LA SAINTE FAMILLE

 

PREMIÈRE PARTIE. — L'ÉVANGILE DE BARABBAS

IV. — L'ÉVANGÉLISATION JUSQU'À L'AN MILLE DE ROME.

 

 

I. — TROISIÈME PHASE DES ÉCRITURES DES RABBINS BARABBALÂTRES.

a. — Réfection des Mahazeh après la conversion de Jérusalem en Ælia Capitolina

C'est sous Antonin et sous Marc-Aurèle que la mystification des goym tendit à la forme où nous la voyons aujourd'hui dans les Toledoth synoptisés, ceux où Barabbas a l'air de n'avoir été mis en croix que le lendemain de la pâque.

b. — Invention des douze apôtres, et inscription de Juda Kériothis sur la liste

N'ayant d'autre moyen de blanchir le Juif de rapport que de calomnier Juda Kériothis, les évangélistes inscrivirent celui-ci parmi les disciples immédiats de Barabbas et lui firent encaisser, du moins en apparence, trente deniers pour livrer son maître.

Les Douze Apôtres, la Cène pascale devant douze témoins, l'Eucharistie, n'ont été inventés que pour apporter un tempérament aux pâques infanticides qui rendaient les Juifs évangélisés odieux à tous les hommes.

Jugeant utile à leur industrie que Barabbas eût pardonné avant de mourir, les aigrefins du baptême fabriquèrent les Douze apôtres, qui pouvaient passer auprès des goym pour représenter les douze tribus intéressées, mais ne pouvaient en aucune façon avoir cette signification auprès des Juifs renseignés, puisque sur les douze noms mis en avant il n'y en a qu'un seul, Juda Kériothis, pour représenter dix tribus. Ils disposèrent les choses de manière que Barabbas eût l'air de n'avoir été crucifié qu'après la pâque, et d'avoir donné son corps et son sang en sacrifice pour les douze tribus, levant ainsi la malédiction que Rabbi Akiba avait prononcée contre dix d'entre elles, au nom de la Sainte-Famille.

e. — Substitution définitive de Jésus à Barabbas dans les Écritures de la secte postérieures aux Mahazeh

Pour ce qui est de la comédie du prétoire, les Toledoth synoptisés ont respecté la géniale invention de Cérinthe : c'est toujours l'innocent Jésus qui comparaît devant Pilatus, et se substitue nominalement à Barabbas sur la croix, tandis que, sous ce nom exécré, le condamné du sanhédrin est mis en liberté devant boute la galerie[1].

d. — L'Ascension. Nécessité d'envoyer Barabbas au ciel pour ôter aux goym toute velléité de le rechercher sur et dans la terre

Restait à vider la question du corps même de Barabbas. La thèse du premier Mahazeh, à savoir que ce scélérat se survivait sur la terre, était devenue terriblement gênante pour les aigrefins du baptême, puisque, sous la Bête Domitien, le rescapé aurait déjà passé le terme le plus extrême de la vie humaine. Quelques rabbins, jonglant avec ce cadavre, l'ont envoyé au ciel d'un coup d'épaules herculéen, immédiatement après l'avoir ressuscité.

Plus tard, des aigrefins, pires peut-être que les premiers, ont fabriqué les Actes des Apôtres, les Lettres de Paul et autres témoignages.

Pendant que les goym sont dupes de cet escamotage burlesque, non moins nécessaire à l'exploitation du baptême que la substitution nominale de Jésus à Barabbas sur la croix, il y a un fait matériel qu'il ne faut jamais perdre de vue, qui doit faire tableau : c'est que, pendant trois siècles à compter de sa mort, le corps de Barabbas est encore dans son trou, en Samarie, à Machéron, à l'endroit même où ceux qui l'enlevèrent du Guol-golta l'ont enterré ; que, sinon à toutes les pâques, du moins à celles qui ont une signification sabbatique ou jubilaire, les vrais christiens, les vrais disciples, s'acheminent en pèlerinage vers sa tombe, et s'y roulent frénétiquement au milieu de cris et de pleurs, lui demandant des signes ; et qu'il y est encore en 1115, date à laquelle le bon empereur Julien, pour mettre fin à ces marques périodiques de fanatisme, fait exhumer ses restes avec ordre de les brûler sur la place publique de Sébaste.

