LA SAINTE FAMILLE

 

QUATRIÈME PARTIE. — APPARITION DU VAURIEN DE L'ÉTRANGER

II. — LE VAURIEN DE L'ÉTRANGER SELON IOCHANAN BEN ZACCAÏ.

 

 

TROISIÈME PARTIE

I. — LA REPRISE DE L'ÉVEN-GUILAYON.

a. — Iehoudda appelé en consultation pour aviser au moyen de faire cesser, tout au moins entre Juifs et Israélites, les ravages de l'Even-guilayon

Voyant donc que les gens d'Aïn l'emportaient sur les Israélites, et que leur bande s'augmentait des hommes les plus impies, — c'était les frères et les parents de Ieschou —, le roi et les docteurs tinrent conseil, et appelèrent Iehoudda pour lui demander ce qu'il lui semblait le plus expédient en cette difficile affaire.

C'est lui, en effet, qui est cause de tout ; et, sans lui, il n'y aurait jamais eu de Ieschou ha nozri.

Que faire, puisqu'au fond il n'est plus rien, pas même l'ombre de lui-même ? Mais il y a son oncle, Siméon Cléopas, celui-là même qui, par le moyen de l'harammathas, un goy Samaritain, l'a sorti du Guol-golta, et transporté à Machéron. C'était peut-être le seul homme raisonnable de toute la famille, et il vivait avec les Hérodiens et les Romains ! Il avait d'ailleurs prévu que ses neveux finiraient comme ils ont fini. Iehoudda est bien obligé de rendre un hommage posthume à la sagesse prophétique du frère de sa mère !

b. — Il désigne son oncle Cléopas pour expliquer aux Mites la situation que lui fait vis-à-vis de l'Even-guilayon le Vaurien de l'Etranger

Iehoudda répondit :

Il y a l'oncle de Ieschou, Siméon Kakalpas (Cléopas), en même temps sénateur vénérable ; livrez-lui, je vous prie, le Nom infini, et envoyez-le à Ain, afin qu'il y fasse des miracles, et qu'il apprenne aux habitants que toutes ces choses (les miracles) se font el daat Ieschou (par l'esprit de Ieschou). Mais les Aïnites penseront qu'il veut dire qu'elles se font baschern Iesousch (au nom de Ieschou), alors que l'explication des mots el daat est à double sens, et naturellement faite pour tromper les Milites. Car el daat, — qui peut signifier par l'esprit de Ieschou, au nom de Ieschou —, est en style rabbinique laschon anom, expression qui désigne l'acte qu'un homme accomplit comme contraint et forcé, en cas de nécessité absolue.

Malgré toutes les corruptions qu'a subies ce passage, Iehoudda y explique encore assez clairement la situation que lui fait le Vaurien de l'étranger dans les Toledoth canoniques : ce n'est pas lui qui y est en personne, c'est son revenant ; les miracles, ce n'est pas lui qui les fait, c'est son ombre ; et c'est bien malgré lui qu'il les fait, puisqu'ils sont simplement sur le papier et sans effet. Mais rien ne mérite moins le nom d'Évangile que ces misérables écritures.

Alors les Aïnites croiront aux paroles de Siméon, parce qu'il est l'oncle de Ieschou. Il faut que Siméon leur persuade que Ieschou lui a donné ordre de leur dire qu'ils ne fissent point la guerre aux Israélites, et que Ieschou lui-même se chargerait d'en tirer vengeance.

c. — Siméon déclare ne pouvoir calmer les Aïnites qu'en leur donnant des commandements entièrement opposés à l'Even-guilayon

Ce conseil plut au roi et aux docteurs, et ils allèrent trouver Siméon, et lui dirent tout cela.

On se rappelle le targum du Talmud où, quoique mort depuis longtemps, Ieschoua ben Péréja, vit et voyage avec son arrière-petit-fils, comme si le second était le disciple immédiat du premier.

A l'imitation de ce procédé, Siméon Cléopas résume en lui quatre individus :

Siméon l'Ancien, son père, qui est tombé au Recensement ;

Lévi, son fils, qui marchait avec les Aïnites ;

Siméon Cléopas, qui fut roi-christ sous Trajan ;

Un Cléopas inconnu, qui, pareil au papias d'Hiérapolis, avec lequel il se confond peut-être, a fabriqué les miracles qui sont aujourd'hui dans les Mahazeh et Toledoth canoniques, et essayé de ramener les Juifs barabbalâtres à des sentiments moins funestes pour eux-mêmes.

Ces quatre personnages s'expriment alternativement par la même bouche.

Siméon répondit : Faites-moi le serment sacré que je serai participant du Yom à venir, alors j'irai volontiers ; je leur donnerai de faux commandements, et leur ferai cesser leur guerre contre Israël. Les docteurs et les Anciens firent donc le serment à Siméon, et lui livrèrent le secret du Nom essentiel.

