LE CHEVALIER D'ÉON

 

CHAPITRE ONZIÈME.

 

 

D'Éon retourne à Londres pour payer ses créanciers. — Il y retrouve sa popularité d'autrefois. — Il cherche à vendre ses collections et manuscrits. — Premières nouvelles de la Révolution : la citoyenne Geneviève d'Éon se signale par son ardent jacobinisme. — Pétition à l'Assemblée nationale. — Pour gagner sa vie d'Éon donne des assauts publics : il est blessé. — Maladie et vieillesse de d'Éon. — Il meurt à Londres le 21 mai 1810.

 

Les affaires qu'il allait avoir à régler à Londres étaient en effet des plus embrouillées. Depuis plusieurs années un créancier, à qui lors de son retour en France il avait laissé la garde de sa bibliothèque et de ses papiers, le sieur Lautem, réclamait à son débiteur, qui faisait la sourde oreille, le remboursement de 400 livres sterling. N'obtenant rien de d'Éon lui-même, Lautem avait eu recours au comte de Vergennes et n'avait pas négligé de souligner sa requête d'une discrète menace : Les effets de d'Éon, disait-il, sont un nantissement et non un dépôt ; je pourrais donc les faire vendre, mais je ne veux pas vendre des papiers d'État. Né à Bruxelles, sujet de Sa Majesté Impériale, alliée du roi de France, je ne serais pas flatté d'avoir amusé les Anglais aux dépens d'un Français qui a logé chez moi ; mais Mlle d'Éon ne mérite plus aucun ménagement de ma part. Le ministre fit répondre par le premier commis Durival que les arrangements que le roi avait bien voulu autoriser en faveur de Mlle d'Éon pour faciliter son retour dans sa patrie et la remise qu'elle avait faite en conséquence des papiers de sa correspondance, ne permettaient pas de supposer qu'elle en eût laissé aucun de quelque valeur entre les mains du sieur Lautem. Il faut croire toutefois que la confiance du comte de Vergennes n'était pas entière, car s'il n'envoyait pas les 400 livres sterling, il offrait du moins 200 louis. D'ailleurs la transaction ne fut pas acceptée par Lautem, qui se résolut à faire annoncer la vente publique à Londres de tous les papiers appartenant au chevalier. L'effet de cette publication fut immédiat. D'Éon reçut aussitôt l'autorisation de passer lui-même en Angleterre pour y liquider sa situation, et une somme de 6.000 livres lui fut donnée pour désintéresser ses créanciers. Il se rendit à Londres le 18 novembre 1785 et s'y réinstalla chez le sieur Lautem, lui témoignant si peu de rancune qu'il est difficile de croire que le créancier et le débiteur ne s'étaient pas mis d'accord pour organiser cet habile chantage. Outre Lautem, son hôte, d'Éon paya les plus exigeants de ses créanciers. Rentré en possession de ses livres et de ses documents, il put se remettre à écrire, car jusqu'à.la fin de sa vie il fut un terrible noircisseur de papier ; les événements auxquels il avait été mêlé, et qui à mesure qu'ils reculaient dans le passé grandissaient dans sa complaisante imagination devinrent le thème de récits cent fois interrompus et toujours repris sous une forme nouvelle, plus grandiloquente et plus recherchée. Il se remit à lancer des opuscules dans la société anglaise ; à entretenir le public par l'intermédiaire des gazettes, qui trouvaient à la fois en lui un rédacteur toujours fertile en expédients et une réclame pour des lecteurs avides de singularité[1]. Il consentit même, tant était grande son impatience d'agir, à utiliser de nouveau les services de l'aventurier Morande qu'il avait jadis si fort maltraité. Celui-ci, d'ailleurs ; n'avait pas gardé rancune à d'Éon : Je vous ai aimée sincèrement, écrivait-il, vous avez paru m'être attachée ; un vent sombre est venu souffler sur nous et nous a ballottés l'un et l'autre un moment, mais dix ans de calme ont dû nous remettre clans notre assiette ordinaire.

L'intrigue était en effet l'assiette habituelle du sieur de Morande et il s'y retrouvait toujours en équilibre, n'ayant rien perdu que sa dignité dans ses voltefaces successives. Ce fut lui qui servit d'intermédiaire à d'Éon auprès des éditeurs de Londres comme aussi auprès des gens d'affaires et, à l'occasion, des usuriers. Ce n'est pas d'ailleurs que la chevalière d'Éon fût privée de relations ; elle en avait beaucoup, des plus honorables et même des plus hautes. D'Éon fut accueilli, dès son arrivée à Londres, par M. Barthélemy, chargé d'affaires en l'absence de l'ambassadeur de France, le marquis de la Luzerne, pour lequel il avait reçu du comte de Vergennes des recommandations particulières. Il semble que l'honnête homme que fut Barthélemy ne conçut jamais le moindre doute sur la véritable personnalité de la chevalière d'Éon. Il se montra en effet , pendant toute la durée de son séjour à Londres, particulièrement galant et empressé auprès de sa renommée compatriote, lui envoyant continuellement son carrosse pour l'amener dîner à l'ambassade, lui servant de cavalier quand elle acceptait l'invitation de quelque grand seigneur anglais et passant chez elle plusieurs fois par semaine pour lui faire sa cour. De 1785 à 1789 il ne lui adressa pas moins de cent soixante-dix-huit lettres et billets que nous avons retrouvés dans les papiers du chevalier. Les invitations sont toutes rédigées dans la forme la plus aimable et la plus respectueuse, comme celle-ci, qui fut adressée à Mademoiselle la chevalière d'Éon le 5 octobre 1788 :

