LA SAINTE FAMILLE

 

QUATRIÈME PARTIE. — APPARITION DU VAURIEN DE L'ÉTRANGER

III. — AUTRE VAURIEN DE L'ÉTRANGER.

 

 

DEUXIÈME PARTIE

I. — IEHOUDDA CONTRE L'ESCROC.

a — Le tatoué, sous son nom de circoncision, se lève contre Ieschou

Il n'y a, dans tout l'univers, qu'un homme en état de lutter avec Ieschou, c'est lui-même, sous son nom de circoncision : Iehoudda.

Iehoudda va entrer en scène, et naturellement il se portera vigoureusement contre le personnage que les Toledoth canoniques ont tiré de lui, dont le père s'appelle maintenant Joseph et la mère Myriam. Avant qu'il ne devînt Ieschou ha nozri, son père s'appelait Iehoudda et sa mère Salomé. Il ne s'en reconnaît point d'autres, et n'entend point que ceux-ci soient victimes des spéculations ecclésiastiques.

Aussitôt se leva parmi eux le docteur nommé Iehoudda, lequel dit aux autres : Si vous êtes prêts à prendre sur vous ce péché que je prononce le Nom immense, je l'apprendrai, et il peut arriver que Dieu, à cause de sa miséricorde et de son infinie bonté, me fasse la grâce de livrer entre mes mains ce fils d'une femme adultère et qui avait ses règles. Alors ils s'écrièrent tout d'une voix : Que ce péché soit le nôtre ! Toi, arme-toi de courage, et le succès te récompensera ! Il alla donc, lui aussi, dans le Saint des Saints, et fit exactement comme avait fait Ieschou.

Par conséquent, il était marqué d'une croix à la cuisse droite. Et ici, il l'est avec l'agrément du Temple. En effet, les rabbins qui dissertent sur ce tatouage dans le Talmud, n'y trouvent rien à reprendre, puisqu'il ne contient pas les lettres du tétragramme, mais seulement sa figure symbolique.

b. — Si quelqu'un peut être dit fils de Dieu et faire des miracles, c'est Iehoudda, fils du papas

Ensuite, allant par la ville, il poussait cette clameur : Où sont ceux qui soutiennent dans leurs discours que ce fils d'une femme adultère et qui avait ses règles est le fils de Dieu' N'est-ce pas à moi, qui suis pur de chair et de sang, qu'il appartient de faire les miracles que fait Ieschou ?

Par conséquent, la femme du papas Iehoudda Panthora n'a jamais été sota avec qui ce soit. Et, sous son nom de circoncision, le fils aîné de la Sotada peut se vanter publiquement d'être légitime, sans être démenti par personne.

Les Discours dont il résulte qu'il serait fils d'une nommée Marie, laquelle l'aurait eu d'un nommé Joseph, intervenant au Yom-Kippour de 738, sont donc pour lui chose nouvelle. Et interprétés comme ils le sont par l'Église, ce sont autant de calomnies contre sa vraie mère et son vrai père.

La chose étant venue aux oreilles de la reine, et des princes, Iehoudda fut amené devant elle, accompagné des Anciens et des docteurs de Jérusalem.

c. Ieschou mis à l'épreuve devant Iehoudda

Alors, ayant commandé qu'on fît venir Ieschou, la reine lui dit : Fais-nous un de ces miracles que tu viens de faire. Et il commença de faire des miracles devant le peuple.

d. — Iehoudda déclare publiquement qu'il empêchera bien Ieschou de lui voler sa chambre asinaire dans le ciel

Si vraiment il a existé un certain Ieschou, sous le nom qu'il a aujourd'hui dans les Toledoth canoniques, il y a eu en même temps un certain Iehoudda, qui n'était nullement de Bethléhem, et qui prétendait être allé au ciel et en connaître les secrets autant que personne. En un mot, pour les Juifs, tant postérieurs qu'antérieurs à la fabrication des Toledoth canoniques, l'auteur de l'Even-guilayon s'appelait en circoncision Iehoudda. Certes il n'a pas fait de miracles pendant sa vie, il ne saurait donc en faire mort, quoique cependant rien ne soit plus facile. Mais, vivant, il est allé au troisième ciel, et s'y est élu l'Ane pour chambre dès le solstice d'été de 788[1], tandis qu'à bien considérer les Toledoth canoniques, Ieschou ne peut monter sur l'Ane que la veille de la pâque de 789 et ne va au ciel que mort. Iehoudda tient à reprendre immédiatement ses droits et ses avantages.

Alors Iehoudda, se tournant vers la reine et vers tout le peuple, parla ainsi : N'ayez pas la moindre admiration pour ce que fait ce bâtard ! Il se fait une chambre (le Tharthak) dans les étoiles ?[2] Je vous l'en ferai tomber, moi !

De son côté, Ieschou s'adressant à tout le peuple : N'avez-vous point été un peuple de dure cervelle, depuis le premier jour que je vous ai connu ? Iehoudda répliqua : Est-ce ainsi que tu poursuis tes impuretés ? Certaine ment tu es le fils d'une femme adultère et qui avait ses règles.

e. — Iehoudda prédit la fin de l'idolâtre dont Dieu n'a pas ratifié la Kabbale

Iehoudda n'ignore pas qu'avant d'être le Vaurien de l'étranger, il a eu la faiblesse de se fabriquer une idole, ce Tharthak qu'il considérait comme le signe de son triomphe et de la domination universelle. Il accable de ce reproche le Vaurien, qui maintenant fait l'hypocrite au dehors et joue le Saint de Dieu !