En attendant, les rabbins baptiseurs ne veulent plus qu'il soit dans un lieu plutôt que dans un autre, à Rome, par exemple, où, tant sous Claude que sous Domitien, cette doctrine a été cause de ce qu'ils appelaient la persécution. — Si l'on vous dit : Il est ici où là, n'en croyez rien, disent-ils alors. — Ils veulent qu'il soit partout où il y a des Juifs évangélisés ; son corps de Roi des rois ne peut être divisé, ni par la mort ni autrement. Et quand les disciples demanderont à Jésus où est le Royaume, il répondra : Au milieu de vous, presque : En vous. Autant dire : Il dépend de vous.

 

II. — UN MANQUEMENT AU DEVOIR ENVERS LE PEUPLE.

a. — Coupable faiblesse d'Antonin et de Mare-Aurèle

La bonté des Antonin et des Marc-Aurèle, souvent poussée jusqu'à la faiblesse, enhardit les Juifs dans leur déification d'un scélérat. Au lieu de mettre en mouvement contre les faussaires l'action publique, comme Apulée le demandait naguère dans l'Ane d'or, ces princes bénévoles ont compté sur le mépris pour avoir raison de ces criminelles Ecritures ; ils se sont trompés. Il est vrai que, dissimulés sous toutes sortes de noms empruntés à des morts, les évangélistes étaient insaisissables, et qu'impunément ils pouvaient accabler Rome des traits empoisonnés de la haine juive.

Dans l'Apocalypse dite aujourd'hui de Pathmos, adaptation qui date de leur temps, on ne rêve que d'envoyer ces Bêtes dans l'abîme. Ce sont des usurpateurs, des Antéchrits ; le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, c'est Barabbas. Ce qui est sur la terre, ce qui est dans la terre, tout est à lui.

Pour le démontrer, on introduit dans les Toledoth la similitude où le Royaume des Juifs est comparé à un trésor trouvé dans un champ. Cette similitude n'est certainement pas antérieure à Hadrien. C'est comme une protestation contre la loi de ce prince sur les trésors trouvés dans la terre. Cette loi, dont la substance est restée, décidait que tout trésor trouvé par quelqu'un dans sa propriété appartiendrait en entier à l'inventeur ; que, s'il était trouvé dans le fonds d'un autre, l'inventeur le partagerait avec le propriétaire ; et si le fonds était public, avec le fisc impérial. L'évangéliste décide qu'en quelque endroit qu'il soit trouvé, le trésor est à Barabbas, parce que le Juif de rapport est d'avance propriétaire du fonds.

 

III. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE ANTONIN.

I. — Jeux séculaires de l'an 900.

En 900, Antonin célébra les Jeux séculaires, mais on n'en connaît pas bien le programme, et l'on ne sait dans quelle mesure l'élément évangélique y fut mêlé.

II. — Sacrifices pascaux d'enfants à Barabbas parmi les esclaves juifs de Carthage.

Exécution des Scilitains et Scilitaines coupables de ces pâques sanglantes.

III. — Publication de l'Apologie d'Apulée et procès moral de la barabbalâtrie asinaire en Afrique.

IV. — Mouvement évangélique parmi les Juifs de Judée.

 

IV. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE MARC-AURÈLE.

a. — Prédication de Schaloum[2] parmi les Juifs de Lyon

Les préférences de Barabbas pour le séjour de Machéron ne firent qu'irriter l'impatience des Juifs répandus dans les Gaules. A Lyon, où Schaloum, venu de Smyrne après le tremblement de terre qui renversa la ville, avait apporté les Explications de Papias sur les Paroles du Rabbi, un mouvement de barabbalâtrie éclata, qui semble avoir fait beaucoup de mal. Marc-Aurèle le réprima sévèrement, et l'Église compte cette répression pour une persécution, la quatrième, dit-elle.

 

V. — VANGÉLISATION SOUS LA BÊTE COMMODE.

a. — Jubilé de 939

Le Jubilé de 939 tomba sous Commode.

