avait débouché dans le vallon, entre cinq heures et cinq heures et demie, les cuirassiers de Milhaud, repoussés de nouveau par les dragons anglais, dévalaient au bas des rampes[57]. Vite reformés, ils suivirent à la charge ces trois divisions fraîches. Cuirassiers de Lhéritier, de Delort, de Wathier, de Roussel d'Hurbal, chasseurs et lanciers de Lefebvre-Desnoëttes, dragons et grenadiers à cheval de Guyot, plus de soixante escadrons gravissent le plateau. Dans l'état-major ennemi, on s'étonne que l'on engage huit ou neuf mille cavaliers, sur un front où mille tout au plus pourraient se déployer. Ils couvrent tout l'espace entre Hougoumont et la Haye-Sainte. Leurs files se resserrent tellement dans la course que des chevaux sont soulevés par la pression[58]. Cette masse de cuirasses, de casques et de sabres ondule sur le terrain houleux. Les Anglais croient voir monter une mer d'acier.

L'ennemi renouvelle la manœuvre qui deux fois déjà lui a réussi. Après avoir mitraillé la cavalerie, les canonniers abandonnent leurs pièces et se réfugient dans les carrés. Ceux-ci ouvrent à trente pas des feux de file qui abattent des rangs entiers comme d'un coup de faux, et ils reçoivent les débris des escadrons sur la triple rangée de leurs baïonnettes. Les charges se succèdent sans interruption. Des carrés subissent cinq, sept, dix, jusqu'à treize assauts. Plusieurs sont bousculés, entamés partiellement, sinon enfoncés et rompus. Un fourrier du 9e cuirassiers prend un drapeau anglais. Le capitaine Klein de Kleinenberg, des chasseurs de la garde, a son cheval tué en enlevant le drapeau d'un bataillon de la Légion Germanique[59]. Mais la plupart des carrés restent inforçables. D'instant en instant, ils semblent submergés par les flots de la cavalerie, puis ils reparaissent à travers la fumée, hérissés de baïonnettes étincelantes, tandis que les escadrons s'éparpillent alentour comme des vagues qui se brisent sur une digue.

Les cuirassiers de Lhéritier foncent à travers un labyrinthe de feux sur les carrés de la seconde ligne, les dépassent et sont foudroyés par les batteries de réserve. Tout un régiment converse à gauche, enfile au triple galop la route de Nivelles, sabre les tirailleurs de Machel le long du chemin de Braine-L'Alleud, tourne Hougoumont et vient se reformer sur le plateau de la Belle-Alliance. Les dragons de la garde s'engagent contre la brigade de cavalerie légère de Grant, qui, occupée tout l'après-midi à observer les lanciers de Piré en avant de Monplaisir et reconnaissant enfin dans les mouvements de ceux-ci de simples démonstrations, s'est rabattue de l'aile droite sur le centre[60]. La batterie de Mercer, la seule dont les canonniers soient restés à leurs pièces nonobstant l'ordre de Wellington, se trouve un peu en arrière, le front abrité par un remblai du chemin, les flancs protégés par deux carrés de Brunswick. Les grenadiers à cheval, géants montés sur d'énormes chevaux et grandis encore par les hauts bonnets à poil, s'avancent au trot, en ligne. On dirait un mur qui marche. Sous la mitraille de Mercer, que croisent les feux de file des deux carrés brunswickois, ce mur s'écroule, couvrant le terrain de ses débris ensanglantés. A la seconde charge, c'est une nouvelle boucherie. Le général Jamin, colonel des grenadiers, tombe frappé à mort sur l'affût d'un canon. Devant la batterie s'élève un rempart de cadavres et de chevaux éventrés. — Vous en avez un bon tas ! dit en riant, à Mercer, le colonel Wood. Les derniers pelotons de grenadiers franchissent le hideux obstacle, traversent les intervalles des pièces en sabrant quelques canonniers, et vont mêler leurs charges à celles des cuirassiers[61].

Trop nombreux pour l'étendue du terrain, tous ces escadrons se gênent mutuellement, se choquent, s'entrecroisent, brisent leurs charges, confondent leurs rangs. Les charges, toujours aussi ardentes, deviennent de moins en moins rapides, de moins en moins vigoureuses, de moins en moins efficaces, par suite de ce désordre et de l'essoufflement des chevaux qui, à chaque foulée, enfoncent dans la terre grasse et détrempée. L'atmosphère est embrasée ; on a peine à respirer, on se croirait à la gueule d'un four. Le général Donop est blessé, le général Delort est blessé, le général Lhéritier est blessé, le général Guyot est blessé, le général Roussel d'Hurbal est blessé. Edouard de Colbert charge le bras en écharpe. Blessés aussi les généraux Blancard, Dubois, Farine, Guiton, Picquet, Travers, Wathier. Le maréchal Ney, son troisième cheval tué sous lui, est debout, seul, près d'une batterie abandonnée, cravachant rageusement du plat de son épée la gueule de bronze d'un canon anglais. Tout le champ de bataille est encombré de non-combattants, cuirassiers démontés marchant lourdement sous leur armure dans la direction du vallon, blessés se traînant hors des charniers, chevaux sans cavaliers galopant éperdus sous le fouet des balles qui leur sifflent aux oreilles. Wellington sort du carré du 73e, où il s'est réfugié au plus fort de l'action, court à sa cavalerie, la précipite sur ces escadrons épuisés, désunis et rompus par leurs charges mêmes. Pour la troisième fois, les Français abandonnent le plateau[62].

Pour la quatrième fois, ils y remontent en criant : Vive l'empereur ! Ney mène la charge à la tête des carabiniers. Il a aperçu au loin leurs cuirasses d'or, il a volé à eux et, malgré les observations du général Blancard qui oppose l'ordre formel de Kellermann, il les entraîne avec lui dans la chevauchée de la mort[63].

L'acharnement de Ney et de ses héroïques cavaliers, comme lui ivres de rage, touchait à la folie. Cette dernière charge avec des escadrons réduits de moitié, des hommes exténués, des chevaux à demi fourbus, ne pouvait aboutir qu'à un nouvel échec. L'action de la cavalerie sur l'infanterie consiste uniquement dans l'effet moral. Quel effet moral espérer produire sur des fantassins qui venaient d'apprendre en repoussant, par le feu et les baïonnettes, des charges multipliées, que la tempête de chevaux n'est qu'un épouvantail, et qui, dans ces deux rudes heures, longues comme des jours, avaient pris l'assurance de leur invincibilité ? C'étaient, au contraire, les cavaliers qui étaient démoralisés par l'insuccès de leurs attaques, la vanité de leurs efforts. Ils chargèrent avec la même intrépidité, non plus avec la même confiance. Ils traversèrent encore la ligne des batteries ; mais, après avoir poussé vainement leurs chevaux harassés sur les carrés, ou à mieux dire sur les remparts de soldats tués et de bêtes abattues qui en protégeaient chaque face, ils se replièrent d'eux-mêmes, découragés, désespérés, dans le fond du vallon, suivis à distance plutôt que précisément refoulés par la cavalerie anglaise, elle-même à bout de forces[64].