Siméon connaissait ce secret aussi bien qu'eux et depuis plus longtemps, c'était celui de toute la Sainte famille : il ne lui manquait que le tatouage à la cuisse droite.

d. — Siméon sur le nuage de famille et dans la maison natale de Iehoudda bar-Abba à Gamala

Siméon s'en alla donc, et comme il approchait d'Aïn, il forma un petit nuage, s'assit sur le nuage, au milieu, en émettant du bruit et des éclairs, tels des roulements de tonnerre destinés à attirer les Aïnites. Il commença ainsi : Hommes d'Aïn, écoutez Venez à la tour d'Ain, et là je vous communiquerai les commandements que vous a prescrits Ieschou.

Or, ce sont des commandements nouveaux, en opposition formelle avec ceux que Iehoudda leur faisait verbalement, et par écrit dans son Even-guilayon.

Quant à la tour d'Aïn, c'est l'antique demeure de Ieschoua ben-Péréja et la maison natale de Iehoudda. C'est la tour de la Révélation, la tour où les astres viennent du ciel se poser sur le papier des Kabbalistes. La tour d'Aïn est très habitable, puisque Siméon s'y installe.

Terrifiés en entendant cette voix, les gens d'Ain se hâtèrent vers la Tour. Et voici que Siméon, porté sur le nuage, descendit dans la Tour. Et les Aïnites se prosternèrent devant lui.

Car c'était, autant que sa sœur, la Gamaléenne, le descendant de David par Salomon.

Les Aïnites, et ceci est fort remarquable, ne contestent nullement à Siméon le pouvoir qu'il a d'assembler le nuage et d'y faire nerregesch. C'est évidemment le fils d'un homme qui a la renommée d'être au ciel avec Elle, Hénoch et autres. On n'est pas autrement étonné de l'en voir descendre : bientôt même il y remontera et en redescendra, toujours sur le même nuage. En dehors du papas Iehoudda, nous ne connaissons dans l'Even-guilayon qu'un homme enlevé au ciel, c'est son frère Siméon, père de Salomé et premier mari de Cléopâtre.

Alors Siméon dit : Je suis Siméon Kakkalph (Cléopas), oncle de Ieschou. Ieschou est venu à moi[1], et m'a envoyé vers vous pour que je vous enseigne ses commandements, car Ieschou est le fils de Dieu.

Vraiment ? Où as-tu vu cela, mon ami ? N'est-ce pas dans le Prologue actuel du Mahazeh de Cérinthe, appelé depuis ce temps Évangile selon Saint-Jean ? Si tu regardais ton neveu comme étant le bar-Abba, pourquoi as-tu refusé de prendre part à ses actes et à ses desseins ? Pourquoi es-tu resté avec les Hérodiens ? A quoi reconnais-tu que les gens sont fils de Dieu ? Est-ce à ceci qu'ils finissent sur la croix, et qu'il a fallu graisser la patte du fossoyeur pour transporter celui-là clandestinement hors du cimetière des criminels ?

Je vous apprendrai donc la thora de Ieschou[2], par des commandements nouveaux.

Nous connaissons cette antienne. Elle vient encore du Mahazeh de Cérinthe, et des Lettres de l'illustre apôtre et grand évangéliste Ioannès d'Éphèse, que nul n'a connu, sinon celui qui l'a fabriqué.

Siméon fit donc devant eux des signes et de grands prodiges. Alors les Aïnites ajoutèrent foi aux paroles de Siméon.

Pour croire Siméon, il leur faut les signes que son neveu leur avait promis : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point, dit Ieschou aux Kanaïtes dans le Mahazeh de Cérinthe[3].

Et ils lui dirent : Nous ferons et observerons tout ce que tu nous enseigneras. Siméon leur dit : Retirez-vous dans vos maisons. Et tous les Aïnites regagnèrent leurs maisons. Mais Siméon habitait dans la Tour, et il écrivait les commandements tels qu'il en était convenu avec le roi et les docteurs.

Cela veut dire que maintenant Ieschou va conseiller de payer le tribut à César, sans oublier le tribut à son Père, payable aux caisses de l'Église, ouvertes à toute heure du jour avec sonnette de nuit.

e. — Par le canal de Cléopas, Iehoudda reprend à Ieschou l'Alphabet de l'Even-guilayon, seul approuvé par Dieu

On sait que Iehoudda attribuait un sens divin à chacune des lettres de l'Alphabet hébreu, n'hésitant pas à dire qu'il était chargé par son Père céleste de réaliser, à In face du monde, le dessein caché dans tous ces caractères.

