ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR AURÉLIEN (270-275)

 

TROISIÈME PARTIE. — LE GOUVERNEMENT INTÉRIEUR. LES RÉFORMES.

CHAPITRE III. — LA RÉFORME MONÉTAIRE.

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

Une des réformes les plus importantes d’Aurélien fut la réforme monétaire. L’état lamentable de la monnaie romaine, à son avènement, tenait à deux causes :

1° À la crise monétaire elle-même, qui n’avait cessé de s’aggraver depuis le règne de Gordien III ;

2° Aux abus et aux fraudes, qui s’étaient introduits dans la fabrication, surtout depuis la mort de Valérien, et dont les auteurs étaient les fonctionnaires de la monnaie impériale.

I

L’or n’était plus frappé que par intermittences et en petite quantité. Depuis Caracalla, le poids des pièces tendait à s’abaisser sans cesse, et il était devenu très variable. La monnaie d’or avait toujours continué à circuler, mais elle était rare et pratiquement ne comptait plus guère[1].

L’argent, sous forme de deniers, n’était plus frappé depuis Gordien III[2]. Les anciens deniers du début du IIIe siècle, qui contenaient encore de 40 à 50 % de métal fin, avaient été retirés de la circulation, refondus et convertis en Antoniniani, opération qui avait procuré un bénéfice considérable au Trésor.

L’Antoninianus, créé par Caracalla, s’était graduellement altéré. Le poids était devenu irrégulier[3]. La quantité de métal fin, entrant dans l’alliage, qui était primitivement de 50 %[4], n’était plus, vers 267, que de 4 à 5 % en moyenne[5], et, sous Claude[6] et sous Quintillus[7], de 1,25 (poids minimum) à 3 % (poids maximum). L’Antoninianus était devenu une véritable pièce de cuivre (75 à 93 % sous Claude), mêlée d’étain (2,59 à 7,30 %) et de plomb (1,16 à 7,51 %) et recouverte, pour la forme, d’une mince couche d’argent (1,75 à 5,40 %).

La monnaie sénatoriale de bronze, dont la valeur intrinsèque était désormais plus considérable que celle de l’Antoninianus, ne restait pas dans la circulation ; elle était régulièrement enfouie ou accaparée par des spéculateurs[8]. Le Sénat en frappait de temps en temps[9] une quantité assez restreinte, sous forme de sesterces et de dupondii, moins pour alimenter le marché que pour ne pas laisser périmer son droit de frappe.

Pratiquement, l’Antoninianus était devenu la seule monnaie courante. Pour faire face aux dangers qui menaçaient l’Empire de toutes parts, Gallien, Claude et Quintillus l’avaient frappé en quantités énormes, ce qui avait encore contribué à l’avilir. — A l’avènement d’Aurélien — le fait est prouvé par les trouvailles monétaires d’Italie[10] et des pays danubiens[11], — la masse du numéraire en circulation était formée par les Antoniniani de Gallien, Claude et Quintillus. Les pièces antérieures à 260, qui contenaient encore de 10 à 20 % de métal fin, avaient été retirées et refondues presque toutes[12].

II

La frappe, depuis les dernières années du règne de Gallien, était réduite, en fait, à l’Antoninianus : c’est à l’émission de cette pièce que se rapportent toutes les fraudes. — Eutrope[13] et Aurelius Victor[14], parlant des fraudes commises par les fonctionnaires de la Monnaie antérieurement à la révolte de 271, emploient les expressions vitiare pecunias, nummariam notant corrodere, qui ont trait toutes deux à l’altération du titre. Les monétaires diminuaient, à leur profit, la quantité de métal fin, qui légalement entrait encore dans l’alliage et remplaçaient l’argent soustrait par du plomb, de l’étain et du zinc.

L’étude des Antoniniani de Claude fournit, à cet égard, des indications précises[15].

1° Les monétaires de Rome volaient sur le poids. — Le poids moyen pour les Antoniniani provenant des autres ateliers, au temps de Claude, est de 3gr,409, soit 1/96 de livre, ce qui était le poids légal. Il n’est dans l’atelier de Rome que de 3gr,067, soit une différence de 10 %.

Le poids de l’Antoninianus est beaucoup plus variable à Rome que dans les autres ateliers monétaires : dans la sixième émission de Claude, il tombe à 2gr,582 et 2gr,800 ; pour les deux émissions de Quintillus[16], à 2gr,779, chiffre que l’on ne retrouve nulle part. Il est certain que ces fluctuations sont, au moins en partie, l’œuvre des monétaires.

2° Ils altéraient le titre de la monnaie. — Le pour 100 d’argent entrant dans l’alliage, qui était à Tarraco de 2,500 à 2,700, à Siscia de 2,750 à 3, à Antioche, de 8,750, oscille à Rome, sous Claude, entre 1,700 et 2,400 ; il est de 2,300 sous Quintillus[17]. Même remarque pour l’argent de surface, qui, à Rome, dans les quatrième, cinquième et sixième émissions est réduit à 2,500 % (Tarraco, 3,500 à 3, 700 ; Siscia, 3,050-4 ; Antioche, 9,121). Le pour 100 de cuivre est probablement diminué aussi : il tombe à 83,975 dans la troisième émission et 75,207 dans la quatrième (Tarraco, 87,171-89,731 ; Siscia, 90,805-93,463 ; Cyzique, 87,234-89,732 ; Antioche, 86,397). L’argent et le cuivre manquants sont remplacés par de l’étain, du plomb et du zinc [Etain : Rome, 6,294-8,181 ; autres ateliers, 2,596-6,372 ; plomb : Rome, 3,005-7,514 ; autres ateliers, 1,161-5,124 ; zinc : Rome, 7,373 (quatrième émission) ; autres ateliers : 0,883-2,008].

Les monétaires de Rome dérobaient donc une partie de l’argent et du cuivre, et remplaçaient ces métaux par de l’étain, du plomb et du zinc. La fraude va croissant jusqu’à la quatrième émission de Claude, où elle atteint son maximum : dans les deux dernières émissions, l’état de la monnaie s’améliore ; mais le pour 100 d’argent et de cuivre reste toujours notablement inférieur à celui des autres ateliers monétaires.

3° Les monétaires frappaient de fausses pièces[18]. — Les pièces de la première émission de Claude à types d’animaux symboliques et légendes de divinités, sont probablement toutes dans ce cas[19]. Pour masquer cette falsification et échapper à tout contrôle, ils frappaient des pièces hybrides avec le droit et le revers d’un des empereurs précédents[20].

Il faut mentionner enfin la mauvaise exécution de la frappe[21] : forme irrégulière des monnaies, épaisseur variable, pièces frappées deux fois, revers semblables au droit, erreurs de légendes, etc.

Telle était la situation à l’avènement d’Aurélien. Une réforme était urgente. Pour être efficace, cette réforme devait porter sur deux points : la répression des fraudes d’une part, l’amélioration durable de la monnaie et l’établissement d’un meilleur système monétaire, de l’autre.

Jusqu’à la venue d’Aurélien à Rome après la guerre des Juthunges (vers la fin du printemps 270), aucun changement ne fut apporté à la frappe des monnaies[22]. Les revers nouveaux furent en petit nombre : ceux de Claude et de Quintillus restèrent généralement en usage[23]. Les ateliers monétaires continuèrent à frapper avec le même nombre d’officines que sous Claude et Quintillus[24] (12 à Rome, 3 à Tarraco, 4 à Siscia, 3 à Cyzique). En raison de la rareté des pièces, nous n’avons aucune analyse d’Antoniniani frappés à Rome ou dans les ateliers provinciaux. Le poids moyen à Rome[25] (3gr,01), Tarraco[26] (3,25-3,79), Cyzique[27] (3,55) est sensiblement le même que dans les dernières émissions de Claude[28] ; il est légèrement supérieur à Siscia[29] (3,37-4,15). Comme dans la seconde partie du règne de Claude[30] et sous Quintillus[31], le bronze sénatorial continua à n’être pas frappé[32]. Dans tous les ateliers et en particulier dans celui de Rome, la frappe des Antoniniani resta aussi négligée que sous les deux règnes précédents[33].