Cette année, comme pour laver la honte de celui de ses ancêtres qui s'était fait circoncire et baptiser avec Flavius Clémens, sous Domitien, un Acilius Glabrio partagea le consulat avec l'empereur. Le préfet du prétoire, Cléandre, Phrygien, d'une moralité inférieure, mais admirablement renseigné sur les charpentiers-pêcheurs et les origines des Toledoth, sut empêcher la prédication de l'Apocalypse évangélique ; le Jubilé se passa dans le calme, et les rabbins hellènes se bornèrent à introduire quelques paraboles chiffrées, celle du figuier tri-jubilaire notamment[3], dans le roman à clef qu'ils révisaient chaque jour pour masquer l'infamie de l'inventeur du baptême de rémission.

b. — Anubis contre Barabbas

Si nous n'étions pas en face d'une Histoire Auguste sophistiquée, nous saurions pour quelle raison précise il fut fait une cérémonie dans le temple d'Isis, où, mêlé aux prêtres de la déesse, Commode témoigna d'une vénération toute particulière pour Anubis ; nous verrions sur quelle tête ridicule[4], agitant le brancard qui soutenait le dieu-chien, les prêtres faisaient porter ses coups de gueule. C'était indubitablement une tête d'âne, Barabbas lui-même, sous la forme où les Juifs évangélisés l'adoraient.

 

VI. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE SEPTIME-SÉVÈRE.

a. — Efforts de l'empereur et de sa femme pour arrêter le scandale de Barabbas déifié

Après Hadrien, Septime-Sévère est peut-être l'empereur le plus versé dans le détail de la Kabbale évangélique, dont il connaissait jusqu'aux sources. Et il est triste d'avoir à dire que cette science était nécessaire à un bon gouvernement. Septime-Sévère la tenait de sa femme, Julia Domna.

Il n'est point douteux qu'il ne connût aussi l'origine des Toledoth Ieschoua, car Antipater, son secrétaire pour le grec, était d'Hiérapolis de Phrygie, le pays du Juif Papias, auteur des Explications des Paroles du Marân.

b. — Année sabbatique 953 : Mouvement parmi les Juifs barabbalâtres Contamination progressive des goym

Les Juifs, qui s'étaient tenus cois pendant le Jubilé de 939, recommencèrent l'Évangélisation en l'année sabbatique 953, prêchant, selon la parole du Maître, que la circoncision était comme toujours le prélude nécessaire du baptême et la condition indispensable pour avoir accès à leur Royaume. Ceci se passait pendant que Septime-Sévère était occupé contre les Parthes. C'est son fils aîné, le petit Antonin, plus tard Caracalla, qui marcha contre les Juifs, soulevés en un endroit de Palestine qu'on ne sait plus. Fait César en 949, n'ayant encore que huit ans, il n'en avait guère que douze lors de cette expédition.

Et ce qui en marque le caractère anti-évangélique, ce sont les peines rigoureuses que, renouvelant les ordonnances d'Hadrien, Septime-Sévère fut obligé d'édicter contre les entrepreneurs de circoncision et les malheureux qui, nés goym, se soumettaient à cette mutilation dans l'espoir du salaire promis.

c. — Reconnaissance des peuples pour leur libérateur

Les populations, ne voyant pas la fin du Temps, reprirent leurs travaux.

Cela aide à concevoir les revers des monnaies de Caracalla frappées dans les villes libérées de l'Évangélisation.

On n'y voit que Liberté, Paix éternelle, Félicité du siècle, Heureux temps. Lors de son expédition, il est Rector orbis, Fondateur de la Paix, Salut du genre humain (Titus en avait été dit les Délices).

Le mouvement n'affecta pas que la Judée. Il y eut à Carthage des Scilitains exécutés pour pâques infanticides.

L'Impératrice Julie intercéda pour les habitants qui s'étaient laissé entraîner, et il y a des monnaies qui témoignent de son Indulgence envers Carthage.

A chacune de ces crises de folie, il fallait que le prince rassurât les peuples terrorisés par l'Évangile. Septime-Sévère est obligé de leur certifier que Barabbas ne tient dans sa main ni les sept planètes ni les sept étoiles de la Création, que le Siècle commencé ne finira pas sur un signe de ce scélérat, et que la Terre est stable, Tellus stabilis.

d. — 956. Célébration du triomphe de Caracalla sur les Juifs barabbalâtres

En 956, revenu à Rome après une longue absence, Septime-Sévère y fit une entrée magnifique, dans laquelle il voulut que le triomphe de Caracalla sur les Juifs fût célébré seul, comme une chose distincte et au-dessus de toutes les autres.