M. le duc de Piennes et M. le chevalier de Caraman, qui viennent d'arriver de Newmarket, ont accepté de dîner demain avec moi. Je désire plus que je ne saurais vous l'exprimer, Mademoiselle, que vous soyez libre et que vous veuillez bien être de la partie. Il n'y en a pas d'agréable quand vous n'en êtes pas. Nous serons peu de monde, car le temps me manque pour inviter des personnes de notre connaissance commune.

Je suis avec respect, Mademoiselle, votre très humble et très obéissant serviteur.

BARTHÉLEMY[2].

 

L'évêque de Langres avait d'ailleurs très chaudement recommandé d'Éon à son frère le marquis de la Luzerne, ambassadeur de France, qui, par une curieuse coïncidence, se trouvait avoir connu jadis le chevalier à l'armée du maréchal de Broglie. C'est à ces anciennes relations de jeunesse que fait allusion la lettre suivante que le marquis de la Luzerne lui adressa dès son retour à Londres, après un congé passé en France :

L'évêque de Langres a été longtemps à la campagne, Mademoiselle ; il ne m'a remis votre lettre qu'au moment de mon départ pour Londres. J'y ai vu avec bien de la reconnaissance que vous vouliez bien penser à moi et vous rappeler notre jeunesse. Soyez bien persuadée que je vous ai suivie depuis cette époque avec beaucoup d'intérêt et que j'ai fort regretté que les différentes positions de notre vie nous aient éloignés l'un de l'autre. Je R. serai charmé de vous voir à Londres et de vous renouveler de vive voix les sentiments de l'ancien et tendre attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, Mademoiselle, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le marquis DE LA LUZERNE[3].

 

Soit chez son ami Barthélemy, soit chez l'ambassadeur, avec qui il conserva toujours les bons rapports si curieusement renoués après de longues années d'intervalle, d'Éon rencontrait tous les Français de distinction qui séjournaient ou passaient à Londres : c'étaient le duc de Chaulnes et le marquis du Hallav, le prince de la Trémoille et le marquis d'Hautefort, le prince Rezzonico, neveu du pape Clément XIII ; M. de Calonne ; l'ancien abbé du Bellay, le vicaire général du diocèse de Tréguier. Il gardait ainsi contact avec la meilleure société française. Grand écrivassier il entretenait du reste une volumineuse correspondance. Plusieurs de ses amis lui envoyaient régulièrement de France des nouvelles sur tout ce qui pouvait l'intéresser ; c'est Drouet, son ancien collègue dans la diplomatie secrète, qui confie à la comtesse Potocka une lettre où, après lui avoir exprimé son impatience de le voir revenir en France, il l'entretient du grand scandale du jour, le procès du cardinal de Rohan, l'affaire du collier :

On ne s'est jamais autant entretenu de cette grande affaire que dans ce moment-ci. M. Cagliostro a donné un mémoire qui lui fait beaucoup de partisans. Comme bien des gens l'annoncent un escroc, un charlatan, un empirique et le jugent ainsi d'après sa conduite à Varsovie, où il était en 1777, j'ai été voir hier le comte Rzewusky qui' dans cette même année était tout puissant en Pologne. Il m'a dit que lorsque Cagliostro arriva, il ne laissa pas ignorer qu'il avait des connaissances en physique et en médecine, et même en alchimie. Un prince Poninsky, désirant beaucoup faire de l'or, se lia étroitement avec Cagliostro ; ayant vu Madame, il en devint amoureux ; peu après, il lui offrit des diamants qu'elle refusa ; il s'adressa au mari, et à force d'instances il obtint de lui de consentir à ce que sa femme acceptât les diamants. Poninsky n'ayant pu obtenir ce qu'il espérait de Mme de Cagliostro et ne voulant pas être dupe, dénonça Cagliostro comme escroc et obtint de reprendre ses diamants qu'on lui aurait remis s'il les avait demandés.

Peu de jours après l'arrivée de Cagliostro à Varsovie la sœur du comte Rzewusky, craignant de perdre la vue pour un mal d'yeux auquel les médecins ne connaissaient rien, s'adressa à Cagliostro qui dans peu de jours la guérit parfaitement ; cette dame, très riche, lui offrit 2.000 ducats : il les refusai elle lui fit faire les mêmes offres par son frère, qui ne réussit pas mieux, et ni l'un ni l'autre n'ont pu faire accepter à Cagliostro la plus petite marque de reconnaissance[4].