Après la guerre des Juthunges, Aurélien put s’occuper une première fois de la situation monétaire[34]. Il ne pouvait songer à améliorer immédiatement la frappe de l’or[35] et à retirer de a circulation la masse des Antoniniani, pour les remplacer par une monnaie de meilleur aloi Ces mesures eussent entraîné une dépense énorme à laquelle le Trésor ruiné était incapable de faire face. Le plus urgent était de mettre un ternie aux abus et aux fraudes des monétaires : Aurélien ordonna la fermeture de la Monnaie de Rome[36].

Le personnel de la monnaie impériale formait une corporation puissante, qui avait son genius, la familia monetalis ou monetaria. Le nombre des monetarii, de tout temps très considérable en raison de la lenteur et de l’imperfection des procédés de frappe[37], avait été fortement augmenté vers la fin du règne de Gallien ; il avait fallu remplacer en quantité ce que la monnaie avait perdu en qualité ; le nombre des officines de l’atelier de Rome avait été porté de six à douze, chiffre qui se maintint sous Claude, Quintillus et dans la première partie du règne d’Aurélien. La familia monetalis, composée d’affranchis et d’esclaves impériaux, devait, comme la corporation analogue des horrearii, avoir une organisation militaire. Le chef de l’administration monétaire impériale, le Procurator Monetæ et son supérieur hiérarchique, le Procurator Summarum Rationum, tous deux de rang équestre, se trouvaient ainsi avoir sous leurs ordres une véritable armée[38].

La fermeture de la Monnaie de Rome porta un grave préjudice aux monétaires en mettant un terme à leurs fraudes et en les laissant sans emploi. La défaite d’Aurélien à Plaisance et les mesures que le Sénat dut prendre en toute hâte pour la défense de Rome, leur fournirent un prétexte d’agitation. Le procurator summarum rationum, Felicissimus[39], qui avait directement participé aux fraudes et en avait bénéficié, prit la tête du mouvement ; peut-être même se fit-il proclamer empereur. L’aristocratie sénatoriale, hostile à Aurélien, ou laissa faire ou soutint secrètement l’insurrection. Lors de son retour à Rome, Aurélien se montra impitoyable. Après une lutte acharnée, dans laquelle il perdit 7.000 de ses soldats, la révolte fut comprimée[40].

A la suite du soulèvement des monétaires, la Monnaie de Rome resta fermée[41], soit qu’elle eût été détruite dans la lutte, soit qu’Aurélien, qui allait partir pour la campagne d’Orient, ne voulût pas rétablir la frappe en son absence. Une première réforme eut lieu dans les ateliers monétaires de Tarraco, Siscia, Serdica, Cyzique. Cette réforme porta sur trois points.

Meilleure exécution des monnaies. — Depuis 271, les monnaies sont plus régulières ; la frappe est plus nette ; l’effigie, plus soignée et plus individuelle[42].

Amélioration du titre. — Le pour 100 d’argent fut notablement augmenté : Tarraco[43] : 3,10, au lieu de 2,500-2,700, sous Claude ; — Siscia[44], 3,93, au lieu de 2,750-3 ; — Cyzique[45], 4,10, au lieu de 1,250-1,550.

Premier établissement d’un contrôle. — Une des difficultés dans le contrôle de la frappe tenait à ce que les noms des ateliers monétaires ne figuraient généralement pas sur les monnaies. Cette signature, qui ne se trouve, sous Claude, que pour quelques monnaies de l’atelier de Cyzique[46], est introduite en 271, dans l’atelier de Serdica (Serd)[47].

Cette première réforme, très timide encore, ne s’appliqua à aucun des trois grands ateliers monétaires de l’Empire ; celui de Rome était fermé, ceux d’Antioche[48] et de Lyon étaient aux mains de Zénobie et de Tetricus. Il ne pouvait être question d’une réforme d’ensemble avant la reconstitution de l’unité impériale.

La grande réforme monétaire eut lieu, en 274, après le triomphe d’Aurélien[49]. Elle s’appliqua à la Monnaie de Rome, qui fut rouverte à cette occasion et à tous les ateliers provinciaux, Antioche et Lyon compris. Cette réforme eut un triple objet :

1° Frappe plus régulière des monnaies ;

2° Concentration de la frappe aux mains de l’empereur ;

3° Réglementation légale des rapports entre les diverses monnaies.

Frappe plus régulière des monnaies. — Une des causes principales de la crise monétaire était la rareté de l’or. Aurélien avait rapporté d’Orient une grande quantité de métaux précieux confisqués à Hémèse[50] et à Palmyre[51]. Il songea, en outre, à restreindre l’emploi de l’or pour les usages particuliers : Il avait l’intention, dit son biographe, d’empêcher qu’on n’employât l’or pour orner les chambres, les tuniques ou les fourrures et qu’on ne Je mêlât avec l’argent. Il disait qu’il y a dans le monde plus d’or que d’argent, mais que l’or se perd par l’habitude que l’on a de le mettre on feuilles, de le faire passer par la filière ou de le fondre, tandis que l’argent n’est pas détourné de sa destination naturelle[52]. Le projet d’Aurélien n’aboutit sans doute pas ; Tacite qui le lui avait suggéré, dit-on, le reprit en partie, lorsqu’il devint empereur[53], mais probablement sans grand succès. Aurélien maintint l’or comme étalon. La monnaie d’or fut frappée d’une manière plus régulière et en quantité plus abondante[54]. Le poids des pièces d’or était très variable, surtout depuis le règne de Gallien. Sans aboutir à une fixité absolue, Aurélien reprit comme poids moyen de l’aurais, le chiffre normal de 1/50 de livre (6gr,55), établi par Caracalla ; d’une manière générale, c’est sur ce pied qu’il frappa les aurei à la suite de la réforme[55].

La mesure décisive eût été la reprise de la frappe du denier d’argent, interrompue depuis trente ans. Il eût fallu retirer la masse énorme des Antoniniani en circulation et les remplacer par une monnaie d’argent de valeur effective. Mais cette transformation eût entraîné des dépenses énormes, car les Antoniniani, qu’on eût retirés et refondus, ne représentaient qu’une valeur intrinsèque presque nulle. A défaut d’une réforme radicale qui n’était pas possible, Aurélien dut se contenter de quelques palliatifs. Il retira de la circulation une certaine quantité d’Antoniniani de mauvaise qualité frappés depuis 260[56], mais non pas tous, car on en retrouve un grand nombre dans les dépôts monétaires enfouis sous ses successeurs[57].

Comme il l’avait fait une première fois, en 271, pour les ateliers de Tarraco, Siscia, Serdica, Cyzique, Aurélien améliora la frappe de l’Antoninianus[58]. Cette amélioration porta à la fois sur l’exécution matérielle, qui fut désormais plus soignée[59], sur le poids[60] et sur le titre[61]. L’amélioration, en ce qui concerne le titre, fut d’ailleurs toute relative, et le pour 100 d’argent, — chiffre maximum 4,90 dans l’atelier de Tarraco, — resta fort inférieur à ce qu’il était antérieurement au règne de Valérien.

Pour la monnaie de bronze, voir plus loin.

Concentration de la frappe aux mains de l’empereur. — La frappe régulière du bronze sénatorial n’avait pas été reprise au début du règne d’Aurélien[62]. En 271, à la suite du soulèvement des monétaires, l’empereur enleva définitivement[63] au Sénat son privilège ; la monnaie de bronze cessa de porter les lettres S. C, et, comme les monnaies d’or et d’argent, fut désormais frappée directement par l’empereur. Les III Viri Monetales furent supprimés, et l’ensemble de l’administration monétaire fut placé sous la direction du procurateur impérial.