 

V

Ces grandes charges auraient pu réussir, mais à la condition d'être, dans l'instant même, soutenues par de l'infanterie. Tandis que les batteries ennemies, dépassées par les cuirassiers, restaient muettes, les fantassins auraient gravi les pentes sans risque ni pertes, pris position au bord du plateau et abordé les carrés. Les Anglais auraient été contraints ou de soutenir dans une formation vicieuse le feu et les assauts de l'infanterie, ou de se déployer, ce qui les eût mis à la merci des cavaliers. La division Bachelu et la brigade Jannin (division Foy) étaient depuis plusieurs heures à 1.300 mètres de la position alliée, assistant l'arme au bras à ce furieux combat. Elles n'attendaient qu'un ordre pour aller seconder la cavalerie. Ney les oublia. Ce fut seulement après l'échec de la quatrième charge qu'il s'avisa d'utiliser ces six mille baïonnettes. Les six régiments marchèrent par échelons en colonnes de division à demi-distance. Il était trop tard. Les batteries les foudroyèrent, et l'infanterie anglo-alliée, qui avait étendu en arc de cercle son front vers Hougoumont, les cribla de feux convergents. C'était une grêle de morts, dit Foy. En quelques instants, quinze cents hommes furent tués, blessés, dispersés. On approcha tout de même l'ennemi à portée de pistolet, mais les brigades fraîches de Duplat et de William Halkett ayant dessiné un mouvement offensif (Duplat fut tué à ce moment), les colonnes, tronçonnées par les boulets, se mirent en retraite. En vain, le maréchal Ney les avait fait soutenir par quelques squelettes d'escadrons, notamment par les carabiniers. Dans ces charges partielles, qui se succédèrent presque jusqu'à la fin du combat, les cavaliers ne percèrent plus la ligne des batteries anglaises[65].

Tout aux charges de cavalerie, Ney, dans le feu de cette tumultueuse action, avait perdu de vue son premier objectif, la prise de la Haye-Sainte. Comme à Hougoumont, mais beaucoup moins ardente, la lutte continuait là sans aucun résultat. Et pourtant les intrépides défenseurs, munis seulement de soixante cartouches chacun, commençaient à ralentir leur feu. Le major Baring avait fait demander des munitions. Wellington n'en avait pas à donner ; il lui envoya un nouveau renfort de deux compagnies[66].

Vers six heures, au moment où les divisions Foy et Bachelu s'avançaient vers le plateau, l'empereur parcourait la ligne de bataille sous une pluie d'obus et de boulets. Le général Desvaux de Saint-Maurice, commandant en chef l'artillerie de la garde, le général Lallemand, commandant les batteries à pied, Bailly de Monthyon, chef de l'état-major général, avaient été renversés à ses côtés, l'un tué, les deux autres grièvement blessés. Napoléon envoya l'ordre à Ney de s'emparer coûte que coûte de la Haye-Sainte[67]. C'est une nouvelle proie désignée au maréchal, une nouvelle occasion de trouver la mort. Il accourt, entraîne le 13e léger (division Donzelot), un détachement du ter régiment du génie, et les jette contre la ferme. Les balles, tirées à dix mètres, à cinq mètres, à bout portant, clairsèment les assaillants. Des soldats cherchent à désarmer les Allemands en empoignant les canons des fusils dont l'extrémité dépasse les meurtrières. En un instant soixante-dix Français tombent au pied du mur de l'est. Leurs camarades montent sur le tas pour escalader le faîte du mur d'où ils fusillent dans la cour les chasseurs de Baring ; d'autres se hissent sur le toit de la grange. Le lieutenant Vieux, du génie, tué colonel sur la brèche de Constantine, frappe la porte charretière à grands coups de hache. Il reçoit une balle au poignet, une autre dans l'épaule. La hache passe de mains en mains, la porte cède enfin, et le flot fait irruption dans la cour. Acculés aux bâtiments, n'ayant plus de cartouches, les Allemands se défendent à l'arme blanche. Le major Baring, avec quarante-deux hommes — tout ce qui reste de ses neuf compagnies — perce la masse des assaillants et regagne Mont-Saint-Jean[68].

Ney fait aussitôt établir une batterie à cheval sur un monticule près de la Haye-Sainte et pousse un régiment sur la sablonnière qu'abandonne de nouveau le 95e anglais. De ces deux positions, les canonniers tirent à moins de 300 mètres, les tirailleurs à moins de 80 sur le centre même de la ligne ennemie. Soutenus par ce feu qui fait brèche, les débris des divisions Allix, Donzelot et Marcognet montent des deux côtés de la ferme jusqu'au chemin d'Ohain. On se fusille à travers les haies, par-dessus les berges, on s'aborde à la baïonnette. Ompteda, avec les 5e et 8e bataillons de la Légion Germanique, opère sur la grande route une contre-attaque qui réussit d'abord : Une balle le jette mortellement blessé à bas de son cheval. Le 5e bataillon se replie. Le 8e, qui est plus en avant, est exterminé par un escadron de cuirassiers. Son drapeau est pris ; son chef, le colonel Schrader, est tué ; trente hommes seulement échappent aux sabres[69].

Le centre gauche ennemi (brigades Kempt, Pack, Lambert, Best et Winke) tient ferme ; mais, à l'extrême gauche, les Nassaviens du prince de Saxe-Weimar se laissent, pour la seconde fois, débusquer de Papelotte par la division Durutte, et, au centre droit, les Anglo-Alliés sont ébranlés, à bout de résistance. Les munitions s'épuisent, des pièces sont démontées, d'autres sans servants. Le prince d'Orange et le général Alten, blessés tous deux, quittent le champ de bataille ; les colonels Gordon et de Lancy-Evans, aides de camp de Wellington, sont tués. Les brigades de cavalerie de Somerset et de Ponsonby sont réduites ensemble à deux escadrons ; la brigade Ompteda n'est plus qu'une poignée d'hommes, la brigade Kielmansegge se replie derrière le village de Mont-Saint-Jean, la brigade Kruse recule. A l'arrière, les fuyards se multiplient. Le régiment des hussards Cumberland tout entier tourne bride, colonel en tête, et détale au grand trot sur la route de Bruxelles. Partout les rangs s'éclaircissent, les blessés étant nombreux et nombreux aussi les hommes qui s'éloignent sous prétexte de les porter aux ambulances. Il y a du désordre même dans l'intrépide brigade Colin Halkett, où un bataillon se trouve commandé par un simple lieutenant. On envoie prudemment sur les derrières les drapeaux du 30e et du 73e[70].

