LA SAINTE FAMILLE

 

QUATRIÈME PARTIE. — APPARITION DU VAURIEN DE L'ÉTRANGER

II. — LE VAURIEN DE L'ÉTRANGER SELON IOCHANAN BEN ZACCAÏ.

 

 

L'auteur de ce Vaurien de l'étranger[1] imite ce qu'a fait l'Église pour donner de l'autorité aux Toledoth canoniques, et autres parties du Nouveau Testament, en présentant le tout comme écrit avant la prise de Jérusalem par Titus. Il a mis son Mahazeh sous le nom de Jochanan ben Zaccaï, qui l'aurait écrit à Jérusalem quelques années après la crucifixion de Juda bar-Abba.

Il se peut bien d'ailleurs que Jochanan ben Zaccaï ait laissé quelque chose sur les fils du papas Iehoudda. Vice-président du Sanhédrin, qui les a condamnés tour à tour, il a vu périr Ménahem, le dernier d'entre eux, et il est mort environ deux ans après la chute de Jérusalem[2], soit 825.

 

PREMIÈRE PARTIE

I. — LE IESCHOU DE L'ÉTRANGER CHEZ LE PAPAS IEHOUDDA.

a. - La scène est à Jérusalem dans le texte actuel[3]

Voici. Au temps du règne d'Hérode le prosélyte, il y avait un certain homme appelé n Papas, fils de Iehoudda[4].

L'auteur tire ce nom du Talmud de Babylone.

La qualification de Papas convient doublement à Iehoudda, qui est en effet le père de la famille, et le père de la secte en partage avec son frère Siméon : père des sept Iehoudda qui se sont succédé jusqu'à Ménahem ; et père, tout autant que ben Péréja, de la secte des Juifs Péréjim (Christiens asinaires). Pour tous les rabbins contemporains d'Hérode, le père de celui que les goym appellent Jésus-Christ est Iehoudda Panthora, il n'en peut être autrement. Par conséquent, si la femme que les Toledoth canoniques appellent aujourd'hui Myriam a eu ses enfants d'un nommé Joseph, comme l'Église l'affirme aux nozrim, c'est qu'elle a trompé le papas Iehoudda avec cet individu.

Son épouse s'appelait Myriam, fille de Kalphas, et sœur de Rabbi Siméon Kakalph.

Le seul tort de l'auteur est de ne pas lui conserver le nom de Salomé, sous lequel elle était connue dans la Circoncision. Le reste est exact. Kalphas est Cléopas (Lévi), et si l'auteur eût ajouté que la mère de Salomé quitta Kalphas pour épouser Hérode le prosélyte, il aurait donné au lecteur la clef du mot Sota (adultère) qu'il va employer pour la fille.

C'est Cléopâtre qui fut la Sota, et non Salomé. Celle-ci est simplement la Sotada, fille de la Sota.

b. — Myriam la Parfumeuse

Avant d'être mariée, cette Myriam, cette fameuse Myriam, était parfumeuse de cheveux de femme.

Voilà les sottises qui commencent. Elles proviennent des endroits du Talmud où Myriam est dite la Parfumeuse. Le texte actuel les aggrave en disant qu'elle l'était avant d'être mariée : or elle était veuve depuis vingt-huit ans, lorsqu'elle a oint son fils aîné.

Mariée au Papas selon la loi de Moise et d'Israël, elle surpassait toutes les autres femmes par la beauté de ses formes. Elle était de la tribu de Benjamin.

Erreur, elle était de Lévi et de Juda, mais peut-être était-elle née dans la tribu de Benjamin, à Rama, par exemple, où un Toledoth canonique (Matthieu) la montre pleurant d'avance, en sa qualité de prophétesse, les enfants que ses ennemis lui tueront[5].

Son mari ne lui permettait pas de sortir de sa maison pour se montrer en public, mais il la tenait portes bien closes, de peur que les galants, attirés par ses charmes, n'eussent affaire avec elle.

Le commentaire est calomnieux, mais la pseudo-réclusion de la femme de Iehoudda résulte de la Nativité selon Luc, où, sous le nom d'Eloï-schabed, elle se tient cachée pendant cinq mois. Par conséquent, l'auteur du Vaurien de l'Etranger connaît très bien l'identité de Salomé avec Eloï-schabed. Mais comme le Ieschou ha nozri ne veut plus s'avouer fils de Iehoudda, et que, d'autre part, l'Église veut qu'Eloï-schabed soit la femme d'un nommé Zacharie, père d'un nommé Iohannès, baptiseur émérite, le nommé Joseph, qui n'entre en scène que le sixième mois dans la Nativité, ne peut être qu'étranger à la famille. Le voici justement qui arrive.

c. — Enlèvement de Myriam par Joseph Panthora le Naziréen

Mais il arriva qu'un jour, celui du jeûne des Expiations, ce coquin de Joseph Pandira, le Naziréen, passa sous ses fenêtres.

Malgré toute l'autorité de l'Église, les rabbins n'ont jamais voulu admettre que Panthora fut un soldat romain. La Sotada conservera une certaine mesure dans ses écarts : elle ne trompera son mari qu'avec un autre Juif, en état de naziréat, comme elle, c'est-à-dire ayant voué d'avance à Dieu son premier-né.

Il était lui-même d'une beauté distinguée, et ayant remarqué qu'en ce moment il n'y avait point d'homme au logis, il appela Myriam à haute voix : Myriam, Myriam, jusques à quand resteras-tu enfermée ? Elle alors, regardant par la fenêtre, lui répondit : Joseph, Joseph, de grâce, délivre-moi !