L'auteur du Mahazeh ne nie pas la valeur de l'Alphabet dont Iehoudda s'est servi pour composer l'Even-guilayon et le diviser en vingt-deux lettres-chapitres. Iehoudda a employé la langue du peuple de Dieu ; dans ses mots il n'a pas écrit les voyelles, car elles composent le nom de I-e-o-a.

Siméon changea aussi l'Alphabet, donnant d'autres noms à ses lettres, et s'assurant ainsi que tout ce qu'il allait enseigner serait mensonge. Et l'Alphabet qu'il fit est le suivant :

Suit l'Alphabet latin, en caractères hébraïques, auxquels ont été ajoutés les points-voyelles.

Naturellement, il est en opposition complète avec celui de Iehoudda, car les lettres sont disposées dans l'ordre de l'alphabet nozri, de sorte que le thav, par exemple, qui est la dernière lettre de l'alphabet hébreu, prend la place du tau grec ou t latin, et est remplacé par zed. De plus, les voyelles que Iehoudda s'était interdit d'écrire, parce qu'elles constituaient le Nom immense, figurent maintenant dans l'Alphabet apporté par Cléopas. Enfin, la prononciation de chaque lettre est indiquée de manière à faciliter en hébreu des jeux de mots compréhensibles des seuls initiés.

En effet, oubliant qu'il a pris le nom de Jochanan ben-Zaccaï, mort cinq ou six ans après Ménahem, l'auteur du Mahazeh donne une explication relativement moderne aux lettres que Cléopas est censé avoir substituées dès cette époque à l'Alphabet de l'Even-guilayon.

Et en voici l'explication.

f. — L'enfer réservé à ceux qui, trompés par les écrits des rabbins évangélistes, adorent un Juif déshonoré par le crime

Pour la comprendre, il faut bien considérer que, sous le nom de les-chou, Iehoudda est devenu le sauveur de tous les nozrim qui ont consommé la ruine de Jérusalem sous Vespasien et sous Hadrien (Panthera), et qui, à cause de lui, persécutent comme déicides tous les membres des douze tribus. Il s'est mis contre sa race et même contre sa maison : les Juifs, à qui son ancêtre, Iehoudda le patriarche, a donné son nom, n'ont pas d'ennemi plus impitoyable que le Vaurien de l'étranger.

Aussi lui fait-on dire tout le contraire de ce qu'il avait dit quand il parlait aux Juifs :

Abba :

Mon père est Esaü[4].

Tzayed ayet :

Ce fut un chasseur jusqu'à la lassitude.

Sous le nom d'Hadrien (Panthera), Esaü a chassé, traqué les Juifs jusqu'à se fatiguer.

Et voici que ses fils croient Ieschou haij Baal :

Dieu vivant.

Que leur âme soit étouffée !

Parce que Dieu am ayed,

N'a pas (de mère),

Mais Ieschou en a une.

Apikoyim taoh, maakesch om zed :

Source d'égarement, trompeur et méchant,

Il est bouillant (dans son ordure),

A l'instar d'Esaü, qui mangea naziyim (le plat de lentilles) cuit[5].

Il va sans dire que, s'il avait employé un tel alphabet devant les vrais disciples de Iehoudda, Cléopas n'aurait pas même pu se faire comprendre. Aussi n'est-ce pas de ces disciples-là que veut parler l'auteur du Mahazeh, mais des aigrefins qui ont fabriqué les écritures postérieures à l'Even-guilayon : les Toledoth canoniques notamment, et plus encore les Lettres de Paul, qui, fussent-elles authentiques, n'auraient aucune valeur, Saül étant Amalécite, fils d'Esaü,. et protégé de Rome.

Ici, par l'intervention de Cléopas, Iehoudda reprend l'Even-guilayon le lendemain même de la crucifixion de son auteur. Les Juifs barabbalâtres qui les premiers ont consenti à baptiser les goym, n'ont donc pas pu leur transmettre le bénéfice de la promesse faite aux douze tribus par Iehova, puisqu'eux-mêmes ont employé l'alphabet des écritures grecques et latines.

Ainsi, du fond des synagogues, celui qui est devenu Jésus-Christ se raille de l'Église, qui s'arme d'écrits composés en grec et en latin (où les voyelles s'écrivent) pour se dire héritière de la promesse. Fussent-ils authentiques, ces écrits sont viciés dans leur essence. Comment les nozrim peuvent-ils être faits fils de Iehova dans des langues non révélées par lui ? Ils ont été roulés, ils le sont encore, ils le seront toujours ! C'est la destinée de cette semence de bétail, comme disait en son beau temps celui qu'ils fatiguent inutilement de leurs prières.

Tout cela est contre les goym assez sots pour se faire barabbalâtres, et contre les Juifs assez vils pour se convertir à la barabbalâtrie.