 

Le brave Drouet en conclut avec le comte Rzewusky, qui lui a déclaré qu'il signerait tous ces faits de son sang, que Cagliostro est peut-être bien victime de quelque machination, hypothèse faite pour plaire à d'Éon de plus en plus enclin à ne voir partout que pièges et embûches.

Quelque temps après le même Drouet lui envoie des nouvelles de sa famille : son beau-frère O'Gorman a reçu la croix de Saint-Louis ; l'aîné de ses neveux réussit à merveille : il ne sera pas longtemps, ajoute Drouet, sans avoir le brevet de lieutenant-colonel et avant trois ans il fera un mariage qui lui donnera de la fortune. Ses deux cadets sont partis au mois d'octobre dernier sur la même frégate destinée à faire une course de deux ans ; à la fin de la campagne, ils auront l'un et l'autre le brevet de lieutenant de vaisseau[5]. Aussi Drouet exhorte-t-il sa chère amie à aimer ses neveux qui le méritent à tous égards. Il l'engage aussi à prendre un peu de patience pour le règlement de ses comptes.

C'est qu'en effet la liquidation en était singulièrement laborieuse. Dès son arrivée à Londres d'Éon avait intenté un procès aux héritiers de l'amiral Ferrers. Il accusait en effet le feu lord de n'avoir pas employé à payer ses dettes, ainsi qu'il en avait reçu mandat, l'argent qui lui avait été remis contre les papiers de la correspondance secrète, en exécution de la transaction signée le 5 octobre 1775 par le sieur Caron de Beaumarchais et la demoiselle d'Éon. Le procès avait été gagné sur le fond, mais l'exécution du jugement était pratiquement empêchée par les difficultés de toutes sortes que soulevaient les héritiers. Aussi d'Éon écrivait-il le 6 avril 1787 à son ami M. de la Flotte, premier commis aux Affaires étrangères, pour se plaindre que cette restitution d'argent qui devait faire le bonheur et la tranquillité de sa vie en devint le tourment[6]. Il se déclarait infiniment fâché de demeurer encore en Angleterre ; mais ajoutait que, tant qu'il ne pourrait retourner en France avec honneur, il n'y retournerait point.

En attendant l'argent qui lui était dû, il cherchait — car il fallait vivre — à en gagner quelque peu par ailleurs. Il s'occupait, dans l'intervalle des réceptions où il était convié et où il faisait fort bonne figure parmi la plus haute société, de toutes sortes d'affaires. Un jour il s'employait à rechercher un jeune homme qui avait fait une escapade à Londres ; une autre fois il aidait de ses recommandations et de ses appuis un compatriote, le sieur Petit, désireux de fonder dans a cité une maison de commerce. Quelque temps après, c'est la vente d'une terre qui l'occupe ; la terre est le marquisat de Cailly en Normandie, dont la duchesse de Montmorency-Boutteville désire se défaire, et d'Éon cherche un acquéreur dans ses relations anglaises. Il était du reste avec la duchesse dans de véritables rapports d'amitié, celle-ci lui écrivant le 30 mars 1788 qu'elle tenait un appartement prêt dans son hôtel du Petit-Montreuil pour le loger à son retour en France. Quelques mois plus tard, d'Éon s'adresse au garde des sceaux Barentin pour lui proposer l'acquisition d'une riche collection de manuscrits réunis par lui au cours de son aventureuse carrière. Le noyau de cette collection était formé par une précieuse série de papiers du maréchal de Vauban, dont d'Éon demandait d'ailleurs un si haut prix qu'en 1791 il n'avait pu trouver encore aucun acquéreur. Il se faisait d'ailleurs de l'intérêt et de l'importance de ces manuscrits une idée quelque peu exagérée, ne craignant pas d'écrire au comte de Montmorin :

Je laisse, monsieur le comte, à vos lumières et à votre pénétration le soin de pressentir combien il serait dangereux de laisser entre les mains des étrangers une collection si considérable et si supérieure en moyens d'attaque et de défense, qui peut-être, après les avoir endoctrinés, pourrait un jour, sans les rendre nos égaux, en faire des voisins ou des ennemis plus dangereux[7].