Il est remarquable que la rencontre de Joseph et de Myriam a lieu quelques jours avant l'Annonciation dans le Toledoth de Luc. Myriam, sous le nom d'Eloï-schabed (Elisabeth), était enfermée depuis cinq mois, et c'est cette réclusion qui lui pèse. Là encore le mensonge de l'Église, qui fait d'Elisabeth une femme autre que Myriam, va coûter cher à celle-ci. Car, dans le prologue de Luc, Elisabeth seule accouche au terme fixé. Quant à Myriam, quand accouchera-t-elle, maintenant que l'Église la distingue d'Elisabeth ? Le Toledoth de Luc laisse la chose à l'appréciation du premier venu. Notre Mahazeh va tirer parti de cette latitude.

Joseph alla donc, et apportant une échelle[6], il descendit Myriam par la fenêtre.

d. — Leur fuite et leur vie cachée à Bethlehem

Le mensonge du Toledoth canonique de Matthieu, qui fait naître à Bethléhem un enfant né à Gamala, va encore être fatal à Myriam, car, en accouchant si loin de sa demeure et du papas Iehoudda, elle donne à croire qu'elle a abandonné le domicile conjugal pour dissimuler sa faute.

Et ce même jour du jeûne des Expiations, tous les deux s'enfuirent de Jérusalem à Bethléhem, et passèrent quantité de jours sans être connus de personne.

Les jours pendant lesquels personne ne sut que Joseph et Myriam ont habité Bethléhem, s'élèvent à trois siècles pour le moins.

 

II. — NAISSANCE DU IESCHOU DE L'ÉTRANGER.

a. — Une terrible leçon de lecture donnée à l'Église par le Mahazeh

Or, Joseph coucha avec Myriam le jour même du jeûne des Expiations.

En prenant le jeûne des Expiations, le Yom-Kippour, comme point de départ des relations de Myriam avec Joseph, le Mahazeh suit l'interprétation que l'Église donne à la Nativité selon Luc, où, sous le nom d'Eloï-schabed, Myriam déclare qu'elle ne connaissait point d'homme auparavant, sinon son mari, un homme d'une vieillesse incalculable et d'une stérilité éprouvée. Myriam et Joseph forment donc un couple exceptionnellement infâme. Car il était défendu de faire un long chemin ce jour-là, que Dieu lui-même appelle le sabbat des sabbats ; et le seul contact de la femme était une souillure.

b. — Que, pour être un individu différent de celui qui baptisa, il faut que Ieschou vienne au jour six mois après l'Epiphanie

Elle conçut donc, et elle enfanta leschou le Naziréen au solstice d'été.

Naturellement.

Puisque l'Église la fait distincte d'Eloï-schabed qui, enceinte de six mois à l'équinoxe d'automne, a accouché au solstice d'hiver ; sous le Capricorne, Myriam, n'ayant été déflorée par Joseph Pandira qu'à l'équinoxe d'automne, ne peut accoucher qu'au solstice d'été, sous les Anes.

Église, cela t'apprendra à faire croire aux gens que Ioannès le Baptiseur et Ieschou font deux ! Car s'ils sont deux, c'est le Ioannès qui est né le 6 janvier, et c'est sa nativité que tu célèbres le 25 décembre. Il faut donc que le Ieschou étranger soit né six mois après ; sinon le Baptiseur et Ieschou sont le même homme, ce que le Mahazeh sait depuis longtemps, ne fût-ce que par le Talmud, par le Coran, si le Coran l'intéresse, et surtout par la Nativité selon Luc, qui est celle d'un seul enfant et non de deux.

Quant au papas Iehoudda, il ne daigne même pas faire rechercher sa femme, qui pratique le plus large adultère à quelques kilomètres de Jérusalem ; il ne lui donne même pas de lettre de divorce. Joseph se sent donc encouragé.

c. —Naissance d'autres fils et tilles à Myriam et à Joseph Elle conçut de nouveau, et enfanta des fils et des filles

Tous de Joseph Pandira, car il est juste de reconnaître qu'elle lui est absolument fidèle. Et elle paraît très honorée de tous les habitants de Bethléhem. C'est sans doute pour cela que le papas Iehoudda ne donne aucun signe de mécontentement. Au contraire, il bénit de loin cette admirable série d'enfants adultérins : sept fils et deux ou trois filles.

 

III. — DOUZE ANS APRÈS.

a. — Myriam découverte, et dénoncée au papas Iehoudda

Longtemps après la naissance de ces enfants adultérins, vint de Jérusalem à Bethléhem un homme qui, voyant Joseph avec Myriam, reconnut immédiatement celle-ci ; mais, devant elle, il garda le silence et revint à Jérusalem, où il annonça au papas que sa femme se souillait avec Joseph Pandira le Naziréen, et lui faisait des enfants bâtards.

b. — Plainte du papas Iehoudda à Hérode

A ces nouvelles, le papas alla trouver Hérode, et éclatant en sanglots amers, raconta l'affaire au roi : sa femme se souillant avec Joseph Pandira le Naziréen, et procréant tous ces enfants adultérins et bâtards. Et immédiatement à bruit s'en répandit à la Cour du roi et dans Jérusalem toute entière.

Par conséquent, lorsqu' Hérode est mort, Salomé, qu'on appelle ici Myriam, avait déjà sa dizaine d'enfants. Or, comme Hérode est mort en 750, la naissance de Iehoudda, premier-né du papas, ne peut être postérieure à 740. Je ne me trompe donc pas lorsque, d'accord avec Matthieu, je la place dans l'année de deux arts : 738-739. Quant au mois et au quantième, l'auteur du Mahazeh les connaît parfaitement, comme on le verra plus loin : c'est le 6e jour de thébet (janvier).

 

IV. — LE DÉPART POUR L'ÉGYPTE.

a. — Le chameau du Gamaléen et de la Gamaléenne

Ce qu'apprenant, des hommes, les plus proches parents de Joseph Pandira, allèrent le mettre au courant de ce qui se passait : Sauve-toi, Joseph, car tu es condamné à mort ! On sait tout dans la maison du roi ; le roi lui-même est enflammé d'une colère furieuse contre toi, contre Myriam et contre les enfants adultérins que tu lui as faits ! Joseph ayant donc pris Myriam avec ses fils et ses filles, les mit sur un Gamel, et ils s'enfuirent ainsi de Bethléhem en Égypte.