La frappe du bronze, qui avait été, dans les deux premiers siècles de l’Empire, une source importante de revenus pour le Sénat, avait fini, depuis la dépréciation complète de l’Antoninianus, par lui coûter plus qu’elle ne lui rapportait ; mais, au point do vue politique, le Sénat tenait à son privilège monétaire, un des derniers restes de son ancienne puissance, et il vit dans la mesure d’Aurélien une grave atteinte à ses droits.

En fait, l’innovation d’Aurélien fut beaucoup moins importante qu’on ne pourrait le croire. La concentration définitive de la frappe aux mains de l’empereur se préparait déjà depuis longtemps[64]. A la fin du Ier siècle, probablement sous Nerva, la monnaie sénatoriale avait été transférée du Capitole au Cœlius et annexée à la monnaie impériale, les deux administrations restant indépendantes l’une de l’autre. Un peu plus tard, en 115, sous Trajan, on trouve une direction technique, commune aux deux monnaies et relevant de l’administration impériale. Le rôle des procurateurs impériaux dut s’étendre peu à pou au détriment des III Viri Monetales, dont la fonction, de plus en plus, devint purement honorifique. La suppression du privilège sénatorial par Aurélien ne fut donc que le dernier terme d’une évolution commencée depuis deux siècles.

L’émission du bronze impérial, frappé à la suite de cette réforme, fut assez abondante[65]. Aurélien frappa quelques sesterces et une quantité plus considérable de dupondii. La frappe des sesterces de bronze devait cesser définitivement sous Tacite, celle des dupondii, réduits en poids par Probus, se prolongea jusqu’au temps de Dioclétien et de Maximien.

Le monnayage de bronze des colonies et des villes grecques avait presque entièrement cessé avec le règne de Gallien[66]. Sous Claude, outre Alexandrie, six villes seules avaient eu une frappe autonome : une colonie, Antioche de Pisidie, et cinq villes grecques d’Asie Mineure : Cyzique, Prostanna, Sagalassus, Séleucie, Selge, ces quatre dernières en Pisidie[67]. Sous Aurélien, aucune de ces villes ne continua à frapper, niais il y eut des émissions dans quatre autres villes, qui avaient régulièrement battu monnaie jusque sous le règne de Gallien : une colonie, Cremna, en Pisidie, et trois villes de Pamphylie : Perga, Side, Sillyum[68]. Ce monnayage ne se poursuivit pas après Aurélien[69] ; il cessa de lui-même, et non par suite d’une interdiction impériale. Alexandrie seule conserva une frappe autonome[70].

La disparition graduelle du monnayage colonial et municipal sous Gallien, Claude et Aurélien, comme l’irrégularité du monnayage sénatorial depuis la mort de Decius, fut une conséquence directe de la crise monétaire et de l’avilissement de la monnaie d’Empire. La monnaie de bronze, ayant une valeur intrinsèque supérieure à celle de l’Antoninianus, ne restait pas dans la circulation[71] ; les villes, obligées constamment et à grands frais de renouveler leur numéraire entraîné dans la dépréciation générale de la monnaie, renoncèrent à continuer la frappe dans ces conditions.

A la suite de la réforme de 274, toute la frappe, — exception faite pour les monnaies alexandrines qui continuèrent à être émises jusque sous Dioclétien en 295-296, — fut directement exercée par l’empereur.

En fait, après comme avant la réforme, on frappa surtout des Antoniniani. Le nombre des ateliers monétaires, qui sous Claude avait été de six (vers la fin du règne, Cyzique avait remplacé Serdica)[72], fut porté à huit par le maintien simultané des deux ateliers de Cyzique et de Serdica et rétablissement d’un nouvel atelier monétaire à Tripoli de Phénicie[73] ; le nombre des officines passa de 33 à 43[74]. Aurélien, précurseur de Dioclétien sur ce point, décentralisa la frappe ; il diminua l’importance de la Monnaie de Rome et augmenta celle des ateliers provinciaux. A la fin du règne de Claude et sous Quintillus, la répartition des officines monétaires était la suivante : Rome, 12 ; Tarraco, 3 ; Lyon, 3 ; Siscia, 4 ; Cyzique, 3 ; Antioche, 8 : sur 33 officines, la Monnaie de Rome en comptait 12, soit plus du tiers. A la suite de la réforme, il y eut à Rome 10, puis 7 officines ; à Tarraco, 4, puis 6 ; à Lyon, 4 ; à Siscia, 6 ; à Serdica, 4 ; à Cyzique, 6 ; à Antioche, 8 ; à Tripoli, 2 ; sur 43 officines, Rome n’en compta plus que 7, soit moins du sixième. L’importance de la Monnaie de Rome, comme centre de frappe, avait donc diminué de moitié. L’augmentation eut lieu surtout au profit des ateliers de Tarraco, de Siscia et de Cyzique[75]. Le contrôle par signature de l’atelier monétaire, qui était déjà pratiqué à Serdica et à Cyzique (voir plus haut), fut étendu aux ateliers de Tarraco (T), Rome (R), Siscia (S), et maintenu à Lyon (L), où il existait déjà, au temps des empereurs gallo-romains[76].

Réglementation légale des rapports entre les diverses monnaies. — Aurélien, nous l’avons vu plus haut, ne put rétablir la frappe normale des trois métaux. La pièce d’or, quoique frappée d’une manière plus régulière, continua à être de poids assez variable ; la frappe du denier d’argent ne fut pas reprise et celle du bronze resta assez limitée. Aurélien ne chercha pas à rétablir intégralement le système monétaire impérial du temps de Caracalla. L’essentiel était de simplifier la situation monétaire, telle qu’elle résultait de la grande crise du IIIe siècle et surtout de réglementer la valeur de l’Antoninianus, qui continuait à former la plus grande partie du numéraire en circulation. Aurélien prit pour base la seule valeur qui fût effectivement stable, la valeur de la livre d’or fin ; la livre d’or fut comptée pour 50.000 deniers et 2.400 Antoniniani (200 à l’once d’or), ce qui donnait à l’Antoninianus une valeur de 20 deniers 5/6[77]. Les Antoniniani frappés à la suite de la réforme de 274, portèrent l’indication de leur valeur en deniers, sous la forme XX ou XXI (en grec ΚΑ), selon que le chiffre 20 denier 5/6 était arrondi à 20 ou 21. Dioclétien devait ; en 290, compléter la réforme d’Aurélien en régularisant le frappe de l’or et en taillant normalement l’aureus au 1/60 de livre = 5gr,45). Le système inauguré par Aurélien se trouva ainsi complété de la manière suivante :

 

 

 



[1] Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), III, pp. 62-63 ; — Ad. BLANCHET, Recherches sur la circulation de la monnaie d’or tous les empereurs Romains (Études de Numismatique, Paris, 1901, t. II, pp. 213-215).

[2] Th. MOMMSEN, loc. cit., p. 11.

[3] Trois Antoniniani de Claude (A. MILANI, Il Ripostiglio della Venera, loc. cit., p. 208. not. 2) pèsent respectivement 3gr,716 ; 2gr,313 ; 1gr,506. Pour les variations de poids, sous les règnes de Claude et de Quintillus, voir plus loin.

[4] Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), loc. cit., p. 94.

[5] A. MILAN, Il Ripostiglio della Venera [loc. cit., p. 208), donne l’analyse de trois exemplaires de Gallien (légende Abundantia Aug[usti), appartenant à la période 260-268.

Cf. O. VOETTER, die Münzen des Kaisers Gallienus (Wien. Numism. Zeitschr., XXXII, 1900, p. 120).

[6] And. MARKL., Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Claudius II, loc. cit. — Voir plus loin, note 15.

