1814

LIVRE PREMIER

II. — L'INVASION. - LES PREMIÈRES BATAILLES. - POSITIONS DES ARMÉES LE 26 FÉVRIER.

 

 

La marche des Alliés en France ne fut d'abord qu'une promenade militaire. Après avoir franchi le Rhin en douze ou quinze colonnes, depuis Bâle jusqu'à Coblentz, du 21 décembre au ter janvier, les armées coalisées refoulèrent sans peine les petits corps français espacés sur la frontière. Marmont, Macdonald, Victor, le prince de la Moskowa, comptaient tout au plus 46.000 combattants[1]. Schwarzenberg, et Blücher amenaient en première ligne près de 250.000 soldats[2]. Devant de telles masses, qui menaçaient à chaque étape de les déborder, les maréchaux ne purent que se replier, combattant et escarmouchant le plus possible, mais évitant tout engagement sérieux où ils se fussent inutilement compromis. Sauf Dôle, Châlon, Tournus, Bourg, les villes ouvertes se rendirent à la première sommation. Les places fortes, les généraux alliés, instruits à l'école de Napoléon — plus d'un même avait servi sous ses ordres, — ne s'avisèrent pas de s'arrêter à en faire le siège. Ils les tournèrent, laissant devant elles quelques troupes d'investissement, et ils poussèrent droit au cœur de la France. À l'extrême gauche, Bubna s'empara de Genève et s'avança sur Lyon par le Jura et la vallée de la Saône. Au centre, les différentes colonnes de Schwarzenberg, passant par Dôle et Auxonne, par Montbéliard et Vesoul, par Remiremont et Épinal, par Colmar et Saint-Dié, gagnèrent Dijon, Langres, Bar-sur-Aube. À la droite, les deux corps de Blücher, descendant les routes de Lorraine, débouchèrent sur Vassy, Saint-Dizier et Brienne. Le 26 janvier, presque toutes les troupes alliées se trouvaient entre la Marne et les sources de la Seine : leur concentration était pour ainsi dire faite[3].

L'empereur partit ce jour-là de Châlons, espérant prévenir cette concentration et attaquer les Prussiens avant qu'ils ne se fussent réunis aux Austro-Russes. Il réussit à joindre Blücher isolé dans Brienne et à lui infliger une sanglante défaite. Mais Brienne n'est pas loin de Bar-sur-Aube. Le feld-maréchal se replie sur l'armée de Schwarzenberg. Celle-ci ébranle ses masses, se porte en avant, et, le 1er février, s'engage la bataille de la Rothière, où les Français luttent huit heures, un contre trois, sans se laisser acculer à l'Aube, et imposent assez à l'ennemi pour opérer le lendemain leur retraite sur Troyes par le seul pont de Lesmont[4].

La joie fut immense chez les Coalisés. Cinquante canons et deux mille prisonniers étaient restés en leurs mains ; quatre mille morts ou blessés jonchaient la plaine. Mais ce n'étaient pas ces trophées et ces hécatombes qui exaltaient les Alliés. Au reste, six mille des leurs n'avaient-ils pas été fauchés par la mitraille[5] ? C'était une bataille gagnée sur Napoléon en plein territoire français. Le charme rompu à Leipzig ne s'était pas reformé. L'empereur n'était plus invincible : donc, à considérer les forces énormes dont on disposait contre lui, il était vaincu. Alexandre félicitait Blücher en ces termes : Cette victoire couronne toutes les autres, et Sacken terminait son rapport par ces mots : A dater de ce jour, Napoléon cesse d'être un ennemi dangereux, et le czar peut dire : Je donne la paix au monde[6]. La tête montée par ce facile triomphe, les Alliés s'imaginèrent que nul obstacle désormais ne pouvait les arrêter et qu'ils n'avaient plus qu'à aller dicter la paix dans Paris. La dernière armée française n'était-elle pas, non seulement en retraite, mais dispersée, évanouie ? Les officiers alliés se donnaient rendez-vous à huitaine dans le jardin du Palais-Royal[7], et le czar disait au général Reynier qui rentrait de captivité en vertu d'un échange : Nous serons à Paris avant vous[8].

Dans un conseil de guerre, tenu le 2 février au château de Brienne, on résolut de marcher incontinent sur Paris, et afin de donner à Blücher, le héros de la Rothière, la satisfaction d'opérer seul, comme aussi pour faire plus facilement vivre ces nombreuses troupes, on décida que l'on marcherait en deux colonnes. L'armée de Silésie, après s'être complétée du côté de Châlons, avec les corps d'York, de Kleist et de Kapzéwitsch, qui arrivaient du Rhin, descendrait le long de la Ma-me ; l'armée de Bohême se porterait sur Troyes d'où elle s'avancerait vers Paris par les deux rives de la Seine[9]. Telle était la confiance, tel était l'aveuglement des souverains alliés et de leurs conseillers que, indifférents à toute considération stratégique, ils ne s'inquiétaient plus que de l'amour-propre de leurs généraux et de la commodité de leurs gîtes d'étape !

Le vieux Blücher, qui avait toujours dans les veines du sang de colonel de hussards, se mit aussitôt en mouvement. Le 3 février il était à Braux, le 4 à Sommepuis, le 6 à Goudron, poussant les corps d'York et de Sacken sur Château-Thierry, et suivi à deux journées de marche par les corps de Kleist et de Kapzéwitsch. Pendant ce temps, Schwarzenberg, l'éternel temporisateur, marchait processionnellement sur Troyes. Au lieu de poursuivre avec vigueur l'armée française et de la forcer d r.as cette ville, il hésite, multiplie les contre-ordres et les contre-marches, se laisse intimider par les reconnaissances offensives de quelques partis de cavalerie, et fait si bien qu'il permet à l'empereur de donner du repos à ses soldats, de concentrer de nouvelles troupes, de réorganiser son armée, enfin de se reconnaître dans ce grand désarroi[10]. L'empereur évacua Troyes seulement le 6 février, et en toute tranquillité. Il se retira sur Nogent. Avec un peu d'audace, en attaquant Troyes à l'est par Laubressel et au sud par la route de Bar-sur-Aube, Schwarzenberg pouvait terminer la guerre d'un seul coup.

L'empereur était dans la situation la plus critique. Son entrée à Troyes avait été lamentable. Pas une acclamation, pas un vivat ; le plus morne silence, personne dans les rues, chacun renfermé dans sa demeure. L'armée se trouvait sans vivres, avec des magasins vides et au milieu d'une population qui ne donnait aucun secours, gardant tout afin de satisfaire aux prochaines réquisitions de l'ennemi. Les habitants ne se mettaient en peine que pour provoquer à la désertion ces conscrits abattus par la fatigue, la faim et la défaite. Un grand nombre — six mille, dit-on — quittèrent les régiments. L'entourage de l'empereur, les états-majors, les troupes étaient dans la stupeur. Les vieux soldats disaient : Où nous arrêterons-nous ?[11] Seul de tous, dans l'armée et dans le pays, l'empereur ne désespérait pas. Sans doute, pendant ces quelques jours, ses lettres trahissent d'extrêmes inquiétudes et un décroissement d'assurance. Il donne à son frère Joseph des instructions pour l'abandon éventuel de Paris ; il fait écrire au prince Eugène d'évacuer la haute Italie, au général Miollis d'évacuer Rome, au maréchal Suchet d'évacuer Barcelone, au prince Borghèse d'évacuer le Piémont ; il autorise le duc de Vicence, son plénipotentiaire au congrès de Châtillon, à accepter les conditions des Alliés. Mais comme il met des restrictions et des réticences à ces ordres, qui dictés par les circonstances présentes doivent rester subordonnés aux circonstances à venir ! combien il y mêle de brèves exhortations au courage, de rappels à la confiance[12] ! En même temps, l'empereur réorganise ses divisions, détermine leurs emplacements, médite de nouvelles manœuvres, donne des ordres pour les armées de Lyon, des Pyrénées, des Pays-Bas, s'occupe de la situation militaire et politique de Paris, veille à tous les détails d'armement, d'habillement, d'approvisionnement, d'administration, pourvoit aux commandements vacants, signe des décrets sur la presse, réprimande ses ministres, et au milieu de tant de graves soucis, il pense à écrire au roi Joseph : Tenez gaie l'impératrice, elle se meurt de consomption[13]. On jurerait, au calme extraordinaire de l'empereur, que la France n'est pas envahie et qu'il est à la veille d'entreprendre quelque lointaine expédition avec deux cent mille soldats !