Ils tiennent à onze sur le même chameau !

Le Mahazeh savait bien qu'il y a du Gamel dans l'existence de tous ces gens. C'est donc bien de ce chameau, purement orographique, que vint à Iehoudda et à Salomé l'appellation de Gamaléen et de Gamaléenne.

b. — Défiguration des exploits de la garde gauloise d'Hérode contre les partisans de la Sainte-Famille

Presque dans le même temps Hérode vint à Bethléhem, recherchant Joseph, Myriam et leurs enfants pour les lapider tous, mais il ne les trouva point. Le roi fit donc un édit ordonnant de tuer tous les enfants de Bethléhem, ce qu'exécutèrent les cavaliers du roi[7] ; ils mirent à mort tous ces enfants ; et le roi, après l'exécution de ses ordres, revint à Jérusalem.

 

V. — RETOUR À GAMALA-NAZIRETH.

a. — Joseph et Myriam à Nazireth, sous leurs vrais noms

Beaucoup de temps après, comme l'Egypte souffrait d'une famine[8], Joseph et Myriam se retirèrent dans Canaan[9] avec leurs enfants, et fixèrent leur demeure à Nazireth[10], leur ville natale, mais ils changèrent leurs noms.

Ils ne changèrent nullement leurs noms, ce sont les évangélistes qui les ont changés, et c'est la cause de toutes les confusions que nous avons essayé de dissiper, de toutes les calomnies que nous nous sommes efforcé de combattre ; Le Mahazeh dit la vérité. Joseph n'est pas le nom sous lequel ses contemporains ont connu le papas ; ce nom, c'est Iehoudda. Myriam n'est pas le nom sous lequel ils ont connu sa femme ; ce nom, c'est Salomé. Et Nazireth, c'est Gamala.

Voilà toute la famille revenue sur son Chameau.

 

VI. — A L'ÉCOLE DE IESCHOUA BEN PÉRÉJA.

a. — L'Apocalypse de Ieschoua ben Péréja, substance de l'Even-guilayon La scène est à Jérusalem, alors qu'elle devrait être en Égypte.

Pendant ce temps, ce fils d'adultère de Ieschou avait grandi. Et étant venu à Jérusalem, où il étudiait à l'école de Ieschoua ben Péréja, il y fit tant de progrès qu'il y apprit même l'Œuvre du Char[11] et le Signe secret[12] du nom essentiel.

L'Even-guilayon ou Livre des Phurim (Sorts) du monde, que son père lui avait transmis, était celui de Ieschoua ben Péréja, voilà ce qui ressort de tout cela. Le Mahazeh tire ses renseignements du targum dans lequel le Talmud mêle à l'éducation kabbalistique du Baptiseur son arrière-grand-père, mort depuis longtemps.

 

VII. — LA PARTIE PERDUE.

a. — Targum prophétisant que Ieschou ne revêtira jamais les vêtements du Grand-prêtre

Il y a dans ce targum quelque écho de l'affaire de la Piscine du Siloé, où, en 778, Iehoudda bar-Abba chercha querelle au grand-prêtre Hanan, beau-père de Kaïaphas.

On suppose que Ieschou s'est saisi par la ruse des vêtements du Grand-prêtre, qu'il a mis sur sa tête le mitznefet, la tiare avec la lame d'or sur laquelle est le nom de Iehova, et qu'il joue avec le meïl (rochet) pour narguer Hanan.

Il arriva que, Ieschou jouant à la balle avec le meïl du Grand-prêtre, proche le tribunal du Gazith, sur la montagne du Temple, la balle roula par hasard jusque dans la vallée de la Piscine[13]. Alors, de dépit, Ieschou, se décoiffant avec colère, jeta la mitznefet (tiare) par terre et la mit en lambeaux.

La balle lui a échappé, il a perdu la partie ! Il prévoit qu'il perdra les suivantes. De là sa fureur.

En 778, le Sanhédrin siégeait encore au Gazith, et ce nom n'est pas employé au hasard par le Mahazeh. Car c'est au Gazith que furent menés Iehoudda et son frère cadet, Simon, plus tard la Pierre. Iochanan ben Zacce, sous le nom de qui on a mis le Mahazeh, est précisément un de ceux qui, émus par la fréquence des attentats contre le Gazith, proposèrent la translation du Sanhédrin au Hanôth.

Les enfants qui jouaient l'avertirent qu'il eût à la ramasser (la mitznefet) et à la remettre sur sa tête (parce qu'il ne convenait pas d'être tête nue) ; mais Ieschou répondit : Moïse n'a pas ordonné cela dans la Loi, et pour ce qui est des additions des docteurs (dont les ordonnances sanctionnaient cette coutume), il n'y a rien de solide en elles.

Par conséquent, il restera tête nue jusqu'au jour où, selon son propre Évangile, il ceindra la mitznefet, c'est-à-dire le 15 nisan 789, à la pâque des Poissons de mille ans. En cela, les enfants des Jérusalémites peuvent jusqu'à un certain point reconnaître en lui le Nazir qu'ils ont vu, quand ils étaient, eux et lui, dans le monde.

b. — Conclusion unanime des docteurs : Rabbi Akiba renie Ieschou

En ce temps-là, dans l'école située en face (du Gazith), siégeaient Rabbi Eliézer, Rabbi Joseph ben L. (Lévi sans doute), et Rabbi Akiba, et ils entendirent ce qu'avait dit Ieschou.