[7] And. MARKL., Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Quintillus, loc. cit.

[8] Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), III, p. 93.

[9] And. MARKL, die Reichsmünzstätten unler der Regierung Claudius II, loc. cit., p. 378 ; — Id., die Reichsmünzstätten unler der Regierung des Quintillus, loc. cit., p. 14.

[10] Trésor d’Appiano, enfoui en 270 (Rivist. Ital. di Numismat., VI, 1893, p. 145) : un millier de pièces, tous Antoniniani de Gallien, Salonine, Claude, Quintillus, Aurélien. — Trésor de Gambolo, enfoui à la même date (Rivist. Ital. di Numismat., III, 1890, p. 100) : plusieurs milliers de pièces de Gallien, Salonine, Claude, Aurélien. — Le second trésor de Reggio, d’Emilie (Th. MOMMSEN, Hist. de la Monn. Rom., trad. Blacas, III, p. 117 ; — A. MILANI, Il Ripostiglio della Venera, loc. cit., p. 6), enfoui à la même date : 340 pièces, dont 88 Gallien, 165 Claude, 10 Quintillus, 4 Aurélien. — Trésor de Serravalle (Tyrol Italien : Fl. ORGLER, Verzeichniss der Fundorte von Antiken Münzen, in Tirol und Vorarlberg, p. 22), enfoui à la fin du règne de Claude ou au début de celui d’Aurélien, uniquement composé de pièces de Claude.

[11] Trésor d’Unterpeissenberg (Bavière : Fr. FERCHEL, Beschreibung von Sechshundert Römischen Münzen..., pp. 9-10), enfoui à la fin du règne de Claude ou au début de celui d’Aurélien : plus de 2.000 Antoniniani de Gallien, des empereurs gallo-romains et de Claude.

La composition des trésors, enfouis à cette époque en Gaule et en Bretagne, est analogue. Trésor de Plourhan (Côtes-du-Nord : Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 449) : sur 964 pièces, 5 seulement, 2 Gallus, 2 Volusianus, 1 Æmilianus, sont antérieures à Valérien. — Trésor de Salpenwick (Pas-de-Calais : Id., n° 21), enfoui en 270 ; sur 636 monnaies, 2 seulement, 1 Gordien III, 1 Gallus, sont antérieures à Valérien. — Trésor de Clémont (Cher : Id., n° 554), enfoui sous Tetricus : sur 500 pièces, pas une n’est antérieure à Valérien ; de Valérien, il n’y a que deux pièces. Cf. les numéros 217 (Kerrero, Morbihan), enfoui sous Tetricus, 412 (le Vieux-Clos, Calvados) enfoui en 270, 826 (Landecy, Genève), enfoui sous Claude, etc.

[12] En Gaule, le retrait de ces pièces avait eu lieu surtout vers la fin du règne de Postumus, et sous les empereurs gallo-romains suivants ; dans les trésors enfouis sous Valérien et pendant les premières années de Postumus, la proportion des pièces de bonne qualité est encore considérable. Trésor de Couvron (Aisne : Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 71), enfoui sous Postumus : sur 685 pièces, 264 sont antérieures à Valérien. — Trésor du Bois des Nuées (Aisne ; Id., n° 93), enfoui à la même époque : sur 161 pièces, 125 sont antérieures à Valérien. — Trésor de Signy-l’Abbaye (Ardennes : Id., n° 95), enfoui vers 256 : sur 2.605 pièces, 50 seulement sont postérieures à l’avènement de Valérien. — Trésor de Vinay (Isère : Id., n° 203), enfoui avant 260 : sur 1350 pièces, il n’y a que 13 Valérien et 13 Gallien. — Trésor de Saint-Brieuc (Id., n° 442), enfoui sous Postumus : sur 262 pièces, 106 sont antérieures à Valérien. — Trésor de Montreuil (Hainaut : Id., n° 640), enfoui sous Postumus : sur 700 pièces, 152 sont antérieures à Valérien. Cf. les trésors de la forêt de Wallers (Nord : Id., n° 11), de Vertault (Côte-d’Or : Id., n° 859), de Cosne (Id., n° 860), etc.

[13] IX, 14.

[14] Cæsar., 35, 6.

[15] Nous reproduisons ici, en les réduisant à leurs éléments essentiels, les deux tableaux de And. MAHKL [Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Claudius II Gothicus (Wien. Numism. Zeitschr., XXI, 1889. pp. 234-254)], relatifs au poids et à l’analyse des Antoniniani de Claude.

I — POIDS

II. ANALYSE

Pour certaines émissions (1ère de Rome, 4e de Tarraco, 1ère, 2e et 5e de Siscia, 1ère de Serdica, 1ère de Cyzique, 1ère d’Antioche), en raison de la rareté des pièces, les analyses n’ont pu être faites.

Sous le règne de Quintillus (And. MARKL, Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Quintillus, loc. cit.), le poids est inférieur à celui des Antoniniani de Claude (Tarraco : 3gr,094 ; Rome, 2gr,779 ; Siscia, 2gr,822 ; Cyzique, 3gr,206 ; poids moyen, 2gr,866 ;. — La teneur en argent est sensiblement la même : Tarraco, 3gr % ; Rome, 2gr,300 ; Siscia, 2gr,900.

[16] And. MAHKL, (Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Quintillus, loc. cit., p. 144).

[17] And. MAHKL, (Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Quintillus, loc. cit., p. 146).

[18] Sur les faux monétaires au temps de Claude II, voir And. MARKL, das Falschmünzwesen während der Regierung Claudius II Gothicus (Monastblatt des Numismat. Gesellschaft in Wien, 1901, t. V, fasc. 13-24) — And. MARKL montre qu’une grande partie des fausses pièces de Claude a été frappée par les monétaires impéraiux.

[19] O. VOETTER, die Münzen des Kaisers Gallienus und seiner Familie (Wien. Numismat. Zeitschr.., XXXII, 1900, pp. 135-137). La dernière période de frappe du règne de Gallien, dans l’atelier monétaire de Rome, comprend deux émissions : la première porte les revers ordinaires, la secondes des revers particuliers à types d’animaux symboliques et légendes de divinités. Ces deux émissions se poursuivent quelque temps sous Claude. O. VOETTER pense, avec raison je crois, que toute la série à types d’animaux, frappée au début du règne de Claude, est une falsification des monétaires.

[20] O. VOETTER, loc. cit., p. 135. — C’est abus, d’ailleurs, ne cesse pas avec Aurélien : on le retrouve encore sous les règnes d’Aurélien, de Tacite et de Probus.

[21] And. MARKL, (Die Reichsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., pp.401-403) montre que ces négligences de frappe sont plus notables à Rome que dans les autres ateliers de l’Empire.

[22] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 297-298.

[23] Th. ROHDE, loc. cit., p. 298.

[24] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 297-298. — And. MAKKL, die Reichsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., p. 379 ; — Id., die Reichsmünzstätten unter der Regierung des Quintillus, loc. cit., pp. 12, 19, 21, 23.

[25] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 314-345.

[26] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 328-331.

[27] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 386-389.

[28] And. MARKL, Gewicht und Silbergehalt der Antoniniane von Claudius II Gothicus, loc. cit.

[29] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 354-355. — Cf. And. MARKL, loc. cit.

[30] And. MARKL, die Reichsmünzst. unter der Reg. Claud. II, loc. cit., p. 378.

[31] And. MARKL, die Reichsmünzst. unter der Reg. Quintillus, loc. cit., p. 14.

[32] Th. ROHDE, loc. cit., p. 292.

[33] Th. ROHDE, loc. cit., p. 288.

[34] Th. ROHDE, loc. cit., p. 298.