Quand l'auteur du Mahazeh dit que le père de Ieschou est Esaü, il ne l'entend nullement au point de vue charnel, il a dit tout à l'heure que le père de cet imposteur était de la tribu de Juda, et sa mère de la tribu de Benjamin. Ieschou est fils spirituel d'Esaü en ce sens que, pour le plat de lentilles dorées que l'Église lui procure, il cède aux goym une part d'héritage qui n'appartient plus à Esaü, puisque celui-ci l'a vendue à Jacob. Les goym sont donc abominablement volés : ils sont le Royaume d'Edom, c'est-à-dire hors de la Promesse, malgré les apparences ; leurs docteurs sont des savants en Edom, c'est-à-dire sans intelligence.

Rabbi Abarbenel a merveilleusement établi cette situation[6] ; il n'y a point de salut en dehors des douze tribus, et c'est évidemment une dérision amère que des étrangers, ceux de l'Église romaine notamment, vendent aujourd'hui une chose que le Père céleste de Iehoudda ne leur a jamais donnée : Car de même qu'Esaü poursuivait Jacob de sa haine et s'efforçait par tous les moyens de lui ôter la vie, de même les Romains — et ceux du Saint-Empire, au nom du pseudo-Christ —, se sont montrés les ennemis des Juifs, dévastant leurs terres et emmenant les habitants captifs... Puisque tous les ennemis d'Israël méritent d'être appelés Esaü et Edom, — Iehoudda lui-même appelait Saül Amalech ! —, la nation romaine est Edom à ce point de vue. Et pourquoi en dirais-je plus long, alors que les Kabbalistes au courant de la vérité nous ont appris déjà que l'âme d'Esaü était entrée par métempsycose dans Ieschou ha Nozri : d'où celui-ci, — tel Esaü, habitant souvent dans les déserts, dans les solitudes de la campagne —, a cherché querelle à tous, engageant des rixes nombreuses avec les docteurs pharisiens. Et sans doute est-ce pour cela qu'il est appelé Ieschoua, parce que les lettres de ce nom sont les mêmes que celles d'Eschaou, si on l'écrit avec le bod au commencement. Aussi convient-il d'appeler édomites tous ceux qui ont accepté son culte et ont foi en lui : car Ieschou est ce que fut Esaü, qui est Edom. C'est à Rome en effet que cette religion a commencé, que les fondements en ont été jetés.

Oui, c'est là qu'ont été refaits les Toledoth du canon, fabriqués les Actes des Apôtres, et composées les Lettres de Paul.

g. — L'Éven-guilayon et l'Avon-kilayon : un calembour révélateur du mot hébreu employé par Iehoudda et traduit par Eu agghélion, Évangile.

En outre, il écrivit à leur usage des livres pleins de mensonges, et les appela Azén kilayon (Injustice de la destruction).

De leur destruction, à savoir qu'ils avaient été condamnés et exécutés injustement. Au lieu de s'occuper de la destruction dont ils étaient cause, celle de leur pays, ils n'ont regretté que la leur, qui était cent fois méritée.

Mais eux crurent qu'il disait : Even-guilayon (Pierre-rouleau), à savoir le Père, le Fils, et l'Esprit manifesté.

Il résulte positivement de tout cela que le changement de thora et d'éven-guilayon, qui se remarque dans les Mahazeh et Toledoth canoniques, serait l'œuvre d'un descendant de Siméon Cléopas.

h. — Interpolation pour faire dire par le Mahazeh que l'Even-guilayon serait d'un Ioannès autre que le crucifié

Et il écrivit pour eux des livres sous le nom des disciples de Ieschou, spécialement Ioannès, mais il disait qu'il tenait tout cela de Ieschou.

Ceci est une interpolation de l'Église pour faire authentiquer par le Mahazeh l'existence d'un Ioannès qui aurait été sur le sein d'un nommé Ieschou dans un repas final ; après quoi il serait passé en Asie, et aurait écrit l'Apocalypse de Pathmos, le Mahazeh que l'Église appelle Évangile de Saint-Jean dans le Nouveau Testament, plus les Lettres de ce même Saint-Jean, qui font partie de cette collection de faux.

i. — Autre interpolation pour faire dire par le Mahazeh que la Bête dont le nom est un nombre serait Iehoudda lui-même

Et ce n'est pas sans dessein bien arrêté qu'il écrivit le Livre de Ioannès, leur faisant croire que c'était une Révélation, alors que ces mystères ne sont que futilité et fantaisie de l'esprit, comme ce qu'il a écrit au chapitre xiii de ce Livre de Ioannès, à savoir que Ioannès avait vu une Bête avec sept têtes et dix cornes, et dix diadèmes sur les cornes ; que le nom de la Bête était un nom de blasphème, etc. et que le nombre du nom de la Bête était 666.