Ils ne sont pas contents, surtout Rabbi Akiba, jadis partisan acharné de Iehoudda, et qui ne peut reconnaître le fils du papas et de Salomé dans ce Ieschou que les nozrim lui renvoient avec une généalogie où son père s'appelle Joseph et sa mère. Myriam. Il est mort sans avoir jamais rien soupçonné d'un tel toledoth.

L'exégète Huldrich reproche au Mahazeh d'avoir introduit un Akiba dans l'entourage de Ieschou : c'est, dit-il, un trait d'ignorance, par les raisons que voici[14] :

Rabbi Akiba a été mis à mort cinquante-deux ans après la chute de Jérusalem ; davantage, selon quelques-uns. On dit qu'il a vécu cent-vingt ans. Il faut donc qu'il en ait eu environ soixante-dix, lorsque Jochanan ben Zaccaï, l'auteur supposé du Mahazeh, a rendu l'esprit. Or, on tient qu'il a vécu quarante ans sans rien savoir de la Loi ; qu'il en a passé quarante à l'étudier, et quarante à la professer publiquement dans Israël. Si l'on considère qu'il a vécu ses quarante premières années dans l'ignorance complète de la Loi, il n'a vécu à l'état de docteur et de Rabbi, avec Jochanan ben Zaccaï, que pendant trente ans ; il est impossible qu'il ait fait passer un examen à Ieschou dans l'Académie de Jérusalem, puisqu'au moment où le fait se serait passé, il ne possédait pas encore le rang qu'il eût fallu. Donc l'épisode est une imposture de Jochanan ben Zaccaï. C'est tout au moins une invention du Mahazeh, et le raisonnement d'Huldrich ne manquerait pas de portée, s'il n'y avait jamais eu qu'un seul Akiba ; mais il y en a eu plusieurs, tous partisans de l'Even-guilayon, et dont aucun n'a vécu cent-vingt-ans.

Rabbi Eliézer commença donc de dire : A la manière dont celui-ci profane toute pudeur, on voit bien que sa mère avait ses menstrues, quand elle l'a conçu !C'est le fils d'un souillé, dit Rabbi Joseph ben L...

Conçu en un tel moment, il a une souillure dont son auto-baptême n'a pas pu le laver, car elle est sous la peau, dans sa propre chair, dans son propre sang. Il est condamné dans sa conception même, car, disaient les rabbins (et c'est ainsi que le papas eût raisonné) : Celui qui voit sa femme pendant qu'elle a ses menstrues, ses fils ne vaudront rien... L'homme scrupuleux ne succombe pas facilement ; celui qui n'a pas honte, ses parents n'étaient pas au Mont Sinaï, il n'est pas de leur semence... Ses fils sont de la semence de rebelle, des fils de mère sans pudeur.

— C'est un bâtard, ajouta Rabbi Akiba, et il montre bien ce que sont le père et la mère.

Le fait est que, pour un Kanaïte comme Akiba, ils sont aussi méprisables que méconnaissables, puisque, dans le Toledoth canonique de Luc, on les voit aller jusqu'à Bethlehem pour payer tribut à la Bête Ieschou ha nozri est donc un Vaurien inconnu de sa génération.

c. — Protestation de Ieschou lui-même : Son père ne s'appelait pas Joseph, sa mère ne s'appelait pas Myriam

Et étant sorti de l'école, Rabbi Akiba demanda à Ieschou dans quelle ville il était né.

Ieschou répondit : Je suis de Nazireth : le nom de mon père est Mézaria, celai de ma mère Karehah.

C'est curieux, le Toledoth de Luc et celui de Matthieu ont beau faire naître le Vaurien à Bethléhem, Ieschou, quand c'est Rabbi Akiba qui l'interroge, répond qu'il est né à Nazireth. Il n'a jamais entendu dire que son père eût nom Joseph, et sa mère Myriam. Serait-il mort avant que ces pseudonymes aient été mis en circulation ?

De son côté, Rabbi Akiba accepte sans protester le lieu de naissance et les noms que lui cite Ieschou. Serait-il mort, lui aussi, sans avoir connu les Toledoth canoniques ?

Les noms que Ieschou donne à son père et à sa mère en sont la preuve. Car Mézaria veut dire qui afflige, et Karehah, qui fait les cheveux ras. Or tous les lecteurs de l'Even-guilayon savent que les cheveux ras sont le signe extérieur de l'affliction, surtout quand ils sont couverts par le sac de cendres[15]. Ainsi, le papas Iehoudda et sa femme Salomé méritent absolument les noms que leur donne ici Ieschou. Ce sont des noms à clef. Rabbi Akiba, qui s'est rasé les cheveux en 788, saisit du premier coup.

 

VIII. — RABBI AKIBA À GAMALA-NAZIRETH CHEZ LA VEUVE DU PAPAS IEHOUDDA.

Rabbi Akiba alla donc à Nazireth, et demanda aux habitants où était la demeure de Mézaria, uni en mariage avec Karehah. Et ils lui montrèrent la maison : il n'y trouva pas le mari, mais seulement la femme.

Comme la situation change, quand on met le pied à Gamala ! Les habitants ne connaissent ni un certain Joseph ni une certaine Myriam, qui ont fabriqué une masse d'enfants au papas Iehoudda ; ils ne connaissent qu'un ménage régulier et honorable. Mézaria et Karehah sont unis en légitime mariage, les enfants de Mézaria sont de lui. Point d'adultère, point de bâtards, comme à Bethléhem. Seulement, le mari n'est jamais chez lui, quand on va voir sa femme ! C'est déjà ainsi dans les Toledoth canoniques, et cela s'explique : le papas Iehoudda est mort depuis le Recensement de 760 !

Ma fille, lui dit-il, c'est un singulier effet de la Providence de Dieu que ton mari ne soit pas à la maison ! Je te prie donc, au nom du Seigneur, le Dieu des cieux, de m'apprendre ce que tu fais ici et ce que tu as fait jadis. Et si tu me racontes le tout fidèlement, je te promets le Siècle futur.