Le centre de la ligne était ouvert, dit un aide de camp du général Alten. Nous étions en péril. A aucun moment, l'issue de la bataille ne fut plus douteuse[71]. Malgré son assurance accoutumée, Wellington devenait anxieux. Il voyait bien les masses noires de Blücher déborder le flanc de l'armée française, mais lui-même restait sans soutien. On l'entendit murmurer : Il faut que la nuit ou les Prussiens arrivent ! Déjà il avait dépêché vers Ohain plusieurs aides de camp pour presser la marche du corps de Zieten. Mais sa résolution ne faiblissait pas Des officiers arrivaient de tous côtés pour lui exposer la situation désespérée où l'on se trouvait et lui demander de nouveaux ordres. Il répondait froidement : — Il n'y a pas d'autre ordre que de tenir jusqu'au dernier homme[72].

Le flottement et le léger recul de la ligne ennemie n'avaient pas échappé au maréchal Ney. Mais ses soldats étaient aussi épuisés que ceux de Wellington. Il eût suffi, il le sentit, de quelques troupes fraîches pour les ranimer, les entraîner et vaincre la dernière résistance des Anglais. Il envoya le colonel Heymès demander à l'empereur un peu d'infanterie. — Des troupes ! s'écria Napoléon ! Où voulez-vous que j'en prenne ? Voulez-vous que j'en fasse ?[73]

L'empereur avait encore huit bataillons de la vieille garde et six bataillons de la moyenne garde. Si, à l'instant, il en eût donné la moitié au maréchal Ney, on peut croire, de l'aveu même de l'historien anglais le mieux informé et le plus judicieux, que ce renfort aurait enfoncé le centre ennemi[74]. Mais Napoléon, sans réserve de cavalerie, ne croyait pas avoir trop de tous ses bonnets à poil pour conserver sa propre position. Le moment n'était pas moins critique pour lui que pour Wellington. Sous une troisième poussée de tout le corps de Bülow, Lobau pliait, et la jeune garde, après une défense acharnée, se laissait arracher Plancenoit[75]. Derechef, les boulets des batteries prussiennes labouraient le terrain près de la Belle-Alliance. Napoléon, déjà débordé sur son flanc, était menacé d'une irruption des Prussiens en arrière de sa ligne de bataille. Il fit former onze bataillons de la garde en autant de carrés et les établit face à Plancenoit, le long de la route de Bruxelles, depuis la Belle-Alliance jusqu'à Rossomme. Le 1er bataillon du 1er chasseurs fut maintenu au Caillou. Les généraux Morand et Pelet reçurent l'ordre de reprendre Plancenoit avec le ter bataillon du 2e grenadiers et le 1er du 2e chasseurs[76].

Tambour battant, ces vieux soldats marchent au pas de charge, en colonnes serrées par peloton. Ils dépassent la jeune garde que rallie Duhesme, abordent Plancenoit sur deux points, y pénètrent sans daigner tirer un coup de fusil, renversent, broient et refoulent la masse des Prussiens. L'attaque est si impétueuse qu'en vingt minutes tout le village est nettoyé. Leurs baïonnettes rouges de sang, les grognards débouchent au dos des fuyards, les poursuivent six cents mètres et les repoussent sur le coteau opposé jusque derrière les batteries de Hiller qui sont un instant abandonnées. La jeune garde seconde ce mouvement ; elle occupe de nouveau Plancenoit. Lobau, aux prises avec les divisions Hacke et Losthin, regagne du terrain[77].

 

 

 



[1] Lettre de Hervey, aide de camp de Wellington, 3 juillet 1815. (Nineteenth Century, mars 1893.) Müffling, Aus meinem Leben, 209.

[2] Déclaration de La Fresnaye, citée par Grouchy. (Relat. succ., App. IV, 13.) Cf. Napoléon, Mém., 146.

La Fresnaye dit qu'il mit deux grandes heures et demie pour faire le trajet et qu'il trouva Napoléon sur le champ de bataille. Parti de Walhain entre 11 heures et il heures et demie, La Fresnaye dut donc arriver près de l'empereur vers 2 heures et demie, en pleine action, au moment de l'assaut de d'Erlon.

[3] Lettre de Grouchy à Napoléon, Gembloux, 18 juin, 11 heures. (Arch. Guerre.) Cf. Napoléon, Mém., 146.

[4] Soult à Grouchy, 18 juin, 1 heure. (Arch. Guerre.) — Comme je l'ai dit précédemment, le post-scriptum de cette lettre fut écrit entre 1 heure et quart et 1 heure et demie. L'estafette dut partir à 1 heure et demie.

[5] Turenne ou Condé, dit très judicieusement Clausewitz (Der Krieg von 1815, 166), se seraient retirés dès midi sans livrer bataille, mais Napoléon ne pouvait pas ne pas combattre, car il n'avait de salut que dans la victoire.

[6] Gourgaud, 93. Cf. 96. — Kennedy, en général témoin très précis et très véridique, dit (Notes on the Battle of Waterloo, 114) qu'il s'écoula un intervalle considérable entre le grand assaut de d'Erlon et la seconde attaque de la Haye-Sainte. D'après les Waterloo Letters (404) et le Rapport de Kempt (Dispatches of Wellington, Suppl., X, 534), la seconde attaque de la Haye-Sainte suivit de près la première. Sans doute, il y eut une suspension du combat après l'engagement de la cavalerie de lord Uxbridge contre les cuirassiers et les lanciers français, car il fallut rallier les bataillons dispersés de d'Erlon ; mais cet arrêt fut court. L'assaut de d'Erlon et les engagements de cavalerie qui le suivirent avaient duré au moins une heure, de 2 à 3 heures. (Delort, dans sa Relation, dit expressément que ce moment du combat prit fin à 3 heures.) Dès 4 heures ou 4 heures et quart, commencèrent les grandes charges de cavalerie. Dans l'intervalle, la seconde attaque de Ney contre la Haye-Sainte avait échoué.

[7] Lettre de Jérôme à la reine Catherine, 15 juillet 1815. (Mém. du roi Jérôme, VII, 23.) Cf. Gourgaud, 96 : L'empereur avait ordonné au maréchal Ney de se maintenir dans la Haye-Sainte en la crenelant et en y établissant plusieurs bataillons, mais de ne faire aucun mouvement... — Napoléon, Mém., 187 : L'intention de l'empereur était d'ordonner cette attaque de cavalerie, mais une heure plus lard, et de la faire soutenir par l'infanterie de la garde. — Notes journalières de Foy (comm. par le comte Foy) : L'empereur avait dit le matin au Caillou : Je ferai jouer ma nombreuse artillerie, je ferai charger ma cavalerie et je marcherai avec ma vieille garde.