 

Mais la correspondance de l'aimable chevalière n'avait point trait seulement à des affaires d'argent, et d'Éon était d'humeur trop aventureuse pour ne pas savoir à l'occasion s'élever au-dessus des questions matérielles. Pendant cette période même où il dut se trouver aux prises avec les plus grands embarras pécuniaires, il ne manqua pas d'échanger chaque jour avec les personnages les plus divers des lettres du tour le plus enjoué. D'ailleurs les missives qu'on lui envoyait étaient parfois charmantes ; qu'il suffise de citer celle-ci de l'abbé Sabatier de Castres, attaché à la maison du Dauphin ; elle est, dans sa forme un peu maniérée, un parfait échantillon du style qu'employaient entre eux les plus honnêtes gens de l'époque :

Mademoiselle,

M. de Lançon, qui a eu la bonté de m'apporter lui-même votre charmante épître, en sera récompensé par lé plaisir de vous remettre ma réponse. Il vient de m'apprendre qu'il partait demain pour Londres et je m'empresse de profiter de son voyage pour vous témoigner combien j'ai été flatté et suis reconnaissant des dix pages dont vous m'avez régalé. Je me plaindrais moins amèrement de votre absence si elle me procurait de temps en temps de pareilles épîtres ; jamais on ne parla avec plus de gaîté d'une nation triste telle que l'anglaise, ni avec plus de raison et de philosophie d'une nation gaie et frivole telle que la nôtre. Il n'est donné qu'à vous, Mademoiselle, d'exprimer plaisamment les pensées les plus sérieuses et les plus profondes. C'est vraiment dommage que vous ne vous soyez point exercée dans l'art de Thalie ! vous y eussiez mieux réussi que la plupart de nos comiques actuels, qui ne font rire que les ignorants ou les pervers, témoin l'auteur du Mariage de Figaro, qui, à propos de mariage, vient d'épouser sa maîtresse pour légitimer une fille de six ou huit ans qu'il en avait eue. A présent qu'il est riche, on est persuadé que sa femme qui est, dit-on, la quatrième, sera plus heureuse avec lui que ses devancières.

Je suis fâché, mais peu surpris, que le frère héritier de lord Ferrers ne lui ressemble point du côté de la probité, fâché puisque vous en souffrez, peu surpris parce que de trois de mes frères dont j'ai fait la fortune aux dépens de la mienne, il n'est aucun qui voulût sacrifier un louis d'or pour m'obliger, tant ils sont ingrats et aiment l'argent !

M. de Chalut, qui jouit, d'une bonne santé et d'un excellent esprit, malgré ses quatre-vingt-deux ans, a été très sensible à votre offre obligeante et en profiterait s'il ne savait que les tableaux dont il pourrait se défaire ne valent pas la moitié de ce qu'ils coûteraient de port et de droits d'entrée én Angleterre. La dernière fois que je l'ai vu, il me chargea de vous renouveler ses remerciements et de vous présenter son respect. Vous savez sans doute qu'il a marié sa fille adoptive avec M. Devine, ci-devant premier secrétaire de M. le comte de Vergennes et à présent fermier général, et qu'il lui donne par contrat de mariage cent mille écus. M. de Lançon vous dira le reste, dans le cas que vous ne soyez pas au fait de cette aventure. je lui porte envie, puisqu'il vous verra dans cinq ou six jours, et c'est vous dire que je ferais aussi le voyage d'Angleterre si je n'étais retenu ici par le besoin que j'ai de présider aux gravures et à l'impression de l'ouvrage qu'on m'a chargé de faire pour le Dauphin. Je-me flatte que je ne serai point oublié dans vos libations. J'aurai lundi à dîner M. de Lançon et M. Le Vasseur, et c'est à votre santé et à celle de l'inestimable voyageur que nous sablerons le champagne que j'ai en réserve pour les bonnes occasions. Vendez promptement votre bibliothèque, vous n'en avez que faire ; vos idées valent mieux que celles qui sont dans les livres : tirez-en le plus d'argent que vous pourrez, l'argent est nécessaire à ceux qui en font un aussi noble usage que vous, et revenez ensuite à Paris, où vous ne trouverez sans doute pas des princes de Galles qui vous recherchent, mais beaucoup de personnes qui, sans être héritières présomptives d'un trône, n'en sentent pas moins ce que vous valez et qui vous aiment plus que les meilleurs princes ne sauraient le faire.

Pardon de mon griffonnage. Le désir de profiter du départ de M. Lançon m'a contraint d'écrire à la hâte et avec une mauvaise plume, mais c'est avec réflexion et d'un très bon cœur que je vous renouvelle l'assurance des sentiments d'estime, d'admiration, d'attachement et de respect que je vous ai voués pour la vie et avec lesquels je suis voire très humble et très obéissant serviteur.

L'abbé SABATIER DE CASTRES[8].