Or, tous les contemporains de Cléopas savaient que le nombre du nom de la Bête était la lettre-chiffre Heth (Huit, Octave). Et à leur tour les lecteurs du Mensonge Chrétien savent que le chiffre 666 — ou tout autre, car on n'a pas proposé que celui-là, — a été introduit par l'Église elle-même au cours du temps pour enlever la paternité de l'Even-guilayon au Juif de rapport. C'est même une maladresse de l'attribuer ici à l'oncle du crucifié, car si c'est lui qui l'a écrite, qu'est-ce donc que le Ioannès de Pathmos ?

Or le sens de ces paroles est :

La Bête est Ieschou le Naziréen ;

Encore une fois, il est absolument impossible que ceci soit d'un rabbin. Elle a sept têtes, parce qu'il y a ce nombre de lettres dans les deux mots : Ieschou Nezer[7].

Les dix cornes sont Ieschou Nozri, et les dix diadèmes s'expliquent ainsi : une marquée au Iod, trois au Schin, six au Nun et au Tsadi[8].

Voilà tes dix diadèmes !

Et tout le reste de la chose concerne Ieschou d'une manière cachée, car le nombre 666 se trouve aussi dans les lettres Ieschou Nezer, qui mathématiquement représentent ce nombre.

j. — Dernier jeu de mots sur le titre mensonger d'Évangiles donné par l'Église aux Mahazeh et Toledoth canoniques

Et c'est ainsi que Siméon fabriqua tous les livres Avon kilayon dans le but de tromper ces hommes, comme l'avaient prescrit le roi et les docteurs.

Avon signifie péché, et kilayon, destruction. Destruction amenée par le péché de tous ces hommes. De sorte que le mot Évangile, appliqué aux écrits présentés sous ce titre par l'Église, est une amère dérision pour ceux qui savent ce qu'était et où tendait l'Even-guilayon.

 

II. — LA DATE DE NAISSANCE DE IEHOUDDA BAR-ABBA DONNÉE PAR L'ONCLE CLÉOPAS.

a. — 6 de thébet (janvier), jour anniversaire de la naissance

Voici un passage extrêmement remarquable, parce qu'il nous donne la date de la naissance de Iehoudda, telle qu'elle s'était transmise dans les synagogues barabbalâtres. C'est le sixième jour du quatrième mois de la Rosch ha schânai, le 6 janvier (thébet), par conséquent.

En effet, après avoir passé quelques temps dans la Tour d'Aïn, où était né son neveu, Cléopas convoque les habitants pour leur donner l'Avon kilayon. Et pour cela, il a bien soin de choisir le jour anniversaire où Eloï tint sa schabed envers les Juifs en leur donnant le fils de la Promesse. C'est le 6 du mois de thébet que les habitants de Gamala et des environs célébraient la naissance de ce fameux Marân, le Rabbi du Péré (Ane), et ils l'avaient encore célébrée en 789, à la date ihdiquée. Cléopas fait descendre le nuage de la famille, (le nuage de Monsieur est servi ! c'est celui que nous voyons fonctionner dans la Nativité selon Lue,) et voici ce qui se passe :

Le sixième jour du ...ième[9] mois, Siméon s'assit sur le nuage, et convoqua les Aïnites à la Tour, afin de leur donner l'Avon kilayon, leur ordonnant, quand il leur naîtrait des enfants, de les asperger d'eau, en mémoire de Ieschou, jadis lavé dans les eaux de Boleth, et de faire selon les préceptes qui leur étaient transmis dans l'Avon kilayon, et de ne pas vivre en guerre avec les Israélites, Ieschou lui-même se chargeant d'en tirer vengeance[10]. Ce qu'ayant entendu, les Aïnites répondirent qu'ils feraient comme il leur était dit.

b. — Revenu à Jérusalem sur son nuage, Cléopas rend compte de sa mission

Siméon étant revenu à Jérusalem, porté sur son nuage, les Aïnites croyaient qu'il était allé au ciel pour faire la guerre à leur foi par le moyen des Israélites. Mais, de retour à Jérusalem, Siméon conta toute la chose au roi et aux docteurs. Et tous se réjouissaient, le roi, les docteurs et tout Israël, et la guerre cessait entre les Aïnites et Israël.

 

III. — LA FIN DU THARTHAK DE IEHOUDDA.

On ne devait pas tarder à voir que Iehoudda n'aurait jamais émis les conseils pacifiques dont ce Mahazeh attribue la paternité au bon Cléopas, qui était honni des disciples de son neveu, à cause de sa modération et de sa sagesse.