On remarquera que les manœuvres dont parlent Jérôme et Foy furent en effet exécutées, mais sans méthode, sans ensemble, comme à l'aventure.

[8] Rapport de Kempt à Wellington, Genappe, 19 juin. (Letters and Dispatches, Suppl., X, 534.) Relation du major Baring (Hanöversches militarisches Journal, 1831.) Lettres d'officiers des brigades Somerset, Kempt, Lambert et de la Légion Germanique. (Waterloo Letters, 52, 354, 391, 394, 404-406.) Siborne, II, 62. — La brigade anglaise Lambert qui, sur l'ordre de Wellington, était venue vers 3 heures s'établir à l'est de la route de Bruxelles pour renforcer la droite de Kempt, prit part à ce combat.

[9] Lettre d'Allen au duc de Cambridge, Bruxelles, 20 juin. (Papiers du général G.) Lettre de Pratt, de la brigade Halkett. (Waterloo Letters, 327-328.) Notes du général Foy (précitées). Kennedy, 114. — Cotton (87-88) dit aussi : Jamais nous n'avions ouï pareille musique.

[10] Lettre de Windham, des Scots-Greys. (Waterloo Letters, 80.) Heymès, 23-24. Bulletin de l'armée (Moniteur, 21 juin). Kennedy, 113. Siborne, II, 65. Cf. Relation (anglaise) de la Campagne de Flandre, 170.

On a vu que, pendant le feu de la grande batterie qui précéda l'attaque des quatre colonnes de d'Erlon, plusieurs bataillons anglais et écossais avaient opéré un même mouvement rétrograde.

[11] Heymès, 23. Relation du général Delort. (Papiers du général G.)

Ces deux témoignages conformes, dont l'un rendu par le chef d'état-major de Ney, nie paraissent décisifs. Ce fut Ney qui demanda de la cavalerie, comme le dit implicitement Gourgaud (97) ; ce ne fut pas l'empereur qui, de lui-même, la fit donner, comme plusieurs historiens l'ont prétendu. Gamot, beau-frère de Ney, dit que le maréchal demanda des troupes à l'empereur et que la cavalerie de Milhaud se porta en avant. (Réfutation, 40.) Ces deux apologistes de Ney s'efforcent d'ailleurs d'insinuer que Ney ne réclama de la cavalerie que parce qu'il n'avait pas d'infanterie à sa disposition. Cela est manifestement inexact ; car, outre les divisions Allix, Donzelot, Marcognet, présentant 10.000 ou 12.000 hommes encore, que Ney pouvait employer, toute la division Bachelu et la seconde brigade de Foy se trouvaient intactes et disponibles à la gauche de la Belle-Alliance. Voir à ce sujet les notes journalières de Foy et sa lettre à Guilleminot (précitée). Foy dit expressément que seules étaient alors engagées à Hougoumont une de ses brigades et la division Jérôme.

[12] Relation du général Delort.

[13] Relation du général Delort. (Papiers du général G.)

[14] Cf. Bulletin de l'armée. (Moniteur, 21 juin.) Napoléon, Mém., 149. Heymès, 23. Mauduit, II, 346-348. Général Thoumas, les Trois Colbert, 46. Dans sa relation manuscrite, que j'ai souvent citée, le capitaine de Stuers, des lanciers rouges, ne dit point que le mouvement fut spontané. On peut en conclure peut-être qu'il s'opéra par ordre du chef direct, Lefebvre-Desnoëttes. Quoi qu'il en soit, il est certain que la cavalerie légère de la garde ne quitta sa position ni sur l'ordre de Ney ni sur l'ordre de l'empereur.

[15] Cf. Lettre de Jérôme à la reine Catherine : (Mém. de Jérôme, VII, 23) L'empereur ordonna au maréchal Ney de se porter avec une grande partie de la cavalerie, deux corps d'infanterie et la garde sur le centre de l'ennemi pour donner le coup de massue, et certes c'en était fait de l'armée anglaise, si le maréchal exit exécuté les ordres de l'empereur ; mais, emporté par son ardeur, il attaqua trois quarts d'heure trop tôt. — Victoires et Conquêtes, XXIV, 217, note : Il n'est pas vrai que le général Guyot ait engagé la division de grosse cavalerie de la garde sans ordres, ainsi qu'il est dit dans les Mémoires sur la Campagne de 1815 attribués à Napoléon. Nous tenons du général Guyot lui-même que depuis trois heures après midi il avait été mis à la disposition du maréchal Ney. — Notes journalières du général Foy (précitées) : L'empereur avait dit à la ferme du Caillou : Je ferai jouer ma nombreuse artillerie, je ferai charger ma cavalerie, et je marcherai avec ma vieille garde.

[16] Discours de Drouot à la Chambre des Pairs. (Moniteur, 24 juin.)

[17] Du passage précité de la lettre de Jérôme, il ressort que l'empereur avait mis la cavalerie sous le commandement de Ney, mais que celui-ci ne devait point l'engager tout de suite, et avait vraisemblablement à attendre un nouvel ordre. Cf. Gourgaud, 98 : ... Le maréchal Ney, emporté par trop d'ardeur, et oubliant l'ordre qu'il avait reçu (de se maintenir dans la Haye-Sainte sans faire aucun mouvement), déboucha sur le plateau avec les cuirassiers de Milhaud et la cavalerie légère de la garde.

Cette grande charge de cavalerie entrait dans le plan de l'empereur. Il n'a jamais dit, il faut bien le remarquer, qu'elle ait été contraire à ses intentions. Il a dit seulement (Mém., 150, et Gourgaud, 97) : Le mouvement, fut prématuré ; et (Notes sur l'Art de la Guerre, Corresp., XX XI, 393) : La charge de la cavalerie, à quatre heures du soir, a été faite un peu trop tôt. Il a dit aussi (Mém., 189) : L'intention de l'empereur était d'ordonner ce mouvement, mais une heure plus tard.