e. — Jeux séculaires de 957. — La Baleine d'Auguste

Les Jeux qu'il donna ensuite furent nettement antiévangéliques, parce qu'ils durèrent sept jours, sans repos le septième. Pour l'entrée dans le siècle, Sévère fit distribuer par tête au peuple et aux prétoriens autant de pièces d'or qu'il avait régné d'années : largesses inconnues, même des plus fastueux de ses prédécesseurs, et qui montèrent à cinquante millions de drachmes. D'une Arche d'Alliance disposée au milieu de l'amphithéâtre sortirent tour à tour sept cents bêtes, — les ânes étaient à leur place, la quatrième sans doute, — et qui furent immolées à raison de cent par jour. Il y eut des exhibitions risibles d'animaux fabriqués, du genre de celles qu'Apulée a imaginées dans l'Âne d'or. C'est, je pense, à cette catégorie qu'appartenait l'animal auquel se trouve accolé le nom de Gorocotta[5] dans le texte actuel de Dion, et sur la composition duquel nous ne sommes plus renseignés, comme on l'était par Dion, car au lendemain du triomphe de Caracalla sur les Juifs il serait bien étonnant qu'il n'y eût pas eu quelque âne et quelque ânier.

S'il est vrai que les Jeux de 956 ne doivent pas être confondus avec les Jeux séculaires, ils sont intimement liés dans l'esprit de celui qui organisa les uns et les autres.

Sévère sentit le besoin de raffermir la foi dans la solidité de la terre, ébranlée par une éruption du Vésuve qui, sans causer de ravages, alarma toute la Campanie. C'est à ces Jeux que figura la Baleine de bois ou de fer, fabriquée d'après celle qu'on prit devant le Port d'Auguste appelé aujourd'hui Porto. Par la boulé des dieux, c'est Octave (la Bête dont le nom est un nombre), qui, plus heureux que Barabbas, donnait le Zib à son peuple !

f. — L'œuvre anti-évangélique de Dion Cassius

C'est également sous Septime-Sévère que parut l'œuvre de Dion Cassius, anti-barabbalâtre notoire, né à Nicée et venu de Bithynie à Rome.

Dion Cassius était à Rome, simple avocat, lors des Jeux séculaires célébrés par Commode. Il marqua son mépris pour l'Évangile dans un petit livre sur les Songes et les présages, qu'il envoya plus tard à Septime-Sévère, puis il écrivit l'histoire même du règne de Commode. Après quoi, il écrivit celle de Rome depuis Pompée, — le premier chef romain qui, entré dans le Temple de Jérusalem, y eût vu l'Ane d'or consacré, — jusqu'à la huitième année du règne d'Alexandre Sévère. De cette histoire en quatre-vingts livres, les trente-cinq premiers ont disparu, sauf une petite partie du trente-cinquième.

Cette histoire manque tout à fait, là où Tacite manque également, notamment à partir de Vespasien, sous qui a été consommée la ruine de Jérusalem ; elle a été supprimée, là où Tacite l'a été ; elle a été abrégée, et encore plus expurgée, par le moine barabbalâtre Xiphilin, là où on la voudrait complète et intacte, particulièrement aux règnes de Tibère et de Claude.

g. — L'œuvre anti-barabbalâtrique de Philostrate

C'est, dit-on, à la suggestion de l'impératrice Julie, que Philostrate inventa son Apollonius de Tyane, dont il opposa la Vie, non point à Barabbas seul, mais au personnage que les évangélistes avaient interposé entre ce scélérat et les goym, sous le nom de Jésus.

Nous étudions plus loin, et c'est une partie capitale de ce volume l'œuvre admirable de Philostrate.

 

VII. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÉTE ALEXANDRE SÉVÈRE.

a. — Le recueil d'Ulpien

Sous Alexandre Sévère fleurit Ulpien, le grand légiste, dont le nom fait corps avec celui de Papinien, dans l'histoire du droit. Conseiller de Sévère, il rassemble toutes les ordonnances rendues contre les barabbalâtres par les prédécesseurs de l'empereur, et les lui présente pour lui montrer, avec toute l'étendue du mal, les moyens qu'offre la loi de le conjurer. Ulpien était de Tyr, où la réputation de Barabbas était faite. C'est à Tyr que naquit également Porphyre, autre grand hygiéniste moral. Avec des talents divers ces deux Tyriens sont connus par la probité scrupuleuse de leurs témoignages. Le livre de Porphyre contre Barabbas a disparu[6]. Comment le Recueil d'ordonnances anti-barabbalâtriques, formé par Ulpien, existerait-il encore ?

b. La grande église de Rome

Quoi que vous puissiez lire sur les prétendues églises élevées dans Rome à la suite de l'épiscopat prétendu de Simon dit la Pierre, tenez pour certain qu'il n'y en avait aucune dans le sens d'édifice spécialement consacré à Barabbas.