[35] La frappe de l’or durant les deux premières périodes monétaires du règne d’Aurélien (270-274) reste peu abondante et fort irrégulière. Le poids des pièces varie de 3gr,50 à 9gr,10 : atelier de Siscia, 4gr,20 à 9gr,10 : atelier de Tarraco. 3gr,50-4gr,88 ; atelier d’Antioche (après la reconquête), 5gr à 5gr,80. — Th. ROHDE (loc. cit., p. 289) pense que les pièces de l’atelier de Tarraco, sont en principe des doubles Trientes (poids normal : 2,18 x 2 = 4gr,36) ; les pièces de l’atelier de Siscia, du poids de 5 à 6 grammes, des aurei ; les pièces plus lourdes (n° 2 : légende Adventus Aug(usti), deux exemplaires, pesant 7gr,15 et 8gr,4 : — n°3 ; légende Apolloni Conservatori, poids 7gr,10 ; — n° 43, lég : Virtus Aug(usti), 9gr,10), des quadruples Trientes. — Sur l’irrégularité de cette frappe de l’or : Al. MISSONG, Zur Münzreform unter der Römischen Kaisers Aurelian und Diocletian, loc. cit., pp. 108-103 ; — O. SEECK, Die Münzpolitik Diocletians, loc. cit., p. 39, et Th. ROHDE, loc. cit., pp. 314-313.

[36] La date de cette fermeture n’est pas douteuse. Nous avons vu que la première période monétaire du règne d’Aurélien (270-271), comprend deux parties. Dans la première, avant la venue d’Aurélien à Rome, on continue à frapper avec les revers de Claude et de Quintillus ; dans la seconde de nouveaux revers apparaissent. Or on ne trouve pour l’atelier monétaire de Rome aucun de ces nouveaux revers (Th. ROHDE, loc. cit., p. 298) ; la fermeture de la Monnaie de Rome est antérieure à leur introduction et se place vers le milieu de 270, lors du premier séjour d’Aurélien à Rome (Id., p. 342). La Monnaie de Rome resta fermée jusqu’à la grande réforme monétaire de 274.

Dans le trésor de la Venera, enfoui en 287-288, sur 10.563 monnaies d’Aurélien [A. MILANI Il Ripostiglio della Venera, loc. cit., p. 200 ; — Id., Museo Italiano di Antichita classica, II, pp. 367-370 ; — Cf. Al. MISSONG, die Münzfunde d. Venera (Wien. Numism. Zeitschr., XIII, 1881. pp. 364-367)], on n’en trouve que 849 qui aient été frappées dans l’atelier de Rome, soit seulement 8 % (alors que pour Severina, dont les monnaies ne commencent qu’en 274, lors de la réforme monétaire, la proportion est de 202 sur 534, soit 37 %. Cf. pour Tacite, 46 % et pour Florianus, 35 %. Le chiffre de 8 % concorde très bien avec le fait que, sur les cinq années et demie du règne d’Aurélien, la Monnaie de Rome est restée fermée près de 4 : les 849 pièces d’Aurélien, provenant de l’atelier de Rome, se répartissent donc seulement sur un an et demi de frappe, ce qui donne une proportion de 28 à 30 %, très voisine de la proportion obtenue pour les monnaies de Severina.

[37] Voir surtout AND MARKL, Uber die Hersteltung der Prägestempel in der Zeit der späteren Römischen Kaiser (Wien. Numism. Zeitschr., VIII, 1876, p. 243-351).

[38] Sur l’organisation des ateliers monétaires, voir surtout O. HIRSCHFELD, Untersuchungen auf dem Gebiete der Röminchen Verwaltungsgeschichte, Berlin, 1877, pp. 92-97 ; — Th. MOMMSEN, Römische Münzpächter Insckriften (Zeitschrift für Numism. Berl., XIV, 1887, p. 37 et note).

[39] Felicissimus semble avoir déjà occupé les fonctions de Procurator Summarum Rationum dans la seconde partie du règne de Gallien et sous Claude (And. MARKL, die Reichsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., p. 406, not. 11).

[40] On admet généralement que l’insurrection des monétaires se place en 274 et est une conséquence directe de la grande réforme monétaire [Th. BERHNARDT, loc. cit., p. 210 ; — H. SCHILLER, loc. cit., I2, p. 868 ; — Al. MISSONG, Zur Münzreform unter den Kaisers Aurelian und Diocletian, loc. cit., p. 108]. Il résulte de l’étude des textes et des monnaies que cette interprétation est erronée. — La révolte des monétaires est mentionnée par 4 textes [Vita Aureliani, 38, 2-4 ; — AUREL. VICTOR, Cæsar, 38. 6 ; — Epitomé, id. ; — EUTROP, IX. 14 (= SUIDAS, article Μονιτάριοι, éd. Th. Gaisford, p. 2521)]. Les textes de la Vita Aureliani et d’AURELIUS VICTOR ne donnent aucune indication certaine sur la date. Il n’en est pas de même de l’Epitomé et surtout d’EUTROPE.

L’Epitomé mentionne les événements dans cet ordre : a) Victoires d’Aurélien en Italie ; b) usurpation de Septimius en Dalmatie ; c) révolte des monétaires ; d) Aurélien prend le diadème ; e) construction de l’enceinte de Rome ; f) réformes alimentaires ; g) Tetricus nommé correcteur ; h) mort d’Aurélien. Cet ordre est chronologique. La révolte des monétaires est mentionnée en même temps que l’usurpation de Septimius et la construction de l’enceinte de Rome, par conséquent, dans la première partie du règne, avant la fin de 271.

Le récit d’EUTROPE est divisé en deux parties ; les guerres (IX. 13) ; l’administration intérieure (IX, 14-15). Les événements, dans celte seconde partie, sont les suivants : a) révolte des monétaires ; b) supplice de plusieurs membres de l’aristocratie ; c) construction de l’enceinte de Rome ; d) construction du Temple du Soleil ; e) évacuation de la Dacie ; f) meurtre d’Aurélien ; g) divinisation d’Aurélien. — L’ordre est strictement chronologique ; la révolte des monétaires est placée au début du règne, avant la construction de l’enceinte de Rome et, au plus tard au moment où Aurélien mit à mort plusieurs membres de l’aristocratie. Or, d’après ZOSIME (I, 49) et la Vita Aureliani (21, 6), ces mesures de rigueur vis-à-vis de l’aristocratie se placent aussitôt après la seconde guerre des Juthunges-Alamans, lors du retour d’Aurélien à Rome, au début de 271. — EUTROPE, loc. cit. — Vita Aureliani, 21, 5-6 : les deux textes se rapportent, sans aucun doute possible, aux mêmes événements du début de 271. Il résulte formellement d’EUTROPE, rapproché de la Vita Aureliani, que le soulèvement des monétaires eut lieu, pendant l’hiver 270-271 eu l’absence de l’empereur, et que la répression se place, lors du retour d’Aurélien à Rome, au début de 271.

Ce fait est continué par l’élude des monnaies. En 274, au moment de la grande réforme monétaire, la Monnaie de Rome était fermée depuis trois ans (Th. ROHDE, loc. cit., p. 342), on ne peut donc admettre que le soulèvement des monétaires de Rome ait été une conséquence de cette reforme. La mesure qui détermina la révolte des monétaires, fut la fermeture de la Monnaie de Rome ; les monétaires restés sans emploi, et soutenus sans doute par une fraction du parti sénatorial, ont profité de l’absence de l’empereur et de sa défaite à Plaisance pour agir. C’est ce qui explique la gravité des séditions qui eurent lieu à Rome pendant l’hiver 270-271 (Vita Aureliani, 18, 4 : Ingentes seditiones ; — 21, 5 : Seditionum asperitas ; — 30, 5 : Præter seditiones quasdam domesticas). — Sur la date, cf. Al. SORLIN-DORIGNY, Aurélien et la guerre des Monnayeurs (Rev. Numism., 1891, pp. 105-133).