Dans sa lettre du 15 juillet, Jérôme ne donne pas le motif pourquoi l'empereur voulait que Ney n'exécutât cette grande charge que trois quarts d'heure plus tard. Gourgaud (96) dit qu'il fallait auparavant voir l'issue de la manœuvre des Prussiens. Ce ne peut être la raison. A 3 heures et demie, quand l'empereur ordonna à Ney d'occuper la Haye-Sainte, mouvement préparatoire à la grande attaque projetée, l'avant-garde de Bülow arrivait à peine dans le bois de Paris, où son approche n'était même pas signalée. Si la fumée n'était pas trop épaisse, Napoléon voyait à 2 lieues, sur les hauteurs de Chapelle-Saint-Lambert, une partie des masses prussiennes (la division Hacke). Il pouvait donc croire que Bülow gardait encore l'expectative et il ne pouvait vouloir, sous peine de perdre au moins trois heures, différer sa grande attaque jusqu'à l'issue d'une manœuvre qui n'avait pas commencé, qui était même encore dans le futur contingent. D'ailleurs l'empereur, cela tombe sous le sens, ne voulait pas attendre d'être attaqué par les Prussiens pour attaquer les Anglais ; il voulait, au contraire, culbuter les Anglais avant l'arrivée des Prussiens, comme on le présumait dans l'état-major de Blücher. Napoléon, dit Gneisenau, essaiera par des efforts suprêmes de forcer la ligne anglaise. Il n'emploiera contre nous que le minimum nécessaire pour nous arrêter tant qu'il n'aura pas frappé le grand coup contre les Anglais. (Von Ollech, 227.) — Si donc Napoléon avait ordonné à Ney de ne rien brusquer, c'était vraisemblablement pour donner le temps à l'artillerie d'exercer ses ravages, à l'infanterie de d'Erlon de se rallier complètement, à l'infanterie de Reille d'occuper Hougoumont, à la garde à pied d'avancer ; c'était enfin pour bien préparer et bien soutenir la grande charge de cavalerie.

[18] Le général Rogniat, qui, à Waterloo, commandait en chef le génie, et qui est peu suspect de bienveillance pour Napoléon, dit dans ses Considérations sur l'Art de la Guerre, 235 : Lorsque la cavalerie s'engagea sur les lignes anglaises, Napoléon parut surpris et douta un moment que les masses de cavalerie qu'il voyait au milieu des Anglais lui appartinssent ; et, lorsqu'il en eut la certitude, il sembla mécontent de cette charge prématurée. Si donc l'empereur avait vu partir la cavalerie, il eût vraisemblablement donné des ordres pour l'arrêter.

[19] Cette configuration du terrain suffit à expliquer pourquoi l'empereur ne vit pas le mouvement de la cavalerie. — Napoléon a dit aussi (Notes sur l'Art de la Guerre, Corresp., XXXI, 358) : Quand le général Milhaud s'engagea sur le plateau, Napoléon était occupé à repousser Bülow dont la mitraille arrivait déjà sur la chaussée de la Belle-Alliance. L'empereur fait confusion entre les charges de Milhaud et celles de Kellermann. Milhaud commença ses charges entre 4 heures et 4 heures et quart, au plus tard. Tous les documents étrangers sont d'accord sur ce point. (Rapport du prince d'Orange. Kennedy, 115, 119, 120. Waterloo Letters, 52, 124, 292, etc.) L'empereur lui-même, dans la même note, dit : à 4 heures. D'autre part, il est certain que Bülow se démasqua seulement à 4 heures et demie. Jusque-là il resta caché dans le bois de Paris. (Rapport de Bülow. Rapport de Gneisenau. Damitz, II, 273.) Napoléon dit lui-même (Gourgaud, 94) : A 4 heures et demie, le général Doillon fit prévenir que le corps de Bülow débouchait du bois. Donc, à 4 heures, Napoléon n'était pas occupé à repousser Bülow, dont l'approche ne lui avait même pas encore été signalée.

[20] Kennedy (114, 117), Cotton (88), le major Lautour du 23e Light dragoons (Waterloo Letters, 99), Siborne (II, 65-66), disent expressément que cette première charge fut soudaine et générale. Leur témoignage est confirmé par la Relation de Reille et les Notes journalières de Foy. En peu de minutes, dit Foy, les plateaux ont été couverts, inondés par la procella equestris. Cf. Heymès, 23.

Il est absolument faux que la grande charge de Milhaud ait été provoquée, comme on l'a dit parfois, par un engagement des lanciers de Jacquinot contre la cavalerie anglaise, ou, comme on l'a dit aussi, par un engagement d'une brigade de cuirassiers contre un bataillon hanovrien qui se portail au secours de la Haye-Sainte. Il y a là une double confusion avec les charges partielles des cuirassiers et des lanciers entre 2 heures et demie et 3 heures.

[21] Lettres d'officiers des brigades Adam, Maitland, Byng, Mitchel. (Waterloo Letters, 252, 270-271, 280-290, 316, 391.) Craan, Notice pour le Plan. Siborne, II, 63.

[22] Kennedy, 114-115. Général Hügel au roi de Wurtemberg. Bruxelles, 19 juin. (Citée par Pfister, Aus dem Layer der Verbündeten, 360.)

L'infanterie anglaise formant le centre gauche avait souffert davantage, mais de ce côté-là le plateau était inaccessible à la cavalerie à cause des hautes et fortes haies du chemin d'Ohain.

[23] Kennedy, 115. Lettres d'officiers de l'artillerie anglaise. (Waterloo Letters, 186, 193.) Cotton, 88. Siborne, II, 67. Cf. Mercer, I, 310, et Müffling (C. de W.), 27.

[24] Kennedy, 116. Notes du capitaine de Stuers, des lanciers rouges. (Comm. par M. de Stuers.) Siborne, II, 65-66. Cotton, 88.

[25] Lettre de Yalcott, du Royal horse artillery (Waterloo Letters, 193.) Kennedy, 116. Siborne, II, 66. Cotton, 83, 92. Mercer, Journal of the Campaign, I, 320.

[26] Lettres d'officiers de l'artillerie anglaise. (Waterloo Letters, 186, 193, 195, 215, 282.) Lettre de Hervey. (Nineteenth Century, mars 1893.) Capitaine Pringle, Remarques (t. VIII, de la Vie de Napoléon, par Walter Scott, 644). Kennedy, 116. Siborne, II, 65-68. Cotton, 88. Notes du colonel Planzeaux. (Arch. Guerre.) Notes journalières de Foy. — Foy dit que toutes les batteries étaient dépassées, et Siborne que le feu cessa complètement pendant vingt minutes. C'est bien preuve qu'elles étaient en notre pouvoir.

[27] Le colonel Baudus (Relation comm. par M. de Montenon) s'étonne à juste titre qu'on ne donne pas dans chaque régiment, à quelques cavaliers d'élite, des marteaux et des clous sans tête pour enclouer rapidement les pièces prises. L'occasion s'en présenta quatre fois à Waterloo.

[28] Il y avait alors en première et en seconde ligne un bataillon de Bang (les autres à Hougoumont) ; les quatre de Colin Halkett ; les deux de Maitland (à 1.000 hommes d'effectif chacun) ; deux d'Adam (les autres en réserve) ; deux d'Ompteda (les autres à la Haye-Sainte) ; les cinq de Kielmansegge ; les trois de Kruse ; quatre de Brunswick (les autres en réserve). Plus tard, les quatre bataillons de Duplat quittèrent leur position près de Merbe-Braine et vinrent prolonger la ligne des carrés.