Sous Alexandre Sévère, le lieu où se réunissait la grande église de Rome était encore un cabaret ; et comme les marchands de vin avaient attaqué l'évêque du lieu sur la concurrence qu'il leur faisait et les avantages que lui conférait la rémission accordée ou refusée selon son bon plaisir, Alexandre Sévère donna raison aux marchands de vin. Il leur adjugea le lieu en question pour le désaffecter et le consacrer à un culte reçu, disant que, quelle que fût la divinité choisie, elle vaudrait mieux que le Juif de rapport.

VIII. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE MAXIMIN.

a. — 989. Quatrième Jubilé depuis l'exécution de Barabbas : Premier exemple de barabbalâtrie dans l'armée romaine

L'année jubilaire 989 tomba sous Maximin. L'évangélisation épargna l'Egypte, grâce à Origène, qui se distingua en défendant Dieu et la nature, outragés par les docteurs barabbalâtres.

Mais en la proto-jubilaire 988 la barabbalâtrie exerça ses ravages dans les troupes mêmes de Maximin, particulièrement dans les légions qui avaient proclamé Alexandre Sévère. Maximin dut les ramener au respect de la discipline, cassa des officiers et les punit de mort. Ce fut l'occasion pour les autres de conspirer contre lui. Ils lui tendirent un piège au moment où il les menait contre les Germains. Leur plan était de l'assassiner, après avoir rompu le pont sur lequel il devait passer. Cette trahison, et devant l'ennemi, fût découverte à temps.

b. — Les traîtres enfermés dans des peaux de bêtes et crucifiés

Ceux qui tenaient pour Maximin, à cause de sa bravoure, se chargèrent de sa vengeance. C'est ce que l'Église appelle la sixième persécution.

Les supplices qu'ils appliquèrent sont exactement ceux que le peuple de Rome avait imaginés contre les Juifs barabbalâtres au Jubilé de 789. Là encore il y eut réplique à l'Évangile éternel, avec cette notable différence qu'il n'y avait point de Juifs dans la machination ourdie contre Maximin : les meneurs étaient chevaliers. Ces traîtres furent bâtonnés, mis en croix, exposés aux bêtes ; et puisqu'ils étaient partisans de Barabbas quand il s'agissait de trahir, quelques-uns, les plus nobles, enfermés dans des peaux d'animaux fraîchement tués, furent ainsi ramenés, semence de bétail, au sentiment de leur condition vis-à-vis du Juif dont ils voulaient faire un Dieu. Cyclope, Busiris, Phalaris, disent les écrivains barabbalâtres quand ils parlent de Maximin. Au demeurant, — les historiens ecclésiastiques eux-mêmes sont obligés de le reconnaître, — il n'en voulait qu'aux évêques et prêtres, et nullement à leurs dupes : il fit abattre, où il en rencontra, les églises que ces imposteurs, sortant des ténèbres où ils s'étaient ténus jusque là, avaient osé édifier à leur Juif, avec l'argent levé sur les malheureux qu'ils entraînaient dans leur abominable superstition[7].

c. — L'œuvre de Marius Maximus (Supprimée)

Sur tout cela il faudrait avoir l'œuvre de Maximus.

Marius Maximus, deux fois consul, préfet de Rome, avait continué Tacite. Son Histoire des empereurs commençait à Trajan, pour finir, semble-t-il, après Maximin. Je pense que ce Maximus descendait de celui qui siégea dans le procès où Apulée exécuta la barabbalâtrie. Si son ouvrage a disparu, c'est à cause de son intégrité philosophique et de ses appréciations sur le Juif de rapport. Sous le bon empereur Julien, les hommes qui aimaient la franchise ne lisaient l'histoire que dans Marius Maximus, dont ils comparaient le fouet à celui de Juvénal.