Apostrophant donc Ieschou :

N'est-ce pas de toi que Moïse, notre maître, a prononcé ainsi ? Si ton frère te séduit, disant (voir ci-dessous la citation), tu chasseras cet homme, et vous l'accablerez de pierres jusqu'à ce qu'il meure !

Ici, Iehoudda faisait une citation du Deutéronome[3], qui a été réduite par l'inquisiteur, parce que la prophétie et le signe de l'Ane y sont directement visés. Nous la rétablissons telle qu'elle était :

S'il s'élève au milieu de toi un prophète ou un visionnaire, t'offrant pour caution un signe ou un miracle, quand même s'accomplirait le signe ou le miracle qu'il t'a annoncé en disant : Suivons des dieux étrangers (que tu ne connais pas), et adorons-les, tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire ! Car l'Eternel, notre Dieu, nous met à l'épreuve, pour constater si vous l'aimez réellement de tout votre cœur et de toute votre âme.

Si ton frère, l'enfant de ta mère, si ton fils ou ta fille, ta compagne ou l'ami de ton cœur, vient secrètement te séduire en disant : Allons servir des dieux étrangers, que toi ni tes pères n'avez jamais connus, tels que les dieux des peuples qui sont autour de nous, dans ton voisinage ou loin de toi, depuis un bout de la terre jusqu'à l'autre, toi, n'y accède pas, ne l'écoute point ! Bien phis, ferme ton œil à la pitié, ne l'épargne pas, ni ne dissimule son crime ! Au contraire, tu devras le faire périr ! Ta main le frappera la première pour qu'il meure, et la main de tout le peuple ensuite C'est à coups de pierres que tu le feras mourir, parce qu'il a tenté de t'éloigner de l'Eternel, ton Dieu, qui t'a délivré du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage, et afin que tout Israël l'apprenne et tremble, et que nul ne commette plus un tel méfait au milieu de vous !

Iehoudda rejette sur Ieschou le péché qu'il a commis lui-même, après tous ses ancêtres de la maison royale de David.

 

II. — LE BAPTÊME D'URINE.

a. — Iehoudda défié par Ieschou de s'asseoir à la droite de son Abba

Mais ce fils d'une femme adultère et ayant ses règles répondit : N'est-ce pas de moi qu'a parlé Isaïe ? Et mon grand ancêtre David a dit de moi : Le Seigneur m'a dit : Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui, etc. Et le même, dans un autre endroit, dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assois-toi à ma droite. Maintenant donc je monterai vers mon père céleste, et je m'assoirai à sa droite, et vous me verrez tous, et toi, Iehoudda, tu ne m'attraperas pas ! Alors Ieschou prononça le Nom immense. Et le vent étant venu, il se tint entre le ciel et la terre.

Il s'imagine que Iehoudda ne pourra pas le suivre. Fatale présomption ! Bien plus : ignorance inconcevable chez un homme qui, ayant créé les siècles[4], devrait au moins savoir que Iehoudda, quand il se baptisa au Jourdain, descendait du ciel, où il avait vu son Abba

A son tour, Iehoudda prononça le Nom, et, à la faveur du même vent, se tint entre le ciel et la terre, de sorte que tous deux volaient par le milieu des airs. Tous les spectateurs étaient au comble de l'étonnement.

Il n'y a pas de quoi, en ce qui concerne Iehoudda, qui non seulement vola par les airs en 788, mais atteignit le troisième ciel, alors qu'ici Ieschou ne peut même pas parvenir au premier ! Iehoudda va faire sentir cette supériorité à celui que ]'étranger appelle l'Oint.

b. — Iehoudda baptise Ieschou de son urine

Mais ayant prononcé de nouveau le Nom, Iehoudda se jeta sur Ieschou pour le précipiter sur la terre. De son côté, Ieschou prononça le Nom, cherchant à déloger Iehoudda de ses hauteurs. Et ainsi luttaient-ils l'un contre l'autre. Mais, remarquant qu'il ne parvenait pas à l'emporter sur Ieschou, Iehoudda l'aspergea... de l'urine de son corps ! D'où, rendus impurs tous deux, ils furent précipités sur la terre.

Oui, mais en attendant, Ieschou a été baptisé sinon de feu, du moins de chaud, par Iehoudda ! Et sous quelles espèces, ô Père céleste !

Comment l'auteur de ce Mahazeh a-t-il été amené à inventer cette scène fantastique ?

Par la non moins fantastique comédie des Toledoth canoniques, où Ieschou, ombre du Iohannos revenue au Jourdain, est baptisé d'eau par celui qui seul avait le droit de le faire.

Que dit-on en effet dans Matthieu ? Ceci :

Alors Ièsous vint de la Galilée au Jourdain vers Ioannès, pour être baptisé par lui.

Or Ioannès le détournait, disant : C'est moi qui dois être baptisé par toi, et tu viens à moi ! Mais répondant, Ièsous lui dit : Laisse faire maintenant, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice. Alors Ioannès le laissa faire. Or ayant été baptisé, Ièsous sortit aussitôt de l'eau, et voici que les cieux lui furent ouverts[5].