Les carrés étaient d'un bataillon, sauf les carrés de Halkett, qui étaient de deux bataillons à cause des pertes subies aux Quatre-Bras. — Sur le plan très minutieux de Craan, 16 carrés sont figurés.

[29] Lettres d'officiers de l'artillerie et des brigades Mitchel et Halkett. (Waterloo Letters, 193, 216, 311, 318, 320, 326, 339.) Siborne, II, 67-68. Cotton, 88-89. Heymès, 23. Pringle, Remarques, 644. Relation de Kellermann. (Arch. Guerre.) Notes de Foy. Notes de Stuers.

Certains carrés étaient sur quatre rangs. La plupart avaient les angles arrondis.

[30] Lettres d'officiers de l'artillerie et des brigades Maitland, Halkett, Adam, Mitchel. (Waterloo Letters, 189, 235, 242, 252, 272, 302, 311, 320.) Rapport de Pozzo di Borgo au prince Wolkonsky, Nivelles, 19 juin. (Papiers du général G.) Lettre de Hervey, aide de camp de Wellington. Kennedy, 116. Mercer, II, 301. Siborne, II, 69. Cotton, 89. De Brack, Avant-postes de cavalerie, 79. Heymès, 23. Notes de Foy. Notes de Stuers, des lanciers rouges.

[31] Lettres de lord Uxbridge, du major Lautour du 23e Light dragoons. (Waterloo Letters, 10, 99, 100.) Mercer, II, 307-309. Kennedy, 117. Siborne, II, 70. Notes de Stuers. Tomkinson, Diary, 305.

[32] Lettres d'officiers de l'artillerie et des brigades Dörnberg, Halkett. Adam. (Waterloo Letters, 99, 189, 193, 234, 235, 302, 328, 339.) Kennedy, 117. Rapport du prince d'Orange, Bruxelles, 22 juin. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 555.) Siborne, II, 71-72. Mercer, II, 308. Notes de Foy. Notes de Stuers.

[33] Capitaine Mercer, I, 301, 307, 308 : I fear all is over. Cf. Müffling, Aus meinem Leben, 213.

[34] Gourgaud, 97. Napoléon, Mém., 150.

[35] Lettre de Jérôme à la reine Catherine, 15 juillet 1815. Gourgaud, 97. Napoléon, Mém., 150. Lettre de Flahaut. (Moniteur, 9 avril 1857.) Cf. général Rogniat, Remarques sur l'Art de la Guerre, 235 : Napoléon sembla mécontent de cette charge prématurée. — J'ai expliqué précédemment comment, à cause de la forme du terrain, les divisions de Milhaud et de Lefebvre-Desnoëttes avaient pu faire leur mouvement sans que l'empereur s'en aperçût.

[36] Gourgaud, 97. — Jérôme, qui était alors près de l'empereur, rapporte (Lettre précitée) que celui-ci lui dit, en parlant de Ney : — Le malheureux ! c'est la seconde fois depuis avant-hier qu'il compromet le sort de la France.

A la bataille d'Heilsberg, l'empereur, voyant la cavalerie de Murat gagner trop de terrain avant l'arrivée de l'infanterie, avait l'air soucieux et semblait dire : Affaire mal engagée. Saint-Joseph, Relation de la Campagne de Prusse en 1807, 17.

[37] Napoléon, Mémoires, 150. Cf. Gourgaud, 97, et lettre précitée de Flahaut : L'empereur dit : Voilà Ney qui d'une affaire sûre fait une affaire incertaine ; mais maintenant que le mouvement est commencé, il n'y a plus autre chose à faire qu'à le soutenir.

[38] Gourgaud, 97. Napoléon, Mém., 150, 187. Lettre de Flahaut. (Moniteur, 9 avril 1857.)

[39] Relation de Kellermann. (Arch. Guerre.) Relation du colonel Planzeaux, du 2e dragons. (Arch. Guerre.)

[40] Napoléon a prétendu que la division Guyot chargea sans ordres, par un mouvement spontané, et qu'il dépêcha Bertrand pour rappeler cette cavalerie, mais qu'elle était déjà engagée. (Gourgaud, 104. Napoléon, Mém., 151, 187-188.) — C'est une grosse erreur de mémoire. Il y a pour la rectifier deux témoignages formels :

1° Flahaut, dans sa lettre insérée dans le Moniteur du 9 avril 1857, dit : L'empereur m'ordonna de porter l'ordre à toute la cavalerie, de soutenir et de suivre celle qui avait déjà passé le ravin.

2° Montholon (Récits de la captivité, II, 84) dit : 17 février 1817. — A dîner, l'empereur discute quelques faits indécis dans sa mémoire et qui se rattachent à Waterloo. Il se refuse à croire qu'il ait fait donner l'ordre au général Guyot d'engager la cavalerie de la garde. Cependant, c'est un fait incontestable.

[41] Gourgaud, 97. Napoléon, Mém., 151.

[42] Rapport de Bülow, cité par von Ollech, 192. Wagner, IV, 75.

Dans son Mémorandum sur la bataille de Waterloo (Dispatches, XII, 528), Wellington prétend que l'avant-garde de la cavalerie de Bülow était sur le terrain, en avant d'Ohain, le 18 au point du jour. De même Damitz (II, 242-243) dit que le 18, de grand matin, un détachement du 2e hussards de Silésie vint reconnaitre les défilés de la Lasne. Ce sont deux graves inexactitudes. L'aide de camp de Wellington, Hervey (lettre du 9 juillet 1815, dans le Nineteenth Century, mars 1893) dit que ce fut seulement entre 10 et 11 heures que l'on aperçut la cavalerie prussienne à deux lieues dans la direction d'Ohain. Nous savons, d'autre part, que le 2e hussards était encore le 18, à 4 heures du matin, à Dion-le-Mont et que l'avant-garde de Bülow dont il faisait partie n'arriva à Chapelle-Saint-Lambert que vers 10 heures. Si, d'ailleurs, les défilés de la Lasne avaient été explorés par les hussards de grand matin, ces cavaliers n'auraient point rendu compte de leur mission à 9 heures seulement.

[43] Rapport de Bülow. Cf. Müffling, Aus meinem Leben, 209, etc. de W. (Müffling), 2.3. Von Ollech, 214-215.

Müffling assure qu'il soumit à Wellington dans la matinée et envoya vers midi et demi à Bülow une disposition d'attaque comprenant trois hypothèses : 1° Si Napoléon attaquait le centre ou la gauche de l'armée anglaise, les Prussiens se porteraient sur son flanc droit ; 2° s'il attaquait la droite anglaise, les Prussiens viendraient la renforcer ; 3° s'il manœuvrait vers Chapelle-Saint-Lambert, les Prussiens soutiendraient le choc et les Anglais s'avanceraient sur son flanc gauche. L'original de cette disposition existe en effet aux Archives de la Guerre de Berlin. Mais des deux lettres de Blücher que j'ai citées et du rapport même de Bülow, il ressort manifestement que le feld-maréchal, avant de recevoir la disposition de Müffling, avait conçu le plan, qu'il exécuta d'ailleurs, qui consistait à attaquer le flanc droit de Napoléon avec la moitié de son armée et à seconder la gauche anglaise avec une autre fraction de ses troupes.