 

D'Éon était ainsi occupé à désintéresser ses derniers créanciers et à préparer son retour en France, lorsque de graves nouvelles parvinrent à Londres. La Révolution commençait, c'était du moins ainsi qu'on en jugeait en Angleterre, car beaucoup de ceux qui devaient être en France les premières victimes de l'émancipation populaire conservaient encore à cet égard les plus grandes illusions. Une curieuse lettre adressée à d'Éon le 2 juillet 1789 par M. de Tanlay, conseiller au Parlement, nous en fournit la preuve :

Vous voulez donc en Angleterre nous refaire la guerre ? Cela serait bien maladroit. Je crois que les Anglais ont aussi besoin que nous de tranquillité, et nous prenons un parti qui nous rendra plus d'énergie nationale que le Français n'en a jamais eu, parce que nous gérerons nos affaires et celles du roi par nous-mêmes. Je conçois qu'on croit pouvoir se fonder sur un moment de révolution dans notre système de gouvernement, mais quand il est aussi avantageux pour une nation, qu'on la voit se montrer animée d'un patriotisme tel que celui qui nous dirige actuellement, que l'on voit un monarque faire tant de sacrifices à sa gloire et au bien de son peuple, ce n'est nullement le moment de croire avoir sur lui quelque avantage. J'espère que ce moment d'effervescence se calmera et que l'on nous laissera en paix faire des établissements qui doivent à jamais assurer le bonheur de la France, s'ils sont bien dirigés, comme il y a tout lieu de s'en flatter[9].

 

Les rêves idylliques de M. de Tanlay ne se réalisèrent pas : la Bastille fut prise, les Tuileries furent envahies et la guerre fut déclarée. D'ailleurs son correspondant ne manqua pas d'applaudir aux victoires de la liberté : la chevalière d'Éon devint la citoyenne Geneviève et, soit conviction sincère, soit peut-être aussi souci de tirer parti pour sa gloire de ce nouveau moyen de popularité, se signala en toutes circonstances par le jacobinisme le plus ardent.

A son instigation, un grand nombre de Français établis à Londres se réunirent à Turnham Green, le 14 juillet 1790, pour célébrer publiquement l'anniversaire de la glorieuse Révolution et prêter le serment civique. D'Éon y lut un discours écrit dans le style déclamatoire et sentimental de l'époque et sa harangue fut si goûtée que toutes les gazettes anglaises la reproduisirent aussitôt :

Frères, amis, compagnons, compatriotes, Français libres, tous membres d'une même famille, soldats, citoyens voués à la défense de la Patrie régénérée, nous devons comme Français dans une terre étrangère être jaloux de donner à notre chère patrie de nouvelles preuves d'un zèle qui ne s'éteindra qu'avec nos jours.

Nous jurons avec allégresse, sur l'honneur et sur l'autel de la Patrie, en présence du Dieu des armées, de rester fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi des Français ; de maintenir de tout notre pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par Sa Majesté. Périsse l'infracteur perfide de ce pacte sacré, prospère à jamais son religieux observateur !

Oui, mes braves compatriotes, nous devons au péril de notre vie maintenir les décrets émanés de la sagesse du tribunal auguste de l'Assemblée nationale, qui vient d'élever sur des hases inébranlables l'édifice de notre félicité.

Nous devons renouveler l'hommage respectueux de notre amour au père tendre, au monarque citoyen qui met toute sa gloire et son bonheur dans celui de ses peuples.

Pour mettre le dernier sceau à nos engagements sacrés, appelons sur nous la protection toute-puissante du Dieu de paix, que des cœurs purs invoquent avec confiance pour le soutien d'une si sainte et si juste cause.

Et puisque l'Éternel l'a naturellement gravé dans le cœur de tous les hommes, puissent les Français ne jamais perdre de vue la sublimité de leur constitution, la considérer comme un dogme national, et y demeurer toujours fidèles ! Ce sont les vœux ardents de mon cœur au nom de la liberté, pour laquelle il serait beau de mourir et sans laquelle il serait affreux de vivre.

 

En même temps que se tenait l'assemblée française, six cent cinquante Anglais se réunissaient sous les auspices et la présidence de lord Stanhope pour célébrer de leur côté le glorieux anniversaire et émettre le vœu d'une alliance éternelle entre les nations anglaise et française pour assurer à toujours la paix, la liberté et le bonheur du monde entier.

D'Éon, retenu au milieu de ses compatriotes, n'assistait pas au meeting anglais ; mais il y avait envoyé un présent dont l'arrivée suscita le plus ardent enthousiasme : une pierre de la Bastille faisant partie du cintre d'une des principales portes de ce château, qui a essuyé le feu de la mousqueterie de nos braves Parisiens[10].

Dès le lendemain, il recevait les remerciements émus de lord Stanhope :

Mansfield Street, 15 juillet 1790.

Madame,

J'ai bien des grâces à vous rendre pour votre présent précieux et pour la lettre obligeante que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire.

Nous nous sommes assemblés hier au nombre de six cent cinquante-deux amis des droits imprescriptibles des hommes pour célébrer la victoire éclatante que la Liberté vient de remporter en France sur le Despotisme et la Tyrannie. Nous avons exprimé par une résolution unanime le désir qui nous anime, depuis votre glorieuse Révolution, de nous lier avec la France. Rien ne nous manquait hier qu'une pierre de la Bastille ; nous avons senti ce qui nous manquait lorsque nous eûmes le plaisir de la recevoir de votre part et notre satisfaction a été sensiblement augmentée de l'avoir reçue d'une personne si renommée dans l'histoire.