Al. SORLIN-DORIGNY (loc. cit.) pense :

1° Que la cause de la révolte ne fut pas la répression des fraudes par Aurélien. Felicissimus n’aurait pas été un prévaricateur ; le mouvement monétaire aurait eu une cause exclusivement politique. Au moment de la défaite de Plaisance, le Sénat se serait prononcé contre Aurélien et aurait proclamé un autre empereur. Felicissimus se serait associé au mouvement, aurait fait frapper une monnaie séditieuse, outrageante pour Aurélien, puis se serait révolté ouvertement. Les expressions d’Eutrope : Vitiare pecunias, et d’Aurelius Victor : Nummariam notam corrodere, s’appliqueraient, non à l’altération du titre, mais au caractère séditieux de la monnaie.

2° Que cette monnaie séditieuse fut uniquement une monnaie de bronze, la monnaie de bronze étant particulièrement désignée au IIIe siècle sous le nom de Pecunia.

Il est absolument impossible d’admettre ces conclusions. Le privilège de la frappe du bronze, au moins en théorie, appartenait encore au Sénat : une monnaie séditieuse de bronze eut été émise directement par le Sénat et non par Felicissimus, qui, en sa qualité de Procurator Summarum Italiorum, était fonctionnaire impérial. — La dernière émission de bronze avait eu lieu au début du règne de Claude en 268 (And. MARKL, die Reichmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., p. 378) ; depuis cette époque le bronze n’avait plus été frappé : comment admettre que le Sénat et Felicissimus aient repris la Trappe du bronze sous forme de monnaie séditieuse, et n’aient frappé aucune pièce séditieuse d’or ou de pseudo-argent ?— Il existe d’ailleurs contre cette interprétation un argument décisif : on ne peut parler d’une monnaie séditieuse émise à Rome pendant l’hiver 270-271, car, à ce moment l’atelier monétaire de Rome ne frappait plus ; il avait été fermé par Aurélien, quelques mois auparavant, vers le milieu de 270. — La lettre d’Aurélien à Ulpius Crinitus, donnée par la Vita Aureliani (38, 3-4), n’a aucune valeur historique : elle n’est autre chose qu’une simple paraphrase du texte (38, 2). L’indication des corps de troupes qui prirent part à la répression : Iembarii (?), Riparienses, Castriani, Dacisci, est, selon toute vraisemblance, absolument arbitraire.

[41] Th. ROHDE, loc. cit., p. 342. — Un passage des LIVRES SIBYLLINS (XIV, 208-200, éd. Rzach), qui semble se rapporter au règne d’Aurélien, mentionne un incendie qui aurait détruit une grande partie de la ville. — Peut-être cet incendie éclata-t-il, au cours de la lutte entre les monétaires et les troupes impériales et ravagea-t-il surtout le quartier du Cœlius.

[42] Th. ROHDE, loc. cit.. p. 288 ; — Numism. Cronicl., 1883, p. 57.

[43] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 330-333 ; — And. MARKL, Gewicht und Silberg., loc. cit.

[44] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 346-351 ; — And. MARKL, Gewicht und Silberg., loc. cit.

[45] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 388-391 ; — And. MARKL, Gewicht und Silberg., loc. cit.

[46] And. MAKKL, Die Reichsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., pp. 440-441, Monet(a) C(yzicena). — La signature fut maintenue par Aurélien sous la forme C. (Th. ROHDE, loc. cit., p. 384).

[47] Th. ROHDE, loc. cit., p. 370.

[48] Selon MALALAS, XII, p. 301 (éd. Bonn). Aurélien, lors de la reconquête de l’Orient en 271, aurait réprimé les fraudes des monétaires d’Antioche, comme il l’avait fait à Rome en 270 ; les monétaires d’Antioche se seraient soulevés, et Aurélien les aurait réduits par la force. Celle indication, qui ne se trouve que dans Malalas, ne peut être admise sans réserves. Il est possible que Malalas ait fait erreur et qu’il s’agisse simplement de l’insurrection les monétaires de Rome.

[49] La date de la grande réforme monétaire résulte du texte de ZOSIME (I, 61). Cette réforme se place après le triomphe et pendant le séjour d’Aurélien à Home, donc dans le courant de 274. Al. MISSONG, Zur Münzreform., loc. cit., p. 108 ; — EM. LEPAULLE, la Monnaie Romaine à la fin du haut Empire, loc. cit., p. 118 ; — Th. ROHDE, loc. cit., p. 288.

[50] ZOSIME, I, 54.

[51] ZOSIME, I, 56. — Cf. Vita Aureliani, 39 6. — AUREL. VICTOR, 35, 7. — EUTROP., IX, 13, 1.

[52] Vita Aureliani, 46, 1 (Cf. Al. MISSONG, loc. cit., pp. 108 sqq.).

[53] Vita Taciti, 11, 6. — Cf., 9, 3.

[54] Les pièces d’or, émises à la suite de la réforme de 274, furent frappées dans les ateliers monétaires de Rome et sans doute aussi de Siscia (Th. ROHDE, loc. cit., pp. 318-319). — Les légendes sont les suivantes : n° 23 (Th. ROHDE, loc. cit.. Catal.), Oriens Aug(usti), au type du Soleil debout ; — n° 30 : P(ontifex) M(aximus) Tr(ibunicia) P(otestate) IIII, Co(n)s(ul) P(ater) P(atriæ), au type de Mars ; — n° 31 : P. M. Tr. P. III. Cos II. P. P., au type du Soleil ; — n° 32 : P. M. Tr. P. II. Cos II. P. P., au type de Mars ; — n° 33, Providen(tia) Deor(um), au type de la Providence et du Soleil debout. — Pour les erreurs de dates dans les légendes monétaires, voir Appendice I.

[55] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 318-319 [cf. O. SEECK, die Münzpolitik Diocletians, loc. cit., p. 30], donne le poids de quatre aurei frappés à la suite de la réforme monétaire de 274 dans les ateliers de Siscia et de Rome. Ces pièces pèsent : n° 25 (Th. ROHDE, Catal.), légende : Oriens Aug(usti), 7gr,06 ; — n° 32, légende : P. M. Tr. P. II. Cos II. P. P. : deux exemplaires, 6gr,63 (collection Th. Rohde), 6gr,32 (cabinet de Vienne) ; — n° 430, aureus de Severina, 6gr,35. — Le poids moyen est donc de 6gr,64 : le numéro 23 porte en exergue I.L. (= 1/50 de livre), ce qui est décisif. — Le chiffre donné par Em. LAPAILLE (La Monnaie Romaine à la fin du haut Empire, Rev. Numism. 1889, p. 120), 1/55 de livre (= 5gr,93) est inadmissible. Dioclétien frappa régulièrement l’aureus au 1/60 de livre (= 5gr,45).

[56] ZOSIME, I, 61.

[57] Trésor de la Venera [A. MILANI, Il Ripostiglio della Venera, loc. cit., p. 206) : cf. Di Alcuni Ripostigli di Monete Romane, dans le Museo Italiano di Antichita Classica, vol. II. pp. 367-370]. enfoui en 287-288 : sur 46.442 monnaies, il y en a 11.173 antérieures à Aurélien dont 1 Gordien III, 1 Etruscilla, 2 Gallus, 29 Valérien, 1 Mariniana, 5.306 Gallien, 520 Salonine, 6 Salonin, 27 Postumus, 38 Victorinus, 3 Marius, 4.880 Claude. 354 Quintillus). — Trésor de Villanova d’Asti (Rivist. Ital. di Numismat., IV, 1891. p. 174), enfoui sous Dioclétien et Maximien : sur 300 pièces examinées, un certain nombre sont de Gallien et de Claude : la masse appartient aux règnes d’Aurélien et de ses successeurs. — Trésor de Gallarate (Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine, trad. Blacas. III, p. 117), enfoui sous Constance Chlore et Galerius : sur 3.542 monnaies, il y en avait un certain nombre de Gallien et de Claude.