[44] Varnhagen von Ense, Biographisch Denkmalle, Blücher, 447. Damitz II, 272. Lettre de Hervey, aide de camp de Wellington. (Nineteenth Century, mars 1893.) Wagner, IV, 75.

[45] Rapport de Bülow, cité par von Ollech, 192. — Bülow et les historiens allemands disent expressément qu'il n'y avait point un seul Français dans le bois de Paris.

[46] Rapport de Bülow. Wagner, IV, 75. Damitz, II, 273. Müffling, Aus meinem Leben, 263, et C. de W. (Müffling), 31.

[47] Rapport de Bülow. Damitz, II, 273. Von Ollech, 242. C. de W., 31. Cf. Napoléon, Mém., 146 ; et Gourgaud, 93-94 : A 4 heures et demie, le général Domon fit prévenir l'empereur que le corps de Bülow se mettait en mouvement.

Clausewitz (der Feldzug von 1815, 128) commet une double erreur en disant que Bülow occupa les bois dès 3 heures et qu'il attaqua à 6 heures et demie.

[48] Ordre de Bülow, cité par von Ollech, 242. Wagner, IV, 76. Damitz, II, 274.

[49] C. de W. (Müffling), 31. Damitz, II, 274.

[50] Damitz, II, 274. Gourgaud, 94. Relation de Durutte.

[51] Relation du général Petit (collection Morrisson). Relation de Duuring (comm. par M. de Stuers). Gourgaud, 95. Lettre du général Vivian. (Waterloo Letters, 161.) Damitz, II, 275. Cf. Rapport du prince Bernard de Saxe (cité par Gourgaud, 227). Gourgaud, 95.

La cavalerie de Jacquinot, réduite à 900 sabres et lances, car le 1er hussards de Marbot était détaché à la droite de Domon, dut rester provisoirement dans sa première position, formant l'extrême droite de la ligne de bataille primitive.

[52] A l'entrée en campagne, le corps de Bülow comprenait 30.328 hommes, et il n'avait pas encore été engagé. Le corps de Lobau, déduction faite de la division Teste détachée avec Grouchy, comptait 7.860 fusils ; les divisions Domon et Subervie environ 2.200 sabres, en défalquant les pertes subies les 16 et 17 juin.

[53] Voir 1815, I, passim. — Le colonel Roussille, qui n'avait point voulu quitter son régiment révolté contre lui à l'entrée de l'empereur à Grenoble, fut tué devant Plancenoit.

[54] Damitz, II, 274-275, 280-281. Wagner, IV, 76. Gourgaud, 95. Mauduit, II, 390-391.

L'attaque de Plancenoit eut lieu à 6 heures. (Damitz, II, 281.) Les divisions Ryssel et Hacke avaient débouché du bois de Paris à 5 heures et demie. (Damitz, IV, 279.)

[55] Une heure ou deux auparavant, Gneisenau avait déjà envoyé la même réponse à une première dépêche de Thielmann. Relation du lieutenant Wüssow (citée par von Ollech, 195). Wagner, IV, 77. Damitz, II, 281.

[56] Wagner, IV, 77. Damitz, II, 280-281. Gourgaud, 95, 96. Cf. Napoléon, Mém., 159. Mauduit, II, 385, 393-394.

[57] Lettres du colonel Lautour et du major d'artillerie Bull. (Waterloo Letters, 99, 189.) Kennedy, 116. Mercer, I, 309. Siborne, II, 73.

[58] Kennedy, 118. Relation du capitaine de Stuers, des lanciers rouges. (Comm. par M. de Stuers.) Waterloo Letters, 130, 235. Siborne, II, 79.

[59] Lettres d'officiers de l'artillerie et des brigades Maitland, Adam et Halkett. (Waterloo Letters, 216, 242, 283, 289-290, 304-305, 311-316, 320, 336, 339, 342). Lettre du colonel Harris, du 73e (citée par Cotton, 112). Rapport d'Allen à Wellington, Bruxelles, 19 juin. Rapport du prince d'Orange au roi des Pays-Bas, Bruxelles, 22 juin. (Wellington, Suppl. Dispatches, 534, 555. Siborne, II, 81, 86, 114. Van Löben, 291. Relation du général Delort, Dossier de Klein de Kleinenberg. (Arch. Guerre.) Delort cite, en outre, cette attestation : Reçu un drapeau anglais pris à la bataille de Waterloo par le 9e régiment de cuirassiers, le 26 juin 1815. Pour M. le maréchal (Grouchy), l'aide de camp : De Lafontaine. — D'après l'Historique du 10e cuirassiers, un drapeau anglais aurait été pris aussi par le maréchal des logis Gautier.

Les Anglais nient qu'aucun carré ait été même bousculé. Mais le général Delort dit expressément que plusieurs carrés furent entamés, et Jomini reconnait aussi que trois carrés furent rompus. (Précis de la Camp. de 1815, 210-211.) D'ailleurs, si des carrés n'avaient été au moins entamés, coin-ment des drapeaux auraient-ils été pris pendant les charges ?

[60] Notes journalières de Foy (précitées). Lettres d'officiers des brigades Grant et Mitchel. (Waterloo Letters, 126, 137, 142, 144, 313-314, 316.) C. de W. (Müffling), 30.

[61] Mercer, Journal of the Campaign, I, 311-324. Lettres d'officiers des brigades Grant et du Royal Artillery. (Waterloo Letters, 144, 186, 214-219.) Note de Valery de Siriaque, aide de camp de Jamin. (Arch. Guerre, dossier de Jamin.)

[62] Relation de Kellermann. (Arch. Guerre.) Kennedy, 118. Mercer, I, 310. Lettres d'officiers des brigades Grant, Adam, Halkett. (Waterloo Letters, 142, 144, 302, 305, 328, 339.) Colonel Laborde, Napoléon et sa garde à l'île d'Elbe, 117, note. Siborne, II, 82. Cotton, 94.

[63] Relation de Kellermann. Kennedy, 119. Notes de Stuers. Siborne, II, 95. Lettres du capitaine Rogers, du Royal Artillery, et d'officiers de la brigade Halkett. (Waterloo Letters, 235, 318-342.) Fraser, Letters, 559.