Les Alliés regardaient déjà la campagne de France comme terminée ; pour Napoléon, elle allait seulement commencer. Tandis que les temporisations de Schwarzenberg laissent à l'empereur la liberté de ses mouvements, Blücher s'engage témérairement dans une marche latérale où il échelonne ses quatre corps d'armée à plus d'une étape les uns des autres[14]. Il prête le flanc à Napoléon. Dans la nuit du 7 au 8 février, lorsque le duc de Bassano entre chez l'empereur afin de lui faire signer des dépêches pour Châtillon, il le trouve couché à terre sur ses cartes piquées d'épingles. — Ah ! vous voilà, lui dit Napoléon, en détournant à peine la tête. Il s'agit maintenant de bien d'autres choses. Je suis en ce moment à battre Blücher de l'œil[15]. Le lendemain, l'empereur donne ses ordres. Le maréchal Victor, ayant le maréchal Oudinot en seconde ligne, restera à Nogent pour disputer aux Austro-Russes le passage de la Seine. Le corps de Marmont, qui a déjà commencé son mouvement, la garde et la cavalerie de Grouchy remonteront par Sézanne pour attaquer l'armée de Silésie en marche sur la route de Châlons à Paris[16]. Au reste, l'empereur ne précipite rien. Il a à cœur de ne pas faire de faux mouvement. Depuis deux ou trois jours déjà il médite sa belle manœuvre, mais avant de commencer d'agir, il veut que Blücher soit irrémédiablement compromis. C'est le 9 février seulement que Napoléon quitte Nogent de sa personne ; il couche à Sézanne, et le 10, ayant rejoint à 9 heures du matin le corps de Marmont devant les défilés de Saint-Gond, il lance ses colonnes à l'attaque. Le corps d'Olsufjew, repoussé de position en position au delà de Champaubert, est presque entièrement anéanti. Douze ou quinze cents Russes tombent sur le champ de bataille ; plus de deux mille prisonniers dont Olsufjew et deux autres généraux, quinze bouches à feu, des équipages, des drapeaux restent aux mains des Français. Quinze cents hommes à peine échappent au désastre. — Les soldats enthousiastes appellent le bois de Champaubert : le Bois enchanté[17].

Le beau mouvement stratégique de Napoléon a réussi. La colonne allongée de l'armée de Silésie est coupée en deux tronçons. L'empereur s'interpose entre Blücher, qui arrive de Châlons, et Sacken et York, qui refoulent Macdonald jusque vers Meaux. Ces deux généraux viennent d'être instruits de la marche de l'armée française : ils rebroussent chemin et se replient en toute hâte sur Montmirail. L'empereur les y devance. Comme la veille, à Champaubert, la victoire est complète. Perdant quatre mille hommes, Russes et Prussiens se retirent ou plutôt s'enfuient par la route de Château-Thierry. Les Français les poursuivent et, le lendemain, 12 février, ils leur infligent une nouvelle défaite, leur tuant ou leur prenant trois mille hommes, les forcent dans Château-Thierry et les rejettent en désordre derrière l'Ourcq[18].

Blücher cependant, s'imaginant que ses deux lieutenants avaient imposé à l'armée impériale, continuait tranquillement sa marche. Le 12 février, il était à Bergères ; le 13, il poussa jusqu'à Champaubert, repliant sans peine vers Fromentière le corps de Marmont, que l'empereur avait chargé d'observer les mouvements des Prussiens[19]. Averti par un officier du duc de Raguse, l'empereur quitte Château-Thierry dans la nuit du 13 au 14. À huit heures du matin, il arrive à Montmirail et ordonne à Marmont, qui a repris son mouvement rétrograde, de faire demi-tour et d'attaquer l'ennemi quand celui-ci débouchera de Vauchamps. Vigoureusement chargée et d'ailleurs surprise, l'avant-garde prussienne rentre en confusion à Vauchamps, d'où elle sort bientôt dans le même état. Derrière les troupes de Marmont, Blücher voit s'avancer toute la garde. Le cri redouté de : Vive l'empereur ! poussé par dix mille voix, arrive jusqu'à lui comme un roulement de tonnerre. Il se décide à la retraite. Pendant deux heures ses troupes formées en carrés, par échiquier, se retirent en bon ordre, soutenant calmement le feu de l'artillerie de Drouot et les assauts furieux de la cavalerie de la garde. Mais par un magnifique mouvement tonnant, Grouchy, avec la cavalerie de la ligne, a devancé l'ennemi en arrière de Fromentière. Il commande la charge. Ses trois mille cinq cents cavaliers enfoncent et pénètrent cette masse de vingt mille Prussiens, y jettent le désordre et la panique. Ils sabrent presque sans résistance, traçant dans les carrés de sanglants sillons. Culbutés par les fuyards, confondus avec eux, Blücher, le prince Auguste de Prusse, les généraux Kleist et Kapzéwitsch faillirent dix fois être pris, tués, foulés aux pieds des chevaux. La poursuite dura très avant dans la nuit. Blücher perdit six mille hommes et, comme il arrive dans les déroutes, l'action ne fut meurtrière que pour les vaincus. L'armée française eut à peine six cents hommes hors de combat[20].

L'intention de l'empereur était de poursuivre Blücher jusqu'à Châlons, d'en finir avec les débris de son armée et de se rabattre alors par Vitry sur les derrières de l'armée de Bohême[21]. Mais des dépêches lui apprennent que les Austro-Russes ont prononcé leur mouvement offensif, replié Victor et Oudinot ; avancé leurs têtes de colonnes sur Provins, Nangis, Montereau et Fontainebleau[22]. Paris est menacé, — plutôt Paris semble menacé, car la nouvelle des défaites de Blücher a déconcerté singulièrement le grand état-major des Coalisés. Ils deviennent fort hésitants. Jomini consulté dit qu'il faut marcher droit sur Paris. Le conseiller ordinaire du roi de Prusse, le général Knesebeck, dont la parole fait toujours autorité, se récrie : — Paris ! Paris ! c'est pour avoir voulu y marcher que Blücher s'est fait battre. Qu'avons-nous besoin de voir l'Opéra de Paris ?[23] La marche en avant fut suspendue. Pour les journées des 15, 16 et 17 février, les différents corps alliés reçurent l'ordre de rester dans leurs positions, afin d'attendre le développement des manœuvres de l'empereur Napoléon[24].

Ces manœuvres ne se firent pas attendre. Le 14 février, sur le champ de bataille même de Vauchamps, l'empereur a arrêté son plan. Pour couvrir Paris, il doit abandonner la poursuite de Blücher, son premier objectif ; mais, d'autre part, l'ordre décousu où se trouve l'armée de Bohême, échelonnée sur une ligne de près de vingt lieues, expose cette armée au sort de l'armée de Silésie. Le 15 février, l'empereur atteint Meaux, et le lendemain Guignes, par une marche forcée qu'abrègent pour une partie de l'infanterie des charrettes mises on réquisition. La garde fait sa jonction avec les corps de Victor, d'Oudinot et de Macdonald. Le 17, où débouche de Guignes. Le corps de Victor, qui forme tête de colonne, culbute et extermine à Mormant les huit bataillons et les vingt-quatre escadrons du comte Pahlen. Deux heures après, Victor a un autre engagement heureux, à Valjouan, avec la division Lamothe qu'il rejette sur Donnemarie. Il continue sa marche vers Montereau, replie sur le plateau de Surville les avant-postes du prince de Wurtemberg et s'arrête à Salins avec le gros de ses troupes[25]. En même temps, Macdonald, au centre, s'avance sur Braye, Oudinot, à la gauche, sur Provins. L'empereur fit halte à Nangis, avec la garde[26].