L'épouse lui répondit : Jure-le moi par le nom du Seigneur. Immédiatement Rabbi Akiba prêta le serment, mais de bouche, car de cœur il n'en faisait rien.

a. — Aveu de la fausse situation que font à la veuve et au mari défunt les changements de nom opérés par les rabbins évangélistes

Alors l'épouse lui dit : Je suis Myriam, sœur de Siméon Hakkalph[16], et, femme du papas ; je me suis enfuie avec Joseph Pandira, et il m'a fait des enfants adultérins à Bethléhem. Dans le temps où Hérode y est venu pour nous lapider, nous avons fui en Egypte ; de là, une famine sévissant, nous sommes revenus ici, où nous avons changé nos noms, pour que les hommes ne nous connaissent point.

Oui, voilà ce qu'on a fait de nous, mon pauvre Akiba ! C'est du propre !

En apprenant que Iehoudda (Mézaria) et Salomé (Karehah) sont devenus l'un Joseph, l'autre Myriam, et ressemblent si peu à leur passé que, sous ces pseudonymes, ils peuvent être accusés d'avoir conçu leurs enfants d'un commerce adultère,

Rabbi Akiba déchira ses vêtements, et parla ainsi à l'épouse : C'est à bon droit que ton mari est dit Mézaria, parce qu'il a fait l'œuvre des plaies[17] des Egyptiens ! Et ce n'est pas sans raison que tu es appelée Karehah, car tu as fait les cheveux ras en Israël !

Qu'eût-ce été, si elle avait révélé à Rabbi Akiba que, selon l'Église catholique, apostolique et romaine, Panthora était un soldat de Tibère, une semence de bétail ? On frémit rien qu'en y pensant !

Mais l'ex-Salomé de Gamala ne dit rien de semblable. Elle dit simplement ce que les Toledoth canoniques la forcent à dire d'elle-même, depuis qu'ils ont changé son nom en Myriam, et celui du papas Iehoudda en Joseph !

Akiba lui-même, qui, en 789, donnait un sens laudatif aux mots Mézaria et Karehah revient complètement sur cette interprétation.

Les mézarim que Moïse a faites aux Égyptiens, le papas les a faites à son pays ! La famine, succédant à la sécheresse, tous les maux qui ont accablé les Juifs, particulièrement les Jérusalémites, c'est au papas Iehoudda qu'on les doit ! Jochanan ben-Zaccaï eût signé cela des deux mains, comme l'a signé Flavius Josèphe. Iehoudda bar-Abba lui-même, dans son Even-guilayon, constate la joie qu'éprouvèrent tous les Juifs, lorsque son père et son grand-père furent tués, tant ces deux prophètes ont tourmenté les hommes !

Pour ce qui est de Salomé, les malheureux Juifs peuvent bien le constater ici, c'est à cause d'elle que la désolation finale est arrivée ! Les cheveux longs de son fils ont fait les cheveux ras (le deuil, la misère et la dispersion), en Israël : le chrisme du Nazir est par lui-même le mal qui les contient tous : la chute de Jérusalem y était en puissance.

C'est cette opinion-là, et non la sienne, qu'exprime Nath-ono-el[18] dans le Mahazeh de Cérinthe, lorsqu'il demande : Quelque chose de bon peut-il venir de Nazireth ?[19] Jésus ne répond point, parce qu'il est chargé de mentir aux goym, mais, s'il répondait selon le cœur de l'Église, il répondrait : Oui, il en peut venir le revenu du baptême.

 

IX. — TARGUM DES CHEVEUX COUPÉS.

a. — Les docteurs coupent eux-mêmes les cheveux du Vaurien

Etant donc revenu à Jérusalem, Rabbi Akiba rendit compte à Rabbi Eliézer et à Rabbi Joseph ben L... de ce qu'il avait fait. Alors ils allèrent dans l'école de Rabbi Ieschoua ben Péréja, et appréhendant Ieschou (que sa mémoire et son nom soient abolis !), rasèrent en forme de couronne les cheveux de sa tête, et lui lavèrent la tête dans les eaux de Boleth (Destruction), afin qu'il n'y poussât plus de cheveux ; car c'était la coutume de marquer ainsi les bâtards[20], pour les empêcher de se mêler à l'assemblée d'Israël.

Ils n'attendent pas que Pilatus lui coupe les cheveux !

D'eux-mêmes ils lui enlèvent le signe de son naziréat, signe de la régularité de sa naissance, en même temps que de ses prétentions messianiques. De plus, en lui lavant la tête avec les eaux qu'il avait déterminées aux Juifs non davidistes et aux goym, et qui sont des eaux de mort ou des eaux empoisonnées, d'avance ils frappent d'inefficacité son auto-baptême, lorsqu'il voudra se laver dans les eaux de régénération. C'est au futur baptiseur qu'ils en ont : car ses cheveux ne devant plus repousser, ils le mettent au-dessous des ouailles qu'il baptisera ; ils l'empêchent de pouvoir jouer au Messie ; ils lui font, avec une aggravation sensible, ce que Dalila fait à Samson. Sa mère ne pourra plus ni lui diviser les cheveux en sept nattes ni les oindre de parfums.

b. — Aveu qu'Hérode est mort sans avoir massacré d'innocents à Bethléhem

Ces docteurs craignirent de révéler au roi que Joseph et Myriam vivaient à Nazireth, de peur qu'à cause de ceux-ci le roi ne ruinât toute la ville.

Ceci est une précaution du Mahazeh pour expliquer comment, après avoir si bien essayé de lapider Joseph, Myriam et leurs enfants, quand ils sont à Bethléhem, Hérode les laisse si tranquilles quand ils sont à Nazireth. Il faut donc que, pour Hérode, Joseph et Myriam soient toujours en Egypte avec leurs enfants.

