LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VIII — LES ÉVANGILES DE SATAN (DEUXIÈME PARTIE)

VIII. — LA FAUSSE PISTE.

 

 

I. — LES ÂNES ET LE TRIOMPHE DE JÉSUS À JÉRUSALEM.

 

Au sortir de Jéricho, Jésus poursuit son chemin vers Jérusalem, ayant toujours soin de se tenir à l'Orient.

La concentration idéale des disciples se fait à Béthanie-lez-Jérusalem. Il s'agit d'occuper les trois jours qui se sont écoulés entre la déconfiture du christ et la pâque. Topographiquement Matthieu, Mare et Luc ne font qu'un. Béthanie remplace Bathanéa trans Jordanem, indiquée par Cérinthe comme étant le lieu où Bar-Jehoudda s'était fait sacrer roi et d'où il était Parti avec sa bande pour passer le Jourdain et se jeter en Galilée. A la suite de cette translation conforme aux Préceptes de Jésus sur la foi, les synoptiseurs ont glissé dans le texte de Cérinthe que Bathanéa était quinze stades de Jérusalem[1], alors qu'elle était au-delà du Jourdain.

MARC, XI, 1. Comme ils approchaient de Jérusalem et de Béthanie, près du mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,

2. Et il leur dit : Allez à ce village qui est devant vous ; et dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon lié, sur lequel aucun homme ne s'est encore assis ; déliez-le, et me l'amenez.

3. Et si quelqu'un vous demande : Que faites-vous ? dites que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il le laissera amener ici.

4. S'en étant donc allés, ils trouvèrent l'ânon lié dehors, devant la porte, entre deux chemins, et ils le délièrent.

5. Et quelques-uns de ceux qui étaient là leur disaient : Que faites-vous, déliant cet ânon ?

6. Ils leur répondirent comme Jésus le leur avait commandé, et on le leur laissa.

7. Et ils amenèrent l'ânon à Jésus, et ils le couvrirent de leurs vêtements, et il monta dessus.

L'observation qu'aucun homme, pas même Ménahem, n'a délié l'Âne dans les conditions voulues par l'horoscope de Jacob à Juda, ne se trouve que dans Marc et dans Luc ; la position de l'animal à la rencontre de deux chemins formant la croix, n'est que dans Marc.

LUC, XIX, 28. Ces choses dites, il marchait devant eux, montant à Jérusalem.

29. Or il arriva, comme il approchait de Bethphagé et à Béthanie, près du mont nommé des Oliviers, qu'il envoya deux de ses disciples,

30. Disant : Allez au village qui est là devant ; en u entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est jamais assis ; déliez-le et l'amenez.

31. Et si quelqu'un vous demande : Pourquoi le déliez-vous ? vous lui répondrez ainsi : Parce que le Seigneur veut s'en servir.

32. Ceux donc qui étaient envoyés s'en allèrent, et trouvèrent, comme il leur avait dit, l'ânon arrêté.

33. Mais comme ils déliaient l'ânon, ses maîtres leur dirent : Pourquoi déliez-vous l'ânon ?

34. Ils répondirent : Parce que le Seigneur en a besoin.

35. Et ils l'amenèrent à Jésus. Et, jetant leurs vêtements sur l'ânon, ils mirent Jésus dessus.

La demande des maîtres de l'ânon sur ce qu'ils font ou croient faire en déliant cette bête n'est que dans Marc et dans Luc. Les disciples ne répondent pas à Cette demande qui provient de compères, car les maîtres de l'âne, ce sont les fils de Jehoudda eux-mêmes.

La séméiologie astrologique des Ânes n'est complète que dans Matthieu. L'Evangéliste y a mis les deux ânes exigés par l'horoscope de Jacob à Juda, tandis que Cérinthe[2], Luc et Marc n'en n'ont mis qu'un.

MATTHIEU, XXI, 1. Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem et qu'ils furent venus à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,

2. Leur disant : Allez au village qui est devant vous, et soudain vous trouverez une ânesse attachée, et son ânon avec elle ; déliez-les et amenez-les moi.

3. Et si quelqu'un vous dit quelque chose, répondez que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il les laissera emmener.

Ce dispositif diffère des deux autres en ce qu'on y répond à la demande des témoins de cette scène et des maîtres de l'âne. On y répond par une prophétie anodine et qui n'a aucun rapport avec celle que les premiers scribes ont visée dans leur séméiologie.

4. Or tout cela fut fait afin que s'accomplit la parole du prophète en disant :

5. Dites à la fille de Sion : Voici que votre Roi vient à vous plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur l'ânon de celle qui est sous le joug.

6. S'en allant donc, les disciples firent comme Jésus leur avait commandé :

7. Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon, mirent dessus leurs vêtements et l'y firent asseoir.

MARC, XI, 8. Beaucoup de personnes aussi étendirent leurs vêtements le long de la route ; d'autres coupaient des branches d'arbres, et en jonchaient le chemin.

9. Et ceux qui marchaient devant, et ceux qui suivaient, criaient, disant : Hosanna !

10. Béni celui qui vient au nom du Seigneur ; béni le règne qui arrive de notre père David[3] ; hosanna au plus haut des cieux !

LUC, XIX, 36. Partout où il passait, le peuple étendait ses vêtements sur le chemin.

37. Et comme il approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, pleine de joie, commença à louer Dieu à haute voix de tous les prodiges qu'ils avaient vus,

38. Disant : Béni celui qui vient roi au nom du Seigneur ! paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !

MATTHIEU, XXI, 8. La plus grande partie du peuple étendit ses vêtements le long de la route, d'autres coupaient des branches d'arbres et en jonchaient le chemin.

9. Or la foule qui précédait, et celle qui suivait, criaient, disant : Hosanna au fils de David ! béni celui qui vient au nom du Seigneur ! hosanna au plus haut des cieux !

10. Lorsqu'il fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut émue, demandant : Qui est celui-ci ?

11. Et la multitude répondait : C'est Jésus, le prophète de Nazireth en Galilée.

Cet acte de notoriété est un progrès sur Marc et sur Luc.

LUC, XIX, 39. Alors quelques-uns des pharisiens, du milieu de la foule, lui dirent : Maître, réprimez vos disciples.

40. Il leur répondit : Je vous déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres crieront.

41. Et comme il approchait, voyant la ville, il pleura sur elle, disant :

42. Si tu connaissais, toi aussi, au moins en ce jour qui t'est encore donné, ce qui importe à ta paix ![4] Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux[5].

43. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront, te serreront de toutes parts.

44. Et te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre[6], parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée.

La malheureuse ! Elle ne l'a que trop connu ! Elle résistait à ces enragés visiteurs, ils l'ont assassinée !

MARC, XI, 11. Et il entra à Jérusalem, dans le Temple ; et, après avoir regardé toutes choses, comme l'heure était déjà fort avancée, il se retira à Béthanie avec les douze[7].

 

II. — NETTOYAGE DU TEMPLE.

 

Il se retire sans avoir nettoyé le Temple, il réservé cette opération pour le lendemain[8]. Mais dans Luc et dans Matthieu il y procède dès le premier jour.

LUC, XIX, 45. Et étant entré dans le Temple, il commença à chasser ceux qui y vendaient et y achetaient.

48. Leur disant : Il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.

47. Et il enseignait tous les jours dans le Temple. Cependant les princes des prêtres, les scribes et les principaux du peuple cherchaient à le perdre ;

48. Mais ils ne trouvaient que lui faire, parce que tout le peuple était suspendu en l'écoutant.

MATTHIEU, XXI, 12. Et Jésus entra dans le Temple de Dieu, et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ; il renversa même les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes ;

13. Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

14. Et des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le Temple, et il les guérit[9].

15. Mais les princes des prêtres et les scribes, voyant les merveilles qu'il faisait et les enfants qui criaient dans le Temple et disaient : Hosanna au fils de David, s'indignèrent.

16. Et ils lui dirent : Entendez-vous ce que disent ceux-ci ? Jésus leur répondit : Oui. N'avez-vous jamais lu : C'est de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle que vous avez tiré la louange la plus parfaite ?[10]

17. Et, les ayant quittés, il s'en alla hors de la ville, à Béthanie, et s'y' arrêta.

Selon Marc Jésus est bien entré dans le Temple le Premier jour, mais il ne le nettoie que le second. Nous n'y voyons pas d'inconvénient, au contraire, car nous devons croire que Jésus réserve cette opération pour le 14, jour de la préparation à la pâque.

MARC, XI, 15. Ils vinrent ensuite à Jérusalem. Or, étant entré dans le Temple, il commença à chasser ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ; il renversa même les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes.

16. Et il ne souffrait que personne transportât de vases par le Temple.

Marc est le seul qui évoque, à cet endroit, le scandale dei vases, pour lequel Bar-Jehoudda fut emprisonné dans le Hanoth avec ses frères[11] ; l'affaire remontait aux Tabernacles de 787 : Jésus-Christ, dit le Saint-Siège, regarde comme un manquement de respect, non seulement de vendre les colombes des sacrifices, niais d'y tenir de petits comptoirs de change de monnaie, et de porter des paquets à travers le parvis extérieur.

17. Il enseignait aussi, leur disant : N'est-il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations ? Et vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.

18. Ce qu'ayant entendu, les prêtres et les scribes cherchaient comment ils le perdraient : car ils le craignaient, parce que tout le peuple était dans l'admiration de sa doctrine.

C'est un bien faible nettoyage en comparaison de celui qu'avait annoncé Bar-Jehoudda pour le surlendemain. Il n'y emploie même plus le fouet comme dans Cérinthe[12]. Mais où est le van avec lequel il devait nettoyer son aire ?

19. Lorsque le soir était venu, il sortait de la ville.

 

III. — LA MALÉDICTION DU FIGUIER-MYRIER.

 

Vous vous rappelez le figuier myriamétrique sous lequel vous avez vu Ménahem dans le prologue de Cérinthe, et sur lequel, avec une agilité surprenante chez un si petit homme, Zakhaios se hissait hier à Jéricho ? Qu'en faire maintenant que, par la faute des habitants de Jérusalem, Bar-Jehoudda n'a pu manger de ses fruits millénaires ?

MARC, XI, 12. Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim.

13. Or, voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il vint pour voir s'il y trouverait quelque fruit. Mais, lorsqu'il s'en fut approché, il n'y trouva que des feuilles : car ce n'était pas le temps des figues[13].

14. Alors prenant la parole, il lui dit : Que jamais personne ne mange plus de fruit de toi ! Et ses disciples l'entendaient.

MATTHIEU, XXI, 18. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim.

19. Or, apercevant un figuier près du chemin, il s'en approcha ; et, n'y trouvant rien que des feuilles, il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi désormais ! Et à l'instant le figuier sécha[14].

20. Ce qu'ayant vu, les disciples s'étonnèrent, disant : Comment a-t-il séché sur-le-champ ?

21. Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : En vérité, je vous dis : Si vous avez de la foi et que vous n'hésitiez point, non seulement vous ferez comme j'ai fait au figuier. Mais même si vous dites à cette montagne : Lève-toi et te jette dans la mer, cela se fera.

22. Et tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi, vous l'obtiendrez.

Il transmet aux christiens le pouvoir de malédiction dont Bar-Jehoudda usa jadis contre les Gaulois d'Antipas.

Cette similitude a subi des changements sensibles dans Marc où Jésus, sans précisément regretter le pouvoir de malédiction qu'il transmet aux christiens, exhorte ceux-ci à ne pas attirer l'attention sur cette preuve de leur incurable méchanceté.

MARC, XI, 20. Et comme le lendemain matin ils passaient, ils virent le figuier desséché jusqu'à la racine.

21. Alors Pierre, se ressouvenant, lui dit : Maître, voilà que le figuier que vous avez maudit a séché.

22. Et Jésus répondant, leur dit : Ayez foi en Dieu,

23. En vérité je vous dis que quiconque dira à cette montagne : Lève-toi et jette-toi dans la mer, et n'hésitera, point dans son cœur, mais croira que tout ce qu'il aura dit se doit faire, il lui sera réellement fait.

24. C'est pourquoi je vous le dis : Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l'obtiendrez, et il vous arrivera.

25. Et quand vous serez pour prier, pardonnez, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos péchés.

26. Car, si vous ne pardonnez point vous-mêmes, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos péchés.

Oui, pardonnez-vous, non pas certes de bon cœur, mais par politique, à cause des goym qui vous entendent ! Et puisque le Figuier aux douze récoltes, l'Arbre de la vie édénique, ne reverdira jamais, partagez-vous sans bruit les profits de la mystification à laquelle se prête le Verbe juif !

Je dois dire honnêtement que Bossuet ne l'entend point ainsi

C'est, dit-il, une parabole de choses, semblable à celle de paroles qu'on trouve en saint Luc, XIII, 6. Il ne faut donc point demander ce qu'avait fait ce figuier, ni ce qu'il avait mérité (car qui ne sait qu'un arbre ne mérite rien ?), ni regarder cette malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n'était que la matière de la Parabole. Il faut voir ce qu'il représentait, c'est-à-dire la créature raisonnable qui doit toujours des fruits à son Créateur, en quelque temps qu'il lui en demande ; et lorsqu'il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent et rien de solide, il la maudit. Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume ; et la matinée d'après, ses disciples s'arrêtèrent au figuier qu'ils trouvèrent desséché depuis la racine ; et Pierre dit au Sauveur : Maître, le figuier que vous avez maudit est séché. Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de sa malédiction, voulant faire sentir ce qu'elle pouvait ; mais, Par un effet admirable de sa bonté, il frappe l'arbre et épargne l'homme. Ainsi quand il voulut faire sentir combien les démons étaient malfaisants, et jusqu'où allait leur puissance lorsqu'il leur lâchait la main, il le fit paraître sur un troupeau de pourceaux que les démons précipitèrent dans la mer (Matth., VIII, 32). Qu'il est bon et qu'il a de la peine à frapper l'homme !Il faut d'ailleurs remarquer, dit le Saint-Siège, que Notre-Seigneur pouvait s'étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figue sur un figuier, quoique ce ne fût pas le temps ordinaire des figues (Marc, XI, 13), parce que, en Palestine, les figuiers ont des fruits à peu près toute l'année (voir Luc, XIII, 6). Josèphe dit que l'on cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois de l'année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas encore mitres quand les feuilles tombent et que la végétation s'arrête ; elles ne se détachent point des branches, mais y restent suspendues pendant tout l'hiver, et deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre-Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l'arbre aux environs de Pâques. Les figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers, et il y en a encore quelques-uns aujourd'hui.

Mais de cette sorte, pas uni Il n'y a jamais eu qua celui du Paradis terrestre.

 

IV. — LE SAUVETAGE DE LA RECETTE.

 

Il est entendu que Jésus ne sauvera pas le corps du christ qui est en ce moment aux environs de Lydda où Is-Kérioth se prépare à l'arrêter dans son élan vers Joppé, mais il peut sauver son baptême, c'est-à-dire la recette. On ne lui demande pas autre chose.

MATTHIEU, XXI, 23. Or, comme il vint dans le Temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple s'approchèrent, de lui tandis qu'il enseignait, et dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? et qui vous a donné ce pouvoir ?

24. Jésus, répondant, leur dit ; Je vous ferai, moi aussi une demande ; si vous y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.

25. Le baptême de Ieou-Shanâ-os, d'où était-il ? du ciel ou des hommes ?

MARC, XI, 27. Ils vinrent de nouveau à Jérusalem, et comme il se promenait dans le Temple, les princes de-prêtres, les scribes et les anciens s'approchèrent de lui,

28. Et lui dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses : et qui vous a donné ce pouvoir de les faire ?

29. Jésus, répondant, leur dit : Je vous ferai, moi aussi, une demande ; répondez-moi et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses :

30. Le baptême de Ieou-Shanâ-os était-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi.

LUC, XX, 1. Or il arriva qu'un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le Temple et qu'il annonçait l'Evangile, les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens.

2. Et lui adressèrent la parole en disant : Dis-nous par quelle autorité tu fais ces choses ? ou : Qui est celui qui t'a donné ce pouvoir ?

3. Et Jésus, répondant, leur dit : Je vous interrogerai, moi aussi, mais sur une seule chose. Répondez-moi :

4. Le baptême de Ieou-Shanâ-os était-il du ciel ou des hommes ?

Vous avez bien remarqué la condition que pose Jésus. Si les princes des prêtres, les scribes et les Anciens[15] répondent à sa question, il répondra. Sinon, non.

MATTHIEU, XXI, 25. Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant :

26. Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple. Tous en effet, tenaient Ieou-Shanâ-os pour prophète.

27.  Ainsi, répondant à Jésus, ils dirent : Nous ne savons. Et Jésus aussi leur répondit : Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.

MARC, XI, 31. Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant : Si nous répondons Du ciel, il dira : Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ?

32. Si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple ; car tous croyaient que Ieou-Shanâ-os était vraiment prophète.

33. Répondant donc, ils dirent à Jésus : Nous ne savons. Et répliquant, Jésus leur dit : Ni moi non plus je ne vous dis par quelle autorité je fais ces choses.

LUC, XX, 5. Mais ils pensaient en eux-mêmes, disant : Si nous répondons : Du ciel, il dira : Pourquoi donc n'y avez-vous point cru ?

6. Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car ils tiennent pour certain que Ieou-Shanâ-os était prophète.

7. Ils répondirent donc qu'ils ne savaient d'où il était.

8. Et Jésus leur dit : Ni moi non plus je ne vous dis par quelle autorité je fais ces choses.

Le tour est joué. En refusant de répondre que le bar tome était simplement un privilège de la maison de David, les princes des prêtres et autres compères ont' fait tout ce qu'il fallait pour dispenser Jésus de cette confession. Et Jésus n'étant descendu dans les Evangiles que pour sauver le privilège des rois de Juda, le baptême est déclaré de Dieu plutôt que des ancêtres du Joannès, de son père, de sa mère, de ses frères, de ses sœurs et de toute sa famille. De plus nous voilà loin des épisodes de Cérinthe où Bar-Jehoudda nie être prophète[16], où les habitants de Jérusalem contestent qu'il le fût[17], où ils prennent des pierres pour le lapider[18] et le chassent de la ville en l'appelant Samaritain[19], la plus grosse de toutes les injures de leur vocabulaire. Ici tous sans exception reconnaissent qu'il était vraiment prophète. Et ce sont les Anciens, c'est-à-dire les soixante-dix membres du sanhédrin, qui ont peur d'être lapidés par le peuple !

 

V. — DAVID, CAUTION DE LA DIVINITÉ DE BAR-JEHOUDDA.

 

Voici un des passages les plus écœurants de tout l'Evangile. Originairement Jésus signifiait aux jehouddolâtres qu'ils eussent à cesser leurs entreprises Contre Dieu et qu'ils y renonçassent à lui substituer un Juif Condamné pour ses crimes. Aujourd'hui il semble bien que, s'appuyant sur une citation des Psaumes, Jésus Prenne David pour caution de la divinité de son descendant. Le dispositif le plus ancien est celui de Marc.

MARC, XII, 35. Mais prenant la parole, Jésus demandait en enseignant dans le Temple : Comment les scribes disent-ils que le christ est fils de David ?

36. Car David lui-même a dit par l'esprit saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que j'aie fait de vos ennemis l'escabeau de vos pieds.

37. Ainsi David lui-même[20] l'appelle son Seigneur : comment est-il son fils ? Et une grande foule l'écoutait avec plaisir.

Dans Luc et dans Matthieu ce tendancieux propos n'est plus tenu dans le Temple.

LUC, XX, 41. Mais il leur demanda : Comment dit-on que le christ est le fils de David ?

42. Puisque David lui-même dit dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite,

43. Jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds.

44. Ainsi David l'appelle son Seigneur : comment donc est-il son fils ?

MATTHIEU, XXII, 41. Or, les pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,

42. Et leur dit : Que vous semble du christ ? de qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David.

43. Il leur répliqua : Comment donc David l'appelle-t-il en esprit son Seigneur, disant :

44. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds ?

45. Si donc David l'appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?

46. Et personne ne pouvait lui rien répondre ; et, depuis ce jour, nul n'osa plus l'interroger.

Cette conclusion n'est que dans Matthieu où elle a été glissée quand les aigrefins de Rome eurent réussi leur coup.

Tournant plus spécialement contre les écrivains juifs les vieilles invectives de Jésus contre les pharisiens, l'Eglise essaie de les déconsidérer en bloc, parce qu'ils sont contraires à leur déplorable compatriote.

LUC, XX, 45. Or, tout le peuple l'écoutant, il dit à ses disciples :

46. Gardez-vous des scribes, qui se plaisent à se promener avec de longues robes, aiment les salutations dans les places publiques, les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins[21] ;

47. Qui dévorent les maisons des veuves sous prétexte de longues prières. Ceux-ci subiront une condamnation plus rigoureuse.

MARC, XII, 38. Il leur disait encore dans son enseignement : Gardez-vous des scribes qui aiment à se promener avec de longues robes, et à être salués dans les places publiques,

39. Et à s'asseoir sur les premiers sièges dans les synagogues, et qui veulent les premières places dans les festins ;

40. Qui dévorent les maisons des veuves sous le prétexte de longues prières : ces hommes-là subiront un jugement plus sévère.

Vous avez déjà vu tous ces lieux communs, vous les reverrez encore. Des injures superficielles qu'on transporte de Matthieu en Luc ou de Luc en Marc aux endroits où on en a besoin, voilà toute la polémique contre les Juifs anti-jehouddolâtres. On n'ose pas aborder la discussion sur son vrai terrain.

Achevant leur déroute, qui est celle de la vérité historique et de la morale :

MATTHIEU, XXI, 42. Jésus leur demanda : N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre[22] rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue un sommet d'angle. Ceci[23] est l'œuvre du Seigneur, et elle est admirable à nos yeux ?

43. C'est pourquoi je vous dis que le Royaume de Dieu vous sera ôté, et qu'il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.

44. Celui qui tombera sur cette pierre, se brisera ; et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera[24].

45. Or, lorsque les princes des prêtres et les pharisiens eurent entendu ses paraboles, ils comprirent que c'était d'eux qu'il parlait.

46. Et cherchant à se saisir de lui, ils craignirent le peuple parce qu'il le regardait comme un prophète[25].

 

VI. — LE TRÉSOR DU TEMPLE ET LES DEUX DENIERS DE LA VEUVE.

 

Les synoptiseurs avaient vu avec effroi l'audace de Cérinthe qui n'avait pas craint de montrer Jésus remettant l'adultère de Bethsabée dans la Cour des femmes ou Cour du trésor. Ils n'ont pas reproduit cette invention, qui avait le tort de mettre en scène la grande aïeule de Bar-Jehoudda ; mais à l'aspect des treize troncs : où s'engouffrait l'argent destiné au Temple, le revenant éprouve des sentiments plus en rapport avec l'économie financière de son Évangile. Il voit sa mère mettant en similitude (car elle ne devait rien), dans le septième tronc, deux petites pièces que Dieu devait millénariser, livrant à ses sept fils tout l'or de la terre et tous les fruits du figuier-myrier. Cette vision n'est que dans Marc et dans Luc.

MARC, XII, 41. Après cela[26], étant assis vis-à-vis du Gazophylakion[27], Jésus regardait de quelle manière le peuple jetait l'argent dans le Gazophylakion ; or nombre de riches y en jetaient beaucoup.

42. Et une pauvre veuve, étant venue, y mit deux lepta valant le quart d'un as[28].

43. Appelant alors ses disciples, il leur dit : En vérité je vous le dis, cette pauvre veuve a déposé plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc :

44. Car tous ont mis de ce qu'ils avaient de superflu ; mais celle-ci a mis, de son indigence même, tout ce qu'elle avait, tout son vivre.

LUC, XXI, 1. Or Jésus, regardant, vit des riches qui mettaient leurs aumônes dans le Gazophylakion.

2. Il vit aussi une pauvre veuve mettant deux deniers.

3. Et il dit[29] : En vérité je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.

4. Car tous ceux-là ont mis, pour offrandes à Dieu, de leur superflu ; mais elle, elle a mis, de son indigence même, tout le vivre qu'elle avait.

Il est bien vrai que la veuve de Jehoudda a fait la première avance de fonds nécessaire au rétablissement de la monarchie davidique et à l'établissement du Royaume, mais elle devait être remboursée au centuple. Ne la plaignons donc pas, sa misère n'est qu'une similitude, comme la mendicité d'Éléazar. Les deux petites pièces de monnaie qu'elle met dans le tronc sabbatique et proto-jubilaire répondent au Zib (le signe est double) et aux deux journées qui la séparent de la vie de l'Æon. A elle seule elle avait mis plus que tout le monde, puisque la Jérusalem d'or devait descendre du Trésor de lumière[30] en entendant les deux dernières pièces de 788 tomber dans le tronc.

Car Salomé, guidée par son homme de lumière[31], avait mis ses deux deniers dans les deux troncs qu'il fallait, celui du septième Jour de la Genèse, afin d'avoir rémission du péché d'Ève, et celui du Zib, le douzième, où cette grâce devait venir, tandis que les riches hérodiens jetaient indifféremment leur argent dans les treize troncs, sans l'affectation cabalistique que la veuve donne à son geste. Eux faisaient un don, elle, un placement. L'idée est claire, et c'est ce qui dispense les synoptiseurs d'évoquer de nouveau le poisson symbolique dans la bouche duquel Pierre a trouvé le statère d'or, alors qu'il n'avait besoin que de quatre drachmes.

 

VII. — LA FIN HISTORIQUE DU TEMPLE.

 

Un des disciples, le préféré, le christ, intéressé dans la suite de cette affaire, s'approche de Jésus pour savoir comment finira le Temple.

MARC, XIII, 1. Lorsque Jésus sortit du Temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regardez quelles pierres ! et quelles constructions !

2. Jésus lui répondit : Vois-tu ces grandes constructions ? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée[32].

Dans Matthieu on fait disparaître prudemment ce disciple qui se permet, le jour où il est en croix dans Cérinthe, de poser de telles questions à Jésus.

MATTHIEU, XXIV, 1. Et Jésus, étant sorti du Temple, s'en alla. Alors ses disciples s'approchèrent pour lui faire remarquer les constructions du Temple.

2. Mais lui-même, prenant la parole, leur dit : Voyez-vous toutes ces choses ? En vérité je vous dis, il ne restera Pas là pierre sur pierre qui ne soit détruite.

Comme il parait peu naturel que Jésus ait attendu le dernier jour pour révéler aux disciples le sort du Temple, c'est aux Juifs qu'il s'adresse dans Luc :

LUC, XXI, 5. Et quelques-uns disant du Temple qu'il était bâti de belles pierres et orné de dons, il répondit :

6. Viendront des jours où de ce que vous voyez il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit détruite.

MARC, XIII, 3. Comme il était assis sur le mont des Oliviers en face du Temple, Pierre, Jacques, Ieou-Shanâ-os et André lui demandaient en particulier :

4. Dites-nous quand ceci arrivera, et quel sera le signe que toutes ces choses commenceront de s'accomplir ?

Ici les quatre premiers martyrs sont placés par ordre de supplice en allant des derniers (802), Shehimon et Jacob senior, aux premiers, Bar-Jehoudda (788) et Jacob junior dit Andréas (787). Bar-Jehoudda est à son rang. On supprime les noms de ces interlocuteurs dans Matthieu et on les remplace par des disciples quelconques.

MATTHIEU, XXIV, 3. Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s'approchèrent de lui en particulier, disant : Dites-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de votre avènement et de la consommation de l'Æon ?

Il s'agit de l'Æon qui s'achève le lendemain à six heures du soir, l'Æon-Zibdéos (Verseau).

Quant au signe, c'est l'Âne, et il est bien vrai que le Temple, détruit par Titus en 823, devait faire place dès le premier solstice de 789 au Temple d'or et de pierreries descendu d'en haut après les trois signes du printemps. Dans Cérinthe ce sont les pharisiens qui posent la question ; Jésus leur répond que par le signe il entend le temple de son corps[33] ressuscité après trois jours. Et à la vérité il a bien prévenu tout le monde que le seul signe qui serait donné, c'est celui du Joannès juif ressuscité à l'instar du Jonas ninivite. Mais ici la question lui est posée par les disciples eue mêmes, les disciples revenus de l'analcade de tout à l'heure et qui trouvent l'âne de Juda aussi vide de résultats que le poisson d'avril. Jésus se moque d'eux ! Le Temple a été détruit, d'accord, mais par l'ennemi vainqueur, et trente-cinq ans après la date qu'annonçait Bar-Jehoudda pour la descente du Trésor de lumière. Où est le Temple descendu d'en haut ? Où est le pavé d'or de la ville ? Où sont les douze portes de pierres précieuses ?

Bar-Jehoudda étant parmi les questionneurs, il a paru plus naturel à Luc que Jésus ne quittât pas le Temple et qu'il y fût interrogé par de vagues Juifs restés jusque là étrangers à sa prédication.

LUC, XXI, 7. Et ils l'interrogèrent, disant : Maître, quand ces choses arriveront-elles, et quel sera le signe qu'elles commenceront de s'accomplir ?

 

VIII. — LES JOURS DE LA TRIBULATION.

 

Certain de n'être point trahi par Satan avec lequel il s'est mis d'accord après une négociation qui n'a pas duré moins de quarante jours, Jésus ne répond ni aux disciples ni aux habitants. La cause du mensonge est entre bonnes mains. Il y aura une quantité de signes, mais aucun dans le ciel. On les trouvera tous dans les livres d'histoire.

LUC, XXI, 8. Jésus dit : Prenez garde d'être séduits ; car beaucoup viendront en mon nom[34], disant : C'est moi et le temps approche[35] ; ne les suivez donc point[36].

9. Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, n'en soyez point effrayés : il faut auparavant que ces choses arrivent ; mais ce n'est pas encore sitôt la fin.

10. Alors il leur disait : Une nation se soulèvera contre une nation, un royaume contre un royaume.

11. Il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux[37] et des pestes, et des famines, et des signes effrayants dans le ciel, et de grands prodiges[38].

MATTHIEU, XXIV, 4. Et Jésus, répondant, leur dit : Prenez garde que quelqu'un ne vous séduise ;

5. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : Je suis le christ, et beaucoup seront séduits par eux.

6. Vous entendrez parler de combats et de bruits de combats. N'en soyez point troublés, car il faut que ces choses arrivent ; mais ce n'est pas encore la fin.

7. Car peuple se soulèvera contre peuple, royaume contre royaume ; et il y aura des pestes et des famines, et des tremblements de terre en divers lieux.

8. Mais toutes ces choses sont le commencement des douleurs.

MARC, XIII, 5. Et répondant, Jésus commença par leur dire : Prenez garde que personne ne vous séduise :

6. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : C'est moi ; et beaucoup seront séduits par eux.

7. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne craignez point : car il faut que ces choses arrivent ; mais ce n'est pas encore la fin.

8. Car une nation se soulèvera contre une nation, un royaume contre un royaume, et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, et des famines. C'est là le commencement des douleurs.

MARC, XIII, 12. Un frère livrera son frère à la mort, et un père son fils ; et des enfants s'élèveront contre leurs parents, et, ils les feront mourir.

13. Et vous serez en haine à tous, à cause de mon nom. Mais celui qui restera ferme jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.

LUC, XXI, 16. Vous serez livrés par vos pères et vos mères, par vos frères, vos parents et vos amis, et ils en mettront à mort d'entre vous[39].

17. Et vous serez en haine à tous à cause de mon nom[40] :

18. Mais pas un cheveu de votre tête ne périra.

19. C'est par votre patience[41] que vous posséderez vos vies.

MATTHIEU, XXIV, 9. Alors on vous livrera aux tribulations et à la mort, et vous serez en haine à toutes les nations à cause de mon nom.

10. Alors beaucoup se scandaliseront ; ils se trahiront et se haïront les uns les autres.

11. Beaucoup de faux prophètes aussi s'élèveront, et beaucoup seront séduits par eux.

12. Et parce que l'iniquité aura abondé, la charité d'un grand nombre se refroidira.

13. Mais celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.

14. [Et cet Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin].

Il s'agit ici non de l'Évangile du Royaume du monde, tel que l'ange de l'Apocalypse le porte aux extrémités de la terre[42], mais de l'Évangile inverse, celui du Royaume céleste et qui s'acquiert par le martyre, à l'exemple du christ dont les mystificateurs transforment l'exécution en suicide.

Ce dispositif est relativement moderne. Nous le soulignons à cause de l'incohérence des synoptiseurs, car ils font dire successivement à Jésus : 1° que les apôtres n'auront pas fini d'évangéliser toutes les villes d'Israël que tout cela ne soit accompli ; 2° qu'ils ne doivent sous aucun prétexte entrer dans les villes païennes ou simplement samaritaines ; 3° que tout cela viendra sur la génération en cours[43].

Ce dispositif provient de la fin de l'Évangile mis sous le nom de Matthieu, et il a pour but de le rectifier, car Jésus y reste le compagnon des apôtres jusqu'à la fin de l'Æon en cours, l'Æon-Zib, tandis qu'ici il n'assigne plus aucun terme à l'avènement du Royaume. Et ce Royaume n'est plus ni de ce monde ni de l'autre : c'est le Royaume du néant.

MARC, XIII, 14. Or, quand vous verrez l'abomination de la désolation[44] là où elle ne doit pas être (que celui qui lit, entende) : alors, que ceux qui sont dans la Judée fuient vers les montagnes ;

15. Et que celui qui est sur le toit, ne descende point dans la maison, et n'y entre point pour emporter quelque chose de sa maison.

16. Et que celui qui sera dans le champ, ne retourne point sur ses pas pour prendre son vêtement.

17. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui nourriront en ces jours-là !

18. Priez donc que ces choses n'arrivent point en hiver,

19. Car ces jours seront des tribulations telles, qu'il n'y en a point eu depuis le commencement des créatures que Dieu a faites jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura point.

20. Et si le Seigneur n'avait abrégé ces jours, nulle chair n'aurait été sauvée ; mais, à cause des élus qu'il a choisis, il a abrégé ces jours.

MATTHIEU, XXIV, 15. Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation, prédite par le prophète Daniel, régnant dans le lieu saint (que celui qui lit[45], entende) :

16. Alors, que ceux qui sont dans la Judée fuient sur les montagnes ;

17. Et que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour emporter quelque chose de sa maison ;

18. Et que celui qui sera dans les champs ne revienne pas pour prendre sa tunique.

19. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui nourriront en ces jours-là !

20. Priez donc que votre fuite n'arrive pas en hiver[46], ni en un jour de sabbat[47].

21. Car alors la tribulation sera grande, telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura point.

22. Et si ces jours n'eussent été abrégés, nulle chair n'aurait été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés.

Cette dernière phrase ne saurait être obscure pour un bon lecteur du Mensonge chrétien. Les jours qui devaient s'écouler depuis le commencement du monde formaient le chiffre de douze mille ans, d'abord fixé par Dieu pour la consommation de son œuvre. Si Dieu avait persisté dans son dessein, nulle chair, même juive, n'aurait été sauvée. Mais ayant abrégé ces jours-là de mille ans (le Millénium du Zib), au profit de Bar-Jehoudda, il s'ensuit que toute chair, même païenne, peut être rachetée par le baptême, puisque le baptême confère la rémission des péchés. Les jours du Zib seront encore abrégés par Dieu à cause des élus, c'est-à-dire de manière que les baptisés puissent être admis dans le Royaume, et que les morts bénéficient de la résurrection avant la fin de l'Æon.

Leur tribulation sera donc abrégée d'autant. Or elle n'était pas mince, si nous en croyons le Saint-Siège. Et pourquoi ne l'en croirions-nous pas quand il dit : Les tribulations qu'endurèrent les Juifs pendant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails, dépassent toute imagination ? Toutes les prophéties du Sauveur s'accomplirent à la lettre, et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier. Les yeux plutôt que les oreilles, dit saint Jérôme, peuvent juger de ce que sont devenues les villes et les places fortes de la Judée ; nous qui pouvons voir l'état de cette province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l'exactitude de tout ce qui a été écrit. A peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où s'élevaient autrefois de grandes villes... Les vignerons perfides[48], après avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même, n'ont plus maintenant le droit d'entrer dans Jérusalem que pour y pleurer ; et, afin qu'ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une somme d'argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du christ achètent maintenant la permission de verser des larmes, et les pleurs mêmes ne leur sont permis qu'à prix d'argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la destruction de Jérusalem par les  Romains, voyez venir ce peuple lugubre ; ces vieilles femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d'années sont, par leur tenue et par leur extérieur, autant de témoins de la colère de Dieu. La troupe misérable se rassemble ; et, tandis que brillent l'instrument du supplice du Seigneur et l'église de la Résurrection, tandis que l'étendard de la croix est déployé tout éclatant sur le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple.

Quelle douceur, quelle charité dans ces réflexions de l'Eglise ! Et aussi quelle sûreté de jugement !

LUC, XXI, 20. Or, quand vous verrez Jérusalem investie par une armée[49], sachez que sa désolation est proche :

21. Alors, que ceux qui sont dans la Judée fuient vers les montagnes ; et que ceux qui sont au milieu d'elle, s'en éloignent ; et que ceux qui sont dans les contrées[50], n'y entrent point[51].

22. Parce que ce sont là des jours de vengeance[52], afin que s'accomplisse tout ce qui est écrit[53].

23. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui nourriront en ces jours-là ![54] [car il y aura une détresse affreuse dans le pays, et une grande colère contre ce peuple][55].

24. Et ils tomberont sous le tranchant du glaive et seront emmenés captifs dans toutes les nations[56], et Jérusalem sera foulée aux pieds par les Gentils, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis[57].

25. Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et, sur la terre, la détresse des nations, à cause du bruit confus de la mer et des flots[58],

26. Les hommes séchant de frayeur dans l'attente de ce qui doit arriver à tout l'univers : car les vertus des cieux seront ébranlées ;

27. Et alors ils verront le fils de l'homme venant dans une nuée, avec une grande puissance et une grande majesté.

28. Or, quand ces choses commenceront à s'accomplir, regardez et levez la tête, parce que votre rédemption[59] approche.

 

IX. — RETOUR ET VENGEANCE DE BAR-JEHOUDDA.

 

Maintenant que l'Église bat monnaie avec la résurrection de Bar-Jehoudda, elle prédit par l'organe du revenant qu'il n'y aura plus d'autre christ, que tous les christs qui sont venus contre lui, comme Ananias et Apollos, ou depuis lui, comme Theudas, Ménahem, Andréas et Bar-Kocheba, étaient faux. En effet ils sont morts, lui seul est ressuscité. Il s'en est présenté d'autres, et beaucoup d'élus les ont suivis ; ils ont eu tort, c'est lui qu'il eût fallu suivre. Ils sont élus tout de même, puisque longtemps le Royaume s'est obtenu par la violence, mais s'ils en suivent d'autres à l'avenir, Bar Jehoudda les punira lors de son retour, il n'admet pas la concurrence. Aussi le Saint-Siège est-il très dur pour tous ces faux prophètes, au nombre desquels il met Cérinthe !

MARC, XIII, 21. Et alors si quelqu'un vous dit : Voici le christ ici, le voilà là, ne le croyez point.

22. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes, et ils feront des signes et des prodiges pour séduire, s'il peut se faire, même des élus.

22. Vous donc, prenez garde : voilà que je vous ai tout prédit.

MATTHIEU, XXIV, 23. Alors, si quelqu'un vous dit : Voici le christ, ici, ou là, ne le croyez pas.

24. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils feront de grands signes et des prodiges, en sorte que Soient induits en erreur (s'il peut se faire) même les élus.

25. Voilà que je vous l'ai prédit.

LUC, XVII, 23. Et l'on vous dira : Le voici ici, et le voilà là. N'y allez point, et ne les suivez point.

24. Car, comme l'éclair, qui, brillant sous un côté du ciel, lance sa lumière sur tout ce qui est sous le ciel, ainsi sera le. Fils de l'homme en son jour.

23. Mais il faut auparavant qu'il souffre beaucoup de choses, et qu'il soit rejeté par cette génération[60].

MATTHIEU, XXIV, 26. Si donc on vous dit : Le voici dans le désert[61], ne sortez point : Le voilà dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez pas.

27. Car, comme l'éclair part de l'orient et apparait jusqu'à l'occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme.

28. Partout où sera le corps, là aussi s'assembleront les aigles.

LUC, XVII, 36. Prenant la parole, les disciples lui dirent : Où, Seigneur ?

37. Et il leur répondit : Partout où sera le corps, là s'assembleront aussi les aigles.

Il s'agit des aigles-phénix, probablement au nombre de six, qui ont marqué les périodes[62], et qui ressusciteront de leurs cendres pour participer à la Cène des oiseaux de proie décrite dans l'Apocalypse[63].

Vous ne me pardonneriez jamais si je passais sous silence l'interprétation approuvée par le Saint-Siège : Tous les hommes ressuscités et renouvelés comme des aigles, s'assembleront autour du corps de Jésus-Christ qui a été immolé pour eux. Car le corps, dit-il, c'est le cadavre. Quant aux aigles, l'aigle proprement dit ne se nourrit pas de cadavres, ordinairement du moins.

L'oiseau de proie dont il s'agit ici est le vautour percnoptère, qui ressemble beaucoup à l'aigle et que Pline considère comme formant la quatrième espèce du genre aigle. Nous avons du reste ici une locution proverbiale.

Pas le moins du monde, nous avons une image empruntée aux écrits du revenant ; mais au lieu de la réaliser contre les goym avec des vautours percnoptères, Dieu s'est plu à rassembler autour du cadavre de Bar-Jehoudda quelques chiens qui ont dévoré ses os en 362[64].

Pour toute part dans le Royaume, les jehouddolâtres devront se contenter de n'être pas compris dans la Cène des aigles-phénix. Et bienheureux ceux qui, prévoyant le retour prochain de Bar-Jehoudda, lui sacrifient leurs premiers-nés pour désarmer sa vengeance ! Depuis la publication de l'Apocalypse de Pathmos il n'y a plus que les pharisiens de 788 pour ignorer le dispositif arrêté quant au Royaume[65]. Ce dispositif, on l'introduit dans Luc.

LUC, XVII, 20 Interrogé par les pharisiens : Quand vient le Royaume de Dieu ? leur répondant, il dit : Le Royaume de Dieu ne vient point de manière à être remarqué ;

Non, c'est le chat ! L'Occident dévasté, le monde renouvelé, la chute des étoiles, la fusion du soleil et de la lune, la descente du Fils de l'homme, des Douze, des Trente-six et des Cent quarante-quatre mille, la résurrection des morts, la disparition de la mer, etc., cessent d'être des choses qu'ont eût remarquées.

21. Et l'on ne dira point : Il est ici, ou il est là....

Comment ! la capitale du Royaume n'est plus Jérusalem-Nazireth avec son pavé d'or et ses douze portes de pierres précieuses ?

... Car voici que le Royaume de Dieu est au dedans de vous.

Où allons-nous ? Du temporel le Royaume est passé au spirituel ? On se perd dans cette orgie d'incohérences auxquelles préside Satan lui-même du haut du. premier ciel !

22. Il dit ensuite à ses disciples : Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas.

Il est donc vrai ? le christ est donc un vil imposteur ? Pas un seul des jours de mille ans ne viendra ? Alors pourquoi Jésus dit-il quelques heures auparavant : En vérité parmi ceux qui sont ici, il en est qui ne mourront point sans voir le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel ? La vérité est que ces jours étaient passés, sans que Dieu eût exaucé le désir des christiens.

 

X. — LES JOURS DE LA VENGEANCE ET DE LA RÉTRIBUTION.

 

Après ces longues prophéties au passé, véritable synthèse historique, on retourne au dispositif de l'Apocalypse qui, postérieurement à la période embrassée par tous ces événements, a été enlevée au christ pour être donnée sous le titre d'Apocalypse de Pathmos au pseudo-Joannès apôtre et évangéliste. On peut donc lui emprunter quelques traits.

L'Église ne pouvait pas ne pas remarquer que dans toute cette prophétie les événements qui devaient s'accomplir à la ruine de Jérusalem sont mêlés avec ceux qui ne doivent se réaliser qu'à la fin du monde, sans qu'il soit toujours possible de bien les démêler les uns des autres. Le Seigneur, dit un ancien auteur ecclésiastique à qui l'on doit l'Opus imperfectum publié dans les œuvres de S. Jean Chrysostome, le Seigneur n'a pas spécifié quels sont les signes qui appartiennent à la destruction de Jérusalem et quels sont ceux qui appartiennent a la fin du monde, de sorte que les mêmes signes semblent convenir à l'une et à l'autre, parce qu'il n'expose point avec ordre, comme dans une histoire, ce qui devait se passer, mais il annonce d'une manière prophétique ce qui arrivera.

MATTHIEU, XXIV, 29. Mais aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s'obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière ; les étoiles tomberont du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées[66].

30. Alors apparaitra le signe[67] du fils de l'homme dans le ciel alors pleureront toutes les tribus de la terre[68], et elles verront le fils de l'homme venant dans les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté.

31. Et il enverra ses anges[69], qui, avec une trompette et une voix éclatante, rassembleront ses élus[70] des quatre vents de la terre, du sommet des cieux jusqu'à leurs dernières profondeurs.

MARC, XIII, 24. Or en ces jours-là, après cette tribulation, le soleil sera couvert de ténèbres, et la lune ne donnera plus sa lumière ;

25. Et les étoiles du ciel tomberont, et les vertus qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26. Alors on verra le fils de l'homme venant dans les nuées avec une grande puissance et une grande gloire ;

27. Alors aussi il enverra ses anges, et il rassemblera ses élus, des quatre vents, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel.

MATTHIEU, XXIV, 37. Et comme aux jours de Noé, ainsi sera l'avènement du fils de l'homme.

38. Car, comme ils étaient aux jours d'avant le déluge, mangeant et buvant, se mariant et mariant leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche,

39. Et qu'ils ne reconnurent point le déluge, jusqu'à ce qu'il arriva et les emporta tous : ainsi sera l'avènement même du fils de l'homme.

LUC, XVII, 26. Et comme il est arrivé aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aussi dans les jours du fils de l'homme.

27. Ils mangeaient et buvaient ; ils se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; et le déluge vint, et les perdit tous.

28. Et comme il est arrivé encore aux jours de Lot : ils mangeaient et buvaient, ils achetaient et vendaient, ils plantaient et bâtissaient :

29. Mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuvoir le feu et le soufre du ciel, et il les perdit tous.

30. Ainsi en sera-t-il le jour où le fils de l'homme sera révélé.

31. En cette heure-là, que celui qui se trouvera sur le toit et dont les meubles sont dans la maison, ne descende point pour les emporter ; et que celui qui est dans le champ, ne retourne point non plus en arrière.

33. Souvenez-vous de la femme de Lot.

33. Quiconque cherchera à sauver son âme la perdra ; et quiconque la perdra, lui donnera la vie[71].

MATTHIEU, XXIV, 40. Alors de deux hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé.

41. De deux femmes qui moudront ensemble, l'une sera prise et l'autre laissée.

LUC, XVII, 34. Je vous le dis : en cette nuit-là deux seront en un lit, l'un sera pris et l'autre laissé ;

35. Deux femmes moudront ensemble, l'une sera prise et l'autre laissée ; deux hommes seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé.

Voilà encore du nouveau. Plus de réaccouplement ! L'homme ne sauve plus la femme en l'absorbant. Chacun pour soi dans la débâcle finale. L'homme et la femme, sur le même lit — j'aime à croire que les deux sexes sont représentés dans l'hypothèse cubiculaire —, seront séparés pour le jugement et ne se rejoindront plus, comme Jésus le disait dans les Paroles du Rabbi et comme Salomé le croyait. Et ce ne sera pas un accident de ménage. Salomé, la grande accoupleuse de femmes, aura une autre déconvenue : il pourra arriver que de deux femmes l'une soit laissée à Satan, l'autre prise par Dieu, et ainsi de deux hommes. De sorte que ni dans le mariage ni hors du mariage il n'y aura régénération par réadamisation. Dans quel monde ces tératologies se passeront-elles ? C'est à en perdre l'esprit ! Quel coup pour les sept démons que Jésus a extraits de la mère des fils du Zibdéos !

MARC, XIII, 30. En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point que toutes ces choses ne s'accomplissent.

31. Le ciel et la terre passeront, mais mes Paroles[72] ne passeront point.

32. Mais sur ce jour ou sur cette heure nul ne sait rien, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seulement.

MATTHIEU, XXIV, 34. En vérité je vous dis que cette génération ne passera point jusqu'à ce que toutes ces choses s'accomplissent.

35. Le ciel et la terre passeront[73], mais mes Paroles ne passeront point.

36. Mais pour ce jour et cette heure, personne ne les sait, pas même les anges du ciel ; il n'y a que le Père.

Comment ! Bar-Jehoudda ne savait pas ce qu'il disait lorsqu'il annonçait le Royaume pour le 15 nisan 789 ? Mais alors il n'est pas consubstantiel au Père ! Le Fils-Verbe non plus. D'où vient que Jésus répète plus de vingt fois dans le Quatrième Evangile qu'il est dans son Père et que son Père est en lui ?

MATTHIEU, XXV, 31. Or, quand le fils de l'homme viendra dans sa majesté, et tous les anges avec lui, alors il s'assiéra sur le trône de sa majesté.

32. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il les séparera les uns d'avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d'avec les boucs ;

33. Et il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

34. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez les bénis de mon Père ; possédez le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde :

35. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais sans asile, et vous m'avez recueilli :

36. Nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.

Cela, c'est l'histoire de Bar-Jehoudda ; il est plus reconnaissant ici que dans d'autres passages, il avoue même qu'il a été tiré de la prison du Hanoth par une émeute. Mais il n'est rien arrivé de pareil à Jésus, le Roi tel que le décrit l'Apocalypse. Les justes, de quelque nation qu'ils soient, même Juifs, ne pourront donc pas invoquer de titres à sa grâce, et c'est ce qu'ils font observer.

37. Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu ayant faim[74], et que nous vous avons rassasié ; ayant soif, et que nous vous avons donné à boire ?[75]

38. Quand est-ce que nous vous avons vu sans asile[76], et que nous vous avons recueilli ; ou nu, et que nous vous avons vêtu ?

39. Ou quand est-ce que nous vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus à vous ?

40. Et le Roi répondra, disant : En vérité je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits d'entre mes frères[77], c'est à moi que vous l'avez fait.

Tel est le langage qu'il tiendra à ceux qui seront assis à sa droite, l'Orient. Quant à ceux qui seront assis à sa gauche — l'Occident dont étaient les Romains de Pilatus et les deux mille Gaulois d'Antipas —, les Juifs qui n'ont pas rétabli Bar-Jehoudda sur le trône de ses pères seront précipités avec eux dans l'abîme où le feu ne s'éteint point, car :

41. Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Allez loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé au diable et à ses anges :

42. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez point donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez point donné à boire ;

43. J'étais sans asile, et vous ne m'avez point recueilli ; nu, et vous ne m'avez point vêtu ; malade et en prison, et vous ne m'avez point visité.

44. Alors eux aussi lui répondront, disant : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu ayant faim, ou soif, ou sans asile, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne vous avons point assisté ?

45. Alors il leur répondra, disant : En vérité je vous le dis, chaque fois que vous ne l'avez point fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez point fait.

46. Et ceux-ci s'en iront à l'éternel supplice, et les justes dans la vie éternelle.

 

XI. — LE ROI DES VOLEURS VIENDRA COMME L'UN D'EUX.

 

Voici maintenant quelques conseils qui sont la moralité des paraboles sur les veilleurs et serviteurs de garde, et qui se rattachent à cette idée, exprimée dans l'Envoi de Pathmos[78], que Bar-Jehoudda reviendra comme un de ces voleurs dont il avait été le Roi.

MATTHIEU, XXIV, 42. Veillez donc, parce que vous ne savez à quelle heure votre Seigneur doit venir.

43. Mais sachez ceci : si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait certainement et ne laisserait pas percer sa maison.

44. C'est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts : car vous ignorez l'heure à laquelle le fils de l'homme doit venir.

LUC, XXI, 32. En vérité je vous le dis, cette génération ne passera point, jusqu'à ce que toutes ces choses soient accomplies.

33. Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.

34. Faites donc attention à vous, de peur que vos cœurs ne s'appesantissent dans la crapule, l'ivresse et les soins de cette vie, et que ce jour ne vienne soudainement sur vous :

35. Car, comme un filet[79], il enveloppera tous ceux qui habitent sur la terre.

36. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d'éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de paraître avec confiance devant le fils de l'homme.

MARC, XIII, 33. Tenez-vous sur vos gardes, veillez et priez, puisque vous ne savez quand ce temps viendra,

34. Comme un homme qui, partant pour un voyage, et laissant sa maison, donne pouvoir à ses serviteurs, à chacun suivant sa fonction, et commande au portier de veiller.

35. Veillez donc, (car vous ignorez quand viendra le maître de la maison, le soir[80], ou au milieu de la nuit[81], ou au chant du coq[82], ou le matin[83]),

36. De peur que, venant subitement, il ne vous trouve endormis.

37. Et ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.

Voilà les recommandations que Jésus fait aux apôtres la veille de l'arrestation de Bar-Jehoudda. Nous allons voir quel compte ils en tiennent dans la nuit de la pâque, composée, elle aussi, de quatre veilles.

Quant à Jésus, fatigué de toutes ces inepties, il va se coucher chaque soir du côté des colonnes d'Hercule pour reparaître le lendemain à l'Orient. Mais comme, en allant coucher à l'Occident selon sa coutume, il risque de rencontrer Bar-Jehoudda dans les environs de Lydda, il renverse tout l'ordre de la nature pour s'aller coucher chaque soir sur le Mont des Oliviers.

LUC, XXI, 37. Or le jour il enseignait dans le Temple ; mais la nuit, sortant, il se retirait sur la montagne appelée des Oliviers.

38. Et tout le peuple venait de grand matin vers lui, au Temple, pour l'écouter.

Cérinthe vous l'a dit, le Verbe, c'est la Lumière héliaque, mais ici le Verbe se conduit comme un suppôt de Satan, prince des ténèbres.

 

XII. — TRANSLATION DE BATHANÉA À BÉTHANIE ET CONVERSION D'ELÉAZAR EN SIMON IS-KÉRIOTH.

 

Aucun des synoptiseurs ne peut cacher que Bar-Jehoudda ait été arrêté avant la pique : ils sont liés non-seulement par l'histoire, qui est encore dans Josèphe au moment où ils composent, mais plus encore par les premiers évangiles, où il est dit que Bar-Jehoudda avait été crucifié avant le repas de l'agneau. Pour comble d'embarras, Cérinthe, le diabolique auteur du Quatrième Evangile, avait écrit que le sacre de Bar-Jehoudda s'était passé à Bathanéa trans Jordanem, d'où le roi-christ était parti six jours avant la pâque, c'est-à-dire le 9 nisan[84]. Ayant installé Jésus à Béthanie-lez-Jérusalem le 12 nisan, il fallait que les synoptiseurs tissent entrer le sacre, et l'allégorie chronométrique relative à Is-Kérioth, dans les deux jours qui s'étaient écoulés entre la déconfiture de Bar-Jehoudda au Sôrtaba et son arrestation. On n'avait que ces deux jours-là pour mettre en forme la prétendue trahison d'Is-Kérioth.

Le plus ancien dispositif est celui de Marc et de Luc.

MARC, XIV, 1. Or, deux jours après, c'était la pâque et les azymes ; et les princes des prêtres et les scribes cherchaient comment ils se saisiraient de lui par ruse, et le feraient mourir.

2. Mais ils disaient : Non pas un jour de la fête, de peur qu'il ne s'élevât quelque tumulte dans le peuple.

Comme vous le voyez, les gens du Temple décident que Bar-Jehoudda sera arrêté avant le premier jour de la fête qui commençait à la première heure du 15 nisan par le repas de la pâque.

LUC, XXII, 1. Cependant approchait la fête des azymes, qu'on appelle Pâque.

2. Et les princes des prêtres et les scribes cherchaient comment ils pourraient faire mourir Jésus ; mais ils craignaient le peuple.

Vous remarquez que dans Luc on supprime l'intervalle de deux jours qui s'écoule dans Marc, et aussi dans Matthieu, entre la délibération des gens du Temple et la pâque. Les synoptiseurs de Matthieu ont pensé qu'au point où en était l'imposture ecclésiastique, Jésus ne devait pas laisser à un tiers le soin de constater que Bar-Jehoudda avait été arrêté avant la Cène. C'est Jésus qui l'annonce, et dans sa bouche cette vieille histoire prend le caractère d'une prophétie.

MATTHIEU, XXVI, 1. Or il arriva que lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :

2. Vous savez que la pâque se fera dans deux jours, et que le fils de l'homme sera livré pour être crucifié.

3. Alors les princes des prêtres et les anciens du peuple s'assemblèrent dans la salle du grand prêtre, appelé Caïphe,

4. Et tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, et le faire mourir.

5 Mais ils disaient : Non pas un jour de la fête, de peur qu'il ne s'élevât du tumulte parmi le peuple.

Le plus ancien dispositif de la trahison, c'est celui de Marc où le marché d'Is-Kérioth avec le Temple a lieu immédiatement après le sacre. On a placé le sacre chez Simon, père d'Is-Kérioth, qu'on a fait lépreux pour la circonstance, afin de le rendre méconnaissable, et qu'on a transporté de Kérioth à Béthanie[85].

De tous les évangélistes Cérinthe est, le seul qui nous ait transmis le nom du père d'Is-Kérioth, et Luc le seul qui nous montre Jésus entrant chez ce Simon, s'attablant avec lui pour acheter son silence sur le truc du vase employé au chrisme par Salomé, et remettant à celle-ci le péché de mensonge qu'elle a ajouté à tous les autres ce jour-là. Nous avons reproduit et expliqué cette scène où Simon est toujours pharisien. Dans Marc et dans Matthieu, il est atteint de la même maladie que les neuf Juifs de Samarie auxquels Jésus préfère l'Haramathas, il a la lèpre. Ou plutôt il l'a eue, car dès le moment que Jésus est à sa table, il est purifié. Toutefois Jésus ne lui donne pas l'ordre d'aller se montrer aux prêtres, comme il le donne à tous les lépreux qu'il a guéris jusqu'ici. S'il donnait un tel ordre et que Simon l'exécutât, les gens du Temple, au lieu d'envoyer à Lydda pour arrêter Bar-Jehoudda, enverraient à Béthanie pour arrêter Jésus, qui de cette façon ne pourrait plus célébrer la pâque et instituer l'Eucharistie.

L'Infaillible s'est demandé si le repas qui a lieu chez Éléazar était différent de celui qui a lieu ici chez Simon le lépreux et que Luc a déjà placé chez Simon le pharisien. Voici ses explications :

Il est probable que le repas décrit par saint Jean est le même que saint Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon : les deux évangélistes placent la scène à Béthanie ; les récits présentent les mêmes circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six jours avant Pâques, comme le dit saint Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant le repas, ou le vendredi, si l'on compte les six jours à partir du jeudi soir, où la fête commençait. Si saint Matthieu parle de deux jours avant Pâques quelques versets plus haut, c'est à propos d'un autre fait, de la résolution prise par le sanhédrin de faire mourir Jésus ; et cette anticipation n'empêche pas qu'il ne décrive ensuite très naturellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l'occasion de quitter son maître et de le vendre aux Juifs. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n'est pas une preuve qu'il eut lieu chez eux. Celui qui l'offrait ne pouvait-il pas être de leurs parents ou de leurs amis ? C'est même probablement parce qu'on n'était pas chez eux que saint Jean croit devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à servir les convives. Ici comme ailleurs, le dernier Évangile complète les précédents, eu ajoutant à leur récit de nouveaux traits. Saint Matthieu et saint Marc disent : une femme ; saint Jean dit : Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l'onction de la tête seulement ; lui, signale l'onction des pieds.

Le repas dont parle saint Luc eut lieu assez longtemps auparavant, en Galilée, et, selon toute apparence, à Naïm. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre-Seigneur eut à reprendre les sentiments de Judas, et non ceux de Simon. Seulement, on peut demander si ce n'est pas le même Simon qui les a donnés l'un et l'autre. La plupart distinguent Simon le pharisien de Simon le lépreux : ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même domicile, ni le même caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n'est pas sûr que Simon fût de Naïm, ni même de Galilée : saint Luc ne le dit pas ; et, quoique pharisien, il avait pu être guéri de la lèpre par Notre-Seigneur et changer de sentiment à son égard.

Nous sommes heureux de voir que l'Infaillible admet l'identité ; en la prouvant nous ne cessons pas d'être orthodoxes. La seule différence entre Luc et les synoptiseurs de Marc et de Matthieu, c'est que dans ces derniers Simon a déménagé de Kérioth, afin que, le sacre de Jésus ayant lieu à Béthanie, son fils puisse arrêter le revenant plus près de Jérusalem que de Lydda.

MARC, XIV, 3. Et comme Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, et qu'il était à table, il vint une femme ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard d'épi[86] d'un grand prix. Or le vase rompu, elle répandit le parfum sur sa tête.

MATTHIEU, XXVI, 6. Or, comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,

7. Vint auprès de lui une femme ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, et elle le répandit sur sa tête lorsqu'il était à table.

Vous savez depuis longtemps qui est et se qu'est la femme au vase d'albâtre. Mais pour le Saint-Siège qui est-elle ?

On croit, dit-il, que c'est Marie-Madeleine. Le sentiment commun est qu'il n'y a point de distinction à faire entre la pécheresse de saint Luc (Marie-Madeleine, délivrée de sept démons), Marie, sœur de Marthe, et Marie de Béthanie. Ce sentiment parait bien fondé. En effet, 1° tel est l'avis des docteurs et des Pères les plus anciens, celui que l'Église romaine a toujours suivi dans sa liturgie. S'il s'agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible que les apôtres n'en eussent pas instruit les premiers fidèles, ou qu'il se fût établi dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement ?2° Lorsqu'on lit simplement l'Évangile, l'idée de ces distinctions ne s'offre pas à l'esprit. — Après avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, saint Luc parle aussitôt de plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, et qui l'assistaient de leurs biens : or la première de toutes est Marie, surnommée Madeleine. — Quand saint Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, pour la faire connaître, que c'est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds du Sauveur. A qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu'on sait avoir fait à Naïm cet acte d'humilité et de religion ?On ne peut pas la méconnaître davantage chez Simon, où cette action est renouvelée, ni au pied de la croix, ni au tombeau, où elle parait sous le nom de Marie-Madeleine. Si ce n'était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s'expliquer son absence, l'absence de la sœur de Lazare, en pareilles circonstances ? D'ailleurs, ce sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l'identité du caractère indique l'identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naïm, celle qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d'amour ?3° On ne peut opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. — Une même personne ne peut-elle pas s'être trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Magdala, et être venue chez sa sœur à Béthanie ?Il est des esprits qui répugnent à croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa conversion. Mais n'a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu'on doit penser d'un tel sentiment ? N'est-ce pas pour les pécheurs qu'il est venu sur la terre, et ne voulait-il pas qu'on connût ses dispositions ? Ce qu'il a fait pour Madeleine, ne l'a-t-il pas fait pour la Samaritaine et pour une infinité d'autres ? N'était-ce pas un présage, une figure de la grâce qu'il destinait à toute la gentilité ? Ne l'a-t-il pas aussi convertie ? ne l'a-t-il pas régénérée, honorée du nom d'épouse, et mise à la place de la Synagogue infidèle ?Enfin, Si Marie, sœur de Marthe, n'était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-il pas dire que l'Église est loin de remplir les intentions du Sauveur ; qu'elle ne comprend même pas la prédiction qu'il a faite au repas de Béthanie, puisqu'elle attribue à sainte Madeleine et qu'elle honore particulièrement en sa personne l'acte de religion qu'il a signalé en Marie comme devant être pour elle la, source de tant de gloire ? Le caractère de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à Naïm.

MARC, XIV, 4. Quelques-uns s'en indignèrent en eux-mêmes, et ils disaient : Pourquoi avoir ainsi perdu ce parfum ?

5. Il pouvait en effet, ce parfum, se vendre plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.

MATTHIEU, XXVI, 8. Ce que voyant, ses disciples s'indignèrent, disant : Pourquoi cette perte ?

9. Il pouvait en effet, ce parfum, se vendre très cher et être donné aux pauvres.

Dans Cérinthe c'est Is-Kérioth qui prend l'intérêt des pauvres et qui suppute la valeur chronométrique du vase à parfum. On a même supprimé dans Matthieu l'évaluation en jours du vase de l'année au moment du chrisme. On n'a pas voulu laisser à Is-Kérioth le rôle qui contraste si étrangement avec la vénalité dont il va faire preuve dans un instant. On prend contre lui la défense de Salomé à qui Jésus a remis son péché dans le premier repas qu'il a fait avec Simon.

MARC, XIV, 6. Mais Jésus dit : Laissez-la ; pourquoi lui faites-vous de la peine ? C'est une bonne œuvre qu'elle a faite envers moi.

7. Car les pauvres, vous les avez toujours avec vous, et, quand vous vouiez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.

8. Ce qu'a pu celle-ci, elle l'a fait : elle a d'avance parfumé mon corps pour la sépulture.

9. En vérité je vous le dis : Partout où sera prêché cet Évangile, dans le monde entier, ce que celle-ci vient de faire sera même raconté en mémoire d'elle.

MATTHIEU, XXVI, 10. Mais Jésus, le sachant, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? C'est une bonne œuvre qu'elle a faite envers moi.

11. Car vous avez toujours les pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'avez pas toujours.

12. Cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l'a fait pour m'ensevelir.

13. En vérité je vous le dis, partout où sera prêché cet Évangile, dans le monde entier, on dira aussi, en mémoire d'elle, ce qu'elle vient de faire.

 

XIII. — LE MARCHÉ D'IS-KÉRIOTH AVEC LE TEMPLE.

 

Matthieu commet une gaffe énorme dans le marché qu'il suppose entre Is-Kérioth et le Temple. Il laisse le chiffre de pièces qui fait remonter pour le moins le sacre au 15 adar, et qui par ce seul fait replace la scène à son véritable endroit, Bathanéa trans Jordanem ! Ah ! le maladroit !

MATTHIEU, XXVI, 14. Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, alla vers les princes des prêtres,

15. Et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? Et ceux-ci lui assurèrent trente pièces d'argent.

16. Et de ce moment il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer.

Ici les prêtres lui assurent les trente pièces du dernier mois, mais ils ne les lui donnent pas ; ils le voudraient d'ailleurs qu'ils ne le pourraient pas, puisqu'a la date de la convention, 15 adar, ils ne sont pas sûrs eux-mêmes de les avoir à l'échéance. S'ils meurent avant le 15 nisan, ils ne les auront pas. Il n'en reste pas moins que sur les soixante-douze demi-décans de l'année 788, en voilà six qui ont trahi un mois avant la pâque !

Ayant vu que Matthieu, avec son chiffre de pièces, indiquait approximativement la date du sacre, — lequel à ce compte ne pouvait plus avoir lieu dans Béthanie- lez-Jérusalem où Jésus n'arrive que le 12 nisan, — les synoptiseurs de Marc ont supprimé le chiffre. Toutefois, ils ont, comme ceux de Matthieu, placé le marché avant la scène des parfums.

MARC, XIV, 10. Alors Judas Iscariote, un des douze, alla trouver les princes des prêtres, pour le leur livrer.

Ceux-ci, l'entendant, se réjouirent, et promirent de lui donner de l'argent. Aussi cherchait-il une occasion favorable pour le leur livrer.

Dans ces conditions, Is-Kérioth qui selon Matthieu a vendu Bar-Jehoudda pendant trente jours, ne le vend plus selon Marc que pendant deux jours. L'honneur d'Is-Kérioth remonte de vingt-huit trentièmes.

La trahison d'Is-Kérioth baisse également de vingt-huit trentièmes dans Luc qui la place avant le sacre, ce qui l'a conduit à imiter Marc dans la suppression des trente pièces.

Luc, XXII, 3. Or Satan entra dans Judas, qui était surnommé Iscariote, étant arithmétiquement[87] des douze (tribus).

4. Et il s'en alla, et il conféra avec les princes des prêtres et les magistrats, comment il le leur livrerait.

5. Et ils se réjouirent, et convinrent de lui donner de l'argent.

6. Il s'engagea donc. Et dès lors il cherchait l'occasion de le livrer en l'absence du peuple.

La question d'argent étant la seule qui ait inspiré tous ces faux, la supposition de ce marché est venue d'elle-même à l'esprit des synoptiseurs. C'est pour avoir de l'argent qu'ils travaillent, il leur parait tout naturel que l'un des douze ait vendu son maître dans le même but.

En tout cas, il résulte du Quatrième Évangile, conféré avec les trois autres, que Bar-Jehoudda n'a pas été sacré moins de trois fois : une fois chez Éléazar à Bathanéa trans Jordanem, et deux fois chez le père d'Is-Kérioth, la première on ne sait où ni quand, la seconde à Béthanie deux jours avant la pâque, c'est-à-dire le 13 nisan. Sans nous arrêter aux frais énormes que Simon a dû avancer pour les deux cérémonies qui ont eu lieu chez lui, demandons à l'Infaillible pourquoi Marc, Matthieu et Luc ont fait disparaître totalement le banquet du 14, où Jésus lave les pieds, c'est-à-dire remet les péchés de tous les personnages engagés dans la fable.

Et attendons sa réponse sous le figuier-myrier.

 

FIN DU HUITIÈME TOME

 

 

 



[1] Cf. L'Évangile de Nessus.

[2] Cf. L'Évangile de Nessus.

[3] Il est le père de Jérusalem. On disait la ville de David.

[4] La paix jubilaire, consacrée par la disparition de tout obstacle.

[5] Jérusalem est dans une situation pire que celle des quatre postvoyants de Jéricho. A aucun moment elle n'a vu Bar-Jehoudda sur les ânes.

[6] Sous Vespasien d'abord, sous Hadrien ensuite.

[7] Cela est censé se passer le 12 nisan, dans la même journée que l'entrée à Jéricho.

[8] Lundi 13 nisan. Bar-Jehoudda était condamné à mort et recherché depuis trente-huit jours.

[9] De sorte qu'ils deviennent témoins actifs et oculaires.

[10] Sur toutes ces mystifications, cf. Le Gogotha. Ces enfants jouissent de leur reste. A partir du 15 il n'y en avait plus.

[11] Cf. Le Roi des Juifs.

[12] Cf. L'Évangile de Nessus.

[13] Pour ce petit figuier peut-être, mais pour l'Arbre de la Régénération ?

[14] Tel l'arbre sous lequel s'était abrité Jonas.

[15] Les Anciens sont les membres du sanhédrin qui avait condamné Jehoudda le 5 adar.

[16] Cf. L'Évangile de Nessus.

[17] Cf. L'Évangile de Nessus.

[18] Cf. L'Évangile de Nessus.

[19] Cf. L'Évangile de Nessus.

[20] Nullement. Le psaume auquel on emprunte ce passage n'est pas de David, à supposer que David ait fait des Psaumes, il est d'un scribe parlant de David.

[21] Copié dans Luc même, XI, 43.

[22] La pierre du témoignage de Dieu en faveur des Juifs, donnée d'abord à Moïse, puis reprise par Jehoudda. Shehimon en joue le rôle dans les Evangiles, notamment pendant la Transfiguration.

[23] La pierre elle-même. Iahvé dit qu'elle est de lui dans Zacharie.

[24] Parfaitement. Cette pierre est devenue l'Église au concile de Césarée de Philippe.

[25] Ce n'est pas lui, c'est Joannès que tout le peuple regardait comme un prophète. Les synoptiseurs viennent de nous le dire à l'instant. On ne peut pas reconnaître plus maladroitement l'identité charnelle de Joannès et de Jésus.

[26] La proposition de Jésus quant à la divinité de Bar-Jehoudda prédite par David.

[27] Cour du trésor.

[28] Donc deux deniers.

[29] Il n'appelle plus les disciples, comme dans Marc.

[30] Le Trésor de lumière est dans le trône de Dieu. On en parle à chaque instant dans les Sagesses valentiniennes.

[31] Son mari dans les Sagesses valentiniennes.

[32] Ce disciple devrait savoir cela, puisqu'il est censé l'avoir entendu déjà la veille.

[33] Cf. L'Evangile de Nessus.

[34] C'est-à-dire prêchant l'Apocalypse révélée par lui, Verbe juif. Il y avait eu Ânenias, Apollos (nous ne comptons pas Theudas qui est un parent), Ménahem, Jonathas à Cyrène sous Vespasien, Andreas à Chypre et à Cyrène sous Trajan, Bar-Kocheba en Judée sous Hadrien.

[35] C'est en propres termes ce qu'avait dit Bar-Jehoudda.

[36] Les Juifs ont donc bien fait de ne pas suivre le Joannès.

[37] Les plus célèbres sont les deux éruptions du Vésuve sous Néron et sous Titus, et celui qui sous Claude fit surgir l'île de Théra dans la Méditerranée.

[38] Phlégon en raconte une quantité dans ses Chroniques.

[39] Tout cela s'était vu en Judée, en Achaïe, en Asie, à Alexandrie, à Antioche, à Cyrène, à Chypre.

[40] Le nom du christ était exécré. Et comment ne l'eût-il point été ? C'était un équivalent du mot : scélératesse.

[41] Dans le sens de passion. Le martyre vous vaudra la résurrection, celle-ci toujours prochaine malgré les remises.

[42] Cf. Le Roi des Juifs.

[43] Voir le verset 34.

[44] La statue d'Hadrien sous les traits de Jupiter Capitolin.

[45] Le synoptiseur laisse percer son procédé, il est en train de composer ou de copier.

[46] Sous les signes pendant lesquels Satan est le maître.

[47] Parce que ce jour-là il est défendu de faire plus de deux mille pas, et que le Dieu des Juifs se repose, laissant trop d'initiative à Satan.

[48] Cf. la parabole des vignerons dans les Evangiles de Satan, 1re partie.

[49] Ceci, spécial à Luc, vise les sièges de Jérusalem par Titus et par les lieutenants d'Hadrien.

[50] Les contrées étrangères.

[51] C'est le contraire du rendez-vous donné à tous les Juifs par l'Apocalypse. Le rendez-vous était à Jérusalem le 15 nisan 189. La Judée est le centre du monde et l'axe de la croix. Simon de Cyrène y était venu avec son frère Lucius et peut-être ses fils, Alexandre et Rufus.

[52] À cause de Jehoudda tué dans le Temple, et de ses fils jusqu'à Ménahem.

[53] Tout ce qui est écrit dans les histoires. Le revenant s'attribue le mérite de l'avoir annoncé.

[54] Elles étaient condamnées par le principe du deux en un et un en deux.

[55] Générale, après les exécutions ordonnées par Ménahem dans Jérusalem et le massacre de la garnison romaine de Massada.

[56] Première dispersion sous Vespasien, seconde sous Hadrien.

[57] Mille ans avec Gog et Magog, selon l'Apocalypse. Beaucoup moins dans l'idée de l'Evangéliste.

[58] La mer disparaissait le 15 nisan 189. Tout cela, c'est l'art d'accommoder les restes de la faillite de Bar-Jehoudda et nième de celle de Bar-Kocheba.

[59] Les élus seront rachetés des morts par le revenant.

[60] C'est entendu. Jésus jouera jusqu'au bout le rôle qu'il a accepta dans la Transfiguration.

[61] Comme Theudas au désert de Syrie, et Jonathas dans celui de Cyrène.

[62] Sur l'aigle-phénix qui a emporté Bar-Jehoudda en Egypte, cf. Le Charpentier.

[63] Cf. Le Roi des Juifs.

[64] Cf. Les Marchands de Christ.

[65] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[66] Réduction de l'Apocalypse, particulièrement au ch. XVI.

[67] La croix.

[68] Même ceux qui l'ont percé, comme dit l'Apocalypse de Pathmos.

[69] Les sept anges de l'Apocalypse. Cf. Le Roi des Juifs.

[70] Cette fois les païens sont admis.

[71] Toujours cette même idée qu'on est racheté de la mort par les supplices.

[72] Les Paroles du Rabbi. Logoi mou, dit le texte. Ce sont les Logia kuriou de Papias. Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[73] La mer elle-même.

[74] Si Jésus avait eu chair, il répondrait : Tout à l'heure, près du figuier.

[75] Si Jésus avait eu chair, il répondrait : Au puits de Jacob où la Samaritaine m'a tendu sa cruche.

[76] Si Jésus avait eu chair, il répondrait : Il n'y a qu'un instant je me plaignais de n'avoir où reposer ma tête.

[77] Les christiens dispersés après la chute définitive de Jérusalem.

[78] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[79] Le filet du Pêcheur d'hommes. Cf. la similitude de la pêche finale dans Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[80] Première veille, neuf heures.

[81] Seconde veille, minuit.

[82] Troisième veille, trois heures.

[83] Quatrième veille, six heures.

[84] Cf. L'Évangile de Nessus.

[85] Cf. L'Évangile de Nessus.

[86] Ptolémée dit que le nard est une plante odoriférante qui croit principalement à Rangamati, sur les frontières du pays qu'on nomme maintenant le Bootan. Pline en reconnait douze espèces : il met en première ligne celui des Indes, puis le syriaque, le gaulois, celui de Crète, etc. Il décrit ainsi le nard indien : C'est un arbuste à racine épaisse et lourde, mais courte, noire et cassante, quoique onctueuse en rame temps. L'odeur ressemble beaucoup à celle du cypérus : le goût est âcre, les feuilles sont petites et viennent en touffes. Les sommités du nard se développent en épis barbus. De là vient que le nard est si fameux pour sa double production : l'épi barbu et la feuille. Le prix de ce nard était alors de cent deniers la livre (environ 85 francs) Les autres sortes, qui n'étaient que des herbes, coûtaient beaucoup moins cher et pouvaient s'obtenir, pour quelques  deniers. Galien et Dioscoride parlent du nard (en grec nardostachys, nard à épis) à peu près dans les mêmes termes. Ce dernier auteur prétend toutefois que le nard connu sous le nom de syrien venait en réalité des Indes et était apporté en Syrie, d'of, on l'expédiait sur divers points... Sir William Jones, orientaliste distingué, fit une étude spéciale de cette question ardue, et finit par découvrir que le nard était une espèce de valériane appelée par les Arabes sumbul, ce qui signifie épi barbu, et par les Indiens jatamansi ou mèche de cheveux, noms dus tous deux à la forme de la tige, qui ressemble à la quelle d'une hermine ou d'une belette. Il lui donna donc la dénomination de Valeriana jalamansi, qui a été acceptée par tous les botanistes modernes. Le mot nard parait être dérivé du mot tamoul nar, qui désigne une foule de substances odorantes... Le nard des anciens était probablement un nom générique sous lequel ils désignaient les parfums les plus exquis. Note de l'édition du Saint-Siège.

[87] Onta ec tou arithmou tôn dôdeca. Au moment où cette phrase fut écrite la liste des douze apôtres n'était pas faite. Is-Kérioth n'était encore qu'un douzième des tribus : Dan.