LA SAINTE FAMILLE

 

PREMIÈRE PARTIE. — L'ÉVANGILE DE BARABBAS

II. — L'ÉVANGÉLISATION JUSQU'AU CENTENAIRE DE LA FAILLITE DE BARABBAS (789-889).

 

 

I. — THÈSE DE LA FAMILLE DE BARABBAS AU LENDEMAIN DES EXÉCUTIONS.

Point de crucifixion, donc point de faillite, telle fut la thèse de la famille : Barabbas s'est délié de lui-même ; en vertu des pouvoirs dont il était revêtu par son Père, il a échappé aux Jérusalémites envoyés pour le prendre. On ne prend pas le Messie, surtout celui-là, qu'on n'a jamais pu garder au Hanoth ! On a crucifié Simon de Cyrène, on a crucifié les autres, on n'a pas crucifié Barabbas. On ne crucifie pas le Messie ! La Promesse de l'Even-guilayon n'a rien perdu de sa vérité ; à une autre pâque elle se réalisera, et par Barabbas lui-même !

 

II. — ÉVANGÉLISATION DES JUIFS D'ÉGYPTE SOUS LA BÊTE CAÏUS (CALIGULA)

Tandis que l'Évangile circulait sous un nom : Évangile de Ioannès, par exemple, chez les Juifs hellènes, il circulait sous un autre parmi d'autres Juifs, ceux d'Egypte notamment : Évangile de Schem bar-Abba[1], l'Illustre Barabbas, comme disent très bien les mystificateurs canoniques, ou Évangile de Bar-kochev (fils de l'Étoile Anes).

Les rabbins d'Alexandrie furent parmi les premiers qui adoptèrent la thèse de Salomé sur l'auto-déliement de son fils. Dans les synagogues dévouées à l'Évangile, on ne pouvait pas croire qu'après avoir échappé naguère, et par tant de camouflages, le Schem bar-Abba, l'Illustre Barabbas, eût pu être enfin pris ! Dans certaines on ne voulait même pas qu'il eût été mené à Jérusalem, les mains liées derrière le dos ; on y racontait qu'un ange[2], anticipant sur la transfiguration, lui avait apporté du ciel un vêtement d'une blancheur éblouissante : par ce moyen il avait détourné de lui les mains hérodiennes de Saül, qui d'épouvante avait laissé tomber ses armes, en même temps que d'un coup de signe Simon la Pierre lui enlevait l'oreille droite !

Quoique Tibère eût soixante-dix-huit ans, sa mort, advenue un peu avant la pâque de 790, fut saluée dans les synagogues d'Alexandrie comme une première revanche de Barabbas. Caïus (Caligula) lui succéda sous les plus heureux auspices, et le fils adoptif de la Bête dont le nom est Mystère régna sur le monde.

 

III. — L'ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE CLAUDE.

I. — En 800, Claude célèbre les Jeux séculaires dans une intention anti-évangélique.

L'enfant du nouveau siècle est Néron, et ce siècle est dit le Siècle d'Or par opposition au Règne de la verge de fer, dont les cinq frères survivants de Barabbas menaçaient les habitants de Rome et les sujets de l'Empire. Néron s'attribue le signe des Poissons, que la crucifixion de Barabbas avait rendus disponibles. Les Juifs répliquèrent qu'il était simplement l'Antéchrist.

II. — Décapitation post mortem de Theudas (Juda Toâmin, sans nul doute). Sa tête exposée à Jérusalem[3].

III. — Claude expulse de Rome les Juifs évangélisés par Rabbi Akiba.

IV. — Évangélisation des Juifs d'Achaïe et d'Asie par Akiba.

Troubles fomentés dans Éphèse par les Juifs évangélisés. Mort de Salomé. Fuite de Simon bar-Juda plus tard dit la Pierre et de Jacob senior bar-Juda, frères de Barabbas.

V. — Prédication de l'Année sabbatique 803 par Simon et Jacob à Antioche et en Judée. Leur crucifixion à Jérusalem par Tibère Alexandre. Leurs cadavres traînés devant le palais d'Hélène, reine d'Adiabène.

 

IV. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE NÉRON.

§ 1. Ménahem, roi-christ en 819

La prédication de l'Even-guilayon par Ménahem, dernier frère de Barabbas, est[4] le fait saillant de cette période ; elle domine et clôt l'histoire des sept fils de la Gamaléenne. Elle fut accompagnée de troubles évangéliques en Achaïe ; comme en témoigne la crucifixion de Loucas, frère de Simon de Cyrène, à Kenchrées.

Pour le règne de Ménahem à Jérusalem (819) et l'exécution de ce roi-christ par le parti national, nous renvoyons au Mensonge chrétien[5].