En effet, nous voyons que, sous Néron, au temps où Agrippa II eut à se défendre contre les Aïnites, Ménahem, roi-christ, faisait encore porter à la tête de ses troupes le glorieux Péré, le divin Tharthak cornu, qui était l'enseigne militaire de la Sainte famille. Nous apprenons même que ses partisans aimèrent mieux brûler cette idole que de la voir tomber aux mains des hérodiens.

a. — Le Tharthak ou Péré, idole de la Sainte famille, brûlé par ses défenseurs assiégés dans Gamala

En ce temps-là, mourut le roi Hérode[11], et son fils lui succéda sur Israël. Ayant pris possession du trône, et ayant appris que les Aïnites s'étaient fabriqué une idole en l'honneur de Ieschou et de Myriam[12], et qu'ils opposaient cette idole au roi Hérode[13], il envoya des lettres leur ordonnant de se détourner de cette image idolâtrique, sinon ils auraient affaire à lui. Ces lettres parvenues dans Aïn, les Aïnites en expédièrent d'autres dans la région de Césarée, pour demander secours aux hommes de cette région et, la jonction opérée, porter la guerre chez les Israélites ; mais le roi de Césarée répondit qu'il ne voulait point de guerre avec les Israélites. Alors les Aïnites, privés du secours demandé, brûlèrent l'idole. Et ils étaient humiliés devant les fils d'Israël.

Cette humiliation se comprend, ils avaient perdu le signe du triomphe, et cela devant les dix tribus qui refusaient de marcher avec les Juda et les Lévi.

 

IV. — LA FIN DE LA SAINTE FAMILLE.

a. — Myriam ensevelie au Guol-golta. Monument de l'infamie de ses fils

Vers le même temps. il arriva que mourut Myriam, mère de Ieschou. Mais le roi ordonna de l'ensevelir sous le bois où avait été pendu Ieschou, et de pendre également les frères et les sœurs de Ieschou. On les suspendit donc et on éleva un monument de pierre sur lequel on grava cette inscription :

EN CE LIEU

FURENT SUSPENDUS LES ENFANTS DE TOUTES LES SOUILLURES,

ET LEUR MÈRE FUT ENSEVELIE SOUS EUX :

VOTRE MÈRE A ÉTÉ SUFFOQUÉE DE HONTE,

ETC.

Le Mahazeh ne sait pas que la Gamaléenne est morte à Ephèse, et il est bien excusable.

Mais il a tort de crucifier tous les fils du papas au même endroit que l'aîné. Nous n'en connaissons officiellement que deux dans ces conditions : Simon dit la Pierre et Jacob senior.

Pour ce qui est des sœurs de Iehoudda, il ne paraît pas qu'aucune ait été pendue au bois pour être lapidée ou crucifiée.

Cependant il n'est pas impossible qu'étant donné les impitoyables habitudes de férocité de la Sainte famille, même envers les femmes, il n'ait été fait justice de quelques-unes de ces forcenées par les moyens qu'elles aimaient voir appliquer aux autres. On sait qu'un des plus fameux docteurs Péréjim, Siméon ben Schetach, — celui-là même qui dans le Talmud est envoyé à Alexandrie par Salomé pour ramener son premier-né —, fit lapider soixante-dix-neuf femmes en un jour, à Ascalon, la face tournée contre l'arbre.

b. — Monument élevé par Ménahem dans le temple à la mémoire de ses parents

Il est absolument certain que la Gamaléenne n'a pas été enterrée au Guol-golta, mais il semble positivement qu'entré victorieux à Jérusalem et maître du Temple, Ménahem a fait dresser une manière de chapelle expiatoire, et célébrer des sacrifices, en l'honneur de ses parents martyrs de l'Even-guilayon.

Mais il vint des parents de Ieschou qui, après avoir volé ce monument, en élevèrent, au même endroit, un autre sur lequel on lisait ces paroles :

VOICI QUE L'ÉCHELLE EST POSÉE SUR LA TERRE[14]

ET LA TÊTE DE IESCHOU ATTEINT LES CIEUX[15]

ET VOICI LES ANGES DE DIEU MONTANT ET DESCENDANT[16], ETC.

QUE LA MÈRE SE RÉJOUISSE DE SES FILS !

ALLELUIA !

c. — Exécution de Ménahem et autres. Crevaison du nuage de famille et de tous ceux qui étaient dessus, excepté Cléopas

Ayant appris l'acte de ces méchants, le roi fit détruire le monument, et mit à mort environ cent hommes des parents directs de Ieschou. Alors Siméon Hakkalph alla trouver le roi et dit : Seigneur roi, donnez-moi la permission, et je chasserai de Jérusalem tous ces scélérats. Le roi répondit à Siméon : Va, le Seigneur soit avec toi ! Etant donc venu secrètement à ces égarés, Siméon leur dit : Levez-vous, montons à Aïn, et là vous verrez les miracles que j'ai faits par l'esprit de Ieschou et ceux que j'y ajouterai moi-même.

