ROME, LA GRÈCE ET LES MONARCHIES HELLÉNISTIQUES AU IIIe SIÈCLE AVANT J.-C. (273-205)

 

CHAPITRE CINQUIÈME. — LES COMMENCEMENTS DE LA PREMIÈRE GUERRE DE MACÉDOINE (216-212). PHILIPPE V SEUL CONTRE ROME. - PHILIPPE V ALLIÉ D'HANNIBAL. L'ALLIANCE DE ROME ET DE L'AITOLIE.

 

 

La paix de Naupakte, aussitôt conclue, déroule ses conséquences, et ses conséquences sont telles qu'à Rome on les eût dû prévoir. Pourquoi Philippe a voulu cette paix et l'usage qu'il en prétend faire, c'est ce qu'il va se hâter de déclarer par ses actes, et c'est ce que les Romains, lents à s'alarmer, d'abord rebelles à l'évidence, vont finir par comprendre. En négligeant de l'entraver par des hostilités préventives, par une action militaire liée à celle des Aitoliens, ils ont permis au Macédonien de prendre le rôle d'agresseur il le prend, en effet, et si décidément, que force leur est, de faire front contre lui et de se mettre en défense. Et cette nécessité de se défendre les amène — après un long délai rallumer en Grèce la guerre qu'ils y eussent pu aisément entretenir et que, si mal à propos, ils ont laissé s'éteindre. Pour la première fois, cédant aux circonstances, on les va voir agir en pays grec. Mais la façon même dont ils y agiront fera clairement connaître qu'ils n'ont de grands desseins ni sur la Grèce ni contre la Macédoine ; elle sera la preuve qu'ils ne rêvent encore ni de soumettre les Hellènes à leur suprématie, ni d'abolir la domination qu'exercent sur eux les Antigonides.

I

Nous rencontrons, au point de cette étude ou nous sommes parvenus, un préjugé ancien, fortement enraciné, dont il faut une bonne fois faire justice. Il est de règle parmi les modernes de représenter Philippe, après la paix de Naupakte, vacillant, irrésolu, incapable d'initiative[1], incapable même d'une pensée suivie. On s'étonne, on s'indigne de ses incertitudes, de ses atermoiements et de son inaction, cependant qu'on loue sans mesure la fermeté, la prévoyance et l'énergie du Sénat[2]. Il n'est guère possible d'errer plus gravement dans l'appréciation des faits historiques, et rarement le blâme et l'éloge ont été distribués avec si peu de discernement.

La paix rétablie en Grèce, Philippe redevenu libre de ses mouvements, maître de manœuvrer à sa guise, c'est manifestement, en attendant peut-être pis, l'Illyrie romaine menacée à terme bref d'une invasion ou d'une descente, ou de l'une et de l'autre à la fois. Déjà, la leçon vigoureuse que le Macédonien vient d'infliger à Skerdilaïdas, les pointes qu'il a poussées à l'Ouest, à courte distance des territoires romains, ses tentatives de l'année précédente contre Képhallénia, la conquête toute récente qu'il a faite de Zakynthos sont, à cet égard, d'utiles indications. Le Sénat y pourrait réfléchir ; il ferait sagement d'aposter, dès l'automne de 217, quelques forces navales à la garde des côtes illyriennes. C'est sûrement ce que demande et ce qu'attend Skerdilaïdas[3], seul auxiliaire de Rome au-delà du détroit ; et la chose n'a rien que d'aisé, puisque la grande flotte de Sicile demeure toujours à Lilybée, immobile sur ses ancres[4]. Mais les Patres diffèrent de prendre une précaution si naturelle — soit, comme le croit Polybe, que les mesures a concerter en vue de la campagne qu'ils préparent contre Hannibal, et qu'ils veulent décisive[5], occupent toutes leurs pensées, — soit plutôt par l'effet de cette insouciance dont ils sont coutumiers lorsqu'il s'agit des affaires orientales, et qui, précédemment, leur a fait tolérer trop longtemps les menées et les trahisons du prince de Pharos. Certes, on ne saurait croire que le péril macédonien leur échappe ; ils le voient, l'entrevoient tout au moins ; mais on dirait que la volonté leur manque pour le regarder en face. Par une de ces contradictions dont ils ont donné d'autres exemples, eux qui, tout à l'heure, faisaient mine d'agir contre Philippe et lui opposaient Skerdilaïdas, semblent maintenant se résigner à la défaite de cet unique allié, négligent de se porter a son aide. Le printemps de 216 arrive sans qu'un seul vaisseau romain croise ou stationne au voisinage de l'Illyrie.