Or, Iehoudda n'a jamais baptisé de Ieschou, et il lui témoigne, en le baptisant de son urine, tout le mépris que lui inspire son alliance avec les nozrim. Combien de fois n'ai-je pas fait observer que, si Ieschou avait existé, ce n'est pas sur la croix qu'il eût péri, c'est de la main même de Iehoudda !

Et tous deux, à cause de la souillure ainsi contractée, employèrent, chacun pour sa part, le Schem hamphorasch, jusqu'à ce qu'ils fussent purifiés.

Or, Iehoudda y parvient avec la plus grande facilité, puisqu'il a le pouvoir de se baptiser, et que, même dans les Toledoth canoniques reçus chez les goym, il fait sentir ce pouvoir à Ieschou lui-même en le baptisant au Jourdain. Au contraire, après son uro-baptême, Ieschou, dont le corps est absorbé sous les espèces eucharistiques par les goym, saurait difficilement prétendre à l'action de purifier intérieurement cette semence de bétail.

c. — Suppression du détail du bras cassé

Ce n'est pas la seule supériorité que Iehoudda conservât sur Ieschou. Il se retirait avec ses deux bras intacts, tout au moins jusqu'au 15 nisan, tandis que Ieschou (reportez-vous au Mahazeh présenté par frère Raymond), a le bras droit cassé.

d. — Condamnation à mort de Ieschou

Alors la peine capitale fut prononcée contre Ieschou. Et il s'entendit dire : Si tu veux te retirer indemne, fais ce que tu avais coutume de faire auparavant.

En un mot, évade-toi !

Il y a certainement eu coupure entre ce passage et le précédent. Car si c'est à cause de son uro-baptême que l'on condamne Ieschou à mort, on devrait atteindre en même temps Iehoudda, qui est l'auteur responsable de son impureté.

Il faut observer, en effet, qu'il est tout à fait incorrect d'uro-baptiser un rival à cette altitude, et que Ieschou a dans la reine Hélène un défenseur qui n'aurait pas manqué d'élever la voix. Ce n'est donc pas Ieschou qui devrait être condamné à mort, c'est Iehoudda, pour avoir fait sortir de son corps un élément étranger aux conditions du vol plané. Et il est d'autant plus mal en point que c'est miracle si la reine et les docteurs de Jérusalem n'ont pas été atteints par quelques gouttes de ce chrisme urique et totalement imprévu des prophètes ! La justice donc, autant que la raison, s'oppose à ce que cette affaire finisse par la condamnation à mort de Ieschou seul.

D'ailleurs, pour que la condamnation de Ieschou puisse produire ses effets, il faut qu'on le tienne en prison, sous bonne garde. C'est son cas, et nous apprenons de lui-même qu'on s'égorge dans la ville pour essayer de le délivrer. Ainsi, dès la fête des Tabernacles, il y avait dans Jérusalem des gens qui non seulement criaient : Délivrez bar-Abba ! mais essayaient de passer à l'acte.

 

III. — AFFAIRES DES TABERNACLES ET DE LA DÉDICACE.

a. — Délivrance, sous le nom de Ieschou, de l'individu délivré, sous le nom de Iohannos, dans le Mahazeh précédent

Mais, voyant l'inutilité de ses efforts, Ieschou se répandait en lamentations, disant : Mon ancêtre David a prédit de moi : Car à cause de toi nous sommes tués pendant tout le jour, etc. Ce que voyant, ses disciples, et la troupe de scélérats qui le suivait, s'exposèrent à la mort. Et faisant la guerre aux anciens et aux docteurs de Jérusalem, ils fournirent à Ieschou le moyen de s'enfuir hors de la ville.

Il s'agit de l'emprisonnement de tous les fils du papas au Hanôth, après la Dédicace, et de la fameuse évasion qui y mit fin. L'emprisonnement du Baptiseur est constaté dans tous les Mahazeh et Toledoth canoniques, il l'est également dans le Mahazeh de Iochanan ben Zaccaï, avec le nom même de l'homme (un Jaïr) chez qui il a été arrêté ; mais son évasion, qui dans le Mahazeh de ben-Zaccaï est sous le nom de Iohannos, se trouve ici sous le nom de Ieschou. En cela, Iohannos et Ieschou sont un en deux, deux en un.

 

IV. — IEHOUDDA REPREND SUR SON OMBRE LE SIGNE INCARNÉ.

a. — De retour au Jourdain, Ieschou se désurine

Ainsi Ieschou se hâta vers le Jourdain, où s'étant lavé et purifié, il prononça de nouveau le Nom, et recommença ses miracles antérieurs.

b. — Ieschou sur la pierre, avec les deux poissons

En outre, prenant une pierre de meule[6], il la fit tenir sur les eaux. Et s'étant assis dessus, il prit devant la foule deux poissons[7] qu'il leur donnait à manger.

c. — Au risque d'être assassiné par Ieschou, Iehoudda s'offre pour lui enlever le signe crucial incarné

La nouvelle de cette chose étant parvenue à Jérusalem, les hommes pieux et les docteurs pleurèrent, disant : Qui osera, risquant sa tête[8], aller auprès de ce fils de femme adultère et ayant ses règles, et le priver du Nom immense ? Nous prenons l'engagement de faire qu'il devienne un jour participant de l'éternelle félicité.