 

IX. — L'ÉVANGÉLISATION SOUS GORDIEN III.

a. — Censorinus contre Barabbas et le baptême

L'agitation, qui ne devait plus jamais cesser, et dont les accès n'observeront plus la périodicité jubilaire, continuait encore sous Gordien m. C'est alors, en 991, que Censorinus publia son livre De die natali, fort utile à la chronologie : le texte actuel semble être l'abrégé ecclésiastique d'un livre beaucoup plus étendu, dans lequel les prétentions de Barabbas étaient traitées avec une sévérité sans colère. Quoiqu'il connaisse parfaitement la théorie millénariste de l'homme-poisson primitif (le Ioannès chaldéen), Censorinus ne pense pas qu'on puisse en faire bénéficier le Ioannès juif : Suivant Anaximandre de Milet, dit-il, l'eau et la terre échauffées auraient produit les poissons, ou des animaux tout à fait semblables aux poissons. En eux se seraient formés des êtres humains qui y seraient restés enfermés, comme des fœtus, jusqu'à la puberté, et qui enfin, forçant cette prison, en seraient sortis hommes et femmes, et déjà capables de s'alimenter eux-mêmes[8]. Il ne lui paraît nullement qu'on doive attribuer exclusivement le signe de l' Ιχθύς au Juif de rapport, et considérer le baptême en ce scélérat comme une garantie suffisante contre le feu final.

 

X. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE PHILIPPE L'ARABE.

a. — L'An mille de Rome

L'An mille de Rome tomba sous Philippe l'Arabe, successeur de Gordien. Philippe était originaire de la Trachonitide, l'un des districts que Barabbas tint sous sa puissance pendant ses quelques jours de règne, les Arabes qui étaient autour de Philippe le renseignèrent à fond[9] sur l'homme qui, trahissant son pays, leur avait fait gagner la bataille à la Journée des Porcs[10]. Il n'ignorait donc rien de Gamala, de Juda Panthora, de l'illustre Gamaléenne, de leurs sept fils et de leurs filles.

Aux yeux des sectateurs de l'Évangile, l'An mille pouvait passer pour le terme assigné à l'existence de la Grande prostituée. Barabbas, dès le Jubilé de 789, jugeait qu'elle avait fait son temps. Et certains Romains, fort réservés dans le calcul de leur durée, étaient loin de se croire éternels : ils s'en rapportaient à Varron, dans lequel ils lisaient que, si douze vautours ont signalé la fondation de la Ville, le peuple romain, ayant dépassé plein de force le terme de cent-vingt ans (celui de la vie humaine la plus longue d'après les Augures), était assuré de parvenir à douze cents années[11]. Deux signes apocalyptiques permirent aux vrais barabbalâtres d'espérer que ce peuple ne dépasserait pas l'An mille : un tremblement de terre qui affecta l'univers entier, et dans Rome même un grand incendie qui consuma le théâtre de Pompée et le Portique appelé les Cent colonnes. C'était la seconde fois (la première sous Tibère) que le feu détruisait le théâtre auquel était attaché le nom de Pompée, la première Bête entrée victorieuse dans le temple de Jérusalem. L'Évangile allait-il s'accomplir ? Les barabbalâtres d'Antioche l'affirmèrent, ils l'auraient même annoncé à Philippe.

b. — La prétendue conversion de la Bête Philippe à la barabbalâtrie

C'est à cause de cette circonstance qu'il est donné comme barabbalâtre par certains écrivains ecclésiastiques.

Les prêtres de l'Église d'Antioche, exerçant leur faculté de rémission, auraient offert leurs services à Philippe[12], qui passait par là en temps de pâque, et il s'est trouvé des auteurs pour dire qu'il les avait agréés. Ce n'est pas qu'il ne fût dans des conditions excellentes pour trouver grâce devant un dieu jadis condamné pour l'assassinat d'un rival, puisqu'il était lui-même empereur par le meurtre de Gordien. Mais il était trop bien renseigné sur le Juif de rapport, pour accepter de ses ministres une offre dont ils attendaient un salaire supérieur à sa valeur intrinsèque.

c. — La Sainte-Famille selon la Bête Philippe

D'abord Philippe et sa femme Cueille se considéraient comme formant, avec le petit Philippe leur fils, une Trinité beaucoup plus honorable que la Sainte Famille, composée de Juda Panthora, de la Gamaléenne et de Barabbas enfant. Un oracle d'Apollon fut rendu en leur faveur pour contrebalancer l'Apocalypse évangélique au chapitre de la Nativité[13]. Comme pour Septime-Sévère, on radia solairement la tête de Philippe sur ses monnaies. Pour Otacilie on fit ce qu'on avait fait pour Julia Domna : on la représenta avec le croissant de la lune. Aussi des écrivains ecclésiastiques n'ont-ils pas manqué de dire qu'elle était secrètement barabbalâtre. Quant au petit Philippe, il se trouvait être une manière de roi-christ, à l'aurore du second Millénium romain : d'où son association à l'Empire en un âge si bas, l'abondance de ses monnaies, et les prétentions qui s'y lisent.