J'ai l'honneur d'être, etc.[11]

 

Par toutes ces preuves de civisme, d'Éon pensait bien attirer vers lui l'attention des patriotes français. Il avait du reste envoyé son neveu offrir ses services à l'Assemblée législative et l'avait chargé de présenter une pétition. La e citoyenne d'Éon y exposait que, bien qu'elle portât des habits de femme depuis quinze ans, elle n'avait pas cependant oublié qu'elle était autrefois un soldat ; que depuis la Révolution elle sentait revivre son ardeur militaire et que, prête à abandonner son bonnet et ses jupes, elle réclamait son casque, son sabre, son cheval et son rang dans l'armée :

Dans mon excessive impatience, écrivait-elle, j'ai perdu tout, sauf mon uniforme et l'épée que je portais dans ma première guerre. De ma bibliothèque il ne me reste qu'un manuscrit de Vauban que j'ai conservé comme une offrande à l'Assemblée nationale pour la gloire de mon pays et l'instruction des braves généraux employés à la défendre.

 

Cette lecture fut interrompue à diverses reprises par des applaudissements répétés et, mention en ayant été faite au procès-verbal, la pétition de la citoyenne d'Éon fut renvoyée au comité de la guerre, où elle devait rester d'ailleurs à tout jamais enterrée.

Mais si d'Éon sollicita vainement la République d'accepter ses services, il fut par contre vivement pressé lui-même de se rallier au parti du roi et de rejoindre à l'armée de Coblentz ces émigrés parmi lesquels la Convention ingrate l'avait inscrit. Il reçut d'un des royalistes fidèles qui avaient suivi les princes au delà des frontières la curieuse lettre suivante :

A Tournay, le 23 novembre 1791.

Serait-il possible, ma très chère héroïne, que vous tardiez plus longtemps à vous réunir à toute la noblesse française qui se rassemble depuis Coblentz jusqu'à Houdenarde : au moment où je vous écris il ne reste plus en France que les vieux nobles infirmes et les enfants ; que diront tous les autres s'ils ne nous voient pas arriver soit à Tournay, où je suis, ou bien à Mons, Ath, Bruxelles et Coblentz ? Oui, ma chère héroïne, si vous tardez beaucoup, vous n'arriverez donc qu'après le temps où vous pouvez acquérir beaucoup de gloire, et alors tous les braves chevaliers français vous diraient comme Henri Quatre à Crillon : Pends-toi, brave Crillon ! Beaucoup sont surpris de ne pas vous voir où le vrai honneur conduit, et dans le nombre de ceux qui ne vous connaissent pas il en est qui disent que vous êtes démagogue : sur ce mauvais propos j'ai mis la main sur l'épée que vous m'avez fait faire et leur ai dit que je leur répondais sur ladite arme que je tenais de vous qu'avant peu ils vous verraient, et que si cela n'était pas, ladite épée vous serait envoyée avec une quenouille. Je ne vous dis pas cela, ma chère héroïne, pour vous exciter, parce que je vous crois trop bien pensante pour avoir besoin de l'être, ruais bien pour vous assurer que je suis et veux être votre chevalier envers et contre tous.

En arrivant à Coblentz, où je vais, adressez-vous à M. de Preaurot, mon ami, auquel les princes ont donné leur confiance pour recevoir tous ceux qui arrivent. Oui, ma chère héroïne, avant peu tout ce qui est de gens honnêtes ne resteront en France que parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, à cause de leurs infirmités et de leur mauvaise fortune ; il en est beaucoup au secours desquels viennent ceux qui le peuvent. Oui, je pense que nous voilà au moment que vous pourrez effacer la pucelle d'Orléans : quelle gloire pour notre bonne ville de Tonnerre, où l'on m'a marqué que l'on s'attendait des bons principes qui sont en vous que vous n'abandonneriez pas la cause de l'honneur.

Et plus bas, d'une autre écriture :

La baronne de l'autre monde ne peut rien ajouter au style du brave chevalier qui écrit cette lettre que le désir qu'elle a de voir arriver son héroïne ; elle la prie d'adresser sa réponse à M. Mazorel, poste restante à Tournay, où elle sera bien reçue[12].