§ 2. — Néron et les Sorts de l'Even-guilayon

Par le fils de Thrasylle, Néron connaissait si bien la kabbale de l'Even-guilayon, et particulièrement les Poissons de mille ans, que le Talmud n'a pas hésité à parler de sa conversion au judaïsme[6]. Le Talmud aurait pu également convertir le consul Télésinus, qui n'était pas moins instruit des prétentions de Ménahem, et le poète Lucain, qui les combat ainsi, s'adressant à Néron lui-même :

Lorsque ton séjour ici-bas sera terminé, tu monteras plein de jours vers les astres ; le palais du ciel se portera au-devant de toi, avec l'agrément des pôles[7]. Qu'il te plaise soit de tenir le sceptre, soit de monter sur le char enflammé de Phébus, de baigner d'un feu perpétuel une terre qui ne craint rien d'un changement du soleil[8], la Toute puissance te cédera sa place, et la Nature te permettra, comme à un dieu, d'établir le Royaume du monde[9]. Mais ne prends pour demeure ni les régions du nord, ni les régions brûlées des feux du sud, et d'où tu regarderais ta Rome[10] d'une oblique étoile[11] ! Si tu pesais sur un point de l'Éther immense, l'axe du ciel en serait ébranlé. Garde au centre l'équilibre du monde ! Que ce point du ciel soit tout entier serein, et qu'aucune nuée ne cache César ! Qu'alors le genre humain pose les armes ! Que toutes les nations s'aiment d'un commun amour ! Et que la Paix, descendue sur la terre, ferme les portes de fer du belliqueux Janus !

Le temps vient où, sans réhabiliter Néron, l'histoire le lavera des calomnies de l'Église.

 

V. — ÉVANGÉLISATION SOUS LES TROIS BÊTES GALBA, OTHON, VITELLIUS.

Prise de Gamala par Titus, fils et lieutenant de Vespasien. Il entre le premier dans la ville.

 

VI. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE VESPASIEN, APRÈS LA CHUTE DE JÉRUSALEM.

I. — Prise de Jérusalem par Titus, qui avait déjà pris et ruiné Gamala. Destruction du Temple hérodien et dispersion des Juifs (823).

II. — Orientation nouvelle de la barabbalâtrie chez les rabbins évangélistes.

La chute de Jérusalem et la dispersion des Juifs, présentées comme une preuve de la puissance de Barabbas auprès de son Père.

Dieu, pour venger son fils, que les Jérusalémites ont livré aux Romains, s'est servi de ceux-ci pour détruire le Temple, d'ailleurs maudit depuis la mort de Siméon et de Juda Panthora en 760. En cela l'Évangile se réalise : il n'y a de changement que dans la main-d'œuvre prévue par Barabbas. Les Romains sont les agents, les tâcherons de Iehovah et de son fils, celui-ci caché sur la terre, au milieu des fidèles de l'Évangile, et qui reparaîtra au premier jour. Les Romains lui ont fait place nette pour l'érection de la Nazireth toute d'or et de pierreries.

III. — Commencement des sacrifices d'enfants à Barabbas.

J'ai expliqué comment, terrorisés et exaltés par cette thèse, un parti de Juifs avait fini par croire que la malédiction du crucifié était sur les douze tribus tout entières. J'ai montré par quelles pâques abominables ils croyaient pouvoir désarmer la colère de ce prétendu fils de Dieu[12].

IV. — Secte des Nicolaïtes, née de l'Évangile, mais en révolte contre les ordonnances de Barabbas sur l'arrêt de la fonction génésique.

 

VII. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE TITUS.

I. — Les rabbins évangélistes nourrissent l'idée et répandent le bruit de la présence de Barabbas au milieu des Juifs de Rome.

II. — La grande éruption du Vésuve, obscurément annoncée dans l'Apocalypse de l'Évangile éternel, présentée comme une preuve directe de la puissance de Barabbas.

III. — Poisson envoyé par Barabbas pour faire mourir Titus.

Les Juifs évangélisés avaient, à ce qu'il semble, envoûté Titus, sous la forme d'un veau[13].

L'éruption du Vésuve, une peste qui fit dix mille morts par jour, rien que dans Rome, l'incendie qui pendant trois jours et trois nuits dévora tout un quartier de la ville et le Capitole nouvellement rétabli, cela parut être la réalisation des Sorts que Barabbas avait décrétés contre la Bête. Pour comble de rapprochement, le hasard voulut que Titus mourût empoisonné par un poisson de mer, et l'on sait que tous les poissons de mer sont condamnés par l'Apocalypse. La rapidité de cette mort frappa les Romains ; les Juifs de Pouzzoles et d'Ostie tirèrent un parti merveilleux de l'instrument dont elle s'était servi : c'est Barabbas qui avait envoyé ce démon pisciforme dans le corps de Titus pour l'anéantir !

Titus était né le 30 décembre sous le même signe que Barabbas (le Capricorne), et il mourut le 13 septembre, deux jours avant l'entrée dans la Balance. Un vulgaire petit poisson avait tué le destructeur de Gamala, berceau de la Zib-boulè évangélique et de Barabbas.

 

VIII. — L'ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE DOMITIEN.

a. — L'année de deux ans 838-839 : Centenaire de Barabbas et premier jubilé commémoratif de la proclamation de l'Évangile

L'année 838, advenue sous Domitien, a donné lieu à un mouvement de barabbalâtrie excessivement vif parmi les Juifs de Rome.