C'est ainsi que sommeille la vigilance vantée du Sénat. Quant à Philippe, il est admirable de décision, d'activité, de promptitude. Ayant achevé de châtier Skerdilaïdas — ce qui l'a conduit jusqu'à l'automne —, il accorde à ses troupes le repos mérité, mais lui-même ne se repose pas. Il a résolu d'opérer par mer et passe l'hiver en préparatifs : A la vérité — et combien le lui a-t-on reproché ! — il ne crée point cette marine de guerre qui manque à la Macédoine. Sans doute, il y a songé ; mais, outre que l'entreprise serait bien lourde pour ses finances[6], de quoi servirait-elle ? Comment aurait-il la pensée de se mesurer sur mer avec les Romains ? Que vaudrait sa flotte improvisée, inexpérimentée, contre leurs escadres, si nombreuses, si manœuvrières, fameuses par tant de victoires ? Le roi se souvient des deux cents vaisseaux envoyés d'Italie contre Teuta ; il garde présents à la mémoire les récits, qu'enfant, on lui faisait des batailles géantes gagnées jadis par les amiraux de Rome dans la mer de Sicile : Mylai, Tyndaris, Eknomos, les Aigates... Et, l'année précédente, le combat de l'hue, si glorieux pour la marine romaine, vient justement de lui montrer qu'elle n'a rien perdu de ses qualités légendaires. Sur le conseil de Démétrios, ce qu'il juge le plus expédient, c'est de construire une flottille de cent lemboi, fins de voiles, aux coques légères, qui transporteront à grande allure, débarqueront à l'improviste, où il lui plaira, un corps expéditionnaire d'au moins cinq mille hommes[7]. Puis, aux premiers beaux jours, ayant à peine pris le temps d'exercer ses Macédoniens au maniement de l'aviron, il met à la voile, double Malée, remonte la Mer Ionienne, pousse dans la direction naturellement marquée, vers les places maritimes d'Illyrie clientes des Romains[8]. Si la flotte de Lilybée, qui l'inquiète et qu'il épie, sur laquelle il se renseigne anxieusement[9], ne vient pas lui couper la route, il se propose d'enlever au passage, de rafler par un coup de surprise, à l'illyrienne, d'abord Apollonia, puis Épidamnos. Et qui sait ? Peut-être remue-t-il de plus grands projets si les dieux l'assistent, si la mer reste libre, passer au plus tôt dans l'Italie du Sud ; s'y faire accueillir comme tut sauveur, comme un second Pyrrhos, par les villes helléniques, lasses du joug romain, mais que révolte l'idée d'obéir à Carthage ; se mêler à la guerre italique au moment où Puniques et Romains seront prêts à s'affronter pour le combat suprême ; imposer, à ce moment fatal, son alliance à Hannibal[10] qui ne la saurait refuser ; l'aider à vaincre,

et garder, pour sa part, de la victoire commune, la souveraineté de la Grande-Grèce... Peut-être est-ce là ce que lui montrent les rêvés dont nous parle Polybe[11], qui le poursuivent dans ses nuits enfiévrées et qui, sans cesse, ramènent à son esprit la vision de l'Italie ; peut-are, aussitôt l'Illyrie soumise, tranquille de ce côté, prétend-il porter en Occident les armes de la Macédoine, ouvrant ainsi sa carrière de gloire par où, si le ciel l'eût permis, Alexandre, dont le sang s'agite en lui[12], devait achever la sienne...