Notons que nous sommes pour le moins en 778, puisque nous avons franchi l'affaire de la piscine du Siloé, et qu'Hérode est mort depuis 750 !

 

X. — TARGUM DU NOURRISSON JUSTICIER ET DES MAMELLES DE LA NOURRICE ADULTÈRE.

Cependant Ieschou commence à trouver qu'on le traite en véritable étranger dans son propre pays. On lui a changé son père, on lui a changé sa mère, on lui a changé son lieu et sa date de naissance, il ne se reconnaît plus lui-même. L'aurait-on changé, étant en nourrice ?

Il arriva qu'ayant connu par là sa bâtardise, et se voyant déshonoré par la marque que les docteurs avaient imprimée à sa tête, Ieschou s'en alla, à Nazireth, trouver sa mère. Là, feignant de souffrir d'un grand mal de dents, il assura à sa mère qu'au cours de ses études à l'école. Il avait appris un remède éprouvé contre les douleurs de dents et consistant en ceci : que la mère du malade place ses seins entre les deux battants de la porte ; si le malade les suce, il recouvrera la santé. La mère répondit bonnement, sans soupçonner le moindre mal : Va, mon fils, je vais placer mes seins entre les deux battants, suce-les ! Et elle les plaça comme elle l'avait dit ; mais fermant les portes, Ieschou blessa gravement les seins de sa mère et lui parla ainsi : Je ne te lâcherai pas que tu ne m'aies appris pourquoi tu m'as mis au monde[21], et ce que tu as fait autrefois.

Ceci est contre le mot des disciples au revenant de Iehoudda dans les Toledoth du canon : Heureux le sein qui t'a porté ! Heureuses les mamelles qui t'ont allaité ! Notre Mahazeh, au contraire, fait voir par cet exemple, d'une invention stupide, mais conforme à la perfidie du nourrisson, combien il est fâcheux pour Myriam elle-même qu'elle ait produit un pareil monstre !

a. — Les mamelles prises entre les deux battants de la porte de sa maison, Salomé, sous le nom de Myriam, se reconnaît adultère avec Joseph envers le papas Iehoudda

Alors sa mère lui répondit : Tu es un bâtard, car j'ai un autre mari dont le nom est papas (Iehoudda). Ton père Joseph m'a acceptée pour femme sans que mon mari m'ait signé une lettre de divorce[22] ; tous mes autres enfants sont aussi des bâtards !

C'est incontestable, si Joseph et le papas Iehoudda ne sont pas la même personne.

b. — Tradition constatant la mort tragique du Joseph des Toledoth canoniques

Ce qu'ayant entendu, Ieschou s'en alla enflammé de colère, et tua son père Joseph[23].

Il est bien vrai que le papas a fini de mort violente, et loin de chez lui ; vrai aussi que son fils aîné a commis au moins un assassinat (celui d'Ananias et de sa femme), mais nous savons tous que ce ne fut pas un parricide. Malgré le silence des évangélistes sur la façon dont leur Joseph a quitté la terre, et en dépit de la suppression du texte de Flavius Josèphe sur la mort du papas Iehoudda, la tradition unanime des synagogues porte que le Joseph des Toledoth canoniques est mort tragiquement, ce que, d'autre part, ces écrits dolosifs reconnaissent de lui sous le nom de Zacharie, ajoutant qu'il a été tué dans le temple même.

Ensuite, s'enfuyant, il retourna de Judée en Galilée.

 

XI. — L'ÉVANGÉLISATION.

Voyant que les fils d'Israël évitaient sa compagnie et l'appelaient du nom de .....[24] (que sa mémoire s'efface et que son nom soit aboli !). Ieschou se disait en lui-même : Je n'ai point de part dans le Dieu d'Israël. Il s'en alla donc, expliquant la Loi d'un front sans pudeur, et non comme on doit l'interpréter d'après les traditions des maîtres.

a. — L'entourage de Ieschou identique à celui de Iehoudda

Sa société était d'hommes perdus d'orgueil et de folie. A sa compagnie s'étaient joints des charlatans comme Siméon, et Mathias, et Elikum, et Mardochaï, et Toda, dont Ieschou changea les noms : Siméon en Pierre, à l'imitation d'une pierre, parce qu'il était le premier[25] ; celui de Mathias en Mataios, parce qu'après lui il s'employa à tromper ; Elikum, il l'appela Lukas, parce que celui-ci était chargé de le répandre parmi les nations ; Mardochaï, il l'appela Marcus, parce qu'il est dit : Ils me tirèrent des vanités, me choisirent pour chef et tête (prince) devant les hommes vains. Enfin Toda, il l'appela Goël[26], parce que celui-ci fit comme lui et témoigna de lui selon ses ordonnances.

Ils sont cinq comme dans le Talmud[27], et pour la même raison ; mais leurs noms diffèrent et les personnes aussi : on n'en voit aucun qui se serait appelé Boni. Loucas le Cyrénéen est l'apôtre de Iehoudda parmi les Juifs établis à l'étranger ; et par l'exactitude, ce détail est digne du vrai Jochanan ben Zaccaï. Mais la falsification la plus importante de ce passage est que frère Raymond Martin fait certifier par Jochanan ben Zaccaï l'authenticité du fameux calembour : Pierre et la pierre, sur lequel est bâtie l'Église.

Naturellement, ni le Talmud, ni ce Mahazeh, ni celui que nous donnons plus loin, personne enfin, n'a connu de Iochanan, apôtre préféré de Ieschou. C'est cependant cet apôtre qui aurait été nommé avant tous les autres, s'il ne faisait pas qu'un avec le Ioannès baptiseur. Il a donc fallu que l'Église l'introduisît dans le texte actuel. C'est à quoi elle a pourvu dans le passage suivant.