Il n'y a qu'un homme en état de reprendre sur Ieschou le signe crucial incarné, c'est celui qui vient de le baptiser par la voie urinaire.

Iehoudda s'en alla donc, et ayant déguisé sa personne, se mêla à ces scélérats.

d. — Iehoudda reprend sur Ieschou la chair de sa cuisse contenant le signe du Nom immense

Vers le milieu de la nuit, Dieu envoya un sommeil pesant sur le bâtard, parce que Iehoudda avait incanté[9] l'Ange préposé au sommeil. Ensuite Iehoudda entra dans la tente[10] de ce bâtard ; et prenant un couteau, il coupa la chair de Ieschou et enleva le parchemin sacré.

Shylock, avec sa livre de chair à prendre sur le goy, essaie d'imiter Iehoudda. Mais ici Ieschou perd tout en perdant le signe enfermé dans sa cuisse.

e. — Privé de son tatouage, Ieschou retombe au pouvoir de Satan Idée que lui suggère ce père du Mensonge

Ieschou s'étant réveillé, le Diable, s'emparant de lui, le secouait d'une grande horreur. C'est pourquoi il dit à ses disciples : Vous saurez ceci : mon Père qui est aux cieux a résolu de m'appeler à lui, voyant que je suis sans honneur auprès des hommes.

Maintenant qu'il n'a plus le Nom, il a le Démon, il est possédé du Démon, comme disent de lui les Toledoth canoniques. Satan l'envahit tout entier, avec ses Invocations à Thernops, à Nopsither, à Psinother, au Tharthak-Thakthar et autres[11]. Et c'est le Démon qui lui suggère, dans les Toledoth canoniques, l'idée de se dire voué à la mort par son Père. Ce n'est donc pas Dieu qui était son Père, c'est Satan. Et Satan ne ressuscite pas ses fils. Ceux qui étaient avec le Baptiseur au Guol-golta le savent bien !

Alors ses disciples : Et nous, que deviendrons-nous ? Mais lui Bienheureux serez-vous et bienheureuse votre récompense, si vous obéissez à ma voix ! Car vous serez assis à ma droite auprès de mon Père céleste. Alors tous se mirent à pleurer. Mais Ieschou : Ne pleurez pas, car grande est la récompense de votre piété ! Gardez-vous seulement de transgresser mes paroles ! A quoi tous répondirent, disant : Nous ferons tout ce que tu ordonneras. Et qui se montrera rebelle à tes paroles, misérablement périra.

 

V. — LE CAMOUFLAGE DE LA DÉDICACE.

Alors Ieschou : Si vous m'êtes obéissants, faites-moi la grâce d'être assez justes pour venir avec moi à Jérusalem. Je me tiendrai caché au milieu de vous, afin que les habitants de Jérusalem ne me reconnaissent pas.

Sous cette ruse Ieschou cachait le dessein de venir secrètement à Jérusalem, d'entrer dans le Temple et de se ménager une nouvelle connaissance du Nom.

Dans l'histoire, il avait un but plus précis : piller le trésor et s'attribuer les vêtements de Kaïaphas.

a. — Les Naziréens du meurtre et du pillage

Ceux qui ne voyaient pas sa malice répondirent tous : Tout ce que tu commanderas, nous le ferons, et sur un signe de toi nous n'en dévierons ni à droite ni à gauche. — Jurez-le-moi avec serment ! Et tous, du plus petit au plus grand, s'engagèrent par serment.

b. — Le Camouflage de la Dédicace transporté par le texte actuel à la veille des Azymes (13 nisan)

Mais Iehoudda se tenait caché au milieu d'eux, et ils ne le reconnaissaient pas. Iehoudda dit ensuite aux disciples : Apprêtons-nous des vêtements exactement semblables, afin que personne ne puisse reconnaître votre maître au milieu de nous ! Ce conseil plut à leurs yeux, et l'ayant mis à exécution, ils se dirigèrent vers Jérusalem pour y célébrer la fête des Azymes.

La fête des Azymes non, mais celle de la Dédicace.

 

VI. — L'ARRESTATION ET LE CHATIMENT DE IESCHOU.

a. — Plan de Iehoudda pour faire arrêter Ieschou la veille du jour où il devait immoler l'agneau pascal

A l'aspect de Iehoudda, les hommes pieux de Jérusalem, exultant de joie, lui dirent : Indique-nous maintenant ce qui nous reste à faire. Car, après avoir furtivement quitté la bande, Iehoudda était venu trouver les Anciens et les docteurs. Et il leur contait tout ce qui était arrivé, et comment il avait soustrait le Nom au bâtard. Or comme ils s'en réjouissaient au plus haut degré, Iehoudda leur dit : Suivez mes instructions, et demain même je vous le livrerai ! Mais les docteurs : Es-tu assez instruit de ses allées et venues pour cela ? Alors Iehoudda répondit : Je suis au courant de tout. Demain, il entrera dans le Temple pour immoler en sacrifice l'agneau pascal, j'ai juré sur les dix commandements que je ne le livrerais point entre vos mains, et il a avec lui deux mille hommes[12], tous habillés de la même façon. Préparez-vous donc le matin, et sachez que l'homme devant qui je me prosternerai, l'adorant à genoux, celui-là est le bâtard. Allez ; soyez forts, combattez contre ses partisans et vous le prendrez !