d. — Jeux anti-évangéliques de l'An mille de Rome

Quoique Septime-Sévère eût donné des Jeux séculaires quarante-quatre ans auparavant, Philippe voulut que l'An mille fût marqué par des fêtes d'une pompe inusitée et caractéristique. Il y eut là, rassemblée dans le Cirque, une variété d'animaux qui n'avait pas été atteinte depuis l'Arche de Noé, et dans laquelle figurèrent, outre des ânes, certains chameaux qui, mariés sans doute aux ânes par une grotesque hybridation, pourraient bien correspondre au Gorocotta des Jeux de Commode. En même temps que Philippe se réjouissait (il riait au point de scandaliser son fils encore enfant), et réjouissait le peuple par le spectacle de cet animal, obtenu par je ne sais quelle imagination carnavalesque, il rendit une ordonnance visant le crime contre nature, qui redoublait de fréquence depuis la déclaration de guerre de la barabbalâtrie au sexe par qui la mort était entrée dans le monde. Il espérait par là contribuer à la perpétuation du genre humain.

 

XI. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE DECIUS.

a. — Messius Decius, la Bête qui, de par son nom, se trouve être le Messie-Moissonneur anti-juif

A la célébration de l'An mille romain les barabbalâtres répondirent par une manifestation de leurs espoirs évangéliques, avec laquelle eut à compter Decius, successeur de Philippe.

Decius s'appelait de son vrai nom Messius, qui se trouve être la traduction latine de Messias, le Messie. Il est dit également Trajanus, du nom de celui qui de tous les empereurs précédents a eu le plus à lutter contre les Juifs barabbalâtres. Enfin il entre en scène dans le dixième centenaire de Rome, et son nom de Decius (par l'adjonction d'un m) est un nombre, comme celui d'Octave, la Bête du Recensement.

Il était né dans un bourg près de Sirmium, ville dont le nom est cher à tous les amis de la vérité, pour avoir donné naissance à l'évêque arien Photin, adversaire irréconciliable du Juif de rapport. Decius n'a été possesseur de l'Empire qu'au milieu de l'An mille.

Ayant à repousser l'invasion des Goths, dans l'Illyrie, son pays natal, la Thrace et la Macédoine, il trouva mauvais qu'un certain Babylas, et un certain Alexandre, tous les deux au nom fort incertain, se disant l'un évêque d'Antioche, l'autre évêque de Jérusalem, prêchassent le refus de porter les armes pour des gens qui, disaient-ils, ne leur étaient rien, et que, dans Rome même, un certain Fabien, évêque des barabbalâtres, osât imiter cet exemple en souhaitant la ruine de la Ville. Il punit ce Fabien de mort. C'est ce que l'Église appelle le martyre de Saint-Fabien.

Prévoyant qu'avec des habitants pareils, Rome ne tarderait pas à avoir besoin de murailles plus fortes, Decius en bâtit de nouvelles et en fit la dédicace aux dieux protecteurs.

b. — La croix ansée de Decius

Aux barabbalâtres qui déshonoraient le signe de la croix solaire en prêtant la même vertu à la croix patibulaire, il déclara que la Paix romaine valait pour le moins le Salem de Barabbas ; et le premier[14] de la longue série d'empereurs qui ont manifesté cette doctrine par un signe extérieur, il mit sur certaines de ses monnaies[15] le fameux  que Constantin devait un jour lui emprunter[16] pour marquer publiquement son mépris de l'Évangile. Bacchus lui paraissait beaucoup plus propre, et surtout beaucoup mieux disposé, que Barabbas, à verser aux goym le vin de la vigne édénique ; c'est pourquoi, sur une monnaie grecque de Lydie, il se fit représenter sous les traits du dieu, assis dans un char que traînent des lions, et précédé de la Vierge agitant les grappas du raisin sacré. Au-dessus de lui, et au milieu de l'inscription, est le .