Toujours est-il que bien peu s'en faut que ses premiers desseins ne s'accomplissent. Il touche au but. Sa flottille est entrée dans la baie d'Aulon, s'est avancée jusqu'à l'île de Sason[13], à quelque 120 stades des bouches de l'Aoos, tout près d'Apollonia. Si, finalement, le coup de surprise échoue, c'est à Skerdilaïdas qu'en revient tout le mérite ; la prudence du Sénat n'y a nulle part ; les Patres n'ont rien prévu, rien soupçonné ; seuls, ils eussent laissé faire. C'est l'Illyrien qui, pendant l'hiver, a éventé, dénoncé à Rome les projets du roi, et réclamé du secours[14]. Et c'est seulement à la suite de ses révélations et sur ses instances, que les Romains finissent par détacher de Lilybée en Illyrie cette division de dix quinquérèmes — les premières quinquérèmes envoyées dans ces parages depuis 219 —, qui fait voile vers Apollonia au moment où Philippe jette l'ancre près de Sason, et dont l'approche, brusquement signalée, épouvante les Macédoniens, les émeut d'une immense panique, fait croire au roi lui-même que la flotte redoutée de Sicile vient écraser ses batelets, et le décide à une retraite soudaine qui, tout de suite, tourne en déroute[15].

L'expédition de Philippe a de la sorte un piteux dénouement ; la Grèce, railleuse, s'en égaie[16]. Il n'en est pas moins vrai que cette entreprise manquée devrait être pour le Sénat le plus grave des avertissements. Les intentions offensives du roi se sont nettement déclarées[17] : comment ne pas voir ce qui l'amenait aux embouchures de l'Ados ? Mais, dans le grand trouble qui suit la journée de Cannes, l'avertissement est perdu. Les Romains oublient d'en tenir compte ; ils ne font pas réflexion que la nouvelle, encore grossie, de leur désastre retentira longuement en Macédoine et qu'elle y exaltera les espérances et les audaces. Ils ne se mettent point en garde contre l'ancien ennemi qui vient pourtant de montrer, de façon si claire, qu'il est l'ennemi permanent. La flotte de Sicile persévère dans son inaction ; les dix vaisseaux venus à Apollonia en sont bientôt rappelés[18] ; l'Illyrie reste désarmée. A la fin de 216, les Patres semblent douter encore si Philippe mérite qu'on s'inquiète de lui ; mais Philippe va les tirer de ce doute.

 

 

 



[1] Voir, par exemple : B. G. Niebuhr, Vortr. über aile Gesch., III, 443 ; L. Flathe, Gesch. Macedoniens, II, 262, 267-268, 271-272, 275 ; W. Schorn, Gesch. Griechenlands, etc. 174 ; Mommsen, R. G., I7, 622 : Philippos von Makedonien und sein Zaudern ; G. F. Hertzberg, Gesch. Griechenl. unter der Herrsch. der Römer, I, 28 (trad. fr.) ; A. Holm, Griech. Geschichte, IV, 418-419 ; E. A. Freeman, Hist. of Federal Government 2, 440 ; G. Colin, Rome et la Grèce, 42. — G. Colin, qui reproche à Philippe son manque d'initiative, passe sous silence, comme T. Live, l'expédition de 216.

[2] Voir, par exemple, V. Duruy, Hist. des Romains, I (1877), 395 : Philippe mit une telle lenteur dans ses préparatifs, que le Sénat eut le temps de le prévenir en Grèce. G. Colin (Rome et la Grèce, 41) admire aussi la prévoyance du Sénat ; mais il en allègue pour preuve de prétendues négociations entre Rome et les Grecs qui sont imaginaires.

[3] Cf. Polybe, V. 110. 8 ; 110. 3.