L'auteur du Mahazeh est bien renseigné. Les miracles de Jésus sont des miracles que n'ont jamais vu les contemporains de Iehoudda. Siméon offre de les leur montrer. Nous allons voir qu'il ne peut tenir parole.

Quelques-uns de ces misérables vinrent à Aïn ; d'autres quittèrent Jérusalem assis sur le nuage avec Siméon, mais en chemin Siméon résolut de les précipiter du nuage sur la terre, et ces vauriens moururent de leur chute.

Alors Siméon revint à Jérusalem et raconta le tout au roi. Et le roi en fut joyeux. Et depuis ce jour-là jusqu'à sa mort Siméon ne quitta plus la Cour du roi. Et lorsqu'il mourut, tous les Israélites le pleurèrent.

d. — Constatation d'un jeûne commémoratif de la mort de Siméon Cléopas tué dans le Temple avec Iehoudda papas

Et ils sanctifièrent le jour de sa mort par un jeûne qu'ils renouvelèrent chaque année. Et ce jour est le neuvième du mois de thébet.

Le jeûne du 9 de thébet (janvier) est, en effet, sur la liste des jeûnes, mais sa cause est restée inconnue des rabbins. Ceux du Moyen-âge l'ont cherchée, et l'un d'eux a avancé qu'il aurait été institué en mémoire du Grand-prêtre Ezra et de Néhémie ben-Hachalia, qui, dit-il, sont morts ce jour-là. Mais étant donné, comme il est dit plus bas, que, pour les disciples de Iehoudda, un Siméon Cléopas est monté au ciel, il est certain que le Mahazeh fait ici mention d'un jeûne observé dans la secte naziréenne en mémoire de Siméon Cléopas l'ancien, assumé avec son frère, le papas Iehoudda, dans l'Even-guilayon.

Les Juifs Kanaïtes, sans s'occuper de savoir, comme Flavius Josèphe, si ces deux hommes avaient lutté pour un gain particulier, pleuraient en ce jour la perte des défenseurs de la thora.

e. — Tradition, parmi les Gamaléens, de l'Assomption de ce Cléopas et de ceux qu'ils ne revirent point

Ceux des profanateurs qui étaient venus à Aïn, comme le leur avait persuadé Siméon et les hommes qui étaient avec lui sur le nuage, avaient été enlevés au ciel.

Leur Assomption est, en effet, racontée tout au long dans l'Even-guilayon.

 

V. — ÉPILOGUE.

a. — Les premiers apôtres de la barabbalâtrie

En voyant ce que Siméon avait ordonné aux Aïnites par le nom de Ieschou, ces vauriens le suivaient eux-mêmes. Et les Aïnites contractaient alliance avec ces ordures. Tous étaient des criminels, et parmi eux étaient les prophètes du Mensonge[17]. Et ces infâmes se mariaient avec les filles des Aïnites[18]. Et ils envoyaient des lettres dans les fies les plus lointaines avec l'Even-guilayon[19].

Ils n'y envoyaient pas que des lettres.

L'île de Chypre notamment fut évangélisée par Bar-nabi, qui semble bien être un des gendres de Salomé.

Ils décidèrent pour eux et pour leurs descendants de s'attacher fermement à toutes les paroles de l'Even-guilayon selon sa teneur.

b. — La barabbalâtrie à l'usage des goym

Il s'écoule plus d'un siècle entre l'Évangélisation visée dans le passage précédent, Évangélisation strictement pan-judaïque, et celle que vise le passage suivant, Évangélisation détournée de son sens primitif par Péréghérinos, et reprise en sous-œuvre par les aigrefins qui ont fabriqué les Lettres de Paul.

Et ils abolirent la loi de Moïse[20], se constituant pour sabbat le premier jour de la semaine, qui est le jour natal de Ieschou[21]. Et ils créèrent les autres usages et fêtes de mort[22]. C'est pourquoi ils n'ont point de part dans l'héritage d'Israël.

c. — Malédiction sur eux et paix sur Israël

Ils sont maudits en ce siècle et dans le Siècle futur.

Que le Seigneur bénisse son peuple et donne la paix à Israël !

Ce sont les paroles de notre maître, Rabbi

Jochanan ben-Zaccaï

A Jérusalem

Thav.

 

 

 



[1] Dans le ciel alors ? Car nous l'avons vu passer ses six derniers mois dans la Maison du Blasphémant sans communiquer avec personne. Sur la terre ? un seul homme est allé voir Siméon, et c'est Iehoudda. Il est impossible de dire plus clairement que dans la vie Iehoudda et Ieschou n'ont fait qu'un.