Dans le Trésor du Rongie (valle di Blenio) : Id., loc. cit. : 7.000 pièces, enfoui sous Dioclétien et Maximien, il n’y avait aucune pièce antérieure à Aurélien. — Dans le Trésor de Dambel, enfoui à la même époque (Giorgio CIANI, Il Ripostiglio di Dambel, Rivist. Ital. di Numismat., VIII, 1895, pp. 110-141), il n’y en avait qu’une un Claude. — Le trésor de Tantha, en Egypte [Id., I, 1888, p. 151, et III, 1890. p. 20), enfoui sous Dioclétien et Maximien, comprenait 2 Gallien et 8 Claude, sur un total de 185 pièces.

[58] Les revers des monnaies d’Aurélien, pour la IIIe période monétaire du règne (274, depuis la réforme — 275), sont moins nombreux que dans la période précédente. Tous portent le signe de valeur de l’Antoninianus (Th. ROHDE, loc. cit., pp. 302-303).

Tarraco : 3 revers. — 1 revers de la période précédente : Oriens Aug(usti) : Th. ROHDE, Catal., n° 244 ; — 2 revers nouveaux : Providen(tia) Deor(um), Id., n° 282 ; Soli Invicto, Id., n° 356.

Lyon : 1 revers. — La légende appartient à la période précédente, le revers est nouveau : Pacator Orbis (au type du Soleil marchant). Id., n° 200.

Rome : 2 revers, nouveaux tous deux. — Concordia Militum, Id., n° 98 gr.d, 108 ; Oriens Aug(usti), Id., n° 235, 214-246, 253-256.

Siscia : 4 revers. — 1 revers de la période précédente : Concordia Militum, Id., n° 98 gr.d, 100 ; — 3 revers nouveaux : Oriens Aug(usti), Id., n° 221-234, 236, 239-242, 244. 251, 252 ; Providen(tia) Deorum, Id., n° 282 : Soli Invicto, Id., n° 354.

Serdica : 8 revers nouveaux. — Apol(lini) Cons(ervatori) Aug(usti), Id., n° 67 ; Concordia Militum, Id., n° 109 ; Jovi Conser(vatori), Id., n° 189 ; Oriens Aug(usti), Id., n° 229, 230, 244, 215, 247, 249, 250, 257-259 : Providen(tia) Deor(um), Id., n° 282-283 ; Restitut(or) Orbis (rétablissement de l’unité impériale), Id., n° 294. 296, 297, 298 à 318 ; Soli Invicto, Id., n° 357-365 : Virtus Aug(usti), au type d’Aurélien et du Soleil debout, Id., n° 391, au type d’Hercule et du Soleil, Id., Supplément, n° 5.

Cyzique : 5 revers. — 1 de la période précédente : Restitut(or) Orbis, Id., n° 334, 337-340. — 4 nouveaux : Concordia Militum, Id., n° 98 gr ; Mars Invictus, Id., n° 213-214 ; Oriens Aug(usti), revers de la première période monétaire, Id., n° 229, 221, 231, 238, 244, 245, 248 ; Restitut(or) Exerciti (reconstitution de l’armée d’Orient), Id., n° 332-333.

Antioche : 4 revers. — Consertat(or) Aug(usti), Id., n° 122-124 ; Restitut(or) Orbis, Id., n° 301 ; Soli Invicto, Id., n° 351 ; Virtus Illurici (allusion au rôle de l’armée danubienne dans le rétablissement de l’unité impériale), Id., n° 391.

Tripoli : Atelier monétaire, ouvert à la suite de la reconquête de l’Orient. — 2 revers : Restitut(or) Orbis, Id., n° 341 ; Soli Invicto, Id., n° 354-355.

[59] Th. ROHDE, loc. cit., p. 289.

[60] Poids des Antoniniani de la IIIe période monétaire (chiffres de TH. ROHDE).

[61] Titre des Antoniniani de la IIIe période monétaire (chiffres de TH. HOHDE)

[62] Th. ROHDE, loc. cit., p. 292.

[63] Il n’y avait pas eu d’émission de monnaie de bronze sous Quintillus (And. MAHKL, die Reichsmünzstätten unter der Regierung des Quintillus, loc. cit., p. 14). — Les bronzes de Claude sont rares et appartiennent tous au début du règne : il est à remarquer qu’aucun d’eux (And. MARKL, die Reischsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit., pp. 316-318), ne porte la signature S. C.

[64] Fr. LENORMANT, Etudes sur les Ateliers monétaires et leurs marques dans la numismatique romaine (Annuaire de la Société française de Numismatique, 1877, pp. 489 à 493).

[65] Les pièces de bronze, frappées par Aurélien à la suite de la réforme, se divisent en deux catégories : les unes pèsent de 6gr,30 à 8gr,50 (Th. ROHDE, Catal., n° 437, 8gr,20 ; n° 438. 8gr,48 ; n° 439, 2 exemplaires : 8gr,20 et 8gr,50 ; n° 444, 7gr,60 ; n° 443, 6gr,30 ; n° 466, 7gr,40) ; les autres, très rares de 11 a 19 grammes (Th. ROHDE, loc. cit., n° 432, 19gr,70 ; n° 433, 18gr,80 ; n° 434. 18gr,35 ; n° 447, 2 exemplaires, 10gr,80 et 13gr,10 ; n° 418, 11gr,50 : — Th. MOMMSEN (Hist. de la Monn. Rom., trad. Blacas, III, p. 93, Al. MISSONG, loc. cit., pp. 124-126), Th. ROHDE (loc. cit., p. 292, avec hésitation), regardent les premières comme des sesterces, les secondes comme des quinaires de cuivre ; Fr. GNECCHI [Gli ultimi dupondii e le prime monete di bronzo degli Imperatori Diocleziano e Massimiano Ercoleo (Rivist. Ital. di Numismat., X, 1891, pp. 1 à 22)], plus justement, voit dans les plus lourdes, des sesterces, dans les moins lourdes, des dupondii.

Toutes ces pièces de bronze sont de métal jaune (sauf les numéros 444-446, à la double effigie du Soleil et d’Aurélien, voir plus loin, Chap. V). L’analyse donne 79 % de cuivre, 0,05 d’argent, 12-14 de plomb, 6 à 8 d’étain et quelques traces de zinc (Th. ROHDE, loc. cit., p. 312). — La frappe eut lieu à Rome (Id., n° 432, 433, 437, 438, 439, 441, 442, à l’effigie d’Aurélien ; 447, 448, 449, à l’effigie d’Aurélien et de Severina ; 466, à l’effigie de Severina seule, et à Serdica (n° 434, 435 : Aurélien seul ; 444, 445, 446, Aurélien et le Soleil).

Les revers sont : a) Grands bronzes, — n° 432 et 433 : Concordia Aug(usti) : — 434 et 435 : Soli Invicto ; — 436 : Concord(ia) Milit(um) ; — 447 : Effigie d’Aurélien au droit de Severina au revers ; b) Moyens bronzes ; — n° 437 a 440 : Concordia Aug(usti) : — n° 441-442 : Roma Æt(erna) ; — n° 443 : Genius Exerci(ti) : — n° 444 à 446 : légende du droit. Sol Dominus Imperi Romani : légende du revers : Aurelianus Aug(ustus) Cons(ul) ; n° 466 (Severina) : Juno Regina.

[66] Sous le règne de Gallien, il y avait encore 96 villes battant monnaie, dont 16 colonies et 80 villes grecques (outre Alexandrie) : (pour la liste de ces villes, voir H. COHEN 2, loc. cit., t. V, Gallien, pp. 472-489 ; — E. BABELON, Inventaire sommaire de la collection Waddington, Paris, 1898, table, p. 490, au nom de Gallien.)