 

D'Éon a écrit en marge de cette lettre qu'il n'y a fait aucune réponse. Mais en vain évitait-il de se compromettre avec les royalistes et les aristocrates, le loyalisme de ses sentiments républicains ne lui valut pas le rétablissement par la Convention de la pension que lui faisait la royauté et dont les quartiers ne lui étaient plus payés depuis 1790[13]. Il dut, se faire une sorte de gagne-pain de l'épée qu'il ne lui était plus permis de mettre au service de son pays et se vit réduit à prendre part à des assauts publics. A défaut de la gloire du champ de bataille, il y gagna du moins une véritable renommée. Il eut pour adversaires les meilleurs escrimeurs de l'Angleterre, le chevalier de Saint-Georges lui-même, et les battit plus d'une fois. D'Éon n'était point d'ailleurs novice en cet art : déjà vers 1750, lorsque tout jeune avocat au Parlement de Paris il écrivait pour se faire remarquer d'érudits traités d'histoire ou d'économie politique, il s'y était distingué. Il n'avait fait que développer cette science des armes au cours de sa vie aventureuse et durant sa carrière à l'armée ; aussi son âge déjà avancé ne l'empêcha-t-il pas de faire honneur à une réputation que son nouveau sexe rendait tout à fait piquante et extraordinaire. Bien qu'il reprit d'ordinaire pour tirer en public son ancien uniforme des dragons, d'Éon fit plusieurs fois assaut sous un costume mi-féminin et mi-masculin. Au mois de septembre 1793, il prit part dans ce bizarre accoutrement à un tournoi que le prince de Galles présida lui-même ; il y remporta sur un officier anglais un brillant succès, et des estampes, qui sont aujourd'hui fort recherchées, fixèrent le souvenir de cette curieuse solennité. Le profit que lui procurait ce précieux talent le détermina même à entreprendre hors de Londres de véritables tournées. Les gazettes anglaises relatent les succès qu'il obtint à Douvres, à Canterbury, à Oxford. Ce fut au cours d'une de ces tournées, à Southampton, qu'arriva, le 26 août 1796, le malencontreux accident qui devait mettre une brusque fin aux succès d'escrimeur que la chevalière d'Éon remportait encore à l'âge de soixante-neuf ans. Le fleuret de son adversaire se cassa, lui faisant une sérieuse blessure. D'Éon fit publier dans les journaux le certificat des médecins qui l'avaient soigné et une adresse où, remerciant le public des marques d'intérêt qui lui avaient été données, il déclarait avec amertume qu'il serait réduit désormais à couper son pain avec son épée.

Sa blessure le cloua au lit pendant quatre mois ; dès qu'il fut transportable, on le ramena à Londres, où il eut encore à subir une longue convalescence. Il fut recueilli par une vieille dame anglaise, son amie, mistress Mary Cole, qui devait l'entourer et le soigner jusqu'à la fin de sa vie avec un touchant dévouement. La carrière aventureuse de d'Éon était bien finie désormais et son existence devait se terminer le plus platement du monde. Lui-même le constatait avec mélancolie : Ma vie se passe à manger, boire, dormir ; à prier, à écrire et à travailler avec mistress Cole à raccommoder le linge, les robes et les bonnets.

Toutefois, en dépit de l'âge et de la maladie, d'Éon ne se résigna jamais entièrement à sa triste condition et, demeurant jusqu'à la fin aussi indomptable dans son énergie que tenace dans son espoir d'une meilleure fortune, se reprit à préparer et à solliciter son retour en France. Il sut intéresser à sa cause le citoyen Otto, commissaire de la République à Londres, et par son entremise envoya, le 18 juin 1800, Talleyrand, ministre des relations extérieures, une longue requête, où il racontait ses services et exposait ses infortunes :

J'ai combattu le bon combat ; j'ai 73 ans, un coup de sabre sur la tête, une jambe cassée et deux coups de baïonnette. En 1756 j'ai le plus contribué à la réunion de la France avec-la Russie. En 1762 et 1763 j'ai travaillé avec succès, jour et nuit, au grand ouvrage de la paix de la France avec l'Angleterre. Depuis 1756 j'ai été en correspondance directe et secrète avec Louis XV jusqu'à sa mort. Je ne compte pour rien tout ce que j'ai fait pour ma patrie. Ma tête appartient au département de la Guerre, mon cœur à la France et ma reconnaissance au citoyen Charles Max Talleyrand, digne ministre des relations étrangères, qui me rendra justice. Il ne me laissera pas périr de faim et de désespoir[14]...

 

Le désespoir n'était guère dans le caractère de d'Éon, car au moment où il envoyait cette lettre lamentable il s'occupait à préparer une édition d'Horace et un Anglais lui proposait en vue de cet ouvrage une collection de toutes les éditions anciennes du poète latin de 1476 à 1789. Sa misère cependant était telle qu'il en était réduit à engager chez un joaillier de Londres sa croix de Saint-Louis et ses bijoux ; mais en même temps il se faisait délivrer par le citoyen Otto un passeport pour Paris et Tonnerre[15]. Les amis qu'il avait en France ne manquaient point de l'encourager d'ailleurs dans ses projets de retour et lui promettaient leur appui. Barthélemy, l'ancien chargé d'affaires à Londres pendant la Révolution, devenu sénateur et bien vu par Bonaparte, s'offrait à présenter au tout puissant Premier Consul la chevalière, jadis illustre, qui plus d'une fois avait fait avec lui les honneurs de l'ambassade de France. C'est ce que lui écrivait son ami Falconnet, le 13 septembre 1802 :

Mais vous, mon illustre amie, qu'allez-vous faire néanmoins ? Je vous conseille toujours de partir. Plus vous attendrez et moins vous en aurez la facilité. Souvenez-vous de l'homme d'Horace :

Rusticus expectat dura defluat amnis ; at ille

Labitur, et labetur in omne volubilis ævum.