c. — La Verge de Jessé, surmontée de l'Ave de Juda, offerte à Decius

Pendant que Decius défendait la civilisation contre les Barbares du dedans, les provinces qu'il défendait contre les Barbares du dehors saluaient en ce Messius le Messie Sauveur des goym, et souhaitaient hautement son triomphe sur l'exécrable Évangile de Barabbas. Sur une de ses monnaies, unique en son espèce et qui n'a jamais reparu sous aucun prince, la Dacie debout lui tend la verge de commandement surmontée de la tête d'âne, signe du Royaume universel au dire des Juifs. La Félicité du Siècle, la Vérité de l'Auguste, la Liberté, la Pudeur, la Piété, la Paix, telles sont les devises affirmatives de Decius. C'est pourquoi, après un règne extrêmement court, il a laissé la renommée de la Bête la plus furieuse qui ait jamais persécuté l'Église. La Bête Decius, lit-on dans le pseudo-Lactance.

Ce n'est pas ce que disait l'Histoire Auguste authentique.

Aussi l'a-t-on précipitée dans le même trou que Tacite, Dion Cassius, Marius Maximus et tant d'autres : Il n'y a pas une date d'avènement, pas une époque de fin ou de commencement de règne, presque pas un fait qui ne soit sujet à discussion. Les écrivains même de l'Histoire Auguste nous manquent, et il s'y trouve une lacune depuis le règne de Gordien III jusqu'au règne de Valérien[17]. En un mot il manque tout le règne de Philippe, tout le règne de Decius, et tout celui de Gallus, à cause de l'Évangélisation spéciale que ces empereurs ont dû combattre.

Si l'Église n'avait pas supprimé l'histoire, nous porterions sur Decius le jugement qu'ont porté les dieux, à savoir que c'était un prince courageux, de mœurs probes, et ennemi du mensonge.

 

 

 



[1] Nulle part les rabbins du Talmud ne dénoncent cette mystification criminelle, comme c'eut été leur devoir et l'intérêt de leurs descendants.

[2] Aujourd'hui Saint-Irénée, grâce aux faux de l'Église

[3] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit., p. 398.

[4] On lit maintenant, dans Lampride, que c'était sur celles des prêtres eux-mêmes. Chose à peine tolérable, venant d'un fou égaré au milieu d'une cérémonie religieuse.

[5] Corruption de Golgotha, qui est lui-même une corruption de Guol-golta.

[6] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit., p. 740.

[7] C'est là, disent les historiens ecclésiastiques, le plus ancien témoignage connu d'édifices consacrés publiquement au culte du Juif de rapport.

[8] Censorinus, De die natali, IV.

[9] Sauf sur un point, et qui est resté dans le Coran ; ils croyaient que Barabbas avait échappé en 789.

[10] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 139.

[11] Censorinus, De die natali.

[12] A force de brouiller les témoignages par ses procédés ordinaires, l'Église est arrivée à une version qui transforme Philippe en demandeur. Elle fait soutenir que, se trouvant à Antioche aux fêtes de Pâques, Philippe voulut venir à l'église pour participer aux Saints Mystères, et que, repoussé à cause de ses crimes et du meurtre de Gordien, par l'évêque Saint-Babylas, il s'offrit à la pénitence publique. Crevier, dans son Histoire des Empereurs, convient que pour fabriquer cette version il a fallu coudre ensemble plusieurs témoignages, les suppléer et les réformer l'un par l'autre, pour composer un tout supportable. Le plus court, ajoute-t-il, et le plus sûr est de ne point admettre un récit embarrassant et mal appuyé. Nous n'avons point d'intérêt à donner la torture à l'histoire pour revendiquer un tel chrétien.

[13] Où l'on voit la Gamaléenne, sous les traits de la Vierge du monde, accoucher de son premier-né. Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 48.

[14] Le second est Probus. Cf. Aringhi, Roma subterranea, livre VI, ch. XX, art. 3.

[15] Sestini, Descrizione delle medaglie del Museo Hedervariano, et Mionnet, Supplément, t. VII, (Lydie, n° 243).

[16][16] Nous vidons à fond cette question dans le volume que nous préparons sur Constantin et le Juif de rapport, et qui paraîtra, nous l'espérons, cette année. Il nous est agréable de rendre justice à M. Hochart (Etudes d'histoire religieuse, 1890, in-8°, pp. 302 et 303), il a parfaitement vu que le signe X ou le  n'était pas, ne pouvait pas être, ce que les historiens, dupes de l'Église, appellent le monogramme du Christ.

[17] Crevier, Histoire des empereurs.