L'armée austro-russe était partout refoulée, et sa tête qui avait poussé jusqu'à Fontainebleau et jusqu'à Nemours risquait de se voir couper la retraite. Schwarzenberg prit peur. Il s'empressa d'envoyer le comte Paar au quartier impérial ; ce parlementaire était porteur d'une lettre pour Berthier : Ayant reçu la nouvelle, écrivait Schwarzenberg, que les plénipotentiaires ont dû signer hier les préliminaires de paix à Châtillon, aux conditions proposées par le duc de Vicence et acceptées par les souverains alliés, j'ai arrêté les mouvements offensifs contre l'armée française. Les vôtres continuent. Je vous propose de les faire également cesser[27]. Dans cette lettre, Schwarzenberg mentait à miracle. Il savait parfaitement que les préliminaires n'avaient pas été signés. S'il avait arrêté son offensive, ce n'était nullement à cause des nouvelles de Châtillon, c'était sous l'effet du retour menaçant de Napoléon. L'empereur ne s'y trompa point. Il lui était trop facile de voir que toutes ces fausses assurances avaient pour unique but de l'amener à conclure un armistice, à la faveur duquel les Austro-Russes pourraient opérer une concentration en arrière. Proposition absurde, écrivit-il à Joseph, puisque c'est me faire perdre tous les avantages de mes manœuvres. L'empereur laissa éclater son indignation dans la lettre à son frère, mais à tout hasard, il s'abstint de l'exprimer au prince de Schwarzenberg. Il différa sa réponse que le comte Paar dut attendre trois jours à nos avant-postes[28].

Pendant ce temps, Napoléon poursuivit sa marche offensive. Le 18 février, Gérard avec le 2e corps passé, au milieu de l'action, sous son commandement, par suite de la disgrâce du duc de Bellune[29], et Pajol avec sa cavalerie délogèrent les Wurtembergeois du plateau de Surville, franchirent à leur suite le pont de Montereau et les rejetèrent entre la Seine et l'Yonne. Le même jour, Macdonald repoussa Wrède sur Bray, Oudinot chassa vers Nogent les avant-postes de Wiggenstein et Allix contraignit Bianchi à évacuer Nemours. Il en fallait moins pour décider Schwarzenberg à une prompte retraite. Du coup, il envoie les bagages à Bar-sur-Aube et concentre à Troyes toutes les troupes, fort heureuses d'en être quittes pour la peur et pour trois marches forcées[30]. Retardée par de faux mouvements de Macdonald et d'Oudinot et par un encombrement aux passages de la Seine qui en fut la conséquence, l'armée française perdit le contact. Ce fut seulement le 22 février, passé midi, que ses têtes de colonnes débouchèrent dans la plaine de Troyes, tandis qu'à la gauche, la division Boyer débusquait de Méry l'avant-garde de Blücher, qui, après avoir réuni à Châlons ses troupes dispersées, s'était le 19 mis en marche vers l'Aube, pour opérer sa jonction avec Schwarzenberg[31].

Devant Troyes, la grande armée était rangée en ligne de bataille, sa droite a la Seine, sa gauche au village de Saint-Germain[32]. Il était trop tard pour que l'empereur pût engager l'action, d'autant que toutes ses troupes n'avaient pas rejoint. Mais la journée du lendemain promettait bien. Le mouvement de Napoléon sur la Seine n'avait qu'à demi réussi, puisque des sept corps de l'armée de Bohême, cinq s'étaient dérobés à son épée. Enfin, Schwarzenberg &arrêtait ! L'empereur allait en finir avec lui d'un seul coup, dans une sanglante et décisive bataille. Les Français, le cœur retrempé au feu des victoires, avaient la confiance et l'ardeur. Si les Austro-Russes étaient, sans doute, en forces bien supérieures, la mauvaise position qu'ils avaient prise, un fleuve à des, balançait l'avantage du nombre, et quelle était leur démoralisation ! Quant à l'armée de Silésie qui menaçait son flanc gauche, l'empereur ne s'en effrayait pas. Pour franchir la Seine à Véry où le pont était détruit et où la rive gauche avait une muraille de vieux soldats d'Espagne, il faudrait à Blücher au moins vingt-quatre heures. Dans vingt-quatre heures, l'empereur aurait battu Schwarzenberg, et si l'armée de Silésie débouchait alors, elle courrait grand risque d'être battue à son tour et jetée dans la rivière.

Schwarzenberg, par malheur, pensait comme Napoléon. Il voyait les immenses dangers de cette bataille et il ne se souciait pas, par crainte de l'opinion publique, de sacrifier une magnifique armée à la gloire de la France[33]. Le lendemain, 23 février, dès quatre heures du matin, les Austro-Russes commençaient leur retraite sur l'Aube, laissant seulement devant Troyes un rideau de troupes, et vers onze heures, le prince de Neufchâtel recevait une nouvelle proposition d'armistice. Cent cinquante mille hommes refusaient le combat à soixante-dix mille.

Le czar, le roi de Prusse, Knesebeck, d'autres encore voulaient qu'on livrât bataille ; Schwarzenberg, lord Castlereagh, Nesselrode, Toll, Wolkonsky, étaient d'un avis contraire. L'empereur d'Autriche, qui avait peu d'idées à lui, pensait comme Schwarzenberg. En attendant qu'on tombât d'accord, Schwarzenberg, dans la nuit du 22 au 23 février, décida la retraite, de sa propre autorité[34]. Et, il faut rendre justice au général autrichien, cotte décision — d'une si excessive prudence, qu'elle paraisse au premier abord — était le salut. L'armée n'était pas moralement en situation de recevoir la bataille ce jour-là. À la guerre, comme partout, il faut savoir choisir son heure. C'est avec raison que Thielen a dit[35] : Le prince de Schwarzenberg a fait, de lui seul et contre l'avis de tous, deux manœuvres auxquelles en doit le succès de cette campagne : la première en battant on retraite à Troyes, la seconde en attaquant les Français à Arcis-sur-Aube.

Au matin, les ordres de retraite, qui d'ailleurs avaient reçu un commencement d'exécution, furent ratifié, par un conseil de guerre tenu à huit heures chez le roi de Prusse. On arrêta en outre que l'armée prendrait position derrière l'Aube[36]. La veille, le comte Paar était revenu des avant-postes français, porteur d'une lettre de Napoléon pour l'empereur d'Autriche et d'une lettre de Berthier pour Schwarzenberg. Ces deux lettres, bien qu'écrites sur un ton quelque peu comminatoire, laissaient néanmoins percer le désir et la possibilité d'un arrangement[37]. Le conseil décida qu'un nouveau parlementaire serait envoyé au quartier impérial pour y réitérer la demande d'une suspension d'armes[38]. Affamées, perdues de froid, fatiguées par les marches forcées et les nuits de bivouac, meurtrières en la saison, démoralisées par les défaites et par cette retraite de plus de vingt-cinq lieues qui menaçait, disaient tout haut les officiers, de ne prendre fin qu'au delà du Rhin, les troupes alliées semblaient non point opérer une marche rétrograde, mais être en pleine déroute à la suite d'une bataille perdue[39]. En ces circonstances, un armistice, convention purement militaire qui n'engageait pas les diplomates de Châtillon, présentait de grands avantages aux Coalisés. Il y avait pour eux nécessité pressante de rétablir l'ordre dans leur armée et de la faire reposer quelques jours dans de bons quartiers.

L'empereur reçut, à Châtre, dans l'atelier d'un charron où il avait passé la nuit, l'envoyé de Schwarzenberg. Le prince de Lichtenstein donna les plus grands éloges à la vaillance des troupes françaises, au génie de leur chef, et ne dissimula rien de la situation embarrassée où se trouvaient les Alliés. Mis par ces confidences en humeur de causer, l'empereur demanda s'il était vrai que la guerre fût devenue dynastique et que les souverains eussent le projet de rétablir les Bourbons. À ces questions, et à de légitimes représentations sur la présence des princes tolérée en France, Lichtenstein répondit que tous ces bruits étaient faux, que l'Autriche ne se prêterait pas à de pareilles combinaisons et que d'ailleurs les souverains ne poursuivaient qu'un seul but : la paix. Plus ou moins confiant en ces assurances, sincères sans doute, mais données par un homme peu clairvoyant, l'empereur congédia Lichtenstein en lui promettant d'envoyer dès le lendemain un officier général aux avant-postes pour négocier l'armistice[40].