Comme on le voit, Iehoudda exonère de toute trahison le Iehoudda Kériothis des Toledoth canoniques. Le Iehoudda Kériothis de l'histoire n'a point trahi, n'a point reçu le moindre denier. Il n'y a point eu de Ieschou qui ait célébré la Pâque avec lui et onze autres individus nommés Apôtres. C'est une infâme et ridicule comédie, inventée par les rabbins évangélistes, et à peine bonne pour In semence de bétail que sont les goym. Iehoudda, fils du papas, est franc : s'il y a eu quelque chose entre Iehoudda de Kérioth et lui, c'est son affaire. Siméon bar-Iehoudda a éventré Iehoudda bar-Siméon. Celui-ci a eu son compte. Qu'il soit maudit par les Juifs barabbalâtres, si bon semble à ceux-ci ! Mais ce n'est pas une raison pour que des goym se permettent de juger ce Iehoudda (descendant, lui aussi, de David), et se croient bénis de l'un, parce qu'ils méprisent l'autre.

Quant à Iehoudda bar-Abba, pour le moment il n'a pas le pouvoir d'empêcher son corps de tomber entre les mains de ses coreligionnaires, mais il ne veut pas le laisser entrer un jour dans l'estomac d'un goy.

b. — Joie de Siméon ben Schetach en apprenant que le fils de Salomé va faire arrêter le Vaurien de l'Étranger

Siméon ben Schetach, qui est de la Sainte Famille, sort du tombeau pour aider son élève dans cette juste entreprise.

Siméon ben Schetach était tout transporté de joie avec tous les autres docteurs, et tous promirent d'obéir aux instructions de Iehoudda.

e. — Iehoudda se met à la tête des Jérusalémites pour se saisir de Ieschou à Lydda

Le lendemain donc[13], Ieschou ayant paru avec toute sa bande, Iehoudda alla au-devant de lui[14]. Et la face contre terre, il l'adorait. Mais tous les habitants de Jérusalem s'étaient bien armés et cuirassés[15]. Ainsi se saisirent-ils de lui. Alors ses disciples, le voyant captif entre leurs mains, sans qu'ils pussent le dégager par la force, s'enfuirent de tous côtés en versant des larmes amères. Pendant ce temps, les habitants de Jérusalem, dont le nombre grossissait, lièrent, avec sa suite, ce fils d'une femme adultère et qui avait ses règles, tuant beaucoup de ces scélérats, tandis que les autres s'enfuyaient vers les montagnes[16].

c. — Un détail transposé : la colonne de la fustigation des sept fils du papas

Alors les Anciens de Jérusalem amenèrent Ieschou lié dans Jérusalem, et l'ayant attaché à une colonne de marbre, qui était dans la ville, ils le frappèrent à coups de fouet, disant : Où sont maintenant les miracles que tu faisais ?

Ce n'est pas dans cette circonstance que les Anciens ont fouetté Iehoudda. Mais, avec une bravoure qu'il approuve, les Anciens prennent à leur compte la fustigation que les Romains lui ont appliquée dans la Cour du prétoire.

Dans ce Mahazeh, comme dans le précédent, on ne voit pas un seul romain ; il n'y a pas d'affaire dans le Temple entre les soldats de Pilatus et les partisans de Iehoudda ; celui-ci n'est pas mené au prétoire, et il va mourir lapidé, tel Jacob junior. Pour ce qui est de ce dénouement, le Mahazeh suit le Talmud actuel, il se trompe de bar-Iehoudda.

e. — Le prisonnier jugé pire sous le nom de Ieschou que sous le nom de Iehoudda

Ils prirent ensuite de l'aubépine, et en tressèrent une couronne qu'ils lui mirent sur la tête. Alors, pressé par la soif, le bâtard dit : Donnez-moi un peu d'eau à boire. On lui apporta du vinaigre amer. L'ayant pris, il commença de vociférer à grand bruit : De moi a prophétisé mon ancêtre David, disant : Ils m'ont donné du sel pour nourriture, et dans ma soif ils m'ont présenté du vinaigre. A quoi ils objectèrent : Si tu es Dieu, pourquoi avant de boire, n'as-tu pas indiqué qu'on t'offrait du vinaigre ? Et ils ajoutèrent : Te voilà assis au bord de ton sépulcre, et cependant tu ne deviens pas meilleur !

Il devient même pire, puisqu'après avoir trompé les Juifs, il s'est tourné contre eux, en se faisant la nourriture spirituelle des nozrim.

Et Ieschou de pleurer amèrement et de se lamenter : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ? Alors les Anciens : Si tu es le fils de Dieu, pourquoi ne te délivres-tu pas de nos mains ? Ieschou répondit : Mon sang purifiera les mortels, ainsi que l'a prédit Isaïe : De sa plaie sortira notre guérison.

f. — Ieschou déposé au Hanôth la veille de Pâque

Bientôt, ayant pris Ieschou, ils le déposèrent devant le grand et le petit Sanhédrin, où fut publiée la sentence qui le condamnait à périr par la lapidation ou à être pendu (au bois).