[64] Relation de Kellermann. Note du colonel Planzeaux. (Arch. Guerre.) Notes de Stuers. Kennedy, 119. Journal du lieutenant Woodberry, 321. Lettres d'officiers du Royal Artillery et des brigades Dörnberg et Halkett. (Waterloo Letters, 100, 235, 328, 339, 342. Siborne, II, 82, 90-97.) Rapport d'Alten à Wellington, Bruxelles, 19 juin. Rapport de Somerset, 24 juin. (Dispatches of Wellington, Suppl., X, 534, 578.)

[65] Notes journalières de Foy et lettre du même à Guilleminot (comm. par le comte Foy). Relation de Reille. (Arch. Guerre.) Waterloo Letters, 120,128, 193, 242, 250, 305, etc. Kennedy, 124-125. Siborne, II, 84.

Foy dit expressément : Quand notre cavalerie fut rentrée, on nous donna l'ordre de gravir le plateau... Les 5e et 9e divisions n'ont été mises en mouvement que quand notre cavalerie commençait à se retirer. — Le lieutenant-colonel Davis, de la brigade Maitland, dit aussi (Waterloo Letters, 256) : Vers le soir, quand les attaques de cavalerie eurent été repoussées, l'infanterie s'avança contre nous, soutenue par de la cavalerie. — Le capitaine Eeles, du 95e rifles, dit de même (Waterloo Letters, 305) : Il y eut un temps d'arrêt entre les charges de cavalerie et la nouvelle attaque d'infanterie.

L'oubli par Ney des divisions de Reille confirme cette remarque de Napoléon (Mém., 182) : Ney, toujours le premier dans le feu, oubliait les troupes qu'il n'avait pas sous les yeux.

[66] Relation du major Baring (Hanôversches militärisches Journal, 1831). Waterloo Letters, 404. Kennedy, 123. Siborne, II, 74, 84, 86. Cf. Général Rogniat, Réponse aux Notes de Napoléon, 274 : Les attaques se renouvelaient mollement. On tiraillait.

[67] Note du colonel Planzeaux. (Arch. Guerre.) Heymès, 25-20. Relation de Delort. Napoléon (Mém.), 145. Kennedy, 124. Dossier de Monthyon. (Arch. Guerre.)

[68] Relation du major Baring. Lettres de Leach, du 95e rifles, et de Graëme, de la Légion Germanique. (Waterloo Letters, 365, 404-400.) Kennedy, 121-123. Cotton, 104-105, 110-111. Mauduit, II, 333-334. Siborne, II, 62-63. Dossier du chef de bataillon I3orrel-Vivier, du 1er régiment du génie. (Arch. Guerre.) Note du général Schmitz (comm. par le commandant Schmitz).

Toutes les relations des combattants, Baring, Kennedy, Planzeaux, Heymès, et ceux des Waterloo Letters, s'accordent sur ce point, que la Haye-Sainte fut prise seulement entre 6 heures et 6 heures et demie. Comment, devant une pareille concordance des témoignages de visu, les historiens français, sans exception, peuvent-ils, sur la seule autorité de Gourgaud, fixer à 4 heures l'enlèvement de cette position ? Pour mémoire, les historiens Siborne et Chesnoy disent que la Haye-Sainte fut prise à 6 heures. Van Löben, il est vrai, dit qu'il croit que la Haye-Sainte fut prise à 4 heures ou un peu plus tard, mais il ajoute en note que, dans la relation hollandaise où il puise ses renseignements, l'heure n'est point précisée.

Wellington, dans une lettre du 17 août 1815 (Dispatches, XII, 619), dit que la Haye-Sainte fut prise à 2 heures par la négligence de l'officier qui commandait ce poste. C'est une grosse inexactitude en même temps qu'une accusation injuste. Le major Baring se défendit en héros. On a expliqué cette erreur de Wellington en disant qu'ayant vu à 2 heures le verger de la Haye-Sainte aux mains des Français, il avait cru que toute la ferme leur appartenait aussi. C'est possible ; mais le noble duc aurait dû se renseigner.

[69] Rapport d'Alten, Bruxelles, 19 juin. (Dispatches of Wellington, Suppl., X, 534.) Lettre d'Alten au duc de Cambridge, Bruxelles, 20 juin. (Papiers du général G.) Waterloo Letters, 128, 330, 390, 391. Kennedy, 124. Cotton, 105, 113-114. Siborne, II, 113-116. Souvenirs d'un ex-officier, 293.

[70] Rapport de Kempt, Genappe, 19 juin. Rapport de Lambert, Genappe, 19 juin. Rapports d'Alten, Bruxelles, 19 et 22 juin. (Dispatches of Wellington, Suppl., X, 533, 535, 537, 559.) Waterloo Letters, 161, 179, 330, 340. Lettres de Hügel au roi de Wurtemberg, 19 et 25 juin. (Citée par Pfister, Aus dem Luger der Verbandeten, 370, 390.) Kennedy, 127. Müffling, Aus meinem Leben, 215. Cotton, 106, 119, 120, 123, 126-127. Siborne, II, 146, 152-153, 156. Capitaine Pringle, Remarques sur la Camp. de 1815 (dans le tome IX de la Vie de Napoléon, par Walter Scott, 619).

[71] Kennedy, 127. Cf. Hügel (lettre du 19 juin au roi de Wurtemberg) : Le feu commençait à devenir dangereux pour le duc. — Pringle, 649 : A cause des morts, des blessés et des fuyards, nos forces étaient bien diminuées. — Cotton, 120 : Il semblait que le combat était désespéré. Siborne, II, 121 : La situation était extrêmement grave.

[72] Lettres du major Freemantle et du colonel Murray. (Waterloo Letters, 20, 21-22, 178. Journal du lieutenant Woodberry, 313-314. Cotton, 125. Siborne, II, 143.) Cf. Kennedy, 128 ; von Ollech, 243 ; et colonel Frazer, Letters, 560.

[73] Heymès, 25-26.

[74] Kennedy, Notes an Battle of Waterloo, 127, 129, 130.

A Waterloo, le colonel Kennedy était capitaine et aide de camp du général Alten. De tous ceux qui écrivirent sur la bataille, nul ne la vit mieux. Son opinion a donc un grand poids. Le jugement qu'il porte est d'ailleurs confirmé expressément ou implicitement par Hügel (lettre au roi de Wurtemberg, 19 juin), Müffling (Aus meinem Leben, 215), Cotton (120), le colonel Freemantle (Waterloo Letters, 22), et Siborne (II, 121), et, — chose surprenante, — par Marmont (Esprit des Institutions militaires, 25).

[75] Rapport du colonel von Hiller, commandant la 16e brigade (division) prussienne (cité par von Ollech, 248). Damitz, II, 282. Wagner, IV, 77-78.

[76] Relation du général Petit (collection Morrisson de Londres). Mauduit, II, 394, 400.

[77] Relation du général Petit. Rapport du colonel von Hiller, Mauduit, II, 400-404. Wagner, IV, 78. Damitz, II, 282.