 

XII. — ADDITION A LA LISTE DES MEMBRES DE LA SAINTE FAMILLE, D'UN IOHANNOS QUI SE SERAIT APPELÉ EN CIRCONCISION IOCHANAN.

A eux s'ajouta l'illustre charlatan, le Signe précurseur des hommes imposteurs[28], Iochanan, dont il (Ieschou) convertit le nom en Iohannos (Signe de l'An d'Ieou), à cause des signes que Ieschou fit devant lui par la vertu du Nom essentiel.

Ah ! la maladroite rédaction ! Et que tout ce travail est mal fait ! On y constate une chose qui suffit à la découverte de la véritable identité du Baptiseur : Iohannos n'est pas son nom de circoncision, c'est son état de signe précurseur des miracles qu'il devait faire, qu'il n'a pas faits, mais que les Toledoth canoniques lui font faire sous les espèces de Ieschou ; de sorte que ce n'est pas Iochanan, mais Ieschou, qui doit être appelé Iohannos : celui qui fait les miracles, et non celui qui les voit.

Cela nous ramène aux Toledoth synoptisés, où Hérode Antipas et les disciples eux-mêmes, ressuscités par les évangélistes, disent de Ieschou : Celui-ci est Ioannès le baptiseur, ressuscité des morts, et c'est par lui que Ieschoua fait ses signes.

Il y a une chose également que notre Mahazeh a très bien vue, avec Cérinthe, avec Valentin, avec le Talmud, avec le Mahazeh que nous donnons plus loin, avec tous les gens sérieux enfin, c'est qu'il n'y avait jamais eu deux Jean au Jourdain, l'un qui baptisait, et l'autre qui, après avoir reposé sur le sein mystique du Ieschoua et habité Pathmos, aurait écrit l'un des quatre Toledoth canoniques.

a. — Preuve que, malgré toutes les fourberies de l'Église, l'individu qui fut crucifié est bien celui qui avait baptisé

Ce Iohannos conseilla à Ieschou de commander à tous les hommes qui étaient avec lui de laver leur tête dans les eaux de Boleth (Destruction), afin de notifier par là à tous qu'ils étaient les sectateurs de Ieschou. Mais Ieschou leur expliqua mensongèrement la Loi ; et à quiconque venait à lui il lavait la tête dans les eaux de Boleth, pour que ses cheveux ne pussent plus repousser et que tous connussent qu'il était le Nazir.

Ici, ce n'est pas Iohannos qui administre les baptêmes, comme dans les Toledoth canoniques : c'est Ieschou. Ils ne peuvent pas baptiser tous les deux à la fois, puisqu'ils n'ont été qu'un dans le monde. Notre Mahazeh n'admet pas que l'un ait été baptisé par l'autre, l'ombre par le corps, puisque, dans l'histoire de 788, c'est le Baptiseur qui s'est baptisé lui-même. Aussi avec quelle tendresse Iohannos reçoit ce fils adultérin et parricide ! Et des deux, s'ils avaient été deux, quel est le Nazir ? Quel est celui qui eût pu se dire le Messie ? Est-ce Iohannos, à qui les docteurs laissent sa chevelure, ou Ieschou à qui ils viennent de la raser ?

b. — Demeure habituelle de Ieschou à l'Aïn Gamel. Traces de sa fuite devant les soldats d'Hérode Antipas

La nouvelle de ces choses parvint aux docteurs et au roi lui-même. Le roi envoya donc des émissaires pour arrêter Ieschou et ses sectateurs, et les conduire à Jérusalem. Mais des hommes de la Loi informèrent Ieschou de ce qui l'attendait, et le poussèrent à s'enfuir, parce que le roi le recherchait, lui et ses compagnons, pour les mettre à mort. Et tous s'enfuirent d'Aïn dans le désert.

Certes l'Aïn (fontaine), dont il est question ici, peut être Képhar-aïn, mais nous verrons bientôt qu'il s'agit de l'Aïn Gamel (la fontaine de Gamala).

 

XIII. — CONSTATATION QUE LE FRÈRE COGNOMINAL (IEHOUDDA TOÂMIN) DU BAPTISEUR EST CELUI DES DEUX QUI EUT LA TÊTE TRANCHÉE.

Etant donc venus, les satellites d'Hérode ne les trouvèrent point, excepté Iohannos, qu'ils arrêtèrent et conduisirent au roi, lequel ordonna que Iohannos pérît par le glaive. Ils exécutèrent les ordres du roi, tuèrent Iohannos, et suspendirent sa tête à la porte de Jérusalem.

Ici le texte primitif du Mahazeh a été terriblement remué pour y introduire l'imposture de la décapitation de Saint-Jean-Baptiste.

Mais le détail de la tête suspendue à la porte de Jérusalem est vrai de Theudas, et confirme le fait que Theudas est un bar-Iehoudda, un frère de celui qui baptisa en 788. Car Iohannos est encore vivant, et nous allons le voir entrer en scène. La décapitation du Baptiseur a été introduite dans les Toledoth synoptisés plus de trois cents ans après sa crucifixion. Ceux qui l'ont introduite ici ont oublié que, pour être conforme à la mystification ecclésiastique, elle ne doit point avoir lieu à Jérusalem, et que la tête doit rester aux mains d'Hérodiade !