[2] La panthora, oui, nous la connaissons, elle est propre !

[3] Aujourd'hui Évangile selon S. Jean, IV, 48.

[4] Au lieu d'être Iehoudda, comme dans la circoncision.

[5] Il n'a donc pas mangé le Zib et vu la Ghelil ha nazirim.

[6] Commentaires sur Isaïe, ch. XXXV.

[7] A la condition toutefois d'en retirer les voyelles. Or, il résulte du passage cité plus haut que Cléopas les aurait, au contraire, introduites dans son Alphabet.

[8] Spéculation sur la forme hébraïque de ces lettres.

[9] Une main, rompue au faux, a remplacé quatrième par troisième, afin de donner le change sur l'indication chronologique fournie par l'auteur du Mahazeh, car le sixième jour du troisième mois nous place dans le Scorpion, tandis que le sixième jour du quatrième mois nous place sous le Capricorne, qui est le signe de la Nativité.

Ce changement, dû sans doute à quelque frère Raymond, a porté ses fruits chez  Huldrich : Il s'agit, dit-il, du sixième jour du mois de Sivan, qui est le cinquantième à partir de la pâque, et c'est celui où se célébrait la fête des Semaines, que nous appelons Pentecôte. Et ce n'est pas sans cause que notre infatigable calomniateur (l'auteur du Mahazeh) s'est arrêté à ce jour plutôt qu'à un autre. Cc qu'il a voulu, c'est pervertir le sens de la Journée, si glorieuse pour le Christ et pour les christiens, cette Pentecôte dont l'histoire est racontée au chapitre ii des Actes des Apôtres. Et il n'est pas possible d'en douter, quand nous voyons les nombreux traits de vérité que l'imposteur a corrompus ici. Car là où les apôtres et les habitants de Jérusalem sont assemblés d'un cœur unanime, ici ce sont les Aïnites, etc. s. Suit le parallèle. Et il est possible que quelque frère Raymond l'ait voulu faciliter, en remplaçant le quatrième mois de l'année vulgaire par le troisième à partir du 15 nisan. En tout cas, l'auteur du Mahazeh n'aurait songé à ce calcul que s'il avait admis l'authenticité de la pâque apostolique et de l'Eucharistie. Or il en est loin !

[10] Par la ruine de Jérusalem et la dispersion de ses habitants.

[11] Hérode Agrippa Ier.

[12] Elle d'abord. C'est par elle que le pouvoir du Péré (l'Ane) était entré dans la famille.

[13] Le Grand. On veut dire qu'au temps d'Hérode déjà, la Sainte famille opposa son père (en Kabbale Tharthak) à la famille iduméenne. Elle l'opposait déjà au roi Iannaos, rappelez-vous Juda ben Péréja.

[14] L'échelle de Jacob.

[15] Nous pensons que, d'après ses propres calculs, elle n'aurait pas pu atteindre plus de 144 mètres ou coudées.

[16] C'est précisément à Ménahem, sous le nom de Nath-ono-el (Lever de l'Ane), que le revenant de Iehoudda annonce, dans le Mahazeh de Cérinthe (I, 48-51), qu'il verra cela un jour. Or, il ne peut le voir qu'en étant lui-même au ciel. Voici le passage :

Nath-ono-el lui demanda : D'où me connaissez-vous ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t'appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t'ai vu. Nath-ono-el lui répondit et dit : Rabbi, vous êtes le fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israël.

Jésus répliqua et lui dit : Parce que je t'ai dit : Je t'ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses !

Et il ajouta : En vérité, en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme.

[17] Celui de Iehoudda bar-Abba, aujourd'hui Jésus-Christ : le Mensonge chrétien.

[18] Il y a eu là des mariages de toute autre sorte, comme à Sodome et à Gomorrhe.

[19] Que l'auteur du Mahazeh appelle à bon droit Avon kilayon.

[20] La circoncision.

[21] Nous avons déjà trouvé cette indication dans le Talmud. Elle ne peut être que vraie, l'auteur du Mahazeh connaissant aussi la date de naissance. Mais c'est pour une toute autre raison qu'après de longues tergiversations, les évêques barabbalâtres ont choisi ce jour pour commémorer hebdomadairement le Juif de rapport. Les premières synagogues-églises n'ont nullement senti le besoin d'un office hebdomadaire. Ce sont les aigrefins de Rome qui en ont eu la première idée, et qui ont fini par en faire une loi. Encore ne voyaient-ils dans cette institution religieuse qu'une pratique fiscale, dont la fréquente périodicité n'était pas le moindre mérite. Cf. sur ce point Le Mensonge chrétien, pet. édit, p. 620.

[22] Mot excellent à tous les points de vue.