[4] J'ai indiqué déjà que le Sénat, qui, peut-être, ava d'abord décidé le rappel de la flotte de Lilybée (Polybe, III. 106. 7), semble n'avoir pas donné suite à cet ordre. Ce qui est sûr, c'est que, si le rappel eut lieu, ce ne fut qu'à une date tardive, dans le courant de l'hiver (noter, dans Polybe, III. 106. 7, les mots τοΰ παραχειμάζοντος στόλου ; cf. Matzat, Röm. Zeitrechn., 128 ; H. Hesselbarth, Hist.-krit. Unters. zur dritten Dekade des Livius, 323, 1), et que la flotte revint à Lilybée dès le début du printemps (Polybe, V. 109. 5-6 ; 110. 9). — Sur les inquiétudes que cause à Philippe la présence de cette flotte en Sicile : 109. 5-6.

[5] Cf. Polybe, V. 110. 10.— Sur la résolution prise par le Sénat, en 21.6, de terminer la guerre 'un coup : 111-. 107. 7-9 ; 108. 1-2.

[6] Cf. De Sanctis, III, 2, 402-403. Sur les embarras financiers de Philippe pendant la guerre-des-Alliés : Polybe, V. 1. 6 ; 1. 11-12 ; 2. 10 (il est vrai qu'ici ces embarras s'expliquent par des circonstances particulières) ; 95. 1 ; 108. 1. ; cf. IV. 29. 7 (Skerdilaïdas se plaint de n'avoir pas reçu de Philippe ce qui lui était dû en paiement de ses services).

[7] Polybe, V. 108. 9 : fin de la campagne contre Skerdilaïdas (aut. 217) ; hivernage de l'armée ; — 109. 1-2 : Philippe se juge incapable de faire aux Romains la guerre navale ; — III. 96. 2-6 ; victoire remportée par Gn. Scipion aux bouches de l'Èbre en 217 (la bataille de l'Èbre — première bataille navale de la guerre — dut avoir partout un grand retentissement) ; — 109. 3 : construction de 100 lemboi. Un lembos illyrien, comme on le voit par Pol., II. 3. 1, porte aisément 50 hommes et, en cas de besoin, davantage ; cf. 6. 6 : sur ces mêmes lemboi, qui sont montés chacun par 50 hommes, on embarque les captifs et l'on entasse un grand butin ; voir aussi Liv. (P.) 44. 28. 14-15 ; 20 chevaux et 200 captifs sont embarqués sur 10 lemboi, soit 2 chevaux et 20 hommes par bâtiment, en sus de l'équipage et des armati. — Il ne serait pas impossible qu'outre ses 100 lemboi, Philippe eût emmené en 216 tout ce qu'il possédait de vaisseaux, c'est-à-dire une cinquantaine de bâtiments de toute dimension : effectivement, si sa flotte ne s'était composée que de lemboi, il semble qu'il lui aurait fait traverser l'Isthme par le diolkos (cf. Polybe, IV. 19. 7-8), et non doubler le Péloponnèse. Or, au printemps de 218, Philippe transporte sur ses vaisseaux (auxquels s'étaient, à la vérité, jointe ceux, fort peu nombreux, des Achéens : V. 2. 4) une force militaire de 7.200 hommes (2. 11). Si l'on admet qu'en 216, il a fait prendre la mer aux mêmes bâtiments et les a chargés de troupes, l'effectif total de son corps expéditionnaire a pu s'élever à 12.000 hommes environ : 5.000 sur les lemboi et 7.000 environ sur le reste de la flotte. — Toutefois, ce n'est là qu'une hypothèse très incertaine. Si Philippe, n'ayant que ses seuls lemboi, n'a point franchi l'Isthme, la raison en put être qu'il ne voulait pas donner l'éveil sur ses projets. On comprendrait mal l'épouvante qui s'empara des Macédoniens à Sason (Polybe, V. 110. 1-2), s'il s'était trouvé de grands vaisseaux dans la flotte royale. Enfin, Polybe (110. 2) ne parle que de lemboi.

[8] Polybe, V. 109. 4 : les Macédoniens s'exercent à la manœuvre de l'aviron ; cf. 2.4-7 ; 2.11 (print. 218) ; — 109. 4 — 110.  2 : expédition navale de Philippe ; le roi est probablement parti de Démétrias, et sans doute très tôt en saison : cela ressort de 110. 8 ; cf. Matzat, Röm. Zeitrechn., 131, 11.