Troyes, où l'empereur comptait le jour même entrer sans coup férir, était encore occupée par une partie du corps de Wrède. Au moment de l'assaut, ce général envoya un billet à Napoléon, portant qu'il évacuerait la ville le lendemain matin, mais que si l'attaque n'était point suspendue à l'instant, Troyes serait incendiée. L'empereur n'hésita pas à sacrifier au salut de Troyes la destruction des Bavarois Al fit cesser le feu et coucha au faubourg des Noues[41]. L'enthousiasme qui éclata à son entrée dans la ville, le matin du 24 février, fit contraste avec l'accueil glacé et presque méprisant qu'il avait reçu vingt jours auparavant. Les forfaits des Alliés et ses récentes victoires avaient changé et transporté les esprits. Jamais aux retours triomphaux d'Austerlitz et d'Iéna, les acclamations n'avaient été plus nombreuses, plus sincères, plus ardentes. L'empereur put à peine se frayer passage. C'était à qui presserait ses bottes et baiserait ses mains[42]. À ces cris de : Vive l'empereur ! se mêlèrent les cris : À bas les traîtres ! Pendant le séjour des souverains, deux ex-émigrés, le marquis de Vidranges et le chevalier Gouault, non contents de porter la cocarde blanche et la croix de Saint-Louis, et, raconte-t-on, de fouler aux pieds en pleine rue, sous les yeux des Prussiens, un drapeau tricolore, avaient fait imprimer à mille exemplaires la proclamation de Louis XVIII et l'avaient distribuée par la ville. En outre, ils avaient présenté au czar une adresse ayant pour objet le rétablissement des Bourbons. Vidranges ; le plus compromis, avait quitté Troyes afin de se rendre près du comte d'Artois. Son complice, Gouault, paya pour tous deux et pour bien d'autres, plus coupables encore. Dénoncé par ;a clameur publique, il fut arrêté, déféré à une commission militaire et fusillé, sur la place du marché au blé, moins d'une heure après le prononcé de la sentence. Le chevalier Gouault mourut en brave, la croix de Saint-Louis sur la poitrine, criant : Vive le roi ! et commandant le feu. On dit que son exécution précipitée empêcha l'empereur de lui faire grâce[43].

Les Alliés n'avaient demandé un armistice qu'afin de gagner quelque relâche ; ils espéraient que les hostilités seraient suspendues par le fait seul de la réunion des commissaires à Lusigny. Napoléon, on le conçoit, ne l'entendait pas ainsi. Il avait t'avantage, il en voulait profiter. Il lui fallait pour cela rester maître de ses mouvements. Le général Flahaut, arrivé à Lusigny dans l'après-midi du 24 février, déclara que les pourparlers n'interrompraient pas les opérations militaires, lesquelles ne s'arrêteraient qu'après l'échange des ratifications[44]. En effet, ce jour-là même, Gérard et Oudinot poursuivirent les Bavarois sur la route de Bar-sur-Aube jusqu'à Montiéramey, tandis que Macdonald, marchant vers Bar-sur-Seine, repliait l'arrière-garde autrichienne jusqu'à Saint-Pierre-aux-Vandes[45]. Les coalisés étaient donc vivement menés, et il n'était pas douteux qu'à moins de se résoudre à une bataille, ils devraient abandonner la ligne de l'Aube, comme l'avant-veille ils avaient abandonné celle de la Seine. À la vérité, Blücher, qui occupait Méry et Anglure, sur le flanc des Français, multipliait ses messages, demandant des ordres et s'offrant à opérer une diversion pour dégager la grande armée. Mais, d'un autre côté, Bubna, refoulé sur l'Ain par les lieutenants d'Augereau et menacé de perdre Genève, réclamait instamment des renforts[46].

Le 23 février, à huit heures du matin, les trois souverains tinrent à Bar-sur-Aube un nouveau conseil de guerre, où furent convoqués Schwarzenberg, Metternich, lord Castlereagh, Nesselrode, Hardenberg, Radetzky, Diebitsch, Wolkonsky et Knesebeck. Sur la demande du roi de Prusse, on se réunit dans la chambre même de ce dernier, soudain tombé malade. — Nous ne pouvons nous passer, disait Guillaume, des conseils de Knesebeck. On s'entendit sans peine sur la nécessité d'envoyer des renforts à Bubna. Il fut résolu que le prince de Hesse-Hombourg, réunissant sous son commandement le 1er corps d'armée et le 6e corps d'Allemagne, ainsi que la 1re division des réserves autrichiennes, quitterait incontinent la grande armée et se porterait sur la Saône afin d'arrêter les progrès d'Augereau, de débloquer Genève et d'assurer cette ligne de communication. La question de la défense ou de l'abandon de l'Aube vint ensuite en délibération. La discussion fut animée, presque violente. Schwarzenberg protestant que l'armée, déjà très affaiblie par le feu et les marches, allait être encore diminuée des troupes envoyées contre Augereau avec le prince de Hesse-Hombourg, déclara qu'il n'y avait d'autre parti que la retraite. Le czar, qui était toujours pour Faction, et que les récentes lettres de Blücher avaient pénétré de leur feu, combattit l'avis de Schwarzenberg. Il insista longtemps et vivement sur les avantages d'une bataille où la grande armée, en position derrière l'Aube, contiendrait Napoléon, tandis que l'armée de Silésie l'attaquerait de flanc. Alexandre dut néanmoins céder à l'opinion du conseil. Mais, reprenant aussitôt la discussion, il demanda que l'ordre de retraite ne s'étendit pas aux troupes de Blücher, et que le feld-maréchal fût laissé entièrement libre d'opérer à sa guise, soit pour engager une action contre les Français, soit pour marcher sur Paris. Schwarzenberg ne voyait pas sans inquiétude Blücher se commettre en un nouveau mouvement latéral qui, exécuté dans les mêmes conditions que celui des premiers jours de février, pouvait amener les mêmes désastres. Il eût préféré que Blücher se réunît à lui ; ou du moins qu'il se concentrât sur la Marne et y restât dans l'expectative[47].

Le czar cependant imposa sa volonté, disant que si sur ce point encore le conseil décidait contre son avis, il quitterait la grande armée avec tous ses Russes et se réunirait à l'armée de Silésie. Le roi de Prusse qui, selon la remarque d'un habitant de Troyes, avait l'air du premier aide de camp d'Alexandre[48], déclara qu'il ferait la même chose avec ses Prussiens. On arrêta que la grande armée se retirerait sur Langres, où elle se préparerait soit à recevoir une bataille si l'empereur continuait sa marche en avant, soit à reprendre l'offensive si l'armée de Silésie attirait sur elle l'effort des Français. Pour Blücher, il serait laissé maître de ses opérations ; mais comme son armée était réduite à quarante-huit mille hommes, le conseil, sur la proposition du czar, décida que le corps de Winzingerode, qui était aux environs de Reims, et le corps de Bülow, qui arrivait de Belgique, seraient mis sous son commandement. Lord Castlereagh se chargea d'écrire à Bernadotte pour l'informer que, dans l'intérêt général, le conseil de la coalition avait dû renforcer l'armée de Silésie des corps de Bülow et de Winzingerode, jusque-là appartenant à l'armée du Nord. En dédommagement, Bernadotte recevrait le commandement supérieur des troupes hanovriennes, anglaises et hollandaises qui opéraient dans les Pays-Bas[49].