 

XIV. — LE TRUC DE L'ÉVEN (LA PIERRE FLOTTANTE).

a. — Ieschou porté sur les eaux, comme Iehoudda bar-Abba et comme l'Esprit de Dieu dans la Genèse

Vers le même temps, Ieschou rassembla les habitants d'Aïn, et devant eux fit des miracles, comme de se tenir sur la mer, porté par une pierre de meule.

b. — Il annonce qu'il régnera mille ans

Alors il se manifesta, disant de lui : Je suis Dieu, et le fils de Dieu ; ma mère a été fécondée de l'Esprit de Dieu, je suis sorti de son front[29], et ma mère était vierge quand elle m'a enfanté. Et c'est de moi qu'ont parlé tous les prophètes comme étant le vrai Goël (Vengeur). Et quiconque croira en moi aura sa part dans le Yom (Mille des Poissons) qui vient. Tous les habitants d'Aïn crurent donc en lui, car il avait fait beaucoup de signes parmi eux par la vertu du Nom infini.

e. — Fixation par Ieschou lui-même de la date de l'Année des Baptêmes

L'année des baptêmes était non seulement sabbatique, mais proto-jubilaire, et elle terminait un Yom de mille ans (le Yom-Verseau) :

Et Ieschou déclara qu'il fallait abolir la Loi selon la parole du Psalmiste (Psaumes, CXIX, 126) : Le temps est venu de vous donner votre Seigneur, et ta Loi deviendra inutile[30] ; que le temps était venu de rendre la Loi sans objet ; que la génération avait atteint le Millénaire écoulé depuis les jours de David ; que David avait dit (Psaume CV, 8) : Il (Dieu) a donné sa parole pour mille générations. Tous se levèrent donc et violèrent le Sabbat.

Au mot Millénaire, Huldrich, l'éditeur de ce Mahazeh, ne sait comment retenir son indignation ! Entendre de telles choses ! Ce Juif ment, s'écrie-t-il, il ment avec la plus grande impudence ! Jamais le Christ n'a dit cela ! Il n'a pu le dire que s'il a voulu mettre contre lui les disciples ; et ceux-ci n'étaient pas tellement absurdes qu'ils pussent ajouter foi à ces billevesées ! Car saint Matthieu, apôtre du Christ, compte vingt-huit générations successives depuis David jusqu'à Jésus.

N'en déplaise à Huldrich, notre rabbin a parfaitement connu le caractère millénariste de l'entreprise du Vaurien, il a parfaitement indiqué que l'année de sa manifestation était non seulement sabbatique, mais proto-jubilaire ; et si l'Église avait laissé cette indication dans les Toledoth canoniques, ses dupes ne l'auraient jamais suivie, ni lorsqu'elle a attribué l'Apocalypse à un autre Ioannès que le Ioannès baptiseur, ni lorsqu'elle a décapité celui-ci, pour le rendre distinct du crucifié, ni lorsqu'elle a placé la crucifixion en 782, sept ans avant la date réelle !

Ayant appris les forfaits et les blasphèmes de Ieschou, les docteurs allèrent trouver le roi et lui demandèrent conseil.

 

 

 



[1] C'est celui qu'a publié Huldrich en 1705 sous le titre de Toledoth Ieashou ha nozri.

[2] Il est d'ailleurs naturel de croire que le Talmud lui-même, dans ses parties historiques, particulièrement au traité du Sanhédrin, emprunte à des écrits et mémoires contemporains des événements. Jochanan ben Zaccaï est un des rabbins les plus qualifiés pour déposer sur les faits intérieurs de l'Évangélisation.

[3] Elle n'y a pas toujours été, car, comme on le verra, l'auteur de ce Vaurien l'avait placée à Gamala.

[4] C'est le nom qui était dans le Talmud dont s'est servi notre rabbin. Dans le Talmud dont s'est servi l'auteur du Vaurien de l'étranger, édité par Wagenseil, il y avait Iochanan.

[5] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 836.

[6] Celle de Jacob évidemment.

[7] Les cavaliers gaulois de la garde d'Hérode.

[8] C'est en Judée que sévit la famine, entretenue par les ordonnances de Siméon et du papas Iehoudda. Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 34.

[9] Mot jeté par les falsificateurs du Mahazeh pour donner le change sur l'origine du nom de Kanaïtes (radical Kana, jalousie), Jaloux de la loi, donné aux membres de la Sainte famille et à leur secte.

[10] Le falsificateur en passant fait certifier l'existence de Nazireth par un Mahazeh attribué à Iochanan ben Zaccaï, vice-président du sanhédrin.

[11] Le Char d'Ezéchiel.

[12] La croix solaire, dont les quatre bras remplacent les quatre voyelles contenues dans le nom de Iehova.

[13] La fameuse piscine du Siloé.

[14] Cf. les notes d'Huldrich, Historia Ieschuœ Nazareni, p. 23.

[15] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit., p. 34.

[16] Ceci est exact.

[17] Mézarim, douleurs, afflictions, peines, et, dans le cas particulier, plaies.

[18] Littéralement : Lever de l'Etoile Ane. C'est le pseudonyme de Ménahem.

[19] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 343.

[20] Rien n'autorise une pareille allégation, et il n'est pas difficile de voir qu'au bout de pou de temps, la nature aurait détruit l'œuvre des tondeurs.

[21] Si c'est pour détruire les nazrim ou pour les sauver.

[22] C'est le cas de Cléopâtre, et non celui de sa fille.

[23] Cf. plus loin, dans Le Juif errant, la raison pour laquelle Iehoudda peut être accusé de parricide.

[24] Le mot a disparu, il a été remplacé par Iésouch qui n'a rien d'injurieux. Je pense qu'il y avait Zibdéos, celui qui chasse les démons par le Baal-Zib qu'on adore à Ekron, disent les Écritures.

[25] Après lui.

[26] Vengeur. Et non Pohel, comme on le lit aujourd'hui.

[27] Cf. plus haut, le Targum des cinq disciples.

[28] L'Ιχθός, le Poisson, le Zib.

[29] Celui de Dieu, bien entendu.

[30] Le rabbin qui a composé ce Mahazeh a donné le vrai sens, très probablement d'après le texte de Rabbi Akiba, qui était celui de la Sainte famille. Cette version doit être préférée à celle de M. Zadoc Kahn (La Bible, 1906, in-8°, t. II, p. 354), qui traduit par : Le temps est venu d'agir pour l'Eternel ; on a violé la Loi.