C'était, en effet, une année proto-jubilaire au compte évangélique.

b. — Pâques infanticides : l'enfant-agneau de la campagne de Rome

Pour hâter l'heureux jour où Barabbas amènerait le Royaume, les Juifs célébrèrent des pâques infanticides. La nuit, dans la campagne romaine, probablement dans les environs du forum d'Appius et des Trois tavernes, où ils étaient fort nombreux, quelques-uns immolèrent un premier-né et le mangèrent en guise d'agneau pascal. Ces immolations d'enfants nazirs par les Juifs évangélisés sont d'un intérêt capital pour l'histoire de la barabbalâtrie, parce qu'on voit ces abominables pâques en usage dans les églises quarante-neuf ans après la crucifixion de Barabbas, et une soixantaine d'années avant Apulée, faussement dénoncé pour y avoir pris part.

c. — Fêtes and-sabbatiques instituées par Domitien sous le nom de Jeux Capitolins

Pour mettre les périodes sabbatiques en échec devant les Dieux, Domitien institua les Jeux quinquennaux, dédiés à Jupiter Capitolin, et dont les premiers furent donnés en 839, de manière que les suivants ne pussent jamais coïncider avec une année sabbatique, et que le dixième détruisit mathématiquement le sens évangélique des années jubilaires. Ces jeux dits Capitolins avaient pour but de célébrer la gloire de Rome et celle des empereurs, non seulement par des exercices gymniques, mais par l'éloquence, la poésie et la musique. Domitien y présida, vêtu à la grecque, couronné d'or, entouré du prêtre ordinaire de Jupiter Capitolin et de tout le collège de ceux qu'il avait institués pour le culte de sa maison, cette maison Flavia qui, en consommant la ruine de Jérusalem, avait, pensait-on, empêché celle du monde. Parodiant Barabbas, il voulut être fils de l'Esprit[14], il élut Minerve pour sa mère.

d. — Jeux séculaires de 841

Le Jubilé passé sans que Rome eût péri, Domitien résolut de célébrer les Jeux séculaires. Tacite était alors préteur. Il avait donc pu connaître du châtiment qui fut infligé aux Juifs coupables d'avoir immolé leur premier-né à Barabbas. Les raisons pour lesquelles Domitien célébra ces Jeux séculaires avaient été exposées par Tacite, dont les écrits nous manquent partout où Barabbas et ses disciples sont intéressés ; nous ne connaissons donc plus celles qui ont déterminé Domitien. Aussi les historiens[15] se sont-ils toujours demandé pourquoi cet empereur avait choisi une année qui ne répond ni au calcul d'Auguste ni à celui de Claude.

e. — Évangélisation de l'Épire

Nous avons montré que, par peur de la fin du monde, des Grecs d'Épire avaient prêté une oreille complaisante aux discours des rabbins contre la Bête, et accepté le baptême. On se rappelle la réprimande attristée qu'Epictète, pendant son séjour à Nicopolis, adresse à un de ces faibles d'esprit[16].

f. — Circoncision et baptême de Flavius Clémens

C'est, comme on sait, le grand scandale de l'Évangélisation sous Domitien, et nous avons dit tout ce qu'il y avait à en dire[17]. La honte en rejaillit sur toute l'aristocratie romaine.

 

IX. — L'ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE TRAJAN.

a. — Le premier Mahazeh Iesehoua bar-Abba

Nous l'avons montré[18], c'est parmi les Juifs établis ou dispersés à l'étranger, que le culte de Barabbas faisait le plus de progrès. Pendant longtemps, ce culte hideux ne reposa que sur la version de la famille, à savoir que, n'ayant pas été crucifié, Barabbas vivait caché dans les colonies juives.

C'est sous Trajan, d'autres disent sous Hadrien seulement, que, Barabbas ne reparaissant pas, les rabbins baptiseurs commencèrent à convenir qu'il pouvait bien avoir été crucifié par Pilatus. Mais il n'y avait que demi-mal, puisque, disaient-ils, il était ressuscité, et qu'il avait été vu en cet état par ses cinq frères (notamment Toâmin), avec ses blessures encore saignantes. Le baptême en son nom était donc valable et ouvrait les portes du Royaume.

Pour faire accepter cette thèse, ils fabriquèrent de petits livres où ils prétendirent que Barabbas ressuscité avait vécu clandestinement en Judée d'abord, puis partout où il y avait des Juifs, en Égypte, en Arabie, à Babylone, à Ephèse, à Rome, en Espagne, puis de nouveau en Judée, où on perdait ses traces en attendant qu'il réapparût devant tout le peuple. C'est ce genre d'écrits qu'on connaît aujourd'hui sous le nom d'Évangiles. Mais ce mot, appliqué à des œuvres autres que l'Even-guilayon apocalyptique, est par lui-même une fraude. Le titre hébreu de ces écrits fut d'abord Mahazeh Ieschoua bar-Abba (Apparition du Sauveur, fils du Père). L'écrit connu dans le canon sous le titre d'Évangile selon Saint-Jean, et qui a pour auteur le Juif éphésien Cérinthe, est un Mahazeh. Jésus, c'est le double divinisé de Barabbas échappé à la mort.

Mahazeh Tolou (Apparition du pendu), ou Mahazeh Ieschou ha nozri (Apparition du Vaurien de l'étranger), voilà le titre vrai des Histoire de Jésus écrites en hébreu par les rabbins antibarabbalâtres, et que nous donnons plus loin.

Il y a des choses que les premiers Mahazeh Ieschoua ne cachaient nullement. Celui de Cérinthe avouait que le sacre de Barabbas par sa mère, à l'aide des parfums du chrisme, avait eu lieu soixante jours avant la pâque ; que sa condamnation et celle de son beau-frère Eléazar avaient été prononcées quand l'un et l'autre étaient encore en Bathanée, à l'Orient du Jourdain ; et qu'ennemi de la maison de Panthora depuis le premier jour, Juda de Kérioth n'avait jamais ni suivi, ni trahi son homonyme de Gamala, ni reçu quoi que ce fût pour indiquer la retraite de ce fuyard à ceux qui, conduits par Saül, l'ont arrêté dans les environs de Lydda.

Enfin, dans le fameux camouflage du prétoire, où l'on voit Barabbas échappant des mains de Pilatus par le moyen de son esprit divin (Jésus), l'intéressé était dit Ièsous Barabbas, et non, comme aujourd'hui, Barabbas tout court. C'est beaucoup plus tard, et pour étouffer la voix de l'histoire, que l'Église a supprimé le mot Iésous, devant Barabbas. Après quoi elle a mis sous le nom d'Origène cette déclaration doublement mensongère[19] : Beaucoup d'exemplaires ne contiennent pas que Barabbas fût également dit Jésus ; ils font bien sans doute, le nom de Jésus ne saurait convenir à quelqu'un de méchant. Dans l'Évangile de Nicodème, rédigé par l'Église, Pilatus a bien soin de confirmer cette manière de voir : il feint d'ignorer que l'individu présenté aujourd'hui sous le nom de Jésus, dans les écrits canoniques, s'appelât en circoncision Juda, et fût encore plus connu de ses contemporains sous le nom de Barabbas.

b. — Les Toledoth Ieschoua bar-Abba. Différence entre ce genre d'écrits et un Mahazeh

Lorsqu'on synoptisa les Mahazeh en vue de l'exploitation des goym, on les intitula : Sefer toledoth Ieschoua, littéralement Livre de la génération du Sauveur, en réalité Histoire du Sauveur, le mot génération, ayant ici le sens biographique, comme en vingt endroits des Écritures  juives.

Dans les Actes des Apôtres[20], où l'on fait parler Philippe l'Évangéliste sur le chemin de Gaza, le lendemain de la crucifixion de son frère aîné, on cite un passage d'Isaïe, qui prophétise ce genre d'écrits sous le titre même qui leur a été donné par les synoptiseurs ; et dans ce texte, il est dit du crucifié : Comme une brebis, il a été mené à la boucherie... Qui racontera sa génération (toledoth), puisque sa vie a été retranchée de la terre ?

Aujourd'hui encore, le titre de l'Évangile selon Matthieu, c'est : Livre de la génération de Jésus-Christ, qui, ramené à l'hébreu, donne : Sefer toledoth Ieschoua Meschiah.

e. — Troubles évangéliques dans les provinces (Pont et Bithynie) gouvernées par Pline le Jeune

On sait qu'il ne subsiste plus aucune relation de ces troubles : ils ne sont constatés que par la fausse lettre de Pline[21].

d. — L'année sabbatique 867. Les vengeurs de l'Évangile

C'est entre le Jubilé de 839 et celui de 889 qu'éclata, parmi les Juifs, le plus grand mouvement évangélique du neuvième siècle de Rome. Il coïncide avec l'année sabbatique 867. Cette année, la quatrième sabbatique du cercle jubilaire commencé, était sous l'influence directe de l'Ane de Juda. Elle parut d'autant plus évangélique aux Juifs, qu'un tremblement de terre, où périt Pédo, consul en charge, et où la Bête nommée Trajan n'échappa qu'à grand peine, ruina la ville d'Antioche, une de celles où ils étaient le plus nombreux et à laquelle ils portaient le plus de haine. Il y avait là un signe certain, l'Apocalypse du Marân s'accomplissait.

Le mouvement de 867 n'est pas moins intéressant que celui de 789, il a affecté plus de provinces, et l'Église elle-même n'a pu nier qu'un Siméon Cléopas, un arrière-petit-fils de Panthora et de Salomé, l'eût fomenté pour se faire roi-christ.

Sur ce qui s'est passé en Judée, à Jérusalem, nous n'avons rien ; l'Église a supprimé l'histoire, elle n'en avoue qu'un trait : l'exécution (sur la croix sans doute) de Siméon, qu'elle appelle un martyr, et qui en est un dans le sens grec du mot. Sur ce qui s'est passé en Syrie, même réduction de l'histoire à un seul fait : l'exécution d'un certain Ignace, barabbalâtre sous le nom de qui l'Église a mis des Lettres dont la fausseté est démontrée depuis longtemps. Sur l'évangélisation de la Mésopotamie, de l'Égypte, de la Cyrénaïque et de Chypre, nous sommes un peu mieux renseignés, l'Église ayant réussi à la présenter comme une chose où Barabbas n'est pour rien.

§ 1. — La scie révélée

Profitant de ce que Trajan, avec toutes ses forces, était tourné vers l'Euphrate, les barabbalâtres firent payer les Romains et les Grecs pour tous les goym qui, dans les précédentes étapes de l'Évangélisation, avaient cru devoir résister à l'Even-guilayon panjudaïque. Barabbas était venu pour réaliser en lui l'unité juive, et semer la division chez les goym. Comme il y en avait parmi ceux-ci d'assez hardis pour se croire aussi aptes que les Juifs à réaliser l'un en deux, deux en un, si l'intention de Dieu était telle, les Juifs évangélisés les divisèrent en ce monde, afin de les empêcher de se réunir dans l'autre : ils les scièrent suivant la longueur du corps, en commençant par la tête[22], mettant ainsi Barabbas lui-même dans l'impossibilité de les réadamiser, pour le cas où il eût admis les incirconcis dans son Royaume. Ils mangèrent de leur chair, ce qui était contraire à la Loi bien comprise, et s'oignirent de leur sang, comme Barabbas de l'huile et du parfum du chrisme.

Ils en exposèrent d'autres aux bêtes, les forcèrent à combattre dans les cirques.

§ 2. — Les peaux des bêtes proprement dites

Les Romains de Rome en 789 avaient supplicié les Juifs barabbalâtres, après les avoir enfermés dans des peaux de bêtes : à leur tour, les barabbalâtres de 867 prirent les Romains de Cyrénaïque, les écorchèrent vifs, et se revêtirent de leurs peaux[23], les vraies peaux de bêtes au sens de l'Évangile[24]. Ils avaient à leur tête un nommé Lucua : ils résistèrent victorieusement à Lupus, préfet d'Egypte, envoyé contre eux. Maîtres de la campagne jusque dans les environs d'Alexandrie, ils se signalèrent par d'épouvantables férocités. Lupus, soutenu par les Alexandrins, tira d'eux un châtiment terrible. Ailleurs, ils furent exterminés sans pitié, particulièrement dans l'île de Chypre, dont les habitants ne voulurent plus recevoir un seul Juif, massacrant même ceux que la tempête forçait d'y aborder.

Trajan donna des ordres exprès pour purger la Mésopotamie de ceux auprès de qui Barabbas était déjà demi-dieu.

C'est l'ensemble de ces mesures de défense que l'Église appelle Persécution sous Trajan. En effet, Trajan a laissé le renom de la pire Bête avec laquelle les barabbalâtres aient eu affaire, et, auprès des goym, celui du meilleur empereur que Rome ait jamais eu.

 

X. — ÉVANGÉLISATION SOUS LA BÊTE HADRIEN.

a. — Prédication de Rabbi Akiba

Barabbas et tous ses frères, notamment Ménahem, avaient, en mourant, maudit les dix tribus qui n'étaient pas venues à l'appel de la Sainte-famille. Rabbi Akiba se fit l'ardent interprète de cette malédiction. Il déclara que les dix tribus ne reviendraient plus en Palestine, et que cette condamnation résultait du Deutéronome, où il est dit : L'Éternel les a chassées dans un autre pays, comme il paraît aujourd'hui, ajoutant : De même que le jour s'en va sans retour, de même elles s'en sont allées sans retour. Elles n'avaient qu'a saisir l'occasion en 789, comme à dit le revenant de Barabbas dans les Toledoth synoptisés !

C'est pour fléchir ce davidique scélérat que les Juifs évangélisés, tant avant qu'après la dispersion de 823, lui avaient sacrifié leurs premiers-nés ! Et c'est pour se réhabiliter à ses yeux qu'ils se rallièrent autour de Bar-Kochev, son arrière-petit-neveu.

Rabbi Akiba, qui mena toute la campagne en faveur de Bar-Kochev dans les synagogues, s'était rasé la tête, tant en manière de pénitence qu'en manière de naziréat, à l'instar de son ancêtre, celui qui prêcha la croisade panjudaïque à Corinthe, sous Claude.

Dans le Talmud, Akiba est dit Karah, le Rasé de cheveux, et son fils Ieschoua est dit bar-Karah (fils du Rasé). Cette tonsure, avec une science incomparable de la Loi, est restée le signalement d'Akiba : d'où Rabbi Eliézer ben-Asar a dit : Comparés à moi, tous les docteurs d'Israël sont comme de l'écorce d'ail[25], j'en excepte le fameux Rasé !

En pleine assemblée des docteurs, Akiba déclara que Barabbas était assis à côté de Dieu, au tribunal suprême : les autres eurent quelque peine à l'en faire démordre[26]. Sur la date de la délivrance d'Israël Rabbi Ioshua ben-Chanania et Rabbi Eliézer tenaient, l'un pour le mois de nisan, l'autre pour le mois de tischri[27]. Akiba tenait pour nisan, à n'en pas douter, et il invoquait Aggée : Encore un peu de temps et je ferai trembler les cieux et la terre. Un des docteurs, Rabbi ben Torta, prévoyant l'échec de Bar-kochev, dit : Akiba, l'herbe poussera sur tes joues, et le fils de David ne sera pas encore venu[28].

b. — Une Bête bien renseignée

Initié à tous les secrets de l'astrologie et de la magie, Hadrien connaissait à fond l'Apocalypse de l'Even-guilayon[29]. Il en parlait dans les Chroniques écrites par Phlégon de Tralles, son affranchi ; et tout ce que l'Église a pu faire, après les avoir détruites presqu'entièrement, c'est de dire qu'il attribuait cette Apocalypse à Simon dit la Pierre. Il n'ignorait pas l'interprétation que Barabbas avait donnée aux cinq mouvements de la fontaine intermittente du Siloé, lorsqu'il s'était présenté aux habitants de Jérusalem, comme étant le Siloé lui-même[30]. C'est par analogie avec cette histoire, fameuse chez les Juifs barabbalâtres, qu'étant à Daphné d'Antioche, il disait que, par son mouvement communiqué à de grosses pierres, la fontaine de Castalie lui avait promis la souveraine puissance.

Il est impossible d'admettre que, pendant son voyage en Palestine vers 885, allant de Syrie en Egypte, Hadrien ne soit pas venu aux sources du Jourdain, là où l'homme à la colombe lumineuse s'était baptisé et proclamé le bar de l'Abba.

Il y a même des raisons de croire qu'il les dessina ou fit dessiner, et que ce délicieux paysage se trouvait parmi les sites peints qui ornaient sa villa de Tibur, et qui étaient autant de souvenirs des choses vues.

c. — Apocalypse d'Hadrien sous le nom d'Antinoos, Anti-Noé[31]

Sous le nom d'Antinoos, il écrivit des livres que l'Histoire Auguste qualifie de catachriani, et qui étaient surtout antichriani[32] : il s'y disait l'Anti-Noé. Monté sur la Montagne voisine d'Antioche, où était le temple de Jupiter Casius, il y prophétisait le nouveau naufrage de l'Arche pan-judaïque annoncée par le Charpentier de 788, et la faillite réservée à Bar-kochev, le nouveau Pêcheur d'hommes, par les Poissons de Syrie et le Bel-Zib de Phénicie.

Cette Catachrianie, et le pseudonyme dont Hadrien se couvrit[33], sont la cause de l'abominable calomnie lancée contre lui par l'Église, qui l'accuse d'avoir nourri une honteuse passion pour un certain Antinoüs, et de l'avoir ensuite divinisé dans la ville d'Antinoé[34].

d. — L'Année proto-jubilaire 888. Bar-Kochev, roi-christ : Centenaire de la proclamation de l'Évangile de Barabbas

Pendant l'année proto-jubilaire 888, les Juifs de l'Évangile remirent en vigueur parmi eux les ordonnances de Barabbas sur l'arrêt de l'acte génésique : tandis qu'ils se naziréaient en vue du Royaume, Hadrien, pour rappeler au peuple romain son origine, faisait bâtir un temple dédié, en même temps qu'à la ville de Rome, à Vénus, mère d'Énée et conservatrice du genre humain. Les sacrifices d'enfants premiers-nés redoublèrent chez les barabbalâtres : ceux-ci, dans la célébration de ces pâques, se réclamaient de l'ancienne thora et des exemples fournis par les royaux ancêtres du scélérat auquel ils consacraient ces innocentes victimes. Hadrien fut obligé de prendre une ordonnance, non pour interdire ces horribles sacrifices, — une loi existait, — mais pour déférer à la juridiction romaine les crimes que les barabbalâtres commettaient à l'ombre de leurs tribunaux particuliers[35].

Très certainement, Bar-kochev baptisa aux eaux du Jourdain, en attendant les signes que tous les disciples attendaient de lui, car il avait le pouvoir de changer l'eau en sang de vie éternelle[36].

e. — Les chiens d'Hadrien Panthera contre l'Ane de Juda Panthora

Retirés comme des bêtes fauves dans des cavernes inaccessibles, les partisans de Bar-kochev induisirent ces chiens de Romains en des opérations qui ressemblèrent beaucoup moins à une guerre, qu'à une vaste partie de chasse à l'ours ou à la panthère.

Or, Hadrien avait la renommée d'un chasseur intrépide, infatigable. Le plaisir dominant de cette Bête, c'était la chasse. Il eût été célèbre rien que par ses chiens, et il leur élevait des statues en mémoire de leurs exploits. Il se faisait accompagner de Mastor, un géant. En Mysie, on avait donné le nom d'Hadrianothère (Chasse d'Hadrien), à une ville aux environs de laquelle il avait tué un ours. Hadrien, dirent les gens d'esprit, ce fut Panthera contre Panthora. On fit d'autres rapprochements du même genre sur ce fait que le dernier rempart de la Bestia juive, l'Ane christien, se trouva être le Béthar ou Béthos (la Maison du signe et le Signe de la maison dont était Bar-kochev).

f. — Troubles fomentés en Macédoine, Thessalie et Achaïe par les rabbins barabbalâtres (886-888)

On ne sait rien en dehors du fait lui-même, qui est certain et eut le même caractère qu'ailleurs.

g. — La victoire de Panthera. Chute définitive de Jérusalem-Nazireth

Outre sa statue sous les traits de Jupiter Capitolin, dressée sur l'emplacement du Temple, Hadrien en fit élever une à Vénus Génitrix ; Enée, père des Romains, est fils de Vénus.

Cette image de la génération ininterrompue en 889, comme elle l'avait été cent ans auparavant, dominait la vallée du Ghé-Hinnom et le Guol-golta. Quant au porc de marbre qu'Hadrien fit mettre, en remplacement de l'Ane de Juda, sur la porte qui regarde Bethlehem, il signifiait que Barabbas était logé à cette enseigne dans l'Enfer.

Vaincu par l'évidence que Gamala n'avait pas donné de Messie et n'en pouvait fournir désormais, un parti de Juifs l'attendait encore de Bethléhem, selon la prophétie de Michée. C'est cette espérance que condamnait le porc d'Hadrien ; et c'est à la suite de cette condamnation que les goym d'Afrique représentèrent Barabbas sous la forme d'un Ane, dont les pieds sont d'un porc[37].

h. — Le pseudonyme (Antinoos) d'Hadrien donné à la constellation Aigle

Enfin, pour enregistrer au ciel la victoire d'Hadrien sur l'astrologie évangélique, on envoya l'heureux prophète, sous son pseudonyme d'Antinoos, dans l'étoile la plus brillante de la constellation l'Aigle, placée entre la Balance, signe de la naissance d'Auguste (Octave, la Bête dont le nom est un nombre), et le Capricorne, signe de sa conception.

 

 

 



[1] On a vu (Cf. Le Mensonge chrétien, petite édition, p. 716) que l'Église, dans ses sophistications de Philon le Juif, avait défiguré ce nom : (Karabbas au lieu de Barabbas). C'est contre l'Évangile de schem bar-Abba ou Évangile de Bar-kochev que Basilide, une centaine d'années après, a composé ses écrits dans l'intérêt des Égyptiens. L'Église a défiguré ces noms dans Clément d'Alexandrie (Stromata, l. VI), Épiphane (Contra hœreses, l. XXVI, 2) et Eusèbe (Histoire ecclésiastique, l. IV, ch. 7,) où ils sont intitulés : Évangile de Chem Barcabbas et Barcôph. L'Église ajoute : C'est Basilide qui a inventé ces prophètes et quelques autres, qui n'ont jamais existé, et il leur a imposé ces noms barbares pour frapper l'esprit de ceux qui ont l'admiration des choses de cet acabit.

[2] Cet ange figure encore aujourd'hui dans l'écrit canonique placé sous le nom de Marc, XIV, 51.

[3] Cf. plus bas, l'Apparition du Vaurien de l'étranger. Juda Toâmin, étant le jumeau de nom, le frère cognominal de Barabbas, tout ce qui le touche est sujet à caution. Il est douteux quo Theudas se soit dit roi-christ avant Simon la Pierre.

[4] Avec les meurtres commis dans le temple par les disciples de Barabbas, et qui ont confirmé ces Naziréens de la vengeance dans le titre de Sicaires ou Assassins, déjà mérité par leur maître.

[5] Cf. Le Mensonge chrétien, petite édition, p. 220.

[6] Traité Guittin.

[7] Le ciel ne se repliera pas comme un livre qu'on roule (le guilayon.)

[8] Le soleil ne s'éteindra pas par tiers.

[9] Au lieu et place de Barabbas.

[10] La Rome que tu as reconstruite après l'incendie, et dont tu as recueilli chez toi les habitants malheureux.

[11] Alors que par reconnaissance elle veut te regarder en face.

[12] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. pp. 256-261.

[13] Ils l'avaient voué, par un jeu de mots sur Vitellius, à la même fin que cet empereur.

[14] Qui est du genre féminin dans les langues sémitiques.

[15] Particulièrement Crevier, Histoire des empereurs.

[16] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit, p. 244.

[17] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 238.

[18] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 251.

[19] Pseudo-Origène, In Mattheum.

[20] VIII, 32, 33.

[21] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 720.

[22] C'était le supplice favori de David, le grand ancêtre de Barabbas. Manassé, autre ancêtre dudit Seigneur, fit scier Isaïe en deux pour quelque divergence d'opinion.

[23] C'est, je crois, un descendant de Loucas, frère de Simon de Cyrène, et connu pour avoir prêché dans le texte authentique l'Apocalypse de l'Even-guilayon.

[24] L'Église, dans l'Histoire qu'elle a mise sous le nom d'Eusèbe, mort sans en avoir pensé ni écrit une seule ligne, a pris soin de supprimer tous ces détails à cause de leur caractère évangélique.

[25] Talmud, (Béchor, p. 58.)

[26] Talmud, (Chaguiga, 14 a).

[27] Talmud, (Bosch ha shâna, 11 a).

[28] Talmud, (Tanit, IV, 7).

[29] Lorsqu'il alla en Espagne, il releva le Temple que Tibère avait fait élever à Auguste dans Tarragone, la province d'où Pilatus était sans doute originaire.

[30] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit. p. 117.

[31] Antinoos veut dire : Qui pense tout le contraire.

[32] Vie d'Hadrien, placée sous le nom de Spartien, et adressée à Dioclétien. C'est un écrit substitué, dans lequel, après avoir mis Antimachus pour Antinoachus, et catacriens pour catachriens, on accuse Hadrien d'avoir voulu imiter Antimaque : Catacrianos libros obscurissimos, Antimachutra imitando, scripsit. Alors que la vérité était celle-ci, traduite de Phlégon : Antichrianos libros acerrimos, Antinoachi nomine, scripsit. Sous le nom d'Antinoachus, il écrivit un livre terrible contre les oints (christs et christiens).

Hadrien était né le 24 janvier, dans le même mois que Barabbas, mais sous le signe du Verseau. Par conséquent, occupant le Verseau, qui précède les Poissons, il faisait échec aux baptiseurs et aux baptêmes.

[33] Phlégon en parlait tout au long dans son Histoire d'Hadrien. C'est pourquoi le pseudo-Spartien dit malignement : Hadrien avait un désir si immodéré de gloire qu'il composa sa propre histoire, et ordonna à des hommes lettrés, parmi ses affranchis, de la publier sous leur nom. Car l'ouvrage de Phlégon sur Hadrien est, à ce que l'on assure, d'Hadrien lui-même. Et ce passage est immédiatement suivi de celui où il est dit qu'Hadrien a composé des livres catachriens. Or, c'était si bien des livres astrologiques, répliquant à ceux de Barabbas, que le pseudo-Spartien revient sur cette idée quatre ou cinq lignes après : Il se croyait si habile dans l'astrologie que, dès le soir du premier jour de janvier, il mettait par écrit tout ce qui pouvait lui arriver dans l'année, ce qui se rapporte à l'année proto-jubilaire 888, de sorte, continue le faussaire, après avoir rendu cet hommage involontaire à la vérité, que l'année même où il périt (lui ou Bar-kochev ?), il avait écrit tout ce qu'il ferait jusqu'à l'heure où effectivement il mourut.

[34] Quelques pages auparavant, le pseudo-Spartien, isolant la calomnie ecclésiastique des faits qui lui ont donné naissance, avait traité ainsi l'histoire de Bar-Kochev :

Hadrien conçut alors une haine si violente contre les habitants d'Antioche, qu'il voulut séparer la Syrie de la Phénicie, pour que cette ville cessât d'être appelée la métropole de tant d'autres villes. Les Juifs, à cette même époque, reprirent les armes, parce qu'on voulait abolir chez eux l'usage de la circoncision. Hadrien étant monté pendant la nuit sur le Mont Cassius (Casius) pour voir se lever le soleil, il survint un orage, et la foudre, en tombant pendant qu'on sacrifiait, frappa la victime et le victimaire. Après avoir parcouru l'Arabie (avec quel soin il évite la Judée !) il vint à Péluse et y rebâtit avec plus de magnificence le tombeau de Pompée, — la Bête, au temps de Juda ben Péréja, et la première dont parle l'Even-guilayon —. Tandis qu'il naviguait sur le Nil, il perdit son Antinoüs, qu'il pleura avec toute la faiblesse d'une femme. — Il se pleure lui-même sous son nom de Charpentier-pilote.

On expliquait de diverses manières la conduite d'Hadrien : les uns assuraient qu'Antinoüs s'était dévoué pour prolonger ses jours (et en effet Hadrien n'est pas mort en Egypte), les autres trouvaient dans la beauté de ce jeune homme, et dans l'infâme passion d'Hadrien, l'unique cause de cette excessive douleur. Les Grecs, du consentement d'Hadrien, consacrèrent Antinoüs (à Antinoé) et prétendirent même qu'il rendait des oracles : or, on assure que ces oracles étaient de la composition d'Hadrien. Certes, et c'est là tout ce qu'il y a de vrai dans cette calomnieuse invention. Le pseudo-Spartien n'ose même pas dire que les Romains fussent instruits de l'infâme passion d'Hadrien pour son pseudonyme. C'est pourquoi elle n'est connue que des seuls Grecs d'Égypte, et combien anonymes !

Voilà ce que Dioclétien est censé avoir appris de Spartien ! Et voici ce qu'Hadrien lui-même est censé avoir écrit à son beau-frère Servianus, dans une lettre que le pseudo-Vopiscus déclare avoir tirée des ouvrages de Phlégon, son affranchi : Je pense que vous avez appris ce qu'ils (les Égyptiens, mêlés, dit le pseudo-Vopiscus, de christiens et de Samaritains) ont dit d'Antinoüs (sous-entendu à propos de mes relations immondes avec lui, et que j'avoue ici). Cf. Vie de Saturninus, § VIII dans l'Histoire Auguste.

[35] Le revenant de Barabbas insiste particulièrement, dans les Toledoth synoptisés, sur la nécessité où ils sont de se juger les uns les autres, et naturellement de s'absoudre, plutôt que d'aller devant la justice des goym. Cf. la grande édition du Mensonge chrétien, t. IX.

[36] Barabbas, en son Apocalypse évangélique, dit de son père et de son grand-père : Ils ont le pouvoir de changer l'eau en sang. Dans le Toledoth de Luc, pendant la nuit pascale, la sueur du revenant de Barabbas se change en sang. Dans le Mahazeh de Cérinthe, le côté ouvert par la lance du soldat romain laisse échapper de l'eau et du sang.

[37] Cf. la grande édition du Mensonge chrétien, t. V.