Le lendemain, 26 février, toute l'armée austro-russe avait repassé l'Aube. Barclay de Tolly se dirigeait de Chaumont sur Langres ; Wurtemberg marchait sur Blessonville ; Gyulai, sur Arc-en-Barrois ; Wiggenstein occupait Colombey. Le corps de Wrède, qui formait l'arrière-garde, était débusqué dans l'après-midi du pont de Dolencourt et des faubourgs de Bar par les troupes d'Oudinot et de Gérard, tandis que Macdonald s'avançait sur la Ferté-sur-Aube, forçant la garnison autrichienne à évacuer Châtillon[50]. Pour Blücher, dont l'armée avait franchi l'Aube à Anglure, la veille et l'avant-veille, il prononçait son mouvement vers Paris par la grande route de Coulommiers[51].

La position générale des armées, le 26 février, était celle-ci : Napoléon, maître de Troyes, avait dans sa main, concentrés entre la Seine et l'Aube, 74.000 hommes et 360 pièces de canon[52]. Devant lui, la grande armée coalisée, réduite à environ 130.000 soldats[53], se repliait sur Chaumont et Langres. À la gauche, Blücher avec 48.000 hommes[54] entreprenait une marche de flanc des plus hasardeuses. Le feld-maréchal risquait d'être attaqué sur ses derrières par Napoléon, tandis qu'il serait contenu sur son front par les corps de Marmont et de Mortier, que des renforts allaient porter à plus de 16.000 combattants[55]. À la droite de l'empereur, le général Allix, l'un des officiers les plus énergiques de toute l'armée, défendait la ligne de l'Yonne avec 2.000 soldats, ralliant autour de lui les paysans de la levée en masse[56]. De Paris, où la France envoyait chaque jour des cadres et des recrues, partaient chaque jour pour les armées des bataillons, des escadrons, des batteries[57]. Enfin les gardes nationales s'organisaient dans toutes les provinces ; et, sur le théâtre de la guerre, les paysans prenant les armes dressaient des embuscades, défendaient les villages, combattaient les partis ennemis, arrêtaient les convois, donnaient la chasse aux fuyards et aux isolés[58].

Au sud, Augereau qui avait 28.000 hommes à l'armée de Lyon[59] s'était enfin décidé à prendre l'offensive contre les 20.000 Autrichiens de Bubna et de Lichtenstein. Il avait formé deux colonnes de ses troupes. Celle du gauche, commandée par Pannetier et Musnier, avait rejeté l'ennemi au delà de l'Ain, tandis que celle de droite, commandée par Marchand, se portait sur Genève qu'elle était, le 26 février, au moment d'investir. Augereau avait l'ordre exprès de reprendre cette ville et d'aller s'établir sur la route de Bâle à Langres, afin de couper la ligne de communication de l'armée de Schwarzenberg[60], — magnifique mouvement conçu par l'empereur et qu'il ne fallait qu'un peu de résolution et de promptitude pour exécuter à coup sûr.

En Espagne, le maréchal Suchet avec 15000 hommes concentrés à Figueras et environ 23.000 hommes occupant Barcelone, Sagonte, Tolède et autres places, tenait en respect les 53.000 Anglo-Espagnols de lord Benting et de Copons. Il n'attendait que la ratification du traité de Valençay par les Cortès pour ramener en France ces troupes d'élite, bronzées au feu de cent combats[61].

De ce côté des Pyrénées, les 45.000 soldats de Soult, massés à Bayonne et à Orthez, contenaient derrière l'Adour et les deux gaves la grande armée du duc de Wellington, forte de 72.000 Anglais, Espagnols et Portugais[62].

Au delà des Alpes, le prince Eugène, à qui l'empereur venait d'envoyer l'ordre de se maintenir en Italie, occupait la ligne du Mincio. Avec 48.000 combattants, il contraignait les 75.000 Autrichiens du feld-maréchal de Bellegarde à garder la défensive et les Napolitains de Murat à battre en retraite[63].

Sur les anciennes frontières du Nord, le général Maison et ses 15.000 hommes[64] imposaient aux 30.000 Allemands et Prussiens du prince de Saxe Weymar et du général Borstell, par une habile guerre de chicane, ne livrant que des combats partiels, toujours en mouvement, reculant un jour, le lendemain reprenant l'offensive. À Maëstricht, à Berg-op-Zoom ; à Anvers que défendait Carnot, dans les forts du Niew-Diep que défendait l'amiral Verhuell, on répondait à coups de canon aux sommations des Anglais de Graham, des Saxons de Valmöden et des Hollandais du prince d'Orange[65].

Les places fortes d'au delà et d'en deçà du Rhin, Glogau, Custrin, Magdebourg, Wursbourg, Petersberg, Hambourg, Wezel, Mayence, Luxembourg, Strasbourg, Neuf-Brisach, Phalsbourg, Landau, Huningue, Belfort, Metz, Saarleuis, Thionville, Longwy, bien approvisionnées et pourvues de bonnes garnisons, défiaient le blocus et les assauts.

De l'Oder à l'Aube, du Mincio aux Pyrénées, partout les armées ennemies étaient ou contenues ou en retraite.

 

 

 



[1] Marmont : 12.726 hommes. Macdonald : 10.200. Victor : 6.300. Ney : 7.240. Cavalerie (1er, 2e et 5e corps) : 9.750. Total : 46.216 hommes. — Situation de la grande armée au 1er janvier 1814. Arch. nat., AF., IV*, 1317, et situations de 1814. Arch. de la guerre. — Nous ne comptons naturellement ici que les corps opposés, en rase campagne, à Schwarzenberg et à Blücher, dans les quinze premiers jours de leur entrée en France.

[2] Grande armée de Bohème, commandée par Schwarzenberg : 1er corps (Collorédo) : 15.708 hommes. 2e corps (prince Aloys Lichtenstein) : 12.708. 3e corps (Gyulai) : 14.732. 4e corps (prince royal de Wurtemberg) : 14.000. 5e corps (de Wrède) : 34.200. 6e corps (Wiggenstein) : 21.066. Divisions légères (Bubna et Moritz Lichtenstein) : 11.240. 6e corps d'Allemagne 13.250. Réserves autrichiennes (prince héritier de Hesse-Hombourg) : 18.500. Grandes réserves russes et prussiennes Barclay de Tolly : 38.696. Cosaques de Platow : 6.000. Total : 200.100.

Armée de Silésie commandée par Blücher : Corps prussien (York) : 19.560. Corps russe (Sacken) : 19.400. Corps russe d'Olsufjew : 5.697 (détaché du corps de Langeron) et 2.000 cavaliers de line (détachés du même corps). Total : 46.657. Total général pour les Alliés entrée en France dans la première quinzaine de janvier 246.757 hommes.

Il faut ajouter à ce chiffre :

1° Pour la grande armée de Bohème : la division Prohaska : 9000 ; la division wurtembergeoise de Doring : 10 600 ; le 8e corps d'Allemagne (Hoche berg) : 10330. — Ces troupes n'entrèrent en France qu'au mois de février.

2° Pour l'armée de Silésie : le corps Kleist : 20.000. Le corps Langeron 19.500 hommes (déduction faite des troupes de ce corps déjà entrées en France et de celles laissées devant Mayence). — Les corps Kleist et Langeron passèrent la frontière, le premier, à la fin de janvier, le second, en plusieurs détachements, en février et en mars. — 4e corps allemand : 12.000. 5e corps allemand : 9.320. — Ces deux corps n'entrèrent pas en France.

3° L'armée du nord, commandée par Bernadotte : Corps de Bülow : 30.000. Corps de Winzingerode : 36000. Corps du prince de Weymar : 23.000. Corps de Valmöden : 15000. Corps suédois : 23000. Corps du duc de Brunswick : 32.000. — Seuls les corps Bülow et Winzingerode, réduits ensemble à 42.800 hommes, entrèrent en France au mois de février.

4° Les armées de seconde ligne, Russes de Beningsen et de Rostowsky, Prussiens de Tauenzien, landwehr, réserves autrichiennes, etc. Ces diverses troupes, évaluées à plus de 300.000 hommes, firent le siège des places d'Allemagne ou restèrent dans les garnisons. Elles ne prirent pas part à l'invasion.