Or ce jour-là était la veille de la pâque, et en même temps la veille du Sabbat.

Ce dernier membre de phrase semble une interpolation de gens qui, ne pouvant faire dire par un Juif que Iehoudda avait célébré la pâque, ont voulu au moins que le jour indiqué pour sa lapidation fût celui que donnent les Toledoth synoptisés pour sa crucifixion. Mais il se peut aussi que le mot Sabbat vise l'Année jubilaire commençant avec la pâque.

g. — Ieschou lapidé par confusion avec Jacob junior, puis pendu au bois

Ils le menèrent ensuite à l'endroit où se faisait la lapidation ordinairement, et l'accablèrent de pierres jusqu'à la mort. Ensuite les docteurs commandèrent qu'on le suspendît au bois.

 

VII. — LA CROIX BRISÉE PAR LE POUVOIR DE CELUI QUI A ÉTÉ DESSUS.

Mais on n'en trouva point (de bois) qui pussent le supporter, car tous se brisaient. Ce que voyant, ses disciples, pleurant, s'exclamaient : Voilà bien l'innocence de notre maître Ieschou. Aucun bois ne le reçoit !

Les malheureux ! Quelle erreur ! Et que font-ils de leurs yeux ?

a. — La vérité pour les Juifs renseignés : c'est un criminel qui fut sur la croix

Or ceux-ci ne savaient pas qu'il eût enchanté tous les bois, lorsqu'il possédait la vertu du Nom. Car il avait appris son supplice[17] et qu'il serait puni par pendaison, selon qu'il est écrit : Lorsqu'un homme aura commis un crime punissable de mort, alors on le pendra, etc.

C'est ce crime punissable de mort qu'on ne voit plus, mais qu'on voyait jadis, puisque, dans ce Mahazeh, l'individu surnommé Barabbas dans les canoniques, l'a repassé à Ieschou avec toute la série. Car ici Ieschou porte sur le bois les crimes imputés à Barabbas, lequel est innocent sous son nom de circoncision, le seul qu'il veuille se reconnaître.

Jusque là Iehoudda s'est bien amusé, mais jamais à ce point ! Car, comme dans les Toledoth canoniques, il échappe à la croix ! Et c'est lui qui tout à l'heure empêchait le bois de tenir debout.

b. — Le bois de la croix, signe de salut pour les nozrim, redevient signe de leur malédiction par le pouvoir de son véritable porteur

Et comme le jeu lui plaît, il le pousse à fond. Car étant le charpentier lui-même, il refuse de fournir aux adorateurs de Ieschou le bois qui le tient en croix. Il ne songe pas à le lui reprendre, puisque c'est l'instrument d'un supplice infâme, et il n'y a aucun intérêt de kabbale, comme dans le signe de la croix incarné ; il le lui laisse donc, avec le déshonneur. Mais il le brise, afin que, ni en gros ni en détail, on ne puisse vendre aux goym le signe de la croix patibulaire en le faisant passer pour le signe de leur salut.

Il n'ignore pas que, sous cette forme, ce jour-là, il a réalisé le signe, mais il l'a maudit. ! Et maudits sont ceux qui jurent par le bois de la croix, font le signe de la croix, adorent le bois de la croix et le scélérat qui est dessus ! Voilà le plus clair de sa vengeance ! Le bois qu'ils disent être le bois de la vie, c'est celui de la mort : la mort temporelle et la mort éternelle, la première mort et la seconde.

e. Iehoudda substitue un trognon de chou de son Jardin au bois de la croix de Ieschou

Or considérant qu'aucun bois ne le supportait, Iehoudda dit aux docteurs : Vous voyez la malice de ce bâtard ! Il a enchanté le bois pour pouvoir y échapper ! Mais j'ai dans mon Jardin un grand chou, je vais l'apporter, et sans doute il supportera le corps ! Les docteurs lui dirent : Va, et fais ce que tu nous promets ! Et ayant pris sa course, Iehoudda rapporta le chou auquel on pendit Ieschou.

Pour l'emploi, ce chou ne diffère pas de celui dont a parlé le Mahazeh résumé par frère Raymond Martin. Mais sa provenance est autre : il n'est pas dans la maison du Seigneur, il est dans le Jardin où Iehoudda devait mener ses sujets. Ce n'est donc pas Ieschou que s'appelait l'homme dont Marie la Gamaléenne au Guol-golta dit : Seigneur, je vous prenais pour le Jardinier, c'est Iehoudda, le Iehoudda qui avait le Nom immense tatoué sur la cuisse droite.

d. — L'ensevelissement

Sur le soir, les docteurs dirent : Ne laissons pas violer une seule lettre de la Loi divine à propos de ce bâtard. Quoiqu'il ait trompé les hommes, faisons-lui ce qu'ordonne la Loi. C'est pourquoi ils ensevelirent ce bâtard au lieu même où il avait été lapidé.

 

VIII. — LE CORPS DE L'ESCROC REPRIS PAR SON PROPRIÉTAIRE.

Vers le milieu de la nuit, ses disciples s'y transportèrent. Et assis sur le sépulcre, ils se répandirent en lamentations et en larmes.

Iehoudda, qui est au milieu d'eux, ne participe pas à leur douleur. Sa seule préoccupation est de reprendre son corps. Il a déjà brisé le bois de la croix, il faut qu'il achève son œuvre de réintégrande.