Faites un paquet des choses précieuses, emportez-le. Disposez des autres pour qu'elles vous suivent au fur et mesure. Mme Cole se chargera de les faire partir et tout cela vous arrivera. Le sénateur Barthélemy ne demandera pas mieux que de vous présenter au Premier Consul, et je ne doute point que vous n'obteniez sinon toute, au moins partie de votre pension. Quand vous serez en présence, tout s'arrangera. De loin, rien n'ira comme il faut. Venez pour le premier moment loger en hôtel garni ; cette circonstance même peut n'être pas indifférente à vos succès. On s'apitoiera plus aisément sur le sort d'une héroïne à laquelle aucun parti n'a de reproche à faire, quand on la verra à son âge privée de toute ressource.

 

Mais soit que l'âge et la maladie l'empêchassent de se mettre en route, soit que découragé par tant d'efforts inutiles il n'attendît plus rien du changement, d'Éon demeurait à Londres. Il y connut des jours de noire misère, bien que plusieurs de ses anciens amis ou même certaines personnes de la société anglaise aient continué jusqu'à la fin de sa vie à lui porter intérêt et à le secourir. La marquise de Townshend, le duc de Queensberry, mistress Crawford lui envoyaient régulièrement quelque argent. Ses infirmités l'obligèrent à rester au lit pendant les deux dernières années de sa vie et il fut pendant toute cette triste période affectueusement soigné par la compagne dont il partageait le logis, Mme Cole. Il fit appeler plusieurs mois avant sa mort un Français, le docteur Élisée, ancien médecin des Pères de la Charité de Grenoble. Celui-ci, lorsque survint, le 21 mai 1810, la mort de d'Éon, ne fut pas moins étonné que Mme Cole du véritable sexe de l'étrange personnage qui, malgré l'âge, la misère et la maladie, avait mis son amour-propre à tenir son rôle jusqu'au bout. Un procès-verbal d'autopsie, rédigé par le chirurgien Copeland, permit d'enregistrer officiellement le mot du singulier problème qui, quarante ans durant, avait éveillé tant de curiosités et suscité tant de polémiques ; mais, publié à une époque où l'attention publique était sollicitée par tant de grands événements contemporains, ce document qui fixait définitivement un point de la chronique du siècle passé ne fut guère remarqué. C'est seulement de nos jours que de patients érudits l'ont exhumé de l'obscurité des archives anglaises. Aucun mystère ne plane donc plus sur l'énigme que n'avait pu percer la sagacité même d'un Voltaire ou d'un Beaumarchais.

Délivrée du travestissement qu'elle s'était imposé et que la tradition, aujourd'hui encore, lui conserve fidèlement, la chevalière d'Éon de la légende doit reprendre sa véritable physionomie sous les traits de l'audacieux et brillant aventurier que son orgueil affola et perdit, mais dont la vie restera comme l'un des plus étranges défis que l'histoire ait jamais portés au roman.

 

FIN DE L'OUVRAGE

 

 

 



[1] A l'occasion de la maladie du roi d'Angleterre, il publie au mois de novembre 1788 une Épître aux Anglais rédigée dans un style d'Apocalypse.

[2] Papiers inédits de d'Éon. — Correspondance avec Barthélemy.

[3] Papiers inédits de d'Éon.

[4] Drouet à Mlle la chevalière d'Éon, le 10 mars 1787. (Papiers inédits de d'Éon.)

[5] Papiers inédits de d'Éon.

[6] Papiers inédits de d'Éon.

[7] Archives des Affaires étrangères. — Dossier de Barthélemy.

[8] Papiers inédits de d'Éon.

[9] Papiers inédits de d'Éon.

[10] La chevalière d'Éon à lord Stanhope, le 14 juillet 1790. (Papiers inédits de d'Éon.)

[11] Lord Stanhope à la chevalière d'Éon, le 15 juillet 1790. (Papiers inédits de d'Éon.)

[12] Papiers inédits de d'Éon.

[13] L'ambassade de France était seulement intervenue au mois de janvier 1792 pour empêcher la vente aux enchères des papiers relatifs à ses anciennes négociations que d'Éon avait remis en gage au libraire Duval.

[14] Papiers inédits de d'Éon.

[15] Nous avons retrouvé dans les papiers de d'Éon une copie de ce curieux document, daté du 25 brumaire de l'an onze de la République française une et indivisible. Le signalement qui s'y trouve porté est le suivant : Née à Tonnerre, âgée de 76 ans, cheveux et sourcils gris, yeux gris, front haut, nez ordinaire, menton large, visage ovale.