5° L'armée d'Italie (Bellegarde) : 74.000, opérant contre le prince Eugène.

6° Anglais, Espagnols, Portugais, Napolitains : 160.000.

Rapport de Barclay de Tolly, 25 décembre 1813 ; tableau de la composition des armées alliées en 1814. Arch. topogr. de Saint-Pétersbourg, n° 46692, 22 854 et 22 860. Cf. Plotho, III, annexes, pp. 1-15, 29-40.

En résumé, les Austro-Prusso-Russes envahirent la France au commencement de janvier avec 243.000 hommes, et — s'il n'y avait eu les pertes à défalquer — les nouvelles troupes qui passèrent la frontière de la fin de janvier aux premiers jours de mars auraient élevé ce chiffre à 420.000 hommes, y compris les 72.000 Anglo-Espagnols de Wellington. Si l'on ajoute à ce total les troupes de seconde ligne et de réserve, et les armées des Pays-Bas, d'Espagne et d'Italie, l'on doit compter plus d'un million d'hommes.

Les forces françaises, d'après les états de situation, s'élevaient au milieu de février à 650.000 hommes, y compris, naturellement, les armées de Catalogne, des Pyrénées, d'Italie, des Pays-Bas, les garnisons des places fortes an delà et en deçà du Rhin et tous les dépôts, mais non compris les gardes nationales. (Situation générale an 15 février. Arch. nat., AF., IV*, 883 ; situations journalières du 15 au 22 février, et état sommaire des troupes françaises en avril. Arch. de la guerre.)

Il est inutile, sans doute, de faire remarquer que, tant du côté des Alliés que du côté des Français, il y a de la fantasmagorie dans ces chiffres. Les effectifs y sont établis d'après des situations journalières parfois antérieures de deux mois aux tableaux récapitulatifs ; il n'y est tenu compte ni des pertes, ni des désertions, ni des indisponibles. On peut sans crainte réduire ces chiffres d'un quart et peut-être même d'un tiers. En portant à 400.000 hommes pour les Français et à 750.000 hommes pour les Alliés le nombre des soldats présents sous les armes et disponibles par toute l'Europe, on sera dans la vérité.

[3] Cf. Plotho, Der Krieg in Deutschland und Frankreich, III, 14 à 90, Bernhardi, Denkwürdigketten des Grafen von Toll, IV, 134 à 258 ; Schulz, Geschichte der Kriege in Europa, XIII, 4, 23, 67 ; Beitzke, Geschichte der Deutschen Freiheitskriege, II, 193-203 ; Bogdanowitsch, Geschichte des Krieges 1314 (traduit du russe, par Baumgarten), I, 49-83.

[4] Correspondance de Napoléon, 21 135, 21 136, 21 140, 21 141, 21 150, 21 160, Moniteur, 3 et 6 février ; Fain, Manuscrit de 1814, 47, 67-87 ; Mémoires de Marmont, VII, 29-39 ; Plotho, III, 116-130 ; Danilewsky, Darftellung Feldruges in Frankreich, I, 49-50.

[5] Plotho, III, 126 ; Bogdanowitsch, I, 126. Koch, I, 186.

[6] Journal de Nikitin, Journal de Sacken cité par Bogdanowitsch, I, 126.

[7] Mémoires de Langeron. Arch. des affaires étrangères, fonds Russie, 25.

[8] Hauterive à Caulaincourt, 17 février. Arch. des affaires étrangères, fonds France, 670.

[9] Plotho, III, 140-141 ; Varnhagen von Ense, Biographische Denkmale, III (Blücher), 300.

[10] Ordres de marche de Blücher et de Schwarzenberg des 3, 5 et 6 février, citée par Plotho, III, 133, 138, 163. Correspondance de Napoléon, 21 171 à 21 192.

[11] Correspondance de Napoléon, 21 208 : Ramassez beaucoup de pain, nous mourons de faim. (N° 21 214, Daure, commissaire ordonnateur :) L'armée meurt de faim. Tous les rapports que vous faites qu'elle est nourrie sont controuvés. Douze hommes sont morts de faim, quoiqu'on ait mis tout à feu et à sang sur la route pour en tirer des subsistances. Bellune n'a rien, Gérard n'a rien, la cavalerie de la garde meurt de faim. Cf. Fain, 91, 93 ; Mémoires de Ségur, VI, 295-296 ; Pougiat, 188-189.

[12] Correspondance de Napoléon, 21 176, 21 178, 21 189, 21 190, 21 212, 21 213, 21 216, 21 190, 21 195, 21 204.

[13] Correspondante de Napoléon, 21 171 à 21 218. Registre de Berthier, de 3 au 8 février. Arch. de la guerre.

[14] Ordre de marche de Blücher, 6 février, cité par Plotho, III, 163.

[15] Fain, 97.

[16] Correspondance de Napoléon, 21 208, 21 221, 21 232. Registre de Berthier (ordres des 8 et 9 février). Arch. de la guerre.

[17] Correspondance de Napoléon, 21 229 ; Fain, 97-99 ; Journal de Fabvier, 33-35, Plotho, 177-178 ; Bernhardi, IV, 382-383 ; Schulz, XII, 112 ; Bogdanowitsch, II, 180-184.

[18] Correspondance de Napoléon, n° 21 231, 21 232 : Moniteur, 13, 14 et 16 février ; Plotho, III, 179-184 ; Bernhardi, IV, 391-397 ; Schulz, XII, 117, 122 ; Bogdanowitsch, II, 118-197.

[19] Mémoires de Marmont, VI, 55, 56 ; Müffling, Kriegsgeschichte der Jahres 1814, II, 55, 56.

[20] Correspondance de Napoléon, 21 248, 21 252, 21 255. Registre de Berthier, 13 février. Arch. de la guerre. Mémoires de Marmont, VI, 56-60 ; Moniteur, 16 février ; Müffling, 57-61 ; Plotho, III, 186-187 ; Schulz, XII, 132-133 ; Beitzke, II, 265-268.

Les historiens allemands ont cherché à diminuer l'honneur de ces belles victoires en disant que les Français s'y battaient deux contre un. Pour prouver la chose, ils diminuent arbitrairement les effectifs des Alliés, et ils grossissent ceux de l'empereur. Or, d'après les situations des archives de la guerre et d'après les chiffres portés pour les corps alliés au passage du Rhin par les rapports étrangers, voici le tableau des troupes combattantes dans ces différentes rencontres. Il est bien entendu que nous défalquons 20 pour 100 de pertes pour les troupes d'Olsufjew et de Sacken ayant livré bataille à Brienne et à la Rothière, et 10 pour 100 pour celles d'York, de Kleist et de Kapzéwitsch.

A Champaubert : corps d'Olsufjew : 4.700 hommes. — Divisions Ricard et Lagrange : 3.200 ; 1er corps de cavalerie : 1.500 ; 2 escadrons de garde impériale : 150. Total : 4.700 Russes contre 4.850 Français.

A Montmirail : corps Sacken : 15.700 ; brigades Pirch et Horn (du corps York), 16 bataillons : 7.000. — Division Ricard : 1.200.  Vieille garde (10 bataillons) : 4.000. Cavalerie de la garde : 4.200 ; gardes d'honneur : 900. Divisions de Ney : 2.500. Total : 22.700 Russes et Prussiens contre 12.800 Français.

A Vauchamps : corps Kleist (moins la division Klux) : 13.500 ; débris du corps Olsufjew : 1.500 ; Kapzéwitsch : 6.500. — Divisions Ricard et Lagrange : 3.000 ; 1er et 2e corps de cavalerie : 3.600 ; cavalerie de la garde (moins la division Colbert) : 3.300 ; 1 bataillon de vieille garde : 400. Total : 21.500 Prussiens et Russes contre 10.300 Français.

Il est bon de rappeler, d'ailleurs, aux apologistes de Blücher que c'était seulement avec 24.000 hommes — l'élite de son armée, à la vérité — que Napoléon avait entrepris un mouvement contre les 57.000 hommes de l'armée de Silésie.