[9] Polybe, V. 109. 5-6.

[10] Remarquez que, contrairement à ce qu'ont dit plusieurs modernes, il n'y a nul indice qu'Hannibal ait d'abord souhaité avoir Philippe pour ; de fait, cette alliances précieuse aux jours de bataille, eût pu, dans la suite, devenir passablement gênante.

[11] Polybe, V. 108. 4-5 ; cf. 101. 10-102. 1. Ces textes ne permettent guère de douter (cf., au contraire, Niese, II, 468) que Philippe n'ait eu le désir de passer au plus vite en Italie, et, naturellement, dans l'intention d'y faire des conquêtes aux dépens des Romains. Il est clair que, pour une telle entreprise, les troupes d'abord embarquées, sur ses 100 lemboi n'eussent point été suffisantes ; il faut supposer qu'après l'occupation de l'Illyrie romaine, Philippe eût fait venir de Macédoine à la côte, par voie de terre, d'importants renforts destinés l'Italie.

[12] Cf. Polybe, V. 10. 10 (sur la parenté que Philippe se vante d'avoir avec Alexandre).

[13] Polybe, V. 110. 1-2.

[14] Polybe, V, 110. 8-9 ; 110. 3.

[15] Polybe, V. 110. — Les reproches que Polybe adresse à Philippe au sujet de sa retraite 110. 10-11), et que répètent fidèlement presque tous les historiens modernes, ne sont pas justifiés. Cf. les bonnes remarques de F. A. Scott, Macedonien und Rom (diss. Berlin, 1873), 44-45 ; voir aussi De Sanctis, III, 2, 406. Croyant que la flotte de Sicile ou une partie importante de cette flotte se dirigeait sur lui, il est tout naturel que Philippe ait ordonné la retraite. Polybe lui-même reconnaît qu'il n'aurait pu soutenir le combat contre une escadre romaine (V. 109. 2). Si la retraite est précipitée et désordonnée (110. 5), on n'en aurait rendre Philippe responsable ; la raison en est que les Macédoniens sont pris de terreur à la nouvelle de l'approche des vaisseaux romains. Le grand tort du roi, selon Polybe, est d'avoir supposé que la flotte de Lilybée se portait tout entière à sa rencontre, alors que les navires aperçus à Rhégion, en route vers l'Illyrie, n'étaient qu'au nombre de dix (110. 4 ; 110. 9-10) : cette faible division n'était pas redoutable ; Philippe l'eût sans peine faite prisonnière ; après quoi, il n'eût tenu qu'à lui d'exécuter en Illyrie les opérations projetées (110. 10). En réalité, il n'est pas sûr, malgré l'exemple de la bataille de Paxos (II, 10. 3-5), que le roi aurait eu si commodément raison de ces dix quinquérèmes (cf. De Sanctis, III, 2, 406). Mais surtout connaissait-il le petit nombre des vaisseaux vus à Rhégion ? Les patrons des bateaux marchands ou pêcheurs venus de Sicile (V. 110. 2-3) le connaissaient-ils eux-mêmes ? Philippe pouvait-il se fier à leurs renseignements ? Et, à supposer qu'il s'y fiât, ne devait-il pas croire que ce n'était là qu'une division d'avant-garde, précédant le gros de la flotte ennemie ? Dans son désir de charger Philippe, Polybe méconnaît le vrai caractère de la situation.

[16] C'est ce qu'on peut induire des réflexions ironiques de Polybe : V. 110. 10-11.

[17] Kahrstedt écrit (449) ; Nur die Entschlusskraft zum sofortigen offenen Bruche mit der italischen Macht hatte (Philipp) gelchlt. En conduisant ses soldats dans les parages d'Apollonia, Philippe ne rompait-il pas ouvertement avec Rome ? Cf. Justin, 29. 4. 1 : Philippusaperte hostem se his (Romanis) professus naves.

[18] Il est sûr qu'en 214 ils ne s'y trouvent plus ; cf. De Sanctis, III, 2, 411.