[67] And. MARKL, das Procinzialcourant unter Kaiser Claudius II Gothicus :

a) Monnaies coloniales (Wien. Numism. Zeitschr., XXXI, 1899, pp. 319-329) ; — b) Monnaies des villes grecques : Id., XXXII, 1900, pp. 149-1X3. — Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. VIII.

[68] Th. ROHDE, loc. cit., Catal. (Monnaies coloniales et provinciales, n° 1-9), mentionne : 3 exemplaires de Cremna (n° 7 = E. BABELON, loc. cit., n° 3720 : légende Fortuna Col(oniæ) Crem(næ), au type de la Fortune ; — n° 8 = E. BABELON, loc. cit., n° 3719 : légende, Colonia Iulia Cremna, au type d’Hadès ; — n° 9, légende : Apo(llini) Col(onia) Cre(mna), au type d’Apollon). Une autre monnaie de Cremna (poids 6gr,19), est mentionnée par KUBITSCHEK, Eine Marsyas Statue in Cremna, Archäol. Epig. Mitth. Œsterr. Ung., XX, 1897, pp. 151-154 : le revers porte la légende de Ma ro(Marsyae ou Marsyae Romano), et la représentation de Marsyas ; — 4 exemplaires de Perga (n° 1-4 : légende Περγαίων νεωκόρων, au type d’Artémis (cf. E. BABELON, loc. cit., n° 3434. — E. BABELON (n° 3432-3433) mentionne, en outre, deux autres exemplaires avec la même légende et le type de Zeus) ; — un exemplaire de Side (n° 3. légende : Άθηνά άσύλω Σιδήτων, au type d’Athena), et un de Sillyum (n° 6 : légende Σιλλυέων, au type de la Fortune).

[69] Al. MISSONG, Zur Münzreform unter den Römischen Kaisers Aurelian und Diocletian, loc. cit., pp. 127 sqq. — On ne trouve aucune monnaie de ces villes, postérieurement au règne d’Aurélien : la monnaie de Perga, à l’effigie de Tacite, mentionnée par H. COHEN 2, VI, Tacite, p. 239, est fausse (T.-E. MIONNET, Description des médailles antiques, grecques et latines, Supplément, VII, p. 62, not. a).

[70] Le poids des monnaies alexandrines d’Aurélien est sensiblement inférieur à celui des pièces de Claude : l’année de Claude, LA (12gr,22— 8gr,053) : 2e année, LB (12gr,39 — 8gr,23) ; 3e année, LI’ (12gr,23 — 9gr,34) : And. MARKL, Das Provinzialcourant unter Kaiser Claudius II, C. Alexandriner [Wien. Numism. Zeitschr., XXXIII, 1901, pp. 33-54). Le poids moyen pour les pièces d’Aurélien Th. ROHDE, loc. cit.. p. 371) est de 8gr,17 (quelques exemplaires pèsent LA, 9,60 ; LB, 8,33 ; LI’, 9,33 ; LΔ, 9.53 ; LE, 9,03 ; LS, 8.14 ; LZ, 7,87). — La teneur en argent ne fut pas améliorée ; teneur au temps de Claude, LA, 2,75 % ; LB, 2,20 ; LI’, 2,11) : And. MARKL, loc. cit.) ; —teneur moyenne pour le règne d’Aurélien : 2gr,10 % (Th. ROHDE, loc. cit.).

[71] Th. REINACH, Une crise monétaire au IIIe siècle de l’ère chrétienne à Milasa (Bull. de Correspond. Hellén., 1896, pp. 523-548).

[72] And. MARKL, die Reichsmünzstätten unter der Regierung Claudius II, loc. cit. — Dans ce chiffre de six sont compris l’atelier monétaire de Lyon, qui frappait au nom des empereurs gallo-romains, et l’atelier d’Antioche, où la frappe fut interrompue, sur l’ordre de Zénobie, dans le courant de l’année 269.

[73] Th. ROHDE, loc. cit., p. 401. — Il y eut même un neuvième atelier monétaire (Id., pp. 405-409), dont l’emplacement est inconnu.

[74] Quarante-six, en tenant compte des 3 officines du neuvième atelier monétaire, dont il est question à la note précédente.

[75] L’étude du grand trésor monétaire de la Venera, découvert en 1876 (A. MILANI, Il Ripostiglio della Venera, loc. cit.), fournit des indications précises sur l’activité de la frappe dans les divers ateliers de l’empire. Sur les 50.591 pièces composant ce trésor. AL. MISSONG (die Münzf. d. Venera, Wen. Numism. Zeitschr., XIII, 1881, pp. 364-367), en a classé 46.341 par ateliers monétaires. Nous nous bornons ici à mentionner les résultats obtenus pour les règnes de Claude à Florianus (270-276).

La proportion des monnaies frappées à Rome, au nombre total des monnaies de chaque règne, est de 80 % pour Claude, de 75 % pour Quintillus, de 8 % pour Aurélien, de 37 % pour Severina, de 46 % pour Tacite, de 35 % pour Florianus. Le nombre extraordinairement faible des monnaies frappées à Rome sous Aurélien tient à ce que la Monnaie de Rome est restée fermée pendant la plus grande partie du règne (milieu 270-début 274). Les monnaies de Severina ont toutes été frappées en 274 et 275. Les chiffres donnés pour Severina, Tacite et Florianus, montrent que l’activité de la Monnaie de Rome par rapport aux autres monnaies de l’Empire, était deux fois moindre que sous Claude et Quintillus : c’est exactement la même proportion que nous avons constatée plus haut, en étudiant la répartition des officines monétaires, au début et à la fin du règne d’Aurélien. — La plupart des pièces d’Aurélien, contenues dans le trésor de Venera, proviennent des ateliers de Tarraco (3479) et de Siscia (3914), fait d’autant plus caractéristique qu’il s’agit d’un trésor monétaire découvert en Italie.

[76] Th. ROHDE, loc. cit., pp. 317, 342, 351. — Une monnaie de Siscia, publiée, en 1896, par Th Rohde (Ein unedirter Antoniniannus des Kaisers Aurelian aus der Münzstätte Siscia, Wien. Numism. Zeitchr., XXVIII, 1896, pp. 109-115), porte la signature sous la forme SISC(ia). — Pour l’atelier de Lyon, id., p. 337. — Cf. Rob. MOWAT, Les Ateliers monétaires impériaux en Gaule, principalement de Postume à Tetricus (Rev. Numism., 1895, pp. 159-160).

[77] Th. MOMMSEN, das Diocletianische Edikt die Waarenpreise (Hermès, XXV, 1890, pp. 25-35). — D’autres systèmes ont été proposés pour l’explication des signes XX et XXI : Al. MISSONG, Zur Münzreform unter den Römischen Kaisers Aurelian und Diocletian, loc. cit., pp. 112-123, (cf. A. MILANI, loc. cit., p 208, not. 23) : l’Antoninianus aurait équivalu à XX as ; — Th. ROHDE, loc. cit., pp. 290-292 : le signe XX s’expliquerait de deux manières l’Antoninianus représentant XX as et étant, théoriquement, le 1/20e de l’ancien denier d’argent : — O. SEECK, Geschichte des Untergangs der Antiken Welt, II, Berlin, 1901, pp. 221-225) ; — Em. LÉPAULLE, la Monnaie Romaine à la fin du haut Empire (Rev. Numism., 1889, p. 120), etc. — L’indication précise, qui doit servir de point de départ, est la valeur de la livre d’or fin (= 50.000 deniers), telle qu’elle est donnée pour le début du IVe siècle, par le fragment de l’Édit de Dioclétien sur le Maximum, découvert à Elatée en 1873 (C. I. L., III, Supplém., p. 1951 ; Th. MOMMSEN, loc. cit., p. 25).