[21] Correspondance de Napoléon, n° 21 261.

[22] Ordres de marches de Schwarzenberg, 11 et 13 février, cités par Plotho, III, pp. 146-155. Correspondance de Napoléon, 21 244, 21 253, 21 256.

[23] Jomini, Précis politique et militaire des campagnes de 1813 et 1814, publié par le colonel Lecomte (1886), II, 238-239.

[24] Ordres de Schwarzenberg des 15 et 17 février, cités par Plotho, III, 157-158, 207-211.

[25] L'empereur a durement reproché au duc de Bellune de ne pas avoir occupé Montereau ce jour même. Correspondance, 21 236, 21 297, et t. XXVII, p. 192. Si, en effet, Victor lie fût emparé du pont de Montereau, le 17 février, l'empereur, débouchant le lendemain, coupait la retraite an corps Bianchi, et veinait prendre à revers les corps de Wiggenstein et de Wrède, à Bray et à Nogent. La grande armée éprouvait le même sort que l'armée de Silésie. Mais Victor, après avoir marché et combattu toute une journée, pouvait-il enlever, dans on combat de nuit (car il ne fût arrivé devant Montereau qu'entre 6 et 7 heures du noir), cette position à 14.000 Wurtembergeois 7 La chose est fort douteuse, d'autant plus douteuse que le lendemain 18, il fallut 6 heures de combat, 4 divisions d'infanterie, 2 divisions de cavalerie, et un grand déploiement d'artillerie pour déloger le prince de Wurtemberg. Ou il faut conclure de l'irritation de l'empereur qu'il croyait Montereau occupé seulement par une partie du corps de Wrède, et nos par le corps entier du prince de Wurtemberg, ou il faut penser, comme le dit Fais, que Napoléon avait d'autres griefs contre Victor. Ce maréchal avait montré autant de mollesse que d imprévoyance dans la défense de l'Alsace. Voir Correspondance, 21066, et lettre de Caulaincourt, Lunéville, 7 janvier. Arch. des affaires étrangères, fonds France, 668 : Tout le monde s'accorde à dire que le duc de Bellune ne fait rien, ne sort pas de chez lui et ne se donne aucun soin pour avoir des renseignements....

Disons, en passant, que si un des lieutenants de l'empereur mérita des reproches dans ces glorieuses journées, ce fut assurément Macdonald. En se portant les 10 et 11 février, comme il devait le faire (Correspondance, 21 228 et 21 235), de la Ferté-sous-Jouarre à Château-Thierry, il eût coupé la retraite vers l'Ourcq aux corps en déroute de Sacken et d'York, dont pas un seul homme n'eût échappé.

[26] Fain, 110, 111 ; Plotho, III, 211, 213 ; Schulz, XII, 166.

[27] Schwarzenberg à Berthier, Bray, 17 février (soir). Archives nationales, AF., IV, 1669.

[28] Le prince de Schwarzenberg vient d'envoyer un parlementaire... Il est difficile d'être lâche à ce point... Ces misérables, au premier échec, tombent à genoux.... Correspondance, 21 293. Cf. sur la mission du comte Paar Bernhardi, IV, p. 486-490, et Bogdanowitsch, I, p. 238-240.

[29] Cette disgrâce ne fut pas de longue durée. Quelques heures après avoir été relevé de son commandement, Victor écrivit à l'empereur :

Bivac près Montereau, 18 février... La lettre que S. A. S. le prince Alexandre m'a écrite cette nuit de la part de Votre Majesté m'a blessé dans mon honneur... Je vais donc chez moi dans une circonstance où je désirais sacrifier ma via pour le service de Votre Majesté. J'y regretterai que la calomnie et l'imposture m'aient privé du plaisir de faire ce sacrifice. Arch. nat., AF., IV, 1669. — Qui se ravisa ? L'empereur ou le maréchal ? Fain dit que ce fut Victor. Le duc de Bellune, raconte-t-il, monta au château de Fréville et dit à l'empereur : Je n'ai pas oublié mon ancien métier. Je vais prendre un fusil. Je trouverai une place dans les rangs de la vieille garde. Victor reçut aussitôt le commandement des deux divisions de la jeune garde, nouvellement formées, et comptant 12.000 talonnettes.

[30] Ordre de marche de Schwarzenberg, Trainel, 18 février, cité par Plotho, III, 217.

[31] Moniteur, 27 février ; Bogdanowitsch, I, 257 ; Müffling, II, 68, 69.

[32] Ordre de Schwarzenberg pour le 22, Troyes, 21 février, cité par Plotho, III 223.

[33] Lettre de Schwarzenberg, Bar-sur-Aube, 26 février, citée par Bernhardi, IV, 478-479 : ... Napoléon ayant concentré toutes ses forces pour nous livrer bataille, c'était un premier motif pour lui refuser cette bataille, mais le motif principal était qu'un échec suivi d'une retraite jusqu'au Rhin aurait anéanti toute notre armée... Livrer une bataille décisive contre une armée qui combat avec toute la confiance qu'elle a gagnée dans de petites rencontres et qui manœuvre sur son propre territoire, avec des vivres et des munitions à, sa portée, et l'aide des paysans révoltés, c'est une entreprise à laquelle seules les plus extrêmes nécessités pourraient me contraindre... Il me touche peu que les journalistes disent : Ah ! si un autre se fût trouvé à la tête de cette belle armée, les choses se seraient passées autrement ! Cela m'est égal. Je ne saurais rester en paix et jouir de mes biens et de mes honneurs, si ma conscience me reprochait d'avoir agi par crainte de l'opinion publique et, pour cela, d'avoir sacrifié une magnifique armée à la gloire de la France. J'ai beaucoup souffert en prenant le parti de refuser la bataille, mais je suis resté inébranlable et personne n'aurait pi me faire changer d'avis.

[34] Ordre de marche de Schwarzenberg, Troyes, 23 mars (1 heure du matin), cité par Plotho, III, 226.

[35] Thielen, Feldzug der verbündeten Heere Europa's 1814, 295.

[36] Plotho, III, 227.

[37] Correspondance de Napoléon, 21 314, et lettre de Berthier à Schwarzenberg, Nogent, 22 février, citée en note an tome XXVII de la Correspondance. — Il sera reparlé de la lettre de l'empereur au chapitre suivant.

[38] Schwartzemberg à Berthier, Troyes, 23 février. Arch. nat., AF., IV, 1669.

[39] Bogdanowitsch, I, 271. Cf. Jomini, II, 241 et Plotho, III, 231.

[40] Fain, 126-128. Cf. Bogdanowitsch, I, 262 qui se plaint que Lichtenstein ait par ses paroles donné trop de confiance à Napoléon.

[41] Fain, 131 ; Pougiat, 216, 399 ; Bogdanowitsch, I, 266.

[42] Fain, 132 ; Pougiat, 276.

[43] Lettre de Napoléon à Augereau, Troyes, 26 février (non citée dans la Correspondance). Arch. nat., AF., IV, 906. Journal de L'Empire du 28 février ; Journal des Débats du 16 avril ; Vidranges, L'un des derniers forfaits de Bonaparte (br. in-8°, Paris, 1814), pp. 1 à 9 ; Fain, pp. 133-139 ; Montrol, Histoire de Champagne, p. 4-21 ; Pougiat, pp. 278-287. — D'après Koch, I, 205, qui n'est pas suspect de bonapartisme, le chevalier Gouault s'était rallié à l'empire et s'en était montré très chaud partisan. À la fin de décembre 1813, il avait brigué et obtenu le commandement de la cohorte de gardes nationales de Troyes. Mais ce commandement lui ayant été retiré, il revint aux opinions de sa jeunesse.

[44] Correspondance de Napoléon, 21 359, et lettre de Flahaut à Napoléon, Lusigny, 24 et 23 février. Arch. nat., AF., IV, 1669.

[45] Registre de Berthier (lettre à Oudinot, Gérard, Macdonald, 24 février). Arch. de la guerre. Bogdanowitsch, I, 268.