Ce que voyant, Iehoudda prit le cadavre.

Il faut que ce Iehoudda exerce sur le corps un droit de propriété bien incontestable, pour que les disciples le laissent s'en emparer ainsi !

Ce n'est pas à Iehoudda de Kérioth qu'ils laisseraient faire cela, à supposer qu'il ne fût pas encore éventré à ce moment !

a. — Iehoudda dessèche un fleuve de son jardin, sous le lit duquel il enterre le corps

Il l'ensevelit dans son Jardin, sous un fleuve dont il avait détourné les eaux ; et après l'ensevelissement, il les ramena dans leur lit primitif.

Voilà un travail digne d'Hercule, et ce n'est pas la première fois que nous voyons Iehoudda déployer une puissance égale à celle de ce dieu ! Ce fleuve qui reprend son cours, dans son lit momentanément desséché, c'est à la fois l'Euphrate et le Jourdain ; il est bien vrai que, depuis la mort de Iehoudda, l'Euphrate continue à couler, et que, depuis celle de Theudas, le Jourdain roule ses eaux comme auparavant. C'est que l'Ange qui a pouvoir sur les eaux, quoique invoqué en bonne forme par l'auteur de l'Even-guilayon et par ses disciples, n'a pas fait ce qu'ils attendaient de lui. Ici Iehoudda montre ce dont il eût été capable, si les Jérusalémites ne l'eussent point livré aux Romains.

b. — Iehoudda suggère aux disciples l'idée de convertir la disparition du corps en ascension

Le lendemain, comme ils (les disciples) étaient là de nouveau (au lieu du supplice), assis et pleurant ensemble, Iehoudda leur dit : Pourquoi pleurez-vous ? Regardez, et voyez l'homme enseveli. Ayant regardé, et ne l'ayant point vu dans le sépulcre, la bande de ces vauriens vociféra : Il n'est pas dans le sépulcre, mais il est monté au ciel ! Et c'est ce qu'il a prédit de lui-même, lorsqu'il était encore en vie. Et il interprétait comme ayant été dite de lui cette parole : Parce que le Salem (la Paix) me recevra.

 

IX. — À LA RECHERCHE DU CORPS DÉTENU PAR IEHOUDDA.

a. — Ordre aux docteurs de représenter, sous peine de mort, le corps repris par son propriétaire

Nous voyons revenir la reine Hélène, qui semble avoir eu, à propos de la crucifixion de Simon la Pierre et de Jacob senior, l'occasion de faire rechercher le véritable lieu de sépulture de leur frère aîné.

Cependant, ayant appris tout ce qui s'était passé, la reine ordonna de faire venir les docteurs. Et lorsqu'ils furent arrivés, elle leur dit : Qu'avez-vous fait de cet homme, que vous affirmiez être le séducteur et l'empoisonneur des hommes ? Et ils répondirent : Nous l'avons enseveli selon les prescriptions de la Loi. Alors elle dit : Apportez-le-moi ici. Ils s'en allèrent donc, le cherchèrent dans le sépulcre, et ne le trouvèrent point. Et revenus vers la reine, ils lui dirent : Nous ne savons qui l'a enlevé de son tombeau. Répondant, la reine dit : Il est le fils de Dieu, et il est monté vers son Père qui habite au ciel, car il a prédit de lui : Parce que la paix me recevra. Alors les docteurs : N'agites pas de telles paroles dans ton esprit, car en vérité ce fut un sorcier. Et les docteurs lui prouvèrent par leurs témoignages que c'était le fils d'une femme adultère et ayant ses règles. La reine répondit : A quoi bon cet échange de discours ? Si vous me l'apportez ici, vous serez innocents. Sinon, personne de vous ne sera laissé qui me survive ! Alors ils répondirent tous : Laisse-nous le temps de connaître la fin de cette affaire, peut-être retrouverons-nous cet homme. Si nous n'y parvenons pas, tu feras de nous ce qu'il te conviendra.

b. — Un jeûne de trois jours pour amener Iehoudda à représenter son corps

Elle leur donna un délai de trois jours ; et en s'éloignant de la reine, les docteurs et les hommes pieux avaient le cœur triste. Et ils pleuraient, ne sachant que faire. Ils indiquèrent donc un jeûne.

Et le temps prescrit étant accompli, comme ils ne l'avaient pas trouvé' beaucoup s'enfuirent de Jérusalem loin de la reine.

Cependant, la durée de leur jeûne, modelé sur ceux que Iehoudda pratiquait, quand il était de ce monde, doit leur donner bien de l'espoir, car elle place le propriétaire du corps sous l'influence du quatrième signe, les Anes, et par conséquent dans la nécessité évangélique de le représenter mort, aux fins de résurrection.

 

X. — LE CORPS REPRÉSENTÉ PAR IEHOUDDA POUR LE SALUT D'ISRAËL.

a. — Négociations de Rabbi Tanchuma avec Iehoudda pour que son corps fasse retour aux Juifs

Parmi ceux qui étaient sortis de la ville était un ancien, nommé Rabbi Tanchuma. Et comme, par excès de tristesse, il errait çà et là dans les champs, il aperçut Iehoudda, lequel, assis dans son Jardin, était en train de manger.

N'ayant pas mangé l'agneau, et ne pouvant manger le Zib, il mangeait sans doute quelques légumes dans le genre du chou. Mais comme il les mangeait par les racines, on s'explique qu'il n'en fît point part aux vivants.

Étant allé à lui, Rabbi Tanchuma lui dit : Iehoudda, comment se fait-il que tu prennes tranquillement ton repas, tandis que tous les Juifs observent le jeûne et sont plongés dans la plus grande calamité ? Vivement frappé, Iehoudda demanda ce qu'il avait à voir avec ce jeûne. Rabbi Tanchuma répondit : C'est ce bâtard qui en est cause ! Après sa pendaison, il a été enseveli près du lieu de la lapidation, parce qu'il était mort, et nous ne savons qui l'a enlevé du sépulcre. Mais la bande de ce scélérat crie partout qu'il est monté au ciel, et la reine a décidé de nous faire mourir, nous tous, Israélites, si nous ne le retrouvons pas !

Iehoudda lui demanda : Mais s'il est retrouvé, ce fils d'une femme adultère et ayant ses règles, le salut s'en suivra-t-il pour les Israélites ? Rabbi Tanchuma répondit : C'est la condition du salut des Israélites qu'il soit retrouvé !

Certes Iehoudda n'a pas de raison pour ménager les Jérusalémites qui lui ont barré l'accès du trône, il les exècre. Mais enfin ils sont de la tribu de Juda, la sienne. Et puisque les goym, endoctrinés par les rabbins évangélistes, se font une religion de son corps, il aime encore mieux le restituer aux Juifs, quelque traitement qu'ils lui infligent, que de s'en faire une arme contre eux, en appuyant la thèse de la résurrection, et par conséquent du déicide.

Alors Iehoudda lui dit : Viens, et je te montrerai l'homme que tu cherches ! Car c'est moi qui ai enlevé ce bâtard du sépulcre, craignant que cette bande d'impies ne vînt à le dérober du sépulcre. C'est pourquoi je l'ai caché dans mon Jardin, et j'ai fait passer un cours d'eau dessus.

b. — Le corps rendu, Iehoudda disparaît pour jamais

Dans le Mahazeh précédent, Iehoudda survit pour organiser la lutte contre son ombre, devenue, sous le nom de Ieschou, l'ennemie de tout ce qui est juif. Ici, il disparaît immédiatement après avoir restitué son corps aux Juifs, pour que les goym ne puissent s'en servir. Le reste regarde les puissances infernales et l'ordure bouillante.

Ainsi, ce n'est pas le corps de Iehoudda bar-Abba que Rabbi Tanchuma va produire devant la reine Hélène, c'est celui de son frère cadet, Siméon dit la Pierre.

 

XI. — CONFUSION ENTRE LE SUPPLICE DE IEHOUDDA ET CELUI DE SES FRÈRES SIMÉON ET JACOB SENIOR.

Rabbi Tanchuma, se hâtant, alla trouver les docteurs des Israélites et leur exposa l'affaire. Ils coururent tous vers le corps, l'attachèrent à la queue d'un cheval, le traînèrent et le jetèrent devant la reine, disant : Voici l'homme de qui tu affirmais qu'il était allé au ciel ! Et quand elle l'eut vu ainsi, la reine ne sut que répondre, étouffant de honte.

a. — La chevelure de Ieschou rasée après sa mort, alors que celle de Iehoudda le fut au prétoire

Or, pendant qu'on le traînait violemment pour l'enlever, sa chevelure lui fut arrachée. Et c'est pourquoi les moines d'aujourd'hui ont les cheveux ras sur le dessus de la tête : cela se fait en mémoire de ce qui est arrivé à Ieschou.

 

 

 



[1] Les Anes, descendant, et revêtant Iehoudda de leur lumière, constituaient sa chambre solsticiale.

[2] Jésus rappelle cette disposition, et devant Iehoudda lui-même dans le Mahazeh de Cérinthe (XIV, 22) : Il y a beaucoup de chambres dans la maison de mon Père ; s'il en était autrement, je vous l'aurais dit, car je vais vous en préparer une.

[3] XIII, 2-12.

[4] C'est la doctrine de l'aigrefin qui a fabriqué la Lettre aux Hébreux.

[5] Matthieu, III, 13-16.

[6] Wagenseil, par suite d'une vieille adultération dans le manuscrit, a mis deux pierres là où il ne peut y en avoir eu qu'une.

[7] Wagenseil a mis plusieurs poissons là où il n'y en avait que deux, les deux Poissons de la Multiplication des pains.

[8] Sa renommée est faite.

[9] Du ventre sans doute.

[10] La tente de David. Iehoudda y est comme chez lui.

[11] Cf. la liste complète dans Le Mensonge chrétien, pet. édit., p. 125.

[12] Sa bande s'était considérablement réduite en Samarie : elle ne comprenait guère qu'un millier d'hommes.

[13] Jour des Azymes ou Préparation de la pâque.

[14] Jusqu'à Lydda.

[15] Dans les Lettres de Paul on parle souvent de la cuirasse et du casque de Saül.

[16] Le lieu fut nommé Latroun en souvenir de la déconfiture du Lestès (brigand). Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 159.

[17] Par l'affichage de sa condamnation pendant quarante jours.