LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VIII — LES ÉVANGILES DE SATAN (DEUXIÈME PARTIE)

I. — L'ANNÉE DE LA FAILLITE.

 

 

I. — BAAL-ZIR-BAAL, DIEU DU CHRIST.

 

Après avoir fait jurer le secret à toute la synagogue de Kapharnahum, Jésus, suivi du disciple exorcisé, rentre dans la maison où tout à coup il est entouré d'une telle foule, — cent quarante-quatre mille affamés ! — que cette immense réunion d'hommes ne peut même pas toucher à certain pain pour le manger, bien qu'elle ne se soit formée que pour cela[1] ! Il s'agit du pain-Zib ou sixième pain, celui qui devait être fait avec le blé du Moissonneur. Les cinq pains offerts à la bénédiction de Jésus par le petit enfant du Thabor étant faits simplement avec de l'orge, les Juifs de 788 n'avaient pas jugé à propos de se déranger. Mais celui de Jésus est de froment pur, et de telle qualité que les voilà tous attroupés pour en avoir !

De la scène originale il ne reste presque plus rien. Elle est en effet d'une déplorable transparence, elle était sans doute dans les Explications de Papias. Nous allons essayer de la reconstituer, en montrant les efforts qu'on a faits pour en changer le sens. Bar-Jehoudda y était mis sur la sellette par ses dupes, dans sa propre maison, et Jésus prenait sa défense sur le chapitre des exorcismes, ce qui le fait accuser d'avoir perdu l'esprit.

MARC, III, 20. Ils vinrent dans la maison, et la foule s'y assembla de nouveau, en sorte qu'ils ne pouvaient pas même manger le pain.

21. Ce qu'ayant appris, les siens vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il a perdu l'esprit.

Or non seulement il n'a point perdu l'esprit, puisqu'il est l'Esprit lui-même, mais encore il n'en a jamais eu plus besoin qu'en ce moment pour tirer le Rabbi hors d'affaire.

Dans Luc et dans Matthieu on est revenu sur le dispositif de Marc.

D'abord la scène ne se passe plus dans la beth léhem de Gamala ; cette maison était trop facile à reconnaître. On prend la guérison du muet dans Marc, et on en fait le prétexte de cette affluence.

LUC, XI, 14. Or il chassait un démon, et ce démon était muet. Et lorsqu'il eut chassé le démon, le muet parla ; et le peuple fut dans l'admiration.

MATTHIEU, IX, 32. Après qu'ils furent partis, on lui présenta un homme muet, possédé du démon.

33. Or, le démon chassé, le muet parla ; et le peuple, saisi d'admiration, disait : Jamais rien de semblable ne s'est vu en Israël.

MARC, III, 22. Et les scribes qui étaient venus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Baal-Zib-Baal, et c'est par le Prince des démons qu'il chasse les démons.

Il a paru mauvais à Luc que les scribes de Jérusalem accusassent positivement Bar-Jehoudda d'avoir été possédé, et cela dans la beth léhem même. Il les a remplacés par des gens du voisinage, moins instruits des Paroles du Rabbi.

LUC, XI, 15. Mais quelques-uns d'entre eux dirent : C'est par Baal-Zib-Baal, prince des démons, qu'il chasse les démons.

Voilà en effet ce que les contemporains de Bar-Jehoudda disaient de lui. Avec son Æon-Zib, ce n'était plus un adorateur de Dieu, c'était un possédé du dieu-poisson qu'on adorait en Phénicie sous le nom de Dagon (de dag, poisson). C'était un imposteur, un blasphémateur et un impie.

Dans Matthieu les scribes deviennent des pharisiens, ce qui ne les empêche pas d'être scribes, et fort au courant des Paroles du Rabbi.

MATTHIEU, IX, 34. Mais les pharisiens disaient : C'est par le Prince des démons qu'il chasse les démons.

En même temps on biffe le nom de ce Prince des dénions, ce Baal-Zib-Baal dont Bar-Jehoudda disait être le signe et dont avait été formé le nom de Zibdéos. Et cela permet au Saint-Siège de s'indigner contre les pharisiens : Comme si, dit-il, Jésus-Christ avait eu des intelligences avec Satan.

C'est Satan lui-même, ô Saint-Siège ! Depuis la scène des trois tentations[2] il est consubstantiel à Satan. Lui est-il coéternel ? Oui, dit l'Église.

LUC, XI, 16. Et d'autres, pour le tenter, lui demandaient un sèmeion dans le ciel.

Le sèmeion qu'ils lui demandent, c'est précisément celui qu'il devait amener en 789, celui que Bar-Jehoudda disait être le Ieou-Schanâ-os[3], et que représente au naturel le Baal-Zib-Baal de Phénicie. Telle était cette tentation, et elle était si claire que dans Matthieu et dans Marc l'Église l'a fait disparaître, en même temps que dans Matthieu elle enlevait à cet endroit le nos du dieu-poisson qui faisait image et répondait direct ment à la légitime curiosité des scribes de Jérusalem curiosité allumée par les Écritures de Bar-Jehoudda, e entretenue par celles de Philippe, de Toâmin et à Mathias Bar-Toâmin. Scribes contre scribes ! Ceux à Jérusalem mettent le revenant au pied du mur : Où est ton signe ?

Jésus n'entend pas de cette oreille, car s'il leur abandonne le prétendant ridicule et criminel, il défend en lui le privilège d'exorcisme sans lequel le baptême tombe à rien et cesse d'être vendable. En effet, si Bar-Jehoudda n'avait pas le pouvoir de chasser les démons peccants, de quel droit remettait-il les péchés ?

MARC, III, 23. Mais Jésus, les ayant appelés, leur disait en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ?

24. Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister.

23. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister.

26. Si donc Satan s'est élevé contre lui-même, il est divisé, et il ne pourra subsister ; mais il touche à sa fin[4].

Parole maladroite, où Jésus avoue qu'après comme avant Bar-Jehoudda, Satan est toujours le maitre du monde !

Bar-Jehoudda n'était donc pas fils de Dieu, puisqu'il n'avait pu déposer Satan ? Il était donc mort comme tout le monde ? Les entrepreneurs de sa divinité n'étaient donc, en dehors de leurs crimes, que d'affreux menteurs capables de mettre toute la terre à feu et à sang pour emplir leurs poches des dépouilles du goy ?

MATTHIEU, XII, 23. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera pas.

26. Que si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même : comment donc son Royaume subsistera-t-il ?

27. Et si, moi, je chasse les démons par Baal-Zib-Baal, par qui vos enfants les chassent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

LUC, XI, 17. Mais Jésus, ayant vu leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé, et une maison tombera sur une autre maison.

18. Que si Satan est divisé contre lui-même, comment son Royaume subsistera-t-il ? car vous dites que c'est par Baal-Zib-Baal que je chasse les démons.

19. Et si, moi, je chasse les démons par Baal-Zib-Baal, vos fils, par qui les chassent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

Jusque-là Jésus n'avait pas voulu prendre à son compte les vulgaires exorcismes de Bar-Jehoudda, il ne parlait qu'en paraboles, comme dit Marc, mais entré dans l'engrenage du mensonge, il lui faut aller jusqu'au bout. Il affirme qu'il a existé en chair, lui, Jésus, et que ces pratiques ont été la preuve de sa royauté spirituelle.

MATTHIEU, XII, 28. Mais si je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, le Royaume de Dieu est donc venu jusqu'à vous.

Les pharisiens, qui sont censés l'entendre, ne protestent plus ; à une minute d'intervalle, ils admettent que Bar-Jehoudda avait l'Esprit de Dieu et non celui de Baal-Zib-Baal.

Le mot Esprit laissant subsister un doute sur la corporéité de Jésus, — il y a des gens si mal intentionnés ! — l'Église dans Luc lui a donné un doigt, un seul, mais quel doigt !

LUC, XI, 20. Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons[5], c'est que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous.

 

II. — ÉLOGE ET NÉCESSITÉ DU MENSONGE.

 

C'est à tort que les Juifs ont considéré Bar-Jehoudda comme un banal exorciste. Les démons qu'il aurait chassés si on l'eût laissé faire, ce sont les loups de Rome et les pourceaux gaulois. Fils de David, il était le fort armé, envoyé par le Dieu de la milice céleste pour garder sa maison terrestre, le Temple de Jérusalem. Faute de l'avoir soutenu, lui et ses frères, les Juifs ont livré la maison de Dieu à Vespasien d'abord, à Hadrien ensuite.

LUC, XI, 21. Lorsque le fort armé garde l'entrée de sa maison, ce qu'il possède est en sûreté.

22. Mais qu'un plus fort que lui survienne, en triomphe, il emportera toutes ses armes, dans lesquelles il se confiait, et il distribuera ses dépouilles.

MARC, III, 27. Nul ne peut entrer dans la maison du fort et ravir ce qu'il possède, s'il ne l'a lié auparavant ; c'est alors qu'il pillera sa maison.

MATTHIEU, XII, 29. D'ailleurs, comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison du fort et enlever ce qu'il possède, si auparavant il ne lie le fort ? C'est alors qu'il pillera sa maison.

Voilà justement ce qui s'est passé après la capture et l'exécution de Ménahem par ses sujets. Qu'ont fait ces misérables ? Ils ont eux-mêmes lié, comme pour le compte des Romains, le dernier des frères de celui qui liait et déliait sur terre ! Le fils de David est maintenant à la droite de Celui qui lie.et délie dans le ciel. Lier le Fort des forts, voilà ce dont Satan est incapable. Le rez-de-chaussée qu'il occupe dans le ciel ne lui permet pas de piller la maison de Iahvé, qui est au sommet de cette construction à trois étages. C'est ce Fort-là, cet Adonaï, qui reste aux Juifs, terrestrement liés par ces deux Satans qui se sont appelés Vespasien et Hadrien ; or Bar-Jehoudda est devenu son fils. Par conséquent, si sous un vain prétexte de blasphème et de criminalité, ils répudient l'individu qui exorcisait par Baal-Zib-Baal, Adonaï, qui peut tout, les laissera liés par la Bête et divisés contre eux-mêmes ; et ils le seront encore davantage quand il liera Satan pour mille ans, lors du premier jugement et de la première résurrection. Or ce premier jugement, qui le prononcera ? Cette résurrection, qui la fera ? Celui-là même qui chassait les démons sous Tibère. Ils se condamnent donc en le condamnant. C'est ce qu'il explique avec une insistance diabolique.

MARC, III, 28. En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, même les blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé.

29. Mais celui qui aura blasphémé contre l'Esprit-Saint, n'en aura jamais la rémission ; mais il sera coupable d'un péché éternel.

30. (Parce qu'ils disaient : Il est possédé d'un esprit impur.)

LUC, XI, 23. Qui n'est pas pour moi est contre moi ; et qui n'amasse pas avec moi, dissipe.

MATTHIEU, XII, 30. Qui n'est pas avec moi, est contre moi ; et qui ne rassemble pas avec moi, disperse.

31. C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point remis.

32. Et quiconque aura parlé contre le fils de l'homme[6], il lui sera remis ; mais si quelqu'un a parlé contre l'Esprit-Saint, il ne lui sera remis ni en cet Æon ni dans l'Æon à venir.

Qu'ils continuent, si bon leur semble, à dire que Bar-Jehoudda exorcisait par Baal-Zib-Baal, il leur sera pardonné, encore feraient-ils mieux de se taire ! Mais s'ils méconnaissent le révélateur de leur divinité, de leur droit de juger les autres hommes, ils sont condamnés d'avance ! Vous avez vu cette idée beaucoup plus développée dans Cérinthe[7]. Qu'est-ce donc que l'Esprit-Saint ? Le Mensonge, Satan en personne ! S'ils mentent aux goym comme font les jehouddolâtres, celui qu'ils calomnient les sauvera ! Je ne sais s'il existe quelque part, dans l'histoire de l'inconscience et de l'hypocrisie, un appel aussi pressant à la perdition des âmes. On en frémit pour l'espèce humaine. La honte est tellement forte qu'elle étouffe l'indignation.

Mais je veux m'opposer à moi-même l'interprétation du Saint-Siège sur ce passage, car il se pourrait que je péchasse par faute de lumière :

Il résulte du contexte même que le péché contre le Saint-Esprit, dont il est ici parlé, consiste à attribuer au démon les miracles du Sauveur. Or ce péché est dit irrémissible, parce qu'il est moralement impossible d'en obtenir la rémission, attendu qu'il a une malice intrinsèque naturellement opposée au pardon. Il faudrait pour cela un miracle de la grâce que Dieu n'accorde pas selon le cours ordinaire de sa providence. D'un autre côté, c'est un dogme de la foi catholique qu'il n'y a aucun péché absolument irrémissible, l'Église ayant reçu le pouvoir de remettre tous les péchés sans exception, et Dieu, dans sa miséricorde, pouvant toucher le cœur du pécheur le plus endurci.

 

Jésus s'emporte ensuite contre les misérables qui s'avisent de contester la qualité de l'arbre christien au moment où il commence à donner du fruit et du meilleur ! On n'est pas plus sot que ces gens ! A ce degré, la maladresse est un crime !

MATTHIEU, XII, 33. Ou estimez l'arbre bon et le fruit bon ; ou estimez l'arbre mauvais et le fruit mauvais : car c'est par le fruit qu'on connaît l'arbre.

34. Race de vipères[8], comment pouvez-vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mauvais ? C'est, en effet, de l'abondance du cœur que la bouche parle.

35. L'homme bon tire du bon trésor de bonnes choses, et l'homme mauvais tire du mauvais trésor de mauvaises choses[9].

36. Or je vous dis que toute parole oiseuse que les hommes auront dite, ils en rendront compte au jour du jugement.

37. Car c'est par tes paroles que tu seras justifié, el par tes paroles condamné.

Non, mon ami, ce n'est pas par les paroles, car tu dois savoir quels mensonges elles enferment, c'est par les actes qu'on est justifié ou condamné. Dieu, qui n'est ni un imbécile ni un ignorant, ne juge que sur les actes. Sans doute tu pourras prouver, par quinze cents ans de jehouddolâtrie, qu'on peut le fourrer dedans par des paroles, mais nous sommes quelques-uns (très peu, il est vrai), qui nous en faisons une autre idée. Ce n'est pas pour des paroles, c'est pour des actes qu'il a puni Bar-Jehoudda. Toutes les fois que Jésus énonce des axiomes aussi profondément immoraux, le Saint-Siège les met sur le dos de l'Évangéliste. Il paraît, dit-il, que c'est un proverbe que l'évangéliste rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier.

Ce n'est nullement un proverbe ; et si c'en est un, Jésus a bien tort de le faire sien. C'est une menace sous condition : absolution pour le faux témoin, condamnation pour le véridique.

 

III. — LES SEPT EMPEREURS ANTÉCHRISTS.

 

Après les avoir ainsi évangélisés, Jésus leur prédit ce qui leur est arrivé pour n'avoir pas cru aux sept démons qui agitaient Bar-Jehoudda et ses frères, les bons démons des sept fils de Jehoudda et de Salomé.

MATTHIEU, XII, 43. Lorsque l'Esprit impur est sorti d'un homme, il s'en va errant en des lieux arides[10], cherchant du repos, et il n'en trouve point.

44. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti ; et, y revenant, il la trouve libre, purifiée de ce qui la souillait, et ornée.

45. Alors il va et prend sept autres esprits plus mauvais que lui, et entrant ils y demeurent ; et le dernier état de cet homme est pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération perverse.

LUC, XI, 24. Lorsque l'Esprit impur sort de l'homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos ; et, n'en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti.

25. Et, revenant, il la trouve nettoyée de ses ordures, et ornée.

26. Alors il s'en va, et prend avec lui sept autres esprits pires que lui, et, étant entrés dans cette maison, ils y demeurent. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier.

Sous Néron Ménahem avait purifié Jérusalem, la maison de David ; il avait chassé du Temple les démons hérodiens, tels Saül et Costobar ; il avait également purifié Massada de sa garnison romaine[11]. Mais depuis, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin ont été ramenés par Satan dans la maison de David. Que les Juifs ne s'étonnent pas d'être dans un état pire que le premier ! L'Église a fait sauter dans Luc la conclusion de Matthieu : Ainsi en sera-t-il de cette génération perverse. Cette conclusion avait l'inconvénient de dater le discours de Jésus en y introduisant sept des empereurs antéchrists énumérés dans l'Apocalypse de Pathmos, depuis Vespasien jusqu'à Marc-Aurèle. Contre le bon sabbat de la kabbale judaïque s'est dressé le mauvais sabbat latin, le sabbat des sept têtes et des sept collines, et jusqu'à présent la Bête triomphe encore : mais qu'en restera-t-il si Bar-Jehoudda revient pour juger les vivants et les morts ?

 

IV. — RÉCEPTION PAR JÉSUS DE SA MÈRE ET DE SES FRÈRES SELON LE MONDE.

 

Cette cynique défense du failli de 788 vaut à Jésus l'admiration d'une femme qui intervient juste à ce moment.

27. Or il arriva que, comme il disait ces choses, une femme, élevant la voix d'au milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées !

Cette femme, vous l'avez reconnue. C'est toujours la même, successivement redressée après dix-huit ans de veuvage[12], ou pétrissant le levain judaïque dans les trois séas[13], ou appelant la vengeance de Dieu sur les successeurs du juge inique qui a décidé pour Hérode contre David[14] : c'est la mère de Jésus selon le monde.

28. Mais Jésus dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !

La parole de Dieu ne varie pas, c'est l'Évangile du Royaume.

Puisqu'il est dans sa maison selon le monde, la maison dont ont été chassés sa mère, ses frères et ses sœurs, Jésus refusera-t-il de les y recevoir sous le prétexte que ce sont des pécheurs ? Bar-Jehoudda est à la porte, inaccessible au remords, mais tremblant de frayeur. C'est lui qui négocie l'audience. Toute sa famille est derrière lui, sa mère, ses six frères, Shehimon, Jacob senior, Jacob junior, Philippe, Jehoudda Toâmin et Ménahem, ses deux sœurs, Thamar, femme d'Éléazar, et Salomé, femme de Cléopas, ses beaux-frères et ses belles-sœurs, tous les Cléopas et tous les Jaïr. Une foule considérable, toute la Gaulanitide, toute la Bathanée, les entoure, curieuse de savoir comment va se tirer d'affaire ce Jésus dans la bouche de qui le mensonge ne s'est jamais trouvé[15] !

MATTHIEU, XII, 46. Lorsqu'il pariait encore au peuple, voilà que sa mère et ses frères étaient dehors, cherchant à lui parler.

47. Quelqu'un lui dit[16] : Voilà votre mère et vos frères qui sont dehors et qui vous cherchent.

MARC, III, 31. Cependant sa mère et ses frères vinrent ; et, se tenant dehors, ils l'envoyèrent appeler.

32. Or la foule était assise autour de lui, et on lui dit[17] : Voilà dehors votre mère et vos frères qui vous cherchent.

LUC, VIII, 19. Cependant sa mère et ses frères vinrent vers lui, et ils ne pouvaient l'aborder à cause de la foule.

20. On vint donc lui dire : Votre mère et vos frères sont là dehors, qui voudraient vous voir.

La question est posée sans la moindre ambiguïté. L'Évangéliste veut bien parler des frères et des sœurs de Bar-Jehoudda, son intention est formelle ; le texte grec ne l'est pas moins : voici la mètèr de vous, voici les adelphoi de vous. On sait que l'Église, tout en traduisant adelphoi par frères, — il n'y a pas moyen de faire autrement ! — exige que ces frères soient simplement des cousins. Je ne veux pas rouvrir la discussion[18] ; elle est close, depuis le premier jour, par l'histoire, par l'étymologie, par les quatre Évangiles eux-mêmes. Il n'y a plus qu'un point de grammaire à vider. Si les adeiphoi sont seulement des cousins, pourquoi ne pas traduire mètèr par tante ?

La scène n'aurait aucun intérêt si Jésus n'avait pas devant lui la mère, les frères et les sœurs dont les scribes de la secte l'ont affublé.

L'intention de l'Évangéliste est que Shehimon, Jacob senior et Ménahem, qui ont parmi les Naziréens une autorité supérieure à celle de Bar-Jehoudda, soient traités sur un pied égal. Il s'agit d'une tentation dans le genre de celles que les pharisiens, inspirés par l'exemple de Satan, font subir à Jésus depuis le commencement de la fable. Vous savez par quels moyens il les repousse. Ici il laisse entrer la mère, les frères et les sœurs de Bar-Jehoudda qui au surplus sont chez eux. Il leur offre des sièges, puis il se tourne vers les compères habilement disposés par la main de l'Évangéliste.

MARC, III, 33. Et leur répondant, il dit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?

34. Et, regardant ceux qui étaient assis auprès de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères,

35. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là es mon frère, et ma sœur, et ma mère.

MATTHIEU, XII, 48. Mais, répondant à celui qui lui parlait il dit : Qui est ma mère et qui sont mes frères ?

49. Et, étendant la main vers ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.

50. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.

LUC, VIII, 21. Jésus, répondant, leur dit : Ma mère mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'accomplissent.

Le tour est joué. Les tentateurs se retirent avec la honte d'avoir été encore une fois battus.

Tout en reniant les parents qu'on lui donne, Jésus les avoue en qualité de disciples de l'Agneau. Et comme il est l'Agneau, ils sont ses disciples. S'il pouvait être franc, il dirait : ses inventeurs.

Cependant, notre explication n'étant pas revêtue sceau de l'infaillibilité, en voici une qui offre au plus haut degré ce caractère, c'est celle du Saint-Siège : La réponse du Sauveur signifie, selon l'explication des Pères, que, quand il s'agit de la gloire et des intérêts de Dieu, on ne doit considérer ni parents ni amis ; pas plus qu'on ne doit considérer la chair et le sang, dès qu'ils s'opposent à ce que Dieu demande de nous. Enfin, Jésus-Christ nous apprend par là qu'il préfète aux parents et aux amis selon la chair ceux qui lui sont attachés selon l'esprit, ceux qui l'écoutent, qui l'aiment et qui le suivent. Ainsi sa réponse n'avait nullement pour but de montrer du mépris pour sa mère et ses parents.

 

V. — ESSAI DE QUELQUES MANŒUVRES FRAUDULEUSES.

 

Dans toute cette série de scènes enfantées par son imagination, l'Évangéliste primitif n'avait pas dissimulé que Jésus ne fût l'ombre du Fils de l'homme et non le christ lui-même. On voyait très bien Jésus, d'un côté, Bar-Jehoudda, de l'autre, séparés par deux siècles, et Jérusalem deux fois tombée dans l'intervalle. L'Église a senti le besoin de revenir sur ces écritures pour faire croire aux goym que déjà, du temps où l'action se passe, les Juifs connaissaient Jésus comme un être réel et identique au christ, et que celui-ci avait été l'auteur de toutes les expulsions de diables opérées par son revenant. Voici donc ce qu'elle a glissé à ce sujet dans un autre chapitre de Matthieu :

MATTHIEU, XII, 22. Mors on lui présenta un démoniaque aveugle et muet, et il le guérit, en sorte qu'il parlait et voyait.

23. Et tout le peuple, frappé de stupéfaction, disait : N'est-ce point là le fils de David ?

Mon dieu, non, ce n'est pas précisément lui, mais c'est son revenant sous quelque Constantin.

24. Or, entendant, cela, les pharisiens disaient : Celui-ci ne chasse les démons que par Baal-Zib-Baal, prince des démons.

Bar-Jehoudda n'avait rien pu que de jour, et encore avait-il été fort médiocre. Mais pour Jésus qui est la lumière de vingt-quatre heures, c'est un jeu de guérir toutes les maladies la nuit. Et même, à la faveur à l'obscurité qui règne sur la terre, l'Évangile lui fait endosser les infirmités dont Bar-Jehoudda et les siens avaient publiquement souffert pendant le jour. C'est peut-être abuser !

MATTHIEU, VIII, 16. Le soir étant venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques, et par sa parole il chassait les malins esprits, et il guérit tous les malades :

17. Afin que s'accomplit la parole du prophète Isaïe disant : Lui-même a pris nos infirmités, et il s'est chargé de nos maladies.

MARC, I, 32. Cependant, le soir venu, lorsque le soleil fut couché, ils lui amenèrent tous les malades et les démoniaques.

33. Et toute la ville était assemblée à la porte.

34. Et il guérit beaucoup de malades affligés de diverses infirmités, et il chassait beaucoup de démons ; mais il leur permettait pas de dire qu'ils le connaissaient.

Il leur défend de dire qu'ils le connaissaient pour avoir été le christ. Il veut bien prendre son corps, il ne veut pas porter sa renommée.

LUC, IV, 40. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des infirmes atteints de diverses maladies, les lui amenaient. Or Jésus, imposant les mains sur chacun d'en les guérissait.

41. Et les démons sortaient d'un grand nombre, criant, disant : Vous êtes le Fils de Dieu ; et, les gourmandant il ne leur permettait pas de dire qu'ils sussent qu'il était christ.

Ou pour mieux dire : qu'il l'avait été. Ce qu'il leur défend de dire, car les goym écoutent aux portes, c'est qu'au fond il n'est que le revenant de l'imposteur qui se disait christ.

Jusqu'ici Jésus s'est tenu dans le pays de Nazireth et dans la beth léhem de Gamala, mais on sent bien qu'il va lui falloir se montrer dans les villes qu'a évangélisées Bar-Jehoudda. C'est Shehimon qui le rappelle à son devoir.

MARC, I, 35. Le lendemain, s'étant levé de grand matin, il sortit et s'en alla en un lieu désert, où il priait.

36. Simon et ceux qui étaient avec lui le suivirent.

37. Quand ils l'eurent trouvé, ils lui dirent : Tout le monde vous cherche[19].

38. Et il leur répondit Allons dans les villages et les villes voisines, afin que je prêche là aussi : car c'est pour cela que je suis venu[20].

39. Il prêchait donc dans leurs synagogues et dans toute la Gaulée, et il chassait les démons.

Shehimon ayant été le successeur de Bar-Jehoudda, il était tout naturel que ce fût lui qui conduisit ses frères puinés à ce revenant.

Mais comme on lui a enlevé sa qualité de frère cadet du Juif consubstantiel et coéternel au Père, l'Église l'a fait disparaître de Luc et de Matthieu.

Luc, tv, 42. Lorsqu'il fit jour, il sortit et s'en alla en un lieu désert, et la foule le cherchait ; et ils vinrent à lui, et ils le retenaient, de peur qu'il ne les quittait.

43. Il leur dit : Il faut que je prêche aux autres villes le Royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé.

44. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.

MARC, III, 9. Il dit alors à ses disciples de lui amener une barque, à cause de la foule, de peur qu'il n'en fût accablé.

10. Car il en guérissait beaucoup, de sorte que tous ceux qui avaient quelque mal se jetaient sur lui pour le toucher

11. Les esprits impurs eux-mêmes, lorsqu'ils le voyaient, se prosternaient devant lui et criaient, disant :

12. Vous êtes le Fils de Dieu. Mais il leur défendait avec de grandes menaces de le révéler.

Si Jésus avait existé, il ne faudrait pas s'étonner qu'avec une pareille consigne ses contemporains eussent refusé de reconnaître sa divinité, il ne néglige aucune occasion de leur en cacher les preuves

Défense aux démoniaques de dire qu'ils sont guéris.

Défense aux sourds-muets de dire qu'ils entendent.

Défense aux aveugles de dire qu'ils voient.

Défense aux lépreux de dire qu'ils sont purifiés.

Défense à tous de dire qu'il est le christ.

Enfin défense aux démoniaques de dire qu'il est Fils de Dieu.

Il entend bien mal la publicité ! Jésus-Christ, dit Saint-Siège, fait cette défense pour nous donner l'exemple de l'humilité. Nous ne devons pas aimer qu'on publie nos vertus et nos bienfaits : à Dieu seul appartiennent l'honneur et la gloire.

Nous le pensons aussi, mais en ce cas pourquoi proclamer consubstantiel et coéternel au Père un Juif condamné pour crimes publics ?

 

VI. — RÉAPPARITION DE JÉSUS APRÈS L'EMPRISONNEMENT DE JOANNÈS.

 

Nous supposons qu'après avoir purifié sa maison selon le monde de tous les démons qui la hantaient, Jésus est remonté au ciel où il a passé huit années près de son Père, car nous perdons ses traces vers 778 et nous ne le retrouvons plus qu'en 787. On eut le plus grand besoin de lui, cette année-là, pour tirer de prison Bar-Jehoudda et ressusciter Jacob junior lapidé par le prince Saül. Les synoptiseurs le sonnèrent, et il revint. L'emprisonnement de Bar-Jehoudda et de tous ses frères, à cause du scandale qu'ils avaient soulevé à la piscine de Siloé, était un fait indissimulable. Il était dans Flavius Josèphe[21], il était dans Papias, il était dans Cérinthe, probablement avec plus de détails qu'aujourd'hui, sans quoi Luc et les Actes des Apôtres n'auraient pas été obligés de donner le change sur ses véritables motifs. Car l'Église aura beau glisser dans Luc le programme éminemment pacifique et bénin de Joannès, celui qui se disait christ prêchait tant de choses en contradiction avec celles-là, qu'il s'est attiré des mésaventures sur lesquelles il a paru bon de jeter le voile.

LUC, III, 18. Il disait encore beaucoup d'autres choses dans l'Évangile qu'il annonçait au peuple.

Certes. Il lui disait tout le contraire de ce qu'on lui fait dire aujourd'hui. Aux riches il disait : Vendez vos terres et m'en remettez l'argent ! Aux publicains : Volez Rome si vous voulez être mes sujets ! Aux soldats : Désertez le drapeau d'Hérode Antipas et venez sous le mien !

19. Mais comme il reprenait Hérode le tétrarque, au sujet d'Hérodiade, femme de son frère, et à cause de tous les maux qu'il avait faits,

20. Hérode ajouta encore celui-ci à tous les autres : il fit mettre Ieou-Shanâ-os en prison[22].

Il est possible qu'Antipas fût nouvellement remarié, lorsqu'éclata l'affaire des Tabernacles, elle est de 787,  mais ce n'est pas lui qui fit coffrer Bar-Jehoudda et ses frères, c'est le cousin Saül, déjà stratège du Temple. En tout cas, ils s'évadèrent tous, à l'exception peut-être de Jacob junior qui fut condamné par le Sanhédrin et lapidé. Luc juge inutile de porter ces menus détails à la connaissance du très excellent Théophile[23]. Le très excellent Théophile croira ou fera semblant de croire que le baptiseur n'est jamais sorti de la prison, et d'ailleurs on oublie de lui dire que cette prison est Hanoth de Jérusalem.

 

VII. — RÉSURRECTION DE JACOB JUNIOR.

 

Jésus veut bien aller au désert, c'est là qu'on est le mieux pour causer avec Satan. Mais il ne veut pas être allé dans le Hanoth où a été enfermé le christ, comme le constatent Cérinthe, Lue et les Actes des Apôtres. Et puis il a besoin de toute sa liberté pour ressusciter Jacob junior qui a été lapidé par le prince Saül en 787, peu de temps après l'affaire des Tabernacles. Cette résurrection n'est plus que dans Luc, mais il se peut bien qu'elle ait été dans Cérinthe avant celle d'Eléazar, car Hyménée et Philète en ont connu plusieurs avant celle de Bar-Jehoudda[24]. Jacob junior figurant dans la liste des apôtres sous le nom d'Andréas et accompagnant Jésus pendant toute la logophanie jusqu'au 14 nisan 788, il faut nécessairement qu'il ait été ressuscité à son rang, c'est-à-dire en 787.

LUC, VII, 11. Et il arriva qu'il s'en allait ensuite dans une ville appelée Naïm[25] : et ses disciples l'accompagnaient, ainsi qu'une foule nombreuse.

12. Or, comme il approchait de la porte de la ville, voilà qu'on emportait un mort ; [fils unique de] sa mère, [et celle-ci] était veuve[26] ; et beaucoup de personnes de la ville l'accompagnaient.

13. Lorsque le Seigneur l'eut vue, il fut touché de compassion pour elle, et lui dit : Ne pleurez point.

14. Alors il s'approcha, toucha le cercueil (ceux qui le portaient s'arrêtèrent), et il dit : Jeune homme, je te le commande, lève-toi.

15. Et celui qui était mort se mit sur son séant, et commença à parler ; et Jésus le rendit à sa mère.

16. Et tous furent saisis de crainte ; et ils glorifiaient Dieu, disant : Un grand prophète s'est élevé parmi nous et Dieu a visité son peuple.

17. Et le bruit s'en répandit dans toute la Judée et à tout le pays d'alentour.

Cela tient sans doute à ce que, contrairement à ses habitudes, Jésus ne donne pas ordre de n'en rien dire. L'affaire des Tabernacles et la lapidation de Jacob junior firent, en effet, un bruit énorme dans les milieux juifs.

 

VIII. — RÉAPPARITION DE JÉSUS APRÈS LA CRUCIFIXION DE BAR-JEHOUDDA.

 

Tandis que les gardes maintiennent solidement Bar-Jehoudda dans le Hanoth pour qu'il n'aille pas reparaître et baptiser pendant toute l'année proto-jubilaire, Jésus revient au Jourdain par le procédé familier aux évangélistes, la simple substitution de son nom à celui de Joannès. Et qu'y prêche-t-il ? Ce qu'y avait prêché Bar-Jehoudda : l'Évangile du Royaume.

Dans le dispositif original de Matthieu et de Mar Jésus n'apparaissait à Kapharnahum qu'après la livraison de Bar-Jehoudda aux Romains, par conséquent après la crucifixion d'icelui. En bonne logique, Jésus ne pouvait être son revenant qu'à cette condition. Il en est encore ainsi dans le dispositif actuel. J'en suis excessivement fâché pour les exégètes, mais s'ils avaient laissé aux mots le sens qu'ils ont dans les dictionnaires, ils sauraient cela depuis seize ou dix-sept cents ans !

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que dans l'intervalle qui s'écoule entre les temps de Tibère et la composition de la fable, les scribes de la secte ont ressuscité Bar-Jehoudda sous le nom de Joannès. Somme toute, Joannès revient sous le nom de Jésus pour essayer de se faire pardonner le mal qu'il a fait à son pays. Il plaide les circonstances atténuantes.

MARC, I, 14. Mais après que Ieou-Shanâ-os eut été livré...[27]

Joannès a donc été livré, comme le Jésus de l'Évangile. Il a été livré dans une circonstance qui n'a rien de commun avec son emprisonnement et sa décapitation actuelles. Dans le dispositif de la décapitation Antipas le fait arrêter chez lui. Ici, au contraire, le mot employé par l'Évangéliste ne souffre aucune interprétation de ce genre, et quoique des exégètes l'aient rendu par mis en prison, le Saint-Siège nous fait l'honneur inespéré de se ranger à notre traduction.

... Jésus vint en Galilée, prêchant l'Évangile du Royaume de Dieu,

15. Et disant : Parce que le temps est accompli, et que le Royaume de Dieu est proche, faites pénitence et croyez à l'Évangile.

Tout ce qu'il peut faire, puisqu'il s'est réduit à la condition humaine, c'est de reprendre l'Apocalypse au point où Joannès l'a laissée au Guol-golta. Pour sanctionner la doctrine, il ira bientôt jusqu'à recevoir baptême des mains de son inventeur !

Matthieu est plus explicite encore sur ce fait que Jésus est descendu dans les Écritures longtemps après la livraison de Bar-Jehoudda aux Romains.

MATTHIEU, IV, 12. Mais quand Jésus eut appris que Ieou-Shanâ-os avait été livré[28], il se retira en Galilée.

13. Et, ayant quitté la ville de Nazireth, il vint demeurer à Capharnaüm, ville maritime, sur les confins de Zab et de Nephtali.

Le site de Capharnaüm, dont le nom revient si souvent dans les Évangiles, est encore aujourd'hui un problème, dit le Saint-Siège. La malédiction prononce par le Sauveur contre cette ville coupable s'est si littéralement accomplie, que personne ne peut dire a' certitude où était son emplacement. En tout cas c'était sur la rive droite du lac, et non sur la rive gauche, nous l'avons démontré[29].

Avant son emprisonnement Bar-Jehoudda habits ; Gamala, mais n'y pouvait baptiser, faute d'eau sure sante. Surveillé par Antipas, et d'ailleurs forcé Pi l'échéance proto-jubilaire de se manifester, il vint s'installer à Kapharnahum avec sa mère et ses frères, tout au moins Shehimon et sa famille, mais ce n'était nullement :

14. Afin que s'accomplit la parole du prophète Isaïe, disant :

15. La terre de Zabulon et la terre de Nephtali, voie de la mer au delà du Jourdain, Galilée des nations[30],

16. Le peuple qui 'était assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière ; quant à ceux qui étaient assis dans la région de l'ombre de la mort, une lumière s'est levée aussi pour eux.

De ceux-là était Bar-Jehoudda ; la grande lumière, c'est Jésus[31], il est descendu pour ressusciter le pseudo-christ quand son tour sera venu,' c'est-à-dire après Jacob junior, Éléazar et la femme de Shehimon.

Dans Luc on ne veut plus que Joannès ait été livré à qui que ce soit, Jésus arrive au Jourdain après l'emprisonnement des sept en 787.

 

IX. — L'ÉVANGILE DU ROYAUME ET LES BAPTÊMES.

 

Nous voilà enfin parvenus à l'année proto-jubilaire 788, dite la manifestation de l'enfant-christ dans la Nativité, et qui vit l'étincelante faillite du Royaume des Juifs.

Le Joannès des synoptisés n'a pas encore perdu toute forme. Certes on ne lui fait pas encore dire comme dans le Quatrième Évangile, qu'en son vivant Jésus lui a été préféré, — l'Église a voulu faire croire par là qu'il y avait eu deux personnes au Jourdain, mais enfin il retient encore quelques traits de son premier état de christ-baptiseur.

On n'en est pas encore à l'imposture du Quatrième Évangile où on lui fait déclarer qu'il n'a été ni le christ, ni le prophète, quoique Jésus le tienne pour le plus grand de tous les prophètes, ni Élie, quoique Jésus estime qu'il a été Élie. Il n'avoue plus avoir été roi-christ, — on l'avoue plus loin pour lui, — mais enfin il reconnaît encore avoir été l'Évangéliste, celui que Cérinthe appelle le héraut du Verbe[32]. Ce n'est pas encore une infâme calomnie de dire qu'il a prêché le Millénium, que celui qui devait venir après lui devait baptiser dans le Saint-Esprit et dans le feu, agiter son van, nettoyer son aire, mettre le bon grain dans le grenier et livrer la paille aux flammes.

On ne nie pas non plus qu'il n'ait remis les péchés — ce qui implique la qualité de christ, comme les pharisiens le font observer dans Cérinthe, — mais on ne prononce plus le mot Bathanéa qui répond à de fâcheuses idées pour ceux qui l'accusent de s'être dit roi des Juifs. On ne donne plus d'armes à ceux qui l'accusent d'avoir refusé le tribut, de s'être fait oindre en cette même Bathanée où il baptisait, d'avoir conduit une bande de brigands à l'assaut du Temple, de s'être enfui devant la cavalerie de Pilatus et d'être enfin l'homme qui a été crucifié au Guol-golta ?

Nul autre que lui n'a incarné le Verbe de Dieu au Jourdain, nul antre ne fut l'homme-verbe, comme on dit l'homme-orchestre. La Parole juive ne s'est pas incarnée deux fois de suite dans le même lieu, la même année, le même jour et par le même moyen, une fois en Joannès, une autre dans un nommé Jésus.

La Parole, — et quelle ! un horrible cri de haine contre l'humanité tout entière à l'exclusion des Juifs ! — c'est Joannès le baptiseur, Iaô-Shanâ-os le Ieôschoua, le sauveur qui eut des témoins, et non un certain Jésus que personne ne vit jamais, et qui, s'il eût paru avec les idées qu'on lui prête, eût péri de la main même du christ.

Comme le dit très bien le Quatrième Évangile, il y eut un homme envoyé de son Dieu sous le nom de Joannès, et non deux ; un homme oint de Dieu, christ de Dieu, et non deux ; un sauveur par le baptême, et non deux. En l'an sabbatique 788, le Grand Jubilé du Zib ne fut prêché que par un individu et non par deux. Car, au fond, qu'est-ce que le baptême du Joannès ? La preuve matérielle qu'il disait être le christ et que sa famille au moins le croyait tel. Pourquoi baptises-tu si tu n'es pas le christ ? lui demandent les pharisiens du Quatrième Évangile. La période pendant laquelle il baptisa, période qui peut avoir duré sept ans ou seulement l'année proto-jubilaire 788, c'est son christat, sa manifestation devant le peuple, comme dit Luc.

Après avoir longtemps hésité, nous pensons qu'il n'a guère pu baptiser officiellement et efficacement que dans la dernière année de sa vie, car en échange du salut le prétendant exigeait des actes qu'on n'eût tolérés pendant sept ans ni de lui ni des baptisés.

Dans Marc l'année où Bar-Jehoudda prêcha le Royaume des Juifs, est dite le commencement de l'Évangile.

MARC, I, 1. Commencement de l'Évangile du christ-jésus,

2. Comme il est écrit dans le prophète Isaïe : J'envoie mon ange devant votre face, qui, marchant devant vous, vous préparera le chemin.

3. Voici la parole de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers.

Isaïe n'a rien à voir dans la manifestation du christ en 788, mais on appelle Ischaïtes la secte qui attend le régime prêché par lui. On donnera donc le change aux goym : tandis que les Juifs liront Ischaï, père de David, dont le fils doit régner selon l'Évangile du Royaume, les goym stupides liront : Isaïe qui est un prophète mort depuis des siècles. Isaïe était si peu de l'affaire que, pour composer ce passage, l'Évangéliste a dû en emprunter la moitié à Malachie sans le dire[33] !

X. — SIGNALEMENT DU CHRIST POUR LES INITIÉS.

 

Dans le dispositif des Synoptisés, analogue sur ce point à celui de Cérinthe, on laissait aux initiés le soin de dater la manifestation baptismale de Bar-Jehoudda, et il n'était fait aucun effort pour tromper les goym à ce point de vue. Quant à son lieu de naissance, à son nom de circoncision, à son pouvoir de lier et de délier, a sou régime naziréen, ils étaient suffisamment indiquée dans le signalement que voici, incompréhensible aux étrangers.

MATTHIEU, III, 4. Or Ieou-Shanâ-os avait un vêtement en poil de Camélos (chameau), et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage[34].

MARC, r, 6. Or Ieou-Shanâ-os était vêtu de poil de chameau ; il avait une ceinture de cuir autour de ses reins et vivait de sauterelles et de miel sauvage.

Gamala[35], sa ville natale, veut dire en araméen chameau.

Avec le cuir de sa ceinture il peut lier et délier, dans le sens de la rémission ou de la rétention des péchés. Il vous souvient qu'après lui son frère Shehimon est dit pour la même raison le Corroyeur dans les Actes des Apôtres. Enfin vous savez assez que la ceinture e Jacques, passée autour du corps de Saül, a suffi pour transformer celui-ci en apôtre jehouddolâtre sous le nom de Paul[36].

Cette ceinture est faite de cuir de Gamala, cuir à toute épreuve tanné par Jehoudda lui-même. Elle ne ressemble en rien à celle que Jérémie enfouit dans un trou près de l'Euphrate, sur l'ordre de Dieu, et qu'il en retira pourrie au bout de quelques jours[37]. Qu'avait voulu prouver Dieu par la ceinture de Jérémie ? Que tout ce peuple d'hommes mauvais qui ne veulent point écouter mes paroles, qui marchent dans les égarements de leur cœur et qui courent après des dieux étrangers pour les servir et les adorer, deviendront tous comme cette ceinture qui n'est plus propre à aucun usage ! Car comme une ceinture s'attache autour des reins d'un homme, ainsi m'étais-je étroitement attaché toute la maison d'Israël et toute la maison de Juda, dit le Seigneur, afin qu'elles fussent mon peuple, et que j'y établisse mon nom, ma louange et ma gloire ; et cependant elles ne m'ont point écouté. En effet : elles ont passé leurs premiers-nés au feu avec une rare intrépidité. Mais cette fois les fils de Juda se sont ravisés, ce sont les premiers-nés des goym qu'il con' vient d'envoyer dans la fournaise. Quant au Joannès, Dieu lui a donné ordre de passer autour de ses reins la ceinture corroyée par lui, celle qui lie et délie salle pourrir jamais.

Que dirons-nous de la nourriture de l'homme au me et au cuir de Gamala ? Le miel judaïque rend seul la douceur du Verbe. Du miel comme celui-là,

Ils n'en ont pas (bis) en Itali...ie ![38]

Consultez tous les prophètes et, si cela vous ennuie : leur syndic, Jehoudda lui-même, tendant à son fils le Livre des destinées : Dans ta bouche il sera doux comme du miel[39]. Et Bar-Jehoudda constate qu'en effet le Livre a cette saveur : Je le dévorai, il était dans ma bouche doux comme le miel. Quant aux sauterelles, vous n'ignorez pas qu'il n'y a pas d'autre Zib dans l'aridité des sables, c'est la poissonnade du désert S Peut-être ne me croyez-vous pas, parce qu'il me manque le caractère sacré. J'en souffre déjà trop pour que vous me le rappeliez constamment. Mais nierez-vous que le Saint-Siège n'ait ce caractère ? Or voici ce qu'il dit des sauterelles : On a toujours mangé et l'on mange encore les sauterelles en Orient. Elles sont plus grosses que celles de nos contrées. On enlève les pattes et les ailes, et on les prépare des manières les plus diverses. Elles ont un goût qui approche de celui de l'écrevisse ou du homard. Les rois d'Assyrie en exigeaient comme tribut des peuples qu'ils avaient soumis.

Aucun signalement dans Luc et dans le Quatrième Évangile. Concluons-en que cette séméiologie était encore trop claire. Et pourtant elle est faite pour que voyant on ne voie point, et qu'entendant on n'entende point !

 

XI. — LE BAPTÊME D'EAU.

 

MATTHIEU, III, 1. Or en ces jours-là, ....

En ces jours-là, dit l'Église, c'est-à-dire au temps de Jésus-Christ, dont ce livre contient l'histoire (sic) : car cette expression n'indique pas toujours que les faits qui la suivent soient immédiatement arrivés après ceux qui la précèdent.

Sans doute.

... Ieou-Schanâ-os le baptiseur vint prêcher au désert de Judée[40].

Ce détail topographique ne se trouve que dans Matthieu, et dans le Quatrième Évangile où Bar-Jehoudda est en Bathanée lorsqu'il baptise. L'écrit de Cérinthe est le seul où on le montre baptisant hors de Bathanée, aux sources de Salomon, près de Bethléhem, dans la tribu de Juda, et en Samarie dans la tribu d'Éphraïm. Nous voyons ici qu'avant de baptiser à Kapharnahum, il avait prêché au delà de l'Idumée, dans le désert qui commençait à Gaza[41].

MARC, I, 4. Ieou-Shanâ-os était dans le désert, baptisant[42] et prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés,

MATTHIEU, III, 2. En disant : Faites pénitence, car le Royaume des cieux [sur la terre] est proche.

3. C'est lui qui a été marqué par le prophète Isaïe lorsqu'il dit : La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.

LUC, III, 3. Et il vint dans tout le pays qui est aux environs du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés.

4. Ainsi qu'il est écrit au livre des Paroles du prophète Isaïe : On entendra la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ;

5. Toute vallée sera remplie, et toute montagne et toute colline seront abaissées ; les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux, unis ;

6. Et toute chair verra le salut de Dieu.

Même morte, elle le verra : l'Apocalypse est formelle.

Cette rémission par l'eau pourrait embarrasser tout autre que le Saint-Siège, car enfin, si Joannès remet les péchés dans l'eau, que vient faire la rémission par le sang de Jésus ? Le double emploi est manifeste, et tout l'avantage de l'invention reste à Joannès. Le Saint-Siège n'admet donc pas qu'il y ait eu rémission par l'eau :

Le baptême de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu'il promettait à ceux qui s'en approchaient dans un esprit de componction et de pénitence, après avoir confessé leurs péchés.

C'est une simple pollicitation que Joannès faisait là, à l'aide d'un symbole ; mais la rémission réelle, ce devait être le sang versé sur la croix par un second personnage nommé Jésus. Nulla remissio sine effusione sanguinis, dit le délicieux auteur des Lettres de Paul.

 

XII. — LE BAPTÊME DE FEU.

 

Cette partie est une de celles qui ont été les plus remaniées par les synoptiseurs. On en a d'abord supprimé une série de questions posées par les pharisiens qui s'inquiétaient à juste titre des raisons pour lesquelles Bar-Jehoudda se permettait de baptiser, s'il n'était pas le christ.

LUC, III, 16. Ieou-Shanâ-os répondit[43], disant à tous : Pour moi, je vous baptise dans l'eau ; mais viendra un plus puissant que moi, de la chaussure de qui je ne suis pas digne de délier la courroie : lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint et le feu.

17. Son van est en sa main, et il nettoiera son aire ; paie il rassemblera le froment dans son grenier, et brûlera la paille dans un feu qui ne peut s'éteindre.

MATTHIEU, III, 11. Moi, à la vérité, je vous baptise dans l'eau pour la pénitence ; mais celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de porter sa chaussure : lui-même vous baptisera dans l'Esprit-Saint et dans le feu.

12. Son van est dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire : il amassera son blé dans le grenier ; mais il brûlera la paille dans un feu qui ne peut s'éteindre.

Comme l'Évangéliste insistait beaucoup trop sur feu qui est l'Esprit de Moloch, les synoptiseurs supprimé dans Marc. Et pourtant, au dire de l'Infaillible, ce feu n'est plus la nature de l'Esprit-Saint, mais seulement une image de cet Esprit qui, dit-il, purifie et enflamme comme le feu.

MARC, I, 6. ... Il prêchait, en disant :

7. Il en vient après moi un autre qui est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de délier le cordon de ses souliers, en me prosternant.

8. Pour moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; mais pour lui, il vous baptisera dans l'Esprit-Saint.

Eh bien ! et le feu qui est la substance même de l'Esprit-Saint ? Nous n'en parlons donc plus ? Il s'est 'une passé dans l'histoire du christianisme un événement qui a forcé l'Église à supprimer l'élément qui devait transfigurer le baptiseur et les baptisés ? Bar-Jehoudda n'a donc pas été millénarisé par le Fils de l'homme à partir du 15 nisan 789 ? Puisqu'il en est ainsi, par quel élément autre que le feu ce Juif a-t-il été fait consubstantiel et coéternel au Père ? N'est-ce point l'élément imposture et blasphème ? Mais s'il n'est plus question du baptême de feu dans Marc, le revenant de Bar-Jehoudda n'imite pas cette discrétion dans Luc.

LUC, XII, 49. Je suis venu jeter un feu sur la terre ; et que veux-je, sinon qu'il s'allume ?

50. Je dois être baptisé d'un baptême ; or combien je me sens pressé jusqu'à ce qu'il s'accomplisse !

Voilà définies en deux phrases l'œuvre active et passive que Bar-Jehoudda devait accomplir en 789 : envoyer les goym dans le feu et l'Esprit mortel de Satan ; être baptisé du feu et de l'Esprit-Saint, par conséquent consubstantialisé avec le Père. Qui ne voit que cette définition faisait partie de l'Evangile antérieur à la synoptisation ? Et qui croira que ces paroles étaient placées dans la bouche d'un homme qui viendrait d'être baptisé d'eau par Joannès, comme Jésus dans la mystification actuelle ?

Qui ne voit que ces paroles : Je dois être baptisé d'un baptême répondent mot pour mot à cette révélation du Joannès Moi, je vous baptise d'eau, mais celui qui viendra après moi vous baptisera dans le feu et dans le Saint-Esprit ? Quel était le premier baptisé dans cette combinaison ? Joannès. Et le Baptiseur ? Le Fils de Dieu. Mais qu'en dit le Saint-Siège ? Je dois être baptisé d'un baptême ; c'est-à-dire : je dois être infailliblement baptisé ; je ne peux manquer d'être baptisé. Ce baptême du Sauveur est sa passion. (Sic.) Quoi ! le baptême dont Bar-Jehoudda devait être baptisé dans le feu et dans l'Esprit-Saint par l'Être qui tient le van en sa main, met son grain dans son grenier et consume la paille dans un feu éternel, c'est la croix sur laquelle a pâti ce scélérat ?

Les efforts que l'Eglise fait pour déguiser ce feu montrent bien qu'elle en a senti toute la matérialité. Ce feu, dit le Saint-Siège, signifie métaphoriquement dans l'Écriture l'amour et la tribulation. Il a ici le double sens d'après les Pères. Notre-Seigneur apporte l'amour divin (Saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, etc.) ; mais ses disciples auront aussi à passer par le feu de la persécution. (Tertullien, Maldonat.) Métaphore, dit le Saint-Siège. Eh bien ! et ce qui suit, n'est-ce point le menaçant langage du baptiseur d'eau aux non baptisés de feu ?

MATTHIEU, III, 8. Faites donc de dignes fruits de pénitence.

9. Et ne songez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous le dis, Dieu peut, de ces pierres mêmes, susciter des enfants à Abraham[44].

LUC, III, 8. Faites donc de dignes fruits de pénitence ; et ne pensez pas dire eu vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham ; puisque je vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham.

9. Car la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.

Rien de tout cela dans Cérinthe et dans Marc ; il est même surprenant qu'on l'ait laissé dans Matthieu et dans Luc, où, par sa généalogie, Bar-Jehoudda tombe sous le coup du Premier jugement comme tous les fils m'Adam. Car avant de se recommander d'Abraham, ils ont à répondre d'un péché plus ancien, celui d'Adam. Abraham devra lui-même devra s'expliquer sur ses péchés, il devra dire pourquoi il vendait sa sœur après en avoir fait sa femme, et si c'est à Iahvé ou à Moloch qu'il voulait envoyer Isaac, son fils aîné, par le moyen du feu.

MARC, I, 5. Tout le pays de la Judée et tous ceux de Jérusalem venaient à lui ; et confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain.

MATTHIEU, III, 5. Alors la ville de Jérusalem, toute la Judée et tout le pays des environs du Jourdain, venaient à lui ;

6. Et, confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain.

Et leurs péchés leur étaient remis, grâce au privilège de la maison de David. La ceinture de cuir !

 

 

 



[1] Dans Marc cette réunion a lieu après l'élection des douze, de sorte qu'Is-Kérioth participe à tous ces événements, comme s'il avait marché avec Bar-Jehoudda.

[2] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[3] Os, signe, shanâ, année, Ieou, Dieu. D'où par élision le nom de Ioannès.

[4] En 788 il n'avait plus qu'un an à vivre. L'expression est prise à l'Apocalypse, cf. le Charpentier.

[5] Ei dè en dactulô Theou ecballô ta daimonia.

[6] Le Fils de l'homme est tantôt le Verbe incarné, tantôt le fils de Jehoudda. C'est de ce dernier qu'il s'agit ici.

[7] Cf. L'Evangile de Nessus.

[8] Expression prise à Flavius Josèphe, qui s'en sert pour désigner les sectateurs de Jehoudda. Cf. Le Gogotha.

[9] L'image du trésor est prise à la similitude du scribe évangéliste. Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[10] Satan fuit les lieux où il y a de l'eau, le baptême lui est contraire.

[11] Cf. Le Gogotha.

[12] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[13] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[14] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[15] Cf. L'Apocalypse dans Le Roi des Juifs.

[16] Eipé dé tis auto. Bar-Jehoudda, par droit d'aînesse. Il était certainement nommé dans le dispositif original.

[17] Eipon dé auto. Ce n'est plus quelqu'un de qualifié pour lui parler, comme dans Matthieu ; c'est la foule elle-même.

[18] Cf. Le Charpentier.

[19] On le cherchait, en effet. Ton père et moi, nous te cherchions, dit-on dans Luc. (Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie). Mais ils ne le trouvèrent point.

[20] Pas du tout, il est venu pour sauver Bar-Jehoudda et les siens.

[21] Cf. Le Roi des Juifs.

[22] Katécleisé tôn Iôannen en tè phulakè. Il s'agit bien d'une mise en prison.

[23] Le personnage imaginaire à qui l'Église dédie les Actes et l'Évangile de Luc.

[24] C'est le premier des sept qui ait été martyr et par conséquent ressuscitable. Pour obtenir que son aîné ait été ressuscité le premier, il a fallu antidater de six ans l'action et la placer en l'année sabbatique 781.

[25] Haggan Aïn. Cf. Le Roi des Juifs et Le Saint-Esprit.

[26] Cette veuve étant beaucoup trop connue par ses sept fils, les synoptiseurs ne lui en donnent plus qu'un ici.

[27] Metà dè to paradothènai tôn Ioannen. Paradothènai, c'est proprement le fait d'être livré, livré au supplice qui, dans le cas particulier, fut une crucifixion et nullement une décapitation. Cela est d'autant plus certain que, pour désigner la livraison de Bar-Jehoudda au Temple par Is-Kérioth, les Évangélistes emploient uniformément le verbe paradidômi.

[28] Acousas dé o Iésous oti Iôannès parédothè. Livré au supplice, non mis en prison, comme on le lit dans la plupart des traductions notamment celle du Saint-Siège.

[29] Cf. L'Evangile de Nessus.

[30] Citation tronquée et infidèle. Cf. L'Évangile de Nessus.

[31] Il est la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Cf. L'Évangile de Nessus.

[32] Cf. L'Évangile de Nessus.

[33] Malachie, III, 1.

[34] Méli agrion.

[35] En grec, Camèlos ; en latin, Camelus. Il était impossible de traduire Gamala autrement que par Camèlos.

[36] Cf. Le Gogotha.

[37] Jérémie, XIII, 1-7.

[38] C'est le miel ethnique dont parlent aux Grecs de Thessalie les poissonniers de l'Âne d'Or et que l'Église a changé en miel de l'Etna ! Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[39] Cf. Le Roi des Juifs.

[40] Jean (Yohanan, Jehovah fait grâce) surnommé Baptiste, parce qu'il baptisait dans le Jourdain, était de race sacerdotale, fils de Zacharie et d'Élisabeth, cousine de la sainte Vierge. Ainsi s'exprime le Saint-Siège. Bar-Jehoudda était en effet de race sacerdotale, mais aussi de race royale, celle de David, et il était christ, sans quoi il n'aurait pas eu le droit de baptiser. De quel droit baptises-tu si tu n'es pas le christ ? lui demandent les envoyés du Temple en 777 dans le Quatrième Évangile. Et preuve qu'il n'a pas répondu : Je ne suis pas le christ, il continue à baptiser, ou pour mieux dire il s'y dispose, car selon Luc il commence en 781.

[41] En souvenir de cette campagne Philippe baptise l'eunuque dans les Actes des Apôtres, cf. Le Saint-Esprit.

[42] Impossible. Il avait dû quitter Gamala, faute d'eau.

[43] Remarquez qu'aujourd'hui personne ne lui demande rien.

[44] Car rien n'est impossible à Dieu. Pour l'idée voir Ézéchiel, XI, 20.