[46] Vernhagen, Biographische Denkmale, III, 331-335 ; lettre de Schwarzenberg à Blücher, citée par Bernhardi, IV, 497 ; Bogdanowitsch, I, 261, 273.

[47] Lettre de Schwarzenberg à Blücher, 23 février, citée par Bernhardi, IV, 497. Cf. Plotho, III, 266-267.

[48] Rapport de Proteau, Troyes, 24 février. Arch. nat., AF. IV, 1669.

[49] Protocole de la délibération du 25 février, et lettres d'Alexandre et de Frédéric-Guillaume à Blücher, citées par Bogdanowitsch, I, 274, 487 ; II, 314. Cf. Mémoires de Metternich, II, 190-191 ; Jomini, II, 212 ; Danilewsky, I, 166 ; Bernhardi, IV, 519-521 ; Plotho, III, 231-232. — Selon Plotho, généralement si exact, et plusieurs historiens français et étrangers, le conseil aurait été tenu le 24 à Vendeuvre. C'est une erreur. Les documents originaux, protocole de la séance et lettres du roi de Prusse et de l'empereur de Russie à Blücher, portent : Bar-sur-Aube, 25 février.

[50] Ordre de Schwarzenberg pour la journée du 26 (Bar-sur-Aube, 25 février), cité par Plotho, III, 233-235. Oudinot à Berthier, Ailleville, 26 février. Arch. nat., AF., IV, 1669. Registre de Berthier, 26 février. Arch. de la guerre.

[51] Correspondance de Napoléon, 21 367, 21 380 ; Mémoires de Marmont, VI, 197-199 ; Müftling, Kriegsgeschichte des Jahres 1814, II, 73-74.

[52] 7e corps (Oudinot) : 17.028 hommes. 11e corps (Macdonald) : 8.797. 2e corps (Gérard) : 6.257. 1re et 2e divisions de jeune garde (Ney) : 2.244. 1er et 2e divisions provisoires de jeune garde (Victor) : 12.556. 1re division de la vieille garde (Friant) : 6.600. 1re division de la réserve de Paris (duc de Padoue) à Nogent : 3.430. Grand parc (Sorbier) et réserve d'artillerie de la garde : 2.000 hommes Total pour l'infanterie et l'artillerie : 58.912 hommes.

Division de cavalerie Roussel : (Brigades Vattier, Osmert, Grouvel et Sparre) 2.174, 2e corps de cavalerie (Saint-Germain) : 2.180. 5e corps de cavalerie (Milhaud) : 3.351. 6e corps de cavalerie (Kellermann, comte de Valmy) : 3.619. 2e et 3e divisions de cavalerie de la garde sons Nansouty (Exelmans, La Ferrière) : 3.168. Total pour la cavalerie : 15.012 hommes. Total général : 73.954 hommes.

Situations du 21 février an 1er mars. Arch. de la guerre. Cf. (pour l'effectif des corps de Ney et de Victor) : lettre de Ney à Berthier, Arcis-sur-Aube, 26 février, et rapport de Drouot à Napoléon, Fismes, 4 mars, Arch. nat., AF., IV, 1669, et musée des Archives — (pour la composition de la division Roussel) : Correspondant, de Napoléon, 21306, et registre de Berthier, 23 février. Arch. de la guerre ; — (pour l'artillerie) : lettres de Dulauloy et de Sorbier à Napoléon, 19 février, Arch. nat., AF., IV, 1669, et situations des 19 janvier, 25 mars et 1er avril. Arch. de la guerre.

[53] Prendre l'effectif de la grande armée à son entrée en France (au début du chapitre), et défalquer, outre le corps de Bubna et d'Aloys Lichtenstein, les troupes envoyées contre Augereau sous le commandement du prince de Hesse, et environ 15 pour 100 pour les pertes, les malades et les garnisons laissées sur les derrières ; ajouter en revanche les renforts reçus : la division Prohaska et la division wurtembergeoise du général Doring.

[54] York : 14.283. Kleist : 9.800. Sacken : 13.200. Rudzewitsch, Hapzéwitsch et Korff (lieutenants de Langeron) : 10 ou 11.000 hommes. Cf. Journal de Langeron. Arch. topogr. de Saint-Pétershourg, n° 29 103. Droysen, Leben des Feldmarschalls York, III, 234 : et Plotho, III, 261, qui porte ces forces à 50.000 hommes en évaluant trop haut les divisions de Langeron.

[55] Marmont : 6e corps et 1er corps de cavalerie : 6.088 hommes. Situation du 28 février. Arch. de la guerre. — Mortier : gardes d'honneur de Defrance : 913 hommes. 1re division de cavalerie de la garde (Colbert) : 909. 2e division de la vieille garde : 2.442. Situation du 15 février. Arch. de la guerre, Rapport de Drouot à Napoléon, Fismes, 4 mars. Musée des Archives. — Renforts envoyés de Paris aux deux maréchaux le 28 février : 3e division provisoire de jeune garde (Porret de Morvan) : 4.879 hommes. Division provisoire de cavalerie (Boulooir) : 1.026. 1 compagnie d'artillerie : 150 hommes. Ornano à Berthier, 28 février. Arch. de la guerre. Situations. — Total pour les deux maréchaux : 16.507 hommes.

[56] Allix à Clarke, 2 et 3 mars, et situation des 18 février et 12 mars. Arch. de la guerre. Correspondance de Napoléon, 21 232, 21 348.

[57] Rapports journaliers de Hullin et de Pasquier, février et mars. Rapport de Mortemart à Napoléon, 2 mars. Arch. nat., AF, IV, 1 534 et 1 669. Correspondance de Clarke, Fririon, Ornano, Préval, février et mars, passim. Arch. de la guerre.

[58] Correspondance des préfets, février et mars. Arch. nat., F. 7, 3 4082 et 3 4162. — Sur la guerre des paysans voir les documents cités en fin du précédent chapitre.

[59] Situation de l'armée de Lyon au 12 février. Arch. de la guerre. — Sur ces 28.000 hommes, 3.728 gardes nationaux restèrent à Lyon.

[60] Clarke à Augereau, 13, 18 et 22 février. Arch. de guerre. Correspondance de Napoléon, 21 313. Plotho, III, 255-257, et annexes, 71-73.

[61] Correspondance de Napoléon, 21 097, 21 213. Koch, II, 309-315. Situations (armées d'Espagne) et état sommaire des troupes françaises en avril 1814. Arch. de la guerre.

[62] Correspondance de Napoléon, 24 097, 21 365, 21 097. Situations (armées d'Espagne) et état sommaire des troupes françaises en avril 1814. Arch. de la guerre.

[63] Rapport de Tascher de la Pagerie reproduit dans la Correspondance de Napoléon, XXVII, 192-193. Koch, II, 163, 197. État de situation des armées, au 15 février. Arch. nat., AF., IV*, 883.

A la fin de janvier et au commencement de février, Napoléon avait fait passer à plusieurs reprises au prince Eugène l'ordre d'évacuer l'Italie, mais, après la victoire de Montereau, il lui envoya contre-ordre par une lettre que porta Tascher de la Pagerie.

[64] Dans la lettre du 19 février (Arch. Nat., AF., IV, 1 669), Maison ne porte son effectif qu'à 11.617 hommes. Mais ce général oublie de dire qu'il est au moment de recevoir des renforts de Lille où les dépôts comptaient 19.780 hommes. Situation du 15 février. Arch. nat., AF., IV*, 883.

[65] Cf. Correspondance de Napoléon, 21 089, 21 328. Moniteur du 24 février. Plotho, III, 200-201. Bogdanowitsch, I, 222-225 et 423-425.

Troupes alliées opérant dans les Pays-Bas : Saxe-Weymar : 23350 hommes (toutes ces troupes d'ailleurs n'étaient pas encore en ligne à la fin de février). Brigades Borstell et Zeliensky (du corps Bülow entré en France avec 16.900 hommes au lieu de 30.000) : 13.000. Graham : 8.000 hommes. Valmöden : 15.000 hommes. Prince